Offrande de soi
De l'offrande de soi dans le service d autrui
au sein de la compassion (union a la croix)
Introduction
L’offrande de soi ! Pourquoi ? Quand ? Comment ? Voilà bien des questions que le chrétien peut se poser. Dans notre société actuelle, il est plus courant de penser à soi, de se soucier de soi, quitte pour cela à ignorer les droits d’autrui. Le chrétien ne peut souscrire à cette façon de vivre de la société, ce serait pour lui le risque de se couper de l’amour même de Dieu.
L’offrande de soi trouve sa source dans l’évangile, dans le sacrifice du Christ. Elle trouve sa vitalité dans la prière et tout particulièrement dans le sacrement de l’Eucharistie
Le sacrifice du Christ
On ne peut ni comprendre la nécessité de l’offrande de soi à Dieu et donc aux autres, ni y entrer si nous ne comprenons pas d’abord le sacrifice du Christ, pour l’amour de nous. Le Christ nous a aimés en premier ; il espère de notre part, une réponse libre à son amour.
Le Christ n’a pas été une victime involontaire d’une certaine société humaine, il a désiré cette offrande, il s’est véritablement offert à mourir pour nous : ainsi que nous le montrent les passages bibliques suivants :
Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme,15 afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle.16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle.17 Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Jean 3/14.17
Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde."52 Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux ; ils disaient : "Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? "53 Alors Jésus leur dit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous.54 Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour.55 Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson.56 Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui Jean 6/51.55
Et il commença de leur enseigner : Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres, les scribes, être tué et après trois jours ressusciter. Luc 8/31
Voici venue l’heure où doit être glorifié le Fils de l’homme. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ….Et que dire : Père sauve moi de cette heure ? Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure ; Père Glorifie ton Nom ! Jean 12/24 et 27
Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante. Je suis le bon pasteur, le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Jean 10/10.11
On pourrait encore trouver bien d’autres versets en ce sens. Ce qu’il nous faut comprendre ici et surtout accepter, c’est que nous avons une réelle créance d’amour envers le Christ, envers Dieu ! Le tout, ensuite, est de savoir si nous désirons réellement honorer ou non cette créance ! Si nous le désirons, alors nous prendrons comme naturellement le chemin de l’offrande de nous-mêmes.
Une question toutefois se pose si nous voulons vraiment comprendre le sacrifice de Jésus : Qu’est-ce qui rend le sacrifice de Jésus différent des sacrifices passés du temple ? Qu’est-ce qui le rend si unique, qu’il rachète toute l’humanité ?
- La valeur du sang
Dans les anciens sacrifices, le sang avait un rôle purificateur
Le prêtre prendra à son doigt un peu de son sang ( de l’animal sacrifié ) et le déposera sur les cornes de l'autel des holocaustes. Puis il versera tout le sang à la base de l'autel.31 Il détachera ensuite toute la graisse comme on détache la graisse d'un sacrifice de communion et le prêtre la fera fumer à l'autel en parfum d'apaisement pour Yahvé. Le prêtre fera ainsi sur cet homme le rite d'expiation, et il lui sera pardonné. Lev 4/30.32
Mais le sacrifice devait être sans cesse renouvelé. C’est que l’on faisait une offrande extérieure à soi même, (un animal par exemple). Jésus, lui, n’est pas venu offrir un sacrifice extérieur, il est venu s’offrir lui-même et il est ainsi devenu, parce qu’il était Fils de Dieu, l’unique sacrifice nécessaire pour le salut des âmes.
