Keranna 03 mars 2021
Et bonne continuation du Carême ! Le Carême n’est pas gris, il est violet vif et joyeux, mélange du bleu de Dieu et du rouge de Jésus incarné et offert. Soyons-en les icônes vivantes !
La bouchée du mois : La communion des saints (I)
• L’article suivant du Credo concerne la communion des saints. De quoi s’agit-il au juste ? Tout d’abord la communion des saints est précisément l’Église, qui n’est autre que l’assemblée de tous les saints (CEC 946). C’est le point de départ.
• Mais une expression issue des liturgies orientales va nous permettre d’aller plus loin : Sancta sanctis, les choses saintes aux saints ! (CEC 948). Nous allons donc pouvoir discerner les deux aspects principaux de cette communion des saints : la communion AUX sancta et la communion DES sancti.
1. La communion aux sancta : ce qu’elle est
• C’est la communion aux « choses saintes » qui sont le trésor de l’Église, la communion grâce à laquelle les membres de l’Église sont en communion entre eux. Le catéchisme en énumère cinq (CKK 949-953) :
- la foi de l’Église, exprimée dans le Credo,
- les sacrements, à commencer par le baptême,
- les charismes, donnés à chacun par l’Esprit en vue du bien commun,
- les biens matériels, car ils appartiennent à Dieu et le chrétien n’en est que l’administrateur,
- et la charité, car le moindre de nos actes fait dans la charité retentit au profit de tous (CEC 953).
2. La communion aux sancta : ce qu’elle n’est pas
• Avec la communion aux sancta, on est donc très loin de la simple fraternité humaine, célébrée par l’ONU chaque 4 février, qui n’est autre que le lien issu de notre état commun de créatures rationnelles, auquel on peut ajouter notre appel moral commun vers le vrai, le bien, et le beau.
• Nous sommes en ce cas au niveau de notre lien naturel dans ce qu’il a de plus beau, mais non au niveau du lien surnaturel qui s’est constitué autour des sancta, suscitées et continuées au sein de l’Église par leur grand artisan, l’Esprit Saint.
Nous verrons la prochaine fois en quoi consiste la communion des sancti qui est la conséquence de notre communion aux sancta.
Le Saint du mois
Le 2 mars la Flandre belge fête un bienheureux extraordinaire que j’aime beaucoup prier - et qui a l’oreille très attentive ! -, Charles le Bon (1083-1127), modèle des hommes politiques.
• Karel est danois. Il naît en 1083 au château d’Odense sur l’île de Fionie, qui se trouve entre le Jutland et l’île de Copenhague. Sa mère est Adèle de Flandre, fille de Robert le Frison, et son père n’est autre que le dernier roi viking du pays, Knut IV, qui régna de 1080 à 1086 et deviendra Saint Knut de Danemark.
• Il a trois ans lorsque son père est assassiné d’un coup de lance dans l’église d’Odense, à la suite d’une révolte paysanne. Adèle retourne avec le petit Charles vivre en Flandre, à Bruges, à la cour de son père et de son frère, le futur Robert II. Puis en 1092 elle se remarie avec un duc italien et part vivre dans les Pouilles. Charles a alors neuf ans et reste en famille à Bruges.
• En 1096, à treize ans, il prend part à la 1ère croisade avec son oncle, Robert II dit « le Hiérosolymitain ». Cette croisade, menée par Godefroy de Bouillon, avait été lancée l’année précédente par Urbain II pour rétablir l'accès aux lieux de pèlerinages chrétiens en Terre sainte, interdit par les Turcs Seldjoukides qui régnaient sur Jérusalem. Ils participent au siège de Nicée, à la prise d’Antioche et à la prise de Jérusalem, le 15 juillet 1099, où ils entrent parmi les premiers. Pressenti pour devenir le premier roi latin de Jérusalem, Robert laisse le trône à Baudouin de Boulogne, frère de Godefroy de Bouillon. Ils rentrent en Flandre, où Robert meurt en 1111.
