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Passioniste de Polynésie

Le véritable Ami de Jésus

Jesus et jean acb4b

Version PDF : Le veritable ami de jesus bookLe veritable ami de jesus book (1.31 Mo)

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Par Myriam de Gemma  / Août 2020

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Table des matières

Le véritable Ami de Jésus

Introduction

I/ D’étranger, à croyant

Jésus fils de Marie est aussi fils de Dieu

Reconnu par Dieu

Il fait des miracles

Dépasser sa pensée propre pour entrer dans celle de Jésus

Les béatitudes

Jésus utopiste ou réaliste ?

Zachée modèle de l’étranger qui devient croyant 

II/ De croyant à disciple

Jésus deuxième personne de la Trinité

La Sainte Trinité

Le Baptême

Amour de Dieu et du prochain

La charité

La prière

Le renoncement au péché, la nécessité de la conversion du cœur

La réconciliation

Le sacrement de réconciliation

De l’écoute de la parole de Dieu

La lectio divina

L’obéissance à la Parole

III / De disciple à apôtre

Accueillir l’Esprit Saint

Les dons de l’Esprit Saint

Les fruits de l’Esprit Saint

Les charismes

En action avec l’Esprit Saint

L’eucharistie

L’humilité

Le jeûne.

Rentrer dans l’amour du Christ

IV / D’apôtre à Ami ou l’union à la Passion

Du sacrifice du Christ

De notre union au sacrifice du Christ

De l’acceptation de la souffrance par amour du salut des âmes

Entrer dans le Sacrifice du Christ pour comprendre l’Ami

Accepter la croix

Les deux aspects de la croix

Pénitence et réparation volontaires

Devenir saint dans la pénitence

Mon amour est un amour qui se donne

Annexe

Les béatitudes

 

Introduction

Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui, était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie.

 Jean 1,1.3

Tout homme est créature de Dieu et aimé de Dieu.

 Il lui appartient de le reconnaitre, pour accueillir l’amour divin et y répondre.

Cependant bien des hommes, pris par les modalités du monde ne reconnaissent pas Dieu, ils le nient ou le refusent... Ils sont comme des aveugles et avancent dans la vie sans découvrir leur propre valeur, cette valeur intérieure qui est bien plus importante que celles qu’ils se  façonnent pour correspondre et satisfaire au monde. Dès lors, aussi riches selon le monde soient-ils, ils sont en fait bien pauvres. Pauvres intérieurement, pauvres spirituellement, pauvres de l’amour de Dieu qu’ils ne savent ni voir ni recevoir.

Certains penseront qu’ils ont de grandes qualités humaines, qu’ils sont intelligents, qu’ils ont beaucoup de connaissances, de science. Certes, mais ce n’est pas de cette richesse là dont il est question avec Dieu. Il s’agit d’abord d’une richesse toute intérieure, une richesse spirituelle qui transcende vers le Haut, vers Dieu …

Pourtant Dieu se laisse reconnaitre, il se laisse rencontrer. Mais encore faut-il ouvrir son cœur !

Le livre présent veut parler de la grande aventure de ceux, qui rencontrant Dieu, ouvrent les yeux et acceptent de s’engager sur une route qui jusque là leur était inconnue. La route qui les fait passer d’étrangers à croyants, de croyants à disciples, de disciples à apôtres, d’apôtres à Amis de Dieu. Une longue route certes, mais une route extraordinaire, qu’aucune richesse du monde ne pourrait offrir. Elle est une route ouverte gratuitement par l’amour de Dieu.

L’étranger rencontre quelqu’un qui a pour nom Jésus-Christ. Lisant sa parole, il est interpellé et veut en savoir plus sur lui. Petit à petit, la découverte se faisant, le respect s’installe et la foi se développe. Il devient croyant en ce Jésus qu’il ne connaissait pas et qu’aujourd’hui il estime et respecte. Il pourrait s’arrêter là et se contenter de le considérer de loin, sans que cette connaissance interfère dans sa vie.

Mais en fait, l’appel est déjà là. Le respect et aussi la curiosité vont l’amener à suivre cet homme c'est-à-dire à essayer de le comprendre et de vivre comme lui, car les valeurs qu’il enseigne lui plaisent. De croyant il devient disciple.

De disciple (c'est-à-dire celui qui écoute et qui vit) il éprouvera le besoin d’aller plus loin, en l’occurrence de témoigner du Christ, de son bonheur de vivre avec lui. Il se fera alors apôtre et missionnaire. Ayant soif de participer à la mission même de Jésus, il s’engagera dans des actes concrets, missionnaires selon l’appel qu’il sentira en son cœur. Il ne se contentera plus de témoigner en parole, il agira. Ce ne sera pas du prosélytisme, mais bien le partage de la Bonne Nouvelle de Jésus sauveur. Le partage d’un amour découvert et vécu.

Au fil de sa rencontre personnelle avec Jésus, de sa proximité avec lui, l’intimité se développera et il lui semblera désormais impossible de vivre sans le Christ. Il voudra le suivre jusqu’au bout. Ce n’est ni la curiosité ni le respect qui le meuvent mais bien l’amitié, l’amour. Un amour si fort, qu’il lui fera même désirer donner sa vie jusqu’au bout de lui-même. D’apôtre, il deviendra l’Ami. L’amour reçu aura amené à un amour donné dans un épanouissement complet. L’Ami c’est celui qui donne sa vie pour celui qu’il aime.

Cette dernière partie ouvre le sommet de l’Amitié avec Jésus, à savoir l’union à sa Passion. Il ne s’agit pas là d’une simple idée ou d’une pieuse image religieuse, mais bien d’une relation au cœur même de la vie ordinaire.

 Jésus a vécu sa Passion, Marie a été concrètement au pied de la croix avec saint Jean. L’Ami, tel le disciple bien-aimé, doit pouvoir se trouver lui aussi au pied de la croix et communier en tout son être à l’amour extraordinaire du Christ pour chaque être humain, pour chaque âme. 

Il est évident que ce chemin ne se fait pas en un jour. C’est le parcours de toute une vie. Ce n’est pas non plus un parcours spirituel "dans les nuages" mais bien un parcours spirituel au cœur même de la vie courante. Si Jésus s’est incarné c’est pour nous montrer ce chemin.

Il a emprunté ce chemin. Plus encore, il est lui-même ce chemin, car il vient le vivre avec le croyant, lui faisant franchir les étapes, l’une après l’autre.

C’est pourquoi le fil conducteur de ce livre se fera à partir des évangiles.

Bien des gens, cherchant la plénitude intérieure se sont fatigués dans des techniques physico- spirituelles pour n’arriver à rien finalement, ou à si peu. La raison en est simple : la vraie paix intérieure ne s’acquiert pas à la force du poignet mais par la grâce de Dieu, en le laissant habiter notre cœur, notre volonté.

Quand l’homme fait de la place à Dieu en son cœur, la grâce divine fait son œuvre en lui. La paix et la joie intérieures s’installent de plus en plus, de façon indélébile, si bien que même au cœur des grandes tempêtes de la vie, l’âme et le cœur restent sereins.

Ce livre ne se prétend pas une énième technique, mais une simple ouverture sur la rencontre de Dieu à travers la bible et particulièrement à travers l’Evangile, qui balise ce chemin de façon extraordinaire

I/ D’étranger, à croyant

Qui est l’étranger ? D’abord celui qui ne connait pas Dieu, mais aussi celui qui sachant que Dieu existe, ne le connait pas pour autant. Celui enfin, qui étant baptisé ou même ayant "fait son catéchisme ", comme on dit, a tout oublié et vit loin de Dieu, tout préoccupé par les pensées et les affaires du monde.

Arrive un moment dans la vie où des interrogations existentielles se posent, soit par un inassouvissement de vie, soit par des difficultés, voir même de grandes souffrances telles que la mort d’un proche. Quoiqu’il en soit, la question peut se poser : "Et si Dieu existait ?  Et si Jésus Christ était vraiment Fils de Dieu et Dieu lui-même ?"

Démarre alors une recherche, souvent intellectuelle et on commence à se renseigner, à lire la bible, mais ce n’est pas si clair que cela.

On est alors comme les gens du temps de Jésus qui s’interrogeaient sur lui. Certains y croyaient, d’autres pas, parce qu’ils ne le voyaient qu’en tant qu’homme :

 Celui-là n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie (Marc 6,3)

Il est vrai que pour découvrir Jésus, il faut s’approcher de lui et voir ce qu’il fait, entendre ce qu’il dit. Comment en effet, adhérer à quelqu’un si on ne le connait pas, si on ne sait pas d’où il vient et qui il est.

L’étranger se met donc à chercher qui est Jésus en lisant la bible. Là, s’ouvrent deux grandes lignes : l’humanité de Jésus et la divinité de Jésus.

Jésus fils de Marie est aussi fils de Dieu

Jésus est juif de par toutes ses racines familiales, tel que le montre Matthieu. Il s’inscrit donc pleinement dans la famille humaine.

 Livre de la genèse de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham : Abraham engendra Isaac […] Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, que l'on appelle Christ. Matthieu 1,1-16

Jusque là rien de particulier. Alors qu’est-ce qui fait que Jésus est particulier ? Qu’est-ce qui nous permet de le reconnaitre comme Fils de Dieu ? C’est sa conception très particulière.

[…] Marie, sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant qu'ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint. […] Or tout ceci advint pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : "Dieu avec nous." Matthieu 1,18-23.

Jésus est donc pleinement homme et pleinement Dieu. Voila qui interpelle la raison ; raison qu’il va falloir dépasser pour arriver à la foi. Et c’est bien là, le premier acte de foi à faire pour devenir vraiment un Ami de Jésus. Sans cet acte de foi, Jésus reste un simple homme avec des capacités particulières… Pas facile de dépasser la raison !

Reconnu par Dieu

Lors de sa naissance, à l’annonce des anges, des bergers viennent l’adorer, des "mages" viennent de très loin en suivant son étoile jusqu’à la grotte où il est né.

[…] Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit. L'Ange du Seigneur se tint près d'eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté ; et ils furent saisis d'une grande crainte. Mais l'ange leur dit : "Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. …. Luc 2,6-20

Les rois mages sont des astronomes de pays lointains d’Orient. Ils ne sont pas juifs, ils ont une foi païenne, mais à travers leur croyance et leur science, ils gardent un cœur ouvert. Et c’est parce qu’ils ont un cœur ouvert, qu’ils peuvent tout quitter et se mettre en route sans savoir exactement où ils vont se retrouver.

 Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem  en disant : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu, en effet, son astre à son lever et sommes venus lui rendre hommage." […] L'astre, qu'ils avaient vu à son lever, les précédait jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. A la vue de l'astre ils se réjouirent d'une très grande joie. Matthieu 2,1-12

Plus tard, lorsque Jésus commence sa vie publique, lors de son baptême au Jourdain, Dieu se manifeste encore et les gens l’entendent :

[…] Alors Jésus arrive de la Galilée au Jourdain, vers Jean, pour être baptisé par lui. […] Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l'eau ; et voici que les cieux s'ouvrirent : il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu'une voix venue des cieux disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur". Matthieu 3,1-6 ;13-17

Plus encore, peu avant sa mort, il se montre transfiguré à trois de ses disciples et là, Dieu parle encore :

 Or il advint que […] prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l'aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d'une blancheur fulgurante. […] Survint une nuée qui les prenait sous son ombre et ils furent saisis de peur en entrant dans la nuée. Et une voix partit de la nuée, qui disait : "Celui-ci est mon Fils, l'Elu, écoutez-le." Et quand la voix eut retenti, Jésus se trouva seul. Luc 9,28-36

Il fait des miracles

Y a-t-il autre chose qui vienne conforter ce fait que Jésus est Fils de Dieu ? En cherchant un peu plus loin, la bible montre qu’il est choisi par Dieu. Dans sa vie publique, il est capable de choses qu’aucun autre homme ne peut faire.

Sa divinité, il la prouve à travers ses miracles.

Durant sa vie, Jésus se montre plein de compassion pour les gens, il se soucie de leur corps autant que de leur âme. Tout au long de sa mission, on le voit guérir des malades incurables : paralytiques, aveugles, lépreux, etc.

Jésus gravit la montagne et là il s’assit. Des foules nombreuses s’approchèrent de lui, ayant avec elles des boiteux, des estropiés, des aveugles, des muets et bien d‘autres encore ; qu’ils disposèrent à ses pieds et il les guérit. Matthieu 15, 29-31

Il libère des démoniaques

Comme il sortait, voici qu’on lui, présenta un démoniaque muet. Le démon fut expulsé et le muet parla. Les foules émerveillées disaient : « Jamais pareille chose n’a paru en Israël. » Matthieu 10, 32-33

Il ressuscite même des morts

[…] Voilà qu'on portait en terre un mort, un fils unique dont la mère était veuve ; et il y avait avec elle une foule considérable de la ville. En la voyant, le Seigneur eut pitié d'elle et lui dit : "Ne pleure pas." Puis, s'approchant, il toucha le cercueil, et les porteurs s'arrêtèrent. Et il dit : "Jeune homme, je te le dis, lève-toi." Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler. Luc 7, 12-17

[…] Mais Jésus, ayant entendu cela, dit au chef de la synagogue : Ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée. […] Mais il la saisit par la main, et dit d'une voix forte : Enfant, lève-toi. Et son esprit revint en elle, et à l'instant elle se leva ; et Jésus ordonna qu'on lui donnât à manger. Luc 8, 48-56

Il est capable de calmer la tempête,

Alors s’étant levé, il menaça les vents et la mer et il se fit alors un grand calme. Saisis d’étonnement, les hommes se dirent alors : Quel est celui-ci, que même les vents et la mer lui obéissent ? Matthieu 8, 26-27

Il marche sur l’eau,

[…] Il faisait déjà nuit, Jésus n'était pas encore venu les rejoindre ; et la mer, comme soufflait un grand vent, se soulevait. […] quand ils voient Jésus marcher sur la mer et s'approcher du bateau. Ils eurent peur. Mais il leur dit : C'est moi. N'ayez pas peur. Jean 6, 16-21

Lors d’un mariage il change l’eau en vin,

 Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, […] Or il n'y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. […] Or il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus leur dit : "Remplissez d'eau ces jarres." Ils les remplirent jusqu'au bord. Il leur dit : "Puisez maintenant et portez-en au maître du repas." Ils lui en portèrent. Lorsque le maître du repas eut goûté l'eau changée en vin. Jean 2, 1-11

Cependant la force de Jésus ne s’arrête pas au corporel, au matériel, elle s’étend aussi au plan spirituel. En cela il est très différent des pharisiens et autres docteurs de la loi, qui enseignent, imposent, mais ne parviennent pas à toucher les cœurs.

Jésus parle avec autorité comme quelqu’un qui sait ce dont il parle, il va jusqu’à pardonner les péchés :

 Et il advint, quand Jésus eut achevé ces discours, que les foules étaient frappées de son enseignement : car il les enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes. Matthieu 7, 28-29

[…] Il se mit à enseigner dans la synagogue, et le grand nombre en l'entendant étaient frappés et disaient : "D'où cela lui vient-il ? Et qu'est-ce que cette sagesse qui lui a été donnée et ces grands miracles qui se font par ses mains ? Marc 6, 2

 Et voici qu'on lui apportait un paralytique étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique :

"Aie confiance, mon enfant, tes péchés sont remis." Marc 9, 8

Voilà bien des signes qui interpellent et qui poussent à croire. Ils appellent aussi à la réflexion, et plus encore à la méditation.

Dépasser sa pensée propre pour entrer dans celle de Jésus : les béatitudes

Le chemin n’est pas si simple, car des combats se font jour chez celui qui veut avancer. En effet, croire va impliquer une remise en question de ses propres convictions, qui jusque là étaient basées sur la pensée du monde.

Il faut de l’humilité pour cela. Entrer dans la pensée de Dieu n’est pas si aisé !

Car vos pensées ne sont pas mes pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, déclare l'Eternel. Isaïe 55,8

Celui qui désire découvrir Jésus doit accepter de se laisser toucher par son enseignement sinon il ne pourra vraiment pas l’approcher.

Accepter par exemple, le beau discours des béatitudes, si contraire au monde, n’est pas facile. Pourtant c’est la base même du message de Jésus. L’étranger ne pourrait se dire croyant en refusant cette base-là.

 Voyant les foules, il gravit la montagne, et quand il fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Et prenant la parole, il les enseignait en disant :

"Heureux ceux qui ont une âme de pauvre... Matthieu 5, 1-12

Voila qui révolutionne totalement la pensée du monde et qui mérite de s’y arrêter un peu.

 Les béatitudes

Il est à noter que, dans ce message des béatitudes (cf. annexe 1), Jésus s’adresse non pas seulement à ses disciples, mais à toute la foule rassemblée devant lui ; cela veut bien dire que Jésus s'adresse à tous les êtres humains sans distinction. Il n’est donc pas réservé à une élite religieuse, mais bien à tout chercheur de Dieu.

Les béatitudes sont un message de bonheur de Jésus ; un message de bonheur complètement à l’encontre de ce qui se fait, de ce qui se vit dans la société.

