Saint François DE SALES
François naquit le 21 aout 1567 au château de Sales, en Savoie. Nommer ce saint, c'est personnifier la vertu de douceur ; il fut le saint aimable par excellence et le parfait imitateur de Celui qui a dit : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. »
Jeune homme, il mena la vie des anges. Ordonné prêtre, le 18 décembre 1593,il se montra digne émule des plus grands apôtres, par ses travaux et par les innombrables conversions qu'il opéra parmi les protestants.
Évêque, il fut le rempart de la foi, le père de son peuple, le docteur de la piété chrétienne, un pontife incomparable. « On disait communément, écrit sainte Jeanne de Chantal, qu'il n'y avait pas de meilleur moyen de gagner sa faveur que de lui faire du mal, et que c'était la seule vengeance qu'il sût exercer. » -- « Il avait un cœur tout à fait innocent, dit la même sainte ; jamais il ne fit aucun acte par malice ou amertume de cœur. Jamais on n'a vu un cœur si doux, si humble, si débonnaire, si gracieux et si affable qu'était le sien. »
Citons quelques paroles de François lui-même : « Soyez, disait-il, le plus doux que vous pourrez, et souvenez-vous que l'on prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent barils de vinaigre. S'il faut donner en quelque excès, que ce soit du côté de la douceur. » -- « Je le veux tant aimer, ce cher prochain, je le veux tant aimer ! Il a plu à Dieu de faire ainsi mon cœur ! Oh ! Quand est-ce que nous serons tout détrempés en douceur et en charité ! »
Il mourut à Lyon le 28 décembre 1622, le jour des saints Innocents.
François de Salesa été béatifié en 1661 et canonisé en 1665 par le Pape Alexandre VII (Fabio Chigi, 1655-1667).
Le Pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) le proclama Docteur de l’Église en 1887 ; Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939) le proclama Patron des journalistes en 1923.
On célèbre sa mémoire au jour anniversaire du transfert de son corps de Lyon à Annecy, le 24 janvier 1623.
http://levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20140124&id=1428&fd=0
Introduction à la vie dévote (I. 3)
Dieu commanda en la création aux plantes de porter leurs fruits, chacune selon son genre : ainsi commande-t-il aux Chrétiens, qui sont les plantes vivantes de son Eglise, qu'ils produisent des fruits de dévotion, un chacun selon sa qualité et vacation. La dévotion doit être différemment exercée par le gentilhomme, par l'artisan, par le valet, par le prince, par la veuve, par la fille, par la mariée ; et non seulement cela, mais il faut accommoder la pratique de la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier. Je vous prie, Philothée, serait-il à propos que l'Evêque voulût être solitaire comme les Chartreux ? Et si les mariés ne voulaient rien amasser non plus que les Capucins, si l'artisan était tout le jour à l'église comme le religieux, et le religieux toujours exposé à toutes sortes de rencontres pour le service du prochain comme l'Evêque, cette dévotion ne serait-elle pas ridicule, déréglée et insupportable ? Cette faute néanmoins arrive bien souvent.
Non, Philothée, la dévotion ne gâte rien quand elle est vraie, ainsi elle perfectionne tout, et lorsqu'elle se rend contraire à la légitime vacation de quelqu'un, elle est sans doute fausse. L'abeille, dit Aristote, tire son miel des fleurs sans les intéresser, les laissant entières et fraîches comme elle les a trouvées ; mais la vraie dévotion fait encore mieux, car non seulement elle ne gâte nulle sorte de vocation ni d'affaires, ainsi au contraire elle les orne et embellit. Toutes sortes de pierreries jetées dedans le miel en deviennent plus éclatantes, chacune selon sa couleur et chacun devient plus agréable en sa vocation la conjoignant à la dévotion : le soin de la famille en est rendu paisible, l'amour du mari et de la femme plus sincère, le service du prince plus fidèle, et toutes sortes d'occupations plus suaves et amiables.
C'est une erreur ainsi une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés. Il est vrai, Philothée, que la dévotion purement contemplative, monastique et religieuse ne peut être exercée en ces vacations-là mais aussi, outre ces trois sortes de dévotion, il y en a plusieurs autres, propres à perfectionner ceux de dévotion, il y en a plusieurs autres, propres à perfectionner ceux qui vivent des états séculiers. Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite.
Saint François de Sales
Litanies de Saint François de Sales
Seigneur, ayez pitié de nous | Seigneur, ayez pitié de nous |
O Christ, ayez pitié de nous | O Christ, ayez pitié de nous |
Seigneur, ayez pitié de nous | Seigneur, ayez pitié de nous |
Jésus, écoutez-nous | Jésus, écoutez-nous |
Jésus, exaucez-nous | Jésus, exaucez-nous |
Père du Ciel qui êtes Dieu, | ayez pitié de nous |
Fils, Rédempteur du monde qui êtes Dieu, | ayez pitié de nous |
Saint-Esprit qui êtes Dieu, | ayez pitié de nous |
Sainte Trinité qui êtes un seul Dieu, | ayez pitié de nous |
Sainte Marie, sainte Vierge des Vierges, Mère du Sauveur, | priez pour nous |
Saint François de Sales, très digne pontife, chéri de Dieu et des hommes, | priez pour nous |
Saint François de Sales, fidèle disciple et imitateur de Jésus-Christ, | priez pour nous |
Saint François de Sales, enfant bien-aimé de Marie, | priez pour nous |
Saint François de Sales, qui avez miraculeusement recouvré la paix et l'espérance par l'intercession de la Mère de Dieu, | priez pour nous |
Saint François de Sales, guide et modèle de la vraie piété, | priez pour nous |
Saint François de Sales, parfait exemple de prudence et de charité, dans la conduite des âmes, | priez pour nous |
... qui avez eu la science pour enseigner les hommes, et l'onction pour les toucher, | priez pour nous |
... qui avez su joindre la force pour corriger les vices et la douceur pour gagner les cœurs, | priez pour nous |
... pasteur charitable qui avez exposé votre vie pour le salut de vos ouailles, | priez pour nous |
... qui étiez le soutien de la veuve et le père de l'orphelin, | priez pour nous |
... qui étiez le protecteur des pauvres et des opprimés, | priez pour nous |
... dont l'extérieur bon et affable, grave et modeste, rappelait Jésus-Christ conversant parmi les hommes, | priez pour nous |
... tout embrasé d'amour pour la croix du Sauveur, | priez pour nous |
... vrai miroir de douceur et d'humilité, | priez pour nous |
... qui, par votre zèle et votre douceur, avez gagné à l'Eglise plus de soixante-dix mille hérétiques, | priez pour nous |
... dont la patience et la sérénité n'ont jamais été altérées par les injures, les calomnies et les contradictions, | priez pour nous |
... qui voyiez en toutes choses le bon plaisir de Dieu, et qui mettiez votre bonheur à vous y conformer avec amour, | priez pour nous |
... qui avez pour principe de ne rien demander et de ne rien refuser | priez pour nous |
... qui vous reposiez dans le sein de la divine Providence, comme un enfant dans les bras de sa mère, | priez pour nous |
... qui aviez pris pour devise ou mourir ou aimer, parce que la vie sans amour de Dieu vous semblait pire que la mort, | priez pour nous |
... dont la vie, au milieu des plus grand travaux, était une oraison continuelle, | priez pour nous |
... imitateur de la pureté des anges, | priez pour nous |
... le plus dévot et le plus aimable des saints, | priez pour nous |
... fondateur d'une congrégation des vierges destinée à répandre en tous lieux la bonne odeur de Jésus-Christ, | priez pour nous |
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, | pardonnez-nous, Seigneur |
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, | exaucez-nous, Seigneur! |
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, | ayez pitié de nous, Seigneur! |
Jésus, écoutez-nous | Jésus, exaucez-nous |
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde,
pardonnez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde,
exaucez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde,
Jésus-Christ, écoutez-nous
Jésus-Christ, exaucez-nous
Priez pour nous, saint François de Sales ;
- Afin que nous travaillions comme vous à imiter Jésus doux et humble de cœur.
