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Passioniste de Polynésie

Bx François de Jésus Marie Joseph PALAU Y QUER

Francois palau y querFondateur des Instituts des Sœurs et des Frères du Carmel (? 1872)

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Né à Aytona, près de Lerida en Espagne, il entra chez les Pères Carmes déchaux. En 1840, la révolution en Espagne le décide à s'exiler en France à Perpignan puis à Montauban. En 1851, revenu dans son pays, il reçoit la direction spirituelle du séminaire de Barcelone, mais trois ans plus tard, il doit encore s'exiler à Ibiza, accusé faussement d'incitation à la grève. Cet exil lui permit d'approfondir sa vie spirituelle. En 1860, il fonde à Minorque les Instituts des Sœurs et des Frères du Carmel. Ecrivain, journaliste, ermite, fondateur, toute sa vie fut une offrande à l'amour de Dieu et de ses frères.

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/6227/Bienheureux-Francois-Palau-y-Quer.html

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Beato francesco di gesu maria giuseppe francisco palau y quer a 1Bienheureux Francois Palau y Quer

Abbaye saint joseph de clairval 21150Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,

«L'Église est l'oeuvre du Christ, l'oeuvre par laquelle Il se prolonge, se réfléchit et par laquelle Il est toujours présent dans le monde. Elle est son Épouse à laquelle Il s'est entièrement offert... Ainsi, si Dieu a aimé l'Église au point de lui sacrifier Sa vie, cela signifie qu'elle est digne aussi de notre amour» (Jean-Paul II, 3 mars 1983). Le 24 avril 1988, le Pape Jean-Paul II a béatifié Francisco Palau, un religieux épris d'un amour exceptionnel de l'Église.

Francisco Palau vient au monde le 29 décembre 1811, septième des neuf enfants d'une famille de paysans catalans d'Aitona (Lérida, Espagne), dans un contexte politique très difficile. L'Espagne du XIXe siècle, en effet, a compté, aux dires d'un historien, «cent trente gouvernements, neuf constitutions, trois rois détrônés, cinq guerres civiles, des dizaines de gouvernements provisoires et un nombre quasi incalculable de révolutions». Malgré la dure occupation du pays par la France napoléonienne, la famille Palau, solidement chrétienne, poursuit tant bien que mal sa vie paysanne. Francisco souhaite devenir prêtre. Il est admis au Séminaire de Lérida en 1828. Quatre ans plus tard, il décide d'entrer chez les Carmes. Le noviciat l'accueille le 23 octobre 1832 et bientôt il prend l'habit sous le nom de Francisco de Jésus-Marie-Joseph. En dépit des observances rigoureuses, tout ne va pas pour le mieux dans le couvent. Certains esprits sont imbus des idées révolutionnaires en vogue. De plus, les Ordres religieux sont menacés de dissolution par les forces révolutionnaires. Toutefois, Francisco n'hésite pas à faire sa profession religieuse le 15 novembre 1833.

Le 25 juillet 1835, une émeute, habilement utilisée contre les religieux, dévaste le couvent où vit Francisco. Celui-ci parvient à s'enfuir par une fenêtre et trouve refuge chez une veuve qui l'enferme dans une armoire. Les émeutiers fouillent la maison. L'un d'eux voulant ouvrir l'armoire, casse la clé dans la serrure et abandonne la partie. En mars 1836, le gouvernement supprime les Ordres religieux et saisit leurs biens, prélude de violences sans fin dans toute l'Espagne. Dans les années qui suivent, certains radicaux arrivés provisoirement au pouvoir, interdisent toutes les communications avec le Saint-Siège. Les prisons se peuplent d'évêques et de prêtres, et la vente des biens ecclésiastiques s'accélère. En juillet 1843, toutefois, le parti modéré reprendra le pouvoir et cherchera à renouer avec Rome.

Francisco pense renoncer au sacerdoce et choisir l'état de Frère. Fils d'agriculteur, il a des talents marqués et du goût pour le travail manuel. Mais ses Supérieurs l'engagent plutôt à se préparer à la prêtrise. Il reçoit donc l'ordination sacerdotale le 2 avril 1836 et exerce d'abord son ministère dans la paroisse San Antolín d'Aitona. Bientôt commence une longue série d'épreuves pour son coeur de prêtre. En juin 1837, on lui retire les pouvoirs de confesser et de prêcher; puis en mars 1838 l'autorisation de confesser lui est rendue mais non celle de prêcher. Il semble, en effet, que sa parole trop énergique et manquant de diplomatie dérange. Il apprendra à corriger ce trait de son caractère, mais n'y parviendra jamais complètement.

