Passioniste de Polynésie

Carême

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Introduction

Nous qui sommes chrétiens, nous avons tous, plus ou moins une idée de ce qu’est le carême, mais ne serait ce tout de même pas intéressant de nous interroger un peu afin d’aller plus loin que nos connaissances, idées ou mêmes habitudes en ce domaine ?

Le carême revenant en effet chaque année, peut être avons nous oublié le sens profond et la conversion concrète qu’il doit faire germer au quotidien de notre vie. Peut-être s’inscrit-il comme une « routine annuelle» dans notre vie de foi. C’est pourquoi nous allons prendre le temps de le  resituer dans son origine, pour enfin aboutir à son but et aux moyens concrets qui sont à notre disposition pour bien le vivre.

1/ Un peu d’histoire

Tout d’abord le mot carême vient du latin «  quadragesima » qui signifie «  quarantième » (sous entendu jour) . Le quarantième jour étant celui de Pâques.

La Pâque c’est la fête qui commémore la mort et la résurrection de Jésus Christ. Cet événement est le fondement même de notre foi.

Si la fête de Pâques a existé dès l’origine de l’Eglise, c’est dès le 2em siècle que l’on voit apparaître un jour pour célébrer la résurrection du Christ. La première mention de son existence est mentionnée en 325 par le Concile de Nicée. Et c’est surtout vers la fin du 4em siècle qu’apparaît réellement le temps de carême. La fête de pâques est tellement importante, tellement centrale dans la foi chrétienne qu’il fallait avoir le temps de se préparer. Cette préparation en cette fin du 4em siècle va prendre la forme de 40 jours de prière et de jeûne. Quarante jours qui commencent alors le premier dimanche de carême. Mais alors on ne compte pas les dimanches comme jour de jeûne, il manquait donc 4 jours pour obtenir ce compte de 40. Dès lors on va mettre ces 4 jours avant le premier dimanche de carême, ce qui nous amène au mercredi. Plus tard ce mercredi deviendra le mercredi des cendres.

La question que l’on peut se poser c’est : pourquoi ce choix de 40 jours ? Dans la bible, le chiffre quarante est très symbolique. 40 est le symbole de l’épreuve, mais pas de n’importe quelle épreuve, c’est celle qui nous prépare à la rencontre de Dieu, celle qui purifie notre cœur.

Ainsi nous trouvons dans la bible :

  • Les quarante jours du déluge (genèse 7/17-18 : - Il y eut le déluge pendant quarante jours sur la terre; les eaux grossirent et soulevèrent l'arche, qui fut élevée au-dessus de la terre. Les eaux montèrent et grossirent beaucoup sur la terre et l'arche s'en alla à la surface des eaux.) 

  • Les quarante ans de la traversée du désert par le peuple hébreu qui fuit l’Egypte et son esclavage pour la Terre promise.( exode 16/35 :  Les Israélites mangèrent de la manne pendant quarante ans, jusqu'à ce qu'ils arrivent en pays habité ; ils mangèrent la manne jusqu'à  ce qu'ils arrivent aux confins du pays de Canaan.) 

  • Les quarante jours aussi de Moïse sur la montagne du Sinaï lorsqu’il reçoit les tables de la loi (les dix commandements) : (Exode 24/18 : Moïse entra dans la nuée et monta sur la montagne. Et Moïse demeura sur la montagne quarante jours et quarante nuits.)

  • Les quarante jours encore du prophète Elie qui lui aussi va sur le mont Sinaï pour rencontrer Dieu. (1 rois 19/16 : Il se leva, mangea et but, puis soutenu par cette nourriture il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb.) 

  • Les quarante jours accordés à Ninive pour leur conversion : (Jonas 3. /4.6 : Jonas pénétra dans la ville; il y fit une journée de marche.  Il prêcha en ces termes : " Encore quarante jours, et Ninive sera détruite.  " Les gens de Ninive crurent en Dieu; ils publièrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis le plus grand jusqu'au plus petit. La nouvelle parvint au roi de Ninive; il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d'un sac et s'assit sur la cendre.)  

  • Les quarante jours enfin de Jésus parti au désert après son baptême. L’évangile nous y montre Jésus en train de prier, de jeûner….et de résister au diable. (cf…Matthieu 4/1 et suivants : Alors Jésus fut emmené au désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable. Il jeûna durant quarante jours et quarante nuits, après quoi il eut faim…..)  

Dès le début de l’Eglise, ce temps est aussi le dernier moment de la préparation au baptême pour ceux qui allaient être baptisés dans la nuit de Pâques.

 En effet à Rome, au 3em siècle, on célébrait une fois par an le baptême des adultes lors de la nuit pascale. Le carême était donc pour eux un temps fort de préparation à ce grand sacrement.

Mais ce n’était pas tout, c’était aussi un temps de pénitence pour les pécheurs qui s’étaient coupés, par leur conduite de la communion de l’Eglise, pour se repentir et pouvoir ainsi revenir à la table du Seigneur, le jeudi saint lors d’une cérémonie de pénitence publique.

Et peu à peu c’est  aussi un temps fort de conversion et de ressourcement pour tous ceux qui bien que baptisés et non coupés de la communion de l’Eglise désiraient un rapprochement plus fort, plus vrai avec le Seigneur.

Mais savons-nous ce qu‘était un «pénitent public» ?  Aux premiers siècles, les croyants qui avaient gravement péché et qui pouvaient être source de scandale par leur conduite, étaient exclus pour un temps plus ou moins long de la communauté. Le mercredi qui précédait la première semaine de carême l’évêque leur imposaient sur la tête les cendres devant toute l’assemblée réunie ; puis il leur fixait la pénitence et les conduisait à la porte de l’église pendant que l’assemblée priait pour eux. Leur réconciliation et leur réintégration dans l’Eglise (qui pouvait avoir lieu selon les cas au bout de plusieurs années !) avait lieu le jeudi Saint à Rome et en gaule ; le vendredi saint à Milan et en Espagne. Le jour de pâques les pénitents pouvaient de nouveau communier au corps et au sang du Christ.

Ainsi donc nous voyons qu’au début de l’Eglise, le carême a un sens communautaire. Ce n’est pas l’affaire d’une personne mais bien celle de toute la communauté des fidèles. Et au 7em siècle, c’est le pape lui même qui préside à ces assemblées. Au moyen âge, le carême était aussi un peu comme la « trêve de Dieu » durant cette période en effet certaines institutions comme les théâtres et les tribunaux étaient fermés.

Pour nous aujourd’hui, bien que nous vivions ces quarante jours de carême de façon plus relâchée, (la discipline du catéchuménat, de la pénitence publique ainsi d’ailleurs que la rigueur de l’abstinence et du jeûne des premiers temps ont considérablement été adoucis) ils n’en restent pas moins des jours de prière, de jeûne, de pénitence, de réparation , pour nous préparer dans la conversion de notre cœur au salut éternel que nous offre Jésus à travers sa mort et sa résurrection .

Une autre question que peut se poser est la date de Pâques. En fait, c’est au Concile de Nicée, en 325, que toutes les Eglises se sont mises d’accord pour que la fête de la Pâque chrétienne soit célébrée le dimanche qui suit la pleine lune après l’équinoxe de printemps. Voilà pourquoi la date de Pâques change chaque année.

En 1582, la réforme du calendrier en Occident va provoquer un décalage de plusieurs jours dans la célébration pascale avec le calendrier oriental. Et aujourd’hui nos deux Eglises d’occident et d’Orient cherchent toujours comment parvenir à célébrer de nouveau la fête de la résurrection du Christ au même moment.

2/ Temps riche en symbole

Le temps de carême se déroule nous l’avons vu sur quarante jours et commence par le mercredi des cendres

 Les cendres

Nous trouvons l’origine des cendres dans l’Ancien Testament. Les Hébreux qui voulaient obtenir le pardon de Dieu s'asseyaient dans des cendres ou s'en couvraient la tête. Lorsque Jonas prédit aux habitants de Ninive que Dieu détruira leur ville s'ils ne deviennent pas meilleurs, le roi lui-même agit ainsi : "Il se lève de son trône, quitte son manteau, se couvre d'un sac et s'assied sur la cendre". (Jonas, 4-6)  Et toute la ville fait de même. 

Ainsi donc nous voyons que dans la bible, la cendre est reliée à la fragilité de l’homme, à son péché

cf judith 4/9.13 Avec une ardeur soutenue, tous les hommes d'Israël crièrent vers Dieu et s'humilièrent devant lui. Eux, leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux, tous ceux qui vivaient avec eux, mercenaires ou esclaves, ceignirent leurs reins de sacs. Tous les Israélites de Jérusalem, femmes et enfants compris, se prosternèrent devant le sanctuaire et, la tête couverte de cendres, étendirent les mains devant le Seigneur .Ils entourèrent d'un sac l'autel lui-même. A grands cris ils suppliaient unanimement et avec ardeur le Dieu d'Israël de ne pas livrer leurs enfants au pillage, leurs femmes au rapt, les villes de leur héritage à la destruction, le Temple à la profanation et à l'ironie outrageante des païens. Attentif à leur voix, le Seigneur prit en considération leur détresse. Dans toute la Judée et à Jérusalem devant le sanctuaire du Seigneur Tout-Puissant le peuple jeûnait de longs jours.

Ainsi lorsqu’un croyant se recouvrait de cendre c’était pour marquer le regret de son péché ou crier vers Dieu sa souffrance. En tout état de cause c’était là un acte de grande humilité marquant le besoin du salut de Dieu.

