Saint Juan Diego Cuauhtlatoatzin
Témoin des apparitions de Notre-Dame de Guadalupe
Juan Diego Cuauhtlatoazin (l'aigle qui parle) naquit en 1474 à Cuautlitlán, devenu aujourd’hui un quartier de Mexico.
On sait peu de choses de Juan Diego avant sa conversion. La tradition, diverses sources archéologiques et iconographiques, ainsi que le « Nican Mopohua », le document le plus important et le plus ancien au sujet des événements de Guadalupe (écrit en Náhuatl en caractères latins par l’auteur indigène Antonio Valeriano en 1556), rapportent certaines informations sur sa vie et les apparitions.
Membre du peuple de Chichimeca, un des peuples les plus avancés sur le plan culturel de la vallée d’Anáhuac, il se distinguait par son talent.
À 50 ans, il fut baptisé par un des premiers missionnaires franciscains, le P. Pierre da Gand.
Alors qu’il se rendait à la messe, le matin du 9 décembre 1531, la Sainte Vierge lui apparut sur la colline de Tepeyac, qui se situe dans la banlieue actuelle de Mexico. Elle le pria de demander à son évêque de faire construire en son nom un sanctuaire à Tepeyac. Elle fit la promesse que ceux qui y invoqueraient son nom recevraient de nombreuses grâces. L’évêque, qui ne croyait pas Juan Diego, réclama un signe prouvant la véracité de l’apparition.
Le 12 décembre, Juan Diego retourna à Tepeyac. Là, la Sainte Mère lui demanda de monter sur la colline et de ramasser les fleurs épanouies qu’il verrait. Il obéit, et bien que ce fût l’hiver, il trouva des roses florissantes. Ayant ramassé les fleurs, il les apporta à Notre-Dame qui les plaça dans son manteau avec délicatesse et lui dit de les donner à l’évêque comme preuve.
Quand il ouvrit son manteau devant l’évêque, les fleurs tombèrent à terre et une image de la Sainte Vierge et de l’apparition de Tepeyac resta imprégnée sur l'étoffe.
Avec la permission de l’évêque, Juan Diego vécut le reste de sa vie en ermite dans une cabane proche de la chapelle où l’image miraculeuse avait été placée pour être vénérée. Il s’occupa de la chapelle et des premiers pèlerins qui vinrent y prier la Mère de Jésus.
Juan Diego reçut une grâce bien plus profonde que celle extérieure d’avoir été choisi comme le messager de Notre Dame. Il reçut la grâce de l’illumination intérieure, et à partir de ce moment, il commença une vie de prière, de vertu et d’amour sans limite pour Dieu et son prochain.
Il mourut en 1548 et fut enterré dans la première chapelle dédiée à la Vierge de Guadalupe.
Juan Diego a été béatifié le 6 mai 1990 en la basilique Sainte Marie de Guadalupe à Mexico et canonisé le 31 juillet 2002, par le Bx Jean Paul II (Karol Józef Wojty?a, 1978-2005), lors de sa 5ème visite pastorale au Mexique.
L’image miraculeuse, qui est gardée dans la basilique de Notre Dame de Guadalupe, décrit une femme revêtue de l’habit local et ayant les traits d'une indigène. Elle est portée par un ange dont les ailes rappellent l’un des plus grands dieux de la religion traditionnelle locale. La Lune est sous ses pieds et son manteau bleu est recouvert d’étoiles dorées. La ceinture noire à sa taille signifie qu´elle est enceinte.
Le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe est, après la basilique Saint-Pierre du Vatican le lieu de culte catholique qui attire le plus de pèlerins. Les jours de plus grande affluence sont ceux qui précèdent et suivent la fête de la Vierge de Guadalupe le 12 décembre où près de 9 millions de fidèles et de touristes assistent aux festivités et viennent vénérer la relique de Juan Diego.
VOYAGE APOSTOLIQUE À TORONTO,
À CIUDAD DE GUATEMALA ET À CIUDAD DE MÉXICO
CANONISATION DU BIENHEUREUX
JUAN DIEGO CUAUHTLATOATZIN
CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
Basilique Notre-Dame de Guadalupe, mercredi 31 juillet 2002
1. "Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père car tel a été ton bon plaisir" (Mt 11, 25-26).
