Notre Dame des Douleurs, Marie mère de l’amour
Introduction
Le 15 septembre nous fêterons Notre Dame des douleurs. Ce jour là, nous fêtons Marie qui tout au long de sa vie et particulièrement de ses épreuves a su continuer à dire oui à Dieu, non pas en se plaignant, en rechignant mais en aimant réellement.
Notre Dame des douleurs.
Quelles sont donc les douleurs de Marie que nous sommes appelés à contempler en cette fête ? Elles sont au nombre de 7. Cela ne veut pas dire que ce furent les seules, mais elle représente de par le chiffre biblique 7 un tout,
- La prophétie du saint vieillard Siméon
- La fuite en Egypte
- La disparition de Jésus au Temple
- La rencontre de Jésus portant Sa croix
- Marie debout au pied de la croix
- La descente de Jésus de la croix
- La mise au tombeau
Pour nous nous allons prendre le temps de suivre Marie, en ses épreuves, au fil de l’évangile
Une femme comme les autres …. Une femme appelée par Dieu
Nous parlons souvent de Marie, de son humilité, de son amour pour Dieu, de son « Oui » … Nous aimons nous la représenter avec Jésus sur les genoux ou dans les bras... C’est tellement beau une maman ! Mais bien moins souvent nous osons parler de Marie souffrante, de Marie au pied de la croix, un peu comme si nous avions peur d’en souffrir nous aussi… un peu comme si nous voulions éviter que cela nous arrive dans la vie ! Pourtant c’est bien là que Marie vit son « plus grand Oui » d’amour ! Et c’est bien là qu’elle nous rejoint au cœur de notre humanité. Pour comprendre le oui de Marie il fut savoir qui elle était, il faut savoir ce qu’elle a vécu …. Alors seulement si nous le voulons nous pourrons non seulement comprendre le oui de Marie, mais encore le faire nôtre.
Qui était Marie ? Marie était une jeune fille juive toute simple; toute humble. Profondément croyante, et, comme toutes les jeunes filles juives de son temps elle savait qu’un Messie était promis par Dieu à Israël, elle savait qu’il naîtrait d’une vierge, ainsi que le dit Isaïe au chapitre 7 verset 14
- C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel.
Elle attendait le Messie, sans penser que c’est elle qui serait la mère du Messie. Pourtant c’est bien à elle que Dieu envoie son ange pour lui annoncer cette grande nouvelle : c’est elle qui a été élue pour ce grand mystère !
Prenons le temps de lire l’évangile de Luc en 1/26.38 et surtout de visualiser cette scène comme si nous y étions et regardons Marie attentivement.
Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L'ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un Fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. »Marie dit à l'ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? »L'ange lui répondit : « L'Esprit - Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son Ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera Saint, et Il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu'Elisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait : - la femme stérile - Car rien n'est impossible à Dieu. » Marie dit alors :«Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole.»Alors l'ange la quitta.
.Marie est une jeune fille toute simple; toute humble. Profondément croyante. La visite de l’ange ne la surprend pas outre mesure; mais elle n’en tire aucun orgueil. Bien au contraire elle se dit la servante du Seigneur et accepte que la volonté de Dieu se fasse en elle, sachant bien que cela va concerner toute sa vie et non pas un seul instant! Elle croit, elle vit sa foi en obéissant tout simplement, à ce que l’ange vient de lui révéler de la part de Dieu.
Ce n’était pourtant pas une petite nouvelle! Elle allait être mère, et pas n’importe quelle mère, mais bien la mère de Dieu! Par le oui de Marie, par sa foi et son obéissance, commence concrètement en ce monde l’histoire de notre salut! Si Marie n’avait pas dit oui, que se serait-il passé ? Nous voyons bien souvent Marie, comme la «Très Sainte Vierge » comme une femme parfois un peu hors du commun, mais elle était avant tout, une jeune fille de son temps, engagée dans la vie de son temps, elle avait aussi sa liberté de réponse! Elle a choisi d’obéir à Dieu, de se livrer totalement à lui Elle dit oui, un oui qui ira jusqu’au bout de sa vie
Il est intéressant de voir aussi la suite du récit de Luc, car il nous montre Marie, attentionnée aux autres … c’est important car c’est ce qu’elle sera aussi dans la suite lorsque qu’avec les autres femmes elle suivra Jésus, en sa mission.
En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth.
Marie demeura avec elle environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle.