Prions. Mon Dieu, qui , pour l'édification et le salut des âmes, nous avez présenté dans saint François de Sales le modèle le plus parfait de la douceur et de la piété, mettez dans nos âmes toute l'onction de sa religieuse amabilité, toute l'ardeur de sa charité et toute la profondeur de son humilité, afin que nous puissions partager un jour sa gloire dans le Ciel, et vous aimer avec lui dans tous les siècles. - Amen.
Prière de Saint François de Sales composée pour une future mère.
Dieu éternel, Père d'infinie bonté, qui avez ordonné le mariage pour accroître la race humaine et repeupler la Cité céleste et qui avez dévolu à la femme le rôle principal en cette tâche, c'est votre volonté que la fécondité apporte la preuve de votre bénédiction.
Jetez maintenant un regard sur moi, prosternée dans l'adoration devant la face de votre Majesté, afin de vous remercier pour la conception de l'enfant, don que avez fait à mon corps. Mais, Seigneur, puisque Vous avez agi ainsi dans votre bonté, étendez les bras de votre Providence et menez à la perfection l'œuvre que Vous avez commencée. Communiquez à ma gestation quelque chose de Votre divine excellence, et par votre assistance indéfectible, aidez-moi à porter cet enfant, fruit de votre pouvoir créateur, jusqu'à l'heure de l'enfantement. Dieu de ma vie, venez à mon aide, soutenez de votre main sacrée ma faiblesse et recevez ce fruit de mes entrailles ; préservez le nouveau-né qui vous appartient, jusqu'à ce que le sacrement du baptême le dépose dans le sein de votre épouse, l'Eglise, faites-le vôtre également par la Rédemption.
Sauveur de mon âme, vous qui sur la terre montrâtes tant de tendresse à l'égard des petits enfants assemblés autour de vous, recevez-en encore un autre, je vous prie, et adoptez-le parmi vos fils. Lorsqu'il vous appartiendra et pourra vous appeler Père, alors Votre nom sera sanctifié en lui et votre règne arrivera. C'est pourquoi, ô Rédempteur du monde, je voue, dédie et consacre mon enfant, de tout mon cœur, à Votre loi, à l'amour de Votre service et au service de Votre amour. Etant donné que Votre juste colère a assujetti la mère de la race humaine ainsi que sa postérité pécheresse à beaucoup de souffrances et de peines dans l'enfantement, j'accepte de vos mains, Seigneur, toutes les douleurs qui seront les miennes à cette heure. Je vous fais pourtant une prière : Au nom de la Sainte joie avec laquelle votre innocente Mère a enfanté, soyez miséricordieux à l'heure de ma délivrance envers la pauvre pécheresse que je suis et bénissez-moi, ainsi que l'enfant que Vous m'avez donné, de la bénédiction de votre amour éternel. Avec une complète confiance en votre bonté, je demande ce don en toute humilité.
Et vous, très sainte Vierge-Mère, incomparable souveraine, gloire sans pareille de toutes les femmes, ouvrez largement vos bras protecteurs et recevez dans le sein maternel de votre infinie délicatesse mes désirs et mes supplications, de sorte que votre Fils, dans Sa miséricorde, puisse daigner accueillir ma prière. O vous, la plus aimable de toutes les créatures, au nom de l'amour virginal dont Vous avez chéri saint Joseph, votre très cher époux, au nom des mérites infinis de la naissance de votre Fils, des entrailles sacrées qui L'ont porté, des mamelles qui L'ont allaité, je vous supplie d'obtenir pour moi ce que je demande.
Saints anges de Dieu, désignés pour me garder, moi et l'enfant que je porte, défendez-nous, gouvernez-nous, afin que, sous votre protection, nous puissions un jour atteindre à la gloire qui fait vos délices et en votre compagnie, louer et bénir le Seigneur et Maître de nous tous, qui vit et règne éternellement.
ENCYCLIQUE " RERUM OMNIUM "
sur saint François de Sales
adressée à tous les évêques
à l'occasion du troisième centenaire de sa mort
par sa Sainteté PIE XI
SA VIE ET SES VERTUS
Si on examine avec attention la vie de François de Sales, on voit qu'il fut dès ses premières années un modèle de sainteté, modèle non point froid et triste, mais aimable et accessible à tous, de sorte qu'on peut en toute vérité lui appliquer cette parole : Son commerce n'a point d'amertume, et sa compagnie n'est point ennuyeuse, mais procure joie et plaisir. (Sap. VIII,16)
La douceur, vertu distinctive de saint François
De fait, s'il a brillé de l'éclat de toutes les vertus, saint François s'est distingué par une exquise douceur d'âme qu'on est fondé à considérer comme sa note particulière et caractéristique. Sa douceur toutefois n'avait rien de commun avec cette amabilité affectée qui se dépense en civilités raffinées et s'étale en prévenances excessives ; elle était aux antipodes aussi bien d'une torpeur ou apathie que rien n'émeut, que d'une timidité qui n'a pas la force, même quand c'est nécessaire, de manifester une indignation.
Cette vertu prédominante, jaillie des profondeurs de l'âme de François de Sales comme une délicieuse fleur de charité puisqu'elle était faite surtout de compassion et d'indulgence, atténuait de suavité la gravité de son visage, se reflétait dans sa démarche et dans sa voix, et lui gagnait les égards empressés de tous.
Douceur compatissante du prêtre
Les historiens attestent que notre Saint avait accoutumé de recevoir sans la moindre difficulté et d'accueillir avec tendresse tous ceux, et plus spécialement les pécheurs et apostats, qui se pressaient à sa porte pour recevoir le pardon de leurs fautes et amender leur conduite ; s'occuper des condamnés détenus en prison était sa joie, et il les réconfortait, au cours de fréquentes visites, par les mille industries de sa charité ; il ne montrait pas moins d'indulgence dans ses rapports avec ses serviteurs, supportant avec une patience exemplaire leurs négligences et leurs manques de respect.
Douceur conquérante de l'apôtre du Chablais
S'étendant à tous, la mansuétude de François de Sales ne se démentit jamais à l'endroit de qui que ce fût, pas plus dans le malheur que dans la prospérité : ainsi, malgré leurs avanies, les hérétiques ne le trouvèrent jamais moins bienveillant ni moins affable.
L'année qui suit son ordination, il s'offre spontanément, sans l'assentiment et contre le gré de son père, à Granier, évêque de Genève, pour ramener à l'Église la population du Chablais ; bien volontiers l'évêque lui confie cette province étendue et inhospitalière ; saint François s'y dévoue avec tant de zèle qu'il ne recule devant aucune fatigue et ne se laisse même arrêter par aucun danger de mort.