Très chers frères et soeurs: ces paroles de Jésus dans l'Evangile d'aujourd'hui constituent pour nous une invitation particulière à louer et à rendre grâce à Dieu pour le don du premier saint autochtone du continent américain.
C'est avec une grande joie que je viens en pèlerinage dans cette basilique de Guadalupe, coeur marial du Mexique et de l'Amérique, pour proclamer la sainteté de Juan Diego Cuauhtlatoatzin, simple et humble indio qui contempla le visage doux et serein de la Vierge de Tepeyac, si cher aux populations du Mexique.
2. Je remercie Monsieur le Cardinal Norberto Carrera Rivera, Archevêque de Mexico, pour les paroles affectueuses qu'il m'a adressées, ainsi que les hommes et les femmes de cet archidiocèse primatial, pour leur accueil chaleureux: j'adresse à tous mon plus cordial salut. Je salue avec affection également le Cardinal Ernesto Corripio Ahumada, Archevêque émérite de Mexico, ainsi que les autres Cardinaux, les Evêques mexicains, de l'Amérique, des Philippines et d'autres parties du monde. Dans le même temps, je remercie de façon particulière Monsieur le Président et les Autorités civiles pour leur participation à cette célébration.
J'adresse aujourd'hui un salut particulièrement affectueux aux nombreux autochtones venus des diverses régions du pays, représentant les diverses ethnies et cultures qui constituent la réalité mexicaine riche et multiforme. Le Pape leur exprime sa proximité, son profond respect et son admiration, et les accueille fraternellement au nom du Seigneur.
3. Comment était Juan Diego? Pourquoi Dieu fixa-t-il son regard sur lui? Le Livre de l'Ecclésiastique, comme nous venons de l'entendre, nous enseigne que "grande est la puissance du Seigneur, mais il est honoré par les humbles" (3, 20). De même, les paroles de saint Paul proclamées au cours de cette célébration éclairent cette façon divine de réaliser le salut: "ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu'aucune chair n'aille se glorifier devant Dieu" (1 Co 1, 28.29).
Il est émouvant de lire les récits de Guadalupe écrits avec délicatesse et empreints de tendresse. En eux, la Vierge Marie, la servante "qui exalte le Seigneur" (Lc 1, 46), se manifeste à Juan Diego comme la Mère du vrai Dieu. Elle lui donne, comme signe, des roses précieuses et, lorsqu'il les montre à l'Evêque, il découvre représentée sur son manteau l'image bénie de Notre-Dame.
"L'événement de Guadalupe - comme l'a souligné l'épiscopat mexicain - signifia le début de l'évangélisation avec une vitalité qui dépassa toutes les attentes. Le message du Christ, à travers sa Mère, reprit les éléments centraux de la culture autochtone, les purifia et leur donna leur signification définitive de salut" (14 mai 2002, n. 8). C'est pourquoi Guadalupe et Juan Diego revêtent une signification ecclésiale et missionnaire profonde et sont un modèle d'évangélisation parfaitement inculturée.
4. "Du haut des cieux Yahvé regarde, il voit tous les fils d'Adam" (Ps 32, 13), avons-nous proclamé avec le Psalmiste, confessant une fois de plus notre foi en Dieu, qui ne fait pas de distinc-tion de race ou de culture. Juan Diego, en accueillant le message chrétien sans renoncer à son identité autochtone, découvrit la profonde vérité de la nouvelle humanité, dans laquelle tous sont appelés à être fils de Dieu. De cette façon, il facilita la rencontre fructueuse de deux mondes et se transforma en protagoniste de la nouvelle identité mexicaine, intimement unie à la Vierge de Guadalupe, dont le visage métis exprime sa maternité spirituelle qui embrasse tous les Mexicains. A travers lui, le témoignage de sa vie doit continuer à donner vigueur à la construction de la nation mexicaine, à promouvoir la fraternité entre tous ses fils et à favoriser toujours plus la réconcilition du Mexi-que avec ses origines, ses valeurs et ses traditions.
Ce noble devoir d'édifier un Mexique meilleur, plus juste et plus solidaire, exige la collaboration de chacun. En particulier, il est nécessaire de soutenir aujourd'hui tous les autochtones dans leurs aspirations légitimes, en respectant et en défendant les valeurs authentiques de chaque groupe ethnique. Le Mexique a besoin de ses autochtones et les autochtones ont besoin du Mexique!
