Sainte Faustine Kowalska
"Sœur Marie Faustine, apôtre de la Miséricorde Divine, compte aujourd'hui parmi les Saints les plus célèbres de l'Église. Par son intermédiaire, le Seigneur Jésus transmet au monde entier Son grand message de la Miséricorde Divine et montre un modèle de perfection chrétienne fondée sur la confiance en Dieu et sur une attitude miséricordieuse envers le prochain." sa vie, site du Vatican
Canonisation de la bienheureuse Maria Faustyna Kowalska,Homélie du pape Jean Paul II, le dimanche 30 avril 2000.
Voir aussi Sainte Faustine (1905 - 1938) Une sainte pour notre temps (site de l’Église catholique en France)
Illustration: tableau de Jésus miséricordieux, “Par cette image j’accorderai beaucoup de grâces; que chaque âme ait donc accès à elle” (PJ 570) Congrégation des Sœurs de Jésus Miséricordieux.
Sainte Marie-Faustine (Hélène Kowalska), vierge, de la Congrégation des Sœurs de la Vierge Marie de la Miséricorde, fut très empressée à faire connaître le mystère de la miséricorde divine à Cracovie.
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/9899/Sainte-Faustine.html
Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,
«La mentalité contemporaine semble s'opposer au Dieu de miséricorde, et elle tend à éliminer de la vie et à ôter du coeur humain la notion même de miséricorde, constate le Pape Jean-Paul II. Le mot et l'idée de miséricorde semblent mettre mal à l'aise l'homme qui, grâce à un développement scientifique et technique inconnu jusqu'ici, est devenu maître de la terre qu'il a soumise et dominée Cependant, la situation du monde contemporain ne manifeste pas seulement des transformations capables de faire espérer pour l'homme un avenir terrestre meilleur, mais elle révèle aussi de multiples menaces, bien pires que celles qu'on avait connues jusqu'ici» (Encyclique Dives in misericordia, DM, 30 novembre 1980, 2).
Lors de la cérémonie de béatification de soeur Faustine Kowalska, le 18 avril 1993, le Pape dit encore: «Le bilan de ce siècle finissant présente, outre les conquêtes, qui ont souvent dépassé celles des époques précédentes, une inquiétude et une peur profondes à propos de l'avenir. Où par conséquent, sinon dans la miséricorde divine, le monde peut-il trouver l'issue et la lumière de l'espérance?»
Un regard sur la vie et le message de soeur Faustine permettra de mieux comprendre l'infinie richesse de la miséricorde divine.
UNE ÉDUCATION AUSTÈRE
Le 25 août 1905, à Glogow (Pologne), une petite fille naît au foyer des époux Kowalski, troisième d'une famille qui comptera dix enfants. Elle reçoit le lendemain, au saint baptême, le prénom d'Hélène. Son père gagne difficilement le pain quotidien, bien qu'il passe ses journées à cultiver de modestes terres, et une partie des nuits à exercer le métier de charpentier. Dans cette famille patriarcale, les parents prêchent par l'exemple plus que par les paroles. Les enfants sont élevés avec affection, mais aussi avec énergie et même rudesse.
Hélène est d'un naturel gai et expansif. Bien qu'elle s'y fasse remarquer comme une très bonne élève, elle ne restera à l'école que deux ans: on a besoin d'elle à la maison pour le ménage et les travaux des champs. À 9 ans, elle fait sa première communion, et devient plus recueillie, cherchant des temps de silence et de solitude. Dès 14 ans, on l'envoie travailler dans une ferme du voisinage. Cela rapportera un peu d'argent à sa famille, et elle pourra se confectionner une robe du dimanche pour aller à la Messe. Après une année de service dévoué, aimable, et consciencieux, Hélène déclare à sa mère: «Maman, je dois devenir religieuse; je dois entrer au couvent!»
La réponse est un "non" catégorique. Les Kowalski, à court d'argent et couverts de dettes, ne peuvent assurer les frais de constitution d'un trousseau, c'est-à-dire payer les vêtements de religieuse, condition pour l'admission des postulantes au couvent. Hélène doit donc prendre patience: elle retourne en service, plus loin, dans la ville de Lodz.
AU MILIEU DES DANSEURS ÉFFRÉNÉS...
Deux années passent. Hélène a 18 ans. Elle supplie à nouveau ses parents de lui permettre enfin de réaliser sa vocation. Même refus net. Désappointée, la jeune fille se laisse aller à une certaine tiédeur et tâche d'étouffer l'appel de Dieu dans les divertissements. La voilà au bal, un dimanche soir, avec sa soeur. Elle danse, mais son coeur éprouve un étrange malaise. Elle voit tout à coup Jésus près d'elle: Il est là, tout sanglant, couvert de plaies, le visage torturé de douleur, le regard implorant, déchirant. Il lui dit: «Combien de temps te supporterai-je encore? Jusqu'à quand vas-tu me décevoir?» Hélène, stupéfaite, bouleversée, s'arrête aussitôt de danser. Elle n'entend plus aucun son; elle ne voit plus rien de la salle de danse et des danseurs toujours tourbillonnants, effrénés. Elle s'esquive, et court jusqu'à la cathédrale Saint-Stanislas Kostka.
