L’ordination est réservée aux hommes
Mise au point du préfet de la Doctrine de la foi
Tribune dans L’Osservatore Romano MAI 29, 2018
« Le caractère définitif de la doctrine de Ordinatio sacerdotalis », c’est le titre de la tribune du cardinal désigné Luis Ladaria Ferrer, dans L’Osservatore Romano en italien daté du 30 mai 2018. Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi dissipe « quelques doutes » avec une mise au point : l’Eglise « ne possède pas la faculté de conférer aux femmes l’ordination sacerdotale », c’est une « décision du Seigneur » qui n’inclut « aucune subordination » de la femme à l’homme, précise-t-il encore.
Dans cette tribune, le préfet rappelle que « les prêtres sont configurés ‘au Christ prêtre, afin de pouvoir agir au nom du Christ, tête de l’Église’ (Presbyterorum ordinis, n.2) » : « Le Christ a voulu conférer ce sacrement aux douze apôtres, tous des hommes qui, à leur tour, l’ont communiqué à d’autres hommes. L’Église s’est reconnue toujours liée à cette décision du Seigneur, qui exclut que le sacerdoce ministériel puisse être validement conféré aux femmes », souligne-t-il. Et de citer la lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis (22 mai 1994) de Jean-Paul II : « afin d’enlever tout doute sur une question de grande importance … l’Église n’a en aucune sorte la faculté de conférer aux femmes l’ordination sacerdotale et … cette sentence doit être gardée de manière définitive par tous les fidèles de l’Église » (n.4). Il s’agit « d’une vérité qui appartient au dépôt de la foi ».
Sérieuse préoccupation
Le cardinal désigné, qui sera créé cardinal par le pape François le 28 juin prochain, fait part de sa « sérieuse préoccupation de voir encore surgir dans certains pays des voix qui mettent en doute le caractère définitif de cette doctrine » : « on argumente qu’elle n’a pas été définie ex cathedra et que, par conséquent, une décision postérieure d’un futur pape ou concile pourrait la renverser. En semant ces doutes, on crée une grave confusion parmi les fidèles, non seulement sur le sacrement de l’ordre comme faisant partie de la constitution divine de l’Église, mais aussi sur le magistère ordinaire qui peut enseigner la doctrine catholique de manière infaillible. »
Le préfet rappelle donc que « l’Église reconnaît que l’impossibilité d’ordonner des femmes appartient à la ‘substance du sacrement’ de l’ordre. L’Église n’a pas la capacité de changer cette substance, parce que c’est précisément à partir des sacrements, institués par le Christ, qu’elle est générée comme Église. Il ne s’agit pas seulement d’un élément disciplinaire, mais doctrinal, en ce qui concerne la structure des sacrements… Conscient de ne pas pouvoir modifier, par obéissance au Seigneur, cette tradition, l’Église s’efforce encore d’approfondir sa signification, puisque la volonté de Jésus-Christ, qui est le Logos, n’est jamais privée de sens. Le prêtre, en effet, agit dans la personne du Christ, époux de l’Église, et le fait qu’il soit homme est un élément indispensable de cette représentation sacramentelle ».
Il souligne que « la différence de fonctions entre l’homme et la femme ne prône en soi aucune subordination, mais un enrichissement mutuel », invitant à « approfondir et (à) promouvoir toujours plus le rôle spécifique des femmes dans l’Église » pour « jeter ainsi une lumière sur notre culture, qui peine à comprendre la signification et la bonté de la différence entre l’homme et la femme, laquelle touche aussi leur mission complémentaire dans la société ».
Continuité du magistère
Pour le cardinal désigné Ladaria, « les doutes soulevés sur le caractère définitif d’Ordinatio sacerdotalis ont des conséquences graves aussi sur la manière de comprendre le magistère de l’Église ». « Il est important de redire que l’infaillibilité ne concerne pas seulement des déclaration solennelles d’un concile ou du souverain pontife lorsqu’il parle ex cathedra, mais aussi l’enseignement ordinaire et universel des évêques dispersés dans le monde, quand ils proposent, en communion entre eux et avec le pape, la doctrine catholique à considérer comme définitive ».
Dans Ordinatio sacerdotalis, Jean-Paul II « n’a pas déclaré un nouveau dogme mais, avec l’autorité qui lui a été conférée en tant que successeur de Pierre, il a confirmé formellement et a rendu explicite, afin d’enlever tout doute, ce que le magistère ordinaire et universel a considéré tout au long de l’histoire de l’Église comme appartenant au dépôt de la foi ». En outre, il a « examiné la question dans la consultation préalable qu’il a voulu avoir à Rome avec les présidents des conférences épiscopales » et « tous, sans exception, ont déclaré avec une conviction totale, par l’obéissance de l’Église au Seigneur, qu’elle ne possède pas la faculté de conférer aux femmes l’ordination sacerdotale ».
Le préfet met en relief la continuité du magistère avec les successeurs du pape polonais : « Benoît XVI aussi a insisté sur cet enseignement, rappelant, dans la messe chrismale du 5 avril 2012, que Jean-Paul II « a déclaré de manière irrévocable » que l’Église, quant à l’ordination des femmes, « n’a eu aucune autorisation de la part du Seigneur ». Et dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium, le a réaffirmé que « le sacerdoce réservé aux hommes, comme signe du Christ époux qui se livre dans l’eucharistie » ne se met pas en discussion, et il a invité à ne pas interpréter cette doctrine comme une expression du pouvoir, mais d’un service. Dans la conférence de presse, pendant le vol de retour du voyage apostolique en Suède, le 1er novembre 2016, le pape François a redit : « Sur l’ordination des femmes dans l’Église catholique, la dernière parole claire a été donnée par saint Jean-Paul II, et cela demeure. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat
Tribune dans L’Osservatore Romano MAI 29, 2018
https://fr.zenit.org/articles/lordination-est-reservee-aux-hommes-la-mise-au-point-du-prefet-de-la-doctrine-de-la-foi/
Date de dernière mise à jour : 2018-05-29
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