Et comme l’ange lui révèle aussi que sa vieille cousine attend un enfant, elle ne s’arrête pas sur elle même, mais s’empresse d’aller l’aider durant les derniers mois de sa grossesse. Quand elle arrive, elle ne crie pas sur les toits qu’elle va être la mère de Dieu, pour l’heure c’est encore un secret entre elle et Dieu, mais Elisabeth se rend compte de cette merveille qui se passe en Marie ! Et c’est ensemble qu’elles vont louer le Seigneur Elisabeth par son cri de foi :
Et il advint, dès qu'Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l'enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie d'Esprit Saint. Alors elle poussa un grand cri et dit :" Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Et comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? Car, vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de qui lui a été dit de la part du Seigneur ! "
Et Marie par le magnificat :
" Mon âme exalte le Seigneur, - et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, selon qu'il l'avait annoncé à nos pères - en faveur d'Abraham et de sa postérité à jamais ! "
Remarquons que Marie ne dit jamais qu’elle est la meilleure et que c’est pour cela qu’elle a été choisie ! Non elle loue la miséricorde de Dieu qui s’est penchée sur sa petitesse ! Marie fait partie des plus pauvres de son pays, elle fait partie de ce que l’on appelait alors les anawim … ‘on dirait ici, les « tetuanui » )
L’évangile nous précise ensuite que Marie n’a pas seulement fait un aller retour, juste pour aller aux nouvelles : Non elle est restée trois mois, trois mois à aider sa vieille cousine, jusqu’à la naissance de son enfant, Jean, qu’on appellera ensuite Jean le baptiste. Marie est femme de charité fraternelle !
L’incompréhension de Joseph
Revenue ensuite à Nazareth, elle annonce la nouvelle à Joseph qui a plus de mal à croire à la réalité de Dieu,
Marie, sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant qu'ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint.19 Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. Mat 1/18.19
Lorsque nous lisons ce passage, nous nous arrêtons à la réaction humane de Joseph, comme si Marie n’existait pas vraiment ou était en dehors du problème. ... Mais regardons la situation d’un peu plus près, Marie est seule à connaitre sa grossesse, nulle d’autre qu’elle, n’a pu en parler à Joseph …et cette rencontre là n’a pas du être facile !!! Marie sait qu’en annonçant cela à Joseph, elle se met en péril, car selon la loi, Joseph a le droit de la faire lapider pour infidélité et adultère. Allez faire admettre a votre fiancé que vous êtes enceinte par l’intervention du Saint Esprit !!!! Les juifs avaient beau attendre le Messie, ce n’était pas évident à accepter. Marie a donc du affronter la vérité avec Joseph … Joseph qui ne comprend pas ce qui lui arrive ! Marie avait l’air si douce, si sage ! C’est l’incompréhension totale.
C’est là une souffrance de Marie … une souffrance qui n’exclut certes pas la foi en Dieu, mais une souffrance devant l’incompréhension de Joseph et devant la décision qu’il veut prendre de la répudier … Il ne faut pourtant pas condamner Joseph, car en sa décision, il se montre un homme juste, on pourrait dire aimant et respectant la vie. N’oublions pas que la simple grossesse de Marie lui donnait le droit de la lapider, donc de la condamner à mort ! Joseph ne comprend pas, mais c’est un homme de cœur et de foi et Dieu va intervenir en lui pour lui révéler la vérité, en songe.
Alors qu'il avait formé ce dessein, voici que l'Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint ;21 elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus : car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés."22 Or tout ceci advint pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur :23 Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : "Dieu avec nous."24 Une fois réveillé, Joseph fit comme l'Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui sa femme ; mat 1/20.24
Dès lors, Joseph ne discute plus et comme Marie, il dit oui. Il dit oui, non seulement pour épouser Marie , mais encore pour accueillir Jésus comme son propre fils de son vivant Il fera tout pour le protéger.
Le voyage à Bethléem :
Une autre épreuve, attend Marie ; en effet alors qu’elle est quasiment au terme de sa grossesse, voici qu’une loi de l’empereur de Rome, lui impose d’aller se faire recenser à Bethléem, ville de ses ancêtres !
1 - Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité. 2 - Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3 - Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. 4 - Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem - parce qu'il était de la maison et de la lignée de David - 5 - afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
C’est là un grand déplacement en caravane. Pas de route bien lisses et goudronnées ! Pas de suspension à la carriole, pas de siège qui s’abaisse pour prendre ses aises. Marie doit assumer la fatigue et les chaos du voyage.
Et que dire de l’accouchement !
On aurait pu croire, à écouter les paroles de l’ange,
Voici que tu vas concevoir et enfanter un Fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin.
que tout irait pour le mieux, qu’il n’y aurait pas de problèmes matériels ou humains. Pensez donc le Fils de Dieu, le descendant du roi David, devant régner pour toujours sur le royaume ! Eh bien non ! La réalité se fait tout autre ! La naissance ne se passera même pas dans la maison de Nazareth mais bien dans une étable, à Bethléem, au milieu des animaux
6 - Or il advint, comme ils étaient là, que les jours furent accomplis où elle devait enfanter. 7 - Elle enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de place dans la salle.
