Passioniste de Polynésie

Messe d’investitures 29 JUILLET 2016

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Messe d’investitures des katekita, tauturu-katekita et tavinii ta’a’ê (29 juillet 2016

En l’église Maria no te Hau de Papeete

Homélie du R.P. Jean-Pierre COTTANCEAU, sscc, Administrateur Apostolique de l’archidiocèse de Papeete

            Au moment où notre Eglise diocésaine appelle de nouveaux serviteurs pour la mission, il n’est pas inutile de rappeler que à cause de notre baptême et de notre confirmation, cette mission nous concerne tous, même si c’est à des degrés divers et avec des responsabilités différentes. Quelle que soit notre place dans l’Eglise, nous avons, chacun et chacune, notre rôle à jouer dans la mission. Nous sommes tous missionnaires, tous appelés à faire peuple, tous choisis pour témoigner de l’Amour du Christ à tous les Hommes. Je voudrais ici rappeler aux futurs investis et à chacun et chacune d’entre nous quelques aspects essentiels de cette mission.

            La mission est reçue, nous n’en sommes pas les propriétaires ! Par notre confirmation, nous sommes envoyés par le Christ et par l’Eglise, corps du Christ. Pour annoncer et servir le Royaume de Dieu, et pour servir nos frères et sœurs, Jésus nous demande d’être disponibles, libérés de tout ce qui pourrait entraver notre marche : « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même ». Nous ne travaillons pas pour nous-mêmes, pour nos idées, notre gloire ou notre prestige, ou encore pour le pouvoir, nous sommes serviteurs de nos frères et sœurs. Humilité et obéissance à l’Esprit et à l’Eglise ne sont pas à option. C’est la seule façon de servir celui qui nous envoie, et c’est à lui qu’un jour, nous devrons rendre des comptes.

            La mission nous demande d’être libres de toute attache familiale. Jésus lui-même fut libre par rapport à sa famille humaine. Je sais que le risque existe de rencontrer parfois des situations où il faut choisir entre l’intérêt familial et l’impératif de la mission. Mais soyons clairs : jamais la mission n’exigera l’abandon de sa famille. S’occuper de son mari, de son épouse, de ses enfants ou de ses parents est un devoir sacré à accomplir sous le regard du Seigneur Jésus. Cela fait partie de la mission, c’est ce que l’Eglise appelle le devoir d’état. Mais lorsqu’interviennent des problèmes d’ordre économique, politique, ou matériel dans la communauté humaine à laquelle nous appartenons, il importe de les aborder en fonction de la mission et de la responsabilité qui nous a été confiée et en référence avec ce que nous enseigne le Christ dans les Evangiles. 

            La mission demande un esprit de gratuité, sans limite. St Pierre demandait un jour au Christ Jésus : " Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t'avons suivi, quelle sera donc notre part ? " Jésus lui promit la vie éternelle. Mais dans un autre passage de l’Evangile, Jésus précise jusqu’où doit aller cette gratuité sans limite : " Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu'à sept fois ? "  Jésus lui dit : " Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix-sept fois ». Le véritable amour est don et accueil, sans limite, sans réserve. Donner sans attendre de retour! C’est Dieu lui-même qui, le moment venu, saura nous remettre le fruit de notre travail.

            La mission demande la confiance dans la puissance agissante de Dieu en chacun. Nous serions bien naïfs de ne compter que sur nos propres forces humaines, nos connaissances. Notre force est d’abord dans notre foi. Tout est possible pour celui qui croit, nous dit Jésus, car rien n’est impossible à Dieu ! N’oublions jamais que l’Esprit Saint nous précède dans le cœur de toute personne. Le succès apostolique de nos entreprises revient d’abord à Dieu : " Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits ». Jésus sait ce qu’il doit à son Père !    

            Sur cette route de la mission, vous rencontrerez des obstacles. Le disciple n’est pas au-dessus du maître. Je voudrais en soulever quelques-unes.

            La tentation du pouvoir : être le plus grand, le premier, le plus important. Les apôtres eux-mêmes y ont été confrontés : « en chemin ils avaient discuté entre eux qui était le plus grand ». Nous connaissons la réponse de Jésus : " Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous. Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir ».

            La tentation d’abuser de son pouvoir dans les situations difficiles. Alors que Jésus avait été rejeté d’un village samaritain, ses disciples lui demandent : " Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? " Jésus repousse sévèrement cette solution. Comment faire, alors ? Jésus nous donne la réponse : " Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère.  S'il n'écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins.  Que s'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté. Et s'il refuse d'écouter même la communauté, qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain ». Et nous savons comment Jésus agissait avec les publicains et les pécheurs !

            La tentation de refuser de se remettre en cause. Dans sa lettre aux Galates, Paul rappelle comment il a interpelé l’apôtre Pierre et l’a réprimandé : « quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il s'était donné tort ». Etre responsable ne signifie pas que l’on est dispensé de reconnaître que parfois, on fait fausse route. Il n’y a rien de déshonorant à cela. Mais ces remises en cause doivent toujours avoir pour seule référence l’Evangile et le message du Christ. Elles doivent aider à grandir, non démolir ou humilier. L’Amour n’y trouverait pas son compte, ni la mission elle-même.          

            Voilà. La tâche est exigeante, mais quelle joie ce doit être pour nous de nous entendre dire par le Seigneur : « Va travailler à ma vigne ! ». N’attendons pas d’être parfaits pour répondre à cette invitation, le Seigneur sait de quoi nous sommes faits. Il ne nous reste plus qu’à lui faire confiance et à remettre notre vie entre ses mains.

                                                                                   Amen

Date de dernière mise à jour : 2016-08-10