Bien-aimés frères et soeurs de toutes les ethnies du Mexique et d'Amérique, en exaltant aujourd'hui la figure de l'indio Juan Diego, je désire vous exprimer à tous la proximité de l'Eglise et du Pape, en vous embrassant avec affection et en vous exhortant à surmonter avec espérance les situations difficiles que vous traversez.
5. En ce moment décisif de l'histoire du Mexique, alors que le seuil du nouveau millénaire a déjà été franchi, je confie à la puissante intercession de saint Juan Diego les joies et les espérances, les craintes et les problèmes du bien-aimé peuple mexicain, que je porte dans mon coeur.
Béni soit Juan Diego, indio bon et chrétien, que le peuple simple a toujours considéré comme un vrai saint! Nous te demandons d'accompagner l'Eglise en pèlerinage au Mexique, afin qu'elle soit chaque jour et toujours plus, évangélisatrice et missionnaire. Encourage les Evêques, soutiens les prêtres, suscite de nouvelles et saintes vocations, aide tous ceux qui offrent leur vie pour la cause du Christ et pour la diffusion de son Royaume.
Heureux Juan Diego, homme fidèle et authentique! Nous te confions nos frères et soeurs laïcs, afin que, se sentant appelés à la sainteté, ils diffusent l'esprit évangélique dans tous les domaines de la vie sociale. Bénis les familles, soutiens les époux dans leur mariage, encourage les efforts des parents en vue d'éduquer leurs enfants de façon chrétienne.
Regarde avec bienveillance la douleur de tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans l'esprit, de tous ceux qui souffrent de la pauvreté, de la solitude, de la marginalisation ou de l'ignorance. Que tous, gouvernants et gouvernés, agissent toujours selon les exigences de la justice et le respect de la dignité de tout homme, afin que se consolide la véritable paix.
Bien-aimé Juan Diego, "l'aigle qui parle"! Enseigne-nous le chemin qui conduit à la Virgen Morena de Tepeyac, afin qu'Elle nous accueille dans l'intimité de son coeur, car Elle est la Mère amoureuse et pleine de compassion qui conduit jusqu'au vrai Dieu. Amen.
Au terme de la Messe, le Pape reprenait la parole:
A l'issue de la canonisation de Juan Diego, je souhaite renouveler mon salut à vous tous qui avez pu y participer, certains dans la basilique, d'autres dans des lieux proches et beaucoup d'autres encore à travers la radio et la télévision. Je remercie de tout coeur tous ceux que j'ai rencontrés le long des rues que j'ai parcourues, pour l'affection qu'ils m'ont témoignée. Avec le nouveau saint, vous avez un merveilleux exemple d'homme bon, à la conduite vertueuse, fils loyal de l'Eglise, docile à l'égard des Pasteurs, amoureux de la Vierge, bon disciple de Jésus. Qu'il soit un modèle pour vous qui l'aimez tant et qu'il intercède pour le Mexique afin qu'il demeure toujours fidèle. Portez à tous le message de cette célébration, ainsi que le salut et l'affection du Pape à tous les Mexicains.
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/2002/documents/hf_jp-ii_hom_20020731_canonization-mexico_fr.html
Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,
Un jour qu'il contemplait une copie de l'Image de Notre-Dame de Guadalupe, le Pape Jean-Paul II fit cette confidence: «Je me sens attiré par cette Image, car ce visage est plein de tendresse et de simplicité; il m'appelle...» Plus tard, le 6 mai 1990, lors d'un pèlerinage au Mexique, le Saint-Père béatifiait Juan Diego, le messager de Notre-Dame, et à cette occasion, il disait: «La Vierge a choisi Juan Diego parmi les plus humbles, pour recevoir cette aimable et gracieuse manifestation que fut l'apparition de Notre-Dame de Guadalupe. Son visage maternel sur la sainte Image qu'elle nous laissa comme cadeau en est un souvenir permanent».
Au XVIe siècle, la Sainte Vierge, émue de pitié pour le peuple aztèque qui, vivant dans les ténèbres de l'idolâtrie, offrait à ses idoles des multitudes de victimes humaines, a daigné prendre elle-même en mains l'évangélisation de ces Indiens d'Amérique centrale qui étaient aussi ses enfants. Un dieu des Aztèques, auquel était attribué la fertilité, s'était transformé, avec le temps, en dieu féroce. Symbole du soleil, ce dieu, en combat permanent avec la lune et les étoiles, avait besoin, croyait-on, de sang humain pour restaurer ses forces, car s'il succombait, la vie s'éteindrait. Des victimes toujours nouvelles, à lui offrir en sacrifice perpétuel, semblaient donc indispensables.