 Dieu laisse faire

 En août 1838, le gouverneur civil de Lérida l'assigne à demeurer à Aitona en résidence surveillée, car on l'accuse de faire de la propagande contre le trône par le biais du confessionnal. Il se retire donc dans une grotte. La vie de pénitence et de contemplation qu'il y mène touche le coeur de nombreuses personnes, sans pourtant être du goût de tout le monde: une nuit, trois individus entrent chez lui, décidés à le tuer. Quelques mots du Père retournent leur coeur et ils repartent confessés. Bientôt, las d'une inaction forcée, le Père Palau part avec son frère et un séminariste vers Tortosa où il s'adonne à la prédication de missions paroissiales dans la Catalogne. Puis, comprenant que la situation politique va à nouveau se dégrader, il décide de s'exiler en France et franchit la frontière le 21 juillet 1840. Afin de rester indépendant tant du gouvernement français que de ses compatriotes exilés comme lui, il se décide à vivre en ermite. Il médite sur la situation de l'Église en Espagne: prêtres et religieux tués, églises, couvents, bibliothèques, manuscrits brûlés, oeuvres d'art mutilées, calomnies les plus abjectes pour discréditer l'Église aux yeux du peuple... «Comment concevoir que Dieu permette cela? se demande-t-il. La foi nous enseigne que Jésus-Christ ne manque ni de pouvoir, ni de bon vouloir... Comment ne calme-t-Il pas la tempête, quand il Lui suffirait de commander...? C'est un mystère qui me tient occupé en de profondes méditations... » Et il conclut: «Seule la prière peut sauver du naufrage l'Église espagnole».

Cependant, les luttes entre factions rivales qui déchirent l'Espagne s'étendent jusqu'en France, et, pour y échapper, le Père Palau entreprend un périple à travers les régions montagneuses de l'Aude et du Tarn. Au début de 1843, il s'installe avec son frère et quelques jeunes espagnols dans une grotte au milieu d'un bois touffu, propriété d'une famille avec laquelle il a lié amitié, dans le diocèse de Montauban. D'emblée, il obtient la confiance du vicaire général qui lui donne les pouvoirs de confesser. Il parcourt les campagnes, le crucifix à la main, et beaucoup viennent à lui, qui pour des besoins matériels, qui pour des besoins spirituels, tous en quête de réconfort.

Une ancienne religieuse clarisse et une jeune fille prennent le Père Palau pour guide spirituel. Il organise avec elles une petite communauté contemplative. Bientôt deux autres jeunes filles les rejoignent. Au printemps de 1846, le Père Palau repasse les Pyrénées et se rend à Aitona. Toutefois, un an plus tard, il repart pour la France où il se trouve en butte à de nouvelles contradictions dues à l'attitude de certains de ses compagnons espagnols restés en France durant son séjour en Espagne. Il se retire alors dans un endroit encore plus écarté, où il reprend la vie érémitique. Calomnié devant l'évêque de Montauban, le Père Palau se défend pour l'honneur du sacerdoce. Néanmoins, il se soumet aux prescriptions de celui-ci, notamment en s'abstenant de célébrer la Messe. Le conflit n'ayant pu se résoudre à l'amiable, il rentre en Espagne en avril 1851.

 L' « École de la Vertu »

 Le Père se rend à Lérida, mais on ne veut pas l'y recevoir. Il dirige alors ses pas vers Barcelone où l'évêque l'accueille paternellement. Il prodigue ses soins aux jeunes filles qu'il dirige et qu'il nomme les «Soeurs Tertiaires du Carmel», jusqu'en mars 1852, où les deux petites communautés qui se sont formées à Lérida et à Aitona sont dissoutes par ordre du gouverneur civil. Avec son frère Juan et quelques compagnons, le Père s'installe dans une grotte où ils mènent une vie pénitente. Mais l'évêque de Barcelone fait appel à lui pour une nouvelle mission d'évangélisation et lui confie la direction spirituelle de ses séminaristes. Le Père organise une sorte de mission continue, un cycle de causeries qui présente chaque dimanche aux adultes un cours systématique sur la foi catholique. Plus tard, cette catéchèse s'appellera «École de la Vertu». Son but est de réconcilier le peuple avec l'Église, la science avec la foi, la politique avec la religion, de faire passer l'esprit du christianisme dans les institutions. Constatant le fossé qui grandit entre forts et faibles, riches et pauvres, le Père veut parvenir à une véritable insertion du monde ouvrier dans la société.