Or, l'extrême étendue de sa science, la force et les ressources de son éloquence firent moins, pour procurer le salut à tant de milliers d'âmes, que la bonté souriante dont jamais il ne se départit dans l'exercice du saint ministère.
Il aimait à redire fréquemment cet adage qui mérite d'être retenu : Les Apôtres ne combattent qu'en souffrant et ne triomphent qu'en mourant ; et l'on a peine à croire avec quelle ardeur et quelle persévérance il soutint la cause de Jésus-Christ parmi ses chères populations du Chablais.
Pour leur porter les lumières de la foi et les consolations de l'espérance chrétienne, notre Saint allait par le fond des vallées et se glissait en rampant à travers les gorges étroites. Si les âmes fuient, il se met à leur poursuite, les appelant à grands cris : brutalement repoussé, il ne se décourage point ; assailli de menaces, il se remet à l'œuvre ; expulsé plus d'une fois des hôtelleries, il passe des nuits en plein air dans le froid et la neige ; il célèbre la Messe même si tout assistant fait défaut ; ses auditeurs se retirant presque tous, il continue de prêcher ; toujours il conserve une parfaite égalité d'âme, et il témoigne aux ingrats une charité souverainement aimable qui finit par triompher de ses adversaires, si obstinée que puisse être leur résistance.
Ce qu'était la douceur de saint François
Irascibilité native, vaincue par une lutte perpétuelle
D'aucuns penseront peut-être que François de Sales a hérité en naissant de ces qualités morales, et qu'il est une de ces natures spécialement privilégiées que la grâce de Dieu a prévenues du don de la douceur : erreur profonde ! Au contraire, il était, de par son tempérament physique même, d'un naturel difficile et enclin à la colère ; mais, s'étant fixé pour modèle le Christ Jésus qui a dit : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur (Matth. XI,29), il surveilla constamment les mouvements de son âme et, en se faisant violence, réussit si bien à les comprimer et à les dompter, que nul n'a mieux rappelé que lui, en toute sa personne, le Dieu de paix et de mansuétude.
Sa biographie contient un trait qui est une preuve remarquable de ces combats intimes. Les médecins auxquels, après sa mort, sa sainte dépouille fut remise pour l'embaumement, trouvèrent le foie presque pétrifié et réduit en menus calculs ; ce phénomène leur révéla quelles violences et quels efforts il avait dû s'imposer pour dompter, cinquante années durant, son irascibilité native.
Ainsi donc, c'est à sa force d'âme, sans cesse alimentée par une foi robuste et un brûlant amour de Dieu, que François de Sales dut toute sa douceur, de façon qu'on peut lui appliquer à la lettre ce mot de la Sainte Écriture : De la force est sortie la douceur (Judic. XIV,14). Et par la douceur apostolique qui le distinguait, et qui, au dire de Jean Chrysostome, est la plus puissante des violences (Hom. 58 in Gen.), il ne pouvait manquer de jouir, pour attirer les cœurs, de ce pouvoir que promet aux doux l'oracle divin : Heureux les doux, car ils seront maîtres du monde (Matth. V,4).
Cette douceur n'excluait pas une courageuse fermeté
D'autre part, quelle était l'énergie morale de saint François, en qui il était permis de signaler un modèle de douceur, on le vit très clairement chaque fois qu'il eut à lutter contre les puissants pour la gloire de Dieu, les droits de l'Église et le salut des âmes.
Ce fut le cas lorsqu'il défendit l'immunité de la juridiction ecclésiastique contre le Sénat de Chambéry ; cette assemblée l'ayant menacé par lettre de lui retirer une partie de ses revenus, non seulement François de Sales fit au messager la réponse qui convenait à sa dignité, mais il ne cessa de protester contre cette injustice jusqu'à ce que le Sénat lui eût donné pleine satisfaction. C'est avec la même fermeté de caractère qu'il subit la colère du Prince, auprès de qui il avait, ainsi que ses frères, été calomnié ; il résista avec non moins de force aux prétentions des seigneurs pour la collation des bénéfices ecclésiastiques ; de même encore, après avoir tout essayé, il sévit contre les rebelles qui avaient refusé la dîme au Chapitre des chanoines de Genève.
C'est donc avec une liberté tout évangélique qu'il avait accoutumé soit de flétrir les vices publics, soit de démasquer les contrefaçons de la vertu et de la piété ; respectueux, autant que quiconque, de l'autorité des Princes, jamais cependant il ne consentit par ses actes à se faire complice de leurs passions ni à se plier aux excès de leur arbitraire.
http://missel.free.fr/Sanctoral/01/24.php
Evêque de Genève (? 1622)
Fils d'une noble famille savoyarde restée catholique en pays calviniste, il était destiné à un brillante carrière juridique. Son père l'envoie étudier à Paris. Mais il y découvre la théologie et les problèmes de la prédestination, soulevés par les calvinistes. Scrupuleux, il se croit prédestiné à être damné. Le désespoir le submerge jusqu'au jour où il découvre le "souvenez-vous", la prière mariale attribuée à saint Bernard. Il retrouve la paix et ce sera l'un des grands messages de sa vie quand il pacifiera sainte Jeanne de Chantal, puis quand il écrira son "Introduction à la vie dévote".
Prêtre, puis évêque de Genève, il réside à Annecy, car Genève est la "Rome" des calvinistes. Il fréquente les plus grands esprits catholiques de l'époque, introduit en France la réforme des carmels initiée par sainte Thérèse d'Avila, la fondation de l'Oratoire français* par Pierre de Bérulle (1611) - l'Oratoire avait été fondé à Rome en 1564 par saint Philippe Néri.
Lui-même fonde l'Ordre des Visitandines pour mettre la vie religieuse à la portée des femmes de faible santé. Son "introduction à la vie dévote" est un ouvrage qui s'adresse à chaque baptisé. Il y rappelle que tout laïc peut se sanctifier en faisant joyeusement son devoir d'état, en lequel s'exprime la volonté de Dieu. Il est le patron des journalistes car il écrivit de nombreuses feuilles imprimées qui sont des "gazettes" pour s'adresser aux calvinistes qu'il ne peut rencontrer.
Il est le saint patron des sourds-muets parce qu'il a pris sous sa protection pendant 17 ans (jusqu'à sa mort) le sourd-muet Martin, et l'a lui-même patiemment enseigné et catéchisé.
Le 2 mars 2011, la catéchèse de l'audience générale a été consacrée à saint François de Sales, né en 1567 dans une noble famille savoyarde. Dans sa jeunesse, a rapporté le Saint-Père, il "vécut une profonde crise spirituelle alors qu'il méditait la pensée de saint Augustin et de saint Thomas d'Aquin. Crise qui le porta à s'interroger sur le salut de l'âme et la prédestination de Dieu à son égard, en vivant dramatiquement les grandes questions théologiques qui agitaient l'époque". A vingt ans cependant, "il trouva la paix dans...l'amour de Dieu, dans un amour sans conditions, confiant dans l'amour divin. Tel fut le secret de toute sa vie". Puis il a rappelé que François de Sales fut ordonné prêtre en 1593 et évêque de Genève en 1602, alors que la ville était le bastion du calvinisme. "Apôtre, prédicateur et écrivain, homme de prière et d'action...engagé dans le débat avec les protestants, il expérimenta au-delà de la nécessaire controverse théologique l'efficacité des rapports personnels et de la charité". Avec sainte Jeanne de Chantal, il fonda l'ordre de la Visitation, caractérisé par une totale consécration à Dieu, dans la simplicité et l'humilité. François de Sales mourut en 1622.