Le mercredi des cendres

Au début de l’Eglise, nous retrouvons cette utilisation des cendres mais seuls ceux qui avaient gravement péché, nous l’avons dit plus haut, revêtaient « le sac et la cendre » durant tout le temps de leur réintégration au sein de l’Eglise.

Puis vers le 10em siècle, ce geste va être étendu à l’ensemble des fidèles ; marquant ainsi la réalité que tous sont pécheurs et tous ont besoin du salut de Dieu.

Aujourd’hui, la célébration de la cendre se fait plus discrètement, c’est un rite spirituel qui appelle fortement à la conversion. Au cours de la Messe, le prêtre impose les cendres. En procession, les fidèles présents se dirigent vers l'autel en implorant Dieu de changer leur cœur : "Donne-nous, Seigneur, un cœur nouveau,  mets en nous, Seigneur, un esprit nouveau."

Au pied de l'autel, le prêtre trace, avec des cendres, une croix sur le front de chacun en disant: «  Convertissez-vous et croyez à l'Evangile". » 

Cette phrase est tirée d'un texte dans lequel saint Marc nous invite à changer de conduite : "Le moment est venu qu'annonçaient les prophètes. Le royaume de Dieu est là. Changez de conduite et croyez à l'Evangile." (Marc, 1,15)

Le rite des Cendres nous rappelle notre condition humaine. Mortels et pêcheurs nous sommes appelés à la conversion

D’où vient cette cendre ? Simplement des rameaux de buis bénis lors du dimanche des rameaux de l’année précédente et qui ont été brûlés.

Le mercredi des Cendres ouvre ce temps de carême  en nous rappelant que sans le souffle de vie de Dieu, hors de son amour, notre être et notre vie ne sont que poussière.

Assister à la cérémonie des cendres, s’avancer pour être ainsi marqués au front, c’est reconnaître non seulement devant Dieu que nous sommes pécheurs et avons besoin de son salut, mais c’est aussi reconnaître devant les autres notre condition de pécheurs et s’avancer ensemble sur le chemin de la conversion, vers la Résurrection de Jésus en notre vie.

Vivre ainsi la célébration des cendres n’est pas un acte uniquement personnel, c’est aussi un acte de communion, un acte de communauté d’Eglise. Rappelons nous toujours que nous ne sommes jamais chrétien tout seul, mais ensemble avec tous ceux qui croient en Jésus Christ, Fils unique de Dieu, mort et ressuscité pour le salut de tous les hommes.

Et comme le mercredi de cendres est le premier jour de carême il est aussi notre premier jour de jeûne et d’abstinence, c’est un jour de mise en route sur le chemin de la conversion, il est signe que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole venant de Dieu. Et c’est aussi un jour de Jeûne et d'abstinence qui nous appelle au partage avec les plus démunis et à nous tourner vers l'essentiel.

 La liturgie

Durant ce temps de carême, bien des choses seront différentes dans la liturgie

  • Les vêtements liturgiques du prêtre seront violets. Le violet étant la couleur de la pénitence et de la conversion mais aussi de l’obéissance et du service.

  • Les églises ne seront plus ornées de fleurs, mais bien plus sobrement de feuillage marquant ainsi symboliquement la traverser d’un désert.

  • Les chants eux mêmes seront moins festifs, plus sobres. Ainsi durant l’eucharistie on ne chantera pas le Gloire à Dieu ; de même le mot « alléluia » avant la lecture de l’évangile sera supprimé et sera remplacé par un chant qui exprimera généralement l’attente de la résurrection du Seigneur.

3/ But du carême

Le but principal du carême est la conversion personnelle mais aussi une communion plus concrète au Corps du Christ qu’est l’Eglise.

Nous sommes donc invités durant ces quarante jours à tourner le dos à tout ce qui conduit à la mort et à nous tourner (c'est la conversion) vers la source de la vie, de l'amour et de la lumière, c’est à Dire vers Jésus Christ Ressuscité.

Le but du carême est de nous tourner résolument vers l’amour et la miséricorde du Christ pour marcher à sa suite, selon sa parole, selon son appel particulier sur nous.

Le carême c’est donc le temps de :

  • Réfléchir à tout ce qui est superflu dans notre vie afin de nous en débarrasser : c’est dans notre vie de tous les jours en effet que nous avons à vivre la recherche de Dieu, il veut devenir « notre tout, notre unique », mais lui accordons nous suffisamment de temps et d’attention pour l’entendre et essayer de lui répondre. Ou nous laissons nous envahir par tout ce qui fait notre monde ; égocentrisme, égoÏsme, richesse, loisirs pouvoirs, regard des autres etc.) Savons-nous, par exemple nous interroger sur l’esprit de pauvreté de l’évangile et voir comment nous l’appliquons dans notre vie ?

  • Prendre le chemin de l’amour vrai de Dieu, des autres et de nous-mêmes. Le temps de carême doit devenir un moment fort dans ma relation aux autres aussi bien dans le monde des amitiés que celui du travail, etc.….Suis je un véritable artisan du bonheur des autres, du respect des autres, de moi même et de Dieu ?

  • Nous exercer chaque jour à plus de fidélité dans tout ce qui fait notre vie (famille, travail, loisirs, associations, engagements divers, etc.). Dieu nous appelle mais nous a créés libres, savons-nous vraiment vivre notre liberté pour lui être fidèle dans tout notre quotidien ?

  • Nous mettre à l’écoute de la parole de Jésus, en lisant par exemple l’évangile de chaque jour, si nous ne le faisons pas déjà. Savons faire le silence autour de nous (en réduisant la télé, les divertissements par exemple) et en nous aussi  pour prendre le temps de lire la parole mais surtout prendre le temps de la laisser descendre dans notre cœur.

  • Nous poser la question de la réalité de notre engagement au sein de l’Eglise qui est le Corps du Christ. Sommes-nous des serviteurs de l’Eglise… ou uniquement des consommateurs ? Prenons nous le temps de rendre de petits services même occasionnels ou nous contentons-nous seulement d’aller à la messe du dimanche, pour rentrer vite fait chez nous ensuite !

Nous voyons bien que le chemin de la conversion n’est guère facile, qu’il va pour le moins nous falloir surmonter la fatigue, la lassitude, le découragement, les bonnes excuses pour nous arrêter en chemin. Et nous voyons que sans la grâce de Dieu cela est impossible à tenir, d’où la nécessité de la prière et des sacrements notamment ceux de la confession et de l’eucharistie.

Le sens spirituel généralement reconnu pour le Carême est de faire «pénitence» c’est à dire reconnaître avec humilité ses propres fautes et désirer les réparer non pour nous même mais pour l’amour blessé de Dieu !  On ne peut faire réellement pénitence que pour les fautes que nous regrettons sincèrement ! Il nous faut bien savoir qu’il y a plusieurs sortes de regret de contrition :

La contrition imparfaite : on regrette ses fautes par intérêt (ex peur de l’enfer ou du purgatoire …)

La contrition parfaite : on regrette ses fautes par amour du Seigneur.

C’est dans cette dernière que l’on comprend ce que nos fautes ont coûté à Jésus mourant sur la croix, et c’est par reconnaissance de son immense amour pour nous que nous voulons réparer et faire pénitence. Sauvés par le Christ nous voulons être purs et saints pour lui c’est le sens de notre combat du carême  

 Et vous de même, considérez que vous êtes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus. Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel de manière à vous plier à ses convoitises. Ne faites plus de vos membres des armes d'injustice au service du péché ; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu. Romains 6/11.13 

Puissions-nous durant ce carême dire avec l’apôtre Paul : « Il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » 2 corinthiens 5/13

4/ les moyens du carême

Durant ces quarante jours, le temps sera marqué par les efforts des croyants au niveau de la prière, du jeûne, de l’aumône (ou partage), de la pénitence (ou sacrifices), de la réparation. Chacun doit essayer de s'améliorer, d'une façon ou d'une autre.

Si le carême est une démarche spirituelle il est aussi une démarche corporelle qui consiste à faire tendre un peu plus tout notre être vers Dieu. Comme le dit Saint Paul : nous sommes comme des coureurs sur un stade.

Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez donc de manière à le remporter. Tout athlète se prive de tout ; mais eux, c'est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable. Et c'est bien ainsi que je cours, moi, non à l'aventure ; c'est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide. Je meurtris mon corps au contraire et le traîne en esclavage, de peur qu'après avoir servi de héraut pour les autres, je ne sois moi-même disqualifié.  (1 corinthiens 9/24.27) 

Mais à certains moments, on n'a plus envie de courir. On a besoin alors de reprendre souffle au cours de la course, de demander au Seigneur sa force pour continuer. Pour bien vivre ce temps de carême plusieurs moyens sont à notre disposition :

La prière

La prière est une rencontre avec Jésus. C’est vraiment un cœur à cœur avec lui. Peu importe les textes, les paroles, ce qui compte c’est la vérité de notre Cœur devant lui. Prier c’est rendre vraiment vivante la présence du Christ en nous, en notre cœur. Rappelons nous qu’il nous connaît bien mieux que nous même ; il sait bien tout ce que nous avons fait, dit ou pensé, il attend simplement de nous que nous allions à lui en toute vérité , en toute humilité ! Il nous aime, il veut notre guérison, notre délivrance ! Ce temps de carême est un temps privilégié pour faire la vérité avec Lui sur toute notre vie , c’est le temps privilégié pour lui demander son pardon , et sa grâce pour avoir la force de changer , la force de nous convertir à son amour ! Durant ce temps de carême, ne craignons donc pas de prendre des temps de silence auprès du saint sacrement, ne craignons pas de nous approcher des sacrements notamment ceux de la confession et de la réconciliation.

