Saint Jean Baptiste de Rossi
Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,
«Le sacerdoce, c'est l'amour du Coeur de Jésus », avait coutume de dire le saint Curé d'Ars. «Cette expression touchante nous permet avant tout d'évoquer avec tendresse et reconnaissance l'immense don que sont les prêtres non seulement pour l'Église, mais aussi pour l'humanité elle-même», notait Benoît XVI. Pour faciliter cette reconnaissance, le Saint-Père invitait à porter notre regard vers tant de belles figures de prêtres: «Ce qui peut être surtout profitable pour l'Église, ce n'est pas tant la pointilleuse révélation des faiblesses de ses ministres, mais plutôt une conscience renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu, concrétisé dans les figures splendides de pasteurs généreux, de religieux brûlant d'amour pour Dieu et pour les âmes, de directeurs spirituels éclairés et patients» (16 juin 2009). Saint Jean-Baptiste de Rossi est un de ces saints prêtres donnés par le Christ à son Église.
Jean-Baptiste de Rossi, neuvième et dernier enfant d'une famille modeste, est né le 22 février 1698 à Voltaggio (Ligurie, Italie). Un de ses oncles est capucin à Rome, et un de ses cousins, Lorenzo de Rossi, chanoine de Sainte-Marie-in-Cosmedin, l'une des plus belles églises de Rome. Après un séjour de trois ans comme page dans une famille noble de Gênes, Jean-Baptiste se rend à Rome où son oncle capucin l'inscrit au Collège romain tenu par les pères jésuites. Brillant dans ses études, le jeune homme se fait aussi remarquer par sa piété active. Son amabilité, sa manière de dire les choses avec gentillesse, et une certaine joie font que les garçons acceptent tout de lui: il les entraîne à prier et à visiter les pauvres malades. Lors du décès prématuré de son père, en 1710, sa famille désire qu'il rentre à la maison pour prendre la direction des affaires familiales, mais il choisit de continuer ses études de philosophie et de théologie au Collège romain, car il perçoit un appel au sacerdoce.
L'amour qui transforme
La vie ascétique qu'il mène est intense, mais il lui manque la direction d'un homme prudent et, peu à peu, il devient taciturne et renfermé; ceux qui, auparavant, le fréquentaient volontiers, s'éloignent de lui. Un jour, assistant à la Messe dans l'église des jésuites, il s'évanouit. Ses excès de pénitence, en particulier sur l'alimentation, ont gravement nui à sa santé qui restera désormais fragile: il souffre de maux d'estomac et de crises d'épilepsie. Il ne peut plus poursuivre régulièrement ses études. Il comprendra plus tard que c'est l'amour qui transforme les coeurs et non les mortifications excessives. «Apprenez de mon exemple, conseillera-t-il à des séminaristes, à ne pas vous fier aveuglément à votre jugement propre mais à prendre conseil de votre confesseur avant d'embrasser un exercice.» Conscient de ses capacités intellectuelles, il verra dans cette épreuve une attention délicate de Dieu pour le détourner de l'orgueil qu'il aurait conçu en faisant de hautes études; il dira modestement: «Si je n'avais pas été arrêté dans les succès académiques, j'aurais aussi succombé à la tentation de l'orgueil et de l'ambition.» Jean-Baptiste utilise les forces qui lui restent pour suivre les cours des pères dominicains, cours centrés sur la doctrine de saint Thomas d'Aquin à laquelle il prend goût et qu'il recommandera toute sa vie aux jeunes séminaristes.
Il est ordonné prêtre le 8 mars 1721, avec dispense d'âge. Son premier désir est de marcher lui-même dans le chemin de la sainteté avant de chercher à y entraîner les autres. Chaque matin au lever, il reste une heure en méditation, s'appuyant principalement sur l'Évangile; puis il recommande à Dieu son travail et les besoins des âmes. Le soir, il prend encore une demi heure pour l'oraison mentale, principalement sur la vie des saints. Zélé pour la prière du bréviaire, il encourage ses confrères à ne pas le remettre aux temps libres mais à réciter, autant que possible, les différents Offices aux heures qui leur correspondent. Quand il sera chanoine, il montrera une grande fidélité à la récitation chorale de l'Office divin.
