Passioniste de Polynésie

Ecoute spirituelle

Ouverture à l’écoute spirituelle

 

Nous avons tous besoin un jour ou l’autre de partager ce que nous vivons intérieurement, nous cherchons alors des personnes de confiance à qui nous allons pouvoir tout dire, avec la confiance qu’elles ne parleront pas de nous ensuite par derrière, et dans la confiance aussi qu’elles vont nous comprendre et nous conseiller.

Ce service que nous attendons pour nous-mêmes, nous sommes nous aussi appelés à le vivre envers les personnes que le Seigneur nous enverra.

Mais il y a quelques points à éclaircir afin de bien savoir vivre cette écoute spirituelle

Différence entre écoute et accompagnement

 L’écoute spirituelle est occasionnelle, quelqu’un vient à notre rencontre une fois ou l’autre, lors d’une retraite par exemple, mais elle ne vient pas régulièrement. Il nous faut écouter  ce qu’elle veut nous dire ce jour là et aller simplement à l’essentiel.

 L’accompagnement lui, est régulier, il implique que la personne se confie totalement et attend un suivi sérieux de notre part dans son cheminement humain et spirituel, Là il nous faut être vraiment attentif, car que nous le mesurions ou pas nous devenons responsables de la vie de cette personne et sans doute aussi de celles de son entourage, car elle va poser des actes et prendre des orientations de vie en fonction de ce que l’on pourra lui dire. C’est une grande charge, qu’il ne faut pas prendre à la légère !

l’écoute spirituelle est différente de l’écoute humaine.

L’écoute humaine s’appuie sur le bon sens, sur le raisonnement humain, c’est un travail de psychologie.

L’écoute spirituelle si elle ne nie pas le bon sens humain s’appuie essentiellement sur Dieu. On écoute l’autre non pas seulement avec notre propre cœur, avec notre propre raison mais avant tout avec le cœur de Dieu,  ce que nous allons être appelés a dire à la personne qui est devant nous, ne vient pas de nous mais de Dieu.  Ce qui amène un autre point :

 L’écoute intérieure personnelle

C’est là un point essentiel, car il implique que nous ayons non seulement une vie de prière, mais une écoute intérieure de Dieu en notre propre vie. Ce cœur à cœur quotidien avec Dieu est capital. En effet comment pourrions-nous entendre la parole de Dieu pour les autres si nous ne l’entendons pas pour nous-mêmes ? Il faut donc que nous sachions écouter ce que l’Esprit met au fond de notre cœur, et que nous sachions en vivre autant que cela se peut. N’oublions pas que nous sommes tous en chemin de conversion.

Chacun doit donc ici se poser deux questions essentielles :

  1. Est-ce j’écoute la parole de Dieu en mon cœur ?
  2. Est-ce que je me conforme (après discernement) à ce que j’ai entendu ?

Si nous ne vivons pas cela pour nous même, il y a fort à parier que nous aurons beaucoup de mal a vivre l’écoute spirituelle.

Ne pas imposer de directives

Dans l’écoute, il va nous falloir répondre aux questions aux attentes des personnes qui viennent vers nous. Nous aurons des conseils tant humains que spirituels à leur donner. Mais cela doit rester en conseils, ce ne sont pas des ordres, des impératifs, l’accueilli doit toujours rester libre dans sa réponse. Cela n’empêche pas que nous ayons à être clairs, mais il faut que nous soyons toujours de simples serviteurs. Nous sommes charger de transmettre la parole de Dieu, mais pas de l’imposer !  Sachant cela il nous faudra grandir dans l’accueil patient, comme Dieu lui-même est patient avec nous !  Il se peut en effet qu’une personne vienne nous voir plusieurs fois en écoute ,et que nous nous apercevions qu’elle ne chemine pas vraiment, cette patience nous interdit alors de la remballer en lui disant «  je ne veux plus que tu viennes me voir, je ne peux rien pour toi tu ne m’écoutes pas »   Nous aurons en ce cas à être ferme, mais patient, car il se peut que nous soyons le seul point de repère de cette personne … l’amour est patient et n’a pas de limites … soyons donc prêts à vivre de cette patience. Si vraiment nous n’y arrivons plus, alors dirigeons la, très fraternellement, vers une autre personne, mais surtout ne l’abandonnons pas.

Rappelons nous aussi que dans l’écoute, nous ne sommes pas le guide spirituel, il peut donc être judicieux dans certains cas de renvoyer la personne à son guide si elle en a un ou lui conseiller de s’en trouver un. ..

Rester dans l’humilité du service.

Un des grands risques que nous pouvons rencontrer dans l’écoute spirituelle, c’est de nous sentir supérieur aux autres à un moment donné. Nous nous positionnons alors comme un enseignant devant son élève, et de ce fait même nous ne sommes plus en notre cœur dans la position du serviteur !

Certes concrètement nous apportons à celui qui vient vers nous, mais nous ne pourrions rien lui apporter de positif spirituellement parlant, si Dieu n’était pas devant nous ! N’oublions jamais cela et restons en notre cœur toujours comme un outil de Dieu, reconnaissant que c’est Lui seul qui convertit et non pas nous… Nous ne sommes que l’arrosoir, Dieu est le jardinier !

Par ailleurs rappelons nous que nous aussi, nous sommes faibles et pécheurs, alors ne jugeons pas, ne rabaissons pas en notre cœur ceux qui viennent vers nous, mais au contraire, apprenons à compatir à sa misère, comme Jésus y compatit.