Le désert

Depuis les temps les plus anciens, nous pouvons voir dans la bible, le peuple de Dieu choisir de partir au désert pour rencontrer Dieu Nous l’avons vu plus haut notamment par l’exemple d’Elie. Le Christ lui-même, tout fils de Dieu qu’il est, part au désert avant sa mission.

Pourquoi ?  Parce que le désert est un lieu de dépouillement, un lieu de renaissance intérieure pour l’homme qui se trouve dès lors dégagé de tout ce qui l’encombre dans la vie courante. C’est un lieu d’épreuves, certes, car il n’est jamais facile de se retrouver à nu en face de soi même et de Dieu, mais c’est justement cela qui en fait un lieu privilégié de VIE

Jésus nous montre par son passage au désert que c’est pour nous, le lieu où par la grâce divine nous pouvons vaincre le malin. On ne va pas au désert pour fuir les problèmes de la vie, ou pour trouver simplement du calme dans la solitude. Non ! il faut aller au désert pour vivre le combat de la vraie vie, c’est à dire celui de la rencontre avec Dieu, C’est lui le véritable maître de notre vie, alors allons à sa rencontre pour apprendre de lui comment la vivre selon son cœur, son amour.

Nous avons ici à Tahiti la chance de pouvoir nous retirer facilement en divers lieux de retraite, de désert ( Tibériade, le monastère des clarisses …..) alors pourquoi ne pas profiter de ce temps de carême pour nous y retirer, un peu et nous y remettre entre les mains de Dieu  ?

Le silence

Et si nous ne pouvons partir au désert, nous pouvons toujours essayer de garder un silence extérieur et aussi intérieur au milieu de ceux qui nous entourent ! Certes il ne s’agit pas de ne pas leur parler du tout, de ne pas leur répondre, mais il s’agit de faire l’effort de ne parler que du nécessaire, en quelque sorte à se limiter à l’essentiel. Et puis surtout à limiter tout ce qui est bavardage futile sur autrui, pour ne pas dire médisance ou même calomnie ! Notre langue peut être une arme si redoutable ! "Or, je vous le dis : de toute parole sans fondement que les hommes auront proférée, ils rendront compte au Jour du Jugement ; car c'est d'après tes paroles que tu seras justifié, et c'est d'après tes paroles que tu seras condamné." (Mt 12,36-37).

Savoir se taire et essayer de garder son cœur en présence de Dieu au sein de nos activités quotidienne est source de grande grâce  de communion d’amour avec le Seigneur ! Mais c’est là une grâce que l’on ne peut recevoir que si l’on fait l’effort de se taire extérieurement et intérieurement pour vivre en communion avec Lui !

Nous vivons dans un monde ou nous avons constamment besoin de bruit, de musique, comme si le monde du silence était un monde vide qu’il fallait fuir ! Quelle erreur ! Le silence nous révèle à nous mêmes, et surtout nous révèle la présence de Dieu autrement constructive que les bruits de ce monde ! Chercher le silence c’est s’ouvrir sur une vie intérieure  très riche, mais dont nous avons souvent peur car elle  nous révèle à nous même et que cela ne nous plait guère de nous voir dans toute notre faiblesse ! Pourtant ce pas fait, nous nous découvrons immensément aimés par Dieu au sein même de cette faiblesse, et cela est source de paix de bonheur intérieur intense !

N’ayons pas peur ! Durant ce carême ayons vraiment le courage d’éteindre notre radio, notre télévision, pour découvrir cette merveille de l’amour de Dieu au fond de nous même !  Il est là, il frappe à notre porte, à celle de notre cœur mais nous ne l’entendons pas car il y a bien trop de bruits dans nos vies ! Puisse ce carême nous apprendre à baisser le son pour l’entendre et lui offrir la demeure  de notre cœur.

La pénitence ( ou les sacrifices)

Cela ne concerne pas le corps ou le matériel uniquement mais elle touche aussi et surtout le cœur. La pénitence marque l’orientation de notre cœur dans la reconnaissance de notre péché et dans l’humilité devant le Seigneur. On ne fait pas de sacrifices pour faire des sacrifices mais bien pour marquer concrètement notre regret sincère et notre désir de changer de conduite.

Pour faire pénitence il faut se repentir, mais notons ici que le repentir est différent de la culpabilité. Le repentir véritable est le "retournement" de notre esprit vers Dieu, en étant confiant que le Dieu de miséricorde pardonne nos fautes. La culpabilité est un enfermement de l'esprit sur lui-même, sur ses manquements et ses péchés. La culpabilité doute de la miséricorde et du pardon divins ; elle mène au découragement et même au désespoir.

Faire pénitence implique que l’on croit en la miséricorde infinie de Dieu et c’est entrer concrètement dans cette confiance! Faire pénitence n’est pas un acte de justice de tribunal, on est loin de la notion œil pour œil dent pour dent ! Non la pénitence c’est le fait de marquer à Dieu mon regret sincère de l’avoir blessé dans son amour.

Faire ainsi pénitence, c’est nous détourner volontairement de ce qui dans notre vie nous éloigne de Dieu ou nous coupe même réellement de Lui. Ce peut être renoncer à la télévision, à des plaisirs tels que des sorties en boite de nuit,  mais ça peut être aussi prendre le contre pied de nos défauts de nos mauvaises tendances, ainsi par exemple, si je suis du genre impatient ou colérique je vais faire des efforts pour être patient avec les autres et ne pas me mettre en colère pour un oui ou un non !

Faire pénitence c’est se placer devant Dieu dans l’humilité de l’obéissance quant à sa parole ; à son appel personnel sur nous, appel que nous remettons peut être à plus tard ou auquel nous ne répondons que partiellement.

Je peux vivre la pénitence soit parce que l’on me l’a donnée à faire notamment dans le sacrement de réconciliation, soit parce que moi je désire la vivre, par exemple, pendant ce temps de carême je peux m’imposer quelque chose qui me déplait, ou au contraire renoncer à quelque chose qui me plait, en esprit de repentir. Mais soyons clair, faire pénitence implique de vivre dans l’humilité, hors il peut y avoir beaucoup d’orgueil et même de satisfaction personnelle a vivre de soi même des sacrifices et des pénitences volontaires, (Qu’est ce que je suis une personne bien de faire ainsi pénitence ! etc.)… Aussi il vaut mieux si vous désirez entrer dans ce chemin, le vivre dans l’obéissance à un directeur spirituel. Peut être n’en avez vous pas, alors rien ne vous empêche de trouver un prêtre et lors d’une confession lui demander l’autorisation de vivre telle ou telle pénitence que vous désirez vivre ! L’humilité de l’obéissance aussi est une pénitence et un sacrifice très salutaire ! De plus cela préserve de bien des faux pas et déviations.

La réparation

Nos péchés causent bien souvent du mal autour de nous .Outre le fait que nous devons nous convertir intérieurement pour ne plus commettre ces fautes, nous avons le devoir de réparation !  Parfois nous pouvons réparer concrètement ce mal, parfois nous ne le pouvons pas ! Si par exemple j’ai volé un bien, je peux le rendre, cela s’avèrera sans doute difficile mais non pas impossible, par contre si j’ai causé la mort de quelqu’un je ne peux lui rendre la vie ni rendre cette personne à sa famille.

La réparation consiste, comme la pénitence à marquer notre regret sincère de nos fautes devant Dieu, mais aussi devant les hommes. Elle  est action concrète dans nos relations humaines, non pour notre confort intérieur personnel (notre bonne conscience), mais avant tout par amour des autres.

Si je peux réparer directement le mal fait à quelqu’un alors je dois le faire. Si cela ne m’est pas possible soit par impossibilité matérielle soit parce que la personne n’a pas vraiment connaissance du tort que je lui ai fait (exemple : par médisance ou calomnie) alors inutile de lui faire mal en lui avouant une faute inconnue d’elle, mais par contre rien ne m’empêche d’être plus attentif, plus prévenant envers cette personne !

Je peux aussi prendre la décision de m’engager dans une association qui lutte contre le mal dont j’ai été cause; par exemple si j’ai été cause d’un grave accident , il n’est pas dit que je puisse agir envers la personne accidentée ou même envers sa famille mais peut être puis je m’engager dans une association qui lutte contre les dangers de la route , ou qui s’occupe de malades à l’hôpital …La réparation est acte de justice et acte d’amour , et l’amour n’a pas de limites !

 La réconciliation

Nous avons tous besoin du pardon de Dieu ; nous avons aussi besoin du pardon des autres. Nous le savons bien ! Mais savons-nous pardonner aux autres tout le mal qu’ils ont pu nous faire ! Nous disons chaque jour dans la prière du Notre Père : pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés …. Pourtant bien souvent nous refusons ces pardons, nous restons sur nos blessures, nos rancœurs ! Le carême c’est le temps de pardonner, d’offrir gratuitement notre pardon comme nous avons nous aussi besoin d’être pardonnés ! Cette réconciliation avec nos frères ne peut se vivre en vérité que par la réconciliation de notre volonté avec les exigences de l'amour de Dieu.

Examinons notre cœur, notre vie, rencontrons nous les uns les autres pour parler, partager et nous réconcilier. Et là où cela nous est encore trop difficile, reconnaissons devant le Seigneur notre incapacité d’aimer l’autre comme Lui l’aime  et demandons à Dieu la grâce de pouvoir un jour offrir ce ou ces pardons qui nous semblent si impossibles aujourd’hui

Le jeûne

Dans bien des religions nous trouvons le jeûne.  Pour les musulmans, le jeûne pendant le mois du Ramadan est primordial et il doit être suivi rigoureusement : absence complète de nourriture, de boisson et de relation sexuelle entre le lever et le coucher du soleil. Il exprime la soumission de l’homme à Dieu. On pratique aussi le jeûne dans les religions orientales : hindouisme, bouddhisme …Pour les hébreux, jeûner c’est reconnaître leur relation imparfaite avec Dieu et c’est exprimer clairement la volonté de s‘en rapprocher.