Arrivée à Bethléem, voilà qu’elle doit accoucher, et elle n’a pas de logement ! Il y a tout de même de quoi paniquer ! D’autant que les contractions sont là ! Accoucher c’est douloureux, et Marie n’y a pas fait exception… Et où va-t-elle mettre au monde son enfant ? Dans une grotte, une étable qui sent tout sauf la rose ! Bonjour le confort ! Bonjour l’hygiène ! Et ne parlons pas de la température ; les nuits sont plutôt fraîches en ce pays !
Toute cette tenson fut aussi douleur pour Marie. Le nier serait la déshumaniser ! Quoiqu’il en soit, Marie y donne le jour à son Fils et comme toute maman s’émerveille devant sa beauté … oubliant toutes les douleurs et inquiétudes précédentes ! !
La prophétie du saint vieillard Siméon
Sept jours après l’accouchement, alors que l’on présente Jésus au Temple pour la circoncision, voilà qu’un prophète nommé Siméon survient et se met à prophétiser :
- Et voici qu'il y avait à Jérusalem un homme du nom de Siméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d'Israël et l'Esprit Saint reposait sur lui. 26 - Et il avait été divinement averti par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. 27 - Il vint donc au Temple, poussé par l'Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard, 28 - il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit : 29 - " Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix ; 30 - car mes yeux ont vu ton salut, 31 - que tu as préparé à la face de tous les peuples, 32 - lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël. " 33 - Son père et sa mère étaient dans l'étonnement de ce qui se disait de lui 34 - Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère : " Vois ! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction - 35 - et toi-même, une épée te transpercera l'âme ! - afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs. " Luc 2/25.35
Siméon lui annonce là, certes la grandeur de son Fils au sein du peuple mais aussi qu’un glaive lui transpercerait le cœur ! ... Beau cadeau de naissance !!!! De quoi faire trembler le cœur d’une maman ! Et Marie nous le savons, accueille cette parole, et la gardera en son cœur, disant encore oui à la volonté de Dieu. Il ne faut jamais oublier que Marie est une âme de prière, elle est attentive à la parole de Dieu, elle est toujours prête à y adhérer, c’est ce qui lui permet de s’engager de tout son cœur dans sa mission de maman auprès de Jésus.
La fuite en Egypte
À peine sortie de cette période d’accouchement, les voilà avertis que l’on veut tuer Jésus !
13 - … voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : " Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu'à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. " 14 - Il se leva, prit avec lui l'enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte ; 15 - et il resta là jusqu'à la mort d'Hérode, pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : D'Égypte j'ai appelé mon fils. Matthieu 2/13.15
Quelle inquiétude pour Marie, quelle souffrance en son cœur ! Et là il faut bien comprendre que la foi ne rend pas insensible aux épreuves de la vie. Marie Joseph et surtout Jésus, risquaient vraiment leur vie. La foi les fait agir en obéissant à la parole de l’ange, mais ne leur enlève pas la souffrance du cœur et de l’esprit ! (C’est une donnée importante, pour nous-mêmes lorsque nous sommes dans l’épreuve dans l’angoisse, faire confiance à Dieu, n’est pas devenir insensible, à ce qui nous arrive.) Donc, avec Joseph et Jésus ; Marie va prendre la fuite. C’est une fuite de nuit, c’est un départ précipité où il faut laisser bien des choses derrière soi et où l’on part à l’aventure, ne sachant pas du tout de quoi demain sera fait ! Et puis il lui faut franchir la frontière et se trouver en un pays étranger … Comment va-telle vivre là bas ? Joseph trouvera-t-il du travail pour nourrir la petite famille ? …
La disparition de Jésus au Temple
Finalement Joseph trouvera du travail et quelques années plus tard, lorsqu’Hérode sera mort, ils pourront revenir en Israël, où ils s’établiront à Nazareth. Les années vont passer et voila que Jésus va rappeler à sa mère qu’il a une mission à accomplir !
Jésus a 12 ans, ne voilà-t-il pas qu’il reste seul à Jérusalem, sans rien en dire !
43 - Ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque. 42 - Et lorsqu'il eut douze ans, ils y montèrent, comme c'était la coutume pour la fête. 43 - Une fois les jours écoulés, alors qu'ils s'en retournaient, l'enfant Jésus resta à Jérusalem à l'insu de ses parents. 44 - Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le rechercher parmi leurs parents et connaissances. 45 - Ne l'ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem. Luc 2/43.45
Panique à bord, nul ne sait où il est. Il faut faire le trajet à l’envers et le chercher chemin faisant. Quelle mère ne s’inquièterait pas de la vie de son fils en de telles circonstances ? C’est une angoisse viscérale qui nous tenaille alors ! Et cela dura trois jours, pour le retrouver au temple au milieu des docteurs de la loi !