Un aigle sur un cactus
Les prêtres aztèques avaient prophétisé que leur peuple nomade se fixerait au lieu où il verrait un aigle perché sur un cactus et dévorant un serpent. Cet aigle figure sur le drapeau du Mexique d'aujourd'hui. Arrivés sur une île marécageuse, au centre du lac Texcoco, les Aztèques voient s'accomplir le présage annoncé: un aigle, perché sur un cactus, dévore un serpent; nous sommes en 1369. Ils fondent là leur cité de Tenochtitlan, qui deviendra Mexico. La cité se développe pour devenir une ville sur pilotis avec de nombreux jardins où abondent fleurs, fruits et légumes. L'organisation progressive du royaume aztèque en fait un empire hiérarchisé et très structuré. Les connaissances des mathématiciens, astronomes, philosophes, architectes, médecins, artistes et artisans, sont excellentes pour l'époque. Mais les lois de la physique demeurent peu connues. La puissance et la prospérité de Tenochtitlan lui viennent surtout de la guerre. Les villes conquises doivent payer un tribut de denrées diverses et d'hommes pour la guerre et les sacrifices. Les sacrifices humains et l'anthropophagie des Aztèques n'ont guère connu d'équivalent au cours de l'histoire.
En 1474, vient au monde un enfant auquel on donne le nom de Cuauhtlatoazin («aigle qui parle»). À la mort de son père, l'enfant est pris en charge par son oncle. Dès l'âge de trois ans, on lui apprend, comme à tous les petits Aztèques, à participer aux tâches domestiques et à se comporter dignement. À l'école, il apprend le chant, la danse et surtout la religion aux multiples dieux. Les prêtres ont une influence très forte sur la population qu'ils maintiennent dans une soumission allant jusqu'à la terreur. Cuauhtlatoazin a treize ans lorsqu'on procède à la consécration du grand Temple, à Tenochtitlan. Pendant quatre jours, les prêtres sacrifient 80 000 victimes humaines à leur dieu. Après son service militaire, Cuauhtlatoazin se marie avec une jeune fille de sa condition. Ils mènent ensemble une vie modeste d'agriculteurs.
En 1519, l'Espagnol Cortès débarque au Mexique, à la tête de plus de 500 soldats. Il conquiert le pays pour le compte de l'Espagne, mais n'est cependant pas sans zèle pour l'évangélisation des Aztèques; il obtient, en 1524, la venue de douze Franciscains à Mexico. Ces missionnaires s'intègrent rapidement à la population; leur bonté contraste avec la dureté des prêtres aztèques ainsi que de certains conquistadors. On commence à construire des églises. Cependant, les Indiens se montrent assez réfractaires au Baptême, surtout à cause de la polygamie qu'il leur faut abandonner.
Cuauhtlatoazin et sa femme figurent parmi les premiers à recevoir le Baptême, sous les noms respectifs de Juan Diego et María Lucía. À la mort de cette dernière, en 1529, Juan Diego se retire à Tolpetlac, à 14 km de Mexico, chez son oncle Juan Bernardino, devenu chrétien lui aussi. Le 9 décembre 1531, comme à son habitude le samedi, il part très tôt le matin pour assister à la Messe célébrée en l'honneur de la Sainte Vierge, chez les Pères franciscains, près de Mexico. Il passe au pied de la colline de Tepeyac. Soudain, il entend un chant doux et sonore qui lui paraît provenir d'une grande multitude d'oiseaux. Levant les yeux vers le haut de la colline, il voit une nuée blanche et rayonnante. Il regarde autour de lui et se demande s'il n'est pas en train de rêver. Subitement le chant s'arrête et une voix de femme, douce et délicate, l'appelle: «Juanito, Juan Dieguito!» Il gravit rapidement la colline et se trouve en présence d'une très belle jeune fille dont les vêtements brillent comme le soleil.