De tous temps nous retrouvons la notion de jeûne dans la vie du peuple juif, Jésus lui même jeûnera souvent, il jeûnera même 40 jours avant le début de sa mission.

…. Aujourd’hui pour nous chrétiens, l’Eglise Catholique ne prescrit le jeûne que deux fois par an, le mercredi des Cendres (entrée en Carême) et le vendredi Saint (célébration de la mort du Christ), par l’absence de viande et d’alcool à midi et une légère collation le matin et le soir. Ceci est le minimum légal, et cela même le pratiquons-nous en vérité de corps mais surtout de cœur ? Avec quel esprit le vivons-nous ? Il semble qu’il soit devenu important aujourd’hui de  retrouver le sens exact du jeûne et la bonne manière de le vivre ; afin non seulement de nous rapprocher de Dieu mais encore de chacun de ses enfants par l’esprit de partage qui doit normalement en découler.

Origine du jeûne.

Nous nous contenterons ici de retrouver les racines du jeûne dans judaïsme, ou il était et est encore une attitude de dépendance à l'égard de Dieu. C’est une façon de s’humilier de toute son âme et son corps devant Dieu,  pour implorer une faveur ou une autre, telle que le pardon des fautes ou un éclaircissement, une confirmation de mission. Il est lié à l'aumône et à la prière, et il implique souvent abstention de bains, de parfums, de relations sexuelles. Le jeûne implique impérativement l'amour des pauvres.

 Pour mieux arriver à trouver la place à donner dans notre vie d’aujourd’hui au jeûne, prenons donc d’abord le temps de regarder comment et pourquoi, il se vivait dans la bible.

 Jeûne de Moïse : exode 34/27. 28 et Deutéronome 9/18.19

Yahvé dit à Moïse : " Mets par écrit ces paroles car selon ces clauses, j'ai conclu mon alliance avec toi et avec Israël. " 28 - Moïse demeura là, avec Yahvé, quarante jours et quarante nuits. Il ne mangea ni ne but, et il écrivit sur les tables les paroles de l'alliance, les dix paroles.  

……Puis je me jetai à terre devant Yahvé ; comme la première fois je fus quarante jours et quarante nuits sans manger de pain ni boire d'eau, à cause de tous les péchés que vous aviez commis, en faisant ce qui est mal aux yeux de Yahvé au point de l'irriter.  19 - Car j'avais peur de cette colère, de cette fureur qui transportait Yahvé contre vous au point de vous détruire. Et cette fois encore, Yahvé m'exauça. 

Dans un premier Moise vit là une rencontre exceptionnelle avec Dieu. Dieu devient alors comme sa nourriture, il reçoit et écrit les paroles divines de l’alliance. Puis dans un second temps, alors qu’il connaît toute la sainteté de Dieu, il voit aussi tout le péché de son peuple, et donc toute la gravité de l’offense qui lui est faite. La colère de Dieu ne peut être que justifiée et l’offense demande réparation, c’est pourquoi Moïse intercède dans l’humilité et la pénitence par le jeûne. Dieu aura pitié de lui et exaucera sa prière. Notons là aussi que Moise ne fait pas dans la demie mesure il jeune quarante jours ….à la mesure de la grâce reçue lors de la Rencontre. Cela signifie qu’il se donne totalement à Dieu  au nom de tout son peuple.

Jeûne de Samuel : 1 samuel 7/3.10

Alors Samuel parla ainsi à toute la maison d'Israël : " Si c'est de tout votre cœur que vous revenez à Yahvé, écartez les dieux étrangers du milieu de vous, et les Astartés, fixez votre cœur en Yahvé et ne servez que lui : alors il vous délivrera de la main des Philistins.  "  4 - Les Israélites écartèrent donc les Baals et les Astartés et ne servirent que Yahvé.   5 - Samuel dit : " Rassemblez tout Israël à Miçpa et je supplierai Yahvé pour vous.  "  6 - Ils se rassemblèrent donc à Miçpa, ils puisèrent de l'eau qu'ils répandirent devant Yahvé, ils jeûnèrent ce jour-là et ils dirent : " Nous avons péché contre Yahvé.  " Et Samuel jugea les Israélites à Miçpa.   7 - Lorsque les Philistins surent que les Israélites s'étaient rassemblés à Miçpa, les princes des Philistins montèrent à l'attaque d'Israël.  Les Israélites l'apprirent et ils eurent peur des Philistins.   8 - Ils dirent à Samuel : " Ne cesse pas d'invoquer Yahvé notre Dieu, pour qu'il nous délivre de la main des Philistins.  "  9 - Samuel prit un agneau de lait et l'offrit en holocauste complet à Yahvé, il invoqua Yahvé pour Israël et Yahvé l'exauça.   10 - Pendant que Samuel offrait l'holocauste, les Philistins engagèrent le combat contre Israël, mais Yahvé, ce jour-là, tonna à grand fracas sur les Philistins, il les frappa de panique et ils furent battus devant Israël.  

Des ennemis menacent le peuple, celui-ci risque d’être totalement détruit. Devant cette menace suprême, le seul recours est Dieu. les Israélites qui reconnaissent en Samuel un saint homme de Dieu, vont lui demander d’intercéder eux et pour appuyer leur demande ils vont aussi jeûner, reconnaissant ainsi dans l’humilité leur faiblesse et leur besoin absolu de secours. Dieu écoutera cette supplication dans le jeûne et répondra par la défaite des ennemis.

Jeûne de David : 2 Samuel 12/16.20

David implora Dieu pour l'enfant : il jeûnait strictement, rentrait chez lui et passait la nuit couché sur la terre nue.   17 - Les dignitaires de sa maison se tenaient debout autour de lui pour le relever de terre, mais il refusa et ne prit avec eux aucune nourriture.   18 - Le septième jour, l'enfant mourut.  Les officiers de David avaient peur de lui apprendre que l'enfant était mort.  Ils se disaient en effet : " Quand l'enfant était vivant, nous lui avons parlé et il ne nous a pas écoutés.  Comment pourrons-nous lui dire que l'enfant est mort ? Il fera un malheur! "  19 - David s'aperçut que ses officiers chuchotaient entre eux, et il comprit que l'enfant était mort.  David demanda à ses officiers : " L'enfant est-il mort ? " et ils répondirent : " Oui.  "  20 - Alors David se leva de terre, se baigna, se parfuma et changea de vêtements.  Puis il entra dans le sanctuaire de Yahvé et se prosterna.  Rentré chez lui, il demanda qu'on lui servît de la nourriture et il mangea. 

Nous avons là un exemple de la prière non exaucée. David a supplié, jeûné, fait pénitence pour son grand péché, et Dieu semble ne pas en tenir compte. l’enfant meurt. David alors accepte la volonté de Dieu et reprends la vie courante. Pourtant cela ne veut pas dire que Dieu ne fut pas touché par la prière de David. Le fait est que plus tard il accordera à David un autre enfant, un enfant qui deviendra un roi de grande sagesse !

Jeûne d’Elie : 1 rois 19/

Alors Jézabel envoya un messager à Élie avec ces paroles : " Que les dieux me fassent tel mal et y ajoutent tel autre, si demain à cette heure je ne fais pas de ta vie comme de la vie de l'un d'entre eux !  "  3 - Il eut peur ; il se leva et partit pour sauver sa vie.  Il arriva à Bersabée qui est à Juda, et il laissa là son serviteur.   4 - Pour lui, il marcha dans le désert un jour de chemin et il alla s'asseoir sous un genêt.  Il souhaita de mourir et dit : " C'en est assez maintenant, Yahvé !  Prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères.  "  5 - Il se coucha et s'endormit.  Mais voici qu'un ange le toucha et lui dit : " Lève-toi et mange.  "  6 - Il regarda et voici qu'il y avait à son chevet une galette cuite sur les pierres chauffées et une gourde d'eau.  Il mangea et but, puis il se recoucha.   7 - Mais l'ange de Yahvé revint une seconde fois, le toucha et dit : " Lève-toi et mange, autrement le chemin sera trop long pour toi.  "  8 - Il se leva, mangea et but, puis soutenu par cette nourriture il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb.  9 - Là, il entra dans la grotte et il y resta pour la nuit.  Voici que la parole de Yahvé lui fut adressée, lui disant : " Que fais-tu ici, Élie ? "  10 - Il répondit : " Je suis rempli d'un zèle jaloux pour Yahvé Sabaot, parce que les Israélites ont abandonné ton alliance, qu'ils ont abattu tes autels et tué tes prophètes par l'épée.  Je suis resté moi seul et ils cherchent à m'enlever la vie.  " 

Le prophète Elie, menacé de mort par la reine Jézabel, s’enfuit en toute hâte sans prendre le temps d’emporter avec lui un minimum de nourriture. Au bout d’un jour, épuisé, et tenaillé par la peur de la reine, il souhaite mourir et se laisse tomber là où il est, priant le Seigneur de reprendre sa vie ! Mais le Seigneur qui a encore besoin de lui au milieu de son peuple, lui vient en aide et le nourrit par l’ange, Ce n’est pas un repas de rois, mais un repas de « désert » une galette et de l’eau ; puis là aussi Elie ayant retrouvé des forces va aller s’enfoncer dans le désert pendant 40 jours, il y fera lui aussi la Rencontre de Dieu ; ce qui lui permettra de revenir servir Dieu au sein de son peuple. 

