Passioniste de Polynésie

Combat spirituel

Introduction

Le combat chrétien est un combat contre le mal. Un combat contre le mal en nous mêmes mais aussi contre le mal dans le monde.  On voudrait faire le bien et on ne le fait pas ! La faiblesse de notre nature humaine est le lieu même du combat spirituel ainsi que l’écrit St Paul

Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur; mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres. Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ?... Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur !. Romains 7:22-25

Le combat chrétien est différent de tout autre combat en ce sens qu’il ne peut être basé que sur l’amour et non, comme les combats du monde, sur la colère, l’égoïsme, la rancœur, le pouvoir, la domination. Si dans notre combat, il y a manque d’amour, alors arrêtons nous là, rentrons en nous-mêmes, plaçons vous devant le Père, demandons lui sa lumière et revenons à lui de tout notre cœur. L’amour est la seule arme véritable du combat chrétien, quelque forme que celui-ci puisse prendre.

Vous donc, les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, revêtez des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d'humilité, de douceur, de patience ; 13 supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l'un a contre l'autre quelque sujet de plainte ; le Seigneur vous a pardonnés, faites de même à votre tour.14 Et puis, par dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection . Colossiens 3/12.14

Tout combat chrétien se rattache au sacrifice du Christ. Il nous faut donc reconnaître avoir été sauvé par Lui. Ensuite, dans cette reconnaissance, il nous faut garder l’humilité; enfin il nous faut vouloir Son combat et non le nôtre ; et pour vivre Son combat, il faut être prêt à le suivre jusqu’à la croix ; donc renoncer à toute apparence glorieuse aux yeux du monde ! Renoncer même à toute gloire à nos propres yeux ! Car mener Son combat, c’est prendre la même route que Lui, donc être crucifié avec Lui, sachant bien que notre gloire n’est pas de ce monde mais de celui du Père !

Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.18 Si le monde vous hait, sachez que moi, il m'a pris en haine avant vous.19 Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tiré du monde, pour cette raison, le monde vous hait.20 Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront ; s'ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi ils la garderont.21 Mais tout cela, ils le feront contre vous à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé. Jean 15/17.21

Il est à noter que le combat spirituel n’est jamais dirigé contre les autres ; ni d’ailleurs contre nous-mêmes mais seulement contre la puissance du mal qui nous coupe de l’amour de Dieu et qui fait tant de dégâts en ce monde. Le combat spirituel se vit d’abord en soi-même avant de se vivre dans le monde.

I/ Quelques règles

Le combat spirituel doit se vivre :

Avec l’aide de Dieu car sans lui nous ne pouvons absolument rien. Il est évident que ce n’est pas par nos propres forces que nous gagnerons le combat contre le mal.

Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent. Psaume 24:3

Dieu n’est pas une arrière garde de secours dans nos difficultés, c’est notre général de cavalerie ! Tout combat en dehors de lui est une utopie, une défaite assurée par notre orgueil. L’orgueil en effet, nous fait perdre d’avance tout combat car il est fruit du malin et non fruit de l’Esprit Saint. Apprenons donc à fuir toute forme d’orgueil et efforçons nous de vivre l’humilité. Reconnaissant en tout notre néant et remerciant Dieu pour tout ce qu’il nous donne. S’il est exact et primordial que nous fassions concrètement effort pour combattre nos péchés et nos défauts, il est tout aussi primordial de nous confier d’abord en l’amour de Jésus sauveur. Abdiquant notre orgueil, il faut alors confesser nos fautes et poser cet acte de foi : croire que Jésus est déjà vainqueur en nous. Cet acte de foi est important, il libère l’action de Jésus dans notre cœur, dans notre vie.

