Février 2015 le combat spirituel
Le combat spirituel
Vendredi soir
Définition
« Le combat spirituel désigne l’effort de l’homme visant à supprimer, aidé par la grâce divine, les obstacles qui proviennent de ses limites, de ses refus et s’opposent à Dieu. Ce combat est de l’ordre intime car il se situe dans l’âme et le cœur écartelé entre ce que nous sommes en réalité et ce que nous percevons de meilleur pour une vie spirituelle plus grande, plus profonde. Par le combat spirituel, l’homme apprend à triompher de ses divisions intérieures pour se laisser habiter par la paix de Dieu. Son appui principal est la prière. »
http://www.eglise.catholique.fr/glossaire/combat-spirituel/
Plusieurs termes sont importants
1/ l’effort de l’homme ceci sous entend que c’est librement volontairement que l’on entreprend ce chemin de combat de conversion. cela signifie aussi que la vie de foi n’est pas un long chemin tranquille sans difficulté sans souffrance, la vie de foi s’inscrit au cœur même de notre vie sociale, familiale, professionnelle , d’église et surtout dans la vérité de notre cœur . Il n’y a pas de vie chrétienne solide sans effort personnels de conversion.
2/ aidé par la grâce divine ; le combat spirituel ne peut se gagner qu’avec la grâce de Dieu, ce n’est pas un combat à la force de nos poignets, il se vit dans l’humilité de la dépendance de Dieu qui est source de toute grâce. Autrement cela devient une démarche ou la volonté propre et l’orgueil ont la première place, et dès lors nous avons perdu la partie parce que vivons cet effort en dehors de Dieu !
3/ pour une vie spirituelle voila le véritable but de ce combat ! Le combat spirituel se vit dans le désir de vivre plus saintement, plus en accord avec la parole de Dieu, plus en accord avec son appel personnel au cœur de notre vie. Chaque chrétien est unique, chaque chrétien a sa vocation propre dans le cœur de Dieu. Ainsi la conversion ne se vit pas pour paraitre bien aux yeux des autres, pour être fiers de nous-mêmes, mais uniquement pour correspondre à l’amour de Dieu, car c’est cela la vie spirituelle : vivre en pleine harmonie avec l’amour de Dieu pour nous !
4/ Son appui principal est la prière. Si la grâce vient de Dieu alors il faut la lui demander …. C’est le rôle de la prière, de la vraie prière, qui n’est pas faite de formules toutes faites , mais bien de la vérité de notre cœur , au sein même de nos difficultés de nos refus, de notre misère … Il ne peut y avoir de vraie conversion sans prière , il ne peut y avoir de combat spirituel sans la grâce de Dieu !
Durant ce week end , nous allons essayer de saisir ce qu’est le combat spirituel d’une manière générale , mais surtout , durant les temps de silence et de prière , je vous invite a vous mettre en vérité devant le Seigneur , le laissant vous montrer vos points faibles , et lui permettant de venir vous toucher au plus profond de votre cœur afin que votre vie spirituelle grandisse et devienne une vraie relation d’amour ou Dieu aura la première place, quelque soit votre vie sociale , familiale , professionnelle , ou d’église ….
Ce week end c’est le Seigneur qui vous donne rendez vous, pour vous faire grandir dans l’amour !
Samedi matin 1
Pourquoi le combat spirituel ?
Ecoutons Matthieu
" Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. " Matthieu 5/47
C’est le sens profond du combat spirituel : être parfait comme Dieu est parfait …
Pas besoin d’être un grand théologien pour se rendre compte que nous sommes bien incapables d’être parfait. Car il y a la faiblesse de notre nature et puis il y a le malin qui essaie par tous les moyens de nous éloigner du Seigneur.
Alors on peut se poser la question : Avons-nous une chance de gagner ce combat ? Avec nos seules forces c’est impossible, mais avec l’aide de Dieu, ça l’est tout à fait … La vie des saints nous le montre très clairement ….
Une précision... Bien souvent, on entend les gens mettre le malin comme cause de tous leurs malheurs, à croire qu’il est aussi puissant que Dieu. C’est une erreur ! Le malin n’est qu’une créature et Dieu l’a d’ors et déjà vaincu ! Alors il faut savoir en qui nous mettons véritablement notre foi. Si Dieu nous appelle à être parfaits c’est qu’il peut réaliser cela en nous, en chacun de nous … à condition que nous acceptions de prendre ce chemin avec lui !
Il faut aussi avoir conscience que l’homme n’est pas une marionnette manipulée par Dieu ou par le diable... Ce qui est bien me vient de Dieu, ce qui est mal c’est le malin …. Et que faisons-nous alors de notre responsabilité, de notre liberté devant le choix du mal ou du bien ? L’homme n’est pas un Pinocchio ! Il est libre, réfléchi et capable de faire pleinement ses choix !
Ligne générale
Le combat chrétien est un combat contre le mal. Un combat contre le mal en nous mêmes mais aussi contre le mal dans le monde. On voudrait faire le bien et on ne le fait pas ! La faiblesse de notre nature humaine est le lieu même du combat spirituel ainsi que l’écrit St Paul
Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur; mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres. Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ?... Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur !. Romains 7:22-25
Le combat chrétien est différent de tout autre combat en ce sens qu’il ne peut être basé que sur l’amour et non, comme les combats du monde, sur la colère, l’égoïsme, la rancœur, le pouvoir, la domination. Si dans notre combat, il y a manque d’amour, alors arrêtons-nous là, rentrons en nous-mêmes, plaçons-nous devant le Père, demandons lui sa lumière et revenons à lui de tout notre cœur. L’amour est la seule arme véritable du combat chrétien, quelque forme que celui-ci puisse prendre.
Vous donc, les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, revêtez des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d'humilité, de douceur, de patience ; 13 supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l'un a contre l'autre quelque sujet de plainte ; le Seigneur vous a pardonnés, faites de même à votre tour.14 Et puis, par dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection. Colossiens 3/12.14
Tout combat chrétien se rattache au sacrifice du Christ. Il nous faut donc reconnaître avoir été sauvé par Lui. Ensuite, dans cette reconnaissance, il nous faut garder l’humilité; enfin il nous faut vouloir Son combat et non le nôtre ; et pour vivre Son combat, il faut être prêt à le suivre jusqu’à la croix ; donc renoncer à toute apparence glorieuse aux yeux du monde ! Renoncer même à toute gloire à nos propres yeux ! Car mener Son combat, c’est prendre la même route que Lui, donc être crucifié avec Lui, sachant bien que notre gloire n’est pas de ce monde mais de celui du Père !
Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.18 Si le monde vous hait, sachez que moi, il m'a pris en haine avant vous.19 Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tiré du monde, pour cette raison, le monde vous hait.20 Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront ; s'ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi ils la garderont.21 Mais tout cela, ils le feront contre vous à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé. Jean 15/17.21
Il est à noter que le combat spirituel n’est jamais dirigé contre les autres ; ni d’ailleurs contre nous-mêmes mais seulement contre la puissance du mal qui nous coupe de l’amour de Dieu et qui fait tant de dégâts en ce monde. Le combat spirituel se vit d’abord en soi-même avant de se vivre dans le monde.
De l’amour de moi à l’amour des autres et de Dieu
Si nous regardons à notre vie, à notre être, nous avons besoin d’être aimés et de nous aimer nous-mêmes … une personne qui ne s’aime pas déprime , se laisse mourir L’amour de soi fait partie de notre condition d’enfant de Dieu … rappelez vous le second commandement de Jésus
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » S’aimer soi même est donc une bonne chose, mais attention c’est une bonne chose à condition qu’elle ne m’empêche pas d’aimer les autres autant que soi-même …
Et si l’on regarde à nos difficultés de relation avec les autres, à nos mauvais comportements, il est clair que c’est souvent a cause de notre égo... De note pito …
Le combat spirituel consiste donc en grande partie à savoir se détourner de notre « moi », de note pito, pour rechercher Dieu, pour chercher à vivre dans l’amour de Dieu , plus exactement pour faire correspondre notre vie, à son amour pour nous .
Le combat spirituel ne se situe donc pas dans la légalité du « tu as le droit ou tu n’as pas le droit », mais bien dans la question de Jésus à chacun de nous : « m’aimes-tu ? »
3 grandes faiblesses humaines
Pour répondre vraiment à cette question il faut avoir conscience de 3 grandes faiblesses humaines …. Et nous y succombons tous à divers moments, en diverses circonstance.
1/ la convoitise
Tout être humain a en lui une tendance à posséder pour soi, et pour posséder il n’hésitera pas à s’accaparer des choses même malhonnêtement au détriment d’autrui. Et notre société matérialiste, notre société de consommation a développé cela ; nous vivons dans un monde où pour être reconnu, être respecté, il faut avoir des biens matériels, et cela conduit à tout faire pour avoir le dernier produit à la mode, pour avoir mieux que le voisin… et tant pis si pour cela nous ne sommes plus disponibles à nos proches, parce qu’il nous faut travailler et travailler encore… On sacrifie à l’argent, on sacrifie au matériel ... on n’est plus dans l’amour de soi et encore moins dans l’amour de Dieu et des autres, car celui qui amasse ainsi n’a plus de quoi donner aux autres, il vit pour lui-même !
La question se pose donc a nous : quelle est notre relation au matériel ? Sommes-nous conscients de cet esprit de consommation auquel nous sacrifions parce que la société nous y entraine ? Qu’est-ce que l’essentiel pour moi ? Sans doute ne sommes nous pas toujours en train de vouloir posséder, mais osons regarder à notre vie, à notre cœur, c’est une vérité que le Seigneur attend de nous aujourd’hui pour nous libérer et nous aider à retrouver le sens profond de la vie , le sens profond de l’amour de nous-mêmes, des autres et de Lui.
2/ la vanité
Nous avons tous un besoin d’être reconnu et aimé et cela n’est pas une mauvaise chose en soi, puisque si on raisonne un tant soit peu sur le second commandement ; « aime ton prochain comme toi-même » , cela signifie que mon prochain à besoin d’être aimé et reconnu , mais moi aussi je suis le prochain des autres, j’ai donc également ce besoin d’être reconnu et aimé... Mais jusqu’où cela va-t-il ?
Ce besoin doit normalement s’inscrire dans un mouvement de « va et vient » Je reconnais l’autre et il me reconnait, on est dans une dimension fraternelle où l’amour est comme un courant qui donne vie.
Mais si ce besoin d’être reconnu et aimé se focalise totalement sur moi-même, alors il devient nocif, et on touche là à la vanité, à la vaine gloire, à l’encensement ; et cette vanité là devient alors le vrai moteur de nos actions qui vont tout ramener à nous-mêmes au détriment des autres …. Et là on est aussi très loin de l’amour des autres et de Dieu
Certes, comme pour la convoitise on n’est sans doute pas toujours dans cette démarche de gloire, de vanité, pourtant si l’on regarde bien à notre vie, il y a bien des fois, ou des domaines dans lesquels nous sommes, nous aussi vaniteux, à la recherche de notre propre gloire… Jésus nous invite donc ici à faire une réflexion sincère sur notre vie sur notre cœur, afin qu’il puisse là aussi intervenir au plus profond de nous-mêmes, pour que nous devenions capables d’aimer comme lui en sachant nous effacer, nous mettre en second plan.
3/ La domination
L’être humain a en lui la capacité de s’organiser, de gérer les choses, il a en lui aussi la capacité de créer, de maitriser le temps, les évènements. Mais là encore jusqu’où cela va-t-il ? Sommes nous vraiment dans le service ou dans la recherche d’audience, de maitrise des choses et des gens, pour parvenir à nos fins ? On voit souvent des personnes qui ont commence un service, de tout leur cœur, avec un réel désir de servir et pourtant ils finissent par devenir de vrais propriétaires de leur taches comme si c’était leur trône, et dès lors nul ne peut faire face à leur autorité, à leur esprit de pouvoir qui domine ! Nous connaissons tous des personnes comme cela… et nous avons parfois bien du mal à les supporter, à vivre avec elles. Mais posons-nous la question en toute honnêteté. Est-ce que parfois, nous ne sommes pas comme cela nous aussi ? Est-ce que notre besoin de gérer les choses, de maitriser les évènements, ne nous amène pas nous aussi à dominer notre entourage, que cela soit dans notre famille, dans notre milieu professionnel, dans nos engagements associatifs, dans notre engagement d’Eglise ?
C’est là aussi une vérité qu’il faut faire en nous devant Jésus, car sans cette vérité nous ne pourrons pas demander au Seigneur d’intervenir en notre cœur, en notre vie …
Ces trois difficultés ne sont pas les seules que l’être humain rencontre, mais celles là sont importantes car elles ouvrent la porte à bien des dérives, à biens des péchés et en prendre conscience, c’est demander au Seigneur de venir toucher le péché de notre vie a la racine même de notre cœur … C’est lui demander de faire de notre cœur de pierre un cœur de chair !
