Keranna 02 février 2021
Et bonne fête de la Présentation, tout spécialement aux amis de Keranna qui sont veufs ou consacrés. Que St Syméon et Ste Anne nous aident à persévérer dans le jeûne et la prière !
La bouchée du mois : Qui appartient à l’Église ?
Nous avons vu que l’Église était une, sainte, catholique et apostolique. Une question demeure toutefois : qui la compose ?
Et quelle est par rapport à elle la place des autres religions ? En un temps de relativisme ambiant, voici quelques jalons :
1. Une Unité :
• L’Église est d’abord une, avions-nous vu, car elle est à la fois l’unique Épouse du Christ et sa continuation, et parce qu’elle est habitée par l’Esprit Saint qui œuvre à la faire devenir dans les faits ce qu’elle est déjà dans le cœur de Dieu (CEC 813).
• Et elle est également universelle, parce qu’elle a reçu du Christ l’intégralité des moyens de salut : confession de foi droite et complète, vie sacramentelle intégrale et ministère ordonné dans la succession apostolique (CEC 830).
2. Des cercles concentriques :
• Cette Église une et universelle, est constituée des fidèles qui y ont été incorporés par leur baptême, réel, de sang dans le cas d’un martyr, ou de désir dans le cas d’un catéchumène qui décède avant de pouvoir le recevoir (CEC 1258 et 1259).
• Si les fidèles ne sont pas toujours fidèles, c’est dû au fait que nous sommes des pécheurs. Mais si cela entache et affaiblit la grâce de notre baptême, cela ne l’enlève pas ; le sacrement du pardon est là pour nous la faire retrouver. Cela n’enlève pas non plus l’appartenance à l’Église, sauf si nous sommes hors communion (excommuniés), par exemple en devenant adeptes d’une loge maçonnique.
• Il existe aussi des groupes de baptisés qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église, soit parce que leur foi ou leur vie sacramentelle est incomplète, soit parce qu’ils ont perdu ou renoncé à la succession apostolique, soit parce qu’ils voient dans le primat de Pierre une simple marque honorifique. C’est le cas des diverses Églises et dénominations chrétiennes non visiblement reliées à Rome. Elles se trouvent dans une certaine communion, bien qu’imparfaite, avec l’Église catholique (CEC 838). Ce manque est la raison pour laquelle la célébration commune de l’Eucharistie n’est pas encore possible.
3. La finalité :
• Quant à ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, eux aussi sont ordonnés au peuple de Dieu (CEC 839), c’est-à-dire destinés, conviés à faire partie du peuple de Dieu, car l’Église est le lieu où l’humanité doit retrouver son unité et son salut. Elle est « le monde réconcilié » (CEC 845).
• En attendant cet heureux jour, et en sachant que seul le Christ est médiateur et voie de salut (CEC 846), l’Église nous enseigne que ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel (CEC 847). Car Jésus, qui est miséricorde et qui voit dans les cœurs, a aussi offert sa vie pour toute l’humanité.
Le Saint du mois
La cohabitation entre chrétiens et non-chrétiens a souvent été difficile. Nous fêtons le 6 février 26 des martyrs de l’Église qui est au Japon, St Paul Miki et ses compagnons.
• Ce sont les Jésuites portugais et les Franciscains espagnols qui avaient introduit le christianisme au Japon en 1549. De suite fleurirent écoles, paroisses, hospices et léproseries. Paul Miki (?? Miki veut dire Trois Arbres) naît en 1564 près d’Osaka. Son père, Hantao Miki, est un général au service du gouverneur Nobunaga, l’un des trois unificateurs du Japon. Il se convertit à la nouvelle foi, et toute la famille est baptisée, y compris le futur saint qui a cinq ans et reçoit le nom chrétien - et étranger - de ???, Paouro, Paul. À seize ans, son père l’envoie étudier dans une école jésuite des environs, et à vingt-deux ans, en 1586, il entre au noviciat.
• En 1587, cherchant à unifier le pays, le gouverneur Hideyoshi expulse les missionnaires et interdit le christianisme, qui devient peu à peu clandestin. En 1588, Paul prononce ses vœux et poursuit ses études. Le latin n’est pas son fort, mais il est excellent catéchiste et prédicateur, et participe souvent à des débats avec des non-chrétiens. En 1592, il est nommé à Osaka comme collaborateur du provincial et prêche avec succès auprès des samouraïs.
• Hélas, en 1596, l’arrivée d’un bateau espagnol ravive le conflit. Lorsqu’on vient arrêter, le 9 décembre, les Jésuites étrangers d’Osaka, Paul, qui est le premier Jésuite japonais, choisit de se joindre à eux. En prison, il prêche ! En février 1597, on arrête encore d’autres chrétiens : des jésuites, des franciscains, des laïcs tertiaires de saint François, des enfants de chœur, et on les promène de ville en ville, pour l'exemple.
• Le 5 février, Paul est emmené, avec ses 25 compagnons, sur une colline de Nagasaki faisant face à la mer et à l’Occident, d’où est venu cette foi étrangère. Ils sont d’abord torturés, et continuent à prêcher et à chanter. Puis ils sont crucifiés. Et Paul affirme encore sa foi, et pardonne à ses bourreaux. Onze de ses compagnons ne sont pas encore baptisés.
• L’exécution de ces martyrs a un grand retentissement, au Japon d’abord, où les fidèles clandestins y puisent leur force, et dans toute l’Europe. Au point qu’Urbain VIII les béatifie trente ans plus tard, alors que les chrétiens japonais sont toujours traqués et exécutés. Du jamais vu ! Ils seront canonisés par Pie IX en 1862.
La pratique du mois
• Lors de ses derniers propos du haut de sa croix, saint Paul Miki proclame ce qui l’anime : Je suis tué juste parce que j’ai cru au christianisme (?????, kirisuto-ky?). Pour cette raison, je suis prêt à donner ma vie. Il est frappant qu’il parle du christianisme, la « religion du Christ », ce qui implique le Christ et aussi son Église.
• Et nous, sommes-nous prêts à perdre quelque chose de nous-mêmes pour l’Église ? Comment l’aimons-nous ? Comment la faisons-nous aimer ?
L’intercession du mois
Avec Sainte Anne et Saint Paul Miki, prions :
- pour nos frères encore séparés, orthodoxes et protestants ;
- pour les catéchumènes, et surtout ceux qui sont menacés de mort, dans leur famille et dans leur société ;
- pour que le carême qui commence ce 17 février soit plus que jamais l’occasion d’imiter la prophétesse Anne qui, à quatre-vingt-quatre ans, ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit, dans le jeûne et la prière (Lc 2,37) ;
- aux intentions du pape François pour ce mois de février :
Prions pour les femmes victimes de violence, afin qu’elles soient protégées par la société et que leurs souffrances soient prises en compte et écoutées.
- et toujours aux intentions de tous les amis de KerAnnA.
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