Ecouter n’est pas résoudre

On ne peut pas toujours résoudre les problèmes qui nous sont posés ou répondre clairement à toutes les questions. Il faut déjà savoir accepter cette limite avant toute écoute. Et parfois même si nous le pouvons, il peut être salutaire pour l’accueilli que nous ne le fassions pas mais que nous l’amenions à le faire lui-même.

Si nous sommes vraiment écoute, nous allons aider la personne à sortir tout ce qu’elle a au fond d’elle-même. Une fois cela fait il convient de l’aider à faire le tri en tout ce qu’elle a pu dire. L’aider à remettre les choses dans un bon ordre de priorité ou dans une bonne compréhension. On peut lui indiquer une route à suivre, des gestes à poser, mais ce sera en tout état de cause à elle de décider si elle veut le vivre ou pas, la liberté est primordiale dans le chemin spirituel. Notre tache consiste à aider les gens à « vider leur cœur » pour que Dieu puisse le remplir lui-même.

Garder le silence

La majeure partie de l’écoute est justement d’écouter, il nous faut donc savoir garder le silence le temps nécessaire, afin que l’autre puisse dire tout ce qu’il a au fond de lui. Il ne s’agit pas tout de même de faire comme un psy qui vous colle dans un fauteuil pendant l’heure et ne répond pas, n’interroge pas … le partage est la règle de l’écoute, mais nos paroles ne doivent avoir pour but que d’aider l’autre à ouvrir son cœur, ou à l’éclairer. C’est lui le centre de la rencontre pas nous ! 

Il faut aussi garder le silence sur tout ce qui a été dit. La rencontre spirituelle demande le respect du « secret professionnel ». La confiance de la personne qui vient à vous ne doit jamais être trahie. C’est facile à comprendre mais c’est bien plus difficile à vivre, il faut donc être vigilant à ce niveau … cela s’acquiert aussi avec la pratique et avec la vigilance personnelle 

 En résumé l’écoute consiste à :

- Accueillirquelqu'un tel qu'il est et tel qu'il se présente, sans le juger.

- Ecouter ce qu'il dit de lui-même et de sa vie : ses joies, ses projets, sa prière, ses doutes, ses difficultés, ses questions, ses peurs ...

- Aider à faire le tri dans toutes ses pensées et ses réactions, à voir ce qui est le plus important, à discerner ce qui va dans un sens positif et ce qui va dans un sens négatif. Aider ainsi à préparer des décisions, grandes ou petites, qui permettent d'avancer selon l'Evangile. L'accompagnateur ne décide pas à la place de l'autre, mais il peut l'aider à être au clair avec lui-même, avant de prendre une décision.

- Proposer des moyens pour une croissance humaine et spirituelle : rythme de vie, pratique de prière, lectures, retraite adaptée, démarches nouvelles ...

Et tout cela en restant uni à Dieu car c’est lui qui doit agir en nous !

 

Comment devenir un bon accompagnant spirituel ?

  • D’abord en devenant toujours de plus en plus une âme de prière, c'est-à-dire non pas une âme qui récite des prières mais une âme qui vit en cœur à cœur permanent avec Dieu.

  • L’accompagnant devient donc un amoureux de Dieu, et par cela même, en Dieu, il devient un amoureux des âmes, et leur salut devient sa principale préoccupation.  c’est dans cette optique qu’il deviendra « écoute en Dieu »

  •  Cela étant, pour garder ce niveau d’écoute il faut sans cesse examiner son propre cœur: est-ce que j’aime la personne qui est devant moi comme Dieu l’aime ? Est-ce que je suis serviteur de cette personne ou est-ce que je me sens supérieur à elle ?  Est-ce que je veux la diriger, lui imposer ma façon de voir ou est ce que je me laisse vraiment faire par l’Esprit Saint pour la guider?  Ces questions ne sont ni anodines ni facultatives, elles doivent être sans cesse en nous, car nous pouvons être un jour un très bon accompagnant et devenir ensuite le pire, si nous n’y prenons pas garde. Etre un accompagnant spirituel n’est pas une qualité permanente c’est un service qui nous est attribué et dans lequel nous devons être très vigilant.

  •  Si nous nous apercevons que lors d’une rencontre nous ne sommes pas dans le « bon état », alors rentrons immédiatement en nous-mêmes, demandons pardon à Dieu et demandons Lui sa grâce pour accueillir cette personne en Lui.

  •  Si vraiment, il nous arrive d’avoir une aversion irréversible pour quelqu’un  (ça peut arriver, nous sommes humains, limités et tributaires de nos propres blessures) alors, demandons a quelqu’un d’autre de prendre cette personne en charge. Nous avons la chance d’être un groupe d’accueil, soyons solidaire les uns des autres. Mais par ailleurs voyons à trouver en nous ce qui nous bloque dans cet accueil et tournons nous vers Dieu pour en être guéri, délivré. Il est possible en effet que l’accueil des autres réveille en nous des blessures insoupçonnées, n’en ayons pas peur et laissons Dieu intervenir en nous. Il ne peut nous demander une œuvre sans nous donner les moyens pour l’accomplir.

  •  Rester un bon accueillant implique que nous aussi nous soyons suivis de façon régulière, et on en revient encore une fois à la nécessité d’un guide spirituel !

Tout cela n’est qu’une introduction à la vie d’écoute spirituelle, mais ce sont les premiers pas nécessaires … à nous de voir si nous sommes prêts à les vivre.  

On n’est pas accompagnant spirituel du jour au lendemain, on le devient avec la grâce de Dieu, et il nous appartient en suite de toujours veiller à bien le rester.

Tout est grâce en Dieu et rien n’est acquis définitivement !

 

Myriam de Gemma 2010

Enseignement  pour la fraternité

 

Date de dernière mise à jour : 2015-11-25