Passioniste de Polynésie

Lettre pour Noel 2011

 

Puer natus est nobis

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Chers frères et sœurs de la Congrégation et de la Famille passioniste, avec la fête de Noel, nous vivons la venue de Dieu parmi nous: c’est un Enfant qui naît dans une famille - avec Marie et Joseph comme époux - qui l’aimera par la simplicité et le dévouement de ceux qui savent que Dieu est présent dans leur maison et veillent sur lui avec foi dans le silence.

L’Ange de l’Annonciation avait dit à Marie: "Voici, tu concevras et donneras au monde un fils. Tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera appelé fils du Très-Haut" (Lc.1,31-32 ). Comme elle est humaine Sa naissance! Il s’est pleinement immergé dans l'humanité: envoyé par la communion parfaite de la Trinité, il est entré dans le monde des conflits.

Jésus naît comme tout homme dans le contexte de son histoire contemporaine: "En ces temps-là, fut promulgué un édit de César Auguste ordonnant le recensement sur toute la terre. Ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinus était gouverneur de la Syrie. Même Joseph… de la ville de Nazareth monta… à Bethléem… pour donner son nom avec Marie son épouse qui était enceinte. Pendant qu’ils se trouvaient là, s’accomplit pour elle le temps de l’accouchement et elle mit au monde son premier né. Il l’emmaillota de langes et le coucha dans une mangeoire car il n’y avait pas de place pour eux dans l’auberge" (Lc 2,1-7).

On survole presque toujours avec respect et pudeur les paroles de l’ange: "tu concevras" même si nous le récitons dans l’Ave Marie et "Marie son épouse, qui était enceinte… s'accomplit pour elle le temps d’accoucher", femme enceinte comme toutes les femmes du monde qui attendent un fils; s'accomplit pour elle le temps de donner au monde Jésus: Dieu nait comme naissent tous les Enfants du monde et Marie est mère et engendre, quand bien même immaculée, comme toutes les mamans qui engendrent un fils et l’allaitent. Marie, d’après le récit de la nativité, donne au monde celui qui avait été annoncé, dans la pauvreté et dans la solitude d’un voyage d’aventure. Ce ne sera pas elle qui recueillera l’annonce glorieuse des anges: "Je vous annonce une grande joie, un Sauveur vous est né", ce sont plutôt les pasteurs qui lui apporteront le message et elle sera encore dans la condition de l’accueillir dans la foi. 

Marie médite sur ces événements, cherche à en pénétrer le sens (Lc 2,19). C’est l’effort de la foi qui tente péniblement de s’engager dans le mystère de Dieu. Le rapport entre cette maternité charnelle et l’effort d’accueil dans la foi de l’événement-Jésus, aura son accomplissement lorsqu'une femme au milieu de la foule «éleva la voix et déclara: Heureux le ventre qui t’a porté et le sein qui t’a nourri! Mais Jésus dit: «Bienheureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique» (Lc 11, 17-28).

Et Marie, en plus de le porter dans son sein, d’allaiter le Fils de Dieu, est placée par les paroles prophétiques du vieux Siméon, aux côtés de sa mission: «A toi aussi, une épée transpercera l’âme». Si Jésus sera «signe de contradiction», s’il rencontrera l’épreuve, la contestation, le refus du peuple qu’il est venu sauver, Marie devra participer à la mission douloureuse du Fils. Ici aussi, Marie apparaît comme mère, mais surtout comme la "croyante" qui "écoute la parole de Dieu et la met en pratique", et à laquelle on réserve un cheminement dans l’obscurité, dans l’épreuve et dans la douleur.

Qui croit et aime Dieu devient une part de Sa mission et si Dieu le cherche, il se laisse trouver et accepte les projets même sans en connaître les détails comme Marie. Et sur ce point, nous sommes tous interpellés, religieux et laïcs, chacun dans sa propre condition.