Dans son Introduction à la vie dévote, il lance une invitation qui pouvait sembler révolutionnaire pour l'époque: "Être tout entier à Dieu et vivre pleinement dans le monde les devoirs de son état... C'est ainsi que naquit par l'appel aux laïcs l'attention portée à la consécration des choses temporelles et à la sanctification du quotidien, sur lesquels insistent le Concile Vatican II et la spiritualité contemporaine". Benoît XVI a ensuite cité une autre œuvre majeure de ce Docteur de l'Église, le Traité de l'amour de Dieu: "Dans une période de grande ferveur mystique, il s'agit d'une somme et à la fois d'une superbe œuvre littéraire... Sur le modèle de l'Écriture, François de Sales y traite de l'union entre Dieu et l'homme, développant une série d'images inter-personnelles comme Dieu père et seigneur, époux et ami. "Ce traité offre une profonde méditation de la volonté humaine et une description de son parcours, du mourir pour vivre dans le total abandon de la volonté comme du bon plaisir de Dieu. Au sommet de l'union avec Dieu...on retrouve un flux de charité qui s'étend aux attentes et aux besoins de tous". Il a conclu en affirmant qu'aujourd'hui, dans une période "en recherche de liberté, malgré violences et inquiétudes, l'actualité de ce grand maître spirituel et pacificateur a confié à ses disciples l'esprit de liberté, cette liberté véritable qui culmine dans l'enseignement total de la réalité de l'amour. Saint François de Sales est un témoin exemplaire de l'humanisme chrétien, exposé avec familiarité, à l'aide de paraboles parfois poétiques. Il y rappelle que l'homme porte en lui la nostalgie de Dieu et qu'en lui seul il est possible de trouver et réaliser la joie véritable". (source: VIS 20110302 490)
François de Sales s’épuisera une bonne partie de sa vie au service de Dieu et des hommes. Ordonné à 35 ans, il ne s’épargnera rien pour annoncer l’évangile: ni visites dans son diocèse, ni catéchèses des petits enfants, ni visites aux condamnés, ni voyages apostoliques... C'est l'époque où l'Église romaine, face au protestantisme et à la doctrine de la prédestination, reprend courage et se lance dans le grand mouvement de la Contre-Réforme.
Il entreprend d'écrire des lettres personnelles aux gens qu'il ne peut atteindre. Puis il fait appel à l'imprimerie pour éditer des textes qu'il placarde dans les endroits publics et distribue sous les portes. Ces publications périodiques imprimées sont considérées comme le premier "journal" catholique du monde, et c’est pourquoi François de Sales est le patron des journalistes. Furent ainsi publiés les "Méditations", les "Épîtres à Messieurs de Thonon" et les "Controverses". Et pour toucher les illettrés, il se met à prêcher sur les places, au milieu des marchés...
Sa mémoire est célébrée le 28 décembre à Lyon.
Mémoire de saint François de Sales, évêque de Genève et docteur de l’Église. Vrai pasteur d’âmes, il amena à la communion catholique un grand nombre de frères qui en étaient séparés, il enseigna aux chrétiens par ses écrits la dévotion et l’amour de Dieu et, avec sainte Jeanne de Chantal, il fonda l’Ordre de la Visitation. Alors qu’il demeurait à Lyon dans l’humilité, il rendit son âme à Dieu le 28 décembre 1622 et fut mis au tombeau en ce jour à Annecy en 1623.
http://nominis.cef.fr/contenus/fetes/24/1/2014/24-Janvier-2014.html
BENOÎT XVI AUDIENCE GÉNÉRALE Salle Paul VI Mercredi 2 mars 201
«Dieu est le Dieu du cœur humain» (Traité de l’Amour de Dieu, I, XV): dans ces paroles apparemment simples, nous percevons l’empreinte de la spiritualité d’un grand maître, dont je voudrais vous parler aujourd’hui, saint François de Sale, évêque et docteur de l’Eglise. Né en 1567 dans une région frontalière de France, il était le fils du Seigneur de Boisy, antique et noble famille de Savoie. Ayant vécu à cheval entre deux siècles, le XVIe et le XVIIe, il rassemblait en lui le meilleur des enseignements et des conquêtes culturelles du siècle qui s’achevait, réconciliant l’héritage de l’humanisme et la tension vers l’absolu propre aux courants mystiques. Sa formation fut très complète; à Paris, il suivit ses études supérieures, se consacrant également à la théologie, et à l’Université de Padoue celles de droit, suivant le désir de son père, qu’il conclut brillamment par une maîtrise in utroque iure, droit canonique et droit civil. Dans sa jeunesse équilibrée, réfléchissant sur la pensée de saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin, il traversa une crise profonde qui le conduisit à s’interroger sur son salut éternel et sur la prédestination de Dieu à son égard, vivant avec souffrance comme un véritable drame spirituel les questions théologiques de son époque. Il priait intensément, mais le doute le tourmenta si fort que pendant plusieurs semaines, il ne réussit presque plus à manger et à dormir. Au comble de l’épreuve, il se rendit dans l’église des dominicains à Paris, ouvrit son cœur et pria ainsi: «Quoi qu’il advienne, Seigneur, toi qui détiens tout entre tes mains, et dont les voies sont justice et vérité; quoi que tu aies établi à mon égard...; toi qui es toujours un juge équitable et un Père miséricordieux, je t’aimerai Seigneur (...) je j’aimerai ici, ô mon Dieu, et j’espérerai toujours en ta miséricorde, et je répéterai toujours tes louanges... O Seigneur Jésus, tu seras toujours mon espérance et mon salut dans la terre des vivants» (I Proc. Canon., vol. I, art. 4). François, âgé de vingt ans, trouva la paix dans la réalité radicale et libératrice de l’amour de Dieu: l’aimer sans rien attendre en retour et placer sa confiance dans l’amour divin; ne plus demander ce que Dieu fera de moi: moi je l’aime simplement, indépendamment de ce qu’il me donne ou pas. Ainsi, il trouva la paix, et la question de la prédestination — sur laquelle on débattait à cette époque — s’en trouva résolue, car il ne cherchait pas plus que ce qu’il pouvait avoir de Dieu; il l’aimait simplement, il s’abandonnait à sa bonté. Et cela sera le secret de sa vie, qui transparaîtra dans son œuvre principale: le Traité de l’amour de Dieu.
