Passioniste de Polynésie

LA COMMUNION Mgr Michel Coppenrath (1997)

Monseigneur michel c wLA  COMMUNION

 Signe de notre unité aujourd’hui, ou d’une unité à venir ?

- Archevêché de Papeete - 24 novembre 1997

 

C’est toute la question de «l’hospitalité» eucharistique qui est sous-jacente à cette interrogation. C’est aussi celle de la «Liturgie» de la Communion. Saint Paul, en 1 Corinthiens 11, 17 et s., ne règle pas seulement le bon ordre dans l’assemblée eucharistique. Il rappelle les exigences pour prendre part au repas du Seigneur.

   Souvenons-nous donc tout d’abord combien la communion est au cœur même de l’Eucharistie.

  Communion et Eucharistie c’est tout un : on ne peut les séparer

         La Communion, («prenez et mangez-en tous, ceci est mon Corps» [1]) fait partie de l’institution de l’Eucharistie. Il n’y a pas d’un côté l’offrande que Jésus a fait de lui-même, en prévision de son sacrifice sur la croix «Buvez-en tous, car ceci est mon Sang, le sang de l’alliance versé pour la multitude pour le pardon des péchés» [2], la nouvelle alliance scellée par Jésus dans le sacrement de l’Eucharistie, et puis de l’autre la communion.

         Du reste le catéchisme de l’archidiocèse dit bien «la communion c’est la participation au sacrifice de Jésus Christ, en recevant le corps et le sang du Christ» [3].

         Le même catéchisme dit aussi «l’Eucharistie est le grand sacrement qui contient réellement le corps, le sang, l’âme et la divinité de Notre Seigneur Jésus Christ [4]. C’est ce que nous appelons la présence réelle. Une présence spéciale en plus des présences multiples du Christ parmi nous (parole, Eglise... etc.)

         L’Eucharistie est aussi l’action de grâces inaugurée par Jésus Christ, le Jeudi Saint, continuée par et dans l’Eglise par le ministère des apôtres, «faites ceci en mémoire de moi» [5]. C’est donc aussi le mémorial de la passion du Sauveur. Pas un simple souvenir mais le renouvellement de ce que Jésus a fait pour nous sauver et dans le sacrement que lui-même a institué.

         Il n’y a donc pas d’un côté le «sacrifice de la Messe» et de l’autre, à la fin de l’Eucharistie, la communion. C’est tout un ; et c’est notre Foi, celle de l’Eglise qui nous permet de voir l’unité de l’Eucharistie - offrande et communion.

         L’Eucharistie n’est pas un simple repas même si Jésus l’a institué au cours du dernier repas pascal pris avec les Douze.

         L’Eucharistie enfin n’est pas un sacrement qui continue d’exister par lui-même, en raison de la foi ou de la piété des gens. Les Apôtres et leurs successeurs, prêtres et évêques sont consacrés pour le ministère de l’Eucharistie. Sans eux il n’y a ni sacrifice de la Messe, ni Eucharistie, ni communion.

            Le Christ est le seul Grand Prêtre, le seul qui pouvait s’offrir en sacrifice et en nourriture pour notre salut [6]. Il a fait l’Eucharistie de telle sorte que tous les chrétiens puissent y participer. Le baptême confère au chrétien le sacerdoce [7]. Tout baptisé partageant pleinement la foi de l’Eglise dans l’Eucharistie peut donc participer au Sacrifice de la Messe en y communiant. Bien sûr il faut aussi qu’il soit lavé de tout péché grave et la Confession peut lui redonner cette pleine aptitude à s’unir au corps et au sang du Christ qu’il avait dès son baptême [8]. Pour permettre aux chrétiens d’exercer leur sacerdoce en participant à l’Eucharistie, le Christ a institué des Apôtres. Eux et leurs successeurs, évêques et prêtres ont pour charge, entre autres, de célébrer l’Eucharistie, de l’actualiser, afin qu’elle soit réellement renouvelée «faites ceci en mémoire de moi». C’est la prière du prêtre à l’Esprit Saint, à laquelle s’unissent les fidèles, qui au moment où il prononce les paroles de la consécration, fait réellement exister l’Eucharistie. De la sorte le prêtre à la Messe représente vraiment le Christ Grand Prêtre, Pasteur et Tête de l’Eglise, dont il tient en quelque sorte, malgré son indignité, la place.