46 - Et il advint, au bout de trois jours, qu'ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; 47 - et tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. 48 - A sa vue, ils furent saisis d'émotion, et sa mère lui dit : " Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! Ton père et moi, nous te cherchons, angoissés. " 49 - Et il leur dit : " Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? " 50 - Mais eux ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire. Luc 2/41.50
Tout ce que Jésus trouve à leur dire, c’est : « mais pourquoi vous inquiétez vous ? Vous savez bien que je dois être aux affaires de mon Père! » Ce n’est vraiment pas facile de comprendre sa vie « d’enfant du Père » ! Apparemment, Jésus est un enfant qui grandit comme tous les enfants. Au village, personne ne savait qui il était vraiment ! Pour Marie et Joseph Jésus est leur enfant …. Or là à l’occasion de ce pèlerinage, ils sont comme remis en face de la réalité invisible de Jésus, qui est fils de Dieu ! Marie et Joseph doivent désormais veiller à cette dimension dans la vie de Jésus …. Il n’est déjà plus leur « tout petit » … c’est une grand pas vers la « majorité » !
Ainsi, Marie gardant tout en son cœur, va grandir dans le sens de la mission de Jésus, et à Cana c’est elle-même qui l’y invite, alors même que sa mission n’est pas vraiment commencée, Marie sait bien qui est Jésus en réalité, lui demande d’intervenir. Jésus ne refusant rien à sa mère agira comme nous le montre St Jean en 2/1.5
Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. 2 - Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. 3 - Or il n'y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : " Ils n'ont pas de vin. " 4 - Jésus lui dit : " Que me veux-tu, femme ? Mon heure n'est pas encore arrivée. " 5 - Sa mère dit aux servants : " Tout ce qu'il vous dira, faites-le. "
La douleur de la disparition au temple a fait murir Marie, et à Cana, Marie n’est plus là pour éduquer, protéger, mais pour accompagner et encourager ! Cana c’est le oui de Marie à la mission de Jésus, c’est la porte ouverte sur la Passion !
Cana n’est pas une douleur de Marie, si j’en parle c’est que c’est un moment « charnière » entre l’enfance de Jésus et sa vie d’adulte. Il est important de noter ce changement dans la vie de Marie pour mieux comprendre tout ce qui va suivre...
Avant la Passion : la souffrance de l’incompréhension et du rejet
Marie dit oui à la mission de Jésus, et son oui est sans retour : son oui n’est cependant pas sans souffrance lorsqu’elle voit les gens critiquer son fils, le chasser de la synagogue en voulant le lapider et même le traiter d’envoyé de Satan !
Et les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : " Il est possédé de Belzébul ", et encore : " C'est par le prince des démons qu'il expulse les démons. " 23 - Les ayant appelés près de lui, il leur disait en paraboles : " Comment Satan peut-il expulser Satan ? 24 - Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne peut subsister. …..
Elle voit tout le bien qu’il fait et en même temps elle voit la réaction de tous ceux qu’il dérange et qui lui veulent du mal ! Marie n’est ni naïve ni aveugle, elle dit oui à Dieu en s’offrant au travers du service de Jésus.
Marie suivra toujours Jésus. Elle restera près de lui alors même que toute la famille traitera Jésus de fou, d’insensé.
Elle verra bien que les positions de Jésus lui attire les foudres et les colères des autorités en place, elle sait bien que cela « va mal se terminer » ; mais elle dit oui car elle sait l’appel de Dieu sur son fils, elle sait aussi l’appel de Dieu en son propre cœur. Marie ne vit par pour elle-même, elle vit pour Dieu, elle vit pour Jésus, elle vit pour le salut des âmes … ces âmes (notre âme !) que Jésus est venu sauver au prix de sa propre vie !
Lorsqu’elle apprend sa condamnation
Que dire de la souffrance de Marie lorsqu’elle apprend qu’il est arrêté et traduit devant le sanhédrin ! Douleur insupportable certes ! Marie n’a aucun doute sur la suite du procès ! Elle se remémore la prophétie de Siméon elle sait en son cœur que l’heure est là ! Elle a suivi Jésus, elle a bien vu les choses se mettre en place ? Elle sait qu’il ne s’agit plus de prier en disant « sauve mon enfant » mais bien en disant « Père que ta volonté soit faite » Quelle force d’âme ne faut-il donc pas à Marie pour continuer à dire oui en cet instant ?
La rencontre de Jésus portant Sa croix
L’évangile n’en parle pas, mais la tradition nous fait part de la rencontre de Marie et de son fils sur le chemin du Golgotha … Comme elle a du être horrifiée de voir ainsi son fils, totalement épuisé, le corps tout ensanglanté par les coups de fouets ; sans oublier l’horreur de la couronne d’épines... et puis tous ces gens qui crient, qui se moquent !!!!
Marie debout au pied de la croix
Que dire de sa souffrance lorsqu’elle le voit agonisant sur la croix les mains et les pieds transpercés par les clous, mourant petit feu, ayant du mal a respirer …Quelle horreur ! Quelle mère pourrait y résister sans crier sa révolte ? Marie pourtant reste là, debout, écrasée par la douleur mais digne ! L’heure est là ! Le oui s’accomplit.