Des difficultés dans le combat spirituel
Tout chrétien est un être humain avec ses faiblesses ses limites, mais suivant ce que nous avons vécu ce combat peut s’avérer plus ou moins difficile. Difficile ne veut pas dire impossible, cela signifie simplement que chacun va devoir aller au rythme de ce qu’il est, de ce qu’il peut. Si le but, à savoir vivre pleinement dans l’amour de Dieu est le même, le chemin lui sera différent pour chacun.
Il est donc important de savoir tenir compte de notre passé (éducation blessure …), de notre vécu familial, de notre cadre de vie actuel.
Dans toute vie chrétienne il faut savoir tenir compte de notre environnement, pour cheminer dans la conversion. Chacun a son chemin et nul ne peut imposer le sien aux autres.
Cela implique aussi pour chacun de faire la vérité, et de savoir accepter ses limites dans l’humilité et dans la confiance en l’amour de Dieu qui peut tout, là où nous mêmes ne pouvons rien. Il ne faut jamais oublier que tout être humain est créature de Dieu et aimé de Dieu. il ne faut jamais oublier que tout péché peut être pardonné, et que Dieu veut le salut de tous sans exception … Entamer un chemin de conversion, entrer dans le combat spirituel n’est jamais en vain , car le Seigneur n’abandonne jamais les siens .
Certes qui dit combat dit efforts, qui dit efforts dit fatigue, souffrance, voir découragement, mais au bout il y a toujours la lumière de l’amour de Dieu.
Samedi matin 2
En tant que chemin de conversion Quelques règles générales
Le combat spirituel doit se vivre :
Avec l’aide de Dieu car sans lui nous ne pouvons absolument rien. Il est évident que ce n’est pas par nos propres forces que nous gagnerons le combat contre le mal.
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent. Psaume 24:3
Dieu n’est pas une arrière garde de secours dans nos difficultés, c’est notre général de cavalerie ! Tout combat en dehors de lui est une utopie, une défaite assurée par notre orgueil. L’orgueil en effet, nous fait perdre d’avance tout combat car il est fruit du malin et non fruit de l’Esprit Saint. Apprenons donc à fuir toute forme d’orgueil et efforçons-nous de vivre l’humilité. Reconnaissant en tout notre néant et remerciant Dieu pour tout ce qu’il nous donne. S’il est exact et primordial que nous fassions concrètement effort pour combattre nos péchés et nos défauts, il est tout aussi primordial de nous confier d’abord en l’amour de Jésus sauveur. Abdiquant notre orgueil, il faut alors confesser nos fautes et poser cet acte de foi : croire que Jésus est déjà vainqueur en nous. Cet acte de foi est important, il libère l’action de Jésus dans notre cœur, dans notre vie.
La foi est à vivre concrètement et pas seulement sur de grandes idées théologiques. De plus cette foi que Jésus gagne le combat en nous, fait opposition à l’orgueil qui, lui nous pousse à nous battre tout seul, par nos propres moyens. Jésus ne fait pas que pardonner nos fautes, comme si rien ne pouvait de toute façon changer dans notre vie. Non, il est vainqueur du malin, cela implique qu’il est aussi vainqueur dans notre vie, donc il peut être vainqueur en nous, dans notre lutte contre nos différents péchés. Si nous livrons un combat, nous devons croire que Jésus l’a déjà gagné en nous et nous centrer alors sur lui, le louer pour sa victoire et ne le lâcher que lorsque la bataille est gagnée. C’est un acte de foi, de confiance en Celui qui nous aime au delà de toute mesure. C’est aussi un acte d’humilité, qui nous empêche de nous appuyer sur nous-mêmes pour nous appuyer sur le Seigneur. C’est un acte qui nous resitue dans la vérité de notre propre faiblesse ; faiblesse qui ne nous écrase plus car nous savons que notre sauveur est là et que c’est lui qui nous aime, nous délivre, nous guérit. Nous quittons donc le fatalisme de notre péché, pour vivre l’espérance de la sainteté dans la vérité, l’humilité, la confiance… bref l’amour actif que nous avons pour Jésus.
Avec l’aide de l’Eglise c’est à dire avec les sacrements de la confession et de l’eucharistie. Nous ne sommes pas chrétiens tout seuls, nous faisons partie d’une famille : celle des enfants de Dieu et comme dans toute famille, nous sommes censés nous aimer et nous aider mutuellement. Si donc les autres peuvent avoir besoin de moi et compter sur mon aide, moi aussi je dois pouvoir compter sur leur aide lorsque j’en ai besoin. Et dans mon combat j’ai besoin des autres, non seulement pour me montrer le cas échéant mes fautes, mais pour m’encourager à persévérer, pour me corriger et surtout j’ai besoin de leur prière pour moi. La prière des frères est là pour ça. Mais il y a plus que la prière des frères, il y a les sacrements, c’est à dire la force de Dieu déposée en moi par le ministère de l’Eglise. Le sacrement n’est pas un acte magique, mais bien une alliance, une relation d’amour entre Dieu et moi. J’appelle Dieu et il me répond. Dieu vient en moi et moi je m’offre à lui avec toute ma faiblesse, toute ma misère pour l’aimer et le suivre. Le sacrement est un acte très puissant dans l’amour.
Au quotidien il implique donc la persévérance. Qui dit combat ne dit pas bataille unique ; d’abord parce que nous n’avons pas qu’un seul péché à combattre et ensuite parce que nous tombons souvent dans les mêmes fautes. Chaque fois, c’est une bataille perdue ou gagnée ; et nous devons persévérer jusqu’à ce que Jésus nous guérisse et nous libère totalement. Il faut donc être prêt à durer humblement et fermement dans le combat, comptant réellement sur Dieu, seul rédempteur et véritable vainqueur en nous.
Dans tous les domaines de notre vie C’est par toute notre vie que nous sommes appelés à être saint ; il ne peut donc y avoir de domaine qui échappe au Christ C’est tout entier qu’il nous veut à lui et non pas seulement par petit bout. D’autre part, pour mener le bon combat, il nous faut « ménager son armée » et ne pas multiplier les batailles ; il est donc nécessaire de se tenir le plus possible éloigné des tentations. Il en est ainsi des choses et des gens dont il faut se tenir éloigner si nous savons qu’ils seront pour nous une occasion de chute. Ainsi en est-il par exemple de l’alcool : il faut éviter d’avoir des bouteilles à la maison et de fréquenter les copains qui vous entraînent au café. Ainsi en est-il de tout ce qui nous éloigne de Dieu... Enfin en toute chose il faut s’abandonner à la providence ! Vouloir diriger sa vie (… au cas où !) est faute d’orgueil et de manque de confiance .Le combat chrétien est un combat de tous les jours, de tous les niveaux et une seule entaille suffit à faire tomber l’arbre ! Tout combat ne peut se gagner que dans l’humilité de la dépendance totale à Dieu. De plus, sur le plan du monde, de la mission, le vrai combat est celui où l’on est envoyé par Dieu et non pas celui que nous décidons de mener nous-mêmes ; nos raisons humaines fussent-elles justifiées.
En solidarité avec les autres .Celui qui mène le combat du Christ, prend sur lui la misère de son peuple. Il en sent le poids, la souffrance. C’est pourquoi, dans son amour il fait pénitence et jeûne, même si cela doit le faire un peu maigrir et que les bons vivants, hochent la tête en le prenant pour un fou. Le vrai combattant de l’amour est celui qui donne ainsi sa vie pour ses frères et sœurs ! C’est ce que nous conseille Saint Paul :
Devenez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés ; et marchez dans la charité, à l'exemple de Christ, qui nous a aimés, et qui s'est livré lui-même à Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice de bonne odeur. Ephésiens 5:1-2
En cette offrande, aucun orgueil, aucune forfaiture, aucune volonté propre, aucune gloriole, aucun amour de soi-même, simplement l’humilité de l’amour qui s’offre pour que les autres vivent ! Le vrai combattant agit ainsi, (pénitence et jeûne …) parce qu’il sait que les mots ne servent souvent à rien et que pour revenir à Dieu, il faut l’humilité. Ainsi il prend les armes du jeûne et de la prière, de la mortification de sa chair dans le refus des plaisirs et du confort, pour permettre à Dieu de toucher le cœur endurci de son frère. Certes Dieu pourrait toucher les cœurs d’un claquement de doigts, mais il est amour, sa création est amour ; l’amour est libre, volontaire et communication entre les êtres ! Voilà pourquoi Dieu ne claque pas des doigts, voilà aussi pourquoi l’amour des uns est source de vie en Dieu pour les autres.
Le vrai combattant est celui qui va jusqu’au bout de sa foi, de son amour pour Dieu et pour son peuple. Le vrai combattant est celui qui s’appuyant sur Dieu, ne fait pas demi tour sur sa petite personne, mais va jusqu’au bout de lui-même dans l’amour.
Les armes du combat spirituel.
Le combat spirituel est une réalité de la vie chrétienne et nul ne peut y échapper,
Car ce n'est pas contre la chair et le sang que nous avons à combattre, mais contre les principautés, contre les puissances, contre les princes des ténèbres de ce siècle, contre les puissances spirituelles de la méchanceté dans les lieux célestes. C'est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu, afin que vous puissiez résister dans le mauvais jour, et qu'ayant tout surmonté, vous demeuriez fermes Ephésiens 6:12-13
C’est pourquoi St Paul insiste sur les armes à prendre
Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l'obéissance de Christ. 2 Corinthiens 10:4-5
Il en donne même une certaine liste dans son épitre aux Ephésiens ch. 6/11.18
En définitive, rendez-vous puissants dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force.11 Revêtez l'armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manœuvres du diable.12 Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes.13 C'est pour cela qu'il vous faut endosser l'armure de Dieu, afin qu'au jour mauvais vous puissiez résister et, après avoir tout mis en œuvre, rester fermes.14 Tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse,15 et pour chaussures le Zèle à propager l'Evangile de la paix ;16 ayez toujours en main le bouclier de la Foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais ;17 enfin recevez le casque du Salut et le glaive de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu.18 Vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps, dans l'Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints.
Ces armes sont diverses, et le temps de cette retraite est trop court pour tout développer, alors relevons ici seulement les plus importantes (à toutes fins utiles, le développement de ce texte est prévu lors de la retraite de Novembre)
La prière
La prière c’est le cœur de la vie chrétienne, c’est le cœur de notre relation à Dieu et c’est aussi la première arme contre Satan. Ce n’est pas pour rien que Jésus nous apprend la prière du Notre père
Ne nous soumet pas à la tentation, mais délivre-nous du malin. Car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen! Matthieu 6:13
Cette phrase n’est pas anodine, il faut y penser lorsque nous récitons cette prière ! Jésus connait bien la puissance du mal, il y a fait face dans son désert de 40 jours avant de commencer sa mission et il le voir aussi dans tous les gens qu’il rencontrait sur son chemin Il intercèdera même pour les apôtres avant sa Passion
Je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais.16 Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.17 Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. Jean 17/15
Il est donc normal que nous soyons particulièrement attaqués sur ce point précis puisque c’est le courant essentiel de l’action de Dieu en nous et à travers nous. Il nous faut prier, il faut prendre le temps de la prière; même et surtout lorsque nous n’en n’avons pas envie ou que nous pensons avoir mieux à faire. Redisons alors au cœur de notre combat la prière du psalmiste :
Et toi, Eternel, ne t'éloigne pas! Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours ! Psaume 22:20
Si nous restons ancrés à Dieu par la prière, alors nous pourrons expérimenter cette parole de St Paul :
Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter. 1 corinthiens 10:13
Car Dieu protège et fortifie celui qui se confie en lui, celui qui s’appuie sur lui dans l’obéissance à a parole.
Les difficultés de la prière
On le sait tous, Il n’est pas facile de rester fidèle à la prière. Il est donc important de savoir comment persévérer. et là il y a des critères de base comme des fondations, dont il faut tenir compte.
- Je dois trouver la prière qui convient à mon cœur. car si je n’y adhère pas, si avant même que je la commence elle est une corvée, alors c’est sur je n’y tiendrais pas. Certaines personnes seront désireuses de vivre une forme de prière toute faite, (rosaire, litanie, oraison de Saintes Brigitte…) d’autres par contre auront plus besoin de prière spontanées de lecture de la parole… C’est un point important, qu’il faut savoir discerner et appliquer.
- Il me faut m’imposer une certaine discipline, un temps quotidien de prière, inutile de nous forcer tous les jours à 2 heures d’adoration, il faut être raisonnable selon nos capacités personnelles, nos possibilités réelles, compte tenus des facteurs de notre vie, famille, travail, santé… il vaut mieux définir un temps court, et si tenir tous les jours, que de s’imposer un plus grand temps et de ne pas le faire
- Trouver aussi le meilleur moment, ou je serai au calme sans visite, téléphone, sans personne dans mes jambes. Bref, un créneau horaire ou je pourrais être toute à Dieu, uniquement pour lui, avec lui … à chacun de voir cela. N’oubliez surtout jamais que la prière c’est un rendez vous avec Dieu, et on ne peut le caser entre deux portes ! il faut vraiment que notre cœur soit à ce rendrez vous, dans l’amour et le respect.