La foi est à vivre concrètement et pas seulement sur de grandes idées théologiques. De plus cette foi que Jésus gagne le combat en nous, fait opposition à l’orgueil qui, lui nous pousse à nous battre tout seul, par nos propres moyens. Jésus ne fait pas que pardonner nos fautes, comme si rien ne pouvait de toute façon changer dans notre vie. Non, il est vainqueur du malin, cela implique qu’il est aussi vainqueur dans notre vie, donc il peut être vainqueur en nous, dans notre lutte contre nos différents péchés. Si nous livrons un combat, nous devons croire que Jésus l’a déjà gagné en nous et nous centrer alors sur lui, le louer pour sa victoire et ne le lâcher que lorsque la bataille est gagnée. C’est un acte de foi, de confiance en Celui qui nous aime au delà de toute mesure. C’est aussi un acte d’humilité, qui nous empêche de nous appuyer sur nous-mêmes pour nous appuyer sur le Seigneur. C’est un acte qui nous resitue dans la vérité de notre propre faiblesse ; faiblesse qui ne nous écrase plus car nous savons que notre sauveur est là et que c’est lui qui nous aime, nous délivre, nous guérit. Nous quittons donc le fatalisme de notre péché, pour vivre l’espérance de la sainteté dans la vérité, l’humilité, la confiance… bref l’amour actif que nous avons pour Jésus.

Avec l’aide de l’Eglise c’est à dire avec les sacrements de la confession et de l’eucharistie. Nous ne sommes pas chrétiens tout seuls, nous faisons partie d’une famille : celle des enfants de Dieu et comme dans toute famille, nous sommes censés nous aimer et nous aider mutuellement. Si donc les autres peuvent avoir besoin de moi et compter sur mon aide, moi aussi je dois pouvoir compter sur leur aide lorsque j’en ai besoin. Et dans mon combat j’ai besoin des autres, non seulement pour me montrer le cas échéant mes fautes, mais pour m’encourager à persévérer, pour me corriger et surtout j’ai besoin de leur prière pour moi. La prière des frères est là pour ça. Mais il y a plus que la prière des frères, il y a les sacrements, c’est à dire la force de Dieu déposée en moi par le ministère de l’Eglise. Le sacrement n’est pas un acte magique, mais bien une alliance, une relation d’amour entre Dieu et moi. J’appelle Dieu et il me répond. Dieu vient en moi et moi je m’offre à lui avec toute ma faiblesse, toute ma misère pour l’aimer et le suivre. Le sacrement est un acte très puisant dans l’amour.

Au quotidien il implique donc la persévérance. Qui dit combat ne dit pas bataille unique ; d’abord parce que nous n’avons pas qu’un seul péché à combattre et ensuite parce que nous tombons souvent dans les mêmes fautes. Chaque fois, c’est une bataille perdue ou gagnée ; et nous devons persévérer jusqu’à ce que Jésus nous guérisse et nous libère totalement. Il faut donc être prêt à durer humblement et fermement dans le combat, comptant réellement sur Dieu, seul rédempteur et véritable vainqueur en nous.

Dans tous les domaines de notre vie C’est par toute notre vie que nous sommes appelés à être saint ; il ne peut donc y avoir de domaine qui échappe au Christ C’est tout entier qu’il nous veut à lui et non pas seulement par petit bout. D’autre part, pour mener le bon combat, il nous faut « ménager son armée » et ne pas multiplier les batailles ; il est donc nécessaire de se tenir le plus possible éloigné des tentations. Il en est ainsi des choses et des gens dont il faut se tenir éloigner si nous savons qu’ils seront pour nous une occasion de chute. Ainsi en est-il par exemple de l’alcool : il faut éviter d’avoir des bouteilles à la maison et de fréquenter les copains qui vous entraînent au café. Ainsi en est-il de tout ce qui nous éloigne de Dieu... Enfin en toute chose il faut s’abandonner à la providence ! Vouloir diriger sa vie (… au cas où !) est faute d’orgueil et de manque de confiance .Le combat chrétien est un combat de tous les jours, de tous les niveaux et une seule entaille suffit à faire tomber l’arbre ! Tout combat ne peut se gagner que dans l’humilité de la dépendance totale à Dieu. De plus, sur le plan du monde, de la mission, le vrai combat est celui où l’on est envoyé par Dieu et non pas celui que nous décidons de mener nous mêmes ; nos raisons humaines fussent-elles justifiées.