• Charles a alors 28 ans et devient un proche conseiller du nouveau comte de Flandre Baudouin VII qui le prend en amitié ; puis il épouse, à 35 ans, Marguerite de Clermont-Beauvaisis qui lui apporte l’Amiénois. L’année suivante, le 19 juin 1119, il succède à Baudouin VII agonisant et devient le nouveau Comte de Flandre, Charles Ier, ce qui provoque la colère de sa tante qui tentait de favoriser un autre neveu, illégitime. Charles vainc un à un tous ses rivaux et s’impose.
• Après ces débuts énergiques, Charles se fait rapidement remarquer - et aimer - en raison de son intégrité, sa vertu et sa grande générosité envers les démunis, d’où son surnom de «bon». Il est aussi très religieux, tout en gardant un sens aigu des responsabilités de chacun. L’abbé de Saint-Bertin (près de Saint-Omer) s’étant présenté un jour d’Épiphanie pour un litige foncier, Charles lui reproche de ne pas être resté dans son abbaye pour y chanter la Messe, alors qu'il aurait suffi d’envoyer un messager !
• Sa réputation est telle qu’on lui offre, en 1118, de succéder à Baudouin Ier sur le trône de Jérusalem. Refus. Puis, en 1125, l’archevêque de Cologne le propose pour succéder à Henri V comme empereur du Saint Empire Romain Germanique. Il y renonce également, expliquant qu’il préférait se consacrer au bonheur de ses sujets flamands. De fait, il favorise toujours la paix civile et sociale à l'intérieur du comté, s'interpose dans les querelles entre les abbayes et les bourgeois, et s'oppose même aux accapareurs de grain dans les périodes d'inflation.
• L’hiver 1126-1127 est particulièrement froid et tous les blés gèlent. Une famine s’ensuit, et Charles prend des mesures de salut public qui se révèlent très efficaces :
- il interdit que le grain soit vendu à des prix excessifs,
- il ordonne que 50% des semis soient de pois et de fèves, qui poussent plus vite que les céréales,
- il visite les greniers des plus riches et organise la distribution de leurs grains, en les vendant à coût modéré et en leur en faisant reverser le bénéfice,
- il interdit la fabrication de la bière, qui utilise trop de grain, - et il fait distribuer pain et argent.
• Hélas, le 2 mars 1127, à 44 ans, pendant la messe du mercredi des Cendres dans l’église Saint-Donatien de Bruges, Charles est sauvagement assassiné par un chevalier que Charles avait dû châtier pour ses exactions injustes contre les paysans. Mais Charles n’a pas de descendants et c’est son cousin Guillaume Cliton (= ‘habilité à être couronné’) de Normandie qui lui succède, remplacé au bout d’un an par Thierry d’Alsace qui apportera à Bruges, en 1146, la très précieuse relique du Saint-Sang de Jésus.
• Très populaire, Charles est dès sa mort considéré comme un saint et un martyr. Intercesseur des pauvres et des démunis, il est aussi invoqué contre les fièvres. Il faudra toutefois attendre 1883 pour qu’il soit formellement béatifié par Léon XIII.
La pratique du mois
Ce mois de mars se termine à la veille du triduum pascal. Ne serait-ce pas l’occasion, à l’exemple du bienheureux Charles le Bon, d’ouvrir notre porte-monnaie et de venir en aide à telle ou telle association ou à telle ou telle personne démunie ?
L’intercession du mois
Avec Sainte Anne et le bienheureux Charles le Bon, prions :
- pour les responsables politiques et les décideurs ;
- pour les personnes qui vivent dans la précarité ;
- pour les victimes d’assassinats, physiques ou médiatiques ;
- pour les Flandres et l’Église en Flandres (diocèses de Bruges, Gand, Anvers, Malines, Hasselt … et Lille !) ;
- aux intentions du pape François pour ce mois de mars :
Prions pour vivre le sacrement de la réconciliation avec une profondeur renouvelée, afin de goûter l’infinie miséricorde de Dieu.
- et toujours aux intentions de tous les amis de KerAnnA
Date de dernière mise à jour : 2021-03-14
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