Jean est là, près d’elle, soutien inestimable. Jean, à qui Jésus la confie
25 - Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. 26 - Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : " Femme, voici ton fils. " 27 - Puis il dit au disciple : " Voici ta mère. " Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit chez lui. Jean 19.25.27
C’est l’adieu du Fils à sa mère ! Marie ne voit rien d’autre à ce moment !
La descente de Jésus de la croix et la mise au tombeau
Que dire de sa souffrance lorsqu’elle reçoit son corps inerte au pied de la croix et lorsqu’on le met au tombeau ? C’est son fils, son fils unique ! Tout est accompli pour Jésus, mais elle, il lui faut vivre maintenant sans la chair de sa chair ! Marie dans son oui à Dieu n’a pas fait l’économie d’elle-même, elle a pris de plein fouet, tout comme Jésus, toute la violence humaine ! Elle l’a fait par amour de Dieu par amour des âmes. Et même si à cette heure ce sont les ténèbres qui semblent gagner, Marie garde sa foi sans cacher sa douleur !
Et nous face à la souffrance
Nous vivons dans une société ou la souffrance est comme tabou ; ou il faut l’évacuer, sinon la nier. Il est de bon ton de la considérer comme un mal absolu dont il faut se débarrasser à tout prix…. Et lorsque nous rencontrons des gens qui ne peuvent en sortir, nous les plaignons … bien souvent, la seule chose que nous puissions faire, c’est de les plaindre car nous n’avons pas trouvé nous-mêmes d’utilité à la souffrance.
Cependant si la mère de Dieu a subi tout cela … à quoi cela rime -t-il si toute souffrance est stérile ? Ou alors est-ce que c’est sa seule souffrance avec celle de Jésus qui ait un sens ? Seraient-ils donc tous deux, tant hors de notre humanité, que cela ne nous concernerait pas ?
Mais Marie était une femme à part entière, et Jésus a pris aussi notre humanité. Tous deux l’ont prise en intégralité en ce qui est beau et bon, et en ce qui l’est nettement moins, à notre regard : la souffrance !
En fait Jésus et Marie nous montre le chemin, nous montre comment assumer ce chemin … et si nous apprenions à vivre notre vie, à parcourir la route qui est la nôtre avec leur regard, avec leur cœur, alors tout prendrait un autre sens, une autre force... et la souffrance elle-même pourrait devenir source de vie et non de mort. Mais allons-nous accepter de regarder la vie avec les yeux de Dieu ou allons-nous continuer à la regarder avec nos yeux, tenant notre regard baissé sur notre propre souffrance? Et allons-nous aussi le quitter parce que son langage nous paraitrait trop dur, comme à certaines personnes de son époque ?
De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. 58 - Voici le pain descendu du ciel ; il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères et ils sont morts ; qui mange ce pain vivra à jamais. " (…) 60 - Après l'avoir entendu, beaucoup de ses disciples dirent : " Elle est dure, cette parole ! Qui peut l’écouter ? " (…) 66 - Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. Jean 6/57-58, 60, 66
Vivre la souffrance.
Ainsi donc que nous le voulions ou non, la souffrance sous toutes ses formes et à différents degrés nous atteint, c’est une réalité de la vie que nous devons assumer.
Elle nous pose donc bien des problèmes dans notre vie de tous les jours car nous ne savons pas comment la gérer, comment l’assimiler, comment la vivre. Et de ce fait même elle nous devient un poids encore plus lourd.
Le monde voudrait bien qu’elle n’existe pas : et il essaie par tous les moyens de nous apprendre à la rejeter à la refouler ! … et cela ne mène finalement à rien si ne n’est à nous rendre un peu plus malheureux au fond de nous-mêmes quelques soient les apparences que nous nous donnons !
C’est que le monde confond bien souvent le mal et la souffrance. Le mal oui, est à éradiquer ; sans délai et aussi totalement que possible de nos vies. Jésus a souffert pour éradiquer le mal ! Marie a partagé sa souffrance aussi dans le même esprit.
Il est vrai que l’on ne peut rayer en nous la souffrance que ce mal a souvent imprimée de façon indélébile. Subir la violence d’autrui laisse des marques, perdre un être cher laisse des marques, être en butte à l’injustice humaine laisse des marques etc. Et nous ne pouvons faire comme si elles n’existaient pas ! Cependant que nous le voulions ou non, nous devons affronter la souffrance et Il n’y a que trois façons de faire face à la souffrance :
1/ la nier et faire comme si elle n’existait pas ou du moins qu’elle ne comptait pas …. Ça peut marcher un certain temps mais à un moment ou un autre nous devrons faire face à une belle dépression, voir à des envies de suicide ! On ne peut dépasser indéfiniment ses forces humaines, et nier quelque chose, n’en empêche pas l’existence et le poids que cela a sur nous et dans nos vies !