Le Christ, lui, survenu comme grand prêtre des biens à venir, traversant la tente plus grande et plus parfaite qui n'est pas faite de main d'homme, c'est-à-dire qui n'est pas de cette création,12 entra une fois pour toutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle.13 Si en effet du sang de boucs et de taureaux et de la cendre de génisse, dont on asperge ceux qui sont souillés, les sanctifient en leur procurant la pureté de la chair,14 combien plus le sang du Christ, qui par un Esprit éternel s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant. Heb 9/11.14
- Valeur de l’obéissance
C’est là une donnée qui nous échappe souvent, car nous mêmes avons bien du mal à rentrer dans l’obéissance totale. Le Christ lui, en toute sa vie, n’a fait qu’obéir à son Père :
Jésus leur dit :34 "Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin. Jean 4/34
Jésus leur dit donc : "Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous saurez que Je Suis et que je ne fais rien de moi-même, mais je dis ce que le Père m'a enseigné,29 et celui qui m'a envoyé est avec moi ; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît." Jean 8/28.29
Il va lui obéir ainsi jusqu’à la mort. Au jardin des oliviers, alors qu’il aurait encore pu «fuir » il se soumet à la volonté de son Père :
Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani, et il dit aux disciples : "Restez ici, tandis que je m'en irai prier là-bas."37 Et prenant avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à ressentir tristesse et angoisse.38 Alors il leur dit : "Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi."39 Etant allé un peu plus loin, il tomba face contre terre en faisant cette prière : "Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux."40 Il vient vers les disciples et les trouve en train de dormir ; et il dit à Pierre : "Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi !41 Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent, mais la chair est faible."42 A nouveau, pour la deuxième fois, il s'en alla prier : "Mon Père, dit-il, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! "43 Puis il vint et les trouva à nouveau en train de dormir ; car leurs yeux étaient appesantis.44 Il les laissa et s'en alla de nouveau prier une troisième fois, répétant les mêmes paroles. Mat 26/36.44.
Et la parole de Saint Paul nous traduit bien toute l’exigence de cette obéissance
De même ce n'est pas le Christ qui s'est attribué à soi-même la gloire de devenir grand prêtre, mais il l'a reçue de celui qui lui a dit : Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré ;6 comme il dit encore ailleurs : Tu es prêtre pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédech.7 C'est lui qui, aux jours de sa chair, ayant présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé en raison de sa piété,8 tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance ;9 après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel. Hébreux 5/5.8
Jésus s’est livré totalement sans aucune restriction. Et bien qu’il n’est pas été « brûlé »au sens propre du terme, son sacrifice fut vraiment un holocauste, c'est-à-dire une offrande consumée jusqu’à la fin. Le sacrifice par excellence.
Suivre le christ dans l’offrande
Notre sacrifice à Dieu doit être similaire à celui du Christ, c'est-à-dire, qu’il ne suffit pas de donner des choses qui nous sont extérieures, il faut rentrer dans l’offrande de nous-mêmes. Certes Dieu ne nous demande pas de nous faire crucifier, mais il nous demande de nous oublier nous-mêmes, dans l’amour de lui et des autres. Cela peut prendre différentes formes selon notre situation humaine, et suivant l’ouverture de notre cœur à Dieu.
Ce qui reste toujours impératif, c’est que toute offrande ne peut être que volontaire et libre dans l’amour. De même, elle se doit d’être gratuite, c'est-à-dire sans aucun esprit de marchandage …. « Si j’offre des choses à Dieu, si j’accepte de renoncer à moi en telle ou telle circonstance, Dieu me récompensera là haut ! » …. Ce n’est plus là, être offrande, c’est faire du marchandage avec Dieu ! Il faut donc apprendre à grandir dans l’amour gratuit et bien veiller sur les véritables sentiments de notre cœur.
- L’offrande des biens
Dans le temps, lorsque l’homme voulait se rapprocher de Dieu, il offrait des sacrifices, des offrandes en nature. Aujourd’hui, ça n’existe plus car le Christ est venu renverser cela. Cependant il nous a donné un autre commandement : « Aimez vous les uns les autres ». Si nous voulons aimer Dieu nous devons aimer les autres. Or nous le savons tous, l’amour ne peut se contenter de paroles, il lui faut des gestes. L’offrande de nos biens matériels, aussi divers soient-ils, va donc toucher essentiellement l’offrande aux autres. Même lorsque nous offrons à Dieu, l’argent de la quête du dimanche, cela va servir aux autres, puisque cet argent va servir à gérer les besoins de l’Eglise. Nous savons partager, nous savons donner, mais reconnaissons le, la plupart du temps, nous nous contentons d’offrir une parcelle de notre superflu ! Cela ne nous prive guère ! Et même si cela est déjà fort louable, Jésus lui, nous invite à aller plus loin.
