Passioniste de Polynésie

Lavement des pieds

Lavement des pieds awVivre le service des frères ou le sens du lavement des pieds

 

 Introduction

 Le texte du lavement des pieds est un texte très connu mais souvent bien peu compris. Riche en symboles il est difficile à cerner et encore plus difficile à imiter.  Nous ne pouvons en effet le prendre au pied de la lettre ….et passer notre temps à laver les pieds de nos frères et sœurs …. Bien que ce serait déjà là un excellent exercice d’humilité !

Aussi nous contentons nous de le voir vivre parfois le Jeudi Saint par le curé de notre paroisse …. Et puis nous passons à autre chose ! C’est pourtant un texte très important aussi bien pour saisir l’amour de Jésus que pour parvenir à vivre de cet amour avec nos frères.

Le texte du lavement des pieds se trouve au début de la Passion du Christ. Et ce n’est pas pour rien que Jésus a attendu ce moment très particulier pour vivre cela avec ses apôtres, car enfin depuis trois ans qu’il vivait avec eux, il avait eu le temps de le leur montrer… pourquoi ce moment précis ? C’est que ce geste du Christ ouvre sur l’offrande de soi aux autres et conduit à la croix, c’est-à-dire à l’offrande totale de soi, sans aucun retour en arrière, car il est mû non par une obligation de quelque ordre que ce soit, mais par l’amour,…l’amour de Dieu

Par ailleurs, Jésus sait à ce moment là, qu’il ne lui reste plus guère de temps pour former ses apôtres, il doit donc leur laisser des signes forts qu’ils comprendront plus tard et qu’ils garderont.

Prenons donc le temps de regarder ce texte et voyons ensuite ce qu’il nous invite à vivre, et nous serons alors capables de voir, si oui ou non, nous sommes prêts à suivre le Christ sur son chemin.

Le texte biblique Jean 13/1.19

Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. 2 - Au cours d'un repas, alors que déjà le diable avait mis au cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le livrer, 3 - sachant que le Père lui avait tout remis entre les mains et qu'il était venu de Dieu et qu'il s'en allait vers Dieu, 4 - il se lève de table, dépose ses vêtements, et prenant un linge, il s'en ceignit. 5 - Puis il met de l'eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. 6 - Il vient donc à Simon Pierre, qui lui dit : " Seigneur, toi, me laver les pieds ? " 7 - Jésus lui répondit : " Ce que je fais, tu ne le sais pas à présent ; par la suite tu comprendras. » 8 - Pierre lui dit : " Non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais !  " Jésus lui répondit : " Si je ne te lave pas, tu n'as pas de part avec moi. " 9 - Simon Pierre lui dit : " Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! " 10 - Jésus lui dit : " Qui s'est baigné n'a pas besoin de se laver ; il est pur tout entier.  Vous aussi, vous êtes purs ; mais pas tous. " 11 - Il connaissait en effet celui qui le livrait ; voilà pourquoi il dit : " Vous n'êtes pas tous purs. " 12 - Quand il leur eut lavé les pieds, qu'il eut repris ses vêtements et se fut remis à table, il leur dit : " Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? 13 - Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. 14 - Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.   15 - Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi comme moi j'ai fait pour vous. 16 - En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son maître, ni l'envoyé plus grand que celui qui l'a envoyé. 17 - Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites. 18 - Ce n'est pas de vous tous que je parle ; je connais ceux que j'ai choisis ; mais il faut que l'Écriture s'accomplisse : Celui qui mange mon pain a levé contre moi son talon. 19 - Je vous le dis, dès à présent, avant que la chose n'arrive, pour qu'une fois celle-ci arrivée, vous croyiez que Je Suis.  

Quelques remarques sur le texte

 « Jésus, sachant que son heure était venue »

Jésus sait ce qui l’attend, …. Il sait qu’il va mourir et il sait dans quelles conditions, il l’a annoncé déjà plusieurs fois aux apôtres qui ont bien de mal à réaliser les choses !

Devant monter à Jérusalem, Jésus prit avec lui les Douze en particulier et leur dit pendant la route : 18 - " Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort 19 - et le livreront aux païens pour être bafoué, flagellé et mis en croix ; et le troisième jour, il ressuscitera.  "   Matthieu 27/17.19

Il a dit oui !