L'École de la Vertu est dirigée par un groupe de prêtres et de laïcs avec une méthode originale qui unit le cours magistral à la participation active des auditeurs, permettant le dialogue, les questions et réponses dans les limites du possible, sans oublier des temps de prière commune. La première partie du programme reprend le traité de saint Thomas d'Aquin sur les vertus, sous forme de catéchisme. La seconde partie traite de la doctrine sociale de l'Église: on y établit les droits de la personne, de la famille et le droit d'association. Le Père exhorte les hommes à accomplir leurs devoirs temporels suivant la norme évangélique, et proclame, face aux accusations d'obscurantisme lancées contre l'Église, que celle-ci impose aux chrétiens le progrès intellectuel et matériel comme un devoir. «La vocation propre des laïcs, rappellera le Concile Vatican II, consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu'ils ordonnent selon Dieu... C'est à eux qu'il revient, d'une manière particulière, d'éclairer et d'orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte qu'elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur» (Lumen gentium, 31).

 La paix du Christ

 Dans la grande ville de Barcelone, où commence l'École de la Vertu, la richesse et la réussite des uns se bâtissent au prix de la misère et de la souffrance des autres. Le Père Palau explique que la paix et le bonheur temporel autant que spirituel des peuples exigent que les droits sociaux soient reconnus, acceptés, respectés et protégés. «La vie chrétienne ne s'exprime pas uniquement dans les vertus personnelles, mais également dans les vertus sociales et politiques», rappelait le Pape Benoît XVI, le 13 mai 2007. Sans adhésion des coeurs au commandement d'amour du Christ, pense avec raison le Père Palau, il n'y aura jamais ici-bas de paix, de justice, de fraternité, de liberté vraies ni durables. Son succès est imposant: on en arrive à réunir deux mille personnes dans l'église où, le dimanche après-midi, on parle d'amour et de justice à l'ouvrier et à l'employeur, où on prêche la vérité à l'élève et au professeur, où le médecin et l'avocat vérifient l'harmonie entre science et révélation. Bien des esprits troublés retrouvent la paix.

Les élèves de l'École de la Vertu appartiennent en grande partie à la classe ouvrière et certains gouvernants affectent de croire qu'on y prône des idées socialistes jugées dangereuses. En 1854, des grèves d'ouvriers éclatent à Barcelone. L'autorité militaire décrète la suppression de l'École de la Vertu, accusée d'avoir eu un grand rôle dans ces grèves. Les ouvriers ainsi que les responsables de la Société des Tisserands se font les défenseurs de l'École. Malgré cela, le Gouverneur décrète, le 6 avril, l'exil immédiat du Père Palau sur l'île d'Ibiza (Baléares). Le Père pourra écrire: «Si, comme nous nous sommes abstenus de nous mêler de politique, la politique avait laissé intacte la religion, l'École de la Vertu aurait poursuivi pacifiquement sa route». Le Pape Benoît XVI dira: «L'Église est avocate de la justice et des pauvres, précisément en ne s'identifiant pas avec les politiques, ni avec les intérêts de partis. C'est dans l'indépendance qu'elle peut enseigner les grands critères et les valeurs auxquels il ne faut pas déroger, orienter les consciences et offrir une option de vie qui aille bien au-delà du cadre politique. Former les consciences, prendre la défense de la justice et de la vérité, éduquer aux vertus individuelles et politiques, telle est la vocation fondamentale de l'Église dans ce domaine» (13 mai 2007).

 « Je contemplais »

 À Ibiza, le Père Palau souffre profondément de son inaction forcée. Avec deux de ses fidèles compagnons, il transforme le terrain inculte qui lui a été donné en un jardin potager et un verger. Sensible à toutes les beautés artistiques, le Père Palau se fait souvent poète. «En toutes les saisons, écrit-il, j'ouvrais les fenêtres, et de ma longue-vue, je contemplais tout ce qu'il y avait de beau en hiver, au printemps, en été et à l'automne». Il prodigue ses soins spirituels à la population de l'île. Durant cet exil, sa vie spirituelle s'approfondit. Il comprend plus profondément le lien qui existe entre amour de Dieu et amour du prochain: «Si l'amour cherche Dieu seulement, croyant que Dieu, sans la relation au prochain, suffit, il en reste là, il fait du surplace; et s'il n'en sortait pas pour se répandre sur le prochain, l'égoïsme spirituel le consumerait et le perdrait».