Jeune de Daniel : Daniel 9 / 8.17

Daniel, ayant à coeur de ne pas se souiller en prenant part aux mets du roi et au vin de sa table, supplia le chef des eunuques de lui épargner cette souillure. 9 - Dieu accorda à Daniel de trouver auprès du chef des eunuques grâce et miséricorde. 10 - Mais le chef des eunuques dit à Daniel : "Je redoute Monseigneur le roi; il vous a assigné chère et boisson et, s'il vous voit le visage émacié plus que les enfants de votre âge, c'est moi qui, à cause de vous, serai coupable aux yeux du roi." 11 - Daniel dit alors au garde que le chef des eunuques avait assigné à Daniel, Ananias, Misaël et Azarias 12 - "Je t'en prie, mets tes serviteurs à l'épreuve pendant dix jours : qu'on nous donne des légumes à manger et de l'eau à boire. 13 - Tu verras notre mine et la mine des enfants qui mangent des mets du roi, et tu feras de tes serviteurs selon ce que tu auras vu." 14 - Il consentit à ce qu'ils lui demandaient et les mit à l'épreuve pendant dix jours. 15 - Au bout de dix jours, ils avaient bonne mine et ils avaient grossi plus que tous les enfants qui mangeaient des mets du roi. 16 - Dès lors, le garde supprima leurs mets et la portion de vin qu'ils avaient à boire et leur donna des légumes. 17 - A ces quatre enfants Dieu donna savoir et instruction en matière de lettres et en sagesse. Daniel, lui, possédait le discernement des visions et des songes.

La loi juive est impérative, on ne doit pas manger de viandes non saignées, pas plus que de l’alcool …Daniel, est encore quasiment un enfant, mais il tient à respecter les prescriptions qui lui viennent de Dieu, à travers la loi de son peuple et il ose intervenir auprès de ses geôliers  pour vivre ce respect de la loi divine. La première réponse de Dieu se manifeste déjà par l’acceptation des geôliers, qui acceptent un test alimentaire pendant 10 jours, la seconde partie de la réponse viendra au bout de ces 10 jours par la bonne santé de Daniel et de ses compagnons. Daniel ose vivre le jeûne légal de son peuple en pays étranger, Dieu lui répondra en puissance faisant de lui un personnage important dans son pays de déportation.

Jeune de la veuve : 1 rois 17/10.16

Il se leva et alla à Sarepta.  Comme il arrivait à l'entrée de la ville, il y avait là une veuve qui ramassait du bois ; il l'interpella et lui  dit : " Apporte-moi donc un peu d'eau dans la cruche, que je boive !  "  11 - Comme elle allait la chercher, il lui cria : " Apporte-moi donc un morceau de pain dans ta main !  "  12 - Elle répondit : " Par Yahvé vivant, ton Dieu !  je n'ai pas de pain cuit ; je n'ai qu'une poignée de farine dans une jarre et un peu d'huile dans une cruche, je suis à ramasser deux bouts de bois, je vais préparer cela pour moi et mon fils, nous mangerons et nous mourrons.  "  13 - Mais Élie lui dit : " Ne crains rien, va faire comme tu dis ; seulement, prépare-m'en d'abord une petite galette, que tu m'apporteras : tu en feras ensuite pour toi et ton fils.   14 - Car ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël :Jarre de farine ne s'épuisera, cruche d'huile ne se videra, jusqu'au jour où Yahvé enverra la pluie sur la face de la terre.  " 15 - Elle alla et fit comme avait dit Élie, et ils mangèrent, elle, lui et son fils.   16 - La jarre de farine ne s'épuisa pas et la cruche d'huile ne se vida pas, selon la parole que Yahvé avait dite par le ministère d'Élie. 

Voilà une femme qui n’a quasiment plus rien à manger, tout juste de quoi faire une dernière galette de farine pour elle et son fils, avant de mourir de faim ! Et que fait-elle ? Elle la partage avec un étranger ! Sa charité, lui vaudra de ne pas mourir de faim ; la farine et l’huile ne s’épuisant pas ! Elle a accepté de se priver de nourriture, de l’essentiel même de sa nourriture par amour d’autrui et  Dieu le lui rend « au centuple »

Jeûne du peuple de Ninive : Jonas 3/5.10

La parole de Yahvé fut adressée pour la seconde fois à Jonas : 2 - " Lève-toi, lui dit-il, va à Ninive, la grande ville, et annonce-leur ce que je te dirai.  3 - Jonas se leva et alla à Ninive selon la parole de Yahvé.  Or Ninive était une ville divinement grande : il fallait trois jours pour la traverser. 4 - Jonas pénétra dans la ville; il y fit une journée de marche.  Il prêcha en ces termes : " Encore quarante jours, et Ninive sera détruite. " 5 - Les gens de Ninive crurent en Dieu; ils publièrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis le plus grand jusqu'au plus petit.   6 - La nouvelle parvint au roi de Ninive; il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d'un sac et s'assit sur la cendre. 7 - Puis l'on cria dans Ninive, et l'on fit, par décret du roi et des grands, cette proclamation : " Hommes et bêtes, gros et petit bétail ne goûteront rien, ne mangeront pas et ne boiront pas d'eau.   8 - On se couvrira de sacs, on criera vers Dieu avec force, et chacun se détournera de sa mauvaise conduite et de l'iniquité que commettent ses mains.  9 - Qui sait si Dieu ne se ravisera pas et ne se repentira pas, s'il ne reviendra pas de l'ardeur de sa colère, en sorte que nous ne périssions point ? " 10 - Dieu vit ce qu'ils faisaient pour se détourner de leur conduite mauvaise. Aussi Dieu se repentit du mal dont il les avait menacés, il ne le réalisa pas.   

Nous retrouvons là les quarante jours ! Quarante jours pour faire pénitence et retrouver Dieu ! Les quarante jours de la dernière chance pourrait-on dire ! Les gens de Ninive du plus petit au plus grands vont croire à cet appel et faire pénitence par un jeûne radical, non seulement on se privera de nourriture, mais encore on s’humiliera avec de la cendre, aux yeux de Dieu mais aussi aux yeux des autres, jeûne rempli d’espoir dans la miséricorde divine. Espoir qui ne sera pas déçu puisque Dieu pardonnera et laissera Ninive en vie.

Jeûne d’Esther : Esther 4/ 16.17

Esther lui fit dire 16 - "Va rassembler tous les Juifs de Suse. Jeûnez à mon intention. Ne mangez ni ne buvez de trois jours et de trois nuits. De mon côté, avec mes servantes, j'observerai le même jeûne. Ainsi préparée, j'entrerai chez le roi malgré la loi et, s'il faut périr, je périrai." 17 - Mardochée se retira et exécuta les instructions d'Esther

De nouveau la menace des ennemis. La reine Esther, juive dans une cour païenne, ose risquer sa vie pour sauver son peuple menacé de destruction par Assuérus roi de Perse. Seulement avant de prendre ce risque elle prie et jeûne pour implorer l’aide de Dieu. Sa prière humble et confiante trouvera grâce auprès de Dieu et le peuple hébreu une fois de plus sera sauvé.

Jeûne d’Esdras : Esdras 8/21.23

Je proclamai là, près de la rivière d'Ahava, un jeûne : il s'agissait de nous humilier devant notre Dieu et de lui demander un heureux voyage pour nous, les personnes à notre charge et tous nos biens. 22 - Car j'aurais eu honte de réclamer au roi une troupe et des cavaliers pour nous protéger de l'ennemi pendant la route; nous avions au contraire déclaré au roi : "La main de notre Dieu s'étend favorablement sur tous ceux qui le cherchent; mais sa puissance et sa colère sont sur tous ceux qui l'abandonnent." 23 - Nous jeûnâmes donc, invoquant notre Dieu à cette intention, et il nous exauça.

Esdras qui doit restaurer la loi de Moïse au sein du peuple et reconstruire la ville de Jérusalem avec la permission du roi de perse rencontre bien des difficultés notamment au travers d’attaques d’ennemis. Il doit faire appel à la protection perse, mais pour bien être sur que Dieu favorisera cette requête, il prie et jeûne, il reconnaît donc en toute humilité son besoin de l’aide divine. Dieu là aussi exaucera la prière.

Jeûne de Néhémie : Néhémie 9/1.3

Le vingt-quatrième jour de ce mois, les Israélites, revêtus de sacs et la tête couverte de poussière, se rassemblèrent pour un jeûne. 2 - La race d'Israël se sépara de tous les gens de souche étrangère : debout, ils confessèrent leurs péchés et les iniquités de leurs pères. 3 - Debout, et chacun à sa place, ils lurent dans le livre de la Loi de Yahvé leur Dieu, durant un quart de la journée; pendant un autre quart, ils confessaient leurs péchés et se prosternaient devant Yahvé leur Dieu.

Nous nous trouvons là en face d’un jeûne rituel, annuel, pour le pardon des péchés, c’est un grand jour de pénitence pour tout le peuple. Jour important ou chacun reconnaissait devant Dieu ses péchés et s’humiliait devant lui.