         La Foi de l’Eglise est telle que sans un homme consacré par le Sacrement de l’Ordre à la Prêtrise, cette unité entre l’Eucharistie et communion n’existe pas, car alors il n’y a même pas d’Eucharistie. Il s’en suit que sans cet homme qui accomplit le rôle de ministre, les fidèles ne peuvent vraiment et réellement pas participer à l’Eucharistie.

         L’Eucharistie a un sens. Elle nous unit à Dieu par son Fils Jésus Sauveur, et nous met aussi en communion avec nos frères et sœurs. C’est le sacrement de l’Amour de Dieu pour nous mais aussi de nous pour Dieu «ubi caritas et amor Deus ibi est», soit «Là où est la charité et l’Amour Dieu est présent». Cela ne peut être vécu réellement par nous que si l’Eucharistie est célébrée, reçue, en lui gardant son unité, son sens et sa finalité ultime : l’Eucharistie est gage de la vie éternelle.

         Si nous adhérons pleinement à ce que Jésus a voulu, l’Eucharistie, nouvelle alliance par et dans la communion, devient un centre, une source qui nous communique la Vie.

 Communion avec une foi entière 

            Il arrive de plus en plus souvent que viennent à la communion des personnes non préparées, des frères et sœurs d’autres confessions qui de leur aveu même ne partagent pas toute la Foi de l’Eglise catholique. 

            Il arrive aussi que des frères et sœurs, sans doute avec sincérité demandent la communion dans l’Eglise catholique en pensant «je crois que Jésus est vraiment présent, c’est pourquoi je veux communier». 

            Il est arrivé parfois que dans tous ces cas le prêtre, avec raison et quand il peut distinguer les communiants, refuse de donner la communion. 

            Parfois dans le doute il accorde la communion et c’est l’assemblée des fidèles qui s’étonne et en est troublée. Pour que de tels cas ne se reproduisent il convient quand l’occasion se présente de rappeler au catéchisme ou dans les assemblées eucharistiques ce qu’est la tradition et l’enseignement de l’Eglise. 

            Comme Jésus en instituant l’Eucharistie n’a pas séparé le renouvellement de son sacrifice, la nouvelle alliance, de la communion, il importe que pour communier le communiant associe dans la foi tout ce qui est exprimé dans la prière eucharistique et tout ce qui constitue la communion. Dans la pratique, il faut bien le reconnaître, les situations sont bien difficiles.

     1-   il y a ceux et celles (bien que de confession différente)  qui, dans l’ignorance en prenant part à une messe catholique dans un élan de foi et de piété pensent adhérer à tout ce qui est célébré et désirent communier. Ils veulent faire comme les autres et leurs frères catholiques. Ils ignorent la discipline des sacrements qui est propre aux Eglises catholique et orthodoxe. Quand on se situe hors de la confession catholique et orthodoxe, on ne peut y recevoir les sacrements. L’Eucharistie est le sacrement de l’Unité ; elle requiert de celui qui communie une adhésion à toute la Foi, pas seulement à ce qu’est l’Eucharistie. Celui qui appartient à l’Eglise Apostolique est censé professer toute la Foi. C’est pourquoi la participation aux Sacrements requiert avant tout l’appartenance à l’Eglise apostolique. Un baptême valide dans une Eglise n’implique pas toujours l’appartenance à une Eglise apostolique. 

     2 -  Il y a ceux et celles qui dans un élan spontané désirent «communier» et affirment croire à la «présence réelle» et ne pas pouvoir se passer de recevoir le corps du Christ. Mais ces personnes ramènent souvent l’Eucharistie à un simple repas où la foi en Jésus suffit. Elles ignorent que la communion est un acte public qui requiert une foi objective dans l’Eucharistie. 

            C’est parfois le cas de personnes qui participent dans leur Eglise à la Sainte Cène. Elles s’étonnent des conditions que l’Eglise catholique met pour communier ; elles prennent cela pour de la «discipline» un peu démodée à une époque où l’œcuménisme a besoin d’attitudes pratiques nouvelles de part et d’autre. Admettre tout le monde à l’Eucharistie ne change pas la foi des uns et des autres. Finie la cérémonie, chacun se retrouverait chez soi comme avant. Pour l’Eglise catholique ce serait contre une longue tradition porteuse de la foi en l’Eucharistie. Tradition que l’Eglise catholique a rappelé plusieurs fois dans un esprit œcuménique qui ne consiste pas à faire ce que l’on fait dans une autre Eglise. Ce sont les points actuels de convergence qui un jour peuvent rassembler (si on ne cesse de les approfondir entre Eglises), les chrétiens autour du même autel et de la même table [9]. 