- Avoir bien conscience que nul ne sait prier de lui-même comme il faut, c’est l’Esprit Saint qui nous ouvre à la prière, il faut donc accueillir la prière comme un don, accueillir Dieu comme le Seigneur et sauveur qu’il est et non comme quelqu’un à qui je demande, ou pour qui je fais quelque chose. Voyez-vous, la vérité de notre cœur, quand on entre dans la prière est importante, et on entre vraiment dans la prière par la reconnaissance de notre pauvreté, en toute humilité …
Avec tout cela,
- il y a des fois où je suis fiu, là il faut persévérer, la grâce vient dans le désert, même si je ne ressens rien, Dieu lui travaille mon cœur. il faut respecter l’engagement pris, faire l’effort de se mettre en prière ou d’aller jusqu’au bout (temps d’adoration par exemple)
- il y a des fois, où je ne sais pas quoi dire ; peu importe le silence est d’or. Dieu lui sait entendre le profond de notre cœur même si nous ne savons pas l’exprimer, même si nous avons l’impression de n’avoir rien a dire, et puis c’est peut-être justement le temps de l’écouter Lui !
- Il y a des fois ou le doute m’envahit, où je ne crois plus que la prière soit vraiment efficace là aussi, il faut persévérer. Quand on avance dans un tunnel il arrive un moment où on ne voit plus la lumière ni derrière ni devant. Ce n’est pas le moment de s’arrêter, il faut avancer, et bientôt la lumière réapparaitra. il en est de même des doutes de notre prière .
- On est distrait, voir agressé par des pensées, des images, même des mauvaises pensées des mauvaises images, et notre premier réflexe est de nous battre avec nous-mêmes pour les rejetées les refouler. Et on n’y arrive pas vraiment, la seule solution n’est pas de se battre contre elles, mais de les remettre dans le cœur de Dieu, de nous remettre nous-mêmes dans le cœur de Dieu avec ces pensées et ces images en lui demandant la grâce d’en être libéré , purifié … c’est beaucoup plus efficace, car on ne se décentre pas de Dieu !
Samedi après midi 1
Parmi les armes du combat spirituel il en est une dont on ne parle pas souvent , pourtant elle est essentielle, elle est essentielle car elle touche le plus profond de notre cœur , donc la vérité de notre relation à Dieu dans la prière.
Le repentir,
On ne parle plus guère de repentir à l’heure actuelle, pourtant c’est un élément capital de la conversion et d’une bonne réception de la grâce de Dieu dans notre vie.
Tout péché entraîne une « sanction », car si Dieu est amour, il est aussi justice. Cependant la justice de Dieu n’est pas la nôtre, elle est toute miséricorde et lorsque l’homme reconnaît sa faute et appelle le pardon divin, Dieu répond, se fait présent et renouvelle son alliance
« Quel est le Dieu comme toi, qui enlève la faute, qui pardonne le crime, qui n’exaspère pas toujours sa colère, mais qui prend plaisir à faire grâce ? » Michée 7/18
Cependant tout péché demande un acte concret de contrition réelle, d’où l’importance de faire pénitence et de réparer. Quand nous lisons l’Ancien Testament, la justice de Dieu nous paraît bien souvent très radicale. La loi est la loi, il ne faut pas la transgresser. Jésus lui, vient assouplir ce contexte de légalité. L’amour prenant le pas sur la sanction, mais cela ne veut pas dire que la justice divine n’existe plus. Jésus en effet n’est pas venu abolir la loi et ses commandements, mais les accomplir, c’est à dire les transformer en vie par sa mort et sa résurrection, et nous inviter à les observer pleinement, tout comme lui s’y est conformé durant sa vie. Jésus a changer le code pénal en loi d’amour ce qui en fait est plus exigeant, car il implique la vérité du cœur. Dieu attend que l’homme se convertisse et répare autant que possible ses fautes ; non par légalisme, mais par amour du Christ crucifié pour nos péchés, par amour pour chacun de nous. Ainsi ce qui était sanction, punition dans l’Ancien Testament devient réparation humble et amoureuse dans le Nouveau.
Dieu appelle donc l’homme à la conversion, et l’évangile nous montre que le repentir en est le chemin :
« En ces jours là, arrive Jean le Baptiste, prêchant dans le désert et disant : « repentez vous, car le royaume de Dieu est proche. » Matthieu 3/1.2
La conversion procède du cœur, elle ne peut se vivre sans vérité, et sans contrition...
Oui mais qu’est-ce que le repentir? C’est le regret de nos fautes.
Ce regret peut être parfait ou imparfait
Il est imparfait, quand on regrette par peur des conséquences (purgatoire, enfer...), par considération de la laideur du péché en lui-même... ce regret est en relation étroite avec notre petite personne.
Il est parfait quand on regrette d’avoir blessé l’amour de Dieu... Ce regret est tout tourné vers Dieu et non vers nous-mêmes.
Le regret sincère procède de la reconnaissance de l’amour blessé. On ne regrette pas sincèrement une faute lorsqu’on la regrette parce que l’on s’est fait prendre mais uniquement parce que l’on a conscience d’avoir blessé l’autre, notamment Dieu.
L’idéal est que notre regret soit bien évidemment parfait, afin que la grâce de Dieu puisse vraiment faire son œuvre en notre cœur . Et seul, l’amour génère le vrai regret, le véritable désir de demander pardon, et de réparer. D’où l’importance d’être toujours vrai au fond de notre cœur devant le Seigneur .
Ceci étant dit, comment regretter ses fautes si on ne les voit pas, si on ne les reconnait pas. Et c’est là, qu’entre en jeu l’importance de l’examen de conscience, régulier, quotidien. Le soir avant de se coucher, il est bon de repasser en son cœur et devant le Seigneur, sa journée. Si on vit pas cela régulièrement, alors notre conscience s’émousse et nous voyons de moins en moins les péchés que nous faisons, car notre conscience va se référer comme naturellement a la loi du monde, qui, nous le savons bien, est loin de Dieu.
Vivre cet examen quotidien affine notre cœur à cœur avec le Seigneur, et de plus dans plus dans la journée, nous savons tout de suite, si ce que nous faisons, plait à Dieu ou lui est une offense. Là rente en jeu les « AGI » ( à genou immédiatement) qui dit « AGI » , dit reconnaissance immédiate de la faute et détournement de cette faute …. La conversion alors se fait. Cette bataille là est gagnée ! Ce qui n’empêchera pas de le rappeler a la prochaine confession.