En solidarité avec les autres .Celui qui mène le combat du Christ, prend sur lui la misère de son peuple. Il en sent le poids, la souffrance. C’est pourquoi, dans son amour il fait pénitence et jeûne, même si cela doit le faire un peu maigrir et que les bons vivants, hochent la tête en le prenant pour un fou. Le vrai combattant de l’amour est celui qui donne ainsi sa vie pour ses frères et sœurs ! C’est ce que nous conseille Saint Paul :

Devenez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés ; et marchez dans la charité, à l'exemple de Christ, qui nous a aimés, et qui s'est livré lui-même à Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice de bonne odeur. Ephésiens 5:1-2

En cette offrande, aucun orgueil, aucune forfaiture, aucune volonté propre, aucune gloriole, aucun amour de soi-même, simplement l’humilité de l’amour qui s’offre pour que les autres vivent ! Le vrai combattant agit ainsi, (pénitence et jeûne …) parce qu’il sait que les mots ne servent souvent à rien et que pour revenir à Dieu, il faut l’humilité. Ainsi il prend les armes du jeûne et de la prière, de la mortification de sa chair dans le refus des plaisirs et du confort, pour permettre à Dieu de toucher le cœur endurci de son frère. Certes Dieu pourrait toucher les cœurs d’un claquement de doigts, mais il est amour, sa création est amour ; l’amour est libre, volontaire et communication entre les êtres ! Voilà pourquoi Dieu ne claque pas des doigts, voilà aussi pourquoi l’amour des uns est source de vie en Dieu pour les autres.

Le vrai combattant est celui qui va jusqu’au bout de sa foi, de son amour pour Dieu et pour son peuple. Le vrai combattant est celui qui s’appuyant sur Dieu, ne fait pas demi tour sur sa petite personne, mais va jusqu’au bout de lui-même dans l’amour. Les armes du combat spirituel.

Le combat spirituel est une réalité de la vie chrétienne nul ne peut y échapper,

Car ce n'est pas contre la chair et le sang que nous avons à combattre, mais contre les principautés, contre les puissances, contre les princes des ténèbres de ce siècle, contre les puissances spirituelles de la méchanceté dans les lieux célestes. C'est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu, afin que vous puissiez résister dans le mauvais jour, et qu'ayant tout surmonté, vous demeuriez fermes Ephésiens 6:12-13

C’est pourquoi St Paul insiste sur les armes à prendre

Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l'obéissance de Christ. 2 Corinthiens 10:4-5

Il en donne même une certaine liste dans son épitre aux Ephésiens ch. 6/11.18

En définitive, rendez-vous puissants dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force.11 Revêtez l'armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manœuvres du diable.12 Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes.13 C'est pour cela qu'il vous faut endosser l'armure de Dieu, afin qu'au jour mauvais vous puissiez résister et, après avoir tout mis en œuvre, rester fermes.14 Tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse,15 et pour chaussures le Zèle à propager l'Evangile de la paix ;16 ayez toujours en main le bouclier de la Foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais ;17 enfin recevez le casque du Salut et le glaive de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu.18 Vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps, dans l'Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints.

Ces armes sont diverses, mais relevons ici seulement les plus importantes

La prière

La première arme contre Satan c’est la prière ; Jésus lui-même nous apprend cela dans la prière du Notre père

Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin. Car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen! Matthieu 6:13

Lui même intercèdera pour les apôtres avant sa Passion

Je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais.16 Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.17 Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. Jean 17/15

Il est donc normal que nous soyons particulièrement attaqués sur ce point précis puisque c’est le courant essentiel de l’action de Dieu en nous et à travers nous. Il nous faut prier, prendre le temps de la prière ; même et surtout lorsque nous n’en n’avons pas envie ou que nous pensons avoir mieux à faire ! Redisons alors au cœur de notre combat la prière du psalmiste :

Et toi, Eternel, ne t'éloigne pas! Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours ! Psaume 22:20

Si nous restons ancrés à Dieu par la prière, alors nous pourrons expérimenter cette parole de St Paul :

Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter. 1 corinthiens 10:13

Car Dieu protège et fortifie celui qui se confie en lui, celui qui s’appuie sur lui dans l’obéissance à a parole.

Le jeûne

Le jeûne est aussi une arme importante dans le combat spirituel, tant pour notre âme que pour les autres. Le jeûne est geste de repentir, d’humilité devant Dieu quant à nos fautes ; mais il peut être aussi geste de compassion devant Dieu pour la faute des autres.

Et moi, quand ils étaient malades, je revêtais un sac, J'humiliais mon âme par le jeûne, Je priais, la tête penchée sur mon sein. Comme pour un ami, pour un frère, je me traînais lentement; Comme pour le deuil d'une mère, je me courbais avec tristesse. Psaume 35:13-14

On ne jeûne pas par « raison pénale » ou par « devoir d’obligation religieuse », on jeûne pour offrir à Dieu, à travers ce que l’on aime, ce qui nous coute, un geste d’amour. Le jeûne n’a de sens que dans la dimension de l’amour envers Dieu, envers les autres. Et le jeûne qui nous est proposé par l’Eglise au temps du carême, et tout particulièrement le mercredi des cendres et le vendredi saint rentre totalement dans cette dimension.

Le jeûne est une des armes les plus puissantes contre l’action du mal au cœur de notre vie.

….Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. Mat 17/21

Le repentir

On ne parle plus guère de repentir à l’heure actuelle, pourtant c’est un élément capital de la conversion et d’une bonne réception de la grâce de Dieu dans notre vie.

Tout péché entraîne une « sanction », car si Dieu est amour, il est aussi justice. Cependant la justice de Dieu n’est pas la nôtre, elle est toute miséricorde et lorsque l’homme reconnaît sa faute et appelle le pardon divin, Dieu répond, se fait présent et renouvelle son alliance

« Quel est le Dieu comme toi, qui enlève la faute, qui pardonne le crime, qui n’exaspère pas toujours sa colère, mais qui prend plaisir à faire grâce ? » Michée 7/18

Cependant tout péché demande un acte concret de contrition réelle, d’où l’importance de faire pénitence et de réparer. Quand nous lisons l’Ancien Testament, la justice de Dieu nous paraît bien souvent très radicale ; la loi est la loi, il ne faut pas la transgresser. Jésus lui, vient assouplir ce contexte de légalité ; l’amour prenant le pas sur la sanction ; mais cela ne veut pas dire que la justice divine n’existe plus. Jésus en effet n’est pas venu abolir la loi et ses commandements, mais les accomplir, c’est à dire les transformer en vie par sa mort et sa résurrection, et nous inviter à les observer pleinement, tout comme lui s’y est conformé durant sa vie. Dieu attend que l’homme se convertisse et répare autant que possible ses fautes ; non par légalisme, mais par amour du Christ crucifié pour nos péchés, par amour pour chacun de nous. Ainsi ce qui était sanction, punition dans l’Ancien Testament devient réparation humble et amoureuse dans le Nouveau.

Dieu appelle l’homme à la conversion, et l’évangile nous montre que le repentir en est le chemin :

« En ces jours là, arrive Jean le Baptiste, prêchant dans le désert et disant : « repentez vous, car le royaume de Dieu est proche. » Matthieu 3/1.2

Mère Basiléa Schlinck, fondatrice des sœurs de Darmstadt, après la guerre, en Allemagne, a découvert la puissance du repentir et voici ce qu’elle nous en dit :

« L’évangile affirme que le repentir est le chemin pour rejoindre Dieu, pour entrer dans le royaume de Dieu. Mais qu’est ce que le repentir ? Le repentir est un don de Dieu qui descend sur le cœur humain pour lui enlever sa dureté et le rendre accessible à l’amour, c’est à dire à l’amour des autres, à l’amour de Dieu et à l’amour de lui-même aussi. C’est un don que nous devons demander car si la vérité nous montre notre péché, elle ne nous en délivre pas. Et si l’humilité nous fait reconnaître notre faute elle ne nous pousse pas obligatoirement à les regretter, à le pleurer. Or c’est bien le repentir qui nous fait mettre nos péchés aux pieds du Seigneur ; c’est bien le repentir qui nous fait tel l’enfant prodigue crier vers Dieu : « Père pardonne moi, j’ai péché contre toi » C’est bien le repentir qui nous jette telle Marie Madeleine en larmes aux pieds de Jésus ! Et c’est bien ce repentir là qui fait jaillir la miséricorde infinie de Dieu ! Voilà pourquoi le royaume de Dieu se fait si présent lorsque nous expérimentons en toute vérité et humilité, le repentir. »