En vainquant les résistances de son père, François suivit l’appel du Seigneur et, le 18 décembre 1593, fut ordonné prêtre. En 1602, il devint évêque de Genève, à une époque où la ville était un bastion du calvinisme, au point que le siège épiscopal se trouvait «en exil» à Annecy. Pasteur d’un diocèse pauvre et tourmenté, dans un paysage de montagne dont il connaissait aussi bien la dureté que la beauté, il écrivit: «[Dieu] je l’ai rencontré dans toute sa douceur et sa délicatesse dans nos plus hautes et rudes montagnes, où de nombreuses âmes simples l’aimaient et l’adoraient en toute vérité et sincérité; et les chevreuils et les chamois sautillaient ici et là entre les glaciers terrifiants pour chanter ses louanges» (Lettre à la Mère de Chantal, octobre 1606, in Œuvres, éd. Mackey, t. XIII, p. 223). Et toutefois, l’influence de sa vie et de son enseignement sur l’Europe de l’époque et des siècles successifs apparaît immense. C’est un apôtre, un prédicateur, un homme d’action et de prière; engagé dans la réalisation des idéaux du Concile de Trente; participant à la controverse et au dialogue avec les protestants, faisant toujours plus l’expérience, au-delà de la confrontation théologique nécessaire, de l’importance de la relation personnelle et de la charité; chargé de missions diplomatiques au niveau européen, et de fonctions sociales de médiation et de réconciliation. Mais saint François de Sales est surtout un guide des âmes: de sa rencontre avec une jeune femme, madame de Charmoisy, il tirera l’inspiration pour écrire l’un des livres les plus lus à l’époque moderne, l’Introduction à la vie dévote; de sa profonde communion spirituelle avec une personnalité d’exception, sainte Jeanne Françoise de Chantal, naîtra une nouvelle famille religieuse, l’Ordre de la Visitation, caractérisé — comme le voulut le saint — par une consécration totale à Dieu vécue dans la simplicité et l’humilité, en accomplissant extraordinairement bien les choses ordinaires: «... Je veux que mes Filles — écrit-il — n’aient pas d’autre idéal que celui de glorifier [Notre Seigneur] par leur humilité» (Lettre à Mgr de Marquemond, juin 1615). Il meurt en 1622, à cinquante-cinq ans, après une existence marquée par la dureté des temps et par le labeur apostolique.
La vie de saint François de Sales a été une vie relativement brève, mais vécue avec une grande intensité. De la figure de ce saint émane une impression de rare plénitude, démontrée dans la sérénité de sa recherche intellectuelle, mais également dans la richesse de ses sentiments, dans la «douceur» de ses enseignements qui ont eu une grande influence sur la conscience chrétienne. De la parole «humanité», il a incarné les diverses acceptions que, aujourd’hui comme hier, ce terme peut prendre: culture et courtoisie, liberté et tendresse, noblesse et solidarité. Il avait dans son aspect quelque chose de la majesté du paysage dans lequel il a vécu, conservant également sa simplicité et son naturel. Les antiques paroles et les images avec lesquelles il s’exprimait résonnent de manière inattendue, également à l’oreille de l’homme d’aujourd’hui, comme une langue natale et familière.
François de Sales adresse à Philotée, le destinataire imaginaire de son Introduction à la vie dévote (1607) une invitation qui, à l’époque, dut sembler révolutionnaire. Il s’agit de l’invitation à appartenir complètement à Dieu, en vivant en plénitude la présence dans le monde et les devoirs de son propre état. «Mon intention est d'instruire ceux qui vivent en villes, en ménages, en la cour [...]» (Préface de l’Introduction à la vie dévote). Le document par lequel le Pape Pie ix, plus de deux siècles après, le proclamera docteur de l’Eglise insistera sur cet élargissement de l’appel à la perfection, à la sainteté. Il y est écrit: «[la véritable piété] a pénétré jusqu’au trône des rois, dans la tente des chefs des armées, dans le prétoire des juges, dans les bureaux, dans les boutiques et même dans les cabanes de pasteurs [...]» (Bref Dives in misericordia, 16 novembre 1877). C’est ainsi que naissait cet appel aux laïcs, ce soin pour la consécration des choses temporelles et pour la sanctification du quotidien sur lesquels insisteront le Concile Vatican ii et la spiritualité de notre temps. L’idéal d’une humanité réconciliée se manifestait, dans l’harmonie entre action dans le monde et prière, entre condition séculière et recherche de perfection, avec l’aide de la grâce de Dieu qui imprègne l’homme et, sans le détruire, le purifie, en l’élevant aux hauteurs divines. Saint François de Sales offre une leçon plus complexe à Théotime, le chrétien adulte, spirituellement mûr, auquel il adresse quelques années plus tard son Traité de l’amour de Dieu (1616). Cette leçon suppose, au début, une vision précise de l’être humain, une anthropologie: la «raison» de l’homme, ou plutôt l’«âme raisonnable», y est vue comme une architecture harmonieuse, un temple, articulé en plusieurs espaces, autour d’un centre, qu’il appelle, avec les grands mystiques, «cime», «pointe» de l’esprit, ou «fond» de l’âme. C’est le point où la raison, une fois parcourus tous ses degrés, «ferme les yeux» et la connaissance ne fait plus qu’un avec l’amour (cf. livre I, chap. XII). Que l’amour, dans sa dimension théologale, divine, soit la raison d’être de toutes les choses, selon une échelle ascendante qui ne semble pas connaître de fractures et d’abîmes. Saint François de Sales l’a résumé dans une phrase célèbre: «L’homme est la perfection de l’univers; l’esprit est la perfection de l’homme; l’amour, celle de l’esprit; et la charité, celle de l’amour» (ibid., livre X, chap. I).
Dans une saison d'intense floraison mystique, le Traité de l'amour de Dieu est une véritable somme, en même temps qu'une fascinante œuvre littéraire. Sa description de l'itinéraire vers Dieu part de la reconnaissance de l'«inclination naturelle» (ibid., livre I, chap. XVI), inscrite dans le cœur de l'homme bien qu'il soit pécheur, à aimer Dieu par dessus toute chose. Selon le modèle de la Sainte Ecriture, saint François de Sales parle de l'union entre Dieu et l'homme en développant toute une série d'images de relation interpersonnelle. Son Dieu est père et seigneur, époux et ami, il a des caractéristiques maternelles et d’une nourrice, il est le soleil dont même la nuit est une mystérieuse révélation. Un tel Dieu attire l'homme à lui avec les liens de l'amour, c'est-à-dire de la vraie liberté: «Car l’amour n’a point de forçats ni d’esclaves, [mais] réduit toutes choses à son obéissance avec une force si délicieuse, que comme rien n’est si fort que l’amour, aussi rien n’est si aimable que sa force» (ibid., livre I, chap. VI). Nous trouvons dans le traité de notre saint une méditation profonde sur la volonté humaine et la description de son flux, son passage, sa mort, pour vivre (cf. ibid., livre IX, chap. XIII) dans l’abandon total non seulement à la volonté de Dieu, mais à ce qui Lui plaît, à son «bon plaisir» (cf. ibid., livre IX, chap. I). Au sommet de l'union avec Dieu, outre les ravissements de l'extase contemplative, se place ce reflux de charité concrète, qui se fait attentive à tous les besoins des autres et qu'il appelle «l’extase de l’œuvre et de la vie» (ibid., livre VII, chap. VI).
On perçoit bien, en lisant le livre sur l'amour de Dieu et plus encore les si nombreuses lettres de direction et d'amitié spirituelle, quel connaisseur du cœur humain a été saint François de Sales. A sainte Jeanne de Chantal, à qui il écrit: «[…] car voici la règle générale de notre obéissance écrite en grosses lettres: il faut tout faire par amour, et rien par force; il faut plus aimer l'obéissance que craindre la désobéissance. Je vous laisse l'esprit de liberté, non pas celui qui forclos [exclut] l'obéissance, car c'est la liberté de la chair; mais celui qui forclos la contrainte et le scrupule, ou empressement» (Lettre du 14 octobre 1604). Ce n'est pas par hasard qu'à l'origine de nombreux parcours de la pédagogie et de la spiritualité de notre époque nous retrouvons la trace de ce maître, sans lequel n'auraient pas existé saint Jean Bosco ni l'héroïque «petite voie» de sainte Thérèse de Lisieux.