«Un temple où je manifesterai mon amour»
S'adressant à lui en nahuatl, sa langue maternelle, elle lui dit: «Mon fils, Juanito, où vas-tu? – Noble Dame, ma Reine, je vais à la Messe à Mexico pour y apprendre les choses divines que nous enseigne le prêtre. – Je veux que tu saches avec certitude, mon cher fils, que je suis la parfaite et toujours Vierge Marie, Mère du vrai Dieu de qui provient toute vie, le Seigneur de toutes choses, Créateur du ciel et de la terre. J'ai un immense désir que l'on construise, en mon honneur, un temple dans lequel je manifesterai mon amour, ma compassion et ma protection. Je suis votre mère pleine de pitié et d'amour pour vous et tous ceux qui m'aiment, me font confiance et recourent à moi. J'écouterai leurs plaintes et je soulagerai leur affliction et leurs souffrances. Pour que je puisse manifester tout mon amour, va maintenant chez l'évêque, à Mexico, et dis-lui que je t'envoie pour lui faire connaître le grand désir que j'ai de voir construire, ici, un temple qui me soit dédié».
Juan Diego s'en va droit à l'évêché. Mgr Zumárraga, religieux franciscain, premier évêque de Mexico, est un homme pieux et plein de zèle, d'un coeur débordant de bonté pour les Indiens; il écoute avec attention le pauvre homme, mais craignant une illusion, ne lui accorde pas grand crédit. Sur le soir, Juan Diego prend la route du retour. Au sommet de la colline de Tepeyac, il a l'heureuse surprise de retrouver l'Apparition; il rend compte de sa mission, puis ajoute: «Je vous supplie de confier votre message à quelqu'un de plus connu et respecté afin qu'on puisse le croire. Je ne suis qu'un modeste Indien que vous avez envoyé en haut lieu comme messager. Aussi ne m'a-t-on pas cru et je n'ai pu que vous causer une grande déception. – Mon très cher fils, répond la Dame, tu dois comprendre qu'il y en a beaucoup de plus nobles à qui j'aurais pu confier mon message et pourtant, c'est grâce à toi que mon projet aboutira. Retourne demain chez l'évêque... dis-lui que c'est moi, en personne, la Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, qui t'envoie».
Dès le dimanche matin après la Messe, Juan Diego se rend chez l'évêque. Le prélat lui pose de nombreuses questions, puis demande un signe tangible de la réalité de l'apparition. Lorsque Juan Diego retourne chez lui, l'évêque le fait suivre discrètement par deux serviteurs. Au pont de Tepeyac, Juan Diego disparaît à leurs yeux, et malgré toutes leurs recherches sur la colline et alentour, ils ne le retrouvent plus. Furieux, ils déclarent à l'évêque que c'est un imposteur qu'il ne faut absolument pas croire. Pendant ce temps, Juan Diego raconte à la belle Dame, qui l'attendait sur la colline, sa nouvelle entrevue avec l'évêque. «Reviens demain matin chercher le signe qu'il réclame, répond l'Apparition».
Des roses, en plein hiver!
En rentrant chez lui, l'Indien trouve son oncle malade, et le lendemain, il lui faut rester à son chevet pour le soigner. La maladie empirant, l'oncle demande à son neveu d'aller chercher un prêtre. Au point du jour, le mardi 12 décembre, Juan Diego prend le chemin de la ville. Approchant de la colline de Tepeyac, il juge préférable de faire un détour pour ne pas rencontrer la Dame. Mais soudain, il aperçoit celle-ci qui vient à sa rencontre. Plein de confusion, il expose la situation et promet de revenir lorsqu'il aura trouvé un prêtre pour administrer son oncle. «Mon cher petit, reprend l'Apparition, ne sois pas affligé par la maladie de ton oncle, parce qu'il ne va pas en mourir. Je t'assure qu'il va guérir... Va jusqu'au sommet de la colline, cueille les fleurs que tu y verras et apporte-les-moi». Arrivé au sommet, l'Indien est stupéfait de trouver un grand nombre de fleurs épanouies, des roses de Castille qui émettent un parfum très suave. En cette saison d'hiver, en effet, le froid ne laisse rien subsister, et le lieu est trop aride pour permettre la culture des fleurs. Juan Diego cueille ces roses, les dépose dans le creux de son manteau, ou tilma, puis redescend la colline. «Mon cher fils, dit la Dame, ces fleurs sont le signe que tu donneras à l'évêque... Cela le disposera à construire le temple que je lui ai demandé».