2/ la reconnaître dans notre vie et la subir comme un poison inévitable, en nous laissant donc dominer voir écraser par elle. Il y a là un progrès puisque nous reconnaissons la réalité de la chose dans notre vie, mais nous baissons les bras, nous laissant écraser par ce poids, cela nous conduit aussi à la dépression et à une certaine forme de mort en nous … nous laisser écraser ainsi, nous empêchera de vivre réellement notre vie, de porter la joie, le bonheur même autour de nous, et surtout, cela nous empêchera de profiter des beautés de la vie !
3/ la reconnaître, l’accepter et en faire une force positive de vie, autant pour nous mêmes que pour les autres ! Cela demande généralement du temps, et des étapes avant de pouvoir lui faire face ainsi. Il y a généralement le temps de l’écrasement, de la révolte, du marchandage …etc... Tous ces temps sont à passer, et l’aide de personnes compétentes (qu’elles soient psychologues, psychiatres, prêtres, ou conseillers spirituels) est bien souvent nécessaire … il ne faut surtout pas mépriser ou refuser cette aide ; la première des conditions pour arriver à vivre la souffrance sans qu’elle nous détruise étant de reconnaitre nos propres limites. Cependant l’aide humaine est bien souvent limitée et il nous faut vraiment l’action de Dieu en notre cœur pour être guérie, libérée. C’est là que l’exemple de Marie peut nous aider.
Vivre notre souffrance à l’exemple de Marie
Marie qui aime son fils, ne va pas fuir la souffrance de l’accompagner jusqu’au bout … elle va aller de l’avant, puisant son courage dans son amour maternel. Nous avons donc à apprendre d’elle, le courage d’aller de l’avant en nous appuyant sur ce qui compte pour notre cœur en ce monde.
Au Pied le la croix elle ne refoule pas sa douleur, elle est là toute souffrante, toute bouleversée devant le martyr de son fils, son corps exprime sa souffrance même si celle-ci ne se manifeste pas de façon exubérante. Si Marie reste « digne » cela ne l’empêche certes pas de pleurer devant son fils en train de mourir. Il y a donc une expression de la souffrance qui doit pouvoir sortir de nous, s’exprimer sans fausse honte, la souffrance est un état qui doit pouvoir s’exprimer s’extérioriser tout autant que la joie. Elle ne doit jamais être refoulée.
Marie ne se met pas en colère contre ceux qui tuent son fils, pourtant elle en aurait bien le droit, et en plus ils sont là devant elles continuant leurs sarcasmes et leurs insultes jusqu’au bout. Or elle garde le silence, tout son amour se concentre sur son fils. C’’est une des plus grandes leçons que nous devons recevoir de Marie en notre temps, où la vengeance aveugle semble bien être de plus en plus en vogue en notre société. C’est une leçon très dure, car elle nous force à nous dépasser dans ce que nous croyons être notre bon droit, notre justice mais qui en fait n’est que la résultante de notre colère envers les personnes qui nous ont blessés de quelque manière que ce soit. Il faut lutter contre le mal, veiller à ce qu’il ne se reproduise pas, il faut veiller à ce que la justice soit faite, mais surtout il ne faut pas se laisser aller au désir de vengeance, car celui-ci nous anéantira encore un peu plus, et même si la vengeance est accomplie elle n’assouvira ni notre colère ni notre souffrance.
Elle ne se met pas en colère non plus contre Dieu, en elle nous ne voyons pas de révolte, simplement une grande souffrance devant l’inévitable de la vie, reçu comme volonté même de Dieu. Ne savait elle pas depuis longtemps (prophétie d’Ananie) que cela arriverait ? Ne l’a-t-elle pas vu se profiler au fil des années de mission de Jésus ? Elle croit et elle accepte. Elle ne subit pas, elle accepte et se confie en Dieu, s’appuyant sur sa foi. Certains diront : « Oui mais elle, elle savait. » Sans doute, mais cela n’a rien enlevé à sa douleur de mère voyant son fils crucifié devant elle dans une longue agonie ! Il est vrai que nous ne savons pas toujours ce que Dieu veut pour nous, ce qu’il va bien pouvoir tirer de nos épreuves, mais là il faut croire, croire envers et contre tout que Dieu sait ce qu’il fait et surtout croire qu’il nous aime suffisamment pour que cela soit finalement positif pour nous.
Marie tient debout. Mais elle ne refuse pas l’appui de St Jean lorsque celui-ci se tient auprès d’elle.
25 - Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. 26 - Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : " Femme, voici ton fils. " 27 - Puis il dit au disciple : " Voici ta mère. " Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit chez lui. Jean 19/25.27
Elle accueillera Jean comme son Fils et se laissera accueillir par lui comme mère. Jean ne remplacera bien sur jamais Jésus, mais la vie continue, et l’amour doit continuer. Le désir de Jésus sur Marie est là, et elle dit oui. Elle s’ouvre donc à la vie même, au lieu de se replier sur elle-même et sa douleur.