Je suis le bon pasteur; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. 12 - Le mercenaire, qui n'est pas le pasteur et à qui n'appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s'enfuit, et le loup s'en empare et les disperse.   13 - C'est qu'il est mercenaire et ne se soucie pas des brebis. 14 - Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, 15 - comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis. 16 - J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur ; 17 - c'est pour cela que le Père m'aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre. 18 - Personne ne me l'enlève ; mais je la donne de moi-même.  J'ai pouvoir de la donner et j'ai pouvoir de la reprendre ; tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père.  « Jean 10/11.18

Mais les apôtres eux, n’ont pas saisi cette offrande, ce don que Jésus fait de lui-même, ils en restent à l’apparence des choses, au « convenable » ; or il ne convient pas que le maître s’abaisse devant ses élèves pour leur laver les pieds, ce devrait plutôt être le contraire ! Et nous voyons Pierre réagir fortement !

 Pierre lui dit : « Non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais ! »

Il ne peut tolérer un tel abaissement surtout de Celui qu’il considère non seulement comme un maître mais comme le Messie, le Fils de Dieu, tel qu’il l’a confessé précédemment.

Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question : " Au dire des gens, qu'est le Fils de l’homme ? " 14 - Ils dirent : " Pour les uns, Jean le Baptiste; pour d'autres, Élie ; pour d'autres encore, Jérémie ou quelqu'un des prophètes " - 15 - " Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ?" 16 - Simon Pierre répondit : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant." 17 - En réponse, Jésus lui dit : "Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux ».  Matthieu 16/13

Pierre ne peut saisir à ce moment là, la portée du geste de Jésus car il n’a pas compris et donc pas pu accepter l’annonce de la Passion. Il ne comprend pas que Jésus fait sienne la décision humaine des autres, pour se l’approprier et en faire don comme son testament. En fait il ne comprendra cela qu’après la mort et la résurrection de Jésus et plus encore après la Pentecôte ! Mais pour l’heure Jésus doit vraiment l’inviter à se laisser faire !

Jésus lui déclara : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant; plus tard tu le comprendras. (….)Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi.»

La fin de la phrase est terrible pour Pierre, il a tout abandonné pour suivre Jésus, et là Jésus lui dit que s’il refuse de se laisser faire, s’en est fini, il ne fera plus partie du Royaume de Dieu, il n’aura plus rien à voir avec Lui ! Pierre ne comprend toujours pas l’importance du geste de Jésus, mais ce qu’il sait c’est qu’il veut rester avec lui, et alors son adhésion est toute aussi entière que son refus :

Simon Pierre lui dit : " Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! "

Et Jésus doit lui expliquer que ce geste est purification, et purification de tout l’être !

Jésus lui dit : " Qui s'est baigné n'a pas besoin de se laver ; il est pur tout entier. 

Il montre ainsi à Pierre et aux autres apôtres que pour entrer dans le Royaume de Dieu, pour être un vrai disciple, il faut se laisser purifier par Lui !

Avec tout cela nous pouvons donc dire que dans le contexte de Jésus, ce geste est

1/signe d’amour et d’infini respect, car Jésus ne lave pas les pieds de ses disciples, comme on pourrait passer un coup de serpillière, il ne le fait pas à la va vite, il prend le temps avec chacun. De même il ne demande pas aux apôtres de venir devant lui pour se faire laver les pieds, mais c’est lui qui va vers eux, (comme le Père de l’enfant prodigue !) En fait, à travers ce geste Jésus révèle aussi aux apôtres, et à travers eux à tous les hommes, leur dignité d’enfants de Dieu, leurs extraordinaire dignité d’enfants bien aimés du Père et ce malgré toute la poussière qu’ils ont sur les pieds, c'est-à-dire leur faiblesses humaines et donc toutes leurs fautes !