Des décrets d'amnistie sont promulgués en 1856-1857: le Père espère pouvoir en bénéficier mais on ne veut pas les lui appliquer. Il lui faut attendre l'amnistie générale du 1er mai 1860. Le 30 août suivant, un journal catholique fait savoir aux Barcelonais que «le gouvernement a accueilli favorablement les justes réclamations du prêtre sage et vertueux (le Père Palau) qui, depuis si longtemps, supportait les conséquences d'une persécution injuste; les hauts tribunaux de la nation ont rendu entière justice à son innocence».

À la fin de 1860, Francisco Palau est gratifié d'une vision mystique de l'Église figurée par une jeune fille. Vierge pure et Mère féconde, l'Église est pèlerine ici-bas et elle apparaît pécheresse en ses membres faillibles. L'ivraie du péché s'y trouve mêlée au bon grain de l'Évangile jusqu'à la fin des temps (cf. Catéchisme de l'Église Catholique, CEC, 827). Conscient de cette vérité, le cardinal Ratzinger proposait, le Vendredi Saint, 25 mars 2005, la prière suivante: «Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l'eau de toute part. Et dans ton champ, nous voyons plus d'ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c'est nous-mêmes qui les salissons! C'est nous-mêmes qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes. Prends pitié de ton Église: en elle aussi, Adam chute toujours de nouveau. Par notre chute, nous te traînons à terre, et Satan s'en réjouit, parce qu'il espère que tu ne pourras plus te relever de cette chute; il espère que toi, ayant été entraîné dans la chute de ton Église, tu resteras à terre, vaincu. Mais toi, tu te relèveras. Tu t'es relevé, tu es ressuscité et tu peux aussi nous relever. Sauve ton Église et sanctifie-la. Sauve-nous tous et sanctifie-nous» (Chemin de Croix, neuvième station).

 Passionné pour l'Église

 Toutefois, malgré les faiblesses de ses membres, l'Église est sainte en elle-même: «L'Église est sainte parce que le Dieu très saint en est l'auteur. Le Christ s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier et de la rendre sanctifiante. L'Esprit-Saint la vivifie par la charité. En elle réside la plénitude des moyens du Salut. La sainteté est la vocation de chacun de ses membres et le but de toute son action. L'Église compte en son sein la Vierge Marie et d'innombrables saints, qui sont ses modèles et ses intercesseurs. La sainteté de l'Église est la source de la sanctification pour ses fils, qui, sur la terre, se reconnaissent tous pécheurs et qui ont toujours besoin de se convertir et de se purifier» (Compendium du Catéchisme de l'Église Catholique, 165). Dans la défense de l'Église, le Père Palau apparaît passionné: il est pressé par son amour, son désir de servir cette Église faite de pierres vivantes, ses frères. Il dira, plus tard, que tous ses temps d'oraison, toutes ses activités apostoliques ou contemplatives, ont eu une seule fin: l'unir dans la foi, l'espérance et l'amour avec l'Église. Celle-ci est pour lui le Christ «contemplé et aimé non comme un seul individu, mais comme la tête d'un corps, un tout», un mystère à vivre plus qu'une vérité à croire, l'unique instrument du Salut. L'union avec l'Église est le moyen le plus intime de la communion avec le Christ qui se réalise d'une manière privilégiée dans l'Eucharistie.

«Je dois aller d'un bout à l'autre de l'Espagne et travailler de toutes mes forces au salut des âmes, là où s'ouvrira à moi un chemin», écrit le Père Palau. Dès lors son apostolat se diversifie, redevient fébrile, intense, sans qu'il néglige pour autant la prière solitaire et la pénitence. Analysant avec lucidité la situation de Barcelone, il constate que l'implantation industrielle attire des milliers de personnes dont les besoins matériels et spirituels sont immenses. Il établit partout des groupes de chrétiens actifs qui, avec leurs curés, pourront assurer des conférences dominicales pour les jeunes, réunions qui les protègent du désoeuvrement et des distractions dangereuses. Il lutte contre l'ignorance, la superstition, les déviations du sentiment religieux. Toutefois, il n'oublie pas la Congrégation qu'il a entrepris de fonder, ses Tertiaires du Carmel, Frères et Soeurs. La branche masculine a été fondée en 1860 à Majorque; peu après, en février 1861, les Soeurs s'installent à Minorque. Sans négliger l'aspect contemplatif, la Congrégation prend en charge des écoles, puis l'assistance aux malades à domicile ou en hôpital. L'établissement de Minorque toutefois ne dure pas; en revanche, un champ d'expansion s'ouvre en Aragon et en Catalogne.