Jeûne de Jean Baptiste  Luc 1/13.17 et  Matthieu 3/1.6

Mais l'ange lui dit : " Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée ; ta femme Élisabeth t'enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jean. 14 - Tu auras joie et allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance.   15 - Car il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira ni vin ni boisson forte ; il sera rempli d'Esprit Saint dès le sein de sa mère 16 - et il ramènera de nombreux fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu. 17 - Il marchera devant lui avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener le cœur des pères vers les enfants et les rebelles à la prudence des justes, préparant au Seigneur un peuple bien disposé.  " 

…….En ces jours-là arrive Jean le Baptiste, prêchant dans le désert de Judée  2 - et disant : " Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche.  "  3 - C'est bien lui dont a parlé Isaïe le prophète :  Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.   4 - Ce Jean avait son vêtement fait de poils de chameau et un pagne de peau autour de ses reins ; sa nourriture était de sauterelles et de miel sauvage.   5 - Alors s'en allaient vers lui Jérusalem, et toute la Judée, et toute la région du Jourdain,  6 - et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés.

Jean Baptiste connaissait sa mission, il savait qu’il ouvrait la voie au Fils de Dieu, pour cela il vivait dans cette attente, ayant fait vœu de pénitence et de donc de jeûne. Non seulement il tenait son cœur et son âme prêts à la venue du Seigneur, mais encore il y préparait les autres, par le baptême d’eau ou de repentance. Pour recevoir Dieu il faut être pur, toute sa vie était consacrée à cela.

Jeûne des apôtres de Jean Baptiste : Marc 2/18

Les disciples de Jean et les Pharisiens étaient en train de jeûner, et on vient lui dire : " Pourquoi les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent-ils, et tes disciples ne jeûnent-ils pas ? " 19 - Jésus leur dit : " Les compagnons de l'époux peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est avec eux  ? Tant qu'ils ont l'époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. 20 - Mais viendront des jours où l'époux leur sera enlevé ; et alors ils jeûneront en ce jour-là.  

Les disciples de Jean ont appris de lui l’importance, la nécessité même du jeûne, aussi ont-ils du mal à comprendre que les disciples de Jésus ne fassent pas de même. Ce à quoi jésus leur répond que leur temps viendra aussi lorsque lui, leur sera enlevé ! De fait, plus tard ils jeûneront  eux aussi.

Jeûne de Jésus : Matthieu 4/2

Alors Jésus fut emmené au désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable. 2 - Il jeûna durant quarante jours et quarante nuits, après quoi il eut faim. 3 - Et, s'approchant, le tentateur lui dit : " Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.  "  4 - Mais il répondit : " Il est écrit : Ce n'est pas de pain seul que vivra l'homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu "  5 - Alors le diable le prend avec lui dans la Ville Sainte, et il le plaça sur le pinacle du Temple 6 - et lui dit : " Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et sur leurs mains ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre. " 7 - Jésus lui dit : " Il est encore écrit :  Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu. " 8 - De nouveau le diable le prend avec lui sur une très haute montagne, lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire 9 - et lui dit : " Tout cela, je te le donnerai, si, te prosternant, tu me rends hommage. " 10 - Alors Jésus lui dit : " Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte. " 11 - Alors le diable le quitte.  Et voici que des anges s'approchèrent, et ils le servaient. 

Ce jeûne de Jésus est très important car il nous indique notre propre chemin. En effet Jésus n’avait pas réellement besoin de jeûner pour sa mission, pleinement en accord avec Dieu il y était tout à fait prêt. Mais il s’est fait homme pour nous montrer le chemin, et le jeûne fait partie de ce chemin. Qu’y voyons-nous ? Une mise à l’écart dans la solitude et la prière, dans le renoncement à tout ce qui fait le monde à commencer par la rupture de nourriture. Ce jeûne long et radical marque la volonté de se soumettre totalement entre les mains de Dieu et de recevoir toute mission et toute force de Lui. D’ailleurs il est particulièrement intéressant d’y voir que Satan intervient pour essayer de faire tomber Jésus, pour le couper de Dieu et de sa mission. Il n’y parviendra pas. Le jeûne est un moyen physique et spirituel très important dans notre relation à Dieu et dans l’exercice quotidien de l’appel de Dieu sur nous. C’est tellement important que Jésus commence sa mission par là ! Par ailleurs il lui arrivera souvent de se retirer à l’écart dans la solitude et la prière. Il invitera lui même, les disciples a jeûner puisqu’il leur expliquera comment le vivre correctement.

Jeune de Paul : Actes 9/9.12 et actes 27/33

Cependant Saul, ne respirant toujours que menaces et carnage à l'égard des disciples du Seigneur, alla trouver le grand prêtre 2 - et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s'il y trouvait quelques adeptes de la Voie, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem.   3 - Il faisait route et approchait de Damas, quand soudain une lumière venue du ciel l'enveloppa de sa clarté. 4 - Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait : " Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ? " -  5 - " Qui es-tu, Seigneur ? " demanda-t-il.  Et lui : " Je suis Jésus que tu persécutes. 6 - Mais relève-toi, entre dans la ville, et l'on te dira ce que tu dois faire. " 7 - Ses compagnons de route s'étaient arrêtés, muets de stupeur : ils entendaient bien la voix, mais sans voir personne. 8 - Saul se releva de terre, mais, quoiqu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien.  On le conduisit par la main pour le faire entrer à Damas. 9 - Trois jours durant, il resta sans voir, ne mangeant et ne buvant rien.  10 - Il y avait à Damas un disciple du nom d'Ananie.  Le Seigneur l'appela dans une vision : " Ananie ! " - " Me voici, Seigneur ", répondit-il.  -  11 - " Pars, reprit le Seigneur, va dans la rue Droite et demande, dans la maison de Judas, un nommé Saul de Tarse.  Car le voilà qui prie  12 - et qui a vu un homme du nom d'Ananie entrer et lui imposer les mains pour lui rendre la vue. " 13 - Ananie répondit : " Seigneur, j'ai entendu beaucoup de monde parler de cet homme et dire tout le mal qu'il a fait à tes saints à Jérusalem. 14 - Et il est ici avec pleins pouvoirs des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent ton nom. " 15 - Mais le Seigneur lui dit : " Va, car cet homme m'est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites. 16 - Moi-même, en effet, je lui montrerai tout ce qu'il lui faudra souffrir pour mon nom. " 17 - Alors Ananie partit, entra dans la maison, imposa les mains à Saul et lui dit : " Saoul, mon frère, celui qui m'envoie, c'est le Seigneur, ce Jésus qui t'est apparu sur le chemin par où tu venais ; et c'est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l'Esprit Saint. " 18 - Aussitôt il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue.  Sur-le-champ il fut baptisé ;  19 - puis il prit de la nourriture, et les forces lui revinrent. 

Paul en tant que bon juif a dû pratiquer le jeune rituel de son temps, mais ce qu’il vit ici durant les trois jours de sa conversion est autre. Ce n’est plus un acte volontaire, quasi extérieur d’un rite, mais vraiment l’incapacité de manger devant l’ampleur de la faute que lui révèle Jésus. Le Seigneur en effet lui dit : « Je suis Jésus que tu persécutes ». De cette simple phrase Paul comprend a la fois, que Jésus est vraiment Fils de Dieu et Dieu lui même, il comprend que c’est Dieu lui-même qu’il condamne à mort en pourchassant les disciples de Jésus. Cette faute le rend humainement impardonnable, mais voilà que le Seigneur qui lui reproche son crime lui fait en même temps sentir tout son amour ! Jésus n’est pas un Dieu vengeur, il est l’amour, il est le pardon pour tout homme qui se repent. Paul en est bouleversé, tellement bouleversé qu’il en est incapable de manger, il lui faudra la grâce du baptême pour retrouver la force d’avaler quelque chose et de recommencer une nouvelle vie ! Par la suite, Paul jeûnera souvent, jeûne à la fois reçu de son éducation israélite mais aussi jeûne du cœur reçu lors de cette grande conversion. Il en connaît la force et la puissance.

Jeune des apôtres et membres de l’Eglise : 2 Corinthiens 6/4.5

Nous ne donnons à personne aucun sujet de scandale, pour que le ministère ne soit pas décrié. 4 - Au contraire, nous nous recommandons en tout comme des ministres de Dieu : par une grande constance dans les tribulations, dans  les détresses, dans les angoisses, 5 - sous les coups, dans les prisons, dans les désordres, dans les fatigues, dans les veilles, dans les jeûnes ; 6 - par la pureté, par la science, par la patience, par la bonté, par un esprit saint, par une charité sans feinte, 7 - par la parole de vérité, par la puissance de Dieu ; par les armes offensives et défensives de la justice ; 8 - dans l'honneur et l'ignominie, dans la mauvaise et la bonne réputation ; tenus pour imposteurs, et pourtant véridiques ; 9 - pour gens obscurs, nous pourtant si connus ; pour gens qui vont mourir, et nous voilà vivants ; pour gens qu'on châtie, mais sans les mettre à mort ;  10 - pour tristes, nous qui sommes toujours joyeux ; pour pauvres, nous qui faisons tant de riches ; pour gens qui n'ont rien, nous qui possédons tout.   

A travers ce texte de Paul nous voyons bien que dès le début les premiers disciples, les premiers apôtres ont pris au sérieux le vécu du jeûne. Ils le pratiquaient avec foi et confiance en la miséricorde de Dieu. Ils savent bien qu’ils sont humains et donc par là même pauvres pécheurs. Œuvrant à l’œuvre de Dieu au milieu d’autres pécheurs, ils vivent le jeûne à la fois pour eux, et pour les autres, implorant ainsi de Dieu miséricorde pour toute faute et force pour la mission dont ils se savent bien incapables de par leurs propres forces ! Leur jeûne peut être vécu individuellement comme collectivement, car la vie chrétienne est une vie qui se construit  ensemble. Ainsi en est il dans Actes 13/2

- Or un jour, tandis qu'ils célébraient le culte du Seigneur et jeûnaient, l'Esprit Saint dit : " Mettez-moi donc à part Barnabé et Saul en vue de l'œuvre à laquelle je les ai appelés.  "  3 - Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent à leur mission.