Il est important de comprendre que la grâce de Dieu passe en notre cœur dans la vérité, dans la reconnaissance humble de notre état de pécheur … comme les rayons du soleil passent a travers une vitre propre, mais pas vraiment a travers une vitre sale !
Je voudrais ici faire un petit rappel ; il faut différencier, regret, repentir d’avec la culpabilité. J’ai fait une faute, la culpabilité me fait dire je suis coupable, et je m’en veux de cela … mais elle me fait aussi rester sur moi-même.
Le repentir lui, s’il reconnait la faute, me décentre de moi-même pour me tourner vers Dieu en appeler à sa clémence et à sa grâce pour être pardonné, purifié et surtout pour pouvoir reprendre la route et aller d e l’avant .
La culpabilité me cloue sur place car elle procède de l’orgueil bafoué ; le repentir lui, en Dieu, me fait aller de l’avant car il procède de l’amour et Dieu est amour.
Nul chrétien ne peut faire l’économie du repentir ! C’est le robinet de la grâce de Dieu. J’aurai voulu parler ici des écrits d’une religieuse Marie Basilea Schlink, qui ; à la fin de la 2em guerre mondiale, dans la ville allemande de Darmstadt, une ville complètement détruite par les bombardements, fit l’expérience de la grâce divine dans le repentir et fonda une communauté chrétienne ainsi qu’un grand centre d’accueil spirituel. Malheureusement nous n’en avons pas le temps ; alors, vous trouverez sur la table du fond, des extraits de ses écrits sur le repentir. Je vous invite à les lire, et ensuite à les remettre sur la table, afin que les autres puissent aussi en profiter… Si vraiment certaines personnes d’entre vous désirent avoir ce texte alors donnez votre nom et on vous en fera des photocopies.
Le jeûne
Nous n’avons rien inventé. Jésus a jeûné souvent, il y a plein de passages bibliques qui nous le montrent. Le plus connu de ses jeûnes fut celui des 40 jours au désert avant sa mission. Par ailleurs, il nous montre le sens et l’importance du jeûne notamment en ce passage :
Entre-temps, les disciples le priaient, en disant : "Rabbi, mange." Mais il leur dit : "J'ai à manger un aliment que vous ne connaissez pas." Les disciples se disaient entre eux : "Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ?" Jésus leur dit : "Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin. » Jean 4/31.34
Le jeûne n’a de sens que dans la dimension de l’amour envers Dieu, envers les autres. Il va toujours avec la prière. On ne peut pas l’assimiler à une pratique « sanitaire » même si par voie de conséquence il fait du bien au corps. Sa grandeur réside dans sa dimension spirituelle, donc dans notre relation à Dieu et aux âmes.
L’église a toujours pratiqué le jeûne, elle le place parmi les œuvres de charité, elle en fait même un leitmotiv particulièrement pendant le carême : « Jeûner pour donner ».
Mais attention il ne faut pas limiter le jeûne a « je ne mange pas et je donne cet argent aux pauvres ». Le jeûne va beaucoup plus loin, il est union de mon être au Christ pour le salut des âmes, la mienne y compris.
Et c’est bien en ce sens que le jeûne est une arme importante dans le combat spirituel, tant pour notre âme que pour les autres. Le jeûne est geste de repentir, d’humilité devant Dieu quant à nos fautes et aussi geste de compassion devant Dieu pour la faute des autres.
Et moi, quand ils étaient malades, je revêtais un sac, J'humiliais mon âme par le jeûne, Je priais, la tête penchée sur mon sein. Comme pour un ami, pour un frère, je me traînais lentement; Comme pour le deuil d'une mère, je me courbais avec tristesse. Psaume 35:13-14
Le jeûne est une des armes les plus puissantes contre l’action du mal au cœur de notre vie.
….Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. Mat 17/21
Mais cette arme n’est efficace que dans l’humilité et l’amour... Sinon l’orgueil qui est en nous ne fait qu’apporter de l’eau au moulin du malin.
Acte d’humilité
J’ai péché, je le reconnais et je fais amende honorable devant l’amour de Dieu que j’ai bafoué. On ne jeûne pas par « raison pénale » ou par « devoir d’obligation religieuse », on jeûne pour offrir à Dieu, à travers ce que l’on aime, ce qui nous coûte, un geste d’amour.
Pas un acte de marchandage
Je vais jeûner comme cela Dieu sera bien obligé de répondre a ma prière …. Sous entendu de faire ma volonté ! Ce jeûne là serait même une offense à Dieu . On ne force pas la main de Dieu !
Acte de compassion
Je peux en effet jeûner pour les autres, soit parce qu’ils rencontrent des difficultés soit en réparation de leurs fautes. Non que je leur sois supérieur, car de fait, je suis tout autant pécheur et faible, mais en tant que frère ou sœur , je peux intercéder pour les autres . On peut intercéder en paroles (prière) comme en actes par exemple dans le jeûne.
Plusieurs objectifs dans le jeûne
- Jeune de repentance : il est fréquent dans la bible par exemple en 1 Samuel 7/6
Ils se rassemblèrent donc à Miçpa, ils puisèrent de l'eau qu'ils répandirent devant Yahve, ils jeûnèrent ce jour-là et ils dirent : "Nous avons péché contre Yahve." Et Samuel jugea les Israélites à Miçpa.
- Jeûne d’intercession : dans une grande adversité on le voit par exemple en 2 chroniques 20/2.4
On vint en informer Josaphat en ces termes: "Une foule immense s'avance contre toi d'au-delà de la mer, d'Edom; la voici à Haçaçôn-Tamar, c'est-à-dire En-Gaddi." Josaphat prit peur et se tourna vers Yahvé. Il s'adressa à lui et proclama un jeûne pour tout Juda. Les Judéens se rassemblèrent pour chercher secours auprès de Yahve; ce sont même toutes les cités judéennes qui vinrent chercher secours auprès de Yahve.
Mais aussi pour choisir les disciples et les envoyer en mission. Actes 13/2.3
Or un jour, tandis qu'ils célébraient le culte du Seigneur et jeûnaient, l'Esprit Saint dit : "Mettez-moi donc à part Barnabé et Saul en vue de l'œuvre à laquelle je les ai appelés." Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent à leur mission.