«Une priorité fondamentale de l'existence sacerdotale est d'être avec le Seigneur et donc d'avoir le temps pour la prière. Saint Charles Borromée disait toujours: «Tu ne pourras pas soigner l'âme des autres si tu laisses la tienne dépérir. À la fin, tu ne feras plus rien, pas même pour les autres. Tu dois avoir du temps pour toi afin d'être avec Dieu.» Je voudrais donc souligner ceci: quel que soit le nombre d'engagements qui se superposent, c'est une vraie priorité de trouver chaque jour, je dirais, une heure de temps pour rester en silence pour le Seigneur et avec le Seigneur, comme l'Église nous propose de le faire avec le bréviaire, avec les prières du jour, pour pouvoir ainsi s'enrichir toujours de nouveau intérieurement, pour retourner dans le rayon du souffle de l'Esprit Saint» (Benoît XVI, 6 août 2008). Ces avis sur la prière sont utiles pour tous les fidèles, comme le rappelait Benoît XVI aux jeunes, lors de son voyage au Royaume-Uni (18 septembre 2010): «Chaque jour nous devons choisir l'amour, et pour cela nous avons besoin d'être aidés, une aide qui vient du Christ, de la prière et de la sagesse trouvée dans sa Parole, et de la grâce qu'Il nous accorde dans les sacrements de son Église. C'est le message que je souhaite partager avec vous aujourd'hui. Je vous invite à chercher chaque jour dans vos coeurs la source du véritable amour. Jésus est toujours là, attendant silencieusement que nous demeurions avec Lui et que nous entendions sa voix. Dans l'intimité de vos coeurs, Il vous appelle à prendre du temps avec Lui dans la prière. Mais ce genre de prière, la vraie prière, exige une discipline; elle requiert de créer quotidiennement des moments de silence...»
Proche des bergers et des vachers
Le zèle de l'abbé Jean-Baptiste de Rossi pour les âmes s'est considérablement accru avec la réception du sacerdoce. Deux fois par semaine, il se rend au Forum où se rassemblent les bergers et les vachers qui conduisent les bêtes au marché. Avec bonté et patience, il les instruit des mystères de la religion. L'hospice de Saint-Galla est aussi un terrain propice au déploiement de son zèle; fondé en 1650 en faveur des pauvres et pour offrir un toit à quiconque en manque, il est le siège d'une pieuse union d'ecclésiastiques qui se vouent à l'accueil des enfants abandonnés pour les instruire de la doctrine chrétienne. Cette oeuvre devient bientôt l'oeuvre préférée de Jean-Baptiste. Il s'y dévouera pendant quarante-neuf ans. Après avoir consulté son confesseur, le Père Galuzzi, jésuite, et longuement prié, il fonde un hospice similaire pour abriter les femmes pauvres qui courent encore plus de risques en restant à la rue sans abri. Par modestie, il laisse le titre de directeur officiel de la maison au Père Galluzi, lui-même conservant la charge du spirituel et du temporel.
En souvenir des peines que Notre-Seigneur a endurées en prison lors de la Passion, il visite les détenus. Interrogé sur son assiduité, il répond: «C'est pour les faire sortir de l'enfer intérieur où ils sont: une fois leur conscience soulagée, les peines de la détention deviennent plus faciles à accepter et ainsi ils en arrivent à les supporter pour l'expiation de leurs fautes.» Il obtient pour les femmes prisonnières qu'un établissement leur soit réservé, administré par des femmes pieuses et charitables.
«Le prêtre entre comme le Christ dans la misère humaine, la porte avec Lui, va vers les personnes souffrantes, s'en occupe, et pas seulement extérieurement, mais il les prend intérieurement sur lui, recueille en lui-même la «passion» de son temps, de sa paroisse, des personnes qui lui sont confiées» (Benoît XVI au clergé de Rome, le 18 février 2010).
Un don très précieux
«Un bon pasteur, disait le curé d'Ars, un pasteur selon le Coeur de Dieu, c'est là le plus grand trésor que le Bon Dieu puisse accorder à une paroisse, et un des plus précieux dons de la miséricorde divine.» Si le sacerdoce est un des plus précieux dons de la miséricorde divine, il appelle en retour un soutien de la part des fidèles, comme le soulignait le vénérable Jean-Paul II : «Le soutien que s'apportent réciproquement les différents membres de l'Église est d'une importance particulière: c'est un soutien qui, tout à la fois, révèle et réalise le mystère de l'Église Mère et Éducatrice. Les prêtres et les religieux doivent aider les fidèles laïcs dans leur formation... À leur tour, les fidèles laïcs eux-mêmes peuvent et doivent aider les prêtres et les religieux dans leur cheminement spirituel et pastoral» (Exhortation apostolique Christifideles laici, 30 décembre 1988). Pour que cette aide soit féconde et sage, il est important que les fidèles aient une idée juste du sacerdoce ministériel tel qu'il apparaît chez les saints prêtres que l'Église propose en exemple.