Où l’on voit la communauté prier et jeûner avant la mission de deux d’entre eux. Nous avons aujourd’hui malheureusement beaucoup oublié cette importance du jeûne dans la vie de l’église, souhaitons qu’un jour il puisse retrouver sa vraie place et enfin nous redonner les fruits qui lui sont propres.

Le jeûne dans la jeune Église

Durant les premiers siècles de l’église on jeûnait encore régulièrement, comme on peut le lire dans ce texte d’Epiphane (315.403), évêque de Salamine de Chypre : « Qui ne sait pas que le jeûne du quatrième et du sixième jour de la semaine est observé par les chrétiens de par le monde?"

Un jeune de plus longue durée était aussi pratiqué notamment avant la fête de Pâques pour que les chrétiens puissent bien se préparer spirituellement à la célébration de la Résurrection du Christ. Plus le temps va passer et plus ce jeûne va se trouver allégé passant à une journée par semaine, les semaines précédant Pâques. Il est à noter que les premiers chrétiens associaient le jeûne à la pénitence et à la purification. Pendant les deux premiers siècles, on se préparait à recevoir la communion et le baptême par le jeûne volontaire. Par la suite ce jeune devint obligatoire (concile d’Hippone en 393). Au 6eme siècle, le jeûne de carême de quarante jours, correspondant au temps que le Christ a passé dans la tombe, devint un jeûne de quarante jours pendant lesquels un seul repas par jour était permis

Le jeûne dans l’église aujourd’hui

De nos jours, dans l'Église catholique, l'organisation du jeûne et de l'abstinence est laissée en grande partie à l'initiative personnelle et aux évêques; les seuls jeûnes obligatoires pour les fidèles de l'Église catholique sont ceux du Mercredi des cendres et du Vendredi saint. Et pour ce qui est du jeûne avant l’eucharistie, il consiste aujourd’hui à s'abstenir de nourriture et de boisson avant de recevoir la communion. Si avant Pie XII il ne fallait rien avoir mangé depuis minuit pour pouvoir communier le matin, à partir de 1953 ce jeune sera réduit à trois heures. Paul VI en 1964 le réduira à une heure, ce qui est toujours valable aujourd’hui. Notons aussi que ne sont tenues de jeûner que les personne âgées de 14 ans et de moins de 60 ans. Les malades, en sont normalement dispensés.

Je voudrai aussi ici, prendre le temps de mettre un mot sur l’appel du Saint Père au jeûne.  Lisons d’abord sa note du 10mars 1996 :

"Le jeûne", dit le pape, "comporte une sobriété spéciale dans la prise de nourriture, étant saufs les besoins de notre organisme. Il s’agit d’une forme traditionnelle de pénitence qui n’a rien perdu de sa signification... Le jeûne pénitentiel est très différent des diètes thérapeutiques. On peut y voir comme une thérapie de l’âme. En effet, pratiqué en signe de conversion, il facilite l’effort intérieur pour se mettre à l’écoute de Dieu... L’effort de modération dans la nourriture s’étend aussi à d’autres choses... Sobriété, recueillement et prière vont de pair" (10 mars 1996).

Puis son appel au jeûne 2 mois après l’événement du 11 septembre

, le Saint-Père a en effet demandé «aux catholiques que le 14 décembre prochain soit vécu comme un jour de jeûne, au cours duquel nous prierons Dieu avec ferveur afin qu’il accorde au monde une paix stable, fondée sur la justice». Puissions nous entendre encore aujourd’hui cet appel du Saint Père au sein de notre carême actuel , alors même que la paix est toujours loin de trouver sa place en notre monde !

La signification du jeûne.

Si le jeûne en tant que privation de nourriture, de confort corporel, matériel est une action physique elle est avant tout une action issue du cœur et d’un désir de purification et de rencontre vraie avec Dieu. On ne jeûne pas pour jeûner, ce n’est pas une loi c’est un appel à la vérité, à l’amour ! Oublier cela c’est rendre stérile le jeûne et le limiter à une ascèse physique et non spirituelle. Si on décide de jeûner alors il faut le faire avec le cœur et non par que l’on y est obligé ! Il doit être libre et volontaire, surtout s’il s’inscrit dans l’appel de l’Eglise.

Le jeûne est une pratique tournée à la fois vers le passé, vers le présent et vers l’avenir. Vers le passé dans la reconnaissance de nos fautes contre Dieu, les autres et nous-mêmes ; vers le présent en ouvrant les yeux sur la réalité de notre état de pécheur ayant besoin de toute la miséricorde du Christ, vers l’avenir en accueillant en confiance la force de Dieu pour renouveler notre vie et améliorer notre communion avec tous ceux qui nous entourent, avec tout le peuple de Dieu, c’est à dire avec tous les hommes, cela bien entendu dans le concret et le quotidien de notre vie.

Nous l’avons vu plus haut à travers les textes bibliques, les raisons de jeûner peuvent être nombreuses, demande de pardon, appel à une réponse, discernement de vocation, envoi en mission …..Etc. Aujourd’hui encore, même si nous n’en n’avons pas toujours conscience ces raisons sont valables et le jeûne est un des moyens que nous pouvons utiliser. Malheureusement nous le considérons comme dépassé

De plus si le jeûne trouve sa raison d’être particulièrement en cette période de carême, ce n’est pas là seulement qu’il doit se vivre. En tout temps en effet la vie du chrétien se doit être une vie d’amour mais aussi de pénitence, car c’est tout le temps que nous sommes pécheurs. Certes il est plus facile de dire actuellement  ‘ « Vivez comme vous voulez, suivez vos envies ; vos caprices, Dieu est tellement bon qu’il pardonne tout, et puis la Croix nous a sauvé, alors pourquoi s’en faire !…. » C’est un langage que nous entendons facilement autour de nous, mais quelle grave erreur ! La foi en effet sans les œuvres, comme nous le dit St Jacques est une foi morte ! 

A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu'un dise : " J'ai la foi ", s'il n'a pas les œuvres  ? La foi peut-elle le sauver ? Jacques 2/14

Certes le Christ nous as sauvé par sa mort et sa résurrection, mais il nous appelle aussi à devenir saint comme lui est saint et cela ne se peut sans conversion, sans reconnaissance humble de notre état de péché, de notre faiblesse, sans effort de réparation, d’amendement Et le jeûne est un des moyens de réparation qui nous est offert.

Puissions-nous comme le dit St Paul à travers nos jeûnes et toute notre vie être tout offerts au Père :

Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre.   2 - Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.    Romains 12/2.3

Certes ce n’est pas là un langage que nous aimons entendre tous les jours, mais puissions-nous au moins nous laisser rejoindre par lui en ce temps de carême.

Les bénéfices du jeûne

Jeûner nous ouvre à la parole de Dieu, à son écoute et à son accomplissement car le jeûne est toujours vécu en étroite liaison avec la prière, et c’est dans la prière que nous implorons le pardon divin, c’est aussi dans la prière que nous expérimentons la miséricorde de Dieu et la conversion du cœur. Jeûner libère notre esprit, notre cœur et nous ouvre à l’amour des autres, à la charité fraternelle  et aussi à l’adoration.

Celui qui vit régulièrement le jeûne expérimente vite que cela le rapproche de Dieu et il voit aussi les changements non seulement dans sa vie, mais aussi dans la vie de ceux pour qui il prie et jeûne. Le jeûne en effet est une forme d’intercession, une forme d’intercession tellement importante que le curé d’ars le vivait quotidiennement, se contentant pour toute alimentation …de patates cuite à l’eau !!! … Et quelles conversions n’a-t-il pas obtenues dans son ministère !

Comment jeûner

Prenons ici le temps de voir plus clairement le jeûne qui plait à Dieu afin d’en tirer les leçons nécessaires pour nous même dans ce domaine

Isaïe 58/1.10

Crie à pleine gorge, ne te retiens pas, comme le cor, élève la voix, annonce à mon peuple ses crimes, à la maison de Jacob ses péchés.   2 - C'est moi qu'ils recherchent jour après jour, ils désirent connaître mes voies, comme une nation qui a pratiqué la justice, qui n'a pas négligé le droit de son Dieu.  Ils s'informent près de moi des lois justes, ils désirent être proches de Dieu.   3 - " Pourquoi avons-nous jeûné sans que tu le voies, nous sommes-nous mortifiés sans que tu le saches ? " C'est qu'au jour où vous jeûnez, vous traitez des affaires, et vous opprimez tous vos ouvriers.   4 - C'est que vous jeûnez pour vous livrer aux querelles et aux disputes, pour frapper du poing méchamment.  Vous ne jeûnerez pas comme aujourd'hui, si vous voulez faire entendre votre voix là-haut!  5 - Est-ce là le jeûne qui me plaît, le jour où l'homme se mortifie ? Courber la tête comme un jonc, se faire une couche de sac et de cendre, est-ce là ce que tu appelles un jeûne, un jour agréable à Yahvé ?  6 - N'est-ce pas plutôt ceci, le jeûne que je préfère : défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug; renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs ?  7 - N'est-ce pas partager ton pain avec l'affamé, héberger chez toi les pauvres sans abri, si tu vois un homme nu, le vêtir, ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair ?  8 - Alors ta lumière éclatera comme l'aurore, ta blessure se guérira rapidement, ta justice marchera devant toi et la gloire de Yahvé te suivra.   9 - Alors tu crieras et Yahvé répondra, tu appelleras, il dira : Me voici! Si tu bannis de chez toi le joug, le geste menaçant et les paroles méchantes,  10 - si tu te prives pour l'affamé et si tu rassasies l'opprimé, ta lumière se lèvera dans les ténèbres, et l'obscurité sera pour toi comme le milieu du jour.  

