Saint Pierre Damien
Pierre est le dernier-né (1007) d'une famille nombreuse Ravenne si pauvre qu’il est abandonné aux soins d’une servante pendant sa prime enfance. Repris par sa famille peu avant la mort de sa mère, il est employé par un ses frères à des travaux grossiers dont la garde des pourceaux jusqu'à ce qu'un autre de ses frères, Damien, pris de pitié, le prenne avec lui ; c’est par reconnaissance pour ce frère qu’il se fera nommer Pierre Damien. Damien fait étudier Pierre à Ravenne où il se montre si brillant qu’il lui fait poursuivre des études à Faenza, puis à Parme.
Prodigieusement intelligent, il gagne ses grades et devient un professeur très renommé. Cependant, Pierre Damien, assailli de violentes tentations d’orgueil et de sensualité, ne voit pas d’autres moyens d’échapper aux dangers du monde que d’entrer chez les moines camaldules de l’abbaye Sainte-Croix de Fonte Avellana, aux confins de la Marche et de l’Ombrie, où il s'adonne à une vie extrêment austère (1035). Appelé par ses supérieurs à restaurer et à renforcer la discipline, il prêche dans son couvent et dans d'autres. Il est élu prieur de Fonte Avellana (1043) d'où il fonde d'autres monastères. Le savant Pierre Damien ne manque pas d’avertir ses moines : « prenons garde à la science qui ne vire point en amour. Souvent, le désir de trop embrasser intellectuellement peut devenir dangereux pour la vie spirituelle. »
Soucieux des intérêts de l'Eglise, il dénonce à Grégoire VI (1045-1046) les clercs et les évêques incontinents et simoniaques dont la race avait augmenté démesurément sous le lamentable pontificat de Benoît IX (1032-1045). Conseiller de Clément II (1046-1047), il lui écrit : « Travaillez à relever la justice qu'on foule aux pieds avec mépris ; usez des rigueurs de la discipline ecclésiastiques pour que les méchants soient humiliés et que les humbles se reprennent à l'espérance. » Près d'être condamné par Léon IX (1048-1054) circonvenu par ses ennemis, Pierre Damien écrit au Pape : « Je ne cherche la faveur d'aucun mortel ; je ne crains la colère de personne ; je n'invoque que le témoignage de ma propre conscience. » Après avoir déserté la cour pontificale pendant la fin du pontificat de Léon IX et celui de Victor II (1055-1057), il est rappelé d'Ostie par Etienne IX (1057-1058) qui le fait cardinal-évêque ; il dénonce l'élection de Benoît X (1058-1059) entachée de simonie et, avec Hildebrand (futur saint Grégoire VII), après avoir contribué à l'élection de Nicolas II (1059-1061), il obtient le décret de 1059 qui réserve l'élection du pape aux seuls cardinaux. A peine a-t-il fait l'élection d'Alexandre II (1061-1073) qu'il se retire dans son monastère dont il doit bien vite partir pour veiller sur l'Eglise déchirée par le schisme de l'antipape Honorius II (condamné en 1062). « Nous n'en connaissons pas dont l'autorité soit plus grande, après la nôtre, dans l'Eglise romaine, dit Alexandre II , il est notre œil et le ferme appui du siège apostolique. » Il est envoyé comme légat à Milan (1059), en France (1063), à Florence (1063), puis en Germanie (1069). Après avoir remis de l’ordre dans le diocèse de Ravenne dont le défunt archevêque Henri a soutenu l’antipape, Pierre Damien, terrassé par la fièvre, au monastère Sainte-Marie-des-Anges, à Faenza, le 22 février 1072.
http://missel.free.fr/Sanctoral/02/21.php
Pierre Damien (en italien Pier Damiani) est né à Ravenne (Italie) en 1007 dans une famille noble, mais pauvre. Devenu orphelin de ses deux parents, il vécut une enfance marquée par les privations et les souffrances, même si sa sœur Roselinda s'engagea à lui servir de mère et son grand frère Damien l'adopta comme son enfant. C'est précisément pour cela qu'il sera appelé par la suite Pierre de Damien, Pierre Damien.