Il y parle de douceur alors que nous subissons bien souvent la loi du plus fort.

Il y parle de pauvreté de cœur alors que nous courons si souvent après la gloire.

Il y parle de pureté de cœur alors que nous sommes envahis de sexualité à bon marché.

Il y parle de paix alors que nous ne savons pas vivre sans conflits.

Il y parle de justice alors que celle-ci même est bafouée au profit des intérêts personnels de certains.

C’est un message qui appelle l’homme à vivre extérieurement ce qu’il a au fond du cœur ! Il appelle à avoir le courage de la foi, quel que soit le monde dans lequel l’homme vit. Cela concerne bien sûr tous les domaines de la vie : le travail, la famille, les communautés, qu’elles soient religieuses ou laïques, le quartier, la ville, le pays, cela concerne également tous les engagements, toutes les positions qu’elles soient affectives, sociales, politiques, économiques.

On peut alors se demander si ce message n’est pas une belle utopie tout à fait inaccessible ?

Et pourtant, non : Jésus y appelle, y invite l’homme, car il aime l’humanité et vient vivre avec elle, en elle. Et c’est avec lui et avec lui seul, que ce message devient pleinement réalisable.

Il ne faut pas oublier que Jésus n’est pas un beau parleur. Ce qu’il dit, il le fait !

Il est venu vivre au milieu de l’humanité et ce qu’il lui demande de vivre, il l’a vécu lui aussi, il a montré le chemin. Le modèle des béatitudes c’est Jésus, qui est venu chercher les pécheurs, qui s’est fait doux et humble de cœur, qui a pris sur lui tous les péchés du monde, qui a été jusqu’au bout de l’amour en donnant sa vie pour chacun des hommes. Alors même que ceux-ci ne savaient pas (et ne savent pas) l’aimer comme il faut.

D’ailleurs, un bibliste connu, André Chouraqui, traduit le mot heureux par en marche, en avant. Pour lui ce texte des béatitudes n’est pas passif, mais est bien au contraire un appel à la vie. La vie qui choisit son camp et qui veut se dépasser toujours et de plus en plus, pour atteindre cette béatitude de l’amour vécu en Dieu. Il n’a rien inventé, il est simplement revenu au sens ancien du mot hébreu heureux qui a pour signification marcher.

L’homme, chercheur de Dieu, est donc appelé à marcher, à aller de l’avant, s’il veut vraiment vivre la bonne nouvelle de Jésus.

Devant l’exigence du message, la question peut se poser : mais qui vit donc ces béatitudes ? A première vue, nous n’en connaissons point. Pourtant à n’en pas douter, il y en a des millions ; des millions, qui sans bruit et sans tapage, mais dans l’amour, luttent en ce monde pour plus de paix, de justice, de pureté... Et ils le vivent avec Jésus, en son Nom.

Certaines de ces personnes sont connues, comme une Mère Térésa de Calcutta, une Sœur Emmanuelle du Caire, un Abbé Pierre en France, etc. qui ont donné leur vie totalement aux pauvres. Cependant, il en est bien d’autres, et chacun peut vivre les béatitudes, pour peu qu’il le désire et qu’il essaie de les vivre avec Jésus, au cœur et au quotidien de sa vie.

Jésus utopiste ou réaliste ?

Jésus est-il un poète, un utopiste, ou alors vit-il lui-même ce qu’il demande ?

L’évangile nous montre que Jésus vit ce qu’il dit, il est signe de miséricorde, de paix, de douceur. Il appelle à la justice et, persécuté lui-même, il va au bout de l’amour sans révolte, sans crier vengeance mais en pardonnant. En voici quelques exemples :

Certains demandèrent à Jésus : -Nous est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ?- De qui porte-t-il l'effigie et l'inscription ?- De César, répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Luc 20, 22-25

Quelqu'un dit à Jésus, du milieu de la foule : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. Jésus lui répondit : O homme, qui m'a établi pour être votre juge, ou pour faire vos partages ? Luc 12, 13-14

 Jésus, cependant, appela à lui ses disciples et leur dit : "J'ai pitié de la foule, car voilà déjà trois jours qu'ils restent auprès de moi et ils n'ont pas de quoi manger. Les renvoyer à jeun, je ne le veux pas : ils pourraient défaillir en route." […] puis il prit les sept pains et les poissons, rendit grâces, les rompit et il les donnait à ses disciples, qui les donnaient à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et des morceaux qui restaient on ramassa sept pleines corbeilles ! Matthieu 15, 32-37

 Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils l'y crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l'un à droite et l'autre à gauche. Et Jésus disait : "Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu'ils font." Luc 23, 33-34

Une telle personnalité ne mérite-t-elle pas, non seulement d’être connue, mais aussi d’être suivie ?

Zachée, modèle de l’étranger qui devient croyant

Zachée est un petit homme aimant l’argent et cherchant à être bien placé dans le monde notamment auprès des Romains pour qui il collecte l’impôt. Il a entendu parler de ce Jésus de Nazareth, un rabbi un peu particulier. Voila que Jésus passe dans sa ville : une belle occasion de voir de plus près cet homme dont tout le monde parle.

 Entré dans Jéricho, il traversait la ville. Et voici un homme appelé du nom de Zachée ; c'était un chef de publicains, et qui était riche. Et il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait à cause de la foule, car il était petit de taille. Il courut donc en avant et monta sur un sycomore pour voir Jésus, qui devait passer par là. Arrivé en cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : "Zachée, descends vite, car il me faut aujourd'hui demeurer chez toi." Et vite il descendit et le reçut avec joie. Ce que voyant, tous murmuraient et disaient : "Il est allé loger chez un homme pécheur !" Mais Zachée, debout, dit au Seigneur : "Voici, Seigneur, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j'ai extorqué quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple." Et Jésus lui dit : "Aujourd'hui le salut est arrivé pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d'Abraham. Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu." Luc 19, 1-10

Voyons un peu plus en détail ce qu’il en est.

Au premier abord, on peut prendre ce petit bonhomme, qui grimpe dans un arbre pour mieux voir Jésus, comme quelqu’un de sympathique.

Mais qui est-il vraiment ? En fait sur un plan humain et social c’est plutôt ce que l’on appellerait un "sale type".

En premier lieu, l’évangile le situe dans la ville de Jéricho, ville dans laquelle Jésus ne s’arrête pas. Il ne fait qu’y passer. Jéricho est une ville de passage, une ville de commerce, une ville animée. Ce n’est donc pas un lieu excellent pour la méditation, la prière, la rencontre avec Dieu. Certes, il y a des synagogues et des célébrations religieuses, il y a aussi des croyants, mais on y semble plus intéressé par la mentalité du monde. Ce que montrera la réaction de la foule au fil du texte.

Zachée est un homme vivant pleinement au cœur de ce monde, son souci est l’argent et le pouvoir. Il est le chef des collecteurs d’impôts pour César. Aux yeux des juifs, c’est donc un "collabo", un traitre. Ils le craignent, et le respectent extérieurement, pour ne pas avoir d’ennuis, mais ils ne l’aiment pas, ils le haïssent même. D’autant que c’est aussi un voleur, qui augmente les taxes pour se garder le surplus. C’est ainsi qu’il a fait sa fortune, et elle est grande.

Donc, on voit Zachée comme un homme riche et malhonnête. On comprend aussi qu’il n’est pas tout jeune, car on ne se fait pas une si grande fortune en peu de temps, et surtout, avant de devenir chef des collecteurs d’impôts on doit avoir fait ses preuves.

Ceci est important pour la suite, car pour grimper dans l’arbre il lui faudra faire un effort, il n’a plus 20 ans. C’est important aussi pour comprendre que les blessures dues aux mauvais sentiments des juifs envers lui, ont creusé en lui comme un mal-être, peut-être même une grande souffrance intérieure du fait de ne pas être aimé.

En plus, l’évangile nous dit qu’il est de petite taille ; taille qui n’attire pas le respect, la considération. On le regarde de haut ! Son "pouvoir", il l’a forgé sur la richesse et sur la puissance professionnelle que les romains lui ont donnée, grâce à leur protection dont il jouit abondamment. Les gens le craignent à cause de ce pouvoir mais ils le méprisent et le haïssent intérieurement. Zachée n’est pas dupe, il sait bien cela. Il y a comme un vide en lui.

Il est bon de préciser ici que l’évangile se lit souvent à deux niveaux : d’abord le niveau de l’histoire, et ensuite celui de la spiritualité. La petite taille de Zachée ne décrit pas seulement sa taille physique, mais aussi et surtout sa petite taille spirituelle, sa bassesse de collecteur d’impôts qui le met au ban de la religion et des pharisiens.

Zachée est curieux, il a entendu parler de Jésus, le grand rabbi. Il ne le connait pas et aimerait bien voir à quoi il ressemble. Il aimerait bien aussi comprendre pourquoi tout le monde court ainsi après lui. Jéricho est en effervescence, la foule se presse vers l’endroit où Jésus doit passer. Alors il y va lui aussi. Il espère le voir au moins de loin et il ne s’attend pas du tout à une rencontre personnelle.

Mais voila, arrivé sur les lieux, il est trop petit pour voir. Et en plus, la foule lui barre le passage. On peut même penser que certains sont bien heureux de le bloquer. Là, il n’a aucun pouvoir !

Zachée aurait pu se décourager et retourner chez lui, mais non, tenace, il court devant, il dépasse la foule et pour être sur de ne pas être encore bloqué, il grimpe sur un arbre. Il est seul au-dessus de la foule.

Pas si facile que cela de grimper, à son âge. Et ses beaux habits de riche ne doivent pas aider à l’escalade.

Il oublie tout. Sa priorité est de découvrir enfin Jésus. Cela devient un réel désir. Il veut savoir qui est cet homme. Sa curiosité du départ s’est approfondie ; il veut vraiment découvrir Jésus. Son désir amène sa démarche, son effort.

Voila Zachée perché dans son arbre, et Jésus, au milieu de la foule, qui arrive à son niveau. Zachée voit bien la foule et Jésus, mais il ne s’attend pas du tout à ce qu’on le voit dans l’arbre... et encore moins que ce soit Jésus qui le remarque.

Leurs regards se croisent. Et ce regard est déjà libérateur. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que le regard du Christ n’est jamais accusateur. Or Zachée n’a pas l’habitude des regards amicaux, sincères. Il est grimpé sur son arbre pour mieux voir, mais il a été vu par Jésus et s’est laissé regarder par lui.

Que dit Jésus à Zachée ?

"Zachée, descends vite, car il me faut aujourd'hui demeurer chez toi."

Jésus lui parle, à lui, l’exclu du peuple, alors qu’il y a tant de gens bien autour de lui. Et il ne lui dit pas simplement bonjour. Non, il lui demande quelque chose, et quelque chose d’important, de tellement important que cela lui parait inimaginable :

Je veux demeurer chez toi !

Zachée se connait, il sait bien qui il est… et il accueille ce regard, cette parole. Il sait aussi que les rabbis ne vont pas manger chez les pécheurs… et là, Jésus s’invite chez lui !

Un regard, une parole qui vont tout changer parce que chargés d’amour et de respect.

Jésus libère Zachée du regard qu’il se porte lui-même mais aussi du regard négatif des autres, des jugements, des étiquettes, si bien que Zachée va pouvoir librement descendre de son arbre.

Zachée n’en revient pas ! Pas plus que la foule qui murmure ! Mais il ne se le fait pas dire deux fois ! Il descend et conduit Jésus jusque chez lui, où il lui offre le repas.

Cependant la foule n’a pas disparu, elle est toujours là. Elle murmure beaucoup contre Zachée et contre Jésus, ravalé lui aussi au rang de pécheur.

La foule est hostile. C’est important de bien noter cela, car il y a toujours des obstacles sur le chemin de l’homme qui cherche vraiment Dieu.

Une petite note sur le terme : descends vite. Zachée dans son arbre était au-dessus de la foule, mais il doit redescendre, être au milieu de celle-ci pour rencontrer Jésus et être tout proche de lui. Il est difficile pour l’homme de descendre, car il a peur des autres et peur aussi de se trouver en face de lui-même.

Jésus ne porte pas sur Zachée le même regard que la foule.

Jésus ne porte pas sur Zachée le même regard que lui-même se porte.

Jésus regarde Zachée avec le regard de Dieu, et c’est uniquement sous ce regard qu’il peut s’accueillir lui-même en vérité.

Le chercheur de Dieu, aussi pécheur soit-il, découvre comme Zachée, que pour Jésus, la seule réponse au péché est la grâce : la grâce du repentir, la grâce du pardon, de l’amour.

Le salut est don divin offert à tout homme chercheur de Dieu.

Zachée voyait bien l’hostilité de la foule. Mais qu’importe ! Il descend vite et reçoit Jésus avec joie.

Il est tout joyeux. Il accueille Jésus tout de suite. Il ne remet pas la rencontre au lendemain. Son accueil est immédiat. Il ne pense pas : "je ne suis pas digne" ou : " qu’est-ce que vont dire les autres ?" ou encore : "je n’ai rien préparé pour le recevoir correctement". Non ! Il accueille immédiatement, avec ce qu’il est et ce qu’il a !

Dans l’intimité retrouvée avec Jésus, il découvre et il vit la joie authentique que nul ne peut lui ravir. La foule peut bien continuer à se moquer de lui, à le critiquer et même à le haïr, cette joie restera, car il a trouvé la vraie joie qui est d’être avec Jésus.

Jésus est déroutant ! Il renverse les conceptions du correct, du bien-pensant. Pour la foule, donc pour l’ensemble des juifs pratiquants qui se considèrent justes parce qu’ils appliquent la loi, Jésus devient un objet de contestation, d’effarement. Comment lui, l’homme de Dieu, le prophète, peut-il aller ainsi se souiller en entrant dans la maison d’un pécheur notoire, le pire de la ville, Le publicain, le collabo ?

La foule qui était allée vers Jésus, comme on va vers une star ; comme on va vers quelqu’un de grand qui pense comme nous et peut nous mettre en valeur… se ferme soudainement et se détache de lui. Ces gens se suffisent finalement à eux-mêmes. Ils se croient justes, au-dessus des autres. Pire, il pense détenir l’unique Vérité ! Ils se mettent eux-mêmes au-dessus des autres, au dessus du prophète qui passe par là.

Jésus lui, reste imperturbable. Il connait les cœurs. Il sait pourquoi il passe par là. Il offre son amour à tous et chacun a la liberté de le recevoir ou de le refuser.

Zachée lui, a compris l’invitation de Jésus. Il sait qu’il a besoin de Jésus et il est désormais prêt à avancer avec lui, au milieu de cette foule qui le déteste. Il a ouvert son cœur à l’amour de Dieu et il va l’accueillir chez lui. Il ne se contente pas de rencontrer Jésus sur la route, en passant, il lui ouvre sa maison, il va faire de Jésus le maître de sa propre demeure.

Zachée a compris aussi que s’il voulait garder cet amour, qu’il a capté dans le regard de Jésus, dans sa parole, il lui fallait changer de vie.

Il faut remarquer ici que Jésus n’a pas attendu la conversion de Zachée pour aller demeurer chez lui. Jésus, fils de Dieu, s’est abaissé, en toute humilité, au niveau de Zachée. C’est cette visite qui va conduire Zachée à la conversion. Il s’est senti reconnu et aimé au fond de sa misère.

C’est cette reconnaissance dans l’amour qui va lui permettre de rétablir la justice et la miséricorde dans sa vie. Là où il y avait le vol et le pouvoir, il met le don et le service.

Voila donc le "saint prophète" dans la maison du plus grand pécheur et voleur de la ville.

Jésus est-il venu seulement pour partager un bon repas ? Non !

Jésus est-il venu par provocation envers les juifs bien pensants ? Non !

Il est venu par amour de Zachée, de ce fils d’Israël qui est entrain de perdre son âme par sa vie de péché. C’est que Jésus voit la beauté enfouie tout au fond du cœur, une beauté que Zachée lui-même ne connaissait pas, tant il s’était fait une carapace de son argent et de son pouvoir ; tant il était blessé par tous ceux qui l’entourent et qui ne l’aiment pas.

Durant ce repas, on s’en doute, Jésus n’est pas muet. Sa parole rejoint Zachée au plus intime de lui-même. Du coup, sa façon de voir la vie change du tout au tout. De voleur il devient honnête :

Une honnêteté d’abord intérieure, dès qu’il confesse son vol :

...si j'ai extorqué quelque chose à quelqu'un,…

Puis une honnêteté pratique, en rendant les biens volés :

... je lui rends le quadruple.

La parole de Jésus a rejoint le cœur de Zachée. Par elle, c’est Dieu lui-même qui le rejoint et fait sa demeure en lui.

Zachée découvre que la demeure dont parle Jésus n’est pas seulement la maison, mais c’est son cœur. Il plonge de tout son être dans l’accueil du Maître. Il devient ainsi lui-même demeure de Dieu.

Et la récompense de tout cela c’est :

Aujourd’hui le salut est arrivé dans cette maison car lui aussi est un fils d’Abraham.

Sa dignité perdue, la voici restaurée.