L'église est presque déserte. Elle se prosterne, étendue la face contre terre, devant la Sainte Hostie exposée dans son brillant ostensoir; et, de tout son coeur, frémissant d'attente et d'humble soumission, elle demande à Jésus-Christ: «Que dois-je faire?... - Pars tout de suite pour Varsovie, là-bas tu entreras au couvent». Hélène se relève, le coeur débordant de joie, explique tout à sa soeur, lui demande de dire adieu à ses parents pour elle, et, sans bagages, prend le premier train pour Varsovie. Elle trouve provisoirement une place de bonne à tout faire dans une famille catholique. Mais aucune porte de couvent ne s'ouvre pour elle: on ne veut pas de cette paysanne sans instruction ni dot. Elle persévère à chercher, et finalement est introduite auprès de la Mère Supérieure des Soeurs de Notre-Dame de la Miséricorde.
ALLEZ VOIR LE MAÎTRE DE LA MAISON
Embarrassée, la Mère Supérieure lui dit: «Allez donc demander au Maître de cette maison, si, Lui, veut bien vous recevoir». Pleine de joie, Hélène va à la chapelle, et agenouillée devant le Tabernacle, elle demande: «Maître de cette maison, voulez-vous me recevoir?» Aussitôt, elle entend ces paroles: «Je te reçois, tu es dans mon Coeur». Elle revient trouver la Supérieure qui l'interroge: «Eh bien, est-ce que Notre-Seigneur vous a reçue? - Oui. - Si Lui vous a reçue, moi aussi je vous reçois». Hélène (qui s'appellera désormais en religion soeur Faustine) commence ainsi une vie toute consacrée au service du Christ miséricordieux et de sa Sainte Mère.
Heureuse d'abord, la postulante est bientôt déçue: reçue comme soeur converse, elle est tout absorbée par les travaux de nettoyage, d'entretien, etc... et n'a que peu de temps pour la prière, la méditation, le coeur à coeur avec Jésus, son Sauveur. Presque décidée à quitter la Congrégation pour en chercher une autre plus contemplative, elle supplie le divin Maître de l'éclairer: soudain, la Face sanglante de Notre-Seigneur lui apparaît, dans sa chambre: «Ici, je t'ai appelée, ici, je te prépare de grandes grâces».
Pleinement abandonnée à la volonté divine, soeur Faustine deviendra une véritable contemplative, en différentes maisons de la Congrégation et au milieu de travaux continuels, dont elle s'acquitte avec talent et dévouement: cuisine, jardin, porterie
Le 22 février 1931, Notre-Seigneur lui apparaît à nouveau. Il est revêtu d'un grand vêtement blanc, une main levée en un geste d'absolution et l'autre posée à l'emplacement de son divin Coeur. De ce Coeur jaillissent vers la terre deux flots de lumière, l'un rouge, l'autre blanc, dont les faisceaux vont en s'élargissant jusqu'à recouvrir le monde entier. Et Jésus dit à soeur Faustine: «Peins une image semblable à ce que tu vois et écris en dessous: "Jésus, j'ai confiance en vous". Je désire que cette image soit vénérée dans le monde entier. Je promets à ceux qui la vénéreront la victoire sur les forces du péché, surtout à l'heure de la mort. Je les défendrai moi-même comme ma gloire».
«Que signifient les deux faisceaux de rayons, l'un rouge, l'autre blanc? demande soeur Faustine. - Ces rayons signifient l'eau et le sang. L'eau qui purifie les âmes; le sang qui est la vie de l'âme. Ils jaillissent de mon Coeur ouvert sur la Croix». Saint Jean témoigne, en effet: Un des soldats ouvrit le côté de Jésus d'un coup de lance, et il en sortit avec abondance du sang et de l'eau! (Jn 19, 34). L'eau représente le Baptême et le sacrement de Pénitence; le sang, l'Eucharistie.
Soeur Faustine est incapable de dessiner ou de peindre. Sur ses indications, un artiste réalisera l'icône sainte de Jésus miséricordieux. Mais que de luttes, de contradictions, de moqueries et d'échecs lui sont réservés jusqu'en 1935, où, timidement, le tableau sera exposé dans le célèbre sanctuaire de Notre-Dame d'Ostra Brama, à Wilno, grâce aux efforts de son confesseur, l'abbé Sopocko. Aussitôt, l'icône attire l'attention, et les grâces extraordinaires de conversion se multiplient. Après la mort de soeur Faustine, elle sera reproduite dans le monde entier.
POUR QUI LA MISÉRICORDE ?
Qu'est-ce que la miséricorde? Être miséricordieux c'est avoir un coeur affecté de tristesse à la vue de la misère d'autrui comme s'il s'agissait de la sienne propre. L'effet de la miséricorde est de s'efforcer d'écarter, autant que possible, cette misère du prochain. La miséricorde divine est l'amour de Dieu pour les hommes en proie à la souffrance, l'injustice, la pauvreté et le péché. Elle montre Dieu particulièrement proche de l'homme. Jésus-Christ a révélé, par son style de vie et ses actions, comment l'amour de Dieu est présent dans le monde où nous vivons. Cet amour actif est capable de se pencher sur chaque enfant prodigue, sur chaque misère morale (chaque péché). «La miséricorde est comme le deuxième nom de l'amour, et elle est en même temps la manière propre dont il se révèle et se réalise pour s'opposer au mal qui est dans le monde, qui tente et assiège l'homme, s'insinue jusque dans son coeur et peut le faire périr dans la géhenne» (DM, 7).