Nous voyons bien là que le jeûne est l’expression d’une recherche de Dieu, mais pour que cette expression soit vraie et capable d’être bien reçue de Dieu elle doit s’accompagner de certaines règles notamment d’une observance de la loi, (10 commandements entre autre) de la charité, de la justice. Se tourner vers Dieu à travers le jeûne implique de nous préoccuper non seulement de nous-mêmes mais aussi des autres, de les aimer comme Dieu lui-même les aime. Crier vers Dieu, pour quelque raison que ce soit et ne pas vivre selon sa parole, ou tout au moins faire l’effort de vivre selon sa parole ne rime pas à grand chose ; Le jeûne en effet implique une certaine intimité avec Dieu, une relation de confiance et d’amour, car en tout état de cause il ne peut être une simple manœuvre de parodie de justice, voir de chantage commercial : «  je jeûne donc Dieu va être obligé de m’écouter, il va me donner ce que je lui demande . » Non ! Pour que la grâce du jeûne soit effective il faut l’élan du cœur dans un vrai désir de  conversion et dans un élan profond d’amour et de confiance.

Par ailleurs le jeûne ne doit pas être fait de façon orgueilleuse voir hypocrite, pour être vu à la face du monde. Jeûner ne peut en aucun cas être un titre de gloire, il est un acte d’humilité, d’humilité devant Dieu et devant les hommes ainsi que Jésus nous le dit lui même :

Matthieu 6/16.18

" Quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites : ils prennent une mine défaite, pour que les hommes voient bien qu'ils jeûnent.  En vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense.   17 - Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage,  18 - pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.   

Notons ici que se parfumer n’implique pas de faire dans le luxe, voir dans l’extravagance … bref d’en rajouter ; mais bien de faire en sorte que rien de notre jeûne ne paraisse en dehors. Maintenant que tout ceci est précisé, voyons quels sont les différents types de jeûne que nous pouvons vivre :

Il y a d’abord le jeûne partiel qui consiste à s‘abstenir de certains aliments

Puis il y a le jeûne normal qui consiste à s’abstenir de tous solides et liquide à l’exception de pain et d’eau ou uniquement d’eau

Enfin il y a le jeûne absolu qui consiste à s’abstenir de tout solide et liquide y compris l’eau.

Notons aussi que par jeûne nous pouvons supprimer autre chose que des aliments, ce peut être tout plaisir comme la télé, le téléphone portable, le tabac, l’alcool, la lecture de certains livres, les loisirs, les relations sexuelles …. Toutes ces choses qui tiennent une certaine place dans notre vie. Ce peut être aussi raccourcir raisonnablement notre temps de sommeil pour prier pendant ce temps là.

Pour certaines personnes qui font des jeûnes de longue durée c’est à dire plusieurs jours d’affilée, le jeûne peut  être de limiter la consommation alimentaire à un repas par jour, en faisant bien attention de ne pas aller jusqu’à satiété.

Ce qui nous amène à la question de la durée du jeûne. Cette durée peut être très variable selon les cas. L’église n’impose que deux jours de jeûne officiels, le mercredi des cendres et le vendredi saint, mais elle n’empêche pas de jeûner en d’autres moments et occasions selon que nous le voulons, elle conseille seulement de se montrer prudents et surtout de le faire dans l’obéissance à un directeur spirituel. En effet il peut y avoir des risques de santé dans les jeûnes prolongés et le discernement est nécessaire. Le jeûne ne doit pas nous empêcher de vivre nos responsabilités et encore moins altérer notre santé, il doit s’inscrire dans la réalité de notre vie. On peut jeûner ainsi un jour, plusieurs jours, une semaine, plusieurs semaines, un mois … Certains grands saints ont fait du jeûne une pratique quotidienne durant toute leur vie, mais peu de gens en sont capables et surtout peu de gens sont appelés à cela.

Sachons bien aussi que cette voie d’austérité n’est pas une fin en soi, mais seulement un moyen, une route, que l’on prend aujourd’hui que demain nous ne prendront peut-être pas, parce que nous en suivrons une autre. Rappelons nous aussi que ce n’est pas parce que nous même nous jeûnons que tout notre entourage doit aussi jeûner. Le premier jeûne est celui qui vient du cœur, il est volontaire et personnel même s’il s’inscrit dans une dimension communautaire.

Il faut par ailleurs aussi savoir que s’engager dans la voie du jeûne c’est s’engager dans un chemin de conversion donc dans un chemin ou le malin n’aura plus sa place, et cela il ne l’apprécie pas. Aussi celui qui jeûne, surtout s’il vit ce jeûne de façon régulière et selon le cœur de Dieu, doit s’attendre à des combats spirituels, à de fortes tentations. Qu’il ne se trouble pas, ne se culpabilise pas de cela, mais qu’il voit son directeur spirituel et suive ses conseils.

Le jeûne demeure une démarche de foi et de pénitence qui plaît à Dieu, pourvu que tout se passe dans l’humilité, le regret des péchés et un désir d’aimer le Seigneur. Prière, jeûne et charité sont inséparables.

L’aumône

Et nous en arrivons ici à la partie consécutive du jeûne. Comme le dit St Jacques, la foi doit s’accompagner des œuvres et la première œuvre que le Seigneur nous demande c’est bien d’aimer notre prochain. Si donc par la prière et le jeûne je me rapproche de Dieu, je me rapproche aussi de sa parole et donc de son application dans ma vie courante.

Saint augustin écrit cela dans les termes suivants : " Le jeûne et l'aumône sont les deux ailes qui soulèvent jusqu'à Dieu la prière du carême. "

Si le jeûne alimentaire ou autre à sa propre valeur en lui même il en prend un plus grande encore lorsqu’on lui adjoint l’aumône, donc le partage de notre surplus avec tous ceux qui sont dans le besoin. C’est pour cela que durant le temps de carême l’église nous propose de mettre de côté l’argent des repas pour le donner ensuite. Mais soyons sincères, si notre aumône s’arrête à ce temps de carême, on peut se demander quelle est sa valeur exacte ! Et surtout quels sont nos vrais sentiments envers les plus démunis, car enfin ceux ci ne sont pas démunis que durant la période de carême ! Non, le jeûne doit nous ouvrir à une bien plus grande charité, une charité qui s’exprimera tout au long de l’année. L’amour n’a pas de frontière, ni de lieu, ni de temps.

Rappelons nous bien cette phrase en Matthieu 25/40: « Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites". C’est une parole très forte, très exigeante si nous y réfléchissons un tant soit peu. A chaque fois que je refuse mon aide à quelqu’un, de quelque façon que ce soit, c’est à Jésus même que je le refuse ! Que lui dirons nous à ce sujet lorsque, après notre mort nous paraîtrons devant lui et qu’il nous demandera comment nous l’avons aimer !…La parole est forte, l’enjeu est grand si nous en croyons Matthieu  25/34.43

Alors le Roi dira à ceux de droite : "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde.   35 - Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli,  36 - nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. "  37 - Alors les justes lui répondront : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer,  38 - étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir,  39 - malade ou prisonnier et de venir te voir ?"  40 - Et le Roi leur fera cette réponse : "En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. "  41 - Alors il dira encore à ceux de gauche : "Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. 42 - Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire,  43 - j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité. " 

Certes le Christ nous a sauvés du péché originel et de la mort éternelle qui en découlait, mais il ne nous a en aucun cas dispensés de l’amour et de la charité ! Puissions-nous tout au long de ce carême, ouvrir en nous le chemin du cœur non seulement pendant ce temps mais pour toute notre vie. Nous avons aujourd’hui tant de possibilités de faire l’aumône et la charité, soit directement de personne à personne, soit en passant par les multiples associations existantes ! Nous en connaissons tous, et puis si nous n’en connaissons pas, l’annuaire des postes existe, il suffit de se renseigner. Alors ouvrons simplement notre cœur et lâchons un peu de notre surplus, et même plus ! Ce trésor dissipé sur terre en est un pour le ciel !

Rappelons-nous bien que si nous donnons ce ne doit pas être par obligation morale ou religieuse, ni par un marchandage avec Dieu, du style : « j’ai donné aux pauvres donc j’aurai une meilleure place au ciel ! » Non, notre aumône doit vraiment procéder de notre cœur il doit être un acte d’amour pur et désintéressé, un acte d’amour aussi qui ne fait jamais sentir à l’autre qu’on lui vient en aide et encore moins qu’il nous doive quelque chose ! L’aumône est un acte d’amour pur et donc gratuit !

 En conclusion

 Notre carême doit se fixer sur trois axes essentiels, la prière, le jeûne et la charité. Ces trois pôles sont nécessaires pour une vraie rencontre avec Jésus Christ mort ressuscité pour nous.

Nous nous préparons à la grande fête de Pâques, nous allons accueillir le Ressuscité, Celui qui nous ouvre les portes de la vie éternelle, préparons nous donc à l’accueillir avec ce qu’il aime le plus : l’humilité, l’obéissance et l’amour. Convertissons non seulement nos habitudes mais surtout notre cœur, que toute notre vie puisse être offerte à Dieu afin que selon son désir ce soit lui qui vie en nous et non plus nous-mêmes !

 

Myriam de Gemma
Mai 2013

Date de dernière mise à jour : 2023-02-25

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