La vraie rencontre avec Jésus, la rencontre du cœur, amène toujours une conversion.

Zachée n’est plus seul ! Il n’est plus dans le désespoir de sa vie, il a trouvé l’amour, le chemin de la réparation dans la miséricorde et l’amour fraternel. Il est dans la certitude que cet amour vécu dans la rencontre avec Jésus va transformer complètement et définitivement tout son rapport avec ses proches et tous ceux qu’ils rencontrent, amis ou ennemis. Et on voit alors Zachée qui se met à partager ses biens : donnant la moitié de ses propriétés pour les pauvres et rendant quatre fois plus à ceux qu’il a volés (autant dire la ville toute entière, puisqu’il est chef des collecteurs d’impôts).

Grâce à sa rencontre avec Jésus, Zachée ne collecte plus, il donne. Il volait sans mesure, il va donner aussi dans la démesure. (La moitié de ses biens)

Il fait le don de lui-même. Il devient fils d’Abraham : il travaillait à la solde des romains, prenait l’argent de ses frères juifs, désormais, il va leur redonner ce qu’il leur a pris injustement. Jésus lui rend son identité de fils d’Abraham en affirmant : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison »

Quand l’homme se rapproche de Jésus, il devient comme Jésus !

Quand l’homme accueille la grâce de Dieu, il devient, comme Dieu, capable d’aimer, de tout donner, car Dieu est celui qui donne TOUT. Il ne s’agit pas seulement de partager des choses, de donner des biens, mais de se donner soi-même (c’est ce que fait Zachée).

Ainsi en est-il de l’étranger qui est devenu croyant : touché par l’amour du Christ, il s’engage en toute liberté sur le chemin du disciple, de celui qui se met à l’écoute.

II/ De croyant à disciple

Le disciple, c’est celui qui ayant rencontré un maitre se met à son école, il s’engage donc et se met à écouter ses enseignements et à les mettre en pratique dans sa vie.

Pour devenir disciple de Jésus, pour vivre de ses enseignements, il va être nécessaire pour le croyant de recevoir la grâce de Dieu qui l’aidera à vivre sur le chemin de sainteté que Jésus propose. Pour cela, s’approchant du Christ, il lui demandera de bien vouloir l’accueillir dans sa famille.

Il fera alors le pas du baptême, ce grand sacrement d’initiation chrétienne, qui l’unira à Dieu, en fera un fils adoptif et lui donnera la force de vivre en vrai disciple.

Jésus, deuxième personne de la Trinité

Lors de son baptême par Jean le Baptiste, Dieu reconnait Jésus comme son Fils. Et Jésus lui-même se présente ensuite comme Fils de Dieu.

Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l'eau ; et voici que les cieux s'ouvrirent : il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu'une voix venue des cieux disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur. Matthieu 3, 16-17

Jésus affirme aussi qu’il vit toujours en union avec son Père. C’est la raison pour laquelle il fait des œuvres si grandes.

Jésus reprit donc la parole et leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, qu'il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu'il fait ; et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, à vous en stupéfier. Jean 5, 19-20

Lorsqu’il annonce sa mort il dit aussi qu’il enverra l’Esprit Saint.

Mais le consolateur, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Jean 14, 26

Le disciple qui a rencontré Jésus, rencontre donc aussi le Père et l’Esprit Saint. Il découvre la Sainte Trinité.

La Sainte Trinité

La Sainte Trinité a existé de toute éternité, même si les chrétiens ont vraiment découvert l’Esprit Saint après la résurrection de Jésus, et notamment à la Pentecôte. L’Esprit Saint existait déjà dans la Bible dès le commencement.

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, l’Esprit de Dieu tournoyait sur les eaux. Genèse 1,1-2

Un seul Dieu en trois personnes ! Il est évident que cela dépasse le raisonnement humain. Ce n’est donc pas par la raison que le disciple comprend la Sainte Trinité, mais par le cœur. Il ne croit pas en trois dieux, mais en un seul qui se révèle en tant que Père, que Fils et qu’Esprit Saint.

Pour lui, la Sainte Trinité n’est pas un concept philosophique ou autre, c’est une entité réelle, vivante, formée de trois personnes distinctes, vivant au même diapason. Aucun conflit n’existe dans la Sainte Trinité, c’est une communion parfaite.

Le Père

Le Père est le créateur de tout, ainsi que l’affirme le disciple dans la prière du credo.

Je crois en un seul Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre de l’univers visible et invisible.

Oui, Le Père a tout créé, l’univers visible, que l’homme ne cesse de découvrir et l’univers invisible que chacun découvrira après sa mort. Deux univers apparemment séparés mais qui pourtant forment un tout.

Au cœur de cet univers, il a créé une créature toute particulière. Elle n’est ni la plus grande par sa taille ni la plus petite, mais parce que Dieu l’a faite à sa ressemblance, elle dépasse tout ce qui est créé. Cette créature c’est l’homme ! Qu’est-ce qui lui donne cette "supériorité" ? Son âme ! C’est-à-dire sa capacité à vivre dans la connaissance de Dieu, dans l’amour de Dieu.

Dès le début, dans la bible, Dieu se présente comme créateur mais aussi comme un père. Un père, qui aimant ses enfants, attend d’eux une réponse d’amour, une vie de communion. Dans l’évangile de l’enfant prodigue (Luc 15,11.32), Jésus nous le démontre bien.

Il aime tellement cette créature qu’il a faite dans l’amour et pour l’amour, qu’il envoie son Fils Unique Jésus, pour la sauver de la mort éternelle. Jésus meurt sur la croix pour le salut  des âmes.

La Passion ne concerne pas seulement le Fils ; elle est autant le fait du Père que du Fils et du Saint Esprit. Cette œuvre de salut s’est déroulée d’un commun accord. Ce que montre bien ce passage de l’évangile :

C'est pour cela que le Père m'aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre. Personne ne me l'enlève ; mais je la donne de moi-même. J'ai pouvoir de la donner et j'ai pouvoir de la reprendre ; tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père." Jean 10,17-18

Ainsi donc, le Père veut l’homme pleinement vivant dans son amour. Le croyant connait bien sa faiblesse, il sait qu’il ne peut parvenir à vivre ici bas en permanence dans l’union avec Dieu. Le péché est là ! Cependant Dieu ne le rejette jamais ; il attend simplement l’aveu et le regret sincères pour lui faire miséricorde et le rétablir dans la pleine communion.

Le Fils

Deuxième personne à part entière de la Trinité, Jésus n’est pas une créature du Père, mais il est de même essence que le Père. Il est Dieu.

Incarné, il est celui qui a donné sa vie pour le salut éternel des hommes. Tout à la fois homme et Dieu, il n’a pas fait semblant de vivre sa Passion. Il a été jusqu’au bout de l’amour en prenant sur lui tous les péchés de l’humanité.

Voici venue l'heure où doit être glorifié le Fils de l'homme. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle. Jean 12, 23-25

L’épisode de Gethsémani nous montre bien le combat livré :

Et prenant avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à ressentir tristesse et angoisse. Alors il leur dit : "Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi." Etant allé un peu plus loin, il tomba face contre terre en faisant cette prière : "Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi !" Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux.".Matthieu 26, 37-39.

Il est celui qui intercède pour tous et pour chacun, en tout temps :

Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Jean 17, 20-23

Et il poursuit son œuvre, de salut à travers les sacrements et tout particulièrement celui de l’eucharistie, comme il l’a dit dans l’évangile :

Alors Jésus leur dit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Jean 6, 53-56

Ou encore :

Or, tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : "Prenez, mangez, ceci est mon corps." Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : "Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Matthieu 26, 26-29

Sa résurrection d’entre les morts, où il s’est rendu visible aux disciples ainsi qu’à des centaines de personnes, comme en atteste l’évangile, ratifie qu’il est bien le Messie, le Sauveur, le Fils de Dieu !

Après cela, Jésus se manifesta de nouveau aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade Jean 21, 1-2

Le Saint Esprit

On le présente comme l’amour du Père et du Fils, mais souvent cela est mal compris. Pour bien des gens, il est comme un "sous produit" de la Trinité. Ce qui est complètement faux, car il est une personne à part entière, et selon l’enseignement de l’Eglise il reçoit même adoration et même gloire :

Je crois en l’Esprit Saint,
qui est Seigneur et qui donne la vie ;
Il procède du Père et du Fils ;
avec le Père et le Fils,
Il reçoit même adoration et même gloire ;
Il a parlé par les prophètes.

 Credo  de Nicée -Constantinople

Pour le disciple, l’Esprit Saint n’est donc pas une sorte de "décharge électrique", fut-elle d’amour. Il n’est pas non plus une nature secondaire, qui n’existerait pas s’il n’y avait pas l’amour du Père et du Fils. Non ! Il existe à part entière, comme le Père et le Fils et il vit lui aussi cet amour parfait avec le Père et le Fils.

Il est celui qui enseigne par l’intérieur :

Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Jean 14, 26

Jésus le présente aussi comme le défenseur. Ce qui est normal, puisque comme le Fils, il vit en pleine communion d’amour avec le Père, et donc avec le même dessein du Père sur l’humanité.

Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, (défenseur) pour qu'il soit avec vous à jamais, Jean 14, 16-17

Ou encore :

Vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi, pour rendre témoignage en face d'eux et des païens. Mais, lorsqu'on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit de votre Père qui parlera en vous. Matthieu 10, 18-20

Voila le fondement de la Sainte Trinité : Un seul Dieu en trois personnes. C’est la foi du disciple. Et c’est au cœur de la Sainte Trinite que le disciple se fait baptiser.

Le Baptême

Le baptême n’est pas une formalité religieuse, une sorte de contrat avec l’Eglise. C’est un sacrement, c'est-à-dire une alliance. C’est la première alliance de l’homme avec Dieu. Cette alliance est scellée pour la vie. Un baptême ne s’annule pas ! Cela ne se peut pas, car si le baptême est une alliance de l’homme avec Dieu, il est aussi une alliance de Dieu avec l’homme et Dieu ne revient jamais sur ses dons et sur sa Parole !

L’homme peut lâcher Dieu, et se mettre à vivre comme s’il n’existait pas, mais Dieu lui, reste fidèle, il ne reniera jamais celui qu’il a reçu comme un "fils bien aimé" ! Il attend sans cesse le retour de son enfant.

La grâce du baptême fait de tout homme qui le reçoit, un enfant de Dieu, donc un héritier de Dieu en tous ses biens, à la condition de demeurer dans la fidélité et l’amour trinitaire en ne se mettant pas à vivre hors de sa grâce.

C’est ce que Jésus vient enseigner dans la parabole de l’enfant prodigue.

Il dit encore : "Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, rassemblant tout son avoir, le plus jeune fils partit pour un pays lointain et y dissipa son bien en vivant dans l'inconduite. "Quand il eut tout dépensé, une famine sévère survint en cette contrée et il commença à sentir la privation. Il alla se mettre au service d'un des habitants de cette contrée, qui l'envoya dans ses champs garder les cochons. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les cochons, et personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en surabondance, et moi je suis ici à périr de faim ! Je veux partir, aller vers mon père et lui dire : Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi ; je ne mérite plus d'être appelé ton fils, traite-moi comme l'un de tes mercenaires. Il partit donc et s'en alla vers son père. "Tandis qu'il était encore loin, son père l'aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l'embrassa tendrement. Le fils alors lui dit : Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi, je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs : Vite, apportez la plus belle robe et l'en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ! Et ils se mirent à festoyer. Luc 15, 11-32

Ce jeune homme vivait aisément dans la maison de son Père. Cependant il voulait vivre son indépendance, agir comme il l’entendait, donc sans les contraintes de l’autorité paternelle. Il réclame son héritage et part vivre sa vie, se libérant de tout. Il le dilapide très vite, se retrouve dans la misère et commence à se dire que finalement il n’était pas si mal dans la maison paternelle. Mais comment revenir ? Son Père le recevra-t-il ? En fin de compte, à bout de forces, il revient, son Père l’accueille à bras ouverts et organise même la fête pour son retour. Le fils désormais retrouve la Vie sous la conduite paternelle, dans la paix, la joie, et tout le nécessaire à sa vie.

Il en est de même pour Dieu, qui ne rejette aucun de ses enfants.

Le baptisé en a-t-il assez de vivre sous la loi de Dieu et quitte-t-il ce chemin ? Dieu l’attendra jusqu’à ce qu’il revienne d’un cœur sincère. Tout enfant de Dieu, tout disciple du Christ, peut se sentir un jour assez fort pour vivre sa vie tout seul, et quitter le chemin. Très vite il découvrira que la grâce divine lui manque. Il ne s’en sort plus, que ce soit sur un plan matériel, affectif ou spirituel. C’est alors que se pose la question de la possibilité d’un retour à Dieu. Ce n’est que là, qu’il pourra prendre le chemin du retour vers Dieu. Il fera ainsi l’expérience de l’accueil sans réserve du Père qui lui renouvellera intégralement sa confiance pour l’avenir.

Le Baptême est source de la vie d’amour avec Dieu. Un cadeau divin extraordinaire qui permet à tout disciple de vivre pleinement avec Dieu, au milieu de ses frères et sœurs, de tous ceux qui l’entourent, quelque soit son pays, son milieu social, sa famille, etc.

Amour de Dieu et du prochain

Dans l’exemple du chapitre précédent, on a vu Zachée se décider à rendre ce qu’il avait pris injustement. D’étranger, il devient croyant, puis disciple, en se mettant à la suite de Jésus et en agissant selon sa parole.

Mais quel est donc l’enseignement de Jésus ? Qu’attend-t-il de ses disciples ?

Son premier commandement, à l’instar du décalogue est l’amour !

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Deutéronome 6, 4-5

L’amour de Dieu va de paire avec l’amour du prochain, car nul ne peut aimer Dieu s’il n’aime pas les autres.

"Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ?" Jésus lui dit : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit : voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes." Matthieu 22, 36-40

Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Jean 13, 34

Facile à dire, moins facile à faire, car aimer signifie aider et surtout pardonner. L’apôtre Pierre, homme très pratique l’interroge :

Alors Pierre, s'avançant, lui dit : "Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu'à sept fois ?"  Jésus lui dit : "Je ne te dis pas jusqu'à soixante dix-sept fois, mais jusqu'à 77 fois 7fois. Matthieu 18, 21-22.

Alors, aimer selon Jésus est-ce vraiment possible ? Faut-il tout tolérer des autres quoiqu’ils fassent ? La Parole demande d’être charitable, mais que veut dire vraiment le mot charité ? Est-ce vraiment tout donner à quiconque me le demande ? Il est évident qu’une telle conception n’est pas réaliste. Mais alors, que demande exactement la parole de Dieu ? Jésus nous l’enseigne à travers son évangile.

Pleinement homme, il aimait les gens qui l’entouraient. Plusieurs fois, on le voit ému de compassion devant la misère des gens.

Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu'elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n'ont point de berger. Matthieu 9, 36

Sa compassion n’est pas faite seulement de bons sentiments, elle le pousse à agir

Quand il sortit de la barque, Jésus vit une grande foule, et fut ému de compassion pour eux, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont point de berger ; et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses. Marc 6, 34

Quand il sortit de la barque, il vit une grande foule, et fut ému de compassion pour elle, et il guérit les malades. Matthieu 14, 14

Et voici, on lui amena un paralytique couché sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés….. Car, lequel est le plus aisé, de dire : Tes péchés sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. Matthieu 9, 2-6

Voila bien les trois grands points d’action de la compassion de Jésus :

Il enseigne, c'est-à-dire qu’il révèle aux hommes, l’amour du Père pour eux. Il leur redonne courage et espérance, car il sait qu’ils sont appelés à changer de vie. Il va jusqu’à leur donner des conseils de vie.

Il les guérit dans leurs corps, afin que n’étant plus gravement malades, ils puissent vivre, subvenir à leurs besoins, mais aussi rendre grâce à Dieu.

Enfin, il pardonne les péchés, libère les âmes de toutes leurs souffrances intérieures, leur ouvrant ainsi de nouveau la route de la prière, et de l’amour de Dieu.

Cependant, il est important de noter que Jésus n’a jamais passé son temps à se mêler des conflits familiaux, politiques ou humains :

 Nous est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ? -- De qui porte-t-il l'effigie et l'inscription ? -- De César, répondirent-ils. Alors il leur dit : -- Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Luc 20, 22-25

Quelqu'un dit à Jésus, du milieu de la foule : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. Jésus lui répondit : O homme, qui m'a établi pour être votre juge, ou pour faire vos partages ? Luc 12, 13-14

Jésus aime tellement les âmes qu’il va jusqu’à donner sa vie pour elles, afin que toutes soient libérées de la mort éternelle vers laquelle tous leurs péchés les mènent.

Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. […] Le Père m'aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l'ôte, mais je la donne de moi-même ; j'ai le pouvoir de la donner, et j'ai le pouvoir de la reprendre : tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père. Jean 10, 15-18

C’est par sa mort et sa résurrection que l’homme est sauvé. Jésus est allé jusqu’au don total de sa vie. C’est comme un chèque en blanc qu’il signe à l’humanité, car tout homme reste libre de l’accepter ou de le refuser. Son amour va jusque là ! Il ne s’impose pas, il s’offre, et il s’offre gratuitement ! Même de son vivant il a toujours agi gratuitement, il n’a jamais fait payer ses services, vivant lui-même bien souvent à la belle étoile, parcourant les villes et les villages.

