Passioniste de Polynésie

Méditer la parole

Introduction

On nous dit souvent : il faut lire la parole ; il faut méditer la parole...

Facile à dire … mais pas toujours facile à vivre, tant nous sommes sujets à la fatigue, aux distractions, tant nous sommes aussi limités par notre raisonnement.

Nous lisons la parole avec notre tête et nous ne savons pas la laisser descendre en nous, prendre racine en nous. Nous ne savons pas nous laisser toucher par elle, nous laisser bousculer par elle …

Devant cette difficulté, voici une petite proposition de cheminement, sachant bien que ce n’est qu’une proposition car il n’y a pas vraiment de méthode, de technique pour s’ouvrir à la grâce de la parole de Dieu.

Pourquoi est-il nécessaire de méditer la parole de Dieu ?

Tout simplement parce que c’est Dieu qui nous y parle. Et cette parole doit être pour nous comme la lettre de notre fiancé une lettre que nous lisons et relisons avec amour, pour nous imprégner d’elle, pour toucher du doigt l’amour dont nous sommes aimés. On voit donc là que lire et méditer la parole n’est pas une action purement intellectuelle et que cela ne doit pas rester au niveau de notre tête mais bien devenir une habitation du cœur.

Si nous avons conscience de l’amour de Jésus pour l’humanité et pour nous particulièrement, si nous nous sommes laissés toucher par cet amour, alors nous allons désirer répondre à cet amour, et pour cela il va nous falloir découvrir toujours de plus en plus qui est celui qui nous aime ainsi. Et le découvrant nous serons de plus en plus désireux de lui correspondre, d’être comme lui, d’aimer comme lui.

Mais pour le découvrir avec notre cœur, il faut le suivre pas à pas à travers sa parole, notamment à travers les évangiles et le laisser parler à notre cœur.

Méditer n’est donc pas un luxe, mais bien une nécessité, ce n’est pas un devoir obligé mais une nécessité d’amour.

Méditer c’est vraiment désirer rencontrer Jésus et nous ouvrir à Lui dans un cœur à cœur profond, pour vivre de Lui au quotidien, pour Le laisser vivre en nous.

Comment méditer

Ceci je le rappelle n’est qu’une proposition de chemin, une ouverture pour aller à la rencontre de l’amour de Jésus.

  1.  Tout d’abord pour que la méditation porte du fruit, il faut qu’elle soit régulière tant dans le temps que dans la durée. Rien ne nous sert en effet de méditer un jour la parole et de ne plus le faire ensuite pendant 3mois. La parole est une nourriture dont notre âme a besoin, et de même que nous mangeons régulièrement, de même nous avons besoin de nourrir notre âme régulièrement. Par ailleurs nous devons prendre une durée de temps raisonnable, c’est a dire un temps suffisamment long pour que nous puissions vivre cette rencontre de cœur avec la parole, mais pas trop longue car nous risquerions de nous y épuiser à la longue, un temps trop long que l’on s’imposerait deviendrait vite un fardeau ! Lire et méditer la parole est une rencontre d’amour, elle ne doit pas se transformer en carcan insupportable.

  1. Il faut aussi trouver un moment et un endroit où nous serons vraiment au calme. Cet endroit et ce moment peuvent varier, mais le calme doit toujours en être la priorité. Il nous faut donc éviter le moment où toute la famille par exemple est autour de nous, veiller aussi à ne pas être déranger par la musique, la radio ou toute autre animation, qui gênerait notre intériorité. Il est capital qu’au moment de cette lecture nous puissions être totalement centrés sur ce que nous lisons. Cela implique aussi de couper le Vini et la sonnerie de la porte autant que cela est possible. Il faut vraiment considérer cette rencontre avec Jésus comme un rendez-vous prioritaire … si nous avions rendez-vous avec notre supérieur professionnel, rien d’autre ne compterait. Là, le principe doit être le même ! Il est important aussi, que ce moment, soit un temps ou nous sommes bien dans notre corps, c'est-à-dire pas trop fatigué, car alors nous ne serions pas vraiment disponible à l’écoute intérieure … chacun doit voir où et quand il peut le mieux être disponible intérieurement et extérieurement à cette méditation.

  2. Quand ces deux premiers points sont bien définis, alors nous pouvons nous mettre en présence de Jésus avant de lire la parole. Là, nous devons prendre le temps d’abandonner aux pieds de Jésus, tous nos soucis, toutes nos préoccupations, toutes nos pensées, toutes nos émotions. Durant le temps de cette méditation, nous n’y penserons plus, et si les pensées ou les émotions nous reviennent, inutile de nous battre contre elles en essayant de les refouler, remettons-les simplement aux pieds de Jésus. Nous prenons donc le temps de calmer tous les mouvements de notre cœur afin que rien ne devienne obstacle à la parole en nous. Ce lâcher prise là est capital. Il est clair que si nous voulons par exemple, remplir un verre avec du lait, et qu’il contienne déjà de l’eau, nous allons devoir le vider pour pouvoir le remplir. Il doit en être de même avec notre cœur, celui-ci ne doit être ouvert qu’à Dieu et donc à ce qu’il voudra nous révéler … On ne peut rien mettre dans un verre qui est déjà plein.

  3. Nous devons aussi laisser aux pieds de Jésus tout ce que nous pouvons savoir et penser de Lui ou de la Parole. Le texte que nous allons lire, nous le connaissons sans doute déjà, mais ce texte est parole de Dieu, donc parole vivante, et par la même parole toujours nouvelle.  Nous devons accepter le principe même de cette nouveauté, et être prêt à aborder la lecture comme nous n’avions jamais lu cette parole. Cela implique d’accepter de prendre le risque que cette parole vienne nous toucher, voir nous bousculer, comme elle ne l’a encore jamais fait. Rappelons nous que nous ne méditons pas la parole pour notre petit plaisir personnel, mais bien pour rencontrer Jésus dans un cœur à cœur amoureux qui doit nous conduire à toujours plus d’amour de Lui et des autres.

  4. Quand notre esprit et notre cœur sont ainsi abandonnés à Dieu alors nous pouvons prendre la parole pour la lire. Là, deux possibilités, ou nous suivons un programme de lecture, par exemple l’évangile de Luc chapitre par chapitre, ou alors nous prenons la parole « au hasard », en ouvrant n’importe ou la Bible. Les deux sont tout à fait possible. Cependant pour débuter je conseillerai de prendre les évangiles, en suivi ou « au hasard », et cela afin d’affiner notre relation à Jésus. Une fois cette relation approfondie, enracinée, il devient plus facile de vivre la méditation des autres livres de la bible avec le cœur de Jésus.  .. 

  5. Quand nous avons la parole sous les yeux, prenons le temps de la lire une première fois pour en avoir la situation générale. Nous prenons le temps de voir la scène, de ressentir les sentiments, les pensées des différents acteurs. Il est important que nous situions bien tout le contexte. Une petite note : ne pas prendre de trop longs textes, car ils contiennent trop de données, ce qui risque d’amener une espèce cohue, de dissipation. L’important n’est pas de lire beaucoup mais de se laisser toucher par la parole. Si le texte est trop long il ne faut pas hésiter à le couper en plusieurs parties, que l’on méditera les jours suivants. Par exemple la parabole de l’enfant prodigue, peut être divisée suivant les différents temps : le départ ; la fