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Passioniste de Polynésie

St Paul de la croix / eucharistie

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(Vie de Saint Paul de la Croix par Saint Vincent Marie Strambi)

CHAPITRE 3.

FOI EMINENTE DU SERVITEUR DE DIEU ENVERS LA SAINTE EUCHARISTIE. VIVACITÉ DE SA FOI DANS LA CÉLÉBRATION DE LA SAINTE MESSE ET LA RÉCITATION DE L’OFFICE DIVIN.

La foi du père Paul brilla d’une façon aussi admirable dans la dévotion qu’il eut toujours pour le très Saint Sacrement qui est par excellence le mystère de la foi. Il en donna des marques dès sa jeunesse. Il passait beaucoup de temps dans l’église devant le saint Tabernacle. Son maintien y était exemplaire. Toujours à genoux sur le pavement, sans aucun appui, les mains croisées sur la poitrine, les yeux immobiles, il se tenait devant son bien-aimé Seigneur plusieurs heures du jour et même de la nuit. Il semblait avoir oublié toutes choses, quand il avait le bonheur d’être avec son Jésus. Un jour, il se rendit à l’église des capucins de Castellazzo pour recevoir la bénédiction. A peine y était-il, que des garçons firent tomber sur son pied un banc fort pesant ; il en fut tout meurtri. Mais Paul, sans s’émouvoir, se contenta de relever le banc et de le baiser, puis il alla s’agenouiller près de la balustrade pour adorer le Saint-Sacrement. Son compagnon, de qui nous tenons le fait, se mit à genoux près de lui et voyant couler le sang, il ne put s’empêcher de s’approcher de Paul pour lui en faire la remarque. Mais Paul, sans répondre ni s’émouvoir, pas plus que si on ne lui avait rien dit, continua sa prière avec attention et recueillement. (…….)

.Il était très heureux quand son directeur lui permettait la communion. Comme il dut quelque temps faire plusieurs milles pour aller le trouver et pour communier, il employait tout le temps du voyage à exciter les désirs de son cœur.

Sa piété envers le Saint-Sacrement alla toujours croissant. Il y trouvait toutes ses délices. Lorsqu’il alla habiter l’ermitage de Sainte Marie de la Chaîne, près de Gaëte, il allait de temps en temps en ville sur l’invitation de l’évêque ou pour d’autres bons motifs. Chaque fois il passait un temps considérable avec son frère Jean-Baptiste devant le Saint-Sacrement, édifiant tout le monde par sa piété et son recueillement. S’ils ne pouvaient retourner de suite à l’ermitage, ils descendaient à l’église cathédrale, et, prosternés devant le tabernacle, ils y demeuraient longtemps en prière, et ne se levaient que lorsqu’ils étaient appelés. Quand ils dînaient au palais épiscopal, après avoir pris leur repas à part, ils s’empressaient de retourner à l’église devant le Saint-Sacrement, qui était leur amour, leur soutien, leur véritable aliment au-dessus de toute substance. L’église était-elle fermée, ils se retiraient à l’écart pour prier et adorer en esprit le Saint-Sacrement.

(….) Le père Paul continua toujours d’avoir la même piété et la même vivacité de foi envers l’adorable eucharistie. A son arrivée dans une paroisse, son premier soin était de visiter le Saint-Sacrement. Là se mettant à genoux, il se tenait dans un recueillement si profond et une contenance si humble, qu’il inspirait de la dévotion à tous ceux qui le voyaient. Si, dans ses voyages, il apercevait de loin un village, il s’agenouillait aussitôt pour adorer le Saint-Sacrement qui reposait dans les différentes églises, et lui adresser les vœux ardents de son amour ; il voulait que cette même pratique fût observée par ses compagnons.

On peut donc le dire, la dévotion du serviteur de Dieu envers le Saint-Sacrement était extraordinaire ; elle répondait aux lumières que la foi lui avait données sur le précieux trésor que Jésus-Christ nous a légué, en se donnant à nous. Désireux d’y faire participer tout le monde, il avait soin dans ses entretiens, ses prédications, ses missions, de publier les avantages inestimables dont jouit la sainte Église catholique, enrichie de ce divin Sacrement. Il souhaitait que tous apprissent à s’en prévaloir ; il disait que Notre Seigneur ne réside pas en vain dans le tabernacle, si nous savons profiter de ce bienfait ; il exhortait à s’unir à lui par la communion spirituelle que tout chrétien bien disposé peut faire, quand il lui plaît. Dans ses missions, il était tout zèle et tout amour pour inspirer aux peuples une dévotion particulière et un profond respect envers le Saint-Sacrement. Il les exhortait vivement à accompagner par honneur le saint viatique, et autant que possible avec des flambeaux. Quand le Saint-Sacrement était exposé, particulièrement pendant les exercices spirituels, il adressait aux assistants de courtes, mais chaleureuses allocutions, où il commençait par ranimer sa foi et la leur touchant la présence réelle ; il disait avec un profond sentiment : « Je sais à qui je crois et je suis certain. » Souvent aussi il débutait par ces autres paroles : « O Seigneur ! que votre esprit est doux ! » continuant avec des expressions d’une foi si vive et des affections si pieuses qu’il attendrissait les assistants jusqu’aux larmes. Il était dans un tourment continuel de voir les chrétiens ingrats envers Jésus-Christ, au point de le laisser seul, sans le visiter, tandis que lui demeure parmi nous jour et nuit par amour.

Par ses ferventes exhortations, il introduisit en plusieurs endroits la pieuse et louable coutume de visiter le soir le Saint-Sacrement et de prier quelque temps en sa présence. Pour que les pauvres villageois fussent à même de lui rendre cet hommage, le bon père s’accommodant à leur condition, se bornait à leur demander que le soir, après le travail, avant de se retirer chez eux, ils allassent au moins lui demander la bénédiction par une courte prière. Cette sainte pratique s’observe dans beaucoup d’endroits, et c’est une grande joie de voir, en entrant le soir dans les églises, sur l’autel du Saint-Sacrement, deux cierges allumés comme pour réveiller le souvenir de la foi et de l’amour qui lui sont dus, et au pied de l’autel une foule de fidèles occupés à s’entretenir avec le Seigneur, et à terminer si saintement la journée.

Si Paul désirait que tout le monde eût de la dévotion envers le très Saint-Sacrement, à plus forte raison voulait-il que ses religieux fussent des modèles à cet égard. Afin de maintenir toujours dans sa congrégation cette dévotion spéciale, cette foi vive, il recommanda et fit comme une règle de visiter souvent Jésus-Christ caché dans le saint tabernacle.

Si l’on veut juger des sentiments de son cœur quand il était en présence du Saint-Sacrement, mais surtout quand on l’eût placé dans les églises de nos retraites, si l’on veut apprécier son bonheur de pouvoir habiter pour ainsi dire sous le même toit avec le divin Rédempteur, qu’on entende ce qu’il écrivait à un pieux jeune homme qui était son fils spirituel et qui se fit ensuite passionniste. On était sur le point d’ouvrir la première église au mont Argentario et d’y mettre le Saint-Sacrement : « Les cellules sont terminées, disait-il, il ne reste plus qu’à arranger un peu l’église pour la mettre en état de recevoir le Saint-Sacrement. Vrai Dieu ! Une heure m’en semble mille, en attendant que je voie mon Seigneur dans le tabernacle de notre église, afin de me tenir pendant les heures les plus silencieuses au pied du saint autel ! Et qui me donnera des ailes de colombe pour m’élancer amoureusement vers son cœur divin ? »

Dans la vieillesse même la plus avancée et malgré son état d’infirmité, il faisait de fréquentes visites au Saint-Sacrement vers lequel l’amour l’attirait avec douceur ; il passait-là beaucoup de temps en adoration. Son respect en sa présence était admirable. Il y était toujours la tête découverte et dans le maintien le plus religieux. Chaque fois qu’il passait devant le tabernacle, il s’arrêtait et ne pouvant fléchir le genou à cause de ses douleurs articulaires et de ses autres infirmités, il faisait du moins une profonde révérence qu’il accompagnait d’une fervente aspiration. Ceci lui arrivait très souvent à la maison de Saint-Ange, parce que, pour se rendre à sa petite cellule, il devait passer par le chœur et que le maître-autel où se conserve le Saint-Sacrement y correspond.

S’il tenait à ce que tous les autels fussent décemment ornés, à plus forte raison l’exigeait-il pour l’autel du Saint-Sacrement. Il aimait à y voir des vases de fleurs, et s’il remarquait quelque négligence sur ce point, il reprenait celui qui en était chargé, et lui recommandait beaucoup d’y veiller. Ces actes de vertu paraîtront petits, il est vrai ; mais l’amour estime beaucoup tout ce qui peut servir à la gloire et à la satisfaction du Bien Aimé.

Dans les dernières années de sa vie, il était d’ordinaire cloué sur un lit, ou séquestré dans sa chambre à cause de ses maladies. Il avait un vif regret d’être privé pour ce motif de la douce présence du Saint-Sacrement. Éprouvait-il un peu de mieux ; oh ! Avec quel empressement il saisissait l’occasion de se rendre auprès de son bon Jésus et d’exhaler les tendres sentiments de son cœur pour lui ! Deux ans avant sa mort, étant à Rome dans la retraite des Saints-Jean-et-Paul, pendant la neuvaine de l’Assomption de la sainte Vierge, quoique tout malade, il se faisait porter à l’église devant le Saint-Sacrement, et sa seule vue suffisait pour édifier et attendrir, tant sa modestie et sa dévotion étaient grandes. Cette même année, pendant les prières de quarante heures qui se faisaient à la basilique, selon l’usage de Rome, il désira être porté dans la tribune de l’orgue. Il s’y faisait enfermer le matin ou pendant le jour avec ordre de ne venir l’appeler pour aucun motif, lors même que des personnes respectables le demanderaient. (…) Un prélat du palais désirait aussi le saluer pour donner au pape des nouvelles de sa santé. Le portier risqua d’ouvrir la tribune où était le serviteur de Dieu, pour le lui dire ; mais Paul tout entier à la prière répondit : « Ce n’est pas le moment de parler aux créatures ; le Maître de la maison, le Seigneur des seigneurs, le Maître du monde se tient sur son trône. » Il les congédia tous ainsi et continua à s’entretenir seul à seul avec son bon Sauveur.

De ce que nous avons dit de sa piété envers la sainte Eucharistie, de la fréquence de ses visites et de ses adorations prolongées, on peut conclure combien furent abondantes les grâces que le serviteur de Dieu y puisait, puisque Jésus-Christ, dont il s’approchait si souvent, en est la source intarissable. L’aimable Rédempteur, toujours si libéral envers ses fidèles serviteurs, opérait en lui des choses admirables dans ces visites.

Pendant ce grand nombre d’années qu’il donna des missions, il se trouvait épuisé et éprouvait une grande soif après avoir prêché. Il ne prenait cependant d’autre repos ni d’autre rafraîchissement que d’aller près du Saint-Sacrement, se mortifiant ainsi pour son amour. Mais comme l’amour inspire une grande confiance, il disait au Seigneur avec une foi vive et une sainte hardiesse : « Mon bon Jésus, vous avez dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et je lui donnerai à boire ; à vous, maintenant, de me désaltérer. En vérité, en vérité, Jésus me désaltérait, dit le père Paul lui-même. Une fois surtout il étancha parfaitement ma soif. …. »  

(…….) En récompense de sa dévotion, il lui fit aussi plusieurs fois la grâce de reconnaître, par certaines impressions intérieures, dans quel lieu se trouvait le Saint-Sacrement. A son entrée dans une église, il savait de suite discerner à l’attrait de son cœur à quel autel était son trésor. Son compagnon crut une fois que c’était à un autre ; il en jugeait par les apparences. Mais le père Paul l’avertit de se diriger d’un autre côté ; c’était là en effet que se trouvait le Saint-Sacrement. Il s’aperçut à des signes semblables de la présence de Jésus-Christ, lorsqu’un traître qui avait commis un énorme sacrilège, vint lui remettre une parcelle consacrée qu’il avait gardée. Le serviteur de Dieu la reçut avec grand respect pour la reporter dans le tabernacle, jusqu’à ce que les espèces fussent consumées. Dans ce moment même, il comprit aux impressions de son âme que cette parcelle était réellement consacrée. On eût dit que Jésus voulait se consoler auprès de son serviteur fidèle de l’énorme outrage qu’il venait de recevoir

(……) Mais c’était surtout dans la célébration de la sainte Messe, qu’il témoignait sa piété ardente envers l’Eucharistie. Oh ! Alors, il était toute foi, toute dévotion, toute tendresse, et son amour le rendait semblable à un séraphin. Après une longue et fervente préparation, il montait au saint autel. Là, tout recueilli et abîmé en Dieu, on le voyait changer de couleur, le visage rayonnant et en feu, comme si les flammes de son cœur avaient cherché une issue au dehors. « Je l’eusse pris pour un séraphin, dit un témoin digne de foi, tant sa figure flamboyait. » Sa tendre piété et l’ardeur de son amour lui faisaient verser de douces et abondantes larmes. Pendant plusieurs années il ne célébra jamais sans en répandre beaucoup. Jeté ensuite comme l’or dans le creuset de la sécheresse et de la désolation, les larmes cessèrent un peu et ne furent plus aussi continuelles ; néanmoins on le voyait souvent encore les yeux mouillés de pleurs ; d’ordinaire il en était ainsi depuis la consécration jusqu’à la fin de la messe. Lorsqu’il célébrait solennellement, il entrait le plus souvent dans un recueillement si profond qu’il fallait le secouer et lui faire une douce violence pour qu’il continuât. Son chant, surtout à la préface et au Pater noster, était d’ordinaire entrecoupé de soupirs et de pleurs qui réveillaient la foi et excitaient la dévotion des assistants. Il était fort exact à observer les rubriques et les saintes cérémonies. Tout, en lui, était accompagné d’un grand esprit intérieur, en sorte que, pour emprunter les paroles d’un témoin oculaire, il paraissait plutôt un séraphin d’amour qu’un homme mortel. Après la sainte messe, il se retirait aussitôt à l’écart pour s’entretenir librement seul à seul avec son Jésus, pour exhaler les ardentes affections de son âme, pour se consumer tout entier et se perdre heureusement dans le Bien Aimé auquel il était si intimement uni.

Pour les objets qui servent à la célébration des saints mystères, il était d’une extrême délicatesse. Il ne lui suffisait pas qu’ils fussent décents ; il les voulait resplendissants de netteté et de propreté. Maintes fois, il renvoya un premier et un second corporal, et il eût certainement rejeté le troisième, s’il ne l’avait trouvé bien net. « Les linges, disait-il, qui doivent servir au saint sacrifice de la messe, doivent être très blancs et très propres. »

Le Seigneur voulut marquer par des prodiges combien lui plaisaient la foi vive et la piété de son serviteur dans cette sainte action. Un matin qu’il célébrait de très bonne heure au couvent de Sainte Lucie-de-Corneto, celui qui lui servait la messe, c’était Dominique Constantini, remarqua à son grand étonnement, qu’au moment de la consécration, il s’éleva du marchepied de l’autel une espèce de fumée, comme si on eût brûlé de l’encens. Cette fumée était odoriférante ; elle donna par intervalles jusqu’à la fin de la consécration, et dans ce moment elle répandit un parfum merveilleux et incomparable, comme le témoin l’a déposé. Mais ce qu’il y eut de plus merveilleux, c’est que le serviteur de Dieu s’éleva en l’air à la hauteur de deux palmes, et cela, à deux reprises, avant et après la consécration. On se figure la surprise de cet homme pieux, en voyant le serviteur de Dieu changé à l’autel en un être surhumain.

L’amour désire de plaire au Bien Aimé et s’efforce d’agir toujours avec plus de perfection. Chaque fois que le père Paul se disposait à célébrer les saints mystères, pour mieux s’y préparer, il se figurait que c’était pour la dernière fois. « Chaque fois, disait-il à un religieux, que je célèbre, je communie en forme de Viatique. » Il avait coutume d’exhorter les autres à en agir de même, non seulement pour la sainte messe, mais en toute circonstance.

C’est encore le propre de celui qui aime, possède et savoure le bien immense, impérissable, infini, de désirer que tout le monde, mais surtout ceux qui ont une liaison plus étroite avec lui, partagent son bonheur et ses jouissances. Le père Paul qui avait trouvé dans la célébration de la sainte messe toutes les richesses du ciel, désirait ardemment que tous les prêtres, et particulièrement ceux de la congrégation, eussent part à ce grand trésor ; il leur inculquait la nécessité de se bien préparer à recevoir Jésus-Christ. « Ne négligez aucun soin, leur disait-il, pour célébrer avec grande piété ; faites toujours votre action de grâces ; gardez jour et nuit le tabernacle intérieur : c’est le cœur du prêtre. Qui agit de la sorte, ne tardera pas à concevoir le feu du saint amour. Gardez avec beaucoup de précaution ce tabernacle vivant, et tenez-y les lampes allumées : ce sont la foi et la charité. Qu’il soit toujours orné de vertus. Jésus a célébré les divins mystères dans un cénacle bien préparé. »

Il recommandait à ses religieux de s’y préparer par la méditation des mystères de la foi et de s’unir d’esprit pendant le sacrifice à Jésus-Christ souffrant et mourant. « Puisque la messe est le renouvellement du sacrifice de la croix, figurez-vous, leur disait-il, que vous célébrez les obsèques du Sauveur ; entrez dans les sentiments de componction et d’amour dont étaient pénétrés la sainte Vierge, saint Jean, Joseph d’Arimathie et Nicodème. Le cœur du prêtre doit être le sépulcre de Jésus-Christ. Or, de même que celui dans lequel on le mit après sa mort, était nouveau, (Luc, XXIII, 25), de même votre cœur doit être pur, animé d’une foi vive, d’une ferme confiance, d’une charité ardente, d’un vif désir de la gloire de Dieu et du salut des âmes. La messe, ajoutait-il, est le moment favorable pour négocier avec le Père éternel, parce qu’alors on lui offre son Fils unique, incarné et mort pour notre salut. »  

« Avant de célébrer, écrivait-il à un ecclésiastique, revêtez-vous des souffrances de Jésus-Christ ; conversez paisiblement avec lui au milieu même des sécheresses ; portez à l’autel les besoins du monde entier. »

Il désirait beaucoup que tous les prêtres de la congrégation se distinguassent par l’exacte et parfaite observation des rubriques. Il avait grand soin que les nouveaux prêtres fussent instruits à fond des cérémonies ; lui-même plus d’une fois voulut s’assurer en personne de leur habileté. Il ne pouvait souffrir ni désordre, ni erreur dans les cérémonies sacrées. S’apercevait-il de quelque manquement, il en faisait l’observation en temps convenable : « Il faut savoir d’abord les rubriques, disait-il. » Ou bien il prenait quelque autre voie pour corriger l’erreur et la négligence.

Il ne pouvait souffrir non plus qu’un prêtre, après avoir dit la messe, laissât Jésus-Christ pour ainsi dire à l’abandon, sans faire son action de grâces. Il s’élevait contre cet abus, chaque fois que son ministère lui en offrait l’occasion, engageant tous les prêtres à célébrer dévotement et à rendre de dignes actions de grâces à Dieu pour cet immense bienfait. Autant que possible, il empêchait même de monter à l’autel ceux qui témoignaient peu de révérence et qui n’étaient pas vêtus d’une manière convenable. Un jour, un ecclésiastique de distinction, et qui méritait certainement des égards, se présenta à la retraite pour dire la sainte messe. Comme il portait un habit de couleur et peu séant, le bon père le reprit et lui refusa la permission de célébrer : « Ce n’est pas là, lui dit-il, un habit ecclésiastique pour monter à l’autel. »

(…..). Ce n’était pas seulement quand il célébrait qu’on voyait paraître son amour pour Jésus-Christ ; c’était encore quand il donnait la sainte communion. En disant : Ecce agnus Dei, il mettait dans ces paroles quelque chose de si expressif et de si pénétrant, qu’il semblait voir de ses yeux le divin Sauveur dans la sainte hostie. Chaque fois qu’il portait le Saint-Sacrement en procession le jour de la Fête-Dieu, on lui voyait le visage baigné de grosses larmes. Cette fête excitait en lui une dévotion extraordinaire et un profond attendrissement ; il la célébrait avec un merveilleux esprit de foi. Quand il était à la maison, il chantait lui-même la messe et faisait la procession dans le cloître. Il suffisait de voir son recueillement, sa piété et ses larmes, pour se sentir touché. (…)  on ne peut exprimer, dit un religieux qui en fut témoin, avec quelle dévotion il le faisait. Il suffit de dire qu’il était tout en larmes. « O quel grand amour ! S’écriait-il, quelle journée ! O charité ! O amour ! » (….)

 « La sainte communion, dit-il un jour à une personne pieuse, est le moyen le plus efficace pour s’unir à Dieu. Préparez-vous toujours bien à ce saint banquet. Ayez un cœur bien pur et veillez beaucoup sur votre langue, car c’est elle qui touche la première le Saint-Sacrement. Portez-le chez vous après votre action de grâces, et faites que votre cœur soit un tabernacle vivant pour Jésus-Christ. Visitez-le souvent au-dedans de vous-même, et offrez-lui les hommages, les sentiments et les remercîments que vous inspirera le saint amour. »

 

Dans la règle de 1775

 CHAPITRE XXI: De l'oraison

23     (…).Les religieux entoureront d'un culte particulier la divine Eucharistie qu'ils visiteront souvent dans ses tabernacles pour lui offrir leurs adorations, leurs louanges et de continuelles actions de grâces. Ils désireront fréquemment la recevoir et s'unir intimement à Jésus-Hostie, afin que leurs cœurs, possédés par Dieu, ne vivent que pour lui et brûlent d'un très ardent amour. Les clercs recevront la sainte Eucharistie trois fois par semaine et les jours de fête qui ne se suivent pas immédiatement. Qu'ils s'approchent de la sainte table avec la plus grande pureté et sainteté possibles. Qu'ils s'y préparent par des méditations appropriées et la pratique fervente des vertus, surtout de la foi, de la charité et de l'humilité. Après avoir reçu le divin Sacrement, qu'ils se répandent en effusions d'amour séraphique, en actions de grâces pour un si grand bienfait et s'en montrent reconnaissants par de nouveaux progrès dans la perfection. (…..).

 CHAPITRE XXIII

De la manière d'annoncer la parole de Dieu et des principaux devoirs des missionnaires

25     (…) On enseignera aux fidèles, avec leurs devoirs, la manière d'observer parfaitement la loi de Dieu, de purifier leur conscience par le sacrement de Pénitence, de recevoir avec révérence et piété la divine Eucharistie. (…)

 Dans constitutions

43 42. Dans la célébration de l'Eucharistie, le Père nous rassemble autour de son Fils. Mettant son Esprit en nos cœurs, le Christ unit notre sacrifice personnel et celui de tous les hommes à son sacrifice rédempteur.

Nous nous réunissons autour de la table du Seigneur pour écouter la Parole de Dieu et lui donner notre réponse.

En renouvelant le sacrifice du Christ et en participant à son Corps et à son Sang, nous annonçons sa mort et proclamons sa Résurrection, nous obtenons le pardon des péchés, nous refaisons nos forces et nous recevons le gage de notre participation à sa vie de Ressuscité.

Avec tous ceux qui mettent leur confiance en Dieu, nous le louons et nous le remercions pour ses merveilles, nous lui offrons notre vie de communauté et notre travail, et nous le prions pour nos besoins et ceux de tous les hommes.

L'Eucharistie est ainsi l'expression suprême de notre culte (SC 2).

44 43. L'Eucharistie est le centre de nos communautés. Autant que possible, nous la célébrons ensemble chaque jour comme l'acte fondamental de notre vie de communauté. La participation commune à l'unique Corps du Christ nourrit, révèle et vérifie notre union et notre communauté de vie dans le même esprit.

La célébration joyeuse de l'Eucharistie, réalité transformante dans la vie de chaque religieux et de chaque communauté, appelle notre pleine réponse à la proclamation de la Mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.

45 44. Nous nous préparons à la célébration de ce mystère par un recueillement sincère et la pureté du coeur.

Tout au long de la journée, appréciant profondément le trésor de la présence eucharistique du Christ, nous y répondons par notre vive gratitude et notre adoration.  (Const. n.42 44)

 

Date de dernière mise à jour : 2015-11-24

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