Cependant, si c’est un don de Dieu, nous n’en sommes pas le maître et il nous faut le demander à Dieu ; et comme tous les dons, il ne suffit pas de le demander une fois pour toute, mais il faut le demander sans cesse tout comme nous pouvons demander l’amour, la foi , la force de persévérer sur le chemin que Dieu trace dans notre vie . Et le demander c’est croire que Dieu nous l’accorde déjà.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon Nom ; jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon Nom ; demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit complète. » Jean 16/23.24.

Le repentir est vraiment un don de Dieu, un don qui amène à la joie de la libération ! En effet après les larmes versées sur le péché, jaillit une jubilation, c’est la joie du pardon, c’est la joie d’être à nouveau en cœur à cœur avec Dieu, avec le tout amour !

Et le chrétien qui ne passe pas par le repentir est tout comme un mort quelque soit sa piété, sa foi, il lui manque la parcelle vivante de sa relation à Dieu. Le Seigneur nous le montre dans Apocalypse 3/2.3 en s’adressant à Sardes :

« Réveille-toi ! Ranime ce qui te reste de vie défaillante ! Non je n’ai pas trouvé ta vie pleine aux yeux de mon Dieu. Allons, rappelles toi comment tu as accueilli la parole, garde la et repens toi ! Car si tu ne veuilles pas, je viendrai comme un voleur sans que tu saches à quelle heure je te surprendrai. »

Nous commettons sans cesse le péché et nous avons besoin sans cesse du pardon de Dieu. Comment le recevoir sans un vrai repentir ? Et le vrai repentir n’est pas fait de mots mais réellement d’un cœur brisé ! Le vrai repentir doit être le fondement de notre vie chrétienne, parce que devant Dieu le trois fois saint, nous ne pouvons nous reconnaître que pécheur ! Et le repentir nous libère de la mort en ce sens que si nous nous contentions d’une simple reconnaissance de nos fautes cela amènerait en nous le désespoir, et le désespoir au suicide. La reconnaissance d’une faute nous centre sur nous-mêmes « J’ai fait le mal ! » Le repentir nous tourne vers l’autre : « J’ai péché contre toi, pardonne moi » Nous attendons alors une réponse ….une parole d’avenir ! Ainsi le fait de vivre chaque jour le repentir, ne nous détruit pas, ne nous maintient pas non plus sous le joug de la tristesse ou de l’angoisse, mais nous ouvre à la joie de l’amour vivant. Je suis pécheur, mais pécheur repentant, je deviens pécheur pardonné. Et le secret de la vie avec Jésus c’est justement de se reconnaître pécheur pardonné en permanence ! Cela libère la joie en nous et la louange en notre cœur ! Rien à voir avec le joug de la culpabilisation.

Il ne faut pas avoir peur de vivre l’amour dans la vérité, avec la puissance des sentiments qu’il véhicule. Nous sommes faits pour vivre et pour vivre dans l’amour. Mais puisque le repentir est si important, comment le recevoir ? Comment ne pas le perdre ? Comment le faire grandir en nous ?

Le premier pas est déjà de reconnaître que le repentir me manque. Je peux reconnaître mes fautes, je peux même aller les confesser du bout des lèvres, mais si mon cœur ne pleure pas devant mon Seigneur bafoué ou mon frère blessé, je n’ai pas le repentir.
Nous sommes obtus et souvent insensibles à notre péché. Et lorsque nous pleurons c’est bien souvent sur nous mêmes, sur notre orgueil, sur notre chemin difficile mais pas sur l’amour blessé de Dieu.