En 1737, don Lorenzo décède, et Jean-Baptiste hérite de sa place de chanoine, ne l'acceptant que sur l'ordre de son confesseur. Il vend la somptueuse maison de son cousin et en distribue le prix aux pauvres, puis, afin de mieux participer à l'Office choral et remplir les autres obligations de sa charge, il s'installe à proximité de l'église dans une espèce de grenier appartenant à la communauté. Dans l'église se trouve une image miraculeuse de la Sainte Vierge pour laquelle Jean-Baptiste a une grande dévotion; il en porte toujours sur lui une reproduction. Sous son influence, les chanoines ajoutent à leur Office le chant des litanies de la Sainte Vierge. Il aime aussi beaucoup la prière du rosaire, et il diffuse la pratique de réciter trois «Je vous salue Marie», matin et soir, en vue d'obtenir la persévérance finale. Cette dévotion produit des résultats surprenants et d'authentiques conversions.
En 1739, un de ses amis lui suggère qu'il pourrait faire plus de bien s'il obtenait les pouvoirs de confesser qui lui manquent encore. Il résiste un certain temps, invoquant tous les arguments que lui montre son humilité, mais il finit par céder sur les instances d'un évêque chez qui il est allé en convalescence après une maladie. Muni de ce pouvoir divin, il n'en devient que plus actif. Le matin, il retarde sa Messe jusqu'à ce qu'il ait entendu le dernier des pénitents qui se présentent, quitte à rester à jeun parfois jusqu'après midi. Le soir, il confesse encore. Parfois ce ministère le conduit dans les prisons ou les hôpitaux, à la recherche des personnes les plus abandonnées. Il est tellement recherché et occupé par les pénitents que le Pape Clément XII le dispense de l'obligation du choeur lorsqu'il doit confesser. Benoît XIV confirmera la dispense, la rendant perpétuelle. Cette dispense est l'occasion d'une douloureuse persécution: un chanoine, de tempérament fort aigre, affirme partout qu'elle a été obtenue par tromperie, que c'est un grave scandale qui perturbe la régularité de l'assistance au choeur, premier devoir canonial. Le saint en tombe malade, mais il demeure toujours charitable au sujet de son censeur. Peu après, le persécuteur tombe malade à son tour; Jean-Baptiste le visite plusieurs fois et obtient qu'il change d'avis à son égard; le malade le prend même pour directeur de conscience et fait une mort paisible.
La voie la plus directe
Dans la confession, il déploie une grande douceur, estimant que c'est là une condition importante pour que le pénitent n'hésite pas à accuser sincèrement tous ses péchés. Il affirmera: «Auparavant je ne connaissais pas la voie la plus directe pour aller au ciel; je suis désormais convaincu que c'est de faire une bonne confession.» Dans le même sens, le Pape Jean-Paul II déclarera à des jeunes prêtres: «Le sacrement du pardon est nécessaire à la communion profonde avec Dieu... Jamais nous ne serons suffisamment saints pour ne plus avoir besoin de cette purification sacramentelle... De confession en confession, le fidèle fait une expérience toujours plus profonde de communion avec le Seigneur miséricordieux, jusqu'à la pleine identification avec Lui» (28 mars 2004). Dans les cas désespérés, les autres confesseurs font appel à Jean-Baptiste de Rossi, car Dieu lui a donné le talent de trouver les paroles qui ouvrent les âmes à la grâce. Un palefrenier gravement malade refuse de se confesser en prétextant que ses mauvaises habitudes sont trop invétérées; appelé à son chevet, Jean-Baptiste a le bonheur de le convertir. Le saint s'efforce de régulariser, quand c'est possible, les situations matrimoniales désordonnées. Ses exhortations au confessionnal, fortes et persuasives, obtiennent de beaux résultats: célébration du sacrement de mariage ou bien séparation définitive des concubins. En revanche, pour le bien même des pénitents, il refuse fermement l'absolution à ceux qui manquent de contrition, refusent de se retirer de l'occasion prochaine du péché ou ne cherchent pas à prendre les moyens indispensables pour sortir du péché.