2/ signe et appel à l’humilité. Jésus en effet est le maître, et il se baisse pour atteindre les pieds de ses apôtres ! On peut même dire qu’il se met à genou, pour accomplir son geste ! Ce n’est pas une humilité servile, une humilité forcée qui dégraderait l’homme, non l’humilité de Jésus est volontaire et vécue dans l’amour de l’autre. Parce que Jésus aime, il se donne dans ce geste de service, il abdique toute supériorité, il se fait petit avec les petits, plus même il met le petit à son niveau, comme d’égal à égal. L’amour élève, et n’écrase jamais ! ….

3/ signe de service : Jésus prends là le rôle de serviteur, plus même car de son temps ce sont les esclaves qui remplissaient cette fonction. Jésus nous montre là ce qu’il est vraiment comme on peut le lire en Marc 10/45

« Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir » Marc 10/45

4/ signe et geste de purification, il faut être purifié par le Christ pour participer à son royaume, pour avoir part avec lui. Et cette purification est capitale ! On ne peut suivre le Christ sans se laisser faire par Lui, sans se laisser purifier par Lui. Jésus ne juge pas, ne condamne pas, il est venu pour sauver !

Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.   Jean 3/17

5/ signe d’obéissance et d’offrande totale

Nous l’avons dit ce geste est posé juste avant la Passion et donc la mort sur la croix. Jésus a dit ce oui incroyable : « oui, j’accepte de mourir pour tous les hommes », c’est un oui à l’amour, un amour qui se donne totalement, pour tous et sans aucune condition. Ce oui est une réponse à l’appel qui lui vient du Père, nous le comprenons plus clairement lorsque au jardin des oliviers il dira :

Étant allé un peu plus loin, il tomba face contre terre en faisant cette prière : " Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux.  « Matthieu 26/39

Jésus aime le Père, il ne fait qu’un avec Lui, il ne lui refuse rien, pas même sa vie, pas même toutes les souffrances par lesquelles il va devoir passer afin que l’homme soit sauvé. 

Lavement des pieds et eucharistie.

Avant de voir ce que peut signifier pour nous ce texte il est bon de souligner ici, au moins brièvement, le lien du lavement des pieds avec l’eucharistie.

Le Seigneur à lier ces deux évènements en les réalisant au cours de la même soirée, sa dernière soirée ! Il nous montre par là que nous avons besoin d’être purifiés pour le recevoir dans l’eucharistie et nous avons également besoin de l’eucharistie pour laver les pieds de nos frères. Les deux choses sont tout à fait indissociables.

En effet si nous ne laissons pas Jésus nous laver les pieds, c'est-à-dire si humblement nous ne le laissons pas venir à nous pour nous purifier, ce qu’il fait particulièrement dans les sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie, alors nous n’aurons pas la force de le suivre dans ce don d’amour de nous-mêmes aux autres.

Par son Corps et son Sang, Jésus vient faire sa demeure en nous et donc nous donner la force d’aimer nos frères et sœurs comme lui les aime, c'est-à-dire jusqu’au bout de nous-mêmes. Communier, c’est accepter que Jésus vienne en nous, non seulement pour nous aimer nous mais qu’il vienne aussi aimer les autres à travers nous. C’est ce qui fait d’ailleurs que la messe n’est jamais finie puisqu’elle est amour de Dieu et des autres ! 

Que signifie ce texte pour nous, aujourd’hui ?

Si lorsque nous lisons ou écoutons ce texte, nous en restons au fait « historique », c'est-à-dire à l’histoire entre Jésus et ses apôtres alors nous ne nous sentirons pas vraiment concernés par son message. Pour bien en mesurer toute la portée, il nous faut le lire en nous mettant à la place des apôtres, et considérer que c’est à nous que le Christ s’adresse , que c’est à nous qu’il lave les pieds, et que c’est à nous qu’il demande de faire de même. C’est là une lecture qui va nous engager dans une écoute de l’appel de Jésus, et c’est donc une lecture qui risque fort de nous remettre en question dans notre façon de penser et de vivre notre foi au quotidien … Sachons-le bien, car c’est cela même que Jésus voulait en posant ce geste si fort.

Jésus, le fils de Dieu, est là qui se met à genou devant nous !

Fermons les yeux un instant et intérieurement prenons place au repas de la sainte cène et regardons le Christ qui se met à nos pieds pour nous les laver.