Et après la croix, elle participera certes à la mise au tombeau avec les saintes femmes... le temps du deuil, tout comme celui des différentes étapes de la souffrance, est important, il ne faut pas vouloir passer au-dessus, tout comme il ne faut pas y rester scotché … Ce temps va être variable pour chacun il faut donc laisser à chacun le temps dont il a besoin. Marie donc prend ce temps, mais elle sait que Jésus est Fils de Dieu elle sait que tout n’est pas fini… Au fond de son cœur elle reste ouverte à la vie, tant et si bien qu’elle est prête à accepter la résurrection de Jésus, et elle prête à vivre en ressuscitée avec Lui ! Avec Marie nous devons attendre la lumière au bout du tunnel, avec elle nous devons attendre la résurrection que Jésus prépare en notre cœur, afin de pouvoir reprendre goût à la vie.
Et ainsi on va retrouver Marie quelques 40 jours plus tard auprès de Jean et au milieu des apôtres lors de la Pentecôte. Marie se tient au milieu d’eux, elle ne s’est pas renfermée sur elle-même. Bien au contraire elle participe totalement à la vie de la première communauté chrétienne. En cette fête de Pentecôte Marie reçoit avec les apôtres, l’Esprit Saint … un renouvellement particulier puisque l’Esprit Saint l’avait déjà couverte de son ombre lors de l’annonciation...
Et là, nous prenons conscience que toute la vie de Marie s’inscrit comme une unité dans la volonté de Dieu. Marie est figure de l’Eglise, elle est pour nous comme un modèle qui doit nous aider à comprendre que toute notre vie est Une devant Dieu, qui, malgré tout ce que nous pouvons endurer, a un plan d’amour pour nous. La difficulté est que lors de nos épreuves, de nos souffrances, bien souvent, nous ne pouvons plus réfléchir, ni nous projeter bien loin dans la vie ou l’avenir… tout nous semble bouché, tout nous semble perdu et nous nous demandons alors ou peut bien être Dieu, et pourquoi tout cela nous est-il arrivé…
Pour comprendre, il faut comme Marie, accepter de vivre dans la foi en l’amour de Dieu envers et contre tout ; et passant par les différentes étapes de la souffrance s’efforcer de regarder plus haut, plus loin que nous mêmes... Oser regarder à Dieu et aux autres … Ces autres même, qui nous ont lâchés, abandonnés dans notre épreuve ; et ces autres que nous ne connaissons pas encore mais qui ont aussi besoin de notre aide … et oui, à bien y regarder il y a souvent bien plus malheureux que soi, et c’est bien souvent en aidant les autres que nous dépassons notre propre souffrance et que nous reprenons vie.
Mais pour quelle vie ?
Ce ne pourra plus être la même qu’avant car quelque chose s’est passé qui nous a profondément marqué au cœur et dans l’esprit aussi, peut être même dans notre corps… Oh certes le travail pourra être le même, les habitudes aussi au moins pour certaines … mais en nous, il doit y avoir un appel à une vie plus grande, plus forte, plus utile, plus humaine ! Il n’est pas rare de voir des gens, qui après de grandes épreuves, se lèvent et se battent pour que d’autres ne subissent pas les mêmes épreuves qu’eux… cela est déjà une victoire … et elle est importante. Mais si nous regardons Marie, nous voyons quelque chose de plus, elle ne se contente pas de vivre avec St Jean… elle reçoit l’Esprit Saint, et va vivre avec la première communauté chrétienne, au souffle même de cet Esprit. Sa vie va prendre une dimension divine … et c’est à cela que nous sommes appelés …
Le curé d’ars disait : « Les combats nous mettent au pied de la Croix et la Croix à la porte du ciel. »
Cela peut nous choquer ou du moins nous surprendre… Ça va tellement à l’encontre de ce que le monde nous dit. Et pourtant ! Dieu qui est amour ne veut que notre bien, s’il permet au cœur de notre vie des épreuves, c’est que cela peut nous être plus que profitable, c’est que Dieu a en vue notre vie éternelle … Nous, nous nous contentons généralement de notre vie terrestre, en en faisant notre premier et ultime but. Mais la vie passe, et tout ce que nous aurons fait, tout ce que nous aurons construit, tout ce que nous aurons engrangé … qu’en restera-t-il ? Pour nous rien puisque nous ne serons plus de ce monde. Cependant, si nous avons cherché Dieu, si nous nous sommes efforcés de tout accueillir de sa main, pour l’aimer et aimer les autres, pour le servir et servir les autres … Comme Marie… alors là ! Quel trésor avec nous dans le ciel ! L’amour, c’est le seul bagage que nous aurons avec nous à notre mort, nos coffres forts eux et toutes nos « petites possessions » resteront là ou ils sont !
Et c’est souvent cela que la douleur nous apprend… Elle nous apprend à nous détacher du monde matériel pour chercher le véritable bien, et celui qui est la source de notre vie éternelle !