«Les prêtres ne devraient jamais se résigner à voir les confessionnaux désertés ni se contenter de constater la désaffection des fidèles pour ce sacrement. Au temps du saint Curé d'Ars, en France, la confession n'était pas plus facile ni plus fréquente que de nos jours, compte tenu du fait que la tourmente de la Révolution avait étouffé pendant longtemps la pratique religieuse. Mais il s'est efforcé, de toutes les manières... de faire redécouvrir à ses paroissiens le sens et la beauté de la pénitence sacramentelle, en montrant comment elle est une exigence intime de la présence eucharistique. Il sut ainsi donner vie à un cercle vertueux. Par ses longues permanences à l'église, devant le tabernacle, il fit en sorte que les fidèles commencent à l'imiter, s'y rendant pour rendre visite à Jésus, et qu'ils soient en même temps sûrs d'y trouver leur curé, disponible pour l'écoute et le pardon» (Lettre de Benoît XVI aux prêtres, 16 juin 2009).
En 1748, en raison de ses nombreuses difficultés de santé, le chanoine Jean-Baptiste de Rossi s'installe dans la communauté sacerdotale de la Trinité-des-Pèlerins, mais il continue son ministère à Sainte-Marie-in-Cosmedin, en particulier les jours de marché où les paysans, qui ont apporté leurs produits pour les vendre, profitent de l'occasion pour se confesser. Jean-Baptiste de Rossi fait également preuve d'un grand zèle pour aider les prêtres dans leur vie spirituelle, et il s'efforce d'entretenir les amitiés sacerdotales. Il a soin de ne pas blesser la charité lorsqu'il parle des autres ecclésiastiques et des membres de la hiérarchie. Son tempérament vif est souvent mis à rude épreuve par des personnes peu délicates en cette matière.
«La fidélité à votre vocation propre exige courage et confiance, mais le Seigneur veut aussi que vous sachiez unir vos forces; soyez pleins de sollicitude les uns avec les autres, en vous soutenant fraternellement. Les moments de prière et d'étude en commun, le partage des exigences de la vie et du travail sacerdotal sont une part nécessaire de votre vie. Comme il est merveilleux que vous vous accueilliez les uns les autres dans vos maisons, avec la paix du Christ dans vos coeurs! Comme il est important de vous aider réciproquement par le moyen de la prière et par des conseils et des discernements utiles!» (Benoît XVI à Fatima, 12 mai 2010).
Mieux qu'un bon carême
Jean-Baptiste de Rossi souhaite organiser un caté- chisme pour adultes en carême, car il estime que «le catéchisme vaut plus qu'un carême bien observé». La préoccupation de l'Église pour l'enseignement du catéchisme demeure actuelle. Dans sa préface au catéchisme édité pour les JMJ de Madrid (août 2011), le Saint-Père invite les jeunes à étudier «le catéchisme avec passion et persévérance». La jeunesse, affirme-t-il, «n'est pas aussi superficielle que l'on pense; les jeunes veulent savoir en quoi consiste vraiment la vie. Ce livre est captivant parce qu'il nous parle de notre propre destin et concerne donc chacun de nous de près.» Il ajoute: «Ce manuel de catéchisme ne vous flatte pas; il n'offre pas de solutions faciles; il exige de vous une nouvelle vie... Vous devez connaître ce que vous croyez; vous devez connaître votre foi avec la même précision avec laquelle un spécialiste en informatique connaît le système d'exploitation d'un ordinateur... Oui, vous devez être bien plus profondément enracinés dans la foi que la génération de vos parents, pour pouvoir résister avec force et détermination aux défis et aux tentations de ce temps... Vous avez besoin de l'aide de Dieu, si vous ne voulez pas que votre foi se tarisse comme une goutte de rosée au soleil, si vous ne voulez pas succomber aux tentations du consumérisme, si vous ne voulez pas que votre amour se noie dans la pornographie, si vous ne voulez pas trahir les faibles et les victimes d'abus et de violence.»
