Méditation : la Résurrection selon saint Paul
La résurrection de Jésus est au cœur de notre foi catholique. La fête de Pâques est la plus importante de l’année liturgique, et le sabbat juif est passé au dimanche dans l’Eglise en raison de cette résurrection. Au-delà de l’aspect miraculeux, il convient de réfléchir sur ce que cet évènement nous apporte dans notre relation à Dieu.
Pour cela, saint Paul fut parmi les apôtres le plus grand docteur de la résurrection. Benoît XVI dira de lui : « Jésus Christ ressuscité, exalté au-dessus de tous les noms, est au centre de toutes ses réflexions (Audience Générale du 07 novembre 2006) ». Puisqu’une synthèse, même courte, de son enseignement sur le sujet remplirait un volume, nous nous pencherons ici simplement sur deux passages majeurs du corpus paulinien, l’un tiré de l’épitre aux Romains et l’autre tiré de l’épitre aux Philippiens.
Le centre de la prédication de saint Paul est le Christ Sauveur, c’est-à-dire Jésus crucifié et Jésus ressuscité. Les deux parties de l’antithèse, mort et vie, crucifixion et résurrection, sont toutes deux indispensables à notre Salut. La mort du Christ, d’abord, s’inscrit dans la grande tradition des sacrifices rituels juifs : Jésus accomplit et perfectionne tous les sacrifices de l’Ancienne Alliance (Heb. 9). La résurrection, ensuite, est précisément la victoire définitive sur la mort et le péché. Saint Paul pourra donc à raison affirmer : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, vaine aussi est votre foi (1 Cor. 15, 14) ».
Dans l’épitre aux Romains, il rappelle que nous croyons « en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus-Christ, Notre-Seigneur, lequel a été livré pour nos offenses, et est ressuscité pour notre justification (Rom. 4, 24-25) ». Cette petite phrase est capitale, en se retrouve en substance dans presque tous ses écrits. Saint Paul, identifiant Jésus au serviteur souffrant d’Isaïe (Is. 53), ne cesse de répéter que la mort et les souffrances du Christ ont eu nos péchés pour causes. Jésus s’est offert comme victime expiatoire pour les péchés de toute l’humanité. Ainsi cette mort physique et véritable du Christ est aussi une mort mystique au péché, à l’esclavage du démon qui nous retenait captifs. Plus loin dans la même épitre, l’Apôtre pose cette question : « Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort (Rom. 6, 3-4) ». Par sa mort, le Christ nous accorde une libération totale et définitive des entraves du péché.
Mais la théologie paulinienne ne s’arrête jamais au côté simplement privatif. Oui, nous sommes morts au péché, mais pour renaître à une vie nouvelle. Pourquoi avons-nous été ensevelis ? « Afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle (Rom. 6, 4) ». La mort au péché n’est pas le but de la vie spirituelle, seule l’union à Dieu et la charité sont importantes (1 Cor. 13). Ceci est un enseignement majeur de saint Paul : la vie chrétienne ne se résume pas à lutter contre le péché, comme malheureusement trop de chrétiens la considèrent. « Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, sachant que le Christ ressuscité des morts ne meurt plus ; la mort n’a plus sur lui d’empire. Car sa mort fut une mort au péché une fois pour toutes, et sa vie est une vie pour Dieu (Rom. 6, 8-10) ». Voilà le véritable but de la vie chrétienne : une vie pour Dieu.
Le second texte que je voudrais porter à notre médiation est la magnifique hymne aux Philippiens, que nous avons lue pendant la fête des Rameaux : « Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus : bien qu’il fût dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement son égalité avec Dieu ; mais il s’est anéanti lui-même, en prenant la condition d’esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui ; il s’est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse, à la gloire de Dieu le Père, que Jésus-Christ est Seigneur (Phil. 2, 5-11) ».
Ce texte est à première vue moins axé sur l’analogie entre la vie du Christ et la nôtre que l’épitre aux Romains, mais il est plutôt centré sur la relation du Fils au Père. Cependant, la phrase introductive de saint Paul peut nous guider : ces sentiments de Jésus, cette soumission de son humanité à la volonté divine, cet abaissement conduisant à l’exaltation, sont les sentiments qui doivent se retrouver en chacun de nous. Le Christ « premier-né d’entre les morts (Col. 1, 18) » nous montre la voie à suivre, et en même temps il est lui-même cette voie (Jean 14, 6). C’est par la reconnaissance de la magnificence de Dieu, de sa dignité suprême que nous obtiendrons l’humilité, véritable racine de toutes les vertus chrétiennes. Ainsi, notre anéantissement ne nous apparaitra plus comme une privation ou une destruction de nous-mêmes, mais comme le fait de laisser en nous la place à quelqu’un de plus grand, qui nous comblera au-delà de nos espérances. En nous identifiant au Christ dans sa souffrance, nous auront part à la gloire qui est la sienne. Dans l’une comme dans l’autre, nous pourrons dire avec saint Paul : « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal. 2, 20).
Il est ainsi impensable, pour l’Apôtre, de considérer la religion chrétienne sans la Croix, qui est le fondement même de notre réconciliation avec Dieu. Mais il est aussi impensable de regarder la Croix sans regarder le tombeau vide ; la Résurrection et la Crucifixion sont intimement liées.
Après ce temps de Carême centré sur la pénitence et la mortification par union au sacrifice de Jésus-Christ, laissons-nous identifier à présent au Christ glorieux, par une vie chrétienne faite de joie, et d’une légitime fierté d’appartenir, corps et âme, à notre Seigneur.
Abbé Marin Cottard
En apostolat en Ouganda
Ordonné en 2018
https://www.institutdubonpasteur.org/2019/04/21/meditation-la-resurrection-selon-saint-paul/
Date de dernière mise à jour : 2020-11-29
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