Marc 6,7-13
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,7-13.
En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
Voila un texte bien connu dans l’Eglise, notamment par tous ceux qui exercent un service missionnaire, un service de prière, d’évangélisation. Bien connu oui, mais est-il bien vécu ? Sommes-nous vraiment des serviteurs dans le don, dans la gratuité, dans la foi en la providence?
Ce texte est clair pour ce qui est de la méthode :
Ne rien emporter pour la route, si ce n'est un bâton ; de n'avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange.
Oh cela ne voulait pas dire de partir comme des « clochards », mais de partir juste avec le nécessaire vital afin de s’assumer :
Il faut juste les chaussures qui sont nécessaires pour marcher, et pas trente six : une pour la plage, une pour la ville, une pour la messe, une pour telle robe, une pour tel pantalon etc. ….
De même pour le vêtement, il faut être simple et prévoir la tenue passe partout, et qui ne nécessitera donc pas d’emmener trois valises. Simplicité et fonctionnalité dans l’apparence vestimentaire ….
Oh cela peut faire sourire pourtant combien de fois, l’apparence, notre apparence, ne dépasse-t-elle pas notre nécessité ? Sommes-nous dans le service, l’humilité ou bien l’étalage de notre prestance ?
Etre missionnaire c’est se faire humble comme le Christ ! Mais cela procède du cœur, ce cœur qui doit refléter notre amour de Jésus ….
Par ailleurs les apôtres partaient à pied avec leur tunique sur le dos, c'est-à-dire, sans frais excessifs, comme participer à une caravane pour avoir un véhicule ! Ils n’avaient pas non plus de sonorisations, de micros, de projecteurs de haute définition, ... et pourtant ils ont évangélisé des populations entières. C’est donc que l’efficacité d’une mission ne dépend pas des moyens High Tech !
Je n’écris pas ceci pour dire que les moyens modernes ou les voitures sont à proscrire. Que non ! Mais nos missions ne doivent pas dépendre de cela. Si nous avons des micros tant mieux, si nous n’en n’avons pas, eh bien, apprenons à faire sans ! Il est triste en effet d’entendre, par exemple, un groupe, invité à animer une veillée mortuaire, répondre, « non ! Nous ne pouvons pas venir, notre équipe d’animation (sono) n’est pas dispo ! » Les gens n’ont pas besoin de sono, ils ont besoin de cœurs qui les rejoignent dans leur vécu et qui leur annoncent la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu !
Quand vous avez trouvé l'hospitalité dans une maison, restez-y jusqu'à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds ;
Sommes nous vraiment des « missionnaires gratuits » lorsque nous demandons (exigeons) des frais de déplacements, ou que nous nous faisons payer pour notre conférence ? Certes il y a des frais inhérents à toutes missions, mais regardons les apôtres, eux aussi avaient des frais, ne serait-ce que dans leur logement, leur nourriture, leurs vêtements. Et que leur dit Jésus ? Si on vous accueille acceptez ce que l’on vous offre … cela implique qu’il n’y a aucune exigence de rétribution ou de dédommagement de quelque sorte que ce soit !Juste l’accueil d’une offrande volontaire !
Il n’est donc pas question ici de demander de financer le séjour à l’auberge du coin, il n’est pas question de se faire nourrir comme un « prélat », comme au restaurant ! Il s’agit de partager simplement la vie courante de la famille, du village ou de l’ile qui nous accueille. Il y a donc de quoi nous interroger aujourd’hui sur certaines de nos « nécessités missionnaires » !
Peut-être serait-il bon, qu’à l’occasion de cette lecture d’envoi en mission en dépendance de la Providence Divine, nous puissions nous arrêter un moment afin de voir avec quel esprit de simplicité et de gratuité nous vivons nos missions.
Il reste encore deux points essentiels dans ce texte :
Premièrement, c’est Jésus qui envoie, ce ne sont pas les apôtres qui décident eux mêmes de partir évangéliser ! Cela implique que le missionnaire est dans la prière, dans l’écoute de la volonté de Dieu. Cela implique aussi que cela se fasse en accord avec les autorités de l’Eglise. Cela demande donc, la fidélité au christ et l’obéissance à l’Eglise. Cela demande l’humilité du service avant la « gloire » de travailler pour Dieu !
Enfin les disciples. ne partent pas seuls, ils vont par deux. C’est que la mission se vit en Eglise. De plus être deux c’est se porter l’un l’autre, quand l’un agit l’autre prie, quand l’un se trouve fatigué, l’autre peut prendre le relai ….
Remarquons aussi que le Seigneur ne les envoie pas par six ou tous les 12... C’est qu’il n’est pas besoin d’être une foule pour évangéliser ! Partir à 15 ou 20 pour animer une retraite, cela nous facilite les choses car du coup le travail est partagé … mais ce n’est pas une nécessité, on peut partir à moins et mettre un peu plus la main à la pâte !
Puissions-nous au cœur de nos missions, de nos service d’Eglise, laisser cet évangile pénétrer notre cœur pour revoir nos pratiques missionnaires selon le cœur du Seigneur Jésus !
Myriam de Gemma
janvier 2021
«Jésus appelle les Douze, et pour la première fois il les envoie deux par deux (…).Ils partirent, et proclamèrent qu'il fallait se convertir»
Aujourd'hui, L'Evangile raconte la première mission apostolique. Le Christ envoie les Douze prêcher, guérir les malades et préparer les voies du salut définitif. C'est la mission de l'Église, celle de chaque chrétien également. Le Concile Vatican II affirme que «la vocation chrétienne implique de soi la vocation à l'apostolat. Aucun membre n'a de rôle passif. Et celui qui ne veillerai pas à la croissance du corps serait, pour cette raison, inutile pour toute l'Église et aussi pour lui-même».
Le monde actuel a besoin —comme le disait Gustave Thibon— d'un “supplément d'âme” pour sa régénération. Seul le Christ, avec sa doctrine, est remède pour ses maladies. Le monde passe par des crises. Ce n'est pas seulement une crise morale partielle, ou de valeurs humaines: c'est une crise d'ensemble. Le terme le plus précis pour la définir est celui de “crise d'âme”.
Les chrétiens avec la grâce et la doctrine de Jésus se trouvent au milieu des structures temporelles pour les vivifier et les ordonner au Créateur: «Qu'en écoutant la prédication de l'Église, le monde puisse croire, qu'en croyant il puisse espérer, qu'en espérant il puisse aimer» (saint Augustin). Le chrétien ne peut fuir ce monde. Bernanos écrivait ainsi: «Il nous a jeté au milieu de la pâte, au milieu de la multitude comme levain; nous reconquerrons pied à pied l'univers que le péché nous a enlevé; Seigneur, nous te le rendrons tel que nous l'avons reçu en ce premier matin du monde, tout ordonné et tout saint».
L'un des secrets est d'aimer le monde de toute son âme et de vivre avec amour la mission confiée par le Christ aux Apôtres ainsi qu'à nous tous. Comme l'a dit saint Josémaria, «l'apostolat est amour de Dieu qui déborde, don de soi-même aux autres (…). Et le désir d'apostolat est la manifestation exacte, adéquate, nécessaire, de la vie intérieure». Tel doit être notre témoignage quotidien au milieu des hommes et tout au long des temps.
+ Abbé Josep VALL i Mundó (Barcelona, Espagne)
Date de dernière mise à jour : 2022-02-02
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