«À la suite de saint Paul, l'Église a toujours enseigné que l'immense misère qui opprime les hommes et leur inclination au mal et à la mort ne sont pas compréhensibles sans leur lien avec le péché d'Adam et le fait qu'il nous a transmis un péché dont nous naissons tous affectés» (Catéchisme de l'Église Catholique, CEC, 403). Nous avons tous besoin de la miséricorde car nous sommes tous atteints par les conséquences du péché d'Adam. Nos fautes personnelles n'ont fait qu'aggraver notre situation: «Aux yeux de la foi, aucun mal n'est plus grave que le péché, et rien n'a de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes, pour
l'Église et pour le monde entier» (CEC 1488). La malice du péché grave se comprend mieux lorsque l'on considère ses suites éternelles: «C'est seulement dans cette vision eschatologique (du ciel et de l'enfer) que l'on peut avoir la mesure exacte du péché et se sentir poussé de façon décisive à la pénitence et à la réconciliation (avec Dieu et le prochain)» (Jean-Paul II, Réconciliation et pénitence, 2/12/1984, 26).
LE FRUIT DU PÉCHÉ
Dans sa miséricorde, Dieu a voulu montrer à soeur Faustine la conséquence éternelle du péché grave. Elle écrit dans son "Petit Journal": «Aujourd'hui, j'ai été introduite par un ange dans les gouffres de l'enfer. C'est un lieu de grands supplices. Son étendue est terriblement grande. J'y ai vu divers genres de souffrances: - La première c'est la perte de Dieu. - La seconde: les perpétuels remords de conscience. - La troisième: le sort des damnés ne changera jamais. - La quatrième: c'est le feu, allumé par la colère de Dieu, qui va pénétrer dans l'âme sans la détruire. - La cinquième: ce sont les ténèbres continuelles, une odeur terrible, étouffante. Et, malgré les ténèbres, les démons et les âmes damnées se voient mutuellement et voient tout le mal des autres et le leur. - La sixième: c'est la continuelle compagnie de Satan. - La septième: un désespoir terrible, la haine de Dieu, les malédictions, les blasphèmes.
«Que chaque pécheur sache qu'il sera torturé durant toute l'éternité par les sens qu'il a employés pour pécher. J'écris cela sur l'ordre de Dieu pour qu'aucune âme ne puisse s'excuser disant qu'il n'y a pas d'enfer, ou que personne n'y a été et ne sait comment c'est. Moi, soeur Faustine, par ordre de Dieu, j'ai pénétré dans les abîmes de l'enfer pour en parler aux âmes et témoigner que l'enfer existe Une chose que j'ai remarquée, c'est qu'il y avait là beaucoup d'âmes qui avaient douté que l'enfer existe... Aussi, je prie encore plus ardemment pour le salut des pécheurs. Sans cesse, j'appelle la Miséricorde divine sur eux. Ô mon Jésus, je préfère agoniser jusqu'à la fin du monde dans les plus grands supplices que de Vous offenser par le moindre péché».
Ce témoignage personnel de la bienheureuse est d'autant plus digne d'attention qu'il ne contredit en rien la doctrine de l'Église: «L'Église affirme l'existence de l'enfer et son éternité... Mourir en péché mortel sans s'en être repenti et sans accueillir l'amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de Lui pour toujours par notre propre choix libre» (CEC, 1035, 1033).
La réalité de l'enfer nous invite à réfléchir sur la gravité de sa cause, le péché mortel. On «appelle péché mortel, l'acte par lequel un homme, librement et consciemment, refuse Dieu, sa loi, l'alliance d'amour que Dieu lui propose, préférant se tourner vers lui-même, vers quelque réalité créée et finie, vers quelque chose de contraire à la volonté de Dieu» (Encyclique Veritatis splendor, 6 août 1993). Cela se produit dans toute désobéissance aux commandements de Dieu en matière grave (par exemple: idolâtrie, apostasie, blasphème, avortement, euthanasie, contraception, adultère, etc.).
« MON JÉSUS, MISÉRICORDE ! »
Dieu, Lui, n'est en aucune façon l'auteur du péché. Bien plus, Il n'abandonne pas celui qui a eu le malheur de L'offenser, mais Il lui offre inlassablement la grâce du repentir. Le Sang du Christ, mort par amour, nous a obtenu un sûr accès auprès du Dieu de miséricorde: Le sang du Christ purifiera notre conscience de toutes les oeuvres de mort (He, 9, 14). La miséricorde est la caractéristique de Dieu. Une oraison liturgique de la Messe pour les défunts commence ainsi: «Ô Dieu, dont le propre est d'avoir toujours pitié et de pardonner », et l'oraison Collecte du 26e dimanche ordinaire affirme que Dieu manifeste surtout sa toute-puissance par le pardon et la miséricorde. La miséricorde est la vertu la plus grande, car Il lui appartient de donner aux autres, et, qui plus est, de soulager leur indigence. C'est là le propre de Dieu qui possède tout et qui peut tout (cf. saint Thomas d'Aquin, IIa IIæ, 30, 4). Jean-Paul II souligne: «La miséricorde, en tant que perfection du Dieu infini, est elle-même infinie. Infinie donc et inépuisable est la promptitude du Père à accueillir les fils prodigues qui reviennent à la maison. Infinies sont aussi la promptitude et l'intensité du pardon qui jaillit continuellement de l'admirable valeur du sacrifice du Fils. Aucun péché de l'homme ne peut prévaloir sur cette force ni la limiter» (DM, 13).