Jésus est là qui se défaisant de ses habits, prend le tablier pour nous laver les pieds ! Lui le Fils de Dieu se positionne devant nous comme le plus humble des serviteurs. Il se met en dessous de nous !

Ce geste que nous aurions du mal à accepter, que nous refuserions même de la part d’un hôte de marque qui viendrait chez nous, pouvons nous vraiment l’accepter de la part du Fils de Dieu, de Dieu lui-même ?

Comme Pierre on peut réagir « non tu ne laveras pas les pieds »

Certes ce n’est pas si facile et il serait aisé ici de s’arrêter, en se disant que ce n’est là qu’une image, et qu’heureusement nous n’avons pas à vivre concrètement cela ! … mais n’est-ce vraiment qu’une image ?

Ou alors comme Pierre, nous pourrions nous entendre dire à Jésus, « non ce n’est pas possible, Toi, Dieu, tu ne peux pas me laver les pieds ! Tu ne peux pas t’abaisser ainsi !»

Ce serait là une réaction humaine normale au premier abord. Et sans doute nous faut-il que comme à Pierre Jésus nous dise :

« Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi.»

Pour que nous acceptions d’aller plus loin que notre première réaction. Et que nous acceptions aussi que Jésus fasse ce qu’il veut, pourvu que nous puissions rester avec Lui !

Et alors en nous laissant faire, nous pourrions comprendre à quel point nous avons besoin d’être débarrassé de notre poussière, c'est-à-dire d’être purifié de nos fautes, et par la même découvrir de quel amour infiniment miséricordieux Dieu nous aime.

Le lavement des pieds c’est cela : se laisser approcher par le Christ et se laisser purifier par lui car sans cette purification il ne peut y avoir de réelle communion, en effet, si Dieu est tout amour il est aussi toute sainteté, et la sainteté ne s’accommode pas de la boue de nos péchés.

Alors nous entrevoyons que ce lavement des pieds n’est pas qu’une simple image, nous le vivons ! Nous le vivons chaque fois que Dieu se fait tout petit pour s’abaisser jusqu’à nous, jusqu’à notre misère. Nous le vivons à chaque fois que nous recevons le sacrement de réconciliation, à chaque fois que nous communions à son Corps et son Sang dans l’eucharistie, Dieu se fait alors notre humble serviteur pour se faire notre nourriture, notre vie !  

Mais avons-nous vraiment conscience de cela lorsque nous vivons ces sacrements ?

Et Jésus nous dis : «  ce que je viens de vous faire, faites le vous aussi aux autres

Et puis Jésus nous dit :

Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi comme moi j'ai fait pour vous.

Jésus nous l’avons vu, en Marc 10/45, est venu pour servir et non pour être servi. Il nous appelle donc à faire de même. Et il nous appelle à le faire comme lui dans l’amour et non dans la contrainte selon son propre commandement :

Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jean, 13, 34).

Mais la question alors se pose : comment servir mes frères et sœurs comme le Christ et jusqu’où doit aller ce service ?

Bien des pistes s’ouvrent devant nous selon notre vocation personnelle, selon nos possibilités, nos capacités humaines. Mais le tout est de le faire dans l’amour de Dieu et des autres et surtout dans le plus grand respect de ceux à qui nous rendons service.

Il existe aussi bien des niveaux de services, certains rendront service momentanément, épisodiquement, au sein d’une association caritative par exemple, d’autres iront jusqu’au bout du don de leur vie pour aider et sauver les plus démunis, à quelques niveaux que ce soit.

Et nous-mêmes, que sommes-nous prêts à vivre personnellement ? Car la question se pose à chacun de nous et c’est à chacun de nous d’y répondre en son âme et conscience, et surtout du fond de son cœur.

Mais sommes-nous prêts à le suivre jusqu’au bout du chemin ?

Sommes-nous prêts à mourir à nous-mêmes, pour l’amour de Dieu et de nos frères et sœurs dans le Seigneur ?

Laver les pieds de ses frères et sœurs c’est les servir avec amour alors même qu’ils nous ont blessés ou que nous voyons leurs fautes.

Plus même c’est nous offrir au Père en intercédant pour eux, non comme des justes, car nul ne l’est, mais comme des frères tout aussi pécheurs ayant tout autant besoin de la purification et de la grande miséricorde du Christ.