C’est d’ailleurs une partie de l’enseignement qu’il donne à ses apôtres :

Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Matthieu 10, 8

La parole de Jésus, valable de son temps, le restera jusqu’à la fin du monde.

Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Matthieu 10,8

Mais qu’a reçu gratuitement l’homme dans un monde où tout se paye ? Il a reçu la vie éternelle, il a reçu le pardon des péchés et par là même, la possibilité de repartir sans cesse à zéro.

Jésus n’est pas seulement un homme, mort il y a quelques 2000 ans. Il est mort et ressuscité. Cela signifie qu’il vit encore aujourd’hui, au cœur de l’humanité et qu’il compatit à ses souffrances, à ses difficultés, autant qu’il le vivait de son temps. Il redonne vie chaque jour, il enseigne chaque jour, en parlant au cœur de l’homme, qui le cherche et qui veut bien l’écouter.

Jésus aime l’humanité et l’entoure de sa miséricorde de sa grâce. Il n’impose à personne de le suivre, mais attend patiemment que l’homme, reconnaissant enfin son amour, accepte de vivre avec lui. C’est cela la gratuité de Dieu à l’égard de l’homme. Et aucune loi humaine, ne peut faire que la grâce de Dieu passe par des paiements de quelque nature que ce soit.

Ayant donc été bénéficiaires gratuitement de la grâce de Dieu, le disciple de Jésus est aussi appelé à la partager tout aussi gratuitement, selon les dons que Dieu lui fait.

La charité

La charité dont Jésus parle ne consiste pas seulement à ouvrir son porte monnaie pour aider autrui, bien que cela puisse aider ; ce n’est qu’un moyen parmi d’autres. La véritable charité, appelle le disciple à donner de sa personne pour l’amour de Dieu et des autres ; et cela totalement gratuitement, c'est-à-dire sans en attendre un remboursement financier, matériel ; sans même en attendre comme dû, un remerciement ou une reconnaissance quelconque.

Toute la beauté, mais aussi toute la difficulté de la charité chrétienne se trouvent là ! 

Saint Paul écrira à ses diverses communautés de très beaux passages sur la charité. En voici quelques uns : 

Que la charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur ; attachez-vous fortement au bien. Romains 12, 9

Nul ne peut être charitable par hypocrisie, dans ce cas il peut abuser les hommes mais certainement pas Dieu. L’amour doit vraiment être sincère.

Que tout ce que vous faites se fasse avec charité ! 1Corinthiens 16, 14

L’amour doit être la marque de tout ce que le disciple fait, de tout ce qu’il vit, car cela seul plait à Dieu.

Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retenti […] quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien. 1 Cor 13, 1-3

Ce ne sont pas les choses ou les actions spectaculaires qui sont importantes. Toute action  si simple soit-elle, tout geste apparemment infime, s’il est empreint de charité est grand devant Dieu.

Ce que le disciple du Christ doit comprendre, c’est que l’économie de Dieu marche à l’envers de l’économie humaine. Pour l’homme, il faut entasser et penser à soi d’abord, pour réussir dans la vie. Mais pour Dieu, il faut s’oublier soi-même et lui faire confiance pour réussir sa vie. Dans l’économie humaine, l’homme peut amasser de grands biens, mais est-ce que cette réussite sociale est vraiment réussite de sa vie ? Dans l’économie de Dieu, certes l’homme ne gagne pas de grands biens, mais sa vie est une réussite. Elle l’est réellement, car l’homme s’est réalisé pleinement, il a donné un sens et une utilité à sa vie. Cela ne mérite-t-il pas un moment de réflexion ?

En conclusion de ce passage le texte de saint Paul, invite tout disciple à faire sienne, la charité, au cœur de sa vie :

La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n'est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas, elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. La charité ne passe jamais.1 cor 13, 4-8

La charité est longanime, c'est-à-dire patiente, elle attend calmement et sereinement la réponse d’amour souhaitée.

La charité est serviable, c'est-à-dire qu’elle se met au service d’autrui sans discrimination, ami ou ennemi, elle ne se refuse pas.

La charité n’est pas envieuse, c'est-à-dire qu’elle se contente de ce qu’elle a, n’en désire pas plus et se réjouit même pour ceux qui ont plus qu’elle.

La charité ne fanfaronne pas, c'est-à-dire qu’elle ne préjuge pas de ses capacités, elle les reconnait à leur juste mesure.

La charité ne se gonfle pas, elle ne parait que ce qu’elle est, sans plus, en toute vérité et humilité face à autrui.

La charité ne fait rien d’inconvenant, elle respecte profondément les autres et se garde bien de les mettre dans la gêne et l’embarras de quelque manière que ce soit.

La charité ne cherche pas son intérêt, ce qui compte d’abord c’est l’intérêt de Dieu et du royaume ; la charité ne thésaurise jamais tant elle est tournée vers autrui.

La charité ne s’irrite pas, elle ne se met pas en colère, elle patiente avec amour ou elle explique posément.

La charité ne tient pas compte du mal, elle pardonne et agit toujours comme si aucun mal n’avait été commis.

La charité ne se réjouit pas de l’injustice, elle y pallie, essayant de réparer tout préjudice causé.

La charité met sa joie dans la vérité, elle ne ment pas, ne cache pas et a le courage de ses actes.

La charité excuse tout, elle s’efforce de comprendre le pourquoi des choses et à partir de là, excuse et pardonne.

La charité croit tout, elle n’est pas naïve, mais elle joue toujours la carte de la confiance et à partir de là attend patiemment une réponse d’amour vrai.

La charité espère tout, pour elle nul n’est irrécupérable et tout est réparable.

La charité supporte tout, elle accepte la souffrance de la croix par amour d’autrui et par amour de Dieu en s’unissant à la Passion du Christ.

La prière

Le premier commandement est sans compromis : aimer Dieu et son prochain. Que signifie aimer Dieu ? Comment aimer Dieu ?

La première chose est de lui parler, d’être en communication avec lui. Cela se fait dans la prière. La vraie prière est celle qui est vécue du fond du cœur et non faite du bout des lèvres.

Ce peuple m'honore des lèvres ; mais leur cœur est loin de moi. Vain est le culte qu'ils me rendent, les doctrines qu'ils enseignent ne sont que préceptes humains. Marc 7, 6-7

Dieu en effet n’a pas besoin de moulins à paroles. Il ne réagit pas aux "formules magiques", mais il écoute le cœur.

Bien souvent au commencement de la vie spirituelle, l’homme qui ne sait pas prier spontanément, cherche des prières déjà rédigées. Et l’Eglise, elle-même, en conseille plusieurs : le notre Père, le je vous salue, le je crois en Dieu, le gloire à Dieu. Elle propose également plusieurs pratiques de prière telles que : le chapelet, les neuvaines, les litanies, etc. Tout cela est très bien en soi et sert grandement au débutant dans la prière, mais le disciple ne peut en rester à "faire ses prières", il se doit de les vivre. Pour cela, il lui faut y mettre tout son cœur, se faire présent à Dieu, en s’adressant véritablement à lui.

Il lui faut prier en esprit et en vérité. C’est la toute première condition. Ensuite l’évangile nous montre plusieurs caractéristiques de la prière :

  • Ne pas rabâcher, mais demander et faire confiance à Dieu pour la réponse. C’est tout l’enseignement de Jésus dans la prière du Notre Père.

Dans vos prières ne rabâchez pas comme les païens, ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux entendre. N’allez pas faire comme eux , car votre Père sait bien ce qu’il vous faut , avant que vous le lui demandiez , vous donc priez ainsi : Notre Père qui es dans les cieux , que ton Nom soit sanctifié , que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel , donne nous aujourd’hui notre pain quotidien ; remets nous nos dettes comme nous avons remis à nos débiteurs ; et ne nous soumets pas à la tentation mais délivre nous du mauvais . Matthieu 6,7-15

  • Ensuite, il faut être vrai, donc se présenter devant Dieu en toute humilité. Le disciple ne se berce pas d’illusions. Il se sait pécheur, car il tombe souvent sur le chemin, mais il se sait aimé et ose donc se présenter en toute confiance devant Dieu, en faisant appel à sa miséricorde. C’est tout l’enseignement de la parabole du pharisien et du publicain :

Deux hommes montèrent au temple pour prier l’un était pharisien, l’autre publicain. Le pharisien debout priait ainsi : "Mon Dieu je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont rapaces, injustes, adultères où bien encore comme ce publicain ; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j’acquiers." Le publicain lui, se tenant à distance, n’osait même pas lever les yeux  au ciel mais il se frappait la poitrine en disant : " Mon Dieu aie pitié du pécheur que je suis !". Je vous le dis, ce dernier descendit chez lui justifié, l’autre non. Car tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé .Luc 17,10-14

  • Le disciple ne cherche pas à faire étalage de sa prière. Certes, il participe aussi souvent qu’il le peut à la messe et aux différentes prières communautaires de l’Eglise, mais il aime surtout se retrouver seul à seul avec le Seigneur, dans un véritable cœur à cœur, qui se fera toujours plus grandissant et plus intime. Le disciple fait sienne la parole de Jésus :

Pour toi quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est là dans le secret ; et ton père qui voit dans le secret te le rendra. » Matthieu 6, 6

  • Le disciple ne doute pas que Jésus soit son Sauveur, car il l’affirme lui-même :

En effet, je ne suis pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. Matthieu 9,13

Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante. Je suis le bon pasteur, le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Jean 10, 10-11

La prière, c’est la respiration du disciple. En effet, s’il ne prie plus, il devient tiède, et peut même finir par ne plus vivre du tout avec Jésus. Il lui faut donc trouver chaque jour le temps de la prière, de l’écoute intérieure, pour vivre de plus en plus dans l’amour du Christ.

Le renoncement au péché, la nécessité de la conversion du cœur

La lecture de la Parole, et particulièrement des évangiles, ainsi que la prière, lui montre de plus en plus clairement ses péchés, c'est-à-dire tout ce qui dans sa vie n’est pas conforme à la volonté de Dieu. C’est le chemin de tout amoureux. Quand on aime, on évite de faire ce qui déplait à l’autre. Ainsi en est-il du vrai disciple : il ne s’amende pas à cause de la loi, mais bien pour ne plus blesser l’amour de Jésus. Nul disciple n’échappe à cette nécessité de conversion. Saint Paul lui-même, le grand converti, en fait le constat :

Vraiment ce que je fais, je ne le comprends pas, car je ne fais pas ce que je veux mais je fais ce que je hais. Romains 7, 15

La conversion n’est pas l’affaire d’un jour, mais bien l’affaire de toute la vie, car elle en touche tous les domaines et tous les recoins du cœur.

Ceci étant, le disciple sait qu’il n’a pas à vivre sa conversion tout seul, à la force du poignet. Il s’appuie chaque jour sur la grâce miséricordieuse de Jésus qui l’accompagne sans cesse pour le sauver.

Car le Fils de l'homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver. Luc 9, 56.

Il se laisse donc en permanence réconcilier avec Dieu selon le conseil de saint Paul :

Laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. 2 Corinthiens 5, 24

La réconciliation

Comment vivre la réconciliation avec le Seigneur ?

Le disciple doit toujours trouver le courage de s’examiner en vérité, sans se chercher des circonstances atténuantes, ou encore mettre la faute sur le dos des autres. Le disciple qui veut véritablement avancer dans son union à Jésus, doit prendre régulièrement le temps de s’arrêter pour faire le point sur sa vie chrétienne, non seulement ses actes mais aussi ses pensées, ses sentiments. Cela s’appelle faire un examen de conscience. Plus le disciple vit cela régulièrement, plus la grâce de Dieu opère dans son cœur.

Ayant reconnu ses péchés, le disciple fait effort sur lui-même pour ne plus pécher. Quelques fois cela est facile et se trouve à sa portée, mais bien des fois cela le dépasse, il lui faut alors la prière et surtout l’assistance du sacrement de la réconciliation.

La vie de disciple est un véritable combat spirituel, qui demande effort, persévérance mais aussi humilité et confiance en Dieu.

Saint Paul a, à ce sujet, une image très forte :

Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez donc de manière à le remporter. Tout athlète se prive de tout ; mais eux, c'est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable. Et c'est bien ainsi que je cours, moi, non à l'aventure ; c'est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide. Je meurtris mon corps au contraire et le traîne en esclavage, de peur qu'après avoir servi de héraut pour les autres, je ne sois moi-même disqualifié. 1 Corinthiens 9, 24-27

Sa comparaison est importante, car le disciple doit faire face à ses défauts, à ses passions, qui ne sont pas toutes saines. Il lui faut alors apprendre à maitriser son corps, au quotidien, avec la grâce de Dieu. S’il ne le vit pas ainsi, il risque fort de rester esclave de ses défauts et passions et de s’éloigner du Seigneur, ainsi que le dit l’évangile :

En vérité, en vérité, je vous le dis quiconque commet le péché est esclave, or l’esclave ne demeure pas à jamais dans la maison, le fils y demeure à jamais. Si donc le Fils vous libère, vous serez vraiment libres. Jean 8, 34-35

Car le salaire du péché, c'est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur. Romains 6, 23

Le disciple sait aussi que pour vivre pleinement du pardon et de la miséricorde du Seigneur, il lui faut lui aussi pardonner aux autres. Il le prie même tous les jours dans la prière du Notre Père :

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

Le pardon fraternel, la réconciliation humaine sont donc capitaux dans la vie du vrai disciple du Christ.

 Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande. Matthieu 5, 23-24

Manquer à ce pardon, à cette réconciliation vraie et sincère, ferait du disciple un hypocrite devant les hommes et devant Dieu.

D’où l’appel pressant de saint Paul :

Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n'avait pas connu le péché, Il l'a fait péché pour nous, afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu.2 Cor 5, 20-21

Le disciple découvre alors le grand sacrement de la réconciliation, qui le réconcilie avec Dieu et lui permet cette union intime avec lui, en son cœur et en son corps.

Le sacrement de la réconciliation

Un sacrement est une alliance entre l’homme et Dieu mais aussi entre Dieu et l’homme. Celle-ci est une relation vivante qui engage les deux parties. Dieu écoute, pardonne et donne la force de reprendre le chemin de la sainteté.

Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. Matthieu 5, 48

L’homme, quant à lui, s’engage sur la voie de l’effort, de la conversion. Le véritable disciple de Jésus mesure toute la grâce divine qui existe dans ce sacrement et il n’est pas question pour lui de la négliger, et encore moins de s’en moquer de quelque façon que ce soit.

Dans le monde, bien des gens disent : "Dieu est amour, Dieu pardonne tout." Ils essaient ainsi de justifier leur propre penchant ou du moins d’en relativiser la gravité. Ils oublient que si Dieu est amour, il est également Saint, donc ayant en horreur le péché, le mal. De même, ils oublient que Dieu est juste, c'est-à-dire rétribuant chacun selon ses œuvres.

Pour le vrai disciple, iI ne s’agit donc pas de se dire : "je vis ce que je veux du moment que j’y trouve mon bonheur … J’aurais bien le temps avant de mourir de demander pardon à Dieu !" Il n’est pas sûr, en effet, qu’il ait effectivement le temps de vivre la confession au moment de sa mort. Car enfin, il peut comme n’importe qui, mourir brutalement d’un arrêt cardiaque, d’un accident, etc.

Pour lui, la confession n’est pas une liste de fautes à énumérer devant un prêtre. Il s’agit plutôt d’une véritable rencontre d’amour avec Dieu, dans la reconnaissance de sa faiblesse et dans son désir sincère de changer de vie pour correspondre à l’amour divin.

Lors du sacrement, après la confession des fautes, le disciple marque son regret sincère et son engagement dans une voie de conversion en récitant l’acte de contrition :

Mon Dieu, j'ai un très grand regret de t’avoir offensé, parce que tu es infiniment bon, infiniment aimable et que le péché te déplait. Je prends la ferme résolution avec le secours de ta sainte grâce de ne plus t’offenser et de faire pénitence.

Après quoi, il reçoit par l’intermédiaire du prêtre, le pardon de Dieu, c’est-à-dire l’absolution. C’est là, la part de Dieu dans l’alliance.

Il reste au disciple à s’engager lui aussi concrètement dans cette alliance, et c’est tout le sens de la réparation (appelée aussi pénitence) donnée par le prêtre.

Il s’agit souvent d’une prière à réciter, mais cela peut être aussi un acte concret à poser.

Cette réparation n’est pas quantitativement proportionnelle aux fautes confessées, elle est la marque de notre repentir, de l’offrande de notre cœur à Dieu, pour reprendre sérieusement, amoureusement la route avec Lui.

Le vrai disciple heureux de sa réconciliation, prend le temps de vivre cette réparation en ayant le cœur tout tourné vers Dieu, lui étant reconnaissant pour sa miséricorde et ayant le désir de mieux répondre à son amour dans l’avenir.