Juan Diego court à l'évêché. À son arrivée, les serviteurs le font attendre de longues heures. Étonnés de sa patience, et intrigués par ce qu'il porte dans sa tilma, ils finissent par avertir l'évêque qui, bien qu'en compagnie de plusieurs personnes, le fait introduire immédiatement. L'Indien raconte son aventure, déplie sa tilma et laisse s'éparpiller à terre les fleurs encore luisantes de rosée. Les larmes aux yeux, Mgr Zumárraga tombe à genoux, admirant les roses de son pays. Tout à coup, il aperçoit, sur la tilma, le portrait de Notre-Dame. Marie est là, comme imprimée sur le manteau, très belle et pleine de douceur. Les doutes de l'évêque font place à une foi solide et une espérance émerveillée. Il prend la tilma et les roses, les dépose avec respect dans son oratoire privé. Le lendemain, il se rend avec Juan Diego à la colline des apparitions. Après avoir examiné les lieux, il laisse le voyant retourner auprès de son oncle. Juan Bernardino est bel et bien guéri. Sa guérison a eu lieu à l'heure même où Notre-Dame apparaissait à son neveu. Il raconte: «Moi aussi, je l'ai vue. Elle est venue ici même et m'a parlé. Elle veut qu'on lui élève un temple sur la colline de Tepeyac et qu'on appelle son portrait «Sainte Marie de Guadalupe». Mais Elle ne m'a pas expliqué pourquoi». Le nom de Guadalupe est bien connu des Espagnols, car il existe dans leur pays un sanctuaire très ancien dédié à Notre-Dame de Guadalupe.
La rumeur du miracle se répand rapidement; en peu de temps, Juan Diego devient populaire: «J'étendrai ta renommée», lui avait dit Marie; mais l'Indien demeure toujours aussi humble. Afin de faciliter la contemplation de l'Image, Mgr de Zumárraga fait transporter la tilma dans sa cathédrale. Puis on entreprend la construction d'une petite église et d'un ermitage, pour Juan Diego, sur la colline des apparitions. Le 25 décembre suivant, l'évêque consacre sa cathédrale à la Très Sainte Vierge, pour la remercier des faveurs insignes dont Elle comble son diocèse, puis, en une magnifique procession, on porte l'Image miraculeuse vers le sanctuaire de Tepeyac tout juste achevé. Pour manifester leur joie, les Indiens tirent des flèches. L'une d'elles, lancée sans précaution, vient transpercer la gorge d'un assistant qui tombe à terre, blessé à mort. Un silence impressionnant se fait et une supplication intense monte vers la Mère de Dieu. Soudain, le blessé, que l'on a déposé au pied de l'Image miraculeuse, reprend ses esprits et se relève, plein de vigueur. L'enthousiasme de la foule est à son comble.
Des millions d'Indiens devenus Chrétiens
Juan Diego s'installe dans son petit ermitage, veillant à l'entretien et à la propreté des lieux. Sa vie reste bien modeste: il cultive soigneusement un champ mis à sa disposition près du sanctuaire. Il reçoit les pèlerins, de plus en plus nombreux, prenant plaisir à parler de la Sainte Vierge et à raconter inlassablement le détail des apparitions. Toutes sortes d'intentions de prières lui sont confiées. Il écoute, compatit, réconforte. Une bonne partie de ses temps libres se passe en contemplation devant l'image de sa Dame; ses progrès dans les voies de la sainteté sont rapides. Il remplit, jour après jour, sa mission de témoin jusqu'à sa mort survenue le 9 décembre 1548, dix-sept ans après la première apparition.
Lorsque les Indiens eurent appris la nouvelle des apparitions de Notre-Dame, un enthousiasme et une joie jamais connus se répandirent parmi eux. Renonçant à leurs idoles, à leurs superstitions, à leurs sacrifices humains et à la polygamie, beaucoup demandèrent le Baptême. Neuf ans après les apparitions, neuf millions d'entre eux se sont convertis à la foi chrétienne, soit presque 3000 par jour! Les détails de l'Image de Marie touchent profondément ces Indiens: cette femme est plus grande que le dieu-soleil puisqu'elle apparaît debout devant le soleil; elle surpasse le dieu-lune puisqu'elle tient la lune sous ses pieds; elle n'est plus de ce monde puisqu'elle est entourée de nuages et tenue au-dessus du monde par un ange; ses mains jointes la montrent en prière, ce qui signifie qu'il y a quelqu'un de plus grand qu'elle...
