Passioniste de Polynésie

P L Boyer / Luc 12/ 13-21

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Aujourd’hui, 18eme dimanche ordinaire, les textes qui nous sont proposés cherchent à nous empêcher de nous appesantir, de nous assoupir, de nous endormir. Il ne s’agit pas bien évidemment du sommeil naturel, physiologique, mais du sommeil de la foi. En effet, les multiples activités que nous offre la vie ont ce pouvoir d’endormir notre foi si nous n’y prêtons pas attention.

La première lecture nous donne les réflexions d’un sage très ancien. Les juifs l’appelaient « Qohelet » (plus connu sous le nom de l’Ecclésiaste) qui a pris le temps d’observer les puissants de son temps.  Il a vu les empires qu’ils ont bâtis, les richesses qu’ils ont amassées, en peu d’années après leur mort, se sont évanouis dans la nature. Il pensait certainement d’abord à Salomon, qui après avoir impressionné les cours royales de son époque, par ses grands chantiers, à tout perdu dans la cession de ses biens à ses fils. Ses derniers ont tout dilapidé dans les guerres entre frères.

 Non décidément, Qohelet a beau scruter l’histoire des hommes, il n’a trouvé aucun cas d’homme dont les efforts aient résisté au temps. C’est devant ce constat triste et implacable, d’un air désabusé, que notre sage sortit son fameux proverbe «  vanité des vanités, tout est vanité »

Le mot vanité pourrait se traduire par buée ou souffle rapide. Quand nous soufflons sur une vitre ; en quelques secondes la buée disparait. Quand nous dessinons sur le sable, une seule vague vient tout effacer. Qohelet vient comparer nos travaux, nos constructions, nos nuits agitées, bref, toute la multitude de nos activités ; comme autant d’efforts inutiles. Du vent tout ça ! Malgré nos efforts pour tout garder, pour tout conserver, il n’y a rien à faire contre le temps. Le temps comme une vague ne va pas tarder à tout effacer !  :

Dans l’évangile, voilà deux frères, un aîné et un cadet, qui se disputent devant Jésus sur l’héritage de leur père. Dans la loi juive, l’aîné a la priorité. D’emblée 50%  lui reviennent. Mais s’il le désire et pour des raisons valables il peut garder le tout et ne rien partager avec ses frères et sœurs. Dans le cas présent il est clair qu’il veut tout garder, au grand dam de son frère, et certainement pour la simple raison qu’il est trop attaché à l’argent.

 Jésus ne veut pas entrer dans ce cas particulier, c’est pourquoi il répondra : « Suis-je le juge de vos petites affaires ? » Il profite de cet incident pour interpeller les hommes de bonne volonté, ceux qui sont à la poursuite du royaume : « Méfiez-vous de l’attraction de l’argent ! » beaucoup se sont perdus en se laissant guider par cette attraction. Par la parabole de l’homme riche, Jésus nous montre que nombreux sont ceux qui ont construit toute leur vie là-dessus et ils ont tout perdu à leur mort. Les héritiers de l’homme riche vont se déchirer pour un trésor qu’ils n’auront même pas amassé eux-mêmes. Jésus nous dit carrément que cet homme est tombé dans une sorte de folie ; il est devenu insensé, il a perdu le sens de la vie (la direction), comme s’il était lobotomisé par l’argent.

Le Seigneur voudrait éviter que les enfants du Royaume ne se fassent pas également avoir par cette folie collective (Notez au passage que Jésus ne dit pas que l’argent est mauvais en lui-même, il a son utilité ; mais c’est l’argent pour l’argent qui est la ruine de l’homme.)

Saint Paul va dans le même sens quand il dit à la communauté de la ville de Colosse que cet insensé, ça peut être chacun de nous si nous perdons de vue Le royaume de Dieu pour ne vivre ici bas en n’ayant d’autre horizon que la satisfaction de nos désirs et de nos envies. Paul veut nous secouer, il veut nous aider à vérifier comment nous gérons note vie, à voir où nous en sommes avec notre foi ; ne s’est-elle pas endormie par une mauvaise gestion de notre vie ?

Sommes-nous retombés, dans la vanité, dans les combats inutiles, dans l’éparpillement, dans le gaspillage d’énergie au lieu de construire en vue du royaume de Dieu, la seule œuvre qui résistera au temps ?

Si c’est le cas, alors nous avons besoin de faire à nouveau, œuvre de conversion. Le vieil homme est revenu s’installer. C’est comme si nous avions perdu de vue, une nouvelle fois, l’utilité de chaque jour, ce pourquoi chaque jour Dieu nous fait cadeau du souffle de vie.

La prière du psaume sera notre demande spéciale aujourd’hui au Seigneur Jésus, lui seul, peut nous aider à revenir vers le Père : «  Apprends-nous la vraie mesure de nos jours, que nos cœurs pénètrent ta sagesse. »

 Père Landry Boyer, chapelle Notre Dame de l’Annonciation à Outumaoro

Dimanche 4 Août  2013

 

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1ère lecture :  Qo 1, 2; 2, 21-23

Vanité des vanités, disait l'Ecclésiaste. Vanité des vanités, tout est vanité ! Un homme s'est donné de la peine ; il était avisé, il s'y connaissait, il a réussi. Et voilà qu'il doit laisser son bien à quelqu'un qui ne s'est donné aucune peine. Cela aussi est vanité, c'est un scandale. En effet, que reste-t-il à l'homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? Tous les jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n'a pas de repos. Cela encore est vanité.

2ème lecture :  Col 3, 1-5.9-11

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d'en haut : c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d'en haut, et non pas vers celles de la terre. En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire. Faites donc mourir en vous ce qui appartient encore à la terre : débauche, impureté, passions, désirs mauvais, et cet appétit de jouissance qui est un culte rendu aux idoles. Plus de mensonge entre vous ; débarrassez-vous des agissements de l'homme ancien qui est en vous, et revêtez l'homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance. Alors, il n'y a plus de Grec et de Juif, d'Israélite et de païen, il n'y a pas de barbare, de sauvage, d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il est tout.

Evangile :Luc 12, 13-21

Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » Puis, s'adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d'un homme, fut-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses. » Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : 'Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.' Puis il se dit : 'Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence.' Mais Dieu lui dit : 'Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ?' Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu. »

Date de dernière mise à jour : 2021-07-04