En 1865, des missions à Ibiza et dans le diocèse de Barcelone absorbent le Père Palau. En décembre 1866, il se rend à Rome pour obtenir la reconnaissance officielle de la Congrégation des Tertiaires du Carmel. Dès le 8 janvier 1867, il obtient le droit de recevoir les voeux religieux de ses fils et filles spirituels, avec le consentement préalable de l'évêque du lieu. Il écrit, cette même année, les statuts de ceux qu'il appelle les Frères Tertiaires de la Vierge du Carmel. Ces Frères, alors au nombre de vingt-six, sont répartis en six maisons. Cette fondation masculine, à laquelle le Père tient beaucoup, durera jusqu'à la guerre civile de 1936, où tous ses membres travaillant dans la péninsule, sauf un, seront massacrés dès les premiers troubles. Quant aux Soeurs issues de la fondation primitive, elles se constitueront finalement en deux Congrégations féminines qui essaimeront sur quatre continents: les Soeurs Carmélites Missionnaires Thérésiennes, et les Carmélites Missionnaires.

En 1868, le Père lance un hebdomadaire, «El Ermitaño». Il y montre un vrai talent de polémiste, surtout lorsqu'il s'agit de défendre l'Église, car alors les traits percutants fusent comme naturellement sous sa plume. Son sens de l'humour lui permet de sourire de ses propres aventures et redonne courage à ses correspondants déconcertés par la tournure des événements. À la suite de la révolution de septembre 1868, une nouvelle vague de persécutions déferle sur l'Espagne. Le Père Palau est emprisonné, à la fin d'octobre 1870, avec plusieurs de ses Frères et Soeurs. Après deux mois de prison préventive, il est libéré, mais il faudra encore un an avant que le juge ne reconnaisse son innocence.

 « Thérèse, c'est l'heure ! »

 À la fin de sa vie, le Père voyage beaucoup, angoissé à la pensée de laisser son oeuvre inachevée, car plusieurs fondations sont en préparation, mais il manque de moyens financiers et de personnel. D'autre part, certains de ses compagnons l'abandonnent et sèment le trouble par leurs critiques. Il installe à Tarragone une maison centrale d'où il pourra diriger l'ensemble de l'oeuvre. Le 14 février 1872, il publie un livret contenant les Règles et Constitutions de l'Ordre Tertiaire des Carmes Déchaux. À cette même époque, le Père Palau accompagne trois de ses Soeurs à Calasanz, en Aragon, où sévit une épidémie meurtrière. Leur dévouement auprès des malades touche parfois à l'héroïsme. Le Père rentre à Tarragone, épuisé par cette activité charitable. Il recommande une dernière fois l'Église à ceux qui l'entourent: «Priez pour le triomphe de l'Église, unissant vos supplications à celles de saint Joseph, car nous en faisons notre médiateur... Jamais je ne me suis écarté de l'Église dans le plus petit détail; dans mes opinions, j'ai toujours soumis mon jugement sans avoir d'autre intérêt que la gloire de Dieu». Toute la communauté étant réunie dans sa chambre, il dit: «Agenouillez-vous, que je vous bénisse!» Levant le bras droit, il bénit ses enfants et ajoute, à l'adresse de sainte Thérèse d'Avila: «Thérèse, c'est l'heure!» et, le bras levé, il rend son dernier soupir.

Le Père Palau a toujours eu pour la Vierge Marie une tendresse filiale. En 1864, celle-ci s'est révélée à lui comme la figure la plus parfaite de l'Église. C'est ainsi qu'il l'a présentée aux fidèles. «En la personne de la bienheureuse Vierge, l'Église atteint déjà à la perfection qui la fait sans tache ni ride. Les fidèles du Christ, eux, sont encore tendus dans leur effort pour croître en sainteté par la victoire sur le péché: c'est pourquoi ils lèvent leurs yeux vers Marie » (CEC, 829). Demandons à Notre-Dame de nous obtenir un amour indéfectible de l'Église.

 Cf. Le bienheureux Francisco Palau,

Armand Duval, éd. F.-X. de Guibert, 2003.

 Dom Antoine Marie osb, abbé

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Date de dernière mise à jour : 2018-02-12

Commentaires

  • Anne-Marie Dulhoste
    Bonjour mon Père,
    Je souhaiterais partager sur la page Facebook que je viens de créer ce texte magnifique sur le Bienheureux François de Palau y Quer que nous fêtons aujourd'hui au Carmel.
    Je vous en serais très reconnaissante.
    Je vous remercie par avance pour votre réponse, quelle qu'elle soit.
    Amicalement,
    Anne-Marie Dulhoste
    • Myriam de Gemma PARROT
      • Myriam de Gemma PARROTLe 2018-11-11
      pas de problème pour le partage en toute fraternité Myriam

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