Grâce à son frère, Damien, il put faire des études. Il choisit ensuite d'être moine et fut admis au monastère de Fonte Avellana (Marches, Italie) dont il devint abbé.
Sa réputation s'amplifiant, il fut sollicité par plusieurs papes pour réformer l'Église et voyagea pendant six ans comme légat du pape.
Il fut promu, malgré lui, cardinal évêque d'Ostie mais abandonna ses titres dès qu'il put pour retourner à Fonte Avellana.
C'est sur le trajet du retour qu'il mourut, à Faenza, la nuit entre le 22 et le 23 février 1072.
Grace à ses nombreux écrits à caractère théologique, Pierre Damien fut proclamé Docteur de l’église le premier octobre 1828 par le Pape Léon XII (Annibale Sermattei della Genga, 1823-1829).
Son œuvre consiste surtout en une imposante correspondance (158 lettres) et des sermons (75). Il est également l’auteur d’hagiographies et de traités, parmi lesquels :
- De divina omnipotentia, sur la puissance de Dieu (Lettre sur la toute-puissance divine, Paris: Cerf, 1972 (texte avec traduction))
- Une disputatio avec un Juif sur le problème de la Trinité et du Messie ;
- Liber gratissimus, dédié à l’archevêque Henri de Ravenne, contre la simonie ;
- De brevitate vitæ pontificum romanorum, sur la courte vie accordée aux papes.
On le fête le 21 février. On l'invoque pour les migraines et tous les maux de tête, en rapport avec ses nombreuses études.
http://levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20140221&id=13344&fd=0
BENOÎT XVI AUDIENCE GÉNÉRALE Mercredi 9 septembre 2009
Chers frères et sœurs,
Au cours des catéchèses de ces mercredis, je traite certaines grandes figures de la vie de l'Eglise depuis ses origines. Je voudrais m'arrêter aujourd'hui sur l'une des personnalités les plus significatives du xi siècle, saint Pierre Damien, moine, amant de la solitude et dans le même temps, intrépide homme d'Eglise, engagé personnellement dans l'œuvre de réforme commencée par les Papes de l'époque. Il est né à Ravenne en 1007 dans une famille noble, mais pauvre. Devenu orphelin de ses deux parents, il vécut une enfance marquée par les privations et les souffrances, même si sa sœur Roselinda s'engagea à lui servir de mère et son grand frère Damien l'adopta comme son enfant. C'est précisément pour cela qu'il sera appelé par la suite Pierre de Damien, Pierre Damien. Il suivit une formation d'abord à Faenza, puis à Parme où, à l'âge de 25 ans déjà, nous le trouvons engagé dans l'enseignement. A côté d'une bonne compétence dans le domaine du droit, il acquit une grande habileté et un raffinement dans l'art de composer - l'ars scribendi - et, grâce à sa connaissance des grands classiques latins, il devint l'"un des meilleurs latinistes de son époque, l'un des plus grands écrivains du Moyen Age latin" (J. Leclercq, Pierre Damien, ermite et homme d'Eglise, Rome, 1960, p. 172).
Il se distingua dans les genres littéraires les plus divers: des lettres aux sermons, des hagiographies aux prières, des poèmes aux épigrammes. Sa sensibilité pour la beauté le conduisait à la contemplation poétique du monde. Pierre Damien concevait l'univers comme une "parabole" inépuisable et une étendue de symboles, à partir de laquelle il interprétait la vie intérieure et la réalité divine et surnaturelle. Dans cette perspective, aux alentours de l'an 1034, la contemplation de l'absolu de Dieu le poussa à se détacher progressivement du monde et de ses réalités éphémères, pour se retirer dans le monastère de Fonte Avellana, fondé quelques décennies plus tôt seulement, mais déjà célèbre en raison de son austérité. Pour édifier les moines, il écrivit la Vie du fondateur, saint Romuald de Ravenne, et s'engagea dans le même temps à en approfondir la spiritualité, en exposant son idéal de monachisme érémitique.