De l’écoute de la parole de Dieu

Le disciple n’est pas seulement celui qui a entendu parler de Jésus, c’est celui qui, l’ayant rencontré personnellement, se met à son écoute, pour faire sa volonté. Il fait partie de la famille de Dieu.

Jésus répondit : " Qui est ma mère et qui sont mes frères ? " Et tendant sa main vers ses disciples, il dit : " Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m'est un frère et une sœur et une mère. " Matthieu 42, 48-50

Pour faire la volonté de Dieu, il faut connaitre la parole. Cela implique non seulement de la lire régulièrement, mais surtout de la méditer pour la faire sienne, non comme une belle philosophie, mais comme un chemin quotidien d’amour avec le Christ, qui est vivant au fond de son cœur.

Jésus faisait toujours la volonté de son Père.

Celui qui m'a envoyé est avec moi ; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. Jean 8, 29

En cela Jésus montre le chemin au disciple, mais il fait plus encore, puisque vivant dans le cœur du disciple, il l’aide à avancer sur ce chemin d’écoute et d’obéissance, où il faut vivre et pas seulement parler.

"Ce n'est pas en me disant : "Seigneur, Seigneur", qu'on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux." Matthieu 7, 21

Un bon moyen pour le disciple d’approfondir la parole de Dieu est la lectio divina.

La lectio divina

La lectio divina, étant un temps de prière, c'est-à-dire de relation intime avec le Seigneur, doit se vivre régulièrement, en lui donnant le temps et l’espace (lieu) nécessaires. Elle se divise en 4 temps :

La lecture (lectio)

Après avoir choisi le passage à lire, il faut s’en imprégner une première fois pour en saisir le récit, le contexte. Puis le relire une deuxième fois, lentement pour en saisir le sens spirituel et y découvrir le message du Seigneur. Il ne s’agit pas là, pour le disciple, de faire une étude intellectuelle, mais une lecture spirituelle.

La méditation (meditatio)

A cette deuxième lecture, certaines phrases, certains mots peuvent venir toucher le disciple au cœur. il prendra alors le temps de réflexion, de la méditation, afin de comprendre pourquoi cela le touche, et quelques soient les sentiments que cela génère, il les recevra comme le cadeau que le Seigneur lui fait.

L’oraison (oratio)

C’est alors que peut jaillir la véritable prière du cœur. Cette prière peut être toute louange : "merci Seigneur", mais aussi interrogation : "tu veux vraiment que je vive cela ?" Voire contestation : "non, c’est trop dur pour moi, j’en suis incapable". L’important pour le disciple, à cet instant, étant de se livrer au Seigneur, tel qu’il est, tel qu’il se voit.

La contemplation (contemplatio)

C’est là que peut venir le regard, qu’il pose non sur lui-même, mais sur le Seigneur qui l’aime. C’est la phase du "Laisse-toi regarder par le Christ." Quand il se laisse ainsi regarder, le disciple n’a plus le regard tourné sur lui-même, mais fixé sur le Seigneur. Il n’y n’a plus rien à dire, il y a simplement à adorer et à se laisser aimer.

La lectio divina est le chemin de l’intellect au cœur, c’est le chemin du moi vers le Seigneur, dans l’abandon de soi-même. Ce cheminement n’aura pas toujours la même vitesse, suivant les textes choisis, suivant aussi l’état personnel du disciple. Ce cheminement sera plus ou moins rapide, plus ou moins profond. C’est tout à fait normal. Le disciple ayant bien conscience de cela, n’y cherche pas une perfection technique, mais simplement la rencontre intime avec le Seigneur.

L’obéissance à la Parole

A chaque fois que le disciple prie le Notre Père, il dit : "Que ta volonté soit faite."

Il sait bien que cela le concerne directement, qu’il ne s’agit pas seulement de dire au Seigneur "fais ta volonté", il faut que lui aussi y adhère dans le concret, dans le quotidien de sa vie.

La parole de Dieu dans ce domaine de l’obéissance, c’est d’abord le décalogue, donc les dix commandements. Manquer à un seul de ces commandements, de quelque façon que ce soit c’est manquer à l’obéissance. Cependant, s’arrêter à ce niveau ne serait pas suffisant, car Dieu n’appelle pas seulement à obéir à une loi, il appelle à travers cette loi, à aimer.

Le disciple est donc appelé à aimer Dieu et à aimer tous ceux qu’il croise sur sa route.

L’évangile appelle le disciple à aimer non seulement les amis, mais aussi les ennemis. Il appelle à pardonner, non seulement à l’ami qui a pu se montrer blessant, mais encore à tous ceux qui lui font du mal, qui le persécutent, qui même ont pu porter atteinte à sa vie ou à celle de ses proches.

L’obéissance à Dieu va très loin. Et si le disciple ne prend pas le temps de lire la parole, alors il ne saura pas obéir, pour la simple raison qu’il ne connaîtra pas la volonté de Dieu. La parole en effet, est une parole de vie, qui vient rejoindre l’homme au fond de son cœur suivant les différentes étapes de sa vie.

Ainsi le disciple peut lire cent fois le même passage, mais le message est toujours nouveau. La parole de Dieu en effet se lit avec le cœur ouvert : "Seigneur parle, j’écoute", et pas seulement avec la tête donc avec un raisonnement cérébral. Ce n’est pas parce que l’on a lu la bible une fois qu’on la connaît. Si elle n’est pas reçue au niveau du cœur, nul ne peut pas dire qu’il la connait.

De la même façon, si le disciple ne prie pas pour demander la grâce de l’obéissance, il n’y arrivera pas, car bien souvent cela dépasse ses forces humaines. Tout comme le peuple hébreu à son origine, il a besoin de la grâce de Dieu pour marcher dans ses pas!

C’est aussi pour cela que l’Église, dans sa sagesse offre au disciple l’aide des sacrements, particulièrement la réconciliation et l’eucharistie.

III / De disciple à apôtre

L’apôtre, c’est celui qui ayant découvert Jésus et son salut, l’annonce autour de lui. Il le fait par ses paroles, certes, mais surtout par ses actes. Le vrai disciple ne se contente pas de dire "Seigneur, Seigneur", mais il vit réellement de la parole de Dieu au cœur de toute sa vie. Baptisé au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, il veut être témoin et missionnaire, non par prosélytisme, dans un réel partage de la Bonne Nouvelle du salut.

De ses propres forces il ne peut vivre pleinement un tel projet, mais avec la grâce de Dieu, il le peut ; Dieu venant au secours de sa faiblesse. Dieu l’aide particulièrement par l’action de l’Esprit Saint, mais encore faut-il que le disciple sache l’accueillir et le laisser faire son œuvre en tout son être.

Accueillir l’Esprit Saint, ses dons et ses fruits

Jésus vivait dans la présence de l’Esprit Saint en vue de la mission qui était la sienne :

L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé… Luc 4, 18

Tout disciple reçoit l’Esprit Saint en plénitude lors de son baptême. A la confirmation, il accepte librement sa présence et son action en lui. Certains disciples, renouvelle cette adhésion d’une manière particulière dans l’effusion de l’Esprit.

Saint Paul l’affirme : tout baptisé est le temple de l’Esprit Saint.

Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? 1Corinthiens 3, 16

Grandir dans sa relation avec l’Esprit saint est donc une nécessité pour le disciple :

Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre. Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. Romains 12, 1-2

Le sacrement de l'Esprit Saint: la confirmation

Tout chrétien baptisé se doit d’être confirmé, faute de quoi son baptême demeure inachevé. On peut dire que la confirmation est le deuxième volet du baptême. Est-ce à dire que le baptême ne donne pas l’Esprit Saint en totalité ? Non ! Ce n’est pas cela. Par le baptême le disciple appartient au Christ ; par la confirmation, il reçoit la force, non seulement pour chercher à mieux connaître Jésus, mais encore pour devenir réellement son témoin. Le baptême ouvre la route ; la confirmation, donne la force d’y marcher jusqu’au bout selon la volonté de Dieu.

La confirmation est un sacrement. Elle ratifie l’alliance du baptême. Elle l’approfondit par les dons du Saint Esprit, en vue de la mission que le Seigneur veut confier au disciple. Il lui appartient alors de vivre cette alliance.

Vivre l’effusion de l’Esprit Saint

Le mot effusion signifie à la fois, don et abondance. L’effusion de l’Esprit n’est pas un sacrement, c’est une démarche personnelle de foi et d’ouverture à la mission de Dieu. Elle n’est pas une nouvelle dose d’Esprit Saint, que le disciple reçoit, mais une ouverture du cœur à l’action divine.

Bien évidemment, le croyant rencontre des difficultés, des obstacles sur son chemin. Il doit donc choisir constamment de revenir à Dieu, notamment par le sacrement de la confession. C’est ce qui le remet en route sous la mouvance de l’Esprit Saint.

Dieu est Dieu et ne rejette personne. Il attend patiemment le retour de son enfant bien-aimé pour le couvrir de ses richesses et le rétablir dans sa dignité de fils ou fille de la maison. Ainsi donc pour le disciple, recevoir l’effusion de l’Esprit Saint, ne consiste pas à s’approprier des pouvoirs. Il s’agit bien plus de s’offrir à Dieu pour faire sa volonté, selon son appel et avec les dons et charismes qui lui sont donnés à cet effet.

Le disciple prend conscience à ce moment là, qu’il ne peut être chrétien tout seul ; que l’amour de Dieu doit être annoncé au monde entier. Il fait l’expérience de sa soif personnelle de Dieu mais aussi du puissant désir d’être témoin du Christ à chaque instant de la vie.

Les dons de l’Esprit Saint

L’église les reconnaît au nombre de sept : le don de sagesse, d’intelligence, de conseil, de force, de science, de piété filiale et de crainte de Dieu.

La sagesse

Le don de sagesse permet au disciple de reconnaître tout l’amour de Dieu pour les autres et pour lui-même. Il sait alors comment y grandir, en le choisissant. Cela lui évite de se disperser dans une multitude d’activités et de passions, finalement très fugitives, très superficielles et stériles. Le don de sagesse lui permet aussi de se laisser envahir par la présence de Dieu et donc, d’entrer dans le chemin de la contemplation.

L’intelligence

Dieu est tellement grand, tellement saint, qu’il dépasse totalement tout ce que le disciple peut comprendre et même imaginer. Le don d’intelligence lui permet de découvrir Dieu, de mieux le connaître, de mieux le comprendre. Ainsi, tout ce qui était rejeté, relégué, ou incompris devient accessible. Grâce au  don d’intelligence il rentre dans la compréhension des mystères de Dieu. Il ne s’agit pas de l’intelligence cérébrale, mais de celle du cœur : une intelligence toute intérieure.

Le conseil

Le disciple peut rencontrer des difficultés dans sa vie spirituelle. Parfois, c’est sa vie quotidienne qui est vraiment embrouillée. Le don de conseil l’aide à voir clair et à prendre les bonnes décisions. L’Esprit Saint, lui permet ainsi de discerner ce qui est bon et juste dans sa vie selon le plan de Dieu.

La force

Pour vivre chrétiennement le disciple doit avoir du courage. Ce n’est pas toujours facile en effet, d’affirmer sa foi en Jésus et de poser au quotidien des actes concrets, en accord avec l’évangile. Ce courage se doit d’être permanent et non pas occasionnel. Le don de force l’aide à être un témoin permanent et courageux. Le don de force lui permet donc d’être fidèle dans ses engagements d’Eglise.

La science

Le don de science aide le disciple à entrer dans la profondeur  et la juste compréhension de la parole de Dieu. En apprenant ainsi à en vivre, le disciple se détourne de toutes mauvaises recherches, bien souvent futiles, voire négatives.

La piété filiale

Le don de piété aide le disciple à retrouver le sens du sacré, le sens de la grandeur de Dieu, le sens de l’ascendance divine sur lui. Il le fait donc grandir dans sa relation d’enfant bien-aimé avec le Père.

La crainte de Dieu

Le don de crainte de Dieu n’a rien à voir avec la peur. La crainte de Dieu est liée à la connaissance de l’amour divin et au désir du disciple, de ne pas vouloir contrister Dieu, d’aucune façon. C’est un don qu’il lui faut vraiment demander pour être établi dans l’amour, la paix et la joie intérieure.

Les fruits de l’Esprit Saint,

Il arrive souvent que les croyants confondent fruits et dons de l’Esprit.

Selon le catéchisme de l’Eglise catholique, les fruits de l’Esprit sont :

Des perfections que forme en nous le Saint Esprit comme des prémices de la gloire éternelle. La tradition de l'Église en énumère douze : charité, joie, paix, patience, longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence, chasteté.

Cela renvoie aussi au texte de saint Paul aux Galates :

Mais le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi : contre de telles choses il n'y a pas de loi. Galates 5, 22-23

Les fruits sont le résultat de l’action de Dieu en l’homme. Ils sont donc la mesure du cheminement spirituel du disciple avec l’Esprit Saint et avec le Christ.

Charité,

Saint Paul, comme l’Eglise, met ce fruit en premier, car il est le plus important, le plus fondamental, et c’est de lui que découle tous les autres. S’il n’y a pas d’amour, alors il n’y a pas de vie dans l’Esprit avec Jésus et donc, pas de fruits de l’Esprit. Le premier signe que le disciple aime Jésus en vérité est qu’il aime les autres, selon le commandement même de Jésus :

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.»

Joie,

La joie est le signe de la proximité du Royaume, la preuve de la vie avec l’Esprit Saint. C’est l’activité dominante de l’amour. La vraie vie avec le Christ n’est pas une écoute légaliste de sa parole, mais une écoute amoureuse, qui rend le disciple toujours heureux de suivre son Seigneur.

Si un disciple ressent un état de tristesse permanente, il se doit de s’interroger sur la réalité et le concret de sa vie d’amour avec le Christ dans l’Esprit Saint. Il lui faut chercher les causes de cet état et donner au Seigneur la possibilité d’intervenir. L’Amour du Christ ne conduit pas à la tristesse mais à la joie ; à la joie intérieure, quelques soient nos conditions de vie.

Paix,

Quand on parle de paix, on a tendance à comprendre aussitôt "paix extérieure", c'est-à-dire une vie sans conflit avec les autres. C’est vrai, mais la paix de Dieu au cœur du disciple est bien plus forte, bien plus profonde. Cette paix intérieure demeure en dépit des conjonctures extérieures.

En ce sens, le mot paix se rapproche du mot bonheur. En effet, lorsque le Christ vient au cœur de son disciple, avec tout son amour, il lui apporte cette confiance rassure et qui lui fait dire : «que peut me faire l’homme puisque Dieu est avec moi ? ». Il prend également conscience que, quelque soient ses fautes, il est et sera toujours aimé : c’est ce qui le remplit de paix.

La véritable paix intérieure est comme un état de stabilité, une harmonie dans l’amour du Christ et de la Sainte Trinité.

 Patience,

Quand l’évangile parle de la patience, il la présente comme un art de vivre le quotidien. Elle est le signe de la résistance du disciple, à toute agressivité extérieure qui voudrait le couper de la communion d’amour avec le Christ. La patience ici, n’est pas synonyme de passivité, de lâcheté devant les conflits ou de fatalisme. Non ! La patience est toujours dirigée vers un avenir meilleur, dans l’espérance, la longanimité et la constance. Elle stabilise le disciple, et l’empêche de suivre comme une girouette les idées nouvelles et les modes du monde. Elle suppose donc en lui, des efforts volontaires de ténacité mais dans la douceur et dans l’amour respectueux des autres.

 Longanimité,

Parfois, la vie n’est vraiment pas facile, la route peut sembler longue et le disciple peut alors être tenté de se laisser aller au découragement. La longanimité est la grâce de lutter contre le découragement, le désespoir, le relâchement dans les efforts pour marcher à la suite du Christ. Elle caractérise les disciples qui savent vivre l’espérance à long terme et par là même, elle se rattache au don de Force.

 Bonté,

Est bon celui qui a le souci du bien. Or à ce titre, le Seigneur dit dans l’évangile : "seul Dieu est bon" (Marc 10, 18). Etre bon nécessite de recevoir cette bonté de Dieu lui-même et de participer concrètement avec lui au bien des âmes. Cela implique de vivre en Dieu, avec Dieu. Pour le disciple, la bonté est le don gratuit de lui-même, à l’image du Christ qui se donne totalement pour le bien de tous.

 Bénignité,

C’est un mot qui n’est guère employé aujourd’hui, on lui préfère ceux de douceur, de patience ou même d’humanité. Ce mot signifie pourtant l’ardeur que le disciple met à répandre le bien autour de lui. La bénignité est donc le remède aux animosités, aux dissensions personnelles, aux disputes, aux rivalités. Elle s’inscrit en parallèle avec la paix, car si elle favorise la paix extérieure, elle en favorise tout autant la paix intérieure du disciple.