     3 -  Il y a enfin ceux et celles qui par convenance ou sympathie et sans se poser beaucoup de questions fondamentales, au cours d’une cérémonie officielle ou une grande fête, par exemple, accèdent à la communion. 

            Que le prêtre à cette occasion et bien avant l’instant de la communion rappelle simplement à la foule les conditions pour communier. Ce n’est pas le moment de faire un discours sur l’Eucharistie. Quelques mots très brefs et clairs mettront tous les participants à l’aise. Les invités à une cérémonie religieuse ne sont pas invités spécialement à la communion. 

            La communion à l’intérieur de l’Eucharistie est signe de la communauté fraternelle des chrétiens à laquelle les premiers disciples de Jésus à Jérusalem étaient si fidèles (Actes 4, 42). L’Eucharistie favorise par ses fruits cette fraternité. Mais dans l’Eucharistie, et le Christ que l’on reçoit, est déjà réalisée l’unité de l’Eglise. Les deux réalités sont inséparables. L’Eucharistie porte en elle-même toutes les exigences de conversion à l’unité et à la communion fraternelle. Cela nous fait souffrir, cela ne doit pas nous décourager. Toute assemblée est un peuple en marche. Certains vivent d’abord la communion fraternelle comme gage de l’unité à venir. Ce n’est pas la tradition de l’Eglise. Elle fait l’Eucharistie pour que ses fidèles s’épanouissent dans le partage, l’aide, et la charité, à partir de l’unité initiale dans la Foi. 

            Nous sommes dans une époque où les chrétiens ne savent plus rendre compte de leur foi. Il ne faudrait pas que leur foi, peu approfondie, pâtissent en plus de pratiques nouvelles, de comportements personnels inédits en opposition avec la Tradition. C’est le moment de se rappeler l’adage «lex orandi, lex credendi» «La liturgie est régulatrice de la foi». Changer la liturgie sur des points essentiels, c’est compromettre la foi de tous.

Le lieu de la Sainte Réserve

            Les hosties qui n’ont pas été consommées sont placées dans un tabernacle après la messe qui vient d’être célébrée. Même lorsque dans une grande église le tabernacle n’est pas dans le chœur où se trouve l’autel, le lien entre tabernacle et autel demeure. Ce lien visible  rappelle une fois de plus, l’unité entre le pain consacré et la Messe, entre Eucharistie et communion. 

            Le lieu de la Sainte Réserve c’est l’église, ou la chapelle où se célèbre la Messe [10]. Mais la proximité du tabernacle et de l’autel ne suffit pas à préserver le lien entre Sainte Réserve et Eucharistie. Dans notre archidiocèse, en raison des distances et du manque de prêtres, il a été établi que pour maintenir la Sainte Réserve dans une église ou chapelle, un prêtre doit y célébrer la Messe au moins 2 fois dans le mois soit au moins une fois tous les 15 jours. 

            La Sainte Réserve ne peut être amenée dans un autre lieu, même momentanément que ce soit dans une maison, ou chambre de prière pour la commodité de quelques fidèles. Le lien avec l’autel disparaîtrait alors [11]. 

            Partout où la Sainte Réserve existe il est nécessaire que chaque jour des fidèles consacrent une partie de leur temps à l’adoration eucharistique. Sans cette adoration quotidienne des fidèles, la Sainte Réserve n’a pas de raison d’être.

            La Sainte Réserve sert aussi pour la bénédiction du Saint Sacrement, les processions des grandes fêtes. Dans ce dernier cas, en dehors des fidèles malades et communiant chez eux ou dans une maison de soins, c’est la seule raison qui autorise le transport du Saint Sacrement hors de l’Eglise [12]. 

            Que les communautés religieuses qui ont la Réserve eucharistique veillent à ce qu’un prêtre célèbre avec la régularité demandée, la Messe. 

 Le temps de l’Eucharistie est le temps de communion

            C’est au cours de la célébration de la Messe que l’on communie car encore une fois la communion n’est pas une cérémonie à part de la célébration eucharistique tout entière. Le fidèle communie pour affirmer sa participation au Sacrifice de la Messe, renouveler son alliance à Dieu dans la Nouvelle Alliance. 