Il faut immédiatement souligner un détail: l'ermitage de Fonte Avellana était consacré à la Sainte Croix, et la Croix sera le mystère chrétien qui, plus que tout autre, fascinera Pierre Damien. "Celui qui n'aime pas la croix du Christ n'aime pas le Christ", affirme-t-il (Sermo, XVIII 11, p. 117) et il se qualifie comme: "Petrus crucis Christi servorum famulus - Pierre serviteur des serviteurs de la croix du Christ" (Ep 9, 1). Pierre Damien adresse à la croix de très belles prières, dans lesquelles il révèle une vision de ce mystère aux dimensions cosmiques, car il embrasse toute l'histoire du salut: "O bienheureuse Croix - s'exclame-t-il - la foi des patriarches, les prophéties des prophètes, le sénat des apôtres chargé de juger, l'armée victorieuse des martyrs et les foules de tous les saints te vénèrent, te prêchent et t'honorent" (Sermo, XVIII 14, p. 304). Chers frères et sœurs, que l'exemple de saint Pierre Damien nous pousse nous aussi à regarder toujours la Croix comme l'acte suprême d'amour de Dieu à l'égard de l'homme, qui nous a donné le salut.
Pour le déroulement de la vie érémitique, ce grand moine rédige une Règle, dans laquelle il souligne profondément la "rigueur de l'ermitage": dans le silence du cloître, le moine est appelé à passer une longue vie de prière, diurne et nocturne, avec des jeûnes prolongés et austères; il doit s'exercer à une généreuse charité fraternelle et à une obéissance au prieur toujours prête et disponible. Dans l'étude et la méditation quotidienne, Pierre Damien découvre les significations mystiques de la Parole de Dieu, trouvant dans celle-ci une nourriture pour sa vie spirituelle. C'est dans ce sens qu'il qualifie la cellule de l'ermitage de "parloir où Dieu converse avec les hommes". La vie érémitique est pour lui le sommet de la vie chrétienne, elle se trouve "au sommet des états de vie", car le moine, désormais libre des liens du monde et de son propre moi, reçoit "les arrhes de l'Esprit Saint et son âme s'unit heureuse à l'Epoux céleste" (Ep 18, 17; cf. Ep 28, 43sq). Cela apparaît important également pour nous aujourd'hui, même si nous ne sommes pas des moines: savoir faire le silence en nous pour écouter la voix de Dieu, chercher, pour ainsi dire un "parloir" où Dieu parle avec nous: apprendre la Parole de Dieu dans la prière et dans la méditation est le chemin de la vie.
Saint Pierre Damien, qui fut substantiellement un homme de prière, de méditation, de contemplation, fut également un fin théologien: sa réflexion sur différents thèmes doctrinaux le conduit à des conclusions importantes pour la vie. Ainsi, par exemple, il expose avec clarté et vivacité la doctrine trinitaire en utilisant déjà, dans le sillage des textes bibliques et patristiques, les trois termes fondamentaux, qui sont ensuite devenus déterminants également pour la philosophie de l'Occident,processio, relatio et persona (cf. Opusc. XXXVIII: PL CXLV, 633-642; et Opusc. II et III: ibid., 41sq et 58sq). Toutefois, étant donné que l'analyse théologique du mystère le conduit à contempler la vie intime de Dieu et le dialogue d'amour ineffable entre les trois Personnes divines, il en tire des conclusions ascétiques pour la vie en communauté et pour les relations entre chrétiens latins et grecs, divisés sur ce thème. La méditation sur la figure du Christ a elle aussi des conséquences pratiques significatives, toute l'Ecriture étant axée sur Lui. Le "peuple des juifs - note saint Pierre Damien -, à travers les pages de l'Ecriture Sainte, a comme porté le Christ sur ses épaules" (Sermo XLVI, 15). Le Christ, ajoute-t-il, doit donc se trouver au centre de la vie du moine: "Que le Christ soit entendu dans notre langue, que le Christ soit vu dans notre vie, qu'il soit perçu dans notre cœur" (Sermo VIII, 5). L'union intime avec le Christ engage non seulement les moines, mais tous les baptisés. Nous trouvons ici un rappel puissant, également pour nous, à ne pas nous laisser totalement prendre par les activités, par les problèmes et par les préoccupations de chaque jour, en oubliant que Jésus doit vraiment être au centre de notre vie.
