Bse Bonifacia RODRIGUEZ CASTRO
Religieuse, Fondatrice, 1837-1905
Bonifacia Rodriguez Castro naît en 1837 à Salamanque (Espagne) dans une famille très chrétienne. Son père est un artisan tailleur. A l’âge de 15 ans, elle doit travailler dans la passementerie à laquelle elle s’est initiée afin d’aider sa mère devenue veuve, ayant à sa charge une famille nombreuse. Très tôt, Bonifacia expérimente les dures conditions de la femme travailleuse à cette époque : horaires épuisants et maigre salaire. Elle monte son propre atelier de passementerie où elle travaille avec le plus grand recueillement, imitant la vie cachée de la Sainte Famille de Nazareth. A partir de 1865, sa mère, qui a perdu tous ses autres enfants sauf une fille qui s’est mariée, travaille aussi dans l’atelier de Bonifacia. Elles mènent toutes les deux une vie de grande piété. Bonifacia nourrit un amour de prédilection pour la Vierge Marie Immaculée, dogme que le bienheureux Pie IX a promulgué naguère (1854), ainsi que pour saint Joseph que Léon XIII déclare Patron de l’Église universelle (1870). Un groupe de jeunes filles, amies de Bonifacia, se joint à elle, attirées par le témoignage de sa vie. Elles se réunissent dans sa maison-atelier, spécialement les soirées de Dimanche et jours de fête, pour se libérer des amusements dangereux qui les guettent. Elles décident ensemble de faire une “Association de l’Immaculée et de Saint Joseph” qu’elles nomment ensuite “l’Association Joséphine”.
Bonifacia, qui se sent appelée à la vie religieuse, songe à entrer dans un couvent de dominicaines à Salamanque. C’est alors qu’elle rencontre un jésuite, le Père Francisco Butinyà qui l’en dissuade. Lui aussi est dévoré d’un grand zèle apostolique pour le monde des travailleurs. Il est en train d’écrire un livre intitulé : “La lumière de l’artisan, ou, collection de vies d’illustres fidèles qui se sont sanctifiés dans des professions humbles”. Le Père pense à une nouvelle Congrégation féminine qui servirait à protéger les femmes travailleuses par le moyen de femmes travailleuses. Il propose à Bonifacia d’en être la cofondatrice avec lui. Ce projet reçoit le soutien enthousiaste de l’évêque de Salamanque, Mgr Lluch i Garriga, qui promulgue le décret d’érection de l’Institut, dénommé : “Congrégation des Servantes de Saint Joseph” (7 janvier 1874). Son but est de rendre sa dignité à la femme pauvre sans travail “en la préservant du danger de se perdre”. Quant au Père Butinyà, il pense qu’il faut sanctifier le travail en l’unissant à la prière. « Ainsi, écrit-il, la prière ne sera pas un obstacle pour le travail, ni le travail ne vous enlèvera le recueillement de la prière. » Bonifacia fait donc sa fondation avec six autres compagnes…dont sa mère. Leur résidence n’est autre que leur atelier. En somme, elles avaient l’intuition implicite que « la société est parfois tentée de tout convertir en marchandise et en gain, en mettant de côté les valeurs et la dignité qui n’ont pas de prix » (Jean Paul II – homélie de béatification). Or, la personne qui est “l’image et la demeure de Dieu” doit être “protégée (…) quelle que soit sa condition sociale ou son activité professionnelle” (Id). « La vie d’un travailleur vaut tout l’or du monde » dira plus tard Mgr Cardjin, fondateur de la J.O.C. C’est vrai, mais cela ne se disait pas à l’époque, du moins dans ces termes-là, et, d’autre part, le projet de vie de Bonifacia paraissait trop audacieux. Aussi rencontre-t-il immédiatement l’opposition du clergé séculier de Salamanque. Le Père Butinyà est exilé hors d’Espagne et l’évêque, transféré à Barcelone.
Les directeurs de la Communauté nommés par le nouvel évêque sèment imprudemment la désunion entre les sœurs. Bonifacia, la fondatrice, s’emploie à défendre le charisme de son Institut, mais on profite d’un voyage qu’elle entreprend à Gérone pour la destituer. S’ensuivent humiliations et calomnies. Sa seule réponse est le silence, l’humilité et le pardon. Puis elle obtient d’aller fonder un nouvel Atelier à Zamora où elle peut vivre son idéal (25 juillet 1883). Mais, quand arrive l’approbation pontificale de Léon XIII aux Servantes de Saint Joseph (1er juillet 1901), la maison de Zamora en est exclue. Malgré tout, Bonifacia, poussée par son désir de communion, décide d’aller voir ses sœurs de Salamanque, mais, quand elle arrive à la maison de Sainte Thérèse, on lui dit : “nous avons reçu l’ordre de ne pas vous accueillir”. Le cœur transpercé, elle revient à Zamora, consciente qu’elle ne reverra plus jamais Salamanque, mais avec la certitude que la réunification de la Communauté se fera après sa mort, laquelle survient en 1905 ; et effectivement, la maison de Zamora s’unit au reste de la Congrégation le 23 janvier 1907. De nos jours, les “Servantes de Saint Joseph” poursuivent “l’œuvre (de leur fondatrice) dans le monde avec simplicité, joie et abnégation.” (Jean-Paul II)
Mentionnée au Martyrologe le 8 août, elle est béatifiée en 2003 et canonisée en 2011
http://nouvl.evangelisation.free.fr/bonifacia_rordriguez_castro.htm
Date de dernière mise à jour : 2021-07-04
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