Chers frères et sœurs, à une époque comme la nôtre qui recherche la liberté, parfois par la violence et l'inquiétude, ne doit pas échapper l'actualité de ce grand maître de spiritualité et de paix, qui remet à ses disciples l'«esprit de liberté», la vraie, au sommet d'un enseignement fascinant et complet sur la réalité de l'amour. Saint François de Sales est un témoin exemplaire de l'humanisme chrétien avec son style familier, avec des paraboles qui volent parfois sur les ailes de la poésie, il rappelle que l'homme porte inscrite en lui la nostalgie de Dieu et que ce n'est qu'en Lui que se trouve la vraie joie et sa réalisation la plus totale.
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110302_fr.html
Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,
Le roi Henri IV appelait saint François de Sales “le phénix des évêques”, parce que, disait-il, “c’est un oiseau rare sur la terre”. Après avoir renoncé aux fastes de Paris et aux propositions royales d’un siège épiscopal prestigieux, François de Sales devint le pasteur inlassable de sa terre savoyarde, qu’il aimait par-dessus tout. Se laissant guider par les Pères de l’Église, il puisait dans l’oraison et dans une grande connaissance méditée de l’Écriture la force nécessaire pour accomplir sa mission et pour conduire les âmes à Dieu (cf. Jean-Paul II, Lettre à l’évêque d’Annecy, 23 novembre 2002).
François de Sales naît le 21 août 1567, dans une famille catholique de la noblesse savoyarde, au château de Sales, à une vingtaine de kilomètres au nord d’Annecy. Il est l’aîné de six frères et sœurs. Ses parents ont pour principe d’éducation d’expliquer les raisons de ce qu’ils exigent, pour que l’obéissance de leurs enfants soit plus réfléchie. Très tôt, l’enfant apprend à se servir d’une épée, mais aussi à faire l’aumône aux pauvres: s’il entend quelque pauvre appeler, il sort de table pour lui porter une partie de son repas. Toutefois, il n’est pas parfait: un jour, il entre à la cuisine, malgré la défense qu’il en a reçue, et demande au cuisinier un petit pâté succulent mais encore fumant. La brûlure qu’il ressent ne l’empêche pas de l’emporter dans sa main et de le manger. Il va ensuite se faire soigner par sa mère sans lui révéler la cause de cette brûlure.
«Souvenez-vous!»
François fait sa première Communion et reçoit la Confirmation à l’âge de dix ans; dès lors, il commence à percevoir un appel au sacerdoce. Son père, qui le destine à la magistrature, l’envoie vers 1582 étudier à Paris au collège de Clermont tenu par les Jésuites. Il y apprend la grammaire et les mathématiques, les langues anciennes, la philosophie et la théologie. La question difficile des rapports entre la volonté éternelle de Dieu, la grâce divine et la liberté humaine le perturbe au point de le plonger dans le désespoir: il s’imagine être condamné pour toujours à l’enfer. Pendant six semaines, saisi d’une vive angoisse, il en vient à perdre l’appétit et le sommeil. Un soir de janvier 1587, prosterné devant une image de Marie dans l’église Saint-Étienne-des-Grès, il fait un acte d’entier abandon à la volonté du Seigneur puis récite le “Souvenez-vous”, prière toute de confiance adressée par saint Bernard à Marie. Aussitôt la violente tentation s’évanouit et il retrouve la paix du cœur. Il voue alors sa virginité à Dieu et à la Vierge à qui il promet de réciter chaque jour le chapelet. À travers cette épreuve, François a appris la compassion pour les souffrances spirituelles d’autrui; il saura les apaiser.
En 1588, le jeune homme part compléter ses études à Padoue, en Italie. Là, il se met sous la conduite du père jésuite Antoine Possevin avec qui il fait les Exercices spirituels de saint Ignace. Au cours de l’été 1591, il obtient le doctorat en droit civil et canonique. À son retour en Savoie en 1592, son père lui donne un petit domaine, la seigneurie de Villaroget, où il a installé une bibliothèque de jurisprudence, car il désire ardemment que son fils devienne avocat et même sénateur. Il a également choisi pour lui une fiancée, fille unique d’un juge conseiller du duc de Savoie. Malgré la noblesse et la vertu de cette demoiselle qui n’a pas encore quatorze ans, François, décidé à se consacrer à Dieu, ne lui fait aucune avance. Par complaisance pour son père, il s’inscrit comme avocat au barreau de Chambéry, mais refuse la nomination à la charge de sénateur que lui offre le duc de Savoie. Lors d’une visite de courtoisie à Mgr de Granier, évêque de Genève qui réside à Annecy, François se fait apprécier pour sa sagesse et l’étendue de ses connaissances. Bientôt le prélat lui demande d’accepter la charge de prévôt, c’est-à-dire de premier chanoine de la cathédrale (l’équivalent de la fonction actuelle de vicaire général). François dévoile alors à son père sa véritable vocation. Après un dur combat intérieur, celui-ci renonce à faire de son aîné un brillant magistrat et lui donne sa bénédiction.
Prêcher par les yeux
Devenu prêtre le 18 décembre 1593, François est ins- tallé officiellement comme prévôt des chanoines. À cette occasion, il expose dans un discours ses vues sur la manière de reconquérir à la foi catholique la ville de Genève. Depuis 1541, le réformateur Jean Calvin en avait fait la “Rome protestante”; l’évêque avait alors dû se réfugier à Annecy. «C’est par la charité qu’il faut ébranler les murs de Genève, affirme le nouveau prévôt, par la charité qu’il faut l’envahir, par la charité qu’il faut la reconquérir... Il faut renverser les murs de Genève par des prières ardentes et livrer l’assaut par la charité fraternelle.» Le duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier, désire lui aussi rétablir le catholicisme dans le Chablais, région située au sud du lac Léman et devenue calviniste au milieu du siècle. Il demande à Mgr de Granier d’y envoyer des missionnaires. François de Sales et son cousin, Louis de Sales, se portent volontaires pour cette mission. En septembre 1594, ils s’installent dans la forteresse des Allinges. De là, François se rend à Thonon, la capitale du Chablais, où il prêche dans la seule église catholique de la ville. Bientôt, une ordonnance publique du consistoire calviniste de la ville interdit aux protestants de venir écouter ses prédications. Après quatre mois, François n’a obtenu aucun résultat tangible. Un ami lui conseille alors de prêcher par les yeux en composant des articles sur des feuilles volantes imprimées qui seront distribuées sous les portes des maisons des calvinistes. Le 7 janvier, pendant sa Messe, une voix intérieure confirme François dans ce dessein. Dès les premiers articles, il capte l’attention de ses lecteurs. Ces écrits seront en partie réunis et publiés sous le titre: Les Controverses. François, qui a étudié les œuvres d’une trentaine d’auteurs protestants, y cite largement la Sainte Écriture et de nombreux théologiens catholiques. Lorsque le bienheureux Pape Pie IX proclamera saint François de Sales Docteur de l’Église, il dira des Controverses : «Une merveilleuse science théologique resplendit dans cet ouvrage; on y remarque une méthode excellente, une logique irrésistible, soit par rapport à la réfutation de l’hérésie, soit relativement à la démonstration de la vérité catholique.»