Le Sauveur dit un jour à soeur Faustine: «Je veux que les prêtres proclament ma très grande miséricorde. Je veux que les pécheurs m'approchent sans crainte d'aucune sorte! L'âme fût-elle comme un cadavre en pleine putréfaction, n'y eût-il plus, humainement, aucun remède, il n'en est pas ainsi devant Dieu! Les flammes de ma miséricorde me consument. Je suis pressé de les déverser sur les âmes Aucun péché, fût-il un abîme d'abjection, n'épuisera ma miséricorde, car plus on y puise, plus elle augmente C'est pour les pécheurs que j'ai versé tout mon sang. Qu'ils ne craignent donc pas de m'approcher!» Ainsi s'explique la confiance de saint Bernard: «Mon corps d'argile m'accable de tout son poids, Satan dresse ses pièges, mais je ne culbute pas, je ne tombe pas, parce que je suis solidement établi sur le roc inébranlable. Je sais que j'ai péché gravement, ma conscience me le reproche; mais je ne perds pas courage, je me rappelle les plaies de mon Sauveur, qui a été blessé pour nos iniquités (Is 53, 5). Qu'y a-t-il de si mortel qui ne soit guéri par la mort rédemptrice du Christ? Quand je pense à un remède si puissant et si efficace, je ne puis m'épouvanter d'aucune maladie, si maligne soit-elle» (Sermon 61 sur le Cantique des Cantiques, 5).
Saint Benoît, dans le Prologue de sa Règle, nous présente la miséricorde divine comme un puissant motif d'espérance, et un appel à la conversion: «C'est pour l'amendement de nos péchés que les jours de cette vie nous sont prolongés comme une trêve, ainsi que dit l'Apôtre: Ignores-tu que la patience de Dieu te ménage pénitence? Car notre miséricordieux Seigneur dit aussi: Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive». Le repentir et la conversion sont les dispositions nécessaires pour avoir part à la grâce de la Rédemption. Le Saint-Père nous en avertit lorsqu'il dit: «Du côté de l'homme, seul peut limiter (la miséricorde) le manque de bonne volonté, le manque de promptitude dans la conversion et la pénitence, c'est-à-dire l'obstination continuelle qui s'oppose à la grâce et à la vérité, spécialement face au témoignage de la Croix et de la Résurrection du Christ» (DM, 13).
Au pécheur repentant, la miséricorde divine se donne d'une manière privilégiée dans la confession. «C'est le sacrement de la pénitence ou de la réconciliation qui aplanit la route de chacun, même quand il est accablé par de lourdes fautes. Dans ce sacrement, tout homme (baptisé) peut expérimenter de manière unique la miséricorde, c'est-à-dire l'amour qui est plus fort que le péché» (DM, 13). La miséricorde est également promise à ceux qui savent pardonner et compatir aux souffrances des autres: Bienheureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde (Mt 5, 7).
VICTIME DE L'AMOUR MISÉRICORDIEUX
Après l'apparition de 1931, la vie de soeur Faustine est marquée par la souffrance physique, les épreuves intérieures et les humiliations. Mais elle accepte tout avec joie pour obtenir le salut des pécheurs, si bien que le Sacré-Coeur lui promet: «Je te donnerai tout ce que tu veux Pour châtier, j'ai toute l'éternité. Maintenant, je prolonge le temps de la miséricorde. Avant de venir comme Juge, j'ouvre toutes grandes les portes de ma miséricorde Les plus grands pécheurs pourraient devenir de très grands saints, s'ils se fiaient à ma miséricorde». Comme sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, la religieuse polonaise brûle de zèle missionnaire: «Je me sens comptable de toutes les âmes, je sens que je ne vis pas pour moi seule, mais pour l'Église tout entière Ô mon Jésus, j'étreins le monde tout entier pour l'offrir à ta miséricorde!»
Les derniers mois de soeur Faustine, vécus dans un sanatorium à cause de la tuberculose qui la ronge depuis 1933, se passent dans la prière et l'immolation pour les agonisants de son entourage. Elle en obtient souvent la conversion, même dans des circonstances humainement désespérées. Elle s'endort doucement dans le Seigneur à l'âge de 33 ans, le 5 octobre 1938.
Soeur Faustine avait une grande dévotion pour la Sainte Vierge, Mère de miséricorde. «Marie, dit le Pape, est celle qui connaît le plus à fond le mystère de la miséricorde divine. Elle en sait le prix, et combien il est grand. Cet amour miséricordieux ne cesse pas, en elle et grâce à elle, de se révéler dans l'histoire de l'Église et de l'humanité» (DM, 9).
Bienheureuse soeur Faustine, obtenez-nous, sous la protection maternelle de Marie et de saint Joseph, le bienfait d'avancer avec confiance vers le trône de la grâce afin d'obtenir la miséricorde et le secours divin en temps opportun (He 4, 16), pour nous et pour tous ceux qui nous sont chers, vivants et défunts.
Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,
La confiance en la Miséricorde de Dieu est particulièrement nécessaire de nos jours, dans un monde qui se distingue par des réussites scientifiques et techniques, mais qui, dans le même temps, est marqué par une profonde crise morale; celle-ci apparaît dans les interrogations de nos contemporains, relevées par le Cardinal A. Rouco Varela, archevêque de Madrid, au synode des évêques d'Europe: «Sur quoi construire la vie et la cité? Sur quelles vérités, quelles valeurs morales, quelles motivations vitales?» Aujourd'hui, constate le prélat, «avec une fréquence préoccupante, la réponse semble être la suivante: sur aucune vérité, sur aucune valeur permanente, sur aucun idéal qui ne soit celui du profit immédiat de ce que la vie peut offrir d'agréable» (8 octobre 1999).