            Cela veut-il dire que lorsque l’on ne communie pas, il est inutile de participer à l’ensemble de la Messe ? Non ! car depuis toujours la participation à la célébration de la Messe a été considérée comme capitale. Pourquoi ? parce que en participant à la Messe on engage toute sa foi dans l’Euchairstie, dans une prière de louange et d’action de grâces qui plaît à Dieu. La messe, c’est par excellence, la prière de la communauté et cette communauté arrive dans sa diversité : certains sont là et vont communier, d’autres n’en éprouvent pas le besoin malheureusement, d’autres ne sont que catéchumènes, d’autres ne peuvent pas encore communier comme les enfants qui n’ont pas achevé leur préparation, d’autres parce qu’ils se sentent indignes de recevoir le corps et le sang du Christ, d’autres parce que leur situation matrimoniale ne leur permet pas... oui le peuple de Dieu est là et c’est lui qui avec le prêtre célèbre l’Eucharistie. 

            Dans un élan de contrition et d’amour, la communion de désir est possible.

            Vous avez certainement remarqué le dimanche en particulier qu’au moment de la communion, certains ministres sont chargés de porter la communion aux malades. C’est une manière de les associer plus étroitement à la Messe de leur paroisse. 

            Le temps pour communier là où la Messe se célèbre c’est presqu’exclusivement le temps de la célébration de l’Eucharistie [13]. 

            Encore faut-il que l’on communie avec le plus grand respect : préparation intérieure mais aussi préparation extérieure [14]. 

Quelques cas très regrettables... 

            Le rite le plus répandu dans l’archidiocèse, est le rite de communion dans la main. Le prêtre, le diacre ou le ministre dit «le corps du Christ» et le communiant répond «Amen» pour bien montrer sa foi en la présence réelle du Christ. Le communiant doit avant   de se retourner et de regagner sa place, consommer l’hostie. Il est arrivé que des ignorants ou des originaux ne consomment pas l’hostie immédiatement. Ils l’emportent à leur place, la regardent et même la partagent avec le voisin. C’est plus qu’un abus, une offense envers le corps et le sang du Christ. Que penser des cas très rares, mais qui ont existé, de personnes qui emportent l’hostie chez elles. Les paroisses, les prêtres doivent veiller à éviter ces délires mystiques. 

            Avant la Confirmation, les communiants enfants reçoivent le Corps du Christ sur la langue.  

Le Vendredi Saint : les fidèles ne doivent pas être privés des sacrements

            Au cours de la Semaine Sainte, la messe n’est pas célébrée le Vendredi Saint. La liturgie de l’Eglise est centrée sur la passion du Sauveur et sa mort sur la Croix. Le Vendredi Saint, les fidèles s’efforcent en particulier par le chemin de Croix, mais aussi les lectures et le rit de la vénération de la Croix, de retrouver les sentiments mêmes du Christ mourant pour nous. Le Vendredi Saint pour bien rappeler que l’Eglise a vécu un moment, comme sans Jésus, et sans le Christ ressuscité, la messe n’est pas célébrée, cependant la cérémonie du Vendredi Saint se termine par la communion rendue possible en raison de la Sainte Réserve de la Messe du Jeudi Saint. Tout dans la Semaine Sainte a son importance pour éclairer notre foi en l’Eucharistie. En plein Vendredi Saint, il y aura par la communion au pain consacré, une sorte de mémorial du Jeudi Saint où Jésus ne voulant pas nous laisser seuls a institué l’Eucharistie car la réalité c’est que Jésus Christ ne manque jamais à son Eglise.

            Le Vendredi Saint les fidèles ne sont donc pas privés de l’Eucharistie. 

            C’est, me semble-t-il, en rappelant la pratique de l’Eglise le Vendredi Saint qu’il nous faut comprendre certains cas où les fidèles ne communient pas pendant le temps de la Messe [18].

     1 -  La Sainte Réserve en effet depuis toujours a servi à la communion des malades, des gens âgés, des accidentés graves. Ils peuvent à tout instant, pour la paix de leur âme, surtout s’il s’agit du Viatique [15] demander que la communion leur soit portée à la maison, à la clinique ou à l’hôpital. Le petit nombre de prêtres ne permet pas que la messe puisse être dite pour eux là où ils sont soignés. D’autres raisons, aussi ne rendent pas possible la célébration de la messe auprès du malade. 

     2 -  Certaines paroisses lointaines restent longtemps sans prêtre. Comment agir en sorte qu’elles ne soient pas privées du sacrement de l’Eucharistie ? 

            Que le prêtre lorsqu’il célèbre la dernière messe veille à consacrer des hosties afin que dans le mois qui suit, ceux qui veulent communier puissent le faire à l’office du katekita le dimanche [16]. Il s’est trouvé que le dernier prêtre à célébrer consacre inconsidérément des hosties. C’est un abus. Plutôt que de consacrer des centaines ou des milliers d’hosties, mieux vaut s’en tenir à l’usage de l’archidiocèse et consacrer aussi une grande hostie pour l’adoration du Saint Sacrement par les fidèles. 