La forte argumentation de François a éclairé nombre de ses contemporains; elle demeure aujourd’hui précieuse pour la connaissance de la vraie foi. Dans la première partie de son travail, il dénonce les faiblesses des positions calvinistes. Il montre notamment que leurs ministres ne jouissent d’aucune autorité, car ils n’ont pas reçu de mission: «C’est chose certaine, écrit-il, que quiconque veut enseigner et tenir rang de pasteur dans l’Église doit être envoyé.» Or les pasteurs calvinistes n’ont pas reçu mission de l’Église, et ils ne peuvent pas revendiquer une mission extraordinaire car «personne ne doit alléguer une mission extraordinaire à moins de la prouver par des miracles», et «jamais aucune mission extraordinaire ne doit être reçue si elle est désavouée par l’autorité ordinaire qui est en l’Église de Notre-Seigneur». Dans la deuxième partie de son ouvrage, il pose les fondements du catholicisme et affirme que l’Église ne peut errer. Saint Paul appelle l’Église la colonne et le soutien de la vérité (1 Tm 3, 15). «N’est-ce pas dire que la vérité est soutenue fermement en l’Église? Ailleurs, la vérité n’est soutenue que par intervalles; elle en tombe souvent, mais dans l’Église elle y est sans vicissitude, immuablement, sans chanceler; bref stable et perpétuelle.» Dans la troisième partie, inachevée, il traite de points controversés, spécialement du Purgatoire.
Dès qu’il le peut, François s’installe à Thonon, chez une dame âgée de sa famille. Il reçoit l’aide de quatre prêtres auxquels il donne des conseils tirés de son expérience: «Je vous assure, leur dit-il, que jamais je ne me suis servi de répliques piquantes sans m’en repentir. Les hommes font plus par amour et charité que sévérité et rigueur.» Progressivement, les habitants du Chablais reviennent au catholicisme. À la fin du mois de septembre 1598, le duc de Savoie organise à Thonon une fête somptueuse avec une solennelle procession du Très Saint Sacrement. Quinze mille personnes sont dès lors revenues au catholicisme, et beaucoup d’autres sont décidées à les rejoindre.
En novembre 1598, Mgr de Granier envoie son prévôt à Rome pour accomplir en son nom la visite ad limina que les évêques font au Pape tous les cinq ans. Il a demandé au Saint-Père d’en faire son coadjuteur (c’est-à-dire son futur successeur). Le Pape convoque François pour un examen officiel. Le jour venu, celui-ci entre dans une église et prie: «Seigneur, si par votre éternelle providence vous savez que je doive être un serviteur inutile en la charge épiscopale... ne permettez pas que je réponde bien, mais faites plutôt que je sois couvert de confusion devant votre Vicaire, et que je ne remporte rien de cet examen que de l’ignominie.» À l’issue de la séance, le Saint-Père, extrêmement satisfait, le nomme coadjuteur de l’évêque de Genève.
Gagner les cœurs
Au début de 1602, Mgr de Granier envoie François de Sales à Paris, auprès du roi Henri IV, afin d’obtenir que les biens confisqués par les protestants au pays de Gex (région du diocèse de Genève relevant, au plan civil, du roi de France) soient rendus au clergé et qu’une totale liberté religieuse soit accordée aux catholiques. François est sollicité pour prêcher le carême en la chapelle de la reine. «Il gagnait plus de cœurs en une heure par la voie d’amour que d’autres en quarante jours par la voie de la rigueur, rapporte un de ses biographes. Ce n’était pas qu’il fût indulgent au vice, mais il savait bien que là où il pourrait jeter seulement une étincelle du divin amour, il en exterminerait bientôt le péché.» Il rencontre Barbe Acarie (la future bienheureuse Marie de l’Incarnation), mère de famille qui a reçu des dons mystiques extraordinaires: il l’aide à introduire en France l’Ordre du Carmel, réformé par sainte Thérèse d’Avila. Henri IV propose à François de devenir évêque de Paris. «Sire, répond-il, j’ai épousé une pauvre femme (l’Église de Genève) et ne puis la quitter pour une plus riche.»
Le 17 septembre 1602, à la mort de Mgr de Granier, François de Sales devient évêque de Genève. Il fait une longue retraite de vingt jours selon les Exercices de saint Ignace. Lors de la cérémonie de sa consécration épiscopale, il est gratifié d’une vision intellectuelle: il perçoit que la Très Sainte Trinité opère intérieurement en son âme ce que les évêques consécrateurs font extérieurement sur lui. Il devient le pasteur d’un diocèse pauvre et en pleine tourmente, dans un paysage de montagne dont il connaît aussi bien l’austérité que la beauté: «Dieu, écrira-t-il, je l’ai rencontré dans toute sa douceur et sa délicatesse dans nos plus hautes et rudes montagnes, où de nombreuses âmes simples l’aimaient et l’adoraient en toute vérité et sincérité; et les chevreuils et les chamois sautillaient ici et là entre les glaciers terrifiants pour chanter ses louanges.»
Une étonnante véhémence
Mgr de Sales ne laisse passer aucune occasion d’ins- truire ses fidèles dont il a constaté l’ignorance religieuse, racine de nombreux maux. Il institue des cours de catéchisme et prend plaisir à s’occuper lui-même des enfants: il conquiert leurs cœurs puis leur expose familièrement les rudiments de la foi, à l’aide de comparaisons adaptées à leur capacité. En 1603, il convoque un synode diocésain pour ses prêtres. Il veut les réconforter car beaucoup mènent une vie quasi solitaire dans la montagne. Il les exhorte à l’étude avec une étonnante véhémence, pour les prémunir contre les erreurs doctrinales, et leur recommande une grande pureté de conscience en vue de l’administration du sacrement de Pénitence; il leur conseille de recevoir les pénitents «avec un extrême amour, supportant patiemment leur rusticité, ignorance, imbécillité, tardiveté et autres imperfections», les interrogeant avec tact et progressivement sur certains péchés qu’ils n’osent peut-être pas accuser.
En mars 1604, l’évêque de Genève se rend à Dijon pour y prêcher le carême. Un matin, après avoir célébré la Messe, le Seigneur lui révèle qu’il fondera un Ordre de religieuses. Lors d’une prédication, il remarque une jeune femme qui porte le costume des veuves et qui l’écoute avec une attention ardente. Jeanne-Françoise de Chantal, dont le mari est mort tragiquement d’un accident de chasse, avait prié le Seigneur de lui donner un guide spirituel, et Dieu lui avait montré François de Sales, qu’elle reconnaît dès qu’elle l’aperçoit en chaire. De nombreuses personnes s’adressent également à François de Sales pour leur vie spirituelle. Il rédige à leur intention de petits traités spirituels. L’un d’eux est à l’origine de l’Introduction à la vie dévote, ouvrage publié en décembre 1608. Ce livre, adressé à une destinataire fictive, Philothée, est une invitation à appartenir complètement à Dieu, tout en vivant dans le monde et en accomplissant les devoirs de son état. Le langage et le style utilisés sont très simples. Le succès est immédiat: du vivant de François de Sales, l’ouvrage sera réimprimé plus de quarante fois et traduit dans presque toutes les langues de l’Europe. Le roi Henri IV lui-même le lit, et la reine de France offre au roi d’Angleterre un exemplaire orné de diamants.