Servir ses frères c’est comme le Christ s’offrir à réparer leurs fautes, comme le Christ s’est offert au pressoir de la croix pour que nous ayons la vie éternelle.

Vivre au quotidien le lavement des pieds c’est comme Jésus :

 1/être signe d’amour et d’infini respect,

En rendant service, en nous abaissant jusqu’aux autres avec un infini respect, en bannissant tout esprit de supériorité et de condescendance. Reconnaissant que ce frère ou cette sœur, qui a besoin de moi aujourd’hui est tout aussi respecté et aimé de Dieu que je le suis.

2/ être signe et appel à l’humilité

En vivant la rencontre avec autrui dans un esprit d’humilité vraie. Il n’y a pas de honte à se mettre à genou (moralement et physiquement) devant l’autre si c’est pour le relever, si c’est pour le soigner, si c’est pour l’aimer. 

3/ être signe de service 

En étant toujours disponible aux besoins réels des autres, en étant attentionnés envers eux, sans attendre qu’ils le soient envers nous. A l’image du Christ nous sommes appelés à servir et non à être servis, à faire passer les autres avant nous-mêmes. Et si un jour nous avons besoin des autres alors sachons aussi en toute humilité et en toute reconnaissance recevoir leur aide, comme étant un cadeau de Dieu et non pas un dû.

4/ être signe et geste de purification,

En vivant dans la communion fraternelle, c’est à dire en vivant le pardon mutuel. Savoir demander pardon est tout aussi important que de savoir offrir son pardon. Nous ne pouvons aimer si nous ne pardonnons pas. Et si nous n’aimons pas les autres alors pouvons-nous vraiment dire que nous aimons le Christ ? Pouvons-nous décemment Le recevoir dans son eucharistie alors même que lui s’est offert pour nous sur la croix ?  

En aidant les autres également à faire la lumière dans leur vie, afin qu’ils puissent grandir dans l’amour de Dieu et des autres. 

5/ être signe d’obéissance et d’offrande totale

En étant comme Jésus obéissance à la volonté du Père, donc à la parole de Dieu. 

Or si pour accepter la volonté de Dieu il nous faut la connaître et donc lire sa parole, qui est la bible, il nous faut aussi l’accepter dans sa plénitude. On ne peut choisir seulement les passages qui nous plaisent, c’est toute la parole de Dieu qu’il nous faut accepter et à laquelle il nous faut nous soumettre, et l’Église est là pour nous l’enseigner.

En étant aussi obéissance à la parole de l’Église puisque c’est le Christ lui-même qui l’a instituée. Là encore on ne peut choisir uniquement ce qui nous plait, il nous faut en accepter les enseignements et les vivre, même si cela nous dérange dans notre petite vie courante.

Être obéissance est la première chose, vient ensuite le fait d’être offrande au père, comme Jésus pour tous nos frères et sœurs. Beaucoup de personnes pensent aujourd’hui que cela est réservé au religieux et consacrés, mais c’est une erreur tout chrétien est appelé à aimer les autres comme le christ c'est-à-dire jusqu’au bout d’eux-mêmes, selon leur vocation propre.  

Par ailleurs nul n’est dispensé de prier et d’intercéder pour les autres, qu’ils soient amis ou ennemis, c’est même un devoir essentiel de la charité fraternelle.

Conclusion

Ainsi nous le voyons, le geste du lavement des pieds est loin d’être sans conséquences dans notre vie, du moins si nous voulons vraiment suivre le Christ en l’imitant dans son amour de l’humanité. Le lavement des pieds nous parle sans équivoque d’amour, de service, d’humilité de purification, de don de nous-mêmes. C’est un texte très fort que nous ne pouvons laisser passer à côté de nous sans réagir.

Nous qui allons communier, pensons aussi à ce geste du Christ envers nous-mêmes, et offrons nous à lui, pour qu’il nous purifie toujours de plus en plus et qu’il nous apprenne à être offrande aussi pour les autres dans le service quotidien et dans tout ce qui peut faire notre vie, notre communion aux autres. 

Myriam de Gemma
Mai 2013

 

Date de dernière mise à jour : 2020-04-03