Et nous pouvons nous demander avec stupeur, surpris par tant de simplicité : mais l’Enfant emmailloté de langes et couché dans une mangeoire pour animaux, est-il vraiment Lui le Dieu annoncé par les prophètes et attendu comme Messie qui libérera le peuple opprimé? C’est la même demande que lui adresse aussi Jean quand Jésus, désormais adulte, avait initié sa mission: "Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous attendre un autre?" (Mt 11,2). Jésus ne s’étonne pas de cette demande, comprend les perplexités de Jean et lui ouvre l’esprit et le cœur: "Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, aux pauvres est annoncés la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas objet de scandale". 

Jésus ne réponds pas directement, mais il nous invite à regarder les œuvres, à découvrir la présence de Dieu dans la parole et dans les signes: «rapportez ce que vous entendez et voyez». Mais parfois nous sommes aveugles et nous ne voulons pas entendre. Et en maintes occasions et de plusieurs manières, aussi bien au niveau personnel que de la Congrégation, nous pouvons refuser sa nouveauté comme l’ont fait ses concitoyens à Nazareth lorsque, entrant le jour de sabbat dans la synagogue, il lit la prophétie d’Isaïe: «L’Esprit du Seigneur est sur moi, c’est pourquoi il m’a consacré et m’a envoyé porter aux pauvres la bonne nouvelle, annoncer aux prisonniers la libération et le don de la vue aux aveugles, pour libérer les opprimés et inaugurer l’année de grâce de la part du Seigneur». Puis il enroula le volume et dit: "Aujourd’hui s’est accomplie pour vous cette écriture que voua entendez". Mais il fut réfuté: libérer les opprimés et porter aux pauvres la bonne nouvelle, tel était le cœur de sa mission et cela exigeait la conversion et le changement de cœur et des certitudes formées au cours des années.

Et dans une profonde syntonie avec la réponse donnée aux disciples de Jean et à ce qui a été lu dans la synagogue de Nazareth, Jésus en Matthieu 25, nous invite à le reconnaître dans les malades, les affamés, les prisonniers, les pauvres et les déshérités de ce monde. Mais il est nécessaire d’avoir les yeux et la sagesse évangélique pour le reconnaître et la conversion du cœur pour comprendre les signes que Dieu nous envoie et pour se mettre en question. Et dans la fête de Noël, le signe indiqué aussi par les anges c’est un Enfant enveloppé dans les langes. En Lui coïncident parole et signe, simplicité et pauvreté, don et gloire de Dieu: le Verbe s’est fait chair et il est venu habiter parmi nous. L’Enfant Jésus est le langage de Dieu qui nous révèle que non seulement l’homme est en Dieu, mais principalement que Dieu est dans l’homme. 

Et nous fait comprendre que la perfection ne consiste pas dans la réalisation en soi, mais dans l’autre ; que la grandeur ne réside pas dans le fait d’être servi mais de servir, que le sommet de la liberté c’est d’être libre de soi-même, libre pour les autres et pour Dieu ; que être libre c’est vivre avec un abandon serein et total à Dieu même dans la souffrance et la maladie; que la plénitude de l’amour ne consiste pas à être aimé mais à aimer. Il en est ainsi de l’homme et de Dieu:l’Enfant à Bethléem et le Crucifié sur Golgotha sont le signe et le don d’un même amour. Que S. Paul de la Croix nous ouvre le coeur à la compréhension d’un si grand amour.

Joyeux Noël! Que le Nouvel An 2012 soit une année de paix pour nos communautés, pour les moniales et pour les religieuses passionistes, pour les familles et pour le monde. Qu’il y ait du travail pour les chômeurs et un avenir plus serein pour les jeunes. Un souvenir particulier des malades, de quiconque vit seul et de qui souffre dans l’esprit e tau nom du Conseil Générale t des religieux de la Communauté des Saints Jean et Paul

 

P. Ottaviano D'Egidio

Supérierur Général cp.

Retraite des Saints Jean et Paul

Rome, 20 décembre 2011      

 

 

Date de dernière mise à jour : 2021-07-04