Tel l’exemple de cette veuve en Marc 12/41.44
S'étant assis face au Trésor, il regardait la foule mettre de la petite monnaie dans le Trésor, et beaucoup de riches en mettaient abondamment.42 Survint une veuve pauvre qui y mit deux piécettes, soit un quart d'as.43 Alors il appela à lui ses disciples et leur dit : "En vérité, je vous le dis, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que tous ceux qui mettent dans le Trésor.44 Car tous ont mis de leur superflu, mais elle, de son indigence, a mis tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre."
L’argent, ici, même s’il est offert à Dieu, va servir aux biens du temple. Le temple est riche, mais cette veuve, dans son amour de Dieu, lui offre tout ce qui lui reste. L’homme ne le remarque pas, Dieu si ! Et Jésus en fait l’éloge.
Témoin encore ce passage du jeune homme riche
Il se mettait en route quand un homme accourut et, s'agenouillant devant lui, il l'interrogeait : "Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? "18 Jésus lui dit : "Pourquoi m'appelles-tu bon ? Nul n'est bon que Dieu seul.19 Tu connais les commandements : Ne tue pas, ne commets pas d'adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère."20 "Maître --, lui dit-il, tout cela, je l'ai observé dès ma jeunesse."21 Alors Jésus fixa sur lui son regard et l'aima. Et il lui dit : "Une seule chose te manque : va, ce que tu as, vends-le et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens, suis-moi."22 Mais lui, à ces mots, s'assombrit et il s'en alla contristé, car il avait de grands biens. Marc 10/17.22
Voilà le summum de l’offrande à Dieu : vendre tout ce que l’on a, le partager aux plus pauvres et suivre Jésus ! Bien sur cela demande discernement dans notre vie d’aujourd’hui … mais Jésus nous montre bien par là que nous devons savoir être suffisamment détachés affectivement de nos biens matériels si nous voulons le suivre ! Ce jeune homme s’en trouve incapable. Peut-être sommes-nous tentés de le regarder de haut, mais au fond ne sommes-nous pas comme lui, quand nous disons simplement ; « ceci je peux te le donner, mais cela non ! J’y tiens trop ! Tu comprends c’est un objet de valeur ! » Ou encore « Tu comprends c’est un souvenir ! » Etc. … Cette chose pourtant ne nous est pas vitale, et pourrait être d’un grand secours à autrui ! Regardons donc l’attachement de cœur que nous avons envers nos biens matériels, et regardons en vérité, si nous sommes prêts à entendre la parole de Jésus au cœur de notre vie ? Ce jeune homme s’en alla tout triste devant son incapacité, mais Jésus lui aussi en fut tout aussi attristé ! C’est qu’on ne peut suivre Jésus, qu’on ne peut l’aimer véritablement tant que nous restons attachés à nos possessions humaines, tant que nous gardons le souci de nous mêmes.
- L’offrande de soi
Cette offrande concerne à la fois l’offrande de nous-mêmes autres et l’offrande de nous-mêmes à Dieu. Cette offrande peut être partielle ou totale. Jésus nous veut tout entier à lui, car c’est dans l’abandon total de nous mêmes qu’il peut vraiment nous combler de son amour, de sa vie. Mais il nous est difficile de mourir ainsi à nous-mêmes.
Il nous faut là écouter la voix de Saint Paul
Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi. Galates 2/20
Vivre dans la foi au Christ ! Tout un programme dont Saint Paul nous ouvre le chemin lorsqu’il écrit
Oui, cherchez à imiter Dieu, comme des enfants bien-aimés,2 et suivez la voie de l'amour, à l'exemple du Christ qui vous a aimés et s'est livré pour nous, s'offrant à Dieu en sacrifice d'agréable odeur. Ephésiens 5/2
Voila qui se fait plus clair, s’offrir soi-même à Dieu comme le Christ s’est offert lui-même à son Père pour nous. Mais comment nous offrir à Dieu ?