Il est surprenant de voir combien de gens changent de vie après être tomber dans un profond coma, ou après un accident grave ou encore après la perte de leur fortune . Quand ce n’est pas après un deuil … sans cela, ils auraient continué leur chemin loin de Dieu …. Quitte à se perdre eux-mêmes.
La souffrance donc, ainsi vécue, bien intégrée, n’est plus un instrument de mort mais au contraire une ouverture sur la vie, et sur la vie éternelle.
La souffrance vécue à l’image de Marie, nous ouvre à la grâce de Dieu, au don de l’Esprit Saint et nous amène à recevoir pleinement Dieu en notre cœur et à l’apporter aussi aux autres.
Quels sont les moyens que nous avons aujourd’hui pour tenir ferme en notre foi au cœur de la souffrance
Trois grands moyens : la prière, les sacrements, la charité
1/ la prière
Si l’on considère que la prière c’est de parler à Dieu avec son cœur (quelque soit la forme concrète de la prière), alors nous comprenons que la prière nous tourne vers Dieu, et nous détourne de nous-mêmes. C’est ce regard vers Dieu qui permet au croyant de tout recevoir de Dieu, de tout lui offrir aussi, et de s’offrir lui-même par amour, certain que Dieu fera finalement tout concourir à son bien .
La prière c’est aussi l’écoute de la parole de Dieu pour nous. Oh certes, la plus part du temps le croyant ne l’entend pas avec ses oreilles, mais bien au fond de son cœur s’il fait suffisamment de silence en lui pour cela. Et si son cœur est tout agité par les épreuves qui l’assaille, alors il y a la lecture même de la parole de Dieu qui est la bible et particulièrement les évangiles. Il va lire et se laisser interpeller par cette parole, ce peut être un passage ou une phrase, un simple mot même, qui résonnera en lui et lui apportera un peu de lumière en ce temps d’épreuve ou de souffrance. Dieu n’afflige jamais une âme au-delà de ses forces et en tout état de cause il lui donne toujours la grâce nécessaire pour passer le cap ! …
2/ Les sacrements
Et un des moyens que Dieu a de transmettre sa grâce se trouve dans les sacrements particulièrement celui de la réconciliation et celui de l’eucharistie, sans oublier l’onction des malades. Ce sont là trois sacrements de guérison, de libération qui est très efficaces s’ils sont vécus dans l’amour de Dieu et dans la foi. Les sacrements ne sont pas des actes magiques, loin de là ! Ils sont une relation vraie et vivante à Dieu qui s’y manifeste à l’homme. Par le sacrement de réconciliation appelé aussi confession, il vient pardonner, purifier, sanctifier, afin que sa grâce puisse de nouveau être active dans le cœur de l’homme. Par le sacrement de l’eucharistie il vient réellement faire sa demeure en notre cœur et nous transmette sa propre vie ! Par le sacrement des malades il vient redonner force à l’âme et bien souvent au corps.
3/ La charité
Mais ce serait faire une grande erreur que de s’arrêter à ses deux premiers points, car Dieu est amour et on ne peut aimer Dieu sans aimer les autres. Le plus grand commandement que le Christ nous donne est celui de nous aimer les uns les autres. Et jamais ils ne nous dit que ce n’est à vivre que lorsque que tout va bien dans notre vie ! Non, l’amour des autres doit être permanent dans notre vie, et c’est justement cet amour agissant auprès des autres qui bien souvent sera aussi source de guérison pour la personne éprouvée.
Compatir aux douleurs de Marie
Et nous comment compatissons nous aux douleurs de Marie
- Prendre le temps de véritablement regarder Marie en son temps et en face de son épreuve … et l’aimer
- Ne pas se contenter de « ça fait pitié »
- Penser aux femmes (hommes) qui comme elles vivent encore ces souffrances-là
- Contempler Marie dans son oui pour le salut des âmes et s’offrir à son service pour nos frères et sœurs : dans la prière, dans les sacrifices, dans l’entraide = compassion
- S’investir corps et âme dans la prière du rosaire (pas du chalala) pour apprendre a vivre chaque mystère au côté de Marie (tous les mystères même ceux ou elle n’apparait pas directement)
Conclusion : quel fruit dans la souffrance ?
Si nous nous laissons faire par Dieu, après la croix nous trouverons la lumière de la résurrection alors nous saurons accueillir la vie « nouvelle » qui s’ouvre devant nous et vivre vraiment en ressuscité, comme Marie ! et comme elle aussi, nous ouvrant à la vie, nous resterons ouvert à l’onction de l’Esprit Saint et pourrons devenir des témoins de vie, des témoins d’amour, des gens qui apprendront aux autres qu’après la nuit, le jour finit par se lever et que la vie est un don sacré qu’il faut recevoir avec reconnaissance et partager avec tous !
Myriam de Gemma avril 2013
Date de dernière mise à jour : 2023-09-14
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