Passioniste de Polynésie

P L Boyer / à quoi ça sert de prier

landry-boyer-id.jpg Homélie du 29ème Dimanche du Temps Ordinaire.

A quoi ça sert de prier ?


De nos jours, les gens n’aiment pas faire une chose qui n’a pas d’utilité. A quoi bon, à quoi ça sert de… ? Tous les actes humains sont classés en deux catégories : les actes utiles et inutiles. Les gens ne s’autorisent une action inutile que si l’ordre vient d’eux-mêmes.
La prière elle-même est interrogée par l’esprit de notre époque, où les gens sont plutôt pressés, une époque où il serait préférable de ne pas s’embarrasser d’actions inutiles. L’argent tient une place importante dans la vie des gens de notre époque et nombreux sont ceux pour cela qui pensent que la prière ne sert à rien, n’apporte rien dans la vie quotidienne, que ce n’est qu’un luxe que certains peuvent se payer, ceux qui ont du temps libre, ou que ce n’est qu’une question esthétique, artistique : c’est beau une personne qui invoque le Seigneur, ça donne un certain style de vie !
Certainement, quand Jésus s’éloignait du groupe des disciples pour prier à l’écart, ce n’était pas une question esthétique, mais bien une question vitale : ne pas se couper de la source, de l’origine de toutes grâces : le Père. Le dialogue permanent avec le Père est une des choses que le Seigneur Jésus voulait absolument enseigner aux disciples. C’était une des raisons pour lesquelles Jésus les voulaient auprès de lui chaque jour.
Les lectures d’aujourd’hui cependant ne s’adressent pas uniquement aux prêtres. Un vrai chrétien doit garder un contact permanent avec le Seigneur. Il ne suffit pas de penser que Dieu nous aime, il faut dialoguer en prière constamment avec Lui. A plus forte raison quand on a des responsabilités dans l’Eglise bien sûr.
L’Evangile nous parle d’une veuve qui veut que justice soit rendue, mais elle a affaire au pire des juges qui puisse exister : un juge qui n’a rien à faire de la justice. Grâce à son obstination, elle obtient quand même justice, mais la justice a été rendue non pas par amour, mais par épuisement de la part du juge.
En effet, les veuves étaient une catégorie de personne particulière à cette époque : elles étaient à la merci de tous, de leur bon vouloir, bonté éventuelle. Elles ne pouvaient se nourrir seules, elles avaient besoin au moins de la présence d’un fils pour se procurer de la nourriture et la protéger. La perte de son unique fils a fait plonger la veuve de Naïm dans le désespoir en partie pour cette raison. Sans pouvoir, une veuve était donc en danger du point de vue de la justice. Sa seule chance d’être protégée était donc le souci du Juge.
Jésus utilise cet exemple pour nous parler de son Père, de son souci principal : la venue du Royaume de Dieu dans le monde ! Dieu a besoin que son Règne vienne, que sa volonté soit faîte sur la terre. Ce n’est pas juste une option pour notre monde, c’est la clé pour que cesse toute injustice dans ce monde, pour que toutes les veuves du monde trouvent justice. Dans un monde où l’argent est devenu le pouvoir, les veuves d’aujourd’hui sont les pauvres, les désoeuvrées. Ils ont une situation comparable à celles des veuves de l’époque de Jésus, sans pouvoir, sans recours possible.
Mais, pour que souci soit aussi le nôtre, quotidiennement, il faut rester brancher à la source, le Père. C’est lui qui est la justice pour tous et en même temps. Il compte sur nos bras pour réaliser cela, des bras levés comme ceux de Moïse tout le temps de la bataille contre l’ennemi. Se couper
de Dieu nous ferait très vite oublier le pourquoi de notre baptême et donnerait alors la défaite à toutes les veuves du monde.
L’Eucharistie nous branche directement à la grâce. Jésus n’est-il pas le cep et le chrétien le sarment ? Sans ce contact permanent, nos tentatives de sauver le monde sont dérisoires : « sans moi vous ne pourrez rien faire ; si vous vous détachez de la vigne, vous ne porterez pas de fruits ». N’en déplaise à certains qui pensent que l’on pourrait se passer de l’Eglise pour aider le monde, nous sommes convaincus, nous les chrétiens, au contraire, que si Dieu n’est pas au centre de notre action, chaque jour, nous sommes inefficaces devant les milliers de sycomores à déraciner.
Amen.

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1ère lecture :Ex 17, 8-13

Lecture du livre de l'Exode

Le peuple d'Israël marchait à travers le désert.
Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il livra bataille aux Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. Mais les mains de Moïse s'alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s'assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu'au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l'épée.

 

2ème lecture : 2Tm 3, 14-17; 4, 1-2

 Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Fils bien-aimé, 
tu dois en rester à ce qu'on t'a enseigné : tu l'as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l'ont enseigné. Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. Tous les textes de l'Écriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l'homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu'il faut pour faire un bon travail.

Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d'instruire.

Evangile : Lc 18, 1-8

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu'il faut toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : 'Rends-moi justice contre mon adversaire.' Longtemps il refusa ; puis il se dit : 'Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m'ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu'elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.' »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu'il les fait attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »

Date de dernière mise à jour : 2021-07-04

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