Saint Paul continue à nous enseigner :
Ne faites plus de vos membres des armes d'injustice au service du péché ; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu. Rom 6/13
Ou bien ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu ? Et que vous ne vous appartenez pas ?20 Vous avez été bel et bien achetés ! Glorifiez donc Dieu dans votre corps. 1 cor 6/19.20
Ces paroles, qu’en notre temps, on pourrait croire réservées à tout ce qui est sexuel, va en fait beaucoup plus loin, les « membres armes d’injustice », ce sont tous nos actes d’égoïsme, d’égocentrisme, de refus des autres, d’irrespect envers les autres, ce sont tous nos manques de vérité, de justice humaine, de charité … Or nous sommes, de par notre baptême des temples du Saint Esprit, que faisons-nous de ce temple ? … Le Christ nous a rachetés en nous offrant la vie éternelle, nous ne pouvons plus nous appartenir à nous-mêmes. Nous avons à vivre de la vie même que le Christ nous offre ; ou alors nous ne sommes pas du Christ, nous ne pouvons nous dire chrétiens, disciples du Christ !
S’offrir à Dieu c’est donc déjà obéir à la parole, mettre notre vie en accord avec ses commandements. Cela est déjà une grande offrande, mais elle n’est encore que partielle, car nous y gardons la liberté d’organiser notre vie comme bon nous semble.
Pour devenir semblable à celle du Christ, notre offrande, l’offrande de nous-mêmes, doit se faire « holocauste », c'est-à-dire offrande totale, sans aucune réserve, sans aucune restriction, une offrande où l’on s’abandonne totalement, pour être consumé par l’amour de Dieu pour les âmes. On pense généralement que cette offrande là ne peut se vivre que dans le sacerdoce ou la vie monastique, mais on peut aussi le vivre au cœur du monde dans la vie qui est la nôtre, car cette offrande ne dépend pas tant d’un univers religieux précis que de l’offrande de notre cœur à Dieu, dans la pleine obéissance à ce qu’il nous demande. C’est d’ailleurs ce que St Paul nous dit dans son épitre aux Romains
Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre.2 Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. Romains 12/1.2
Seulement pour parvenir à une telle offrande il faut on seulement avoir conscience de la grandeur du sacrifice du Christ pour nous, il faut également compatir à son amour pour les âmes.
Pas d’offrande sans compassion
Il ne peut en effet y avoir d’offrande de soi sans élan d’amour pour Dieu et pour les âmes Compatir en effet veut dire « pâtir avec » donc souffrir avec. Vu notre contexte, je traduirai plutôt ce terme par l’expression « ressentir avec, aimer avec », que ce soit dans la joie ou dans la souffrance.
Saint Paul se faisait tout à tous, pouvant ressentir et partager la joie comme la souffrance des autres et y communier.
Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns. 1 Cor 9/22
Et ailleurs, il nous donne en quelque sorte le mode d’emploi :
Que votre charité soit sans feinte, détestant le mal, solidement attachés au bien ;10 que l'amour fraternel vous lie d'affection entre vous, chacun regardant les autres comme plus méritants,11 d'un zèle sans nonchalance, dans la ferveur de l'esprit, au service du Seigneur,12 avec la joie de l'espérance, constants dans la tribulation, assidus à la prière,13 prenant part aux besoins des saints, avides de donner l'hospitalité.14 Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez, ne maudissez pas.15 Réjouissez-vous avec qui est dans la joie, pleurez avec qui pleure.16 Pleins d'une égale complaisance pour tous, sans vous complaire dans l'orgueil, attirés plutôt par ce qui est humble, ne vous complaisez pas dans votre propre sagesse.17 Sans rendre à personne le mal pour le mal, ayant à cœur ce qui est bien devant tous les hommes,18 en paix avec tous si possible, autant qu'il dépend de vous,19 sans vous faire justice à vous-mêmes, Rom 12/9.18
On se rend bien compte ici, que tous ces actes extérieurs, dépendent d’abord de l’intérieur, de l’état de notre cœur. En effet, si nous sommes habités par la haine, le jugement comment pourrons nous être accueillants de l’autre, comment serions capables de bénir nos ennemis ? Le cœur, est donc bien la base de l’offrande de nous-mêmes aux autres.