Cette perte des repères et du sens de la vie engendre l'angoisse et la peur. «Si nous nous interrogeons sur les racines de cette situation actuelle de désespoir, disait encore le Cardinal Rouco Verula, nous sommes amenés à considérer la conception moderne de l'homme. Elle fait de celui-ci le centre absolu de la réalité, lui faisant occuper faussement la place de Dieu. Elle oublie que ce n'est pas l'homme qui fait Dieu, mais Dieu qui fait l'homme. L'oubli de Dieu a conduit à l'abandon de l'homme... Hors de Jésus-Christ, nous ne savons pas ce que sont réellement Dieu, la vie, la mort ou nous-mêmes. Il n'est pas étonnant qu'une culture sans Dieu finisse par devenir aussi une culture sans espérance, parce que seulement en Lui, qui est l'Amour éternel et créateur, le coeur de l'homme trouve son origine et sa fin véritable».
Un message pour le monde
À ce monde en détresse, Jésus-Christ a voulu rappeler l'amour de son Coeur miséricordieux, par la voix d'une femme modeste, inconnue, qui accomplissait les fonctions de cuisinière, de jardinière et de portière de son couvent. Il lui adressa ces paroles à la fois étonnantes et réconfortantes: «Je t'envoie, avec ma Miséricorde, à toute l'humanité. Je ne veux pas punir l'humanité qui souffre, mais je veux la guérir, la serrer contre mon Coeur miséricordieux... Parle au monde entier de ma Miséricorde». Cette humble Religieuse, soeur Faustine Kowalska, a été canonisée le 30 avril 2000, par le Pape Jean-Paul II.
Hélène Kowalska, troisième de dix enfants, est née le 25 août 1905, à Glogow (Pologne). Vive, primesautière, gaie comme un pinson, Hélène s'amuse tout comme les autres enfants du village. À sept ans, Dieu l'appelle par son nom: «Pour la première fois, écrira-t-elle plus tard, j'entendis distinctement la voix de Dieu dans mon âme, m'invitant à la vie parfaite. Cependant je ne lui fus pas toujours docile» (Petit Journal). À l'école, elle se distingue par son intelligence. Bientôt cependant, on a besoin de son aide à la maison, et, dès neuf ans et demi, elle troque son cabas d'écolière contre une houlette de pastourelle. À 14 ans, Hélène part travailler dans une ferme du voisinage. Après une année de service dévoué, aimable et consciencieux, elle déclare à sa mère: «Maman, je dois devenir Religieuse!» La réponse est un «non» catégorique. Les Kowalski ne peuvent assurer les frais de constitution d'un trousseau, nécessaire, à l'époque, pour entrer au couvent. Hélène reprend du service, dans la ville de Lodz. Lorsqu'elle atteint ses 18 ans, la jeune fille supplie à nouveau ses parents de lui permettre de réaliser sa vocation. Même refus.
«Lorsque mes parents m'eurent interdit d'entrer au couvent, écrira-t-elle, j'essayais de me distraire avec des bagatelles en faisant la sourde oreille à la voix de la grâce... j'évitais Dieu et je m'inclinais vers les créatures. Cependant, la grâce triompha. Un jour, j'étais au bal avec ma soeur. La fête battait son plein, mais mon âme souffrait d'un étrange malaise. Lorsque je me mis à danser, tout d'un coup, j'aperçus Jésus auprès de moi. Dépouillé, torturé, couvert de blessures… Il me dit: «Combien de temps te souffrirai-je encore? Jusqu'à quand me feras-tu attendre?» Aussitôt, il se fit un grand silence, je n'entendis plus la musique, et la joyeuse compagnie disparut à mes yeux. Il n'y avait que Jésus et moi. Je m'assis auprès de ma soeur, prétextant une migraine. Au bout d'un instant, en cachette, je quittai la salle et je courus à la cathédrale Saint-Stanislas Kostka. Le jour commençait à poindre et il y avait peu de monde. Sans me soucier de mon entourage, je me prosternai la face contre terre devant le Très Saint-Sacrement et je demandai ce que, maintenant, je devais faire. J'entendis ces paroles: «Va à Varsovie, là-bas tu entreras au couvent». Je me levai sur-le-champ... réglai comme je pus mes affaires... et, tout de suite, avec juste une robe sur mon dos et sans rien emporter, je pris le train pour Varsovie».
Là, un peu désorientée, elle s'adresse à un prêtre qui la réconforte et la place comme servante chez une dame très pieuse, jusqu'à ce qu'elle soit reçue dans la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde. Cette Congrégation, fondée par Mère Thérèse Rondeau (1793-1866), une française, aide les femmes et les jeunes filles tombées dans une vie de péché à retourner sur le bon chemin, et éduque des jeunes filles qui ont besoin d'une protection spéciale pour éviter les dangers de ce monde. Dans chaque couvent, on distingue trois catégories de personnes: les directrices, les coadjutrices et les pensionnaires. Hélène est admise parmi les coadjutrices, qui s'occupent des travaux matériels de la maison.
«Qui T'afflige ainsi?»