 Mansuétude,

Encore un mot qui n’est plus vraiment utilisé. Il est synonyme de miséricorde, de pardon, de compassion. Ce fruit se trouve dans le disciple qui ne juge personne et, qui voyant les erreurs des uns et des autres, ne les condamne pas, même intérieurement. Il les invite à changer de comportement, à se convertir, non en leur mettant la loi sous les yeux, mais en leur révélant l’amour du Christ pour eux. La mansuétude attire à la vie d’amour et ne conduit pas à la répression, elle n’enferme pas les autres dans leur faiblesse ni dans leur péché mais leur ouvre en grand les portes de l’avenir.

Fidélité,

La fidélité marque une attitude permanente de conversion personnelle pour accueillir la grâce de Dieu, en s’appliquant à vivre de tout son cœur sa parole au quotidien. La fidélité exprime donc la constance du disciple à suivre Jésus dans son amour. Elle s’inscrit aussi dans le temps, puisqu’elle doit d’être vécue jusqu’à la mort. Ainsi par exemple, respecter la fidélité de son engagement marital ou sacerdotal va dans ce sens.

Modestie,

Pour le disciple, la modestie doit canaliser son comportement extérieur avec ses manifestations spontanées excessives. Canaliser ne veut pas dire étouffer, ni être hypocrite sous prétexte d’être respectable devant les autres. C’est une attitude intérieure liée à l’humilité qui le fait vivre le plus naturellement possible dans une certaine discrétion. Le disciple qui est modeste vit ce qu’il a à vivre, avec toutes les grâces de Dieu que cela comporte, sans essayer d’en mettre plein la vue aux autres. La modestie ne cherche pas à se mettre en valeur, elle favorise et protège l’intimité et fait agir toujours avec pudeur.

 Continence,

Selon la loi morale de l’Eglise, est continent tout disciple qui contient ses pulsions sexuelles et s’abstient de tout plaisir génital volontairement provoqué. La tradition chrétienne a toujours affirmé que l’acte sexuel ne pouvait être un acte banal, car il engage vraiment les personnes, l’une envers l’autre. C’est là un sujet d’importance dans notre monde actuel où tout semble permis et possible, indépendamment des conséquences sur les autres. C’est un des fruits important de l’Esprit, car il gère et l’amour des autres et le respect de soi-même devant le Seigneur.

 Chasteté 

Les gens confondent bien souvent ce mot avec celui de continence, pourtant il y a une différence. La chasteté est une manière de vivre non seulement sa sexualité mais aussi son affectivité. En latin le mot chaste,  "castus ", désigne quelqu’un de pur, d’intègre et de fidèle à la parole donnée. Cela va beaucoup plus loin que le simple contrôle des pulsions sexuelles.

La chasteté est une grâce qui permet au disciple d’imiter la pureté du Christ. Elle se vit avec tout son être, tous ses sens. Pour le disciple, regarder autrui avec désir, alors qu’il est marié(e) ou consacré(e) est manque de chasteté, cela portant atteinte à la fidélité de son engagement. La chasteté ne s’acquiert pas du premier coup, elle a besoin de grandir, de se développer dans l’amour du Christ.

Les charismes

Le charisme est une manifestation de l’Esprit Saint en quelqu’un, en vue du bien de toute la communauté.

A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun. 1 Corinthiens 12, 7.

Le charisme est offert par Dieu, à qui il veut et comme il veut. Cela signifie qu’il n’appartient pas au disciple et que celui-ci doit s’en servir pour le bien des frères et sœurs en Jésus. Pour bien l’utiliser, il lui faut apprendre à s’en servir, donc à l’exercer, et à l’exercer avec le discernement de la communauté.

De même, ce n’est pas le disciple qui choisit son charisme. Il doit simplement le recevoir tel que Dieu le lui offre.

Pour recevoir des charismes, le disciple doit avoir la foi et vivre vraiment un chemin de conversion et d’ouverture à l’appel de Dieu dans sa vie. Pour grandir le charisme doit être vécu dans l’humilité. Il  n’est pas en effet un titre de gloire, mais un outil de service, qui rend le disciple particulièrement responsable des autres devant le Seigneur.

Voici quelques charismes :

 Le chant en langue :

C’est une prière de louange spontanée, comme un "gémissement ineffable " (Romains 8, 26). Quand nos mots ne suffisent plus, l’Esprit Saint, lui, continue ainsi à chanter en nous.

Le chant :

Il ne s’agit pas là du talent de bien chanter, mais de l’intuition de bien choisir le chant qui va le mieux porter la prière de l’assemblée. C’est un don important pour toute assemblée de prière.

Le discernement :

C’est le charisme qui permet de mieux comprendre ce que Dieu veut dire à l’assemblée.

Il est aussi donné aux guides spirituels afin qu’ils sachent bien discerner le chemin que le Seigneur ouvre devant ceux qui viennent chercher leurs conseils.

Le charisme de texte 

C’est le don de recevoir dans la prière la Parole de Dieu à partir de la Bible. En parallèle il y a aussi le don de la compréhension de l’écriture.

La parole de science ou aussi parole de connaissance:

C’est une motion (connaissance) intérieure qui permet d’annoncer la guérison que Dieu opère dans l’assemblée de prière, ou qu’il va opérer dans un certain avenir.

La prophétie :

C'est une parole donnée au nom du Seigneur, invitant à la foi, à l’espérance, à la conversion.

Le charisme d’interprétation

Quelques fois, dans l’assemblée de prière s’élève un chant en langue ou une prière en langue, et quelqu’un reçoit d’en d’interpréter le sens, afin qu’il compris de tous.

Il existe bien d’autres charismes, car l’Esprit Saint n’est absolument pas limité. Ce qu’il faut retenir, c’est que les charismes se vivent en Eglise et pour l’édification de tous. Ils sont service et non gloire. Ils doivent se vivre dans l’humilité et dans l’obéissance du discernement du groupe et de l’Eglise.

En action avec l’Esprit Saint

L’Esprit Saint est à l’œuvre au cœur de l’Eglise, au cœur de l’humanité. Le disciple qui désire vivre en apôtre doit s’ouvrir a l’Esprit Saint et accepter les dons offerts. Il doit les cultiver et les mettre au service de ceux qui l’entourent. Bien souvent le disciple n’est pas prêt à recevoir les dons et la mission qui lui sont confiés ; la peur est là : peur de ce que cela va entrainer, peur de ne pas être à la hauteur, etc. Cependant comme pour les apôtres le jour de la Pentecôte il est appelé à la dépasser et à devenir témoin selon son appel propre.

Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Actes 2,4-8

Les dons et charismes sont très divers, chaque apôtre ayant sa vocation propre. Ce qui relie tous les apôtres c’est l’amour de Dieu et des âmes.

Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; diversité de ministères, mais le même Seigneur ; diversité d'opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune. En effet, à l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; à un autre, la foi, par le même Esprit ; à un autre, le don des guérisons, par le même Esprit ; à un autre, le don d'opérer des miracles ; à un autre, la prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre, la diversité des langues ; à un autre, l'interprétation des langues. Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut.1 Corinthiens 12, 4-11

En effet, le Royaume de Dieu est UN, chacun de ses membres est donc lié aux autres. Tout s’harmonise si l’apôtre suit ce que lui montre l’Esprit Saint.

Avoir le courage de notre foi

Ainsi donc, pour l’apôtre, être le temple du Saint Esprit signifie avoir le courage de sa foi face au monde extérieur, ce qui est parfois bien difficile et même dangereux. Cependant, l’apôtre sait que, de tous temps, le peuple de Dieu a dû marquer son choix, bien souvent au risque de sa vie. Déjà dans l’Ancien Testament cela est visible.

Ainsi en est-il de Shadrak, Méshak et Abed-Nego, qui refusant de sacrifier aux idoles se retrouvent au milieu d’une fournaise.

[…] Nabuchodonosor leur dit : "Est-il vrai, Shadrak, Méshak et Abed-Nego, que vous ne serviez point mes dieux et ne fassiez pas adoration à la statue d'or que j'ai élevée? Êtes-vous disposés, quand vous entendrez sonner trompe, pipeau, cithare, sambuque, psaltérion, cornemuse et toute espèce de musique, à vous prosterner et à faire adoration à la statue que j'ai faite ? Si vous ne lui faites pas adoration, vous serez incontinent jetés dans la fournaise de feu ardent; et quel est le dieu qui vous délivrerait de ma main ?" Shadrak, Méshak et Abed-Nego répondirent au roi Nabuchodonosor : "Point n'est besoin pour nous de te donner réponse à ce sujet si notre Dieu, celui que nous servons, est capable de nous délivrer de la fournaise de feu ardent, et de ta main, ô roi, il nous délivrera; et s'il ne le fait pas, sache ô roi, que nous ne servirons pas ton dieu, ni n'adorerons la statue d'or que tu as élevée." » Daniel 3, 13.18

Jésus lui-même, n’est pas venu dans un pays en paix, mais dans un pays occupé par un pouvoir militaire répressif. Il en subira d’ailleurs une des peines capitales : la crucifixion.

La plupart des apôtres eux aussi, périrent pour leur foi. Pierre fut cloué sur une croix, Paul fut décapité, etc. Mais aucun d’eux ne renia sa foi.

Les chrétiens des premiers temps eurent également beaucoup à souffrir des persécutions, certains tinrent bon, d’autres faiblirent et se détournèrent de Dieu. L’apôtre d’aujourd’hui pourrait être tenté de les juger intérieurement, mais se regardant lui-même et voyant sa propre faiblesse, il comprend qu’il ne peut s’appuyer sur ces propres forces. Pour aller au bout de l’amour dans son apostolat, il lui faut s’appuyer sur le Seigneur et lui demander sans cesse sa grâce, dispensée sans cesse dans les sacrements, particulièrement la réconciliation et l’eucharistie.

L’apôtre sait que le Seigneur l’appelle à avoir le courage de sa foi. C’est un combat qu’il doit mener dans l’amour de Dieu et des autres. Cela ne veut pourtant pas dire que tous les apôtres soient appelés au martyre, loin s’en faut ! Mais tous ont à porter leur croix, qui est le courage de vivre selon les valeurs évangéliques. Paul nous partage son expérience à ce niveau lorsqu’il écrit :

En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église. Car je suis devenu ministre de l'Église, en vertu de la charge que Dieu m'a confiée, de réaliser chez vous l'avènement de la Parole de Dieu. Colossiens 1, 24-25

Oui, être témoin du Christ, même si cela s’avère difficile et source de souffrance, est aussi une source de joie profonde, car être ainsi témoin de Dieu et de son amour, c’est être source de vie. Or qui donne la vie n’est pas triste !

L’eucharistie

Connaitre l’enseignement, agir en témoin sont chose vitales pour l’apôtre, mais elles ne sauraient perdurer sans la grâce de Dieu. Or, celle-ci ne se développe que dans l’intimité avec le Seigneur. L’apôtre doit être proche de Dieu, intime avec lui, comme un enfant bien-aimé. La prière l’a déjà ouvert à une certaine présence à Dieu, mais comment être plus intime encore ?

Jésus y a pourvu en se faisant lui-même nourriture pour le cœur et l’âme. Pour cela il a célébré la Sainte Cène, ce dernier repas avec ses apôtres, au cours duquel il leur donne son Corps et son Sang comme nourriture.

Lorsque l'heure fut venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Et il leur dit : "J'ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir ; car je vous le dis, jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le Royaume de Dieu." Puis, ayant reçu une coupe, il rendit grâces et dit : "Prenez ceci et partagez entre vous ; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du produit de la vigne jusqu'à ce que le Royaume de Dieu soit venu." Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant : "Ceci est mon corps, donné pour vous ; faites cela en mémoire de moi." Il fit de même pour la coupe après le repas, disant : "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous. Luc 22, 14-20

Les apôtres ont mangé ce pain et bu ce vin, non comme un aliment normal mais comme le don sacré du Seigneur.

Ce repas, si solennel, si intime, est aujourd’hui encore offert à chaque homme, tous les jours, dans le sacrement de l’eucharistie. Chaque disciple, chaque apôtre, peut y avoir accès chaque jour, étant sauve bien sûr, la pureté de son cœur et le fait qu’il ait bien conscience de ce qu’il fait, Communier n’est pas recevoir un simple morceau de pain ou boire un peu de vin comme on recevrait une vitamine, c’est véritablement recevoir en soi, le Seigneur en toute son identité.

Pour moi, en effet, j'ai reçu du Seigneur ce qu'à mon tour je vous ai transmis: le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit: "Ceci est mon corps, qui est pour vous; faites ceci en mémoire de moi." De même, après le repas, il prit la coupe, en disant: "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi." Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe; car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s'il ne discerne le Corps. 1 Corinthiens 11, 23-29

Recevoir Dieu en soi ! Peut-il y avoir quelque chose de plus fort ? De plus intime ?

On comprend des lors l’avertissement de saint Paul qui demande à chacun de s’examiner afin que son cœur soit vrai et pur au moment de la communion. Le véritable apôtre le sait, le comprend et il s’y applique, tant il désire cette union intime avec son Seigneur.

Une union intime où il reçoit Dieu en lui, mais aussi où il s’offre pleinement à l’amour et à la volonté de Dieu sur lui.

Ce qui importe pour le véritable apôtre, ce n’est pas de faire des choses pour le Seigneur, c’est de laisser le Seigneur faire les choses à travers lui. Dans la communion c’est tout son être qu’il offre au Seigneur, son corps en chacun de ses membres, son esprit, sa pensée, ses dons naturels et surtout sa volonté propre, pour parvenir à vivre lui aussi, ce que révèle Saint Paul :

Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi. Galates 2, 20

C’est en Jésus aussi, que l’apôtre trouve les armes qui lui sont nécessaires dans son apostolat, dans son combat pour le salut des âmes. Il sait que l’amour ne s’impose pas, mais il sait aussi, que Jésus lui-même a pris le chemin de l’offrande. Ces armes ne sont pas celles du monde mais celles de Dieu et deux d’entre elles, lui seront particulièrement nécessaires : l’humilité, le jeûne, 

L’humilité

Un des premiers pas de l’apôtre est donc de rentrer dans l’humilité, non pas celle qui fait poser des gestes extérieurs, mais bien cette humilité profonde où sa petitesse, se trouve face à Dieu qui est tout !

L’apôtre sait que Dieu est son créateur et en ce sens, il en est toujours dépendant. Il fait partie de la création. Si Dieu lui a donné de dominer la nature et tout ce qu’elle contient, il l’a aussi appelé à suivre sa Parole, non dans un esprit d’esclavage malsain, mais dans un esprit filial, rempli de confiance et d’amour.

L’apôtre connait sa faiblesse, son état de péché. Pour lui, vivre l’humilité devant Dieu consiste à reconnaître cet état, au fur et à mesure de ses pensées, de ses paroles, de ses actes, afin que la miséricorde de Dieu puisse agir en lui.

Tout être humain est tenté de vouloir diriger sa vie. L’apôtre n’y fait pas exception. Pour parvenir à vivre toujours selon la volonté de Dieu, dans sa dépendance, il lui faut demander cette grâce de l’humilité. Sans cela, nul ne peut vivre dans la communion de Dieu.

L’humilité, c’est l’antidote de l’orgueil, de la volonté propre, or l’apôtre sait bien que c’est l’orgueil qui le coupe de Dieu.

Ainsi il fait confiance à Dieu et compte sur sa miséricorde infinie en confessant humblement tous ses péchés. La vérité et l’humilité sont un ensemble dans sa vie chrétienne, dans l’expression de sa foi en Dieu.

Pour bien vivre cela, il s’appuie sur la parole de Dieu, en se mettant humblement a son écoute. Il se laisse transformer par elle. Ce n’est qu’ainsi que disparaitra peu à peu toute velléité de volonté propre et d’orgueil. Il ne se croira plus supérieur aux autres, ni plus intelligent que Dieu. Le chrétien qui veut vivre sa vie, et la diriger comme il l’entend, ne cesse de dire à Dieu : "je sais bien mieux que toi ce qui est bon pour moi, ce que je dois faire et ce que je dois penser". L’apôtre en se mettant à l’écoute de la Parole, en esprit d’obéissance, dépasse ce stade et il rentre dans le chemin d’humilité, celui-là même du Seigneur :

Lui de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore ; obéissant jusqu’à la mort et à la mort sur une croix. Philippiens 2, 6-8

Saint Paul par ailleurs, invite l’apôtre à une juste estime de lui-même :

Au nom de la grâce qui m'a été donnée, je le dis à tous et à chacun : ne vous surestimez pas plus qu'il ne faut vous estimer, mais gardez de vous une sage estime, chacun selon le degré de foi que Dieu lui a départi. Romains 12, 3

Si l’humilité envers Dieu et envers lui-même est importante, l’humilité envers les autres l’est tout autant. Pour l’apôtre, être humble envers les autres, c’est savoir les accepter tels qu’ils sont. C’est mettre en pratique cette parole de Jésus :

Mais je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament. A qui te frappe sur une joue, présente encore l'autre ; à qui t'enlève ton manteau, ne refuse pas ta tunique. 30 A quiconque te demande, donne, et à qui t'enlève ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux pareillement. Luc 6, 27-31

C’est aussi vivre cette parole en Matthieu :

Pour vous, ne vous faites pas appeler "Rabbi" : car vous n'avez qu'un Maître, et tous vous êtes des frères. N'appelez personne votre "Père" sur la terre : car vous n'en avez qu'un, le Père céleste. Ne vous faites pas non plus appeler "Directeurs" : car vous n'avez qu'un Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. Matthieu 23, 8-11

L’apôtre est toujours et avant tout un humble serviteur quelque soit son appel, sa vocation, son ministère, ses dons et charismes. Il aime donc l’autre avant lui-même, l’aide dans ses besoins et difficultés, sans aucun jugement, sans aucune condamnation, ainsi que le recommande Saint Paul :

Frères, même dans le cas où quelqu'un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien toi aussi être tenté. Portez les fardeaux les uns des autres et accomplissez ainsi la Loi du Christ. Car si quelqu'un estime être quelque chose alors qu'il n'est rien, il se fait illusion. Que chacun examine sa propre conduite et alors il trouvera en soi seul et non dans les autres l'occasion de se glorifier ; car tout homme devra porter sa charge personnelle. Galates 6, 1-5

Et aussi :

Je vous exhorte donc, moi le prisonnier dans le Seigneur, à mener une vie digne de l'appel que vous avez reçu : en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité ; appliquez-vous à conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix. Ephésiens 4, 1-3

L’apôtre sait bien qu’il ne peut se suffire à lui-même dans le discernement de son appel, de son engagement quotidien avec le Seigneur. Il cherche donc le soutien d’un directeur spirituel, auquel il obéira sainement. Il y a en effet une grande différence entre se mettre sous la tutelle d’un gourou, et suivre un directeur spirituel.