Le 1er mars 1610, François assiste sa mère sur son lit de mort. Il écrira à la baronne de Chantal: «Le cœur m’enfla fort et je pleurai sur cette bonne mère plus que je n’avais fait depuis que je suis d’Église; mais ce fut sans amertume spirituelle, grâce à Dieu.» Le dimanche 6 juin, il fonde, avec Madame de Chantal et Charlotte de Bréchard, l’Ordre de la Visitation. Son dessein est modeste: «Créer une petite assemblée ou congrégation de femmes et de filles vivant ensemble par manière d’essai sous de petites constitutions pieuses.» Elles chanteront le Petit Office de la Sainte Vierge et mèneront une vie fraternelle dans une «sainte et cordiale union intérieure». Enfin, elles admettront dans leur communauté des personnes de santé fragile qui ne peuvent entrer dans des monastères plus austères. Pour cet Ordre, qui doit se consacrer à la contemplation, mais aussi à plusieurs œuvres de charité en faveur des pauvres et des malades, il choisit le patronage de la Visitation «parce qu’en visitant les pauvres, les religieuses devront imiter Marie quand elle visita Élisabeth».
S’il plaît à Dieu
Au début de 1615, la Mère de Chantal fonde à Lyon un monastère de la Visitation. Mais bientôt, l’archevêque, Mgr de Marquemont, souhaite introduire des changements chez les Visitandines, et notamment établir une stricte clôture, ce qui impliquera la suppression de la visite aux malades et aux pauvres. Très détaché de ses vues personnelles quand elles ne lui paraissent pas essentielles, Mgr de Sales écrit à la Supérieure de Lyon: «S’il plaît à Dieu que cette congrégation change de nom, d’état et de condition, vous vous en rapporterez au bon plaisir de l’archevêque, auquel toute la congrégation est entièrement vouée.» Il écrira d’ailleurs lui-même à Mgr de Marquemont: «Quant à la visite des malades, elle fut plutôt ajoutée comme exercice conforme à la dévotion de celles qui commencèrent cette congrégation et à la qualité du lieu où elles étaient, que pour fin principale». Les Visitandines acceptent donc les changements consentis par leur fondateur. Avant la mort de Mgr de Sales, douze Visitations auront été fondées.
En 1616, François de Sales publie, spécialement à l’intention de la Mère de Chantal et de ses religieuses, le Traité de l’amour de Dieu. «Dans une période d’intense floraison mystique, disait le Pape Benoît XVI, le Traité de l’amour de Dieu est une véritable somme, en même temps qu’une fascinante œuvre littéraire. Sa description de l’itinéraire vers Dieu part de la reconnaissance de l’inclination naturelle, inscrite dans le cœur de l’homme bien qu’il soit pécheur, à aimer Dieu par-dessus toute chose. À la manière de la Sainte Écriture, saint François de Sales parle de l’union entre Dieu et l’homme en développant tout un ensemble d’images de relations interpersonnelles. Son Dieu est père et seigneur, époux et ami, il a les traits d’une mère et d’une nourrice, il est le soleil dont même la nuit est une mystérieuse révélation. Un tel Dieu attire l’homme à lui avec les liens de l’amour, c’est-à-dire de la vraie liberté: “Car l’amour n’a point de forçats ni d’esclaves, mais réduit toutes choses à son obéissance avec une force si délicieuse, que comme rien n’est si fort que l’amour, aussi rien n’est si aimable que sa force” » (Audience générale du 2 mars 2011).
Toujours disponible
Mgr de Sales vit pauvrement. Il conserve longtemps ses vêtements, procédant parfois lui-même à de faciles raccommodages. Son aumônier ose lui reprocher respectueusement d’être «le plus mal vêtu de tout le logis». Il célèbre la Messe avec une dévotion incomparable. Tous les jours, vers le milieu de la matinée, il est disponible pour recevoir les prêtres. L’accueil est simple et fraternel: «Où pensez-vous être? demande-t-il à un prêtre qui ne sait quelles politesses lui faire; nous sommes tous frères... Allons, je ne suis pas évêque entre nous; ces cérémonies sont bonnes quand nous paraissons publiquement.» Dans l’après-midi, il accueille tous ceux qui se présentent. Il a le don de relever les cœurs et celui de discerner les esprits par une grande sagesse spirituelle. Sa réputation de sainteté attire vers lui de nombreux malades; il en guérit miraculeusement plusieurs, attribuant ces guérisons à Dieu seul, qui peut faire des miracles pour ceux qui le prient avec foi. Après les audiences, le prélat visite les malades à domicile, même s’ils sont logés dans des endroits sordides et mal commodes, ainsi que les prisonniers. Puis, il se met à la disposition de ceux qui veulent se confesser. Pour ce ministère, il est d’ailleurs toujours disponible. Le soir, avant de se coucher, même s’il est fort tard, il récite paisiblement le chapelet en méditant les mystères du rosaire.
À la fin de 1618, François de Sales se rend à Paris pour le mariage du fils du duc Charles-Emmanuel Ier avec la sœur du roi Louis XIII. Il fait la connaissance de saint Vincent de Paul qui affirmera à son sujet: «Monseigneur de Sales s’est si bien conformé à ce modèle (le Christ), je l’ai constaté, que maintes fois je me suis demandé avec étonnement comment une simple créature pouvait arriver à un degré de perfection aussi grand, étant donné la fragilité humaine, et atteindre la cime d’une si sublime hauteur... Cette pensée me revenait: “Mon Dieu que vous êtes bon puisqu’en Monseigneur François de Sales, votre créature, il y a tant de douceur!”» De son côté, François estime tellement Vincent de Paul qu’il lui demande d’être le Supérieur du monastère de la Visitation qui se fonde à Paris dès l’année 1619. Il rentre ensuite à Annecy où son frère, Jean-François, lui est donné comme évêque coadjuteur, car sa santé est usée: il souffre d’artériosclérose et d’hydropisie, sans compter d’autres maux.
En octobre 1622, Mgr de Sales accompagne le duc de Savoie qui va rencontrer le roi Louis XIII en Avignon. Pressentant sa mort, l’évêque fait son testament et ses adieux aux siens. Sur son parcours, il fait une halte à Lyon où il s’entretient pour la dernière fois avec la Mère de Chantal. Le 27 décembre, il visite le noviciat des Sœurs qui lui demandent de leur écrire quelques enseignements spirituels. Sur une feuille, il inscrit en haut, au milieu et en bas: humilité. Ce même jour, en début d’après-midi, il est frappé d’hémorragie cérébrale. Il meurt le 28 décembre.
Le 16 novembre 1877, le Pape Pie IX proclamera saint François de Sales Docteur de l’Église et affirmera que grâce à lui, la véritable piété «a pénétré jusqu’au trône des rois, dans la tente des chefs des armées, dans le prétoire des juges, dans les bureaux, dans les boutiques et même dans les cabanes de pasteurs» (Bref Dives in misericordia). Plus récemment, le Pape Benoît XVI a souligné: «Ainsi est né cet appel aux laïcs, ce souci pour la consécration des choses temporelles et pour la sanctification du quotidien sur lesquels insisteront le concile Vatican II et la spiritualité de notre temps. Ainsi s’est manifesté l’idéal d’une humanité réconciliée, dans l’harmonie entre engagement dans le monde et prière, entre état séculier et recherche de la perfection» (2 mars 2011).
Nous pouvons nous associer à ce vœu du bienheureux Jean-Paul II : que «l’enseignement du saint évêque de Genève demeure source de lumière pour nos contemporains, comme il l’a été de son temps!»
Dom Antoine Marie osb, abbé
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Date de dernière mise à jour : 2018-02-14
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