Heureuse d'abord, la postulante est bientôt déçue: elle est tout absorbée par les travaux manuels et n'a que peu de temps pour la prière, la méditation, le coeur à coeur avec Jésus. «Au bout de trois semaines, écrit-elle, je décidai d'entrer dans un couvent plus austère. Cette pensée s'ancra si profondément dans mon esprit qu'un beau jour je fus bien résolue à partir... Rentrée dans ma cellule, je me prosternai la face contre terre et suppliai Dieu de me montrer sa volonté... Tout d'un coup, il se fit une grande lumière. Sur le fond de mon rideau, je vis la Sainte Face exprimant une indicible douleur, couverte de plaies et avec de grosses larmes qui tombaient sur la couverture de mon lit. Bouleversée, je dis: «Mon Jésus, qui donc T'afflige ainsi?» Il me répondit: «Toi, si tu pars: ici je t'ai appelée, ici je te prépare de grandes grâces»... Depuis ce jour, je me sens heureuse et contente». Apaisée, Hélène s'applique à vivre son idéal d'union à Dieu, avec ses poêles et ses casseroles, en bêchant au jardin ou en vendant du pain dans le va-et-vient de la porterie.
Admise à la prise d'habit le 30 avril 1926, elle prend le nom de soeur Faustine. Mais bientôt commence pour elle une lourde épreuve: «Dès la fin de la première année de mon noviciat, une obscurité de plus en plus épaisse commença à envahir mon âme, écrit-elle. Mon esprit devint opaque, les vérités de la foi me semblaient absurdes. Lorsqu'on me parlait de Dieu, mon coeur était comme une pierre, incapable du moindre acte d'amour! Dans la prière, je ne trouvais aucune consolation... Souvent pendant la Messe tout entière, je ne faisais que lutter contre des blasphèmes qui se pressaient sur mes lèvres... Lorsque le prêtre m'expliquait que c'étaient des épreuves et que, dans cet état, je n'offensais pas Dieu, mais qu'au contraire c'était un signe que Dieu m'aimait, je n'y trouvais aucune consolation, il me semblait que ces paroles ne me concernaient pas... Je me prosternais alors devant le Saint-Sacrement et je répétais ces mots: «Même si tu me tues, j'aurai confiance en Toi!»» L'acuité de l'épreuve, qui durera deux ans et demi, est à la mesure de la mission qui va être confiée à soeur Faustine. Celle qui doit rappeler à un monde souvent en proie à l'angoisse, la confiance en l'infinie Miséricorde, a connu tous les degrés de la tentation du désespoir.
Le 22 février 1931, Notre-Seigneur lui apparaît, revêtu d'un grand vêtement blanc, une main levée en un geste d'absolution et l'autre posée à l'emplacement de son divin Coeur. De sa robe entrouverte sur le Coeur, sortent deux faisceaux de rayons, l'un rouge et l'autre blanc. «En silence je contemplais le Seigneur, écrit-elle, mon âme était remplie de crainte, mais aussi d'une grande joie. Au bout d'un moment, le Seigneur Jésus me dit: «Peins une image pareille à ce modèle et signe: Jésus, j'ai confiance en Toi. Je désire que cette image soit vénérée tout d'abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier. Je promets à ceux qui la vénéreront qu'ils ne périront pas. Je leur promets dès ce monde la victoire sur l'ennemi, mais surtout à l'heure de la mort. Je les défendrai Moi-même, comme ma gloire»».
Soeur Faustine s'ouvre à son confesseur de cette vision. Le prêtre n'y accorde pas beaucoup d'attention. Au fil des mois, les ordres du Seigneur se précisent et deviennent plus pressants: «Je veux que les prêtres proclament ma très grande Miséricorde. Je veux que les pécheurs m'approchent sans crainte d'aucune sorte! Les flammes de ma Miséricorde me consument. Aucun péché, fût-il un abîme d'abjection, n'épuisera ma Miséricorde, car plus on y puise et plus elle augmente. C'est pour les pécheurs que je suis descendu sur cette terre et que j'ai versé tout mon sang. Pour châtier, j'ai toute l'éternité: maintenant, je prolonge le temps de la Miséricorde. Mon Coeur souffre, car même les âmes consacrées ignorent ma Miséricorde et me traitent avec méfiance. Combien le manque de confiance me blesse!»
«Vois qui tu as épousé!»
La nouvelle des visions de soeur Faustine se répand dans son couvent, et, bien que sa vie soit exemplaire, les contradictions pleuvent. «Tout était encore supportable, écrit-elle, jusqu'au jour où le Seigneur m'ordonna de peindre cette image. À partir de ce moment, on se mit à me considérer comme une hystérique et une hallucinée, et les jugements pleuvaient drus». Pendant deux ans, aucun prêtre n'ose se prononcer clairement sur ses révélations. Enfin, pendant sa retraite de profession perpétuelle, en avril 1933, le prédicateur, un homme spirituel, lui dit: «Ma Soeur, vous vous méfiez du Seigneur Jésus parce qu'Il vous traite si intimement, n'est-ce pas? Soyez bien tranquille. Jésus est votre Maître et vos rapports avec Lui ne sont ni de l'hystérie, ni des rêves, ni de l'illusion. Sachez que vous êtes dans un bon chemin. Tâchez d'être bien fidèle à tant de grâces». Aussitôt une paix surnaturelle profonde emplit l'âme de soeur Faustine et la libère de ses doutes.