Dans le premier cas, le libre arbitre du sujet est annulé, le désaccord est interdit, la discussion tronquée. Dans le second, le directeur spirituel ne prend pas la décision à la place de la personne accompagnée, mais il lui fait prendre conscience de l’appel de Dieu. Il lui montre la route à suivre, et dans le respect de sa liberté ne lui impose rien. L’adhésion humble au guide spirituel se fait dans la liberté d’enfant de Dieu. C’est bien là toute la grandeur d’une vraie vie avec le Seigneur.

Ainsi donc pour l’apôtre, l’humilité se vit dans la prière, la foi, l’obéissance. Dans la prière, il s’adresse à Dieu et reconnaissant ainsi la supériorité divine il en fait sa source vitale. Par la foi, il considère humblement les limites de sa raison et doit admettre que Dieu la dépasse infiniment. Dans l’obéissance, il met librement sa volonté propre, sous la direction de quelqu’un d’autre, avec discernement, en croyant fermement que c’est Dieu lui-même qui le dirige.

Pour lui, vivre l’humilité c’est aussi accepter que le Christ lui lave les pieds, c’est-à-dire qu’il le lave de toute souillure. Il doit apprendre comme l’apôtre Pierre, à accepter cela dans sa vie. Il est bien conscient que c’est à cette condition, que lui-même deviendra capable de laver les pieds des autres en toute humilité, en toute vérité et charité.

Le jeûne.

Pour l’apôtre, le jeûne est une arme importante dans le combat spirituel, tant pour son âme que pour celle des autres. Le jeûne est geste de repentir, d’humilité devant Dieu quant à ses propres fautes. Il est également geste de compassion pour les autres.

Et moi, quand ils étaient malades, je revêtais un sac, J'humiliais mon âme par le jeûne, Je priais, la tête penchée sur mon sein. Comme pour un ami, pour un frère, je me traînais lentement; Comme pour le deuil d'une mère, je me courbais avec tristesse. Psaume 35, 13-14

L’apôtre ne jeûne pas par raison pénale ou par devoir d’obligation religieuse. Il le vit en offrant à Dieu un acte d’amour, se privant de quelque chose qu’il aime, quoique cela lui coûte. Le jeûne n’a en effet de sens que dans la dimension de l’amour envers Dieu, envers les autres.

Il est l’une des armes les plus puissantes, contre l’action du mal au cœur de sa vie.

Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. Matthieu 17, 21

Il y a différentes sortes de jeûnes et l’apôtre choisit l’une ou l’autre, tant dans la matière que dans la durée, en fonction de son appel intérieur. L’important pour lui, étant de rester en union avec le Seigneur et de vivre cette offrande pour le salut des âmes, qui se sont confiées à sa prière ou vers lesquelles il est envoyé.

L’apôtre, jeûne régulièrement, suivant les nécessités de sa mission. Il ne jeûne pas de sa propre décision mais toujours dans le discernement de son guide spirituel ou confesseur.

Il sait bien que son jeûne personnel se vit dans une véritable humilité devant le Seigneur. Ce n’est pas le jeûne qui le rend juste devant Dieu, mais bien la vérité de son cœur, pécheur et mendiant d’amour.

De fait, l’apôtre doit toujours se poser la question : "pourquoi est-ce que je jeûne ?"

Ce sont en effet l’amour et l’humilité qui doivent le motiver et non pas un certain légalisme ou pire encore, un sentiment de supériorité, face aux âmes qui se perdent dans les péchés.

Il sait aussi que son jeûne doit être accompagné d’une vie de conversion. Autrement il risque fort d’entendre lui aussi les mêmes reproches adressés par Dieu aux juifs du temps d’Isaïe :

C'est qu'au jour où vous jeûnez, vous traitez des affaires, et vous opprimez tous vos ouvriers. C'est que vous jeûnez pour vous livrer aux querelles et aux disputes, pour frapper du poing méchamment. Vous ne jeûnerez pas comme aujourd'hui, si vous voulez faire entendre votre voix là-haut ! Est-ce là le jeûne qui me plaît, le jour où l'homme se mortifie ? Courber la tête comme un jonc, se faire une couche de sac et de cendre, est-ce là ce que tu appelles un jeûne, un jour agréable à Yahve ? Isaïe 58, 3-5

Pour l’apôtre, il est normal de jeûner. Il apprend à le gérer selon ses possibilités physiques et de façon discrète. C’est un acte d’intimité quasi naturelle entre lui et le Seigneur. Il ne montre donc pas une mine triste ou fatiguée.

Quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites : ils prennent une mine défaite, pour que les hommes voient bien qu'ils jeûnent. En vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Matthieu 6, 16

L’apôtre fait sienne la parole de Dieu à Isaïe :

N'est-ce pas plutôt ceci, le jeûne que je préfère : défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug ; renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs ? N'est-ce pas partager ton pain avec l'affamé, héberger chez toi les pauvres sans abri, si tu vois un homme nu, le vêtir, ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair ? Alors ta lumière éclatera comme l'aurore, ta blessure se guérira rapidement, ta justice marchera devant toi et la gloire de Yahvé te suivra. Alors tu crieras et Yahvé répondra, tu appelleras, il dira : Me voici ! Si tu bannis de chez toi le joug, le geste menaçant et les paroles méchantes, si tu te prives pour l'affamé et si tu rassasies l'opprimé, ta lumière se lèvera dans les ténèbres, et l'obscurité sera pour toi comme le milieu du jour. Isaïe 58, 6-10

Rentrer dans l’amour du Christ

L’amour de Dieu

L’apôtre tout au long de son chemin passé à découvert l’amour de Dieu en tant que Père, qui s’est manifesté tout particulièrement en Jésus Christ, son Fils unique, ainsi que l’écrit l’apôtre saint Jean dans son évangile :

Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. Jean 3, 16

Un amour qui s’étend à tous ceux qui acceptent Jésus dans leur vie :

Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu.  Et nous le sommes ! 1 Jean 3, 1

Par quel moyen fait-il cela ? Il le fait par la mort et la résurrection de son Fils

Mais la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous.  Romains 5, 8

L’amour de Jésus

L’apôtre a découvert, et contemple chaque jour, au travers de la Parole, l’amour de Jésus les siens :

Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. Jean 15, 9

Un amour manifesté dans les guérisons, 

Et des foules nombreuses s'approchèrent de lui, ayant avec elles des boiteux, des estropiés, des aveugles, des muets et bien d'autres encore, qu'ils déposèrent à ses pieds ; et il les guérit. Et les foules de s'émerveiller en voyant ces muets qui parlaient, ces estropiés qui redevenaient valides, ces boiteux qui marchaient et ces aveugles qui recouvraient la vue ; et ils rendirent gloire au Dieu d'Israël. Matthieu 15, 29-31

Manifesté aux foules,

Il vit une foule nombreuse et il en eut pitié ; et il guérit leurs infirmes. Le soir venu, les disciples s'approchèrent et lui dirent: "L'endroit est désert et l'heure est déjà passée; renvoie donc les foules afin qu'elles aillent dans les villages s'acheter de la nourriture." Mais Jésus leur dit : "Il n'est pas besoin qu'elles y aillent; donnez-leur vous-mêmes à manger." " Mais, lui disent-ils, nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons." Il dit: "Apportez-les-moi ici." Et, ayant donné l'ordre de faire étendre les foules sur l'herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, bénit, puis, rompant les pains, il les donna aux disciples, qui les donnèrent aux foules. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta le reste des morceaux : douze pleins couffins ! Matthieu 14, 14-20

Manifesté dans le pardon des péchés,

A cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce qu'elle a montré beaucoup d'amour. Luc 7, 47

Manifesté à l’apôtre Pierre, après son triple reniement,

Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon Pierre: " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci? " Il lui répondit: " Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. "Jésus lui dit: "Pais mes agneaux. " Il lui dit à nouveau, une deuxième fois: " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?" - "Oui, Seigneur, lui dit-il, tu sais que je t'aime. " Jésus lui dit : " Pais mes brebis. " Il lui dit pour la troisième fois : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? " Pierre fut peiné de ce qu'il lui eût dit pour la troisième fois : " M'aimes-tu? ", et il lui dit : " Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime. " Jésus lui dit : " Pais mes brebis. Jean 21, 15

Manifesté, par l’offrande de Lui-même dans la mort sur la croix

Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. Jean 13, 1

Manifesté par l’institution de l’eucharistie, lors de son dernier repas. L’amour de Jésus est tellement grand, qu’il se fait lui-même nourriture !

Or, tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : "Prenez, mangez, ceci est mon corps " Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : " Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Mathieu 26, 26

L’apôtre en communiant ne peut que recevoir avec amour ce repas qui lui donne vie, qui le transforme, et qui se fait réellement vie divine en lui.

Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi.  Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi. Galates 2, 20

Oh ! Quel grand mystère que celui de l’amour divin, qui transforme tant, épanouit tant, quelque soit le monde dans lequel vit l’apôtre !

Il est dans le monde mais il n’est plus du monde. Il rentre toujours plus profondément dans la connaissance intérieure de l’amour divin pour lui. Il désire lui correspondre de plus en plus, au point de ne plus se soucier de lui-même et de se dépouiller de tout, intérieurement, afin que Dieu y prenne toute la place.

L’amour ne se vit pas à moitié mais en totalité. Dieu se donne entièrement et l’apôtre lui aussi cherche à se donner totalement. Son grand désir est de vivre cette parfaite union d’amour avec celui qu’il aime plus que tout.

IV / D’apôtre à Ami ou l’union à la Passion

Cet amour entier ne peut se vivre à moitié. L’apôtre véritable, désirant de plus en plus s’offrir à Dieu, s’abandonne totalement en lui, au point de se laisser crucifier en tout son être par amour de lui et par amour des âmes. Oh quel langage que voila ! Le monde s’écrie : " Folie !" Dieu lui, s’écrie : "Sagesse !" L’apôtre devient alors le véritable Ami de Jésus, c'est-à-dire cet ami si intime, qu’il l’accompagne chaque instant, jusqu’au pied de la croix, et même jusque sur la croix !

La communion n’est plus pour lui un simple rendez-vous, une simple rencontre, mais le lieu d’une offrande, d’une union intime au Sacrifice du Christ.

En effet, prenant conscience comme le dit l’apôtre Jean, que :

C’est Lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres mais pour ceux du monde entier. 1 Jean 2, 2

Il veut lui aussi, partager la souffrance de son Seigneur bien-aimé. Non pas qu’il soit masochiste, et qu’il aime la souffrance, mais il comprend au plus profond de son cœur :

Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Jean 15, 13

Dès lors, il vit tout dans l’unique but d’aimer Dieu, d’aimer les âmes, en s’oubliant totalement lui-même, en s’offrant dans un don total et quotidien à l’amour salvateur de son Seigneur.

La souffrance n’est plus pour lui une mauvaise chose à éradiquer, un handicap qui l’empêche de vivre sa foi et son amour, mais au contraire, un moyen extraordinaire pour atteindre le cœur de Dieu dans une union d’amour où Dieu seul compte.

Du sacrifice du Christ

Il plonge dans le cœur de Jésus qui savait ce qui allait lui arriver :

Et il commença de leur enseigner : Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres, les scribes, être tué et après trois jours ressusciter. Luc 8, 31

Voici venue l’heure où doit être glorifié le Fils de l’homme. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. […] Et que dire : Père sauve moi de cette heure ? Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure ; Père Glorifie ton Nom ! Jean 12, 24 ; 27

Jésus, bien sûr, en sa nature humaine, en a eu peur, mais son attachement à la volonté de son Père lui a permis de faire le pas de l’acceptation.

 « Père si tu veux, éloigne de moi cette coupe, cependant que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se fasse. » Luc 22, 42

Jésus a tout pris sur la croix :

Le Christ lui, survenu comme grand prêtre des biens à venir, […] entra une fois pour toute dans le sanctuaire, non pas avec du sang de bouc ou de jeune taureau mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle. Hébreux 9, 11.12

Ainsi l’apôtre, devenu Ami, se sent-il appelé à s’associer concrètement au Sacrifice divin, comme une humanité de surcroît.

De l’union au Sacrifice du Christ

L’Ami a compris depuis longtemps que Dieu doit avoir la première place dans sa vie.

Si quelqu’un vient à ma suite, sans haïr son père, sa mère, ses frères, ses sœurs et jusqu’à sa propre vie, ne peut être mon disciple .Luc 14, 26

Et il sait déjà se renoncer en bien des choses.

Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’évangile la sauvera .Marc 8, 34-35

Il lui faut simplement apprendre maintenant, à mourir totalement à lui-même pour l’amour de Dieu et des âmes. L’Ami fait donc sienne la prière de Jésus, et désire lui aussi que le Père le sanctifie dans la Vérité :

Père […] sanctifie-les dans la vérité, ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés dans la vérité […] Père, ceux que tu m’as donnés je veux que où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé. Jean 17, 17-24

Or, cette sanctification, ne peut s’accomplir que sur la croix, celle de la vérité où il découvre toujours, et de plus en plus, son rien, son néant, face à la grandeur, à la sainteté de Dieu.

De l’acceptation de la souffrance par amour du salut des âmes

L’Ami accepte donc lui aussi, d’être maltraité comme son maitre. Son seul attachement est Jésus et non pas le regard des hommes. Certes, il ne court ni après les insultes ni la persécution, mais il y fait face sereinement et courageusement lorsque cela se présente. L’amour pour Dieu prime sur tout dans le cœur de l’Ami.

Le disciple n’est pas au dessus du maître, ni le serviteur au dessus du patron ? Il suffit pour le disciple qu’il devienne comme son maître et le serviteur comme son patron. Du moment qu’ils ont traités de Belzébul le maître de maison que ne diront-ils pas de sa maisonnée ? Matthieu 10, 24-25

De plus, l’Ami a cette certitude, cette foi indestructible, que tout concourra à son bien et au bien des âmes ; non parce qu’il mériterait quelque chose, mais parce qu’il connait l’amour incommensurable de Dieu.

L’importance de la prière

Cependant, une telle union ne saurait se maintenir sans un lien étroit, quasi permanent. Ce lien se développe dans la prière du cœur à cœur. La prière d’un ami qui peut tout dire, qui peut tout entendre et écouter. Il fait sienne la parole de l’évangile :

Pour toi quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est là dans le secret ; et ton père qui voit dans le secret te le rendra. Matthieu 6, 6

Sa chambre, c’est son cœur, là où nul ne peut l’empêcher de se tourner vers son Seigneur. Il s’y retire tel qu’il est, avec toutes ses joies et ses peines, ses bonnes œuvres et ses péchés, en toute vérité, en toute humilité, mais surtout en toute confiance amoureuse. Pour tout dire, il y réside en permanence !

L’importance du jeûne.

Pour l’Ami, le jeûne est important, non pas tant pour supporter un manque en réparation d’une faute, mais bien en offrande de ce qu’il aime, de ce qui lui coûte, pour l’amour de Dieu et des âmes. En ce sens, le véritable Ami sait faire feu de tout bois, c'est-à-dire des choses les plus anodines jusqu’aux plus grandes souffrances. Dans son cœur tout devient amour de Dieu et amour des âmes. Rien ne lui coûtera trop cher pour cela.