Mais, de nos jours encore, le mystère de cette Image miraculeuse n'est pas éclairci. La tilma, grand tablier tissé à la main avec des fibres de cactus, porte l'Image sacrée qui mesure 1,43 m de haut. La figure de la Vierge est parfaitement ovale et de couleur grise tirant sur le rose. Les yeux possèdent une grande expression de pureté et de douceur. La bouche semble sourire. La très belle figure, semblable à celle d'une Indienne métisse, est encadrée par une chevelure noire qui, vue de près, comporte des cheveux soyeux. Une ample tunique, d'un rose incarnat qu'on n'a jamais pu copier, la revêt jusqu'aux pieds. Son manteau, bleu-vert, est bordé d'un galon d'or et parsemé d'étoiles. Un soleil aux divers tons forme un magnifique fond où brillent des rayons d'or.
La conservation de la tilma depuis 1531 jusqu'aujourd'hui, est inexpliquée. Après plus de quatre siècles, cette étoffe de qualité médiocre conserve la même fraîcheur de fabrique, la même vivacité de tons qu'à l'origine. Par comparaison, une copie de l'Image de Notre-Dame de Guadalupe peinte au XVIIIe siècle avec un très grand soin et conservée dans les mêmes conditions climatiques que celle de Juan Diego, s'est totalement détériorée en peu d'années.
Au début du XXe siècle, période douloureuse de révolutions pour le Mexique, une charge de dynamite fut déposée par des mécréants sous l'Image, dans un vase garni de fleurs. L'explosion détruisit les marches de marbre de l'autel majeur, les candélabres, tous les porte-fleurs; le retable en marbre de l'autel fut cassé en morceaux, le Christ en laiton du tabernacle se plia en deux. Les vitres de la plupart des maisons proches de la basilique furent brisées, mais celle qui protégeait l'Image ne fut pas même fêlée; l'Image demeura intacte.
L'expérience la plus bouleversante de ma vie
En 1936, un examen réalisé sur deux fibres de la tilma, l'une rouge et l'autre jaune, aboutit à des conclusions stupéfiantes: les fibres ne contiennent aucun colorant connu. L'ophtalmologie et l'optique confirment la nature inexplicable de l'image: celle-ci ressemble à une diapositive projetée sur le tissu. Une étude approfondie montre qu'il n'y a aucune trace de dessin ou d'esquisse sous la couleur, même si des retouches parfaitement reconnaissables ont été réalisées sur l'original, retouches qui se détériorent d'ailleurs avec le temps; de plus, le support n'a reçu aucun apprêt, ce qui paraît inexplicable s'il s'agit véritablement d'une peinture, car même sur une toile plus fine, on pose toujours un enduit, ne serait-ce que pour éviter que la toile ne boive la peinture et que les fils n'affleurent à la surface. On ne distingue aucun coup de pinceau. À la suite d'une étude à l'infrarouge, effectuée le 7 mai 1979, un professeur de la NASA écrit: «Il n'y a aucun moyen d'expliquer la qualité des pigments utilisés pour la robe rose, le voile bleu, le visage et les mains, ni la permanence des couleurs, ni l'éclat des pigments après plusieurs siècles pendant lesquels ils auraient dû normalement se détériorer... L'étude de l'Image a été l'expérience la plus bouleversante de ma vie».
Des astronomes ont constaté que toutes les constellations présentes au ciel au moment où Juan Diego ouvre sa tilma devant l'évêque Zumárraga, le 12 décembre 1531, se retrouvent à leur place sur le manteau de Marie. On a découvert aussi qu'en appliquant une carte topographique du Mexique central sur la robe de la Vierge, les montagnes, les rivières et les principaux lacs coïncident avec la décoration de cette robe.
Des examens ophtalmologiques aboutissent à la conclusion que l'oeil de Marie est un oeil humain qui semble vivant, incluant la rétine où se reflète l'image d'un homme aux mains étendues: Juan Diego. L'image dans l'oeil obéit aux lois connues de l'optique, notamment à celle qui affirme qu'un objet bien éclairé peut se refléter trois fois dans l'oeil (loi de Purkinje-Samson). Une étude postérieure a permis de découvrir dans l'oeil, en plus du voyant, Mgr Zumárraga et plusieurs autres personnages, présents lorsque l'image de Notre-Dame est apparue sur la tilma. Enfin, le réseau veineux normal microscopique sur les paupières et la cornée des yeux de la Vierge, est tout à fait reconnaissable. Aucun peintre humain n'aurait pu reproduire de tels détails.