     3 -  Il arrive parfois que des paroisses restent plusieurs semaines sans prêtre et donc sans Eucharistie : si aucun prêtre n’est disponible, il convient alors, si la demande est justifiée, de porter l’Eucharistie dans ces paroisses sans Eucharistie. La demande ne peut être prise en compte que si le curé de la paroisse pense qu’elle doit être satisfaite. Lorsqu’il n’y a pas de curé ou de responsable prêtre du secteur, c’est à l’évêque qu’il faut s’adresser.

     Un diacre ou un katekita sont les ministres les plus indiqués pour transporter ainsi l’Eucharistie selon les conditions prescrites dans le diocèse. Avec les hosties nécessaires pour quelques dimanches, il convient surtout d’y ajouter une grande hostie pour que l’amuiraa puisse avoir le secours de l’adoration du Saint Sacrement. 

     Que les ministres et les prêtres ne considèrent pas seulement le fait qu’une paroisse est sans messe et sans la Sainte Réserve depuis longtemps. Qu’ils résistent à un certain état d’esprit où l’attention se porte surtout sur le fait qu’une amuiraa a la Sainte Réserve, sans qu’il en résulte forcément un plus grand amour de l’Eucharistie. Ils doivent apprécier surtout le désir spirituel des fidèles, les besoins spirituels réels de l’amuiraa. Il y a lieu au catéchisme, et très souvent aux fidèles adultes d’enseigner ou de rappeler le sens qu’ils doivent donner à la présence réelle dont ils bénéficient alors qu’il n’y a pas eu de célébration de messe chez eux. 

            Sur des îles qui ont un aérodrome, les fidèles ont l’occasion, pour des soins de santé en particulier, de faire le voyage à Papeete : qu’on les incite à profiter de l’occasion pour se confesser et communier pendant leur temps de séjour dans une paroisse de Tahiti. 

            La compréhension pastorale de notre part à l’égard des paroisses lointaines doit s’accompagner de progrès dans la Foi, la vie chrétienne et familiale, de progrès surtout dans la bonne entente. 

Conclusion

            Cette lettre sur la communion est déjà longue. A une époque où la dévotion envers l’Eucharistie, la communion fréquente ne cesse de croître, il était bon de rappeler à quoi nous oblige l’Eucharistie, et ce qu’est vraiment la communion. 

     L’Eucharistie attire, elle attire beaucoup nos frères et sœurs d’autres confessions. Nous voudrions leur offrir à tous l’hospitalité eucharistique. Nous chantons à l’anamnèse «Il est grand le mystère de la foi». La Messe, l’Eucharistie, la communion est une question de Foi, et non pas seulement de sentiments religieux. 

            Il nous a paru bon à une époque où les relations entre chrétiens de tous horizons ne cessent de croître, où les relations sont bien meilleures, de rappeler qu’il peut se glisser des déviances. Portons-y ensemble remède [17].                                

            C’est du reste une tradition apostolique [13] que d’appeler les fidèles à une conduite sainte, réfléchie et pleine de foi à l’égard de l’Eucharistie. 

            Ce ne serait pas bon pour l’œcuménisme de laisser faire des pratiques individuelles alors que ces questions n’ont fait l’objet d’aucune étude théologique commune [17]. 

            Une foi profonde dans l’Eucharistie s’accomode mal d’un certain «sacramentalisme» : la communion d’abord et à tout prix.

            Cette lettre ne prétend pas répondre à plusieurs autres questions sur la communion, en particulier sur la «Communion et Confession» - et à d’autres questions encore qui sont plus habituelles et pour lesquelles un éclairage suffisant est donné dans les rituels et catéchismes. 

     Relevons pour finir de l’homélie que le Pape Jean-Paul II a adressé aux jeunes au cours de la célébration eucharistique à Longchamp (24 août 97) : dans l’Eucharistie, le Christ «… confie au Père son désir suprême de l’unité dans la même communion de tous ceux qu’il aime»  (D.C 97, p. 782). Faisons nôtre cette prière du Christ, pour que l’unité qu’Il établit dans l’Eucharistie parviennent à tous ceux qu’Il aime, et que se réalise alors pleinement notre communion fraternelle. 