Lorsque j’aurai enfin reconnu que le repentir me manque, je pourrai arriver à reconnaître que je ne peux me donner le repentir à moi-même car personne ne peux changer son cœur dur, méchant en un cœur brisé capable de pleurer son péché .C’est pourquoi je dois le recevoir et de qui le recevoir si ce n’est de Dieu

Dès lors il va être important que je crois à la parole de Dieu et que je m’y accroche : « Tout ce que vous demanderez en mon nom vous le recevrez. »

Lorsque je prie tous les jours : « Seigneur accorde moi la grâce du repentir, accorde moi un cœur brisé » Dieu ne reste pas insensible à ma prière. Dieu m’exaucera et me montrera l’abîme de mon péché et le mal porté à l’amour divin. Alors enfin je pleurerai sur ce que j’ai fait à Dieu et aux autres et non plus sur moi-même ou sur ce que les autres m’ont fait !

Cependant il ne suffit pas de demander chaque jour la grâce du repentir, il faut aussi nous soumettre chaque jour à la correction divine. C’est lorsque je prie : « Seigneur fais de moi ce que tu veux, corrige moi comme tu le veux, mais accorde moi la grâce d’un cœur humilié tout repentant » que Dieu agit profondément en moi, y faisant jaillir le vrai repentir qui conduit à la joie de l’amour retrouvé.

Le repentir ne tombe pas du ciel tel une pluie de grâce, il ne suffit pas de le demander, il nous est donné par la voie des corrections et souffrances qui peuvent s’avérer sévères quelque fois ! Ce chemin de correction et de souffrance n’est pas à recevoir comme une punition, une condamnation, mais plus comme une opération médicale nécessaire : Dieu est amour, il ne veut pas notre avilissement pas plus que notre mort, bien au contraire !

Un tel chemin ne se prend pas facilement et en chemin nous rencontrons bien des obstacles. Il y a d’abord notre propre justice et notre orgueil. C’est à dire que nous essayons généralement de nous justifier, voir de nous reconnaître innocent. Ce n’était pas de notre faute, mais celle de l’autre ! Ce n’était pas notre faute, nous avons été dépassés par les événements. Nous nous trouvons toujours des circonstances atténuantes ! Quant encore nous ne rendons pas Dieu responsable de notre malheur, de notre faute.

Pourtant Jésus nous aime, il veut porter secours aux pécheurs que nous sommes. Quand il dit « repens-toi ! » cela veut dire « rentre en toi-même cherche ce qui n’est pas en règle, et découvre où se tient ta faute. » Faire cela implique d’accepter d’être vrai avec soi-même, avec Dieu et de laisser notre orgueil de côté.

Un autre obstacle est que nous ne discernons pas l’appel de Dieu à travers les corrections, c’est à dire les difficultés qui jalonnent notre vie ! Nous disons que Dieu dirige tout, qu’il est le maître de tout ….mais nous lui refusons les difficultés de notre vie ! Nous rêvons tant d’un Dieu gâteau qui pardonnerait tout sans effort de notre part ! Dieu m’aime tant, il ne peut me punir ! Certes Dieu ne joue pas de la punition, il tire une sonnette d’alarme et comme tout ce genre de sonnette, le bruit est désagréable ! ! Il suffit de relire Hébreux 13/5.12 pour comprendre’ cela : « Avez vous oublié …. Qu’il guérisse »

Nous avons une épreuve, regardons dans notre vie, examinons la acceptons la comme venant de Dieu, et là où il y a difficulté mettons nous humblement devant Dieu, faisant la vérité devant lui, reconnaissant notre péché et notre pleine responsabilité. Laissons alors le repentir envahir notre cœur et remercions le Seigneur d’avoir mis cette épreuve dans notre journée, car grâce à elle nous avons retrouvé son amour.