La communion avec le Christ crée l'unité d'amour entre les chrétiens. Dans la lettre 28, qui est un traité d'ecclésiologie de génie, Pierre Damien développe une profonde théologie de l'Eglise comme communion. "L'Eglise du Christ - écrit-il - est unie dans le lien de la charité au point que, de même qu'elle est une en plusieurs membres, elle est tout entière mystiquement dans chacun des membres; si bien que toute l'Eglise universelle se dénomme à juste titre unique Epouse du Christ au singulier, et chaque âme élue, par le mystère sacramentel, est considérée comme pleinement Eglise". Cela est important: non seulement l'Eglise universelle tout entière est unie, mais en chacun de nous devrait être présente l'Eglise dans sa totalité. Ainsi le service de l'individu devient "expression de l'universalité" (Ep 28, 9-23). Toutefois, l'image idéale de la "sainte Eglise" illustrée par Pierre Damien ne correspond pas - il le savait bien - à la réalité de son temps. C'est pourquoi il ne craint pas de dénoncer l'état de corruption existant dans les monastères et parmi le clergé, en raison, avant tout, de la pratique de laisser les autorités laïques remettre l'investiture des charges ecclésiastiques: plusieurs évêques et abbés se comportaient en gouverneurs de leurs propres sujets plus qu'en pasteurs des âmes. Souvent, leur vie morale laissait beaucoup à désirer. C'est pourquoi, avec une grande douleur et tristesse, en 1057, Pierre Damien quitte le monastère et accepte, bien qu'avec difficulté, la nomination comme cardinal évêque d'Ostie, entrant ainsi pleinement en collaboration avec les Papes dans l'entreprise difficile de la réforme de l'Eglise. Il a vu que la contemplation n'était pas suffisante et il a dû renoncer à la beauté de la contemplation pour apporter son aide à l'œuvre de renouveau de l'Eglise. Il a ainsi renoncé à la beauté de l'ermitage et avec courage il a entrepris de nombreux voyages et missions.
Pour son amour de la vie monastique, dix ans plus tard, en 1067, il obtient la permission de retourner à Fonte Avellana, en renonçant au diocèse d'Ostie. Mais la tranquillité à laquelle il aspirait dure peu de temps: à peine deux ans plus tard, il est envoyé à Francfort dans le tentative d'empêcher le divorce d'Henri iv de sa femme Berthe; et de nouveau deux ans plus tard, en 1071, il se rend au Mont Cassin pour la consécration de l'église abbatiale et au début de 1072 il va à Ravenne pour rétablir la paix avec l'archevêque local, qui avait soutenu l'antipape en frappant la ville d'interdiction. Pendant le voyage de retour à son ermitage, une maladie subite le contraint à s'arrêter à Faenza dans le monastère bénédictin de "Santa Maria Vecchia fuori porta", et il y meurt dans la nuit du 22 au 23 février 1072.