                                                 Papeete, le 24 novembre 1997

 † Michel COPPENRATH,

Archevêque de Papeete

 

Références

 

  [1]  Mt 26, 26

[2]   Mt 26, 27-28 ; Mc 14, 24 ; Lc 22, 20

[3]   «Ui Katorika», 1988 p. 163, qu. 272

[4]   id p. 155, qu. 257

[5]   Lc 22, 19 «Ceci est mon Corps donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi».

[6]   Heb 5, 1 et ss.

[7]   Catéchisme de l’Eglise Catholique, édit. 1992, n. 897 et 901 ou L.G. 31, 34

[8]   Rituel de «l’Eucharistie en dehors de la Messe», 2e édit. française 1996, p. 20, n. 23 «nul, s’il a conscience d’un péché mortel, si contrit qu’il s’estime, ne s’approche de la Sainte Eucharistie, sans une confession sacramentelle préalable» reprise du Concile de Trente vers XIII, 7

[9]   On trouvera dans le «Directoire pour l’application des principes des normes sur l’Œcuménisme», du 8 juin 1993, DC pp. 609-646 ; sur l’Eucharistie voir les pages 630 et 631 il y est dit n. 139 «en conséquence la communion eucharistique est inséparablement liée à la pleine communion ecclésiale et à son expression visible». Certes le baptême valide dans une Eglise non catholique établit un lien sacramentel d’unité. Mais nous devons aussi considérer ce qu’est pour un baptisé et son Eglise, l’Eucharistie c’est pourquoi «l’Eglise catholique, de façon générale, donne accès à la communion eucharistique et aux sacrements de pénitence et d’onction des malades, uniquement à ceux qui sont dans l’unité de foi, de culte, et de vie ecclésiale...», n. 129

[10]  Détails sur le lieu de la Réserve Eucharistique «Rituel de l’Eucharistie en dehors de la Messe» p. 11, n. 9 et ss.

[11]  Quand plusieurs groupes ou de nombreuses personnes se trouvent rassemblés, par exemple à Miti Rapa et que la situation commande que tous puissent bénéficier de la présence réelle pour l’adoration, on peut établir momentanément plusieurs lieux pour la Sainte Réserve. Ce qui est visé ici, c’est le transport du Saint Sacrement hors de l’église pour les «besoins» d’une personne ou d’une famille, sans qu’il y ait communion d’un malade.

[12]  cf. Rituel «Le culte eucharistique», p. 67, n. 79 et ss.,

[13]  cf. Rituel «La communion en dehors de la Messe», p. 15, n. 13 “la participation la plus parfaite à la célébration eucharistique consiste à recevoir la communion sacramentelle au cours de la Messe. C’est encore plus clair, au plan du signe, lorsque les fidèles, après la communion du prêtre, reçoivent le corps du Christ en communiant au même sacrifice que lui...”. On ne donne pas en dehors de la Messe la communion pour la commodité d’une personne ou d’un groupe. La paroisse, le diocèse doivent prévoir les jour, l’heure, où une cérémonie est organisée pour la communion en dehors de la Messe quand elle n’a pas lieu. Les ministres sont avertis de cela.

[14]  Rituel p. 20, n. 23 et ss. L’obligation d’être à jeûn au moins une heure avant le temps de la communion doit être respecté par les personnes bien portantes.

[15]  Rituel, pp. 53-64, le Viatique est la communion et la prière préparatoire qui l’accompagne pour les mourants.

[16]  Mieux vaut réserver les hosties consacrées pour les dimanches et jour de fête lorsqu’il y a «office du katekita».

[17] Actuellement le texte le plus adéquat pour un dialogue entre Eglises sur l’Eucharistie demeure le texte de Foi et Constitution de janvier 1982 sur «Baptême, Eucharistie, Ministère» (BEM). La réponse de la Commission épiscopale française pour l’Unité des Chrétiens de 1985, DC pp. 883-891 note à propos de la communion “on semble oublier aussi que la catholicité puisse exiger que tous ne soient pas admis à l’Eucharistie car s’il est vrai que l’Eucharistie est porteuse d’un projet de communion, elle demande aussi une communauté de foi”.

[18]  Le rituel sur l’Eucharistie en dehors de la Messe ne parle pas du Vendredi Saint, mais justifie tout ce que nous connaissons maintenant de l’Eucharistie hors de la Messe sur le fait historique que peu à peu les fidèles ont organisé prières et adoration de l’Eucharistie réservée primitivement pour les seuls malades (cf pp. 9-10 Introduction générale).

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Date de dernière mise à jour : 2017-03-16