Enceinte de trois mois
Des mesures gynécologiques ont déterminé que la Vierge de l'Image a les dimensions physiques d'une femme enceinte de trois mois. Sous la ceinture qui retient la robe, à l'emplacement même de l'embryon, se détache une fleur à quatre pétales: la Fleur solaire, le plus familier des hiéroglyphes aztèques qui symbolise pour eux la divinité, le centre du monde, du ciel, du temps et de l'espace. Au cou de la Vierge pend une broche dont le centre est orné d'une petite croix, rappelant la mort du Christ sur la Croix pour le salut de tous les hommes. Plusieurs autres détails de l'Image de Marie en font un document extraordinaire pour notre époque qui peut les constater grâce aux techniques modernes. Ainsi, la science, qui a souvent servi de prétexte à l'incrédulité, nous aide-t-elle aujourd'hui à mettre en évidence des signes qui étaient demeurés inconnus pendant des siècles et qu'elle ne peut expliquer.
L'Image de Notre-Dame de Guadalupe porte un message d'évangélisation: la Basilique de Mexico est un centre «d'où coule une rivière de lumière de l'Évangile du Christ, se répandant sur toute la terre par l'Image miséricordieuse de Marie» (Jean-Paul II, 12 décembre 1981). De plus, par son intervention en faveur du peuple aztèque, la Vierge a contribué à sauver d'innombrables vies humaines, et sa grossesse peut être interprétée comme un appel spécial en faveur des enfants à naître et de la défense de la vie humaine; cet appel revêt une brûlante actualité, de nos jours où se multiplient et s'aggravent les menaces contre la vie des personnes et des peuples, surtout quand cette vie est faible et sans défense. Déjà, le Concile Vatican II déplorait avec force les crimes contre la vie humaine: «Tout ce qui s'oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d'homicide, le génocide, l'avortement, l'euthanasie... toutes ces pratiques et d'autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu'elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s'y livrent plus encore que ceux qui les subissent, et elles insultent gravement à l'honneur du Créateur» (Gaudium et spes, 27). Face à ces fléaux, qui se développent à la faveur des progrès scientifiques et techniques, et qui bénéficient d'un large consensus social ainsi que de reconnaissances légales, invoquons Marie avec confiance. Elle est un «modèle incomparable d'accueil de la vie et de sollicitude pour la vie... En nous montrant son Fils, Elle nous assure qu'en Lui les forces de la mort ont déjà été vaincues» (Jean-Paul II, Evangelium vitæ, 25 mars 1995, nn. 102, 105). «La mort et la vie s'affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut; vivant, il règne» (Séquence de Pâques).
Demandons à saint Juan Diego, canonisé par le Pape Jean-Paul II le 31 juillet 2002, de nous inspirer une vraie dévotion envers notre Mère du Ciel, car «la compassion de Marie s'étend à tous ceux qui la sollicitent, quand ce ne serait que par un simple «Je vous salue, Marie...»» (Saint Alphonse de Liguori). Elle nous obtiendra la Miséricorde de Dieu, spécialement si nous sommes tombés dans des fautes graves, Elle qui est Mère de Miséricorde.
Dom Antoine Marie osb, abbé
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Prière à Saint Juan de Diego Cuauhtlatoatzin (09 décembre)
fus choisi par Notre Dame de la Guadeloupe
comme instrument pour montrer au monde
que Dieu aime chaque homme,
fais que nous apprenions à voir la présence
de Dieu dans le visage de chaque frère.
Toi qui as reçu de la Vierge Marie le message :
« Ne sois pas inquiet. Ne suis-je pas là,
moi qui suis ta chère Maman ?»
Aide-nous à vivre libres de toute préoccupation
et notre vie avec une confiance sereine
dans les mains de Marie Très Sainte.
Protège et secours nos vies, pour que nous gardions
toujours le regard fixé vers Jésus,
le chemin, la vérité et la vie.
Saint Juan Diego, Priez pour nous !
Date de dernière mise à jour : 2015-11-28
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