Le 1er mai suivant, elle fait profession perpétuelle avec une grande ferveur. Quatre jours plus tard, elle entre à la chapelle pour une Heure Sainte. «Tout d'un coup, écrit-elle, j'ai aperçu le Seigneur, tout couvert de plaies. Il me dit: «Vois qui tu as épousé»... Je contemplais ses plaies et j'étais heureuse de souffrir avec Lui. Ô mon Dieu, qu'il est doux de souffrir pour Toi, au plus profond de nos coeurs, à l'insu de tous... Merci, Jésus, pour les menues croix quotidiennes, pour les contrariétés et les peines de la vie commune, pour les fausses interprétations de mes desseins, pour les humiliations et les mauvais traitements, pour les soupçons pénibles, pour ma santé délabrée et mon extrême lassitude... Merci, Jésus, pour la souffrance de l'âme, pour les aridités, l'angoisse et l'incertitude, pour la nuit et les ténèbres intérieures, pour les tentations et les épreuves... Merci, Jésus, Toi qui as bu ce calice amer avant de me l'offrir adouci. Je ne désire que Ton bon plaisir, selon les plans de Ton éternelle Sagesse».
Le véritable Ami
Fin mai 1933, soeur Faustine part pour Wilno. Là, elle rencontre l'abbé Sopocko qui devient son directeur de conscience. Après bien des hésitations, celui-ci se décide à faire peindre l'image de Jésus miséricordieux, mais il veut connaître la signification des faisceaux blancs et rouges qui rayonnent du Coeur du Seigneur. Soeur Faustine interroge le divin Maître qui répond: «Ils signifient l'eau et le sang. L'eau qui justifie les âmes, le sang qui est vie de l'âme. Ils jaillissent de mon Coeur ouvert sur la Croix. Ces rayons mettent l'âme à l'abri de la colère de mon Père», c'est-à-dire des peines justement méritées par nos fautes. Le dimanche de Quasimodo (Octave de Pâques) 1935, l'icône est exposée publiquement au sanctuaire de Notre-Dame d'Ostra Brama, et aussitôt, la Miséricorde divine se manifeste par de nombreuses grâces de conversions extraordinaires.
Dans son Petit Journal, soeur Faustine écrit: «La Miséricorde est le plus grand des attributs divins». L'abbé Sopocko, d'abord perplexe, retrouvera cette vérité dans les oeuvres de saint Augustin et de saint Thomas d'Aquin. De fait, aucun attribut de Dieu n'est souligné aussi fortement dans la Bible que la Miséricorde. Dieu n'est pas un être lointain et indifférent au destin de l'homme, mais il est l'Ami, le Sauveur, le Bon Pasteur, aux yeux de qui chaque personne est précieuse. Après la chute de l'homme par le péché originel, chute qui a eu tant de conséquences tragiques (souffrance, mort...), Dieu nous révèle pleinement sa Miséricorde dans les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption. Toute la vie du Christ sur la terre, ses paroles et ses actes, ses paraboles et ses miracles, sa mort sur la Croix et sa Résurrection, la fondation de son Église guidée à travers les siècles par l'Esprit-Saint, proclament au monde entier la Miséricorde de Dieu.
Expérimenter la Miséricorde
Être miséricordieux, c'est avoir un coeur affecté de tristesse à la vue de la misère d'autrui comme s'il s'agissait de la sienne propre, et s'efforcer, autant que possible, de l'écarter ou de la soulager. Le plus grand mal qui atteigne l'homme est le péché. Dieu y porte remède par sa Miséricorde. En tant qu'offense faite à Dieu, le péché a une malice insondable dont la conséquence éternelle a été montrée à soeur Faustine. «Moi, soeur Faustine, par ordre de Dieu, j'ai pénétré dans les abîmes de l'enfer pour en parler aux âmes et témoigner que l'enfer existe». Une autre vision met sous les yeux de soeur Faustine les péchés des hommes: «En un clin d'oeil, note-t-elle le 9 février 1937, le Seigneur m'a montré les péchés du monde, commis aujourd'hui. Je m'évanouis d'épouvante! Bien que je connaisse l'abîme de l'insondable Miséricorde, je fus tout étonnée que Dieu permette au monde d'exister! Alors Il me fit entendre que ce sont les élus qui font contrepoids».
Mais, quel que soit le nombre et la gravité des péchés, la Miséricorde de Dieu est toujours accessible ici-bas: «Je suis Saint, dit Jésus à soeur Faustine, et le moindre péché me fait horreur. Mais lorsque les pécheurs se repentent, ma Miséricorde est sans limites... Les plus grands pécheurs pourraient devenir de très grands saints s'ils se fiaient à ma Miséricorde... On ne puise ma Miséricorde qu'avec la coupe de la confiance. Plus on a confiance et plus on obtient... Ce m'est une joie lorsque les pécheurs recourent à ma Miséricorde. Je les comble au-delà de leur espérance». Le 10 octobre 1937, notre Sainte écrivait: «J'ai vu, dans une grande lumière, l'abîme de mon néant. Et je me suis blottie sur le Coeur de Jésus avec tant de confiance que même si j'avais sur la conscience tous les péchés des damnés, je ne douterais pas de la divine Miséricorde, mais je me précipiterais, avec un coeur contrit, dans l'abîme de ton amour, Seigneur Jésus! Je sais que tu ne me rejetterais pas, mais que tu me pardonnerais par ton prêtre». La Miséricorde divine se donne aux pécheurs principalement dans la confession: «Dans ce sacrement, écrit le Pape
Jean-Paul II, tout homme (baptisé) peut expérimenter de manière unique la Miséricorde, c'est-à-dire l'amour qui est plus fort que le péché» (Encyclique Dives in Misericordia, DM, 30 novembre 1980, n. 13).