Enfin un troisième obstacle est que nous considérons la parole de Dieu comme une contrainte, un manque de liberté, une trop forte exigence. Ainsi lorsque la parole me demande de ne pas me mettre en colère, je trouve qu’elle va trop fort et qu’après tout j’ai bien raison de me mettre en colère … Ou encore quand elle me demande de me réconcilier avant d’aller communier ! Je ne peux pas le faire de toute façon l’autre ne veut plus me voir ! C’est à l’autre de venir me voir après tout ! Et on pourrait continuer ainsi longtemps. or celui qui n’écoute pas la parole de Dieu est en état de péché, et tant qu’il ne se reconnaît pas pécheur, il ne peut accéder au repentir donc à la joie de la réconciliation.

Dieu n’est pas un Dieu gâteau et Jésus a des exigences d’amour élevées ! Il ne nous est pas demandé de juger ces exigences, ce serait encore un péché d’orgueil, mais bien de nous y soumettre volontairement par amour de Dieu. Alors relisons la parole de Dieu, examinons notre vie à sa lumière et reconnaissons nos limites devant Dieu ! Appelons-en à sa grâce et sa miséricorde et nous referons là un grand pas vers le repentir ! »

Cet extrait des œuvres de Mère Basiléa parle de lui-même, prenons le temps d’y réfléchir et de le laisser descendre en notre cœur, mettons le en application et nous verrons la grâce de Dieu inonder notre vie et le malin s’enfuir bien au loin !

Les sacrements

  • Confession :

Ce qui rend le péché puissant dans notre vie, c’est que nous le relativisons, quand encore nous ne l’occultons pas ou que nous n’y portons aucune attention. Pour le vaincre il est vraiment nécessaire

  • de le reconnaître en nous, en prenant le temps d’un examen de conscience

  •  de le reconnaître dans la prière devant le Seigneur

  •  de le confesser en vivant le sacrement de réconciliation

  •  de s’engager avec persévérance dans la lutte pour notre conversion ;

Il est clair en effet que toute conversion se vit sur des points précis de notre vie.

Pour approfondir le sujet de la confession, voir l’enseignement sur Le sacrement de réconciliation

  • Eucharistie :

L’eucharistie c’est une rencontre d’amour entre Dieu et nous puisqu’il s’y offre à nous et de nous à Dieu puisque nous y sommes présents. Cependant «pour bien vivre, l’eucharistie, nous devons avoir foi, c’est à dire reconnaître dans le pain et le vin, la présence réelle du Christ ; nous devons alors recevoir le Corps du Christ dans un esprit de conversion ; ayant reconnu au début de la célébration notre état de pécheur. » (Mgr Robert Coffy)

L’eucharistie bien vécue est source de guérison intérieure car source de vérité ainsi que l’écrit encore Mgr Coffy

« Ce n’est pas seulement la pénitence qui conduit à l’eucharistie mais c’est aussi l’eucharistie qui conduit à la pénitence. Lorsqu’en effet nous réalisons qui est celui que nous recevons dans la communion, naît en nous presque spontanément un sentiment d’indignité, accompagné du regret de nos péchés et du besoin intérieur de nous purifier. »

Dieu est amour, ayons donc confiance en lui ., et comme le dit Jean Paul II

« Jésus nous attend dans ce sacrement de l’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais. »

Pour approfondir le sujet du sacrement de l’eucharistie ; voir les enseignements L’eucharistie

Conclusion.

Dieu nous appelle à être saint comme il est saint et pour cela il nous faut apprendre à maitriser notre corps, et tout notre être

Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification; c'est que vous vous absteniez de l'impudicité ; c'est que chacun de vous sache posséder son corps dans la sainteté et l'honnêteté, sans vous livrer à une convoitise passionnée, comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu. Thessaloniciens 4:3

C’est le sens même du combat spirituel de tout chrétien.

Il appartient à chaque chrétien de se poser cette question : est-ce que je désire vraiment correspondre à l’amour de Dieu pour moi, et marcher sur la voie de la sainteté à laquelle il m’appelle ?

Il est certain que cette route sera faite de combats intérieurs en tous genres, mais il est certain aussi que Dieu n’y refusera ni sa grâce ni son amour.

 

 Myriam de Gemma
 mai 2011

 

Date de dernière mise à jour : 2015-11-25