Chers frères et sœurs, c'est une grande grâce que dans la vie de l'Eglise, le Seigneur ait suscité une personnalité aussi exubérante, riche et complexe que celle de saint Pierre Damien et il n'est pas commun de trouver des œuvres de théologie et de spiritualité aussi pointues et vives que celles de l'ermite de Fonte Avellana. Il fut moine jusqu'au bout, avec des formes d'austérité qui aujourd'hui, pourraient presque nous sembler excessives. Mais de cette manière, il a fait de la vie monastique un témoignage éloquent du primat de Dieu et un rappel pour tous à cheminer vers la sainteté, libres de tout compromis avec le mal. Il se consuma, avec une cohérence lucide et une grande sévérité, pour la réforme de l'Eglise de son temps. Il consacra toutes ses énergies spirituelles et physiques au Christ et à l'Eglise, en restant toujours, comme il aimait se définir, Petrus ultimus monachorum servus, Pierre, le dernier serviteur des moines.
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2009/documents/hf_ben-xvi_aud_20090909_fr.html
Évêque d'Ostie, docteur de l'Église (✝ 1072)
Confesseur et Docteur de l'Église.
Il est originaire de Ravenne. Dernier enfant d'une famille pauvre, orphelin très jeune, souvent maltraité, il connut la faim dans son enfance. Tout en gardant les porcs, il étudie et cet écrivain-né est aidé par son frère Damien qui lui donne la possibilité de faire de brillantes études, ce pourquoi il prendra son nom. Très doué, il est d'abord enseignant, rhéteur riche et prestigieux. La rencontre de deux ermites l'amène dans un petit ermitage fondé selon l'idéal de saint Romuald. Il s'y voue à la prière, à l'ascèse, à l'étude des Saintes Écritures, à la contemplation, à la prédication aussi. Son monastère lui demande d'être un maître en exégèse en même temps qu'il est un maître de la vie spirituelle. Nommé prieur à Font-Avellane, il est en relation avec les grands monastères de son époque, comme Cluny ou le Mont-Cassin. L'Église connaît une période difficile où bien des clercs, prêtres et moines, mènent une vie débauchée, en tous cas relâchée. En 1057, il est nommé cardinal-évêque d'Ostie et chargé de mission à Milan, Cluny, Francfort, etc ... Il soutient les papes dans leur action réformatrice, mais Léon IX est obligé de le tenir à l'écart à cause de bien des évêques. Plus tard, les papes suivants lui donneront d'importantes missions officielles de conciliation et de réforme. Ses écrits spirituels, ouvrages, lettres et sermons ont fait de lui un docteur de l'Église.
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/681/Saint-Pierre-Damien.html
Saint PIERRE DAMIEN
Cardinal, Docteur de l’Église, 1007-1072
Ermite, cardinal-évêque d’Ostie, docteur de l’Église, orateur et écrivain sacré de premier plan au milieu du XIe siècle latin, Pierre-Damien est l’un des protagonistes de la réforme de l’Église et l’un de ceux qui dénoncèrent le plus haut l’abus de l’art dialectique dans les questions sacrées.
Une enfance rude, des dons de rhéteur
Né à Ravenne, abandonné, maltraité, Pierre connaît une enfance très rude jusqu’au moment où son frère Damien, dont il prendra le nom, l’ayant recueilli, l’envoie faire les meilleures études libérales à Faenza, puis à Parme. Il est ensuite maître à Ravenne, où son renom en rhétorique et en droit lui attire de grandes foules d’élèves (Jean de Lodi, in Patrologia latina, CXLVI), lui procurant honneurs, richesses et tentations.
Après la rencontre de deux ermites qui l’étonnent par leur esprit de pauvreté, il se décide à quitter le monde, vers 1035, et se fait ermite au prieuré camaldule de Fonte Avellana, en Ombrie. Il y commence une vie de contemplation et de mortification dont la ferveur s’atteste dans une œuvre de style fort soutenu, la plus abondante que nous ait livrée son temps.