Il en est de même de l’offrande que nous pouvons faire de nous-mêmes à Dieu. Il faut regarder à notre cœur. De quel amour aimons-nous Dieu ? Avec quelle reconnaissance accueillons-nous son sacrifice pour nous et pour les autres ? Savons-nous entrer dans sa joie de voir les âmes répondre à son œuvre de salut ? Savons-nous compatir à sa douleur de voir les âmes le refuser et se perdre ? Osons-nous ce regard sur Jésus ? Et si nous osons ce regard, jusqu’où va notre désir de le consoler ? De réparer les offenses qui lui sont faites ? De cela en effet dépend l’offrande que nous faisons de notre personne, de notre vie à Dieu. Sommes-nous encore dans l’offrande partielle, qui se livre, en certains domaines et pas en d’autres ? Qui se livre à certains moments et pas tout le temps ? Ou sommes-nous vraiment sur le chemin de l’offrande totale, qui fait que l’on se livre sans réserve à Dieu, au jour le jour, pour que son œuvre d’amour puisse s’accomplir en nous et à travers nous, comme elle s’est opérée dans le Christ et à travers le Christ ? Sommes-nous vraiment prêts à suivre le Christ pour l’amour de Dieu et des âmes, quoique cela puisse nous en coûter ?
L’eucharistie et l’offrande de soi
On ne peut parler de l’offrande de soi sans se référer à celle du Christ dans son sacrement d’amour, qu’est l’eucharistie.
L’eucharistie est sacrement. Qui dit sacrement, dit alliance entre Dieu et l’homme mais aussi entre l’homme et Dieu. Une alliance c’est une relation, un courant d’amour, qui va dans les deux sens.
Dans l’eucharistie, Jésus se livre totalement à nous :
Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde. Jean 6/51
Et encore
Or, tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : "Prenez, mangez, ceci est mon corps."27 Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : "Buvez-en tous ; 28 car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Mat 26/26.28
Puisque nous le recevons dans ce sacrement c’est donc que nous acceptons nous aussi de nous offrir à lui.
En effet, quand nous allons communier, nous ne recevons pas une « vitamine » pour la route, mais c’est vraiment Jésus qui vient en nous. Communier, cela veut partager avec, vivre avec ! Dès lors, puisque Jésus se donne à nous, nous avons, nous aussi à nous donner à lui. C’est cela le principe même de la communion. La communion au Corps du Christ implique donc une union à Jésus, afin qu’il nous édifie, qu’il nous transforme, pour que nous devenions vivant de son amour, pour que nous lui devenions, comme dirait Saint Elisabeth de la Trinité, une humanité de surcroit. Saint Pierre nous le dit lui aussi :
Approchez-vous de lui, la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse auprès de Dieu.5 Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. 1 Pierre 2/4.5
Communier au Corps du Christ ne peut être un acte de routine, et encore moins un acte inconscient de ce que l’on fait. Cela implique aussi un « état de grâce » pour pouvoir le vivre, et donc ne pas se trouver en état de péché grave. Cela serait consommer notre propre condamnation.
Le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain24 et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit : "Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi."25 De même, après le repas, il prit la coupe, en disant : "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi."26 Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.27 Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur.28 Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ;29 car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s'il ne discerne le Corps. 1 Cor 11/23.29
C’est que l’on ne peut se servir de Dieu à notre guise. Dieu est saint, C’est avec respect que nous devons nous approcher de lui et si dans notre faiblesse humaine nous sommes pécheurs, nous devons toutefois avoir la conscience de notre faiblesse et le désir profond de la conversion. L’offrande de soi commence par ce désir de conversion, par cet effort quotidien de correspondre à l’amour de Dieu qui s’est livré pour nous. Vient ensuite, l’offrande plus entière de s’abandonner totalement entre ses mains, dans une pleine confiance, et dans l’unique souci de correspondre à son espérance envers nous, pour la gloire de son Nom et le salut des âmes. L’eucharistie, alors, en tant qu’union intime de notre cœur au Sien devient une force transformante, une force de vie extraordinaire !
Conclusion
Tout est question d’amour ! Dieu ne nous forcera jamais, il respecte tant notre liberté, qu’il attendra notre réponse à son appel.
Rappelons nous alors simplement la parole même de Jésus : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime » … et demandons au Seigneur la grâce que cette parole devienne aussi la nôtre, pour l’amour de lui et des autres.
Myriam de Gemma
Septembre 2012
Date de dernière mise à jour : 2015-11-25
Ajouter un commentaire