P JP POTELLE vivre la parole
Homélie du 18 aout 2013
20eme dimanche ordinaire
Jr 38/4.10 ; Heb 12/1.4 ; Luc 12/49.53
Jérémie est au fond d’une citerne. Dans un sacré bourbier au sens propre et au sens figuré. Qu’a-t-il donc fait pour que l’armée, les militaires lui en veulent autant ? Il est accusé de démoraliser les troupes, le peuple. Que se passe-t-il à cette époque ? Il se passe que Jérusalem est assiégée par le roi de Babylone. Rien de plus normal me direz-vous ; chacun chez soi, chacun son indépendance. Mais voilà le prophète Jérémie a osé rappeler au peuple, au roi et à l’armée le serment d’obéissance que le roi Sédécias avait prononcé en faveur de Nabuchodonosor, roi de Babylone. De toute façon, Jérémie estimait que Juda désobéissant aux commandements de Dieu ne méritait pas son indépendance.
Nous avons dans cet épisode le parfait exemple du prophète qui intervient dans les questions des rapports sociaux de politique étrangère, de droit international.
Il faut comprendre que la parole de Dieu n’est pas neutre mais qu’elle nous engage, si nous sommes fidèles à cette parole de Dieu, qu’elle nous engage à prendre position contre l’injustice sociale, contre la course aux armements, contre la vente d’armes aux peuples en voie de développement….
Voyons le pape François qui s’est déplacé sur cette ile italienne où aboutissent les rescapés des boat people. Non seulement le pape François à prié pour ces pauvres gens obligés de quitter leur pays, poussés par la guerre et la faim, mais le pape François s’est adressé aussi à la communauté internationale pour que cesse cette inégalité et que d’abord les réfugiés soient accueillis dignement.
Pour notre part, nous n’avons pas d’accès aux médias internationaux, comme Jérémie à son époque, comme le pape François aujourd’hui. Mais dans notre milieu de vie, familial ou professionnel, est-ce que la parole de Dieu nous pousse à nous compromettre, sans crainte des représailles ?
Les représailles, l’hostilité, l’épître aux Hébreux nous les promet à l’image de notre maître et Seigneur, «celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, celui qui a enduré sans avoir honte, l’humiliation de la croix ; »
Mais à quoi nous invite d’abord la lettre aux Hébreux ? C’est de nous débarrasser de tout ce qui nous alourdit et d’abord du péché qui nous entrave si bien.
En effet il n’y a pas que la lutte extérieure, il y a aussi le combat intérieur.
Est-ce que nous menons ce combat intérieur contre notre péché personnel avec autant d’ardeur, que nous mettons par exemple à dénoncer le péché des autres ?
Pensons-nous « que ça y est, je suis un bon chrétien, j’ai la foi solide ! » Ou bien acceptons-nous que chaque jour le Christ vienne perfectionner notre cœur à travers les combats de notre vie.
C’est aussi notre tendance à chercher la tranquillité que Jésus dénonce dans l’évangile d’aujourd’hui.
« Je suis venu apporter un feu sur la terre »
Le règne de Dieu viendra comme un feu purifiant, séparer les justes et les pécheurs, provoquer la division au sein de nos familles entre ceux qui l’accueilleront comme une Bonne Nouvelle et ceux qui voudront la refuser.
Est-ce que l’évangile est pour nous une force de contestation des hypocrisies de ce monde, des situations acquises par l’injustice, et la violence ? Ou bien avons-nous mis la lumière sous le boisseau pour avoir la paix et pour préserver notre petite tranquilité ?
Le feu de l’amour a du mal à prendre sur la terre, c’est pour cela qu’il y a division entre les hommes. Il nous faut choisir notre camp : celui de l’Évangile du Christ ou celui de l’injustice ; l’abstention ici n’est pas possible. Amen
1ère lecture : Jérémie 38/ 4-6.8-10
Pendant le siège de Jérusalem, les chefs qui tenaient Jérémie en prison dirent au roi Sédécias : « Que cet homme soit mis à mort : en parlant comme il le fait, il démoralise tout ce qui reste de combattant dans la ville, et toute la population. Ce n'est pas le bonheur du peuple qu'il cherche, mais son malheur. » Le roi répondit : « Il est déjà entre vos mains, et le roi ne peut rien contre vous ! » Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne du prince Melkias, dans la cour de la prison. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n'y avait pas d'eau, mais de la boue, et Jérémie s'enfonça dans la boue. Un officier du palais, l'Éthiopien Ébed-Mélek, vint trouver le roi : « Mon Seigneur le roi, ce qu'ils ont fait au prophète Jérémie, c'est mal ! Ils l'ont jeté dans la citerne, il va y mourir de faim ! » Alors le roi donna cet ordre à l'Éthiopien Ébed-Mélek : « Prends trois hommes avec toi, et retire de la citerne le prophète Jérémie avant qu'il ne meure. »
2ème lecture : Hébreux 12/ 1-4
Frères, ceux qui ont vécu dans la foi, foule immense de témoins, sont là qui nous entoure. Comme eux, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d'abord du péché qui nous entrave si bien ; alors nous courrons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l'humiliation de la croix, et, assis à la droite de Dieu, il règne avec lui. Méditez l'exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans votre lutte contre le péché.
Evangile : Luc 12/ 49-53
Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m'en coûte d'attendre qu'il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Date de dernière mise à jour : 2021-07-04
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