L’importance du service

Pour l’Ami, le service n’est jamais obligation, mais moyen d’aimer. Il voit, dans tous ceux qui l’entourent, quelque chose du visage de Dieu. En aimant l’autre c’est Dieu qu’il aime. Il a compris depuis bien longtemps que Jésus est mort pour tous, sans distinction. Dès lors, lui aussi ne fait plus de différence, plus d’acception de personnes. Pourquoi en ferait-il? Il s’offre à aimer et à servir les autres selon le cœur de Dieu, autant que son humanité et la grâce de Dieu le lui permettent. Ce service est respiration d’amour, battement de son cœur. Même souffrant au fond d’un lit, tant qu’il lui restera un souffle, l’Ami sera service des âmes et offrande de lui-même, pour le salut de tous et de chacun, selon ce que Dieu voudra.

Entrer dans le Sacrifice du Christ pour comprendre l’Ami

Jésus s’est offert sur la croix, en sacrifice d’expiation pour les péchés de tous les hommes :

C’est Lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres  mais pour ceux du monde entier. 1 Jean 2, 2

Tout pécheur repentant est appelé à aimer l’autre comme Dieu l’aime, donc à aller au bout de son cœur, dans le chemin de la conversion, en s’offrant à sa sanctification personnelle dans la Vérité de Dieu. C’est seulement ainsi qu’il pourra devenir témoin au cœur du monde, sans être du monde.

Père …sanctifie les dans la vérité, ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés dans la vérité…. Père, ceux que tu m’as donnés je veux que où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé. Jean 17,17. 24

Jésus savait que le monde ne ferait pas de cadeau à ses apôtres et il le leur dit ouvertement :

Le disciple n’est pas au dessus du maître, ni le serviteur au dessus du patron ? Il suffit pour le disciple qu’il devienne comme son maître et le serviteur comme son patron. Du moment qu’ils ont traités de Belzébul le maître de maison que ne diront-ils pas de sa maisonnée ? Matthieu 10, 24.25

Il les prévient lui-même, que le chemin ne sera difficile, mais que cependant, ils ne seront jamais seuls.

Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups, montrez vous donc prudents comme les serpents et candides comme les colombes. méfiez vous des hommes, ils vous livreront aux sanhédrins, et vous flagelleront dans leur synagogues, vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois à cause de moi pour rendre témoignage en face d’eux et des païens ; mais lorsqu’on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire, ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment car ce n’est pas vous qui parlerez , mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. Matthieu 10, 16.20

Accepter un tel avenir est déjà extraordinaire. Il faut avoir vraiment la foi pour cela. Cependant, Jésus va encore plus loin, en demandant à l’Ami de le vivre sans arrière pensée, juste par amour de lui et des âmes. A deux disciples qui lui demandaient une certaine place au paradis il leur répondit :

« Pouvez vous boire à la coupe que je vais boire ? » ils lui dirent : «  Nous le pouvons » « Soit leur dit-il, vous boirez à ma coupe … » Matthieu  20, 22.23

Ainsi il paraît clair que tout disciple, et particulièrement l’Ami, est appelé à partager la coupe du Seigneur et cela au sens propre !

Si tous ne sont pas appelés au martyre, chacun se doit d’y participer personnellement, selon la volonté du Père et selon sa propre réponse d’amour. Dieu a bien trop d’amour envers les âmes pour les violer de quelque façon que ce soit. Il appelle, suggère, attire, mais attend une réponse sincère du cœur. Saint Paul avait compris cela et il le vivait lorsqu’il écrivait :

Nous sommes pressés de toutes parts, mais non pas écrasés, ne sachant qu’espérer mais non désespérés, persécutés mais non abandonnés, terrassés mais non annihilés. Nous portons partout et toujours en notre corps les souffrances de Jésus, pour que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans nos corps.
2 Corinthiens 4/8.10

Ainsi donc, l’union à la croix se justifie dans l’amour.

Bien des saints, devenus de véritables Amis de Dieu, l’ont vécu. Voyons simplement ici ce qu’en dit le saint curé d’Ars, Jean Marie Vianney.

Accepter la croix

Il connaissait si bien le chemin de la croix et la difficulté que l’homme a de l’emprunter qu’il disait : 

Dans le chemin de la croix, voyez mes enfants, il n’y a que le premier pas qui coûte. C’est la crainte des croix qui est notre plus grande croix. On n’a pas le courage de porter sa croix, on a bien tort car quoique nous fassions, la croix nous tient, nous ne pouvons lui échapper […].Ecoutez bien ça, mes enfants ; celui qui va au devant de la croix, marche à l’opposé des croix. Il les rencontre peut-être, mais il est content de les rencontrer, il les aime, il les porte avec courage, elles l’unissent à notre Seigneur, elles le purifient, elles le détachent de ce monde, elles emportent de son cœur tous les obstacles, elles l’aident à traverser la vie, comme un pont à passer l’eau. Si le Bon Dieu nous envoie des croix, nous nous rebutons, nous murmurons, nous sommes si ennemis de tout ce qui nous contrarie que nous voudrions être dans une boite en coton ; c’est dans une boîte d’épines qu’il faudrait nous mettre. C’est par la croix que l’on va au ciel : les maladies, les tentations, les peines sont autant de croix qui nous conduisent au ciel. Notre Seigneur, est notre modèle, prenons notre croix et suivons le […] Si quelqu’un vous disait : « je voudrais devenir riche que faut-il faire ? » Vous lui diriez : «  il faut travailler » Eh bien, pour aller au ciel, il faut souffrir ! […]Souffrir qu’importe, ce n’est qu’un moment. Si nous pouvions passer huit jours dans le ciel, nous comprendrions le prix de ce moment de souffrance ; nous ne trouverions pas de croix assez lourdes, pas d’épreuves assez amères…

Les deux aspects de la croix

Dans l’union à la Croix, donc à la Passion, deux aspects apparaissent : la réparation et la pénitence. Le premier est acceptation des événements de la vie, et le second est pénitence et réparation volontaires pour soi- mêmes ou pour les autres.

Accepter les évènements

Le premier cas se trouve être commun à tous les chrétiens, mais encore faut-il bien voir avec quel cœur et quel esprit l’on accepte ces évènements. Le curé d’Ars nous dit :

Il ne faut jamais regarder d’où viennent les croix, elles viennent de Dieu. C’est toujours Dieu qui nous donne ce moyen de lui prouver notre amour.

En effet le disciple, ou même l’apôtre, peut souvent se demander d’où viennent tous ses problèmes, car s’il veut bien recevoir les joies et le bonheur de la part de Dieu , il peut avoir plus de mal à recevoir toutes les contrariétés comme venant de lui.

L’Ami, lui, considère que tout ce qui lui arrive, est permis de Dieu. Il croit fermement que tout mal concourt en fin de compte à son bien et au bien des âmes. Il ne transforme pas Dieu qui est amour en "papa gâteau" ; Il reçoit, il aime, il s’offre.

La croix, cadeau de Dieu

Pour le curé d’Ars, comme pour l’Ami,

" La croix est le don que Dieu fait à ses amis" et "les contradictions nous mettent au pied de la croix et la croix, à la porte du ciel."

Pour celui qui n’a pas la foi, il est normal de refuser la souffrance sous quelque forme qu’elle se présente, mais il ne doit pas en être de même pour le croyant en Jésus-Christ, mort crucifié pour sauver tous les hommes !

L’Ami, dans sa foi et son amour, sait assumer ses souffrances avec Jésus, car il suit ainsi le chemin de son Seigneur. De plus, il ne marche pas seul car il sait que Jésus est là et qu’il compatit avec lui. C’est pourquoi le Curé d’Ars écrivait :

Les gens du monde se désolent quand ils ont des croix, mais les bons chrétiens se désolent quand ils n’en n’ont pas. Le chrétien vit au milieu des croix comme le poisson dans l’eau.

 En effet, même si cela est dur à comprendre,

Les épreuves pour ceux qui aiment Dieu, ne sont pas des châtiments mais des grâces.

De la manière de vivre la souffrance

Cependant, pour pouvoir accepter cette dimension, il faut vivre avec Jésus, c’est à dire vivre avec lui dans l’amour et la confiance. Le Curé d’Ars qui avait découvert cette vérité, affirmait :

Qu’on le veuille ou non, il faut souffrir. Il y en a qui souffrent comme le bon larron, et d’autres comme le mauvais. Tous deux souffraient pareillement ; mais l’un sut rendre ses souffrances méritoires, il les accepta en esprit de réparation et se tournant du côté de Jésus crucifié, il recueillit ses belles paroles : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. » L’autre, au contraire, poussait des hurlements, vociférait des imprécations et des blasphèmes et expira dans le désespoir le plus affreux. […] Toutes les peines sont douces, quand on souffre en union avec notre Seigneur […] Union avec Jésus-Christ, union à la croix, voilà le salut.

Tout accepter avec reconnaissance, au cœur de son néant, voilà le grand secret d’amour de l’Ami.

Si le Bon Dieu détache des parcelles de sa croix pour nous éprouver et nous faire expier nos fautes, nous devons les accepter avec reconnaissance et amour.

Souffrir en aimant, aimer en souffrant  

La participation à la croix du Christ n’est pas punition mais au contraire source de salut pour soi-même et pour les autres. C’est en cela même que l’Ami puise sa force et surtout sa joie :

Jamais je n’ai été si heureux que dans les moments où j’ai été persécuté, calomnié. Dieu m’inondait alors de consolation, Dieu m’accordait tout ce que je lui demandais […] .Il y a deux manières de souffrir : souffrir en aimant et souffrir sans aimer. Les saints souffraient tout avec patience, joie, persévérance parce qu’ils aimaient. Si nous aimions Dieu nous serions heureux de pouvoir souffrir pour l’amour de Celui qui a bien voulu souffrir pour nous […] Vous dîtes : c’est dur ? Non, c’est doux, c’est consolant, c’est suave, c’est le bonheur ! Seulement il faut aimer en souffrant, il faut souffrir en aimant.

Souffrir pour les autres

Ayant découvert cette puissance de l’union à la croix, le curé d’Ars ira jusqu’à faire cette prière :

Accordez-moi la conversion de ma paroisse et je consens à souffrir tout ce que vous voulez tout le temps de ma vie.

Il ne cessait jamais de prier pour les pécheurs, tant il désirait les voir accéder au paradis :

Prier pour les pécheurs c’est la plus belle, la plus utile des prières, car les justes sont sur le chemin du ciel, les âmes du purgatoire sont sures d’y rentrer, mais les pauvres pécheurs …les pauvres pécheurs... Toutes les dévotions sont bonnes, mais il n’y en a pas de meilleures que celle là.

Et il insistait en affirmant :

Jamais, il ne faut pas aller jusqu’au bout de ses désirs en fait d’austérités et de pénitences.

Dieu a pris au mot la prière de son ami. Que de grâce dans sa vie, dans sa paroisse, et même bien au-delà, puisque les gens venaient de très loin vers lui, pour se réconcilier avec Dieu.

C’est que Dieu n’est jamais en reste d’amour avec l’âme qui s’offre à lui. Le peu qu’elle lui donne de bon cœur, se trouve rendu au centuple, à tel point que l’âme est toujours débitrice de l’amour divin !

Pénitence et réparation volontaires

Ce second point qui correspond à la réparation et la pénitence volontaires est particulièrement important dans la vie de l’Ami.

L’Ami ne fait pas pour faire ; il aime. Il aime le Seigneur, et aime tous ceux et celles pour qui Jésus a offert sa vie sur la croix. Ainsi, il n’hésite jamais à payer de sa personne volontairement lorsque l’amour le demande.

Il ne le fait pas par masochisme, par orgueil. Non ! À l’instar de certains saints, il vit d’abnégation amoureuse, d’où son choix d’effacement, de pauvreté, de jeûne, de prières et d’actes de réparation à l’amour de Dieu.

L’élan de son cœur le porte sans cesse à réparer le mal commis envers Dieu et à le consoler en son amour bafoué. Ce même élan le porte aussi à aimer tous les êtres humains, quels qu’ils soient et à réparer pour eux, en leur lieu et place, afin que Dieu puisse leur faire aussi miséricorde, au moment où il le voudra.

Devenir saint dans la pénitence

L’Ami marche sur le chemin de la sainteté mais, dans sa faiblesse humaine, il n’en reste pas moins pécheur. Il le restera jusqu’à sa mort. Le curé d’Ars qui connaissait bien l’état pécheur de l’homme disait :

Nous pouvons devenir saints, si ce n’est pas par l’innocence, ce sera au moyen de la pénitence.

Tout en affirmant la beauté de la pénitence :

Que c’est beau de s’offrir tous les matins en sacrifice, au Bon Dieu et de tout accepter en expiation de ses péchés.

Il donne un moyen très simple de faire pénitence :

Quand vous avez envie d’une chose, faites en le sacrifice, c’est le moyen le plus sûr de Lui être agréable.

Et il explique ensuite cela en détail :

« Oh que j’aime ces petites mortifications qui ne sont vues de personne, comme de se lever 1/4 h plus tôt ; de se lever un petit moment la nuit, pour prier, mais il y en a qui ne pensent qu’à dormir. On peut se priver de se chauffer ; si l’on se trouve mal assis ne pas chercher à se mieux placer ; si l’on se promène dans son jardin, se priver de quelques fruits qui feraient plaisir, en faisant son ménage on peut ne pas manger quelques petits morceaux qui se présentent ; se priver de voir quelque chose qui nous attire le regard et qui est joli, dans les rues des grandes villes surtout. Lorsque nous allons dans les rues, fixons nos regards sur notre Seigneur portant sa croix devant nous, sur la Sainte Vierge qui nous regarde, sur notre ange gardien qui est à nos côtés. C’est encore une bien bonne chose de renoncer à sa propre volonté ….Dans le monde même, à toute heure, on trouve à renoncer à sa volonté : on se prive d’une visite qui fait plaisir, on remplit une œuvre de charité qui ennuie, on se couche deux minutes plus tard, on se lève deux minutes plus tôt, lorsque deux choses se présentent à faire, on donne la préférence à celle qui nous plait le moins. »

C’est le chemin que prend joyeusement l’Ami, tout lui devient objet d’offrande et de réparation. Nul ne le sait, nul ne le voit, sauf Dieu !

La puissance de la pénitence : c’est l’amour !

Le curé d’Ars n’aimait pas plus la souffrance que n’importe qui, mais il aimait Dieu et son peuple. Pour eux,  il se donnait corps et âme. Il en va de même pour l’Ami :

 Il n’y a qu’une manière de se donner à Dieu dans l’exercice du renoncement et du sacrifice : c’est tout de se donner tout entier sans rien garder pour soi. »

 Cependant il sait aussi que tout exercice de pénitence n’est rien par lui-même. Ce qui lui donne sa valeur, c’est l’amour ; l’amour du Seigneur et des autres. Sans cela, aucun sacrifice, aucune pénitence, ne porte du fruit dans le cœur de Dieu.

L’Ami sait prendre sur lui afin de réparer pour les autres, mais comme le curé d’Ars, il sait aussi appeler les âmes à faire effort de conversion, voire de pénitence :

 « Vous avez prié, vous avez gémi, vous avez pleuré, mais avez vous jeûné, avez vous veillé, […]? Tant que vous n’en serez pas venu là, ne croyez pas avoir tout fait. ».

L’Ami ne refuse rien à celui que son cœur aime ; il lui offre tout et en attend tout. Pour lui le seul chemin c’est l’amour.

 

Mon amour est un amour qui se donne

Mon amour est un amour qui se donne.

Il attend un amour qui se donne.

Ma souffrance est de ne pas avoir de réponse à mon amour.

Tu aimes ton frère, je l’aime plus que toi.

Tu souffres de sa faute, de sa situation, de son comportement, j’en souffre plus que toi.

Ton cœur saigne, mon cœur aussi saigne.

Mais tu restes extérieur(e) à moi pour me présenter ton frère.

J’attends que tu joignes ta souffrance à la mienne.

T’entendre dire : "Jésus nous souffrons tous les deux" sera déjà un baume pour mon cœur.

T’entendre dire : "Jésus brûle moi de ton amour souffrant" sera guérison en mon cœur et guérison de bien des âmes.

L’amour soulage, mais le sacrifice d’amour libère et redonne vie.

Contempler ma souffrance d’amour c’est y rentrer,

c’est reconnaitre que je vous aime,

c’est reconnaitre que je souffre de votre non-réponse.

C’est me dire : "Je viens vers toi car je comprends, je compatis".

C’est me dire : "brûle-moi d’amour pour toi et pour les âmes".

Quand ton frère ou ta sœur pèche, laisse-toi atteindre par la souffrance
que cela génère en toi.

Ne t’emporte pas contre ton frère ou ta sœur, mais regarde-moi et comprends.

Reconnais que j’en souffre encore plus que toi.

Approche-toi alors de moi.

Partage-moi ta souffrance.

Reconnais et reçois la mienne.

Offre-toi en réparation d’amour.

Alors je te brûlerai de mon amour pour les âmes,

alors tu ne répareras pas seulement une faute,

mais tu aimeras mon cœur blessé et tu libèreras le cœur pécheur.

Annexe

Les Béatitudes

Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux.

Heureux les doux : ils auront la terre en partage.

Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde.

Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu.

Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous lorsque l'on vous insulte, que l'on vous persécute et que l'on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi.

Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ; c'est ainsi en effet qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

 

 

Date de dernière mise à jour : 2021-08-16

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