- Jeûne de préparation, il s’agit là de la préparation de notre cœur à la venue du Seigneur, un jeûne pour retrouver la relation de cœur à Dieu en combattant la convoitise qui habite notre cœur. C’est le sens du jeûne pré eucharistique où on fait l’offrande à Dieu de ne rien consommer une heure avant la messe … (donc pas de bonbons, de gâteaux, de cigarettes juste devant la porte de l’église… et encore moins dedans ! C’est aussi le sens du jeûne du carême qui nous prépare à Pâques c’est dire qui prépare notre cœur pour la communion à la croix de Jésus afin d’ entrer de tout cœur dans la résurrection.
Comment vivre le jeûne
- Il se vit du lever du soleil au couche au soleil (sinon on parle d’abstinence et non de jeûne) il peut se vivre sur un jour ou sur une période plus longue , auquel ca cela peut demander un discernement spirituel et médical .
- Il peut être alimentaire, mais aussi concerner les relations sexuelles (attention à l’accord du conjoint !) et toute matière à plaisir personnel : tabac, télé …)
- Il peut être total (jeûne au pain sec et à l’eau) ou partiel (je ne supprime que certains aliments)
- Il ne peut être hypocrite (je jeune pour faire comme tout le monde mais mon cœur n’y est pas du tout) , ou « m’as-tu vu » ( se pavaner en montrant bien que l’on jeûne , et que l’on jeûne beaucoup ou mieux que les autres !)
- Il se vit dans le secret du cœur même sui le fait de ne pas manger se voit à l’extérieur , le jeûne c’st un lieu de rencontre intime avec le Seigneur.
- Il se vit dans l’humilité en se reconnaissant pécheur,
- il se vit dans la foi et l’espérance de la vie renouvelée en Dieu
- il nous rend aussi solidaire dans l’intercession pour les âmes, et dans le partage des biens ( aumône de carême par exemple)
Aujourd’hui en Église
Aujourd’hui on a tendance à perdre le sens du péché et de sa gravité ; et c’est inquiétant, car si nous perdons ce sens, alors nous perdons aussi le sens de la solidarité. Pourquoi ? Parce que tout péché touche à la fois Dieu, nous-mêmes et les autres. Si donc, je dénie le péché ou sa gravité, je ne me reconnaitrais pas pécheur devant le Seigneur, je ne reconnaitrais pas avoir besoin de sa miséricorde, et je n’aurai plus le besoin de réparer son amour blessé par moi ou par les autres. Perdre le sens du péché c’est entrer dans un chemin de mort spirituelle !
L’église nous invite à vivre les sacrement de la confession de l’eucharistie, elle nous invite a vivre en vérité dans une relation concrète à Dieu et même si officiellement le jeûne ne nous est proposé qu’au carême, elle ne nous interdit pas de le vivre à d’autres périodes. C’est à chacun de voir la question dans sa relation personnelle à Dieu et à l’Eglise.
Les sacrements
- Confession :
Ce qui rend le péché puissant dans notre vie, c’est que nous le relativisons, quand encore nous ne l’occultons pas ou que nous n’y portons aucune attention. Pour le vaincre il est vraiment nécessaire
- de le reconnaître en nous, en prenant le temps d’un examen de conscience
- de le reconnaître dans la prière devant le Seigneur
- de le confesser en vivant le sacrement de réconciliation
- de s’engager avec persévérance dans la lutte pour notre conversion ;
Il est clair en effet que toute conversion se vit sur des points précis de notre vie.
- Eucharistie :
L’eucharistie c’est une rencontre d’amour entre Dieu et nous puisqu’il s’y offre à nous et de nous à Dieu puisque nous y sommes présents. Cependant «pour bien vivre, l’eucharistie, nous devons avoir foi, c’est à dire reconnaître dans le pain et le vin, la présence réelle du Christ ; nous devons alors recevoir le Corps du Christ dans un esprit de conversion ; ayant reconnu au début de la célébration notre état de pécheur. » (Mgr Robert Coffy)
L’eucharistie bien vécue est source de guérison intérieure car source de vérité ainsi que l’écrit encore Mgr Coffy
« Ce n’est pas seulement la pénitence qui conduit à l’eucharistie mais c’est aussi l’eucharistie qui conduit à la pénitence. Lorsqu’en effet nous réalisons qui est celui que nous recevons dans la communion, naît en nous presque spontanément un sentiment d’indignité, accompagné du regret de nos péchés et du besoin intérieur de nous purifier. »
Dieu est amour, ayons donc confiance en lui ., et comme le dit Jean Paul II
« Jésus nous attend dans ce sacrement de l’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais. »
Conclusion.
Dieu nous appelle à être saint comme il est saint et pour cela il nous faut apprendre à maitriser notre corps, et tout notre être
Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification; c'est que vous vous absteniez de l'impudicité ; c'est que chacun de vous sache posséder son corps dans la sainteté et l'honnêteté, sans vous livrer à une convoitise passionnée, comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu. Thessaloniciens 4:3
C’est le sens même du combat spirituel de tout chrétien.
Il appartient à chaque chrétien de se poser cette question : est-ce que je désire vraiment correspondre à l’amour de Dieu pour moi, et marcher sur la voie de la sainteté à laquelle il m’appelle ?
Il est certain que cette route sera faite de combats intérieurs en tous genres, mais il est certain aussi que Dieu n’y refusera ni sa grâce ni son amour.
Samedi après midi 2
En tant que chemin de Vocation
Tout ce que nous avons vu jusqu’à présent touche à la vie chrétienne de tout baptisé.
Cependant tout baptisé est aussi une âme consacrée à Dieu, et chaque âme a son appel personnel un appel qu’on entend ou pas ; un appel que l’on accepte de suivre ou pas ; mais un appel
Donc à cet instant se pose à nous cette question claire : quel est l’appel de Dieu dans ma vie ?
C’est une question importante en cette année de la vie consacrée. Ecoutons ce que nous dit le pape, à nous simples laïcs si je puis dire.
1. Par cette lettre, au-delà des personnes consacrées, je m’adresse aux laïcs qui, avec elles, partagent idéaux, esprit, mission. ……..
Je vous encourage vous aussi laïcs, à vivre cette Année de la Vie Consacrée comme une grâce qui peut vous rendre plus conscients du don reçu. Célébrez-le avec toute la ‘‘famille’’, pour croître et répondre ensemble aux appels de l’Esprit dans la société contemporaine. À certaines occasions, quand les consacrés de divers Instituts se rencontreront cette Année, faites en sorte d’être présents vous aussi comme expression de l’unique don de Dieu, de manière à connaître les expériences des autres familles charismatiques, des autres groupes de laïcs, et de manière à vous enrichir et à vous soutenir réciproquement.…….