Ses premiers écrits — une Dispute avec un juif (P.L. , CXLV) sur la Trinité et le Messie et la Vie de Romuald (éd. Tabacco, 1957), écrite en 1042 — donnent, l’un un exemple des méthodes d’enseignement qu’il eut à employer, très tôt, à Pomposa, l’autre, avec un document historique précieux sur le père des ermites latins, le programme érémitique qu’il allait suivre, non sans subir maintes contradictions.
Un ermite sommé de sortir de sa solitude
Contre son gré, Pierre Damien est élu prieur en 1043 et doit fonder sept nouveaux ermitages pour les disciples qu’attirent sa science et sa sainteté. Les besoins du monde le contraignent à sortir de sa solitude.
Les lettres qu’il écrit en grand nombre (P.L., CXLIV) à des destinataires de tout rang (papes, évêques, princes, moines et moniales, laïcs influents ou obscurs) font allusion constamment aux désordres inouïs du monde et de l’Église, violences, avarice, luxure, ignorance des clercs, et appellent véhémentement une réforme qui doit commencer par le Siège romain.
Après le cri de joie que lui inspire l’élection de Grégoire VI, en 1045, il trouve des satisfactions plus solides dans l’action réformatrice à laquelle il se donne aux côtés d’Hildebrand et de Henri III, servant d’intermédiaire entre l’empereur et les papes.
Il adresse à Léon IX, en 1049, le premier de ses grands écrits réformateurs, le Liber Gomorrhianus sur les désordres du clergé, et, en 1052, à l’archevêque Henri de Ravenne, son Liber gratissimus, important traité canonique sur la reconsécration des simoniaques, problème majeur à la veille du conflit des Investitures, et sur lequel il sera longtemps en divergence avec la Curie romaine.
Une œuvre doctrinale puissante
La plupart des traités qu’il insère en des lettres souvent très longues touchent à des problèmes affrontés directement dans les cloîtres ou dans le monde (les degrés de la consanguinité, l’institution monastique et érémitique, la communauté des biens entre les chanoines) ou à des questions qui lui sont soumises (la procession du Saint-Esprit, contre l’erreur des Grecs ; le comput pascal; certaines difficultés d’exégèse ; les étapes de la fin des temps, dont il voit les signes présents).
Le plus spéculatif de ses traités est une lettre aux moines du mont Cassin, Sur la toute-puissance divine (éd. Cantin, coll. Sources chrétiennes, no 191, 1972). Il y reprend une dispute engagée contre de jeunes moines dialecticiens ; et, en même temps qu’il adopte une position hardie sur le pouvoir de Dieu à l’égard du passé, il profite de la nature de l’objection qu’il combat pour définir le rôle de la dialectique dans les questions sacrées.
Cardinal-évêque et comte d’Ostie en 1057, il ne cesse plus de gémir sous le poids des charges qui le privent de la contemplation, alors que les missions d’Église se multiplient: en 1059, à Milan, pour apaiser la révolte des patarins ; en 1063, à Cluny et Limoges, pour assurer les droits des clunisiens; en 1069, à Francfort, auprès de Henri IV...
En 1072, essayant de réconcilier Ravenne avec l’Église, il meurt en retournant à Rome, dans la nuit du 22 au 23 février, à Faenza.
Ses vertus dépassaient encore sa science profonde !
Il brilla surtout par la mortification et l'humilité. Dans sa jeunesse, tourmenté de tentations impures, il se plongea, la nuit, dans un étang demi-glacé, jusqu'à ce qu'il eût éteint le feu de la concupiscence.
Cilice, jeûnes effrayants, lit de planches nues, discipline, cercles de fer, aucune pénitence ne lui fut étrangère.
Étant moine, quand, au chapitre, il avait dû reprendre ses religieux de leurs fautes, il descendait de son siège, se prosternait à terre devant tous, s'accusait de toutes ses imperfections, se donnait la discipline publique, et, reprenant sa place, continuait ses avis.
http://nouvl.evangelisation.free.fr/pierre_damien.html
Date de dernière mise à jour : 2021-07-04
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