Jean-Baptiste de Rossi n'est pas un prédicateur de grand renom, mais ses instructions touchent les âmes. Après une préparation par la prière, il expose clairement les vérités de la foi, adaptant son enseignement à ses auditeurs. Ses exemples sont en général tirés de la vie des saints. Il s'attriste lorsqu'il entend des sermons superficiels, ou bien encore de savants traités de théologie inaccessibles aux fidèles. Sa prédication de prédilection porte sur la divine miséricorde, exemple qui sera suivi par le Curé d'Ars qui, «en son temps, a su transformer le coeur et la vie de tant de personnes, parce qu'il a réussi à leur faire percevoir l'amour miséricordieux du Seigneur. Notre temps aussi a un besoin urgent d'une telle annonce et d'un tel témoignage de la vérité de l'Amour: Deus caritas est (1 Jn 4, 8)» (Lettre de Benoît XVI aux prêtres, 16 juin 2009).
Jean-Baptiste s'ingénie à subvenir avec délicatesse aux diverses formes de pauvreté, notamment auprès des familles déchues qu'il visite discrètement. Il cherche à gagner l'affection des juifs de Rome, par exemple en procurant des secours médicaux à leurs malades. Toutefois, son activité ne se limite pas aux murs de la Ville. Il fait de petites missions dans les campagnes et donne aux villageois l'occasion de se confesser à un prêtre étranger, sachant que dans les petites paroisses rurales on hésite souvent à confesser ses fautes graves à son propre curé. Jean-Baptiste ressent également un attrait pour les missions lointaines, et en particulier pour l'Inde. Mais on l'invite à considérer les confessionnaux et les hôpitaux de Rome comme sa terre de mission. À la demande des supérieurs, il exerce aussi un apostolat de confesseur extraordinaire et de prédicateur de retraites dans les communautés religieuses.
Une pleine sécurité
Durant les deux dernières années de sa vie, la fièvre ne le quitte pas. En août 1762, sa santé est tellement délabrée que ses amis le convainquent d'aller refaire ses forces dans la région du lac de Nemi. Là, l'épilepsie de sa jeunesse réapparaît avec des crises violentes. À la mi-octobre, il rentre à Rome et ne sort presque plus de sa chambre de malade. Il regrette de ne plus pouvoir agir: «Désormais, je ne suis bon à rien!» Et pourtant, lorsque ses amis viennent lui rendre visite, lui-même les remplit de courage tant est grande sa joie spirituelle. Le 8 septembre 1763, il se fait conduire à Sainte-Marie-in-Cosmedin pour y célébrer la Nativité de Marie. Il affirme à ses confrères: «Priez pour moi. Je ne reviendrai plus ici: c'est l'ultime fête que je célèbre avec vous.» Le 27 décembre au matin, on le trouve à terre, en proie à une violente crise d'épilepsie. Il ne revient à lui que le lendemain. On lui porte alors le saint Viatique; pendant l'action de grâces, il est tout recueilli dans la joie: plusieurs resteront convaincus qu'il a eu une extase. Puis il reçoit l'Onction des malades. À la surprise générale, sa santé s'améliore, et il peut célébrer plusieurs fois la sainte Messe. Mais bientôt, il ne lui est plus possible de célébrer la Messe ni de réciter l'Office divin. Sa dernière consolation est la récitation du rosaire. Il répond à son confesseur qui l'exhorte à accepter la mort: «Je considère la mort avec sérénité, sans crainte; j'estime que ce sentiment de pleine sécurité est une grâce particulière de Dieu et j'espère que le Seigneur me la concédera dans la dernière heure par son amour et en raison de la charité que je porte à ses pauvres.» Lors d'une de ses pertes de connaissance, un ami lui enlève son chapelet du poignet; en revenant à lui, sa première parole est de se plaindre de cet acte comme d'un vol. Après de longues heures douloureuses, il meurt paisiblement le 23 mai 1764, âgé de 66 ans.
Avec notre Pape Benoît XVI, demandons à Marie, la Mère Immaculée, que «l'Église puisse être renouvelée par de saints prêtres, transfigurée par la grâce de Celui (le Christ) qui fait toutes choses nouvelles» (à Fatima, le 12 mai 2010), et répétons souvent l'invocation: «Seigneur, donnez-nous des prêtres, Seigneur, donnez-nous de saints prêtres!»
Dom Antoine Marie osb, abbé
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Date de dernière mise à jour : 2021-07-04
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