La seule limite
Puissant motif d'espérance, la Miséricorde divine est aussi un appel à la conversion. Sans le regret sincère des péchés et la ferme résolution de s'en corriger, la Miséricorde ne peut se répandre sur le pécheur. «Du côté de l'homme, seul peut limiter (la Miséricorde) le manque de bonne volonté, le manque de promptitude dans la conversion et la pénitence, c'est-à-dire l'obstination continuelle qui s'oppose à la grâce et à la vérité, spécialement face au témoignage de la Croix et de la Résurrection du Christ» (DM, n. 13). Saint Alphonse de Liguori note que la Miséricorde de Dieu s'étend sur ceux qui le craignent (cf. Lc 1, 50), c'est-à-dire que «le Seigneur use de Miséricorde envers ceux qui craignent de l'offenser, mais non pas envers ceux qui comptent sur sa Miséricorde pour l'offenser davantage» (La voie du salut, 1ère partie, 8e méditation).
Si, grâce à la Passion du Christ, la Miséricorde divine apporte un remède souverain au plus grand des maux qui affectent l'homme, le péché, elle se penche aussi sur toutes les autres misères, physiques ou morales, qui le touchent. Parfois, elle les supprime; mais plus souvent, elle se manifeste dans son aspect propre et véritable «quand elle tire le bien de toutes les formes de mal qui existent dans le monde et dans l'homme» (DM, n. 6). Là se trouve le contenu fondamental du message messianique de Jésus-Christ dont la mission révèle le «dynamisme de l'amour qui ne se laisse pas vaincre par le mal, mais qui estvainqueur du mal par le bien (cf. Rm 12, 21)» (DM, n. 6). Pour vaincre le mal, la Miséricorde de Dieu donne à tous ceux qui l'invoquent, force et patience dans l'épreuve, leur apprenant à unir leurs souffrances à celles du divin Crucifié. «Le doux visage de Jésus se présente à celui qui est affligé par une épreuve particulièrement dure, dit le Pape Jean-Paul II; sur lui arrivent ces rayons qui partent de son Coeur et illuminent, qui réchauffent, qui indiquent le chemin et donnent espoir. Combien d'âmes a déjà consolées l'invocation: Jésus, j'ai confiance en Toi!» (Homélie de la Messe de canonisation).
La Miséricorde de Dieu suscite aussi entre les hommes un amour fraternel véritable. «Il n'est pas facile d'aimer d'un amour profond, fait d'authentique don de soi, affirme le Pape. Cet amour ne s'apprend qu'à l'école de Dieu, à la chaleur de sa charité. En fixant sur Lui notre regard, en nous mettant en parfaite harmonie avec son Coeur de Père, nous devenons capables de regarder nos frères avec des yeux nouveaux, dans une attitude de gratuité et de partage, de générosité et de pardon. Tout cela est Miséricorde» (Ibid.). Jésus exhorte ses disciples à se mettre «à l'école de Dieu», afin d'obtenir pour eux-mêmes la Miséricorde divine: Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront Miséricorde (Mt 5, 7).
Jusqu'à la fin de sa vie, soeur Faustine a accompli des oeuvres de Miséricorde à l'égard de ses proches. Depuis 1933, elle est atteinte par la tuberculose. Ses Supérieures ne perçoivent pas tout de suite la gravité de ce mal qu'elle supporte en silence. En décembre 1936, alors que la maladie est déjà avancée, on l'envoie en sanatorium. Elle y reste quatre mois; puis, en 1938, nouveau séjour de cinq mois. Elle prie avec ferveur pour les agonisants de son entourage dont elle obtient souvent la conversion, même dans des circonstances humainement désespérées. Elle récite à leur intention le «chapelet à la divine Miséricorde», dont la révélation lui a été faite le 14 septembre 1935 (cf. image ci-jointe). Rentrée dans son couvent en septembre 1938, soeur Faustine s'endort doucement dans le Seigneur à l'âge de 33 ans, le 5 octobre suivant.
«Transforme-moi!»
Dans une belle prière, soeur Faustine dévoile sa manière de pratiquer la Miséricorde: «Seigneur Jésus, transforme-moi toute en ta Miséricorde! Fais que mes yeux soient miséricordieux, pour que jamais je ne juge selon les apparences et ne soupçonne personne, mais que je voie, dans toutes les âmes, ce qu'elles ont de beau, et qu'à toutes je sois secourable. Fais que mes oreilles soient miséricordieuses, toujours attentives aux besoins de mes frères et jamais fermées à leur appel. Fais que ma langue soit miséricordieuse pour que jamais je ne dise du mal de personne, mais que pour tous j'aie des paroles de pardon et de réconfort. Fais que mes mains soient miséricordieuses et pleines de charité, afin que je prenne sur moi tout ce qui est dur et pénible pour alléger ainsi les fardeaux des autres. Fais que mes pieds soient miséricordieux et toujours prêts à courir au secours du prochain... Que je me repose en servant! Fais que mon coeur soit miséricordieux et ouvert à toute souffrance. Je ne le fermerai à personne, même à ceux qui en abusent, et moi-même je m'enfermerai dans ton Coeur... Puisse ta Miséricorde se reposer en moi, Seigneur! Transforme-moi en toi, car tu es mon tout».
Demandons à la Très Sainte Vierge, Mère de Miséricorde, et à saint Joseph, de nous apprendre à être miséricordieux comme notre Père du Ciel afin d'obtenir Sa Miséricorde et la vie éternelle.
Dom Antoine Marie osb, abbé
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Date de dernière mise à jour : 2018-08-12
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