J’invite donc toutes les communautés chrétiennes à vivre cette Année avant tout pour remercier le Seigneur et faire mémoire reconnaissante des dons reçus, et que nous recevons encore à travers la sainteté des Fondateurs et des Fondatrices et de la fidélité de tant de consacrés à leur propre charisme. Je vous invite tous à vous retrouver autour des personnes consacrées, à vous réjouir avec elles, à partager leurs difficultés, à collaborer avec elles, dans la mesure du possible, pour la poursuite de leur ministère et de leur œuvre, qui sont aussi ceux de l’Église tout entière. Faites-leur sentir l’affection et la chaleur de tout le peuple chrétien.
Je bénis le Seigneur pour l’heureuse coïncidence de l’Année de la Vie Consacrée avec le Synode sur la famille. Famille et vie consacrée sont des vocations porteuses de richesse et de grâce pour tous, des espaces d’humanisation dans la construction de relations vitales, lieux d’évangélisation. On peut s’y aider les uns les autres.
La vocation ce n’est pas seulement être appelé à devenir religieux ou religieuse, c’est répondre à l’appel que Dieu a sur nous.
Certains seront effectivement appelés à devenir religieux, d’autre à rester célibataires, d’autres à vivre le mariage et à fonder une famille. Mais au-dedans de cela chacun est appelés a vivre une expérience particulière, au service de Dieu et de l’Eglise. cela peut prendre bien des formes : celle du service paroissial, celle du service des enfants, des malades; des prisonniers… cela peut être simplement aussi de consacrer du temps a la prière dans l’adoration, l’intercession. Etc. C’est a chacun de savoir entendre cet appel et de le discerner pour ensuite s’y engager.
En fonction de cet appel, de cet engagement le combat spirituel prendra une forme différente. Par exemple celui qui sera au contact des autres sera peut être tenté de juger, de rejeter, tandis que celui qui se consacrera à la prière sera peut être plus tenté de ne prier que pour certaines choses ou personnes. Cela va dépendre du chemin de chacun, du cœur de chacun.
Les passionistes par exemple ont pour vœu d’annoncer la Passion du Christ dans son amour offert pour les hommes, mais la partager c’est d’abord la contempler, et la vivre dans leur vie personnelle, en acceptant pleinement la croix quelque soit la forme qu’elle puisse prendre …. Il y a des jours ou on voudrait bien « mettre les pouces et dire au Seigneur » « Stop, c’est un peu lourd pour moi ! Je ne sais pas encore aimer comme toi ! » Le combat intérieur sera alors de faire confiance et de s’offrir totalement au quotidien en comptant sur la miséricorde du Seigneur …
Ce qu’il faut bien comprendre c’est que l’on n’est pas chrétien tout seul, c’est que le combat spirituel ne se vit pas pour nous tout seul, mais pour l’ensemble des enfants de Dieu, pour le salut des âmes.
Etre baptisé fait de chacun de nous, une âme consacrée au Seigneur au cœur de la vie qui est la nôtre.
Le moment est donc venu de nous interroger sur notre vocation personnelle
1/ Quel est l’appel de Dieu sur moi ?
2/ Est-ce que je désire y répondre ou est-ce que je dis que ce n’est pas pour moi, que je n’en suis pas capable, voir que ça me dérange ?
3/ A quoi est-ce que cet appel va m’engager ?
4/ Ai-je quelqu’un auprès de moi pour bien discerner les choses ?
5/ Si je suis marié, mon entourage est-il prêt à m’aider dans mon engagement car je ne dis en ce cas jamais oublier que mon mariage est mon premier sacrement, ma première mission ?
5/ Au sein de cet appel, quelles sont, concrètement, mes difficultés, quels sont mes lieux de combat ?
Les réponses nous appartiennent. et c’est au fond de notre cœur que nous pourront les trouver, pour poursuivre en vérité notre chemin avec le Seigneur.
Profitez de ce temps de silence pour faire ce point avec Jésus, car Jésus a besoin de vous, tout comme l’Eglise a besoin de vous.
Ceci dit, avant de partir en silence je voudrais simplement vous lire ce texte de St Jean Chrysostome (il sera sur votre fiche de route)
Offrir un sacrifice à Dieu
« Je vous exhorte, mes frères, par la miséricorde de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint » (Rm 12,1). Par cette demande, l’apôtre Paul élève tous les hommes à participer au sacerdoce… L’homme ne cherche pas au dehors ce qu’il va offrir à Dieu mais apporte avec lui et en lui ce qu’il va sacrifier à Dieu pour son propre bienfait… « Je vous exhorte par la miséricorde de Dieu. » Frères, ce sacrifice est à l’image du Christ qui a immolé son corps ici-bas et offert sa vie pour la vie du monde. En vérité il a fait de son corps un sacrifice vivant, lui qui vit encore après avoir été tué. Dans ce si grand sacrifice, la mort est anéantie, elle est emportée par le sacrifice… C’est pourquoi les martyrs naissent au moment de leur mort et commencent leur vie quand ils la finissent ; ils vivent quand ils sont tués et brillent au ciel quand on croyait sur terre qu’ils s’étaient éteints…
Le prophète a chanté : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation mais tu m’as façonné un corps » (Ps 39,7). Sois à la fois le sacrifice offert et celui qui l’offre à Dieu. Ne perds pas ce que la puissance de Dieu t’a accordé. Revêts le manteau de la sainteté. Prends la ceinture de chasteté. Que le Christ soit le voile de ta tête ; la croix, la protection de ton front qui te donne la persévérance. Conserve dans ton cœur le sacrement de l’Écriture divine. Que ta prière brûle toujours comme un encens agréable à Dieu. Prends « le glaive de l’Esprit » (Eph 6,17) ; que ton cœur soit l’autel où tu pourras, sans crainte, offrir toute ta personne et toute ta vie…
Offre ta foi pour punir l’incroyance ; offre ton jeûne pour mettre fin à la voracité ; offre ta chasteté pour que meure la sensualité ; sois fervent pour que cesse la malfaisance ; fais œuvre de miséricorde pour mettre fin à l’avarice ; et pour supprimer la sottise, offre ta sainteté. Ainsi ta vie deviendra ton offrande si elle n‘a pas été blessée par le péché. Ton corps vit, oui, il vit, toutes les fois qu’en faisant mourir le mal en toi, tu offres à Dieu des vertus vivantes.
Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l'Église
Sermon 108 ; PL 52, 499 (trad. coll. Pères dans la foi, n° 46, p. 119)
Myriam de Gemma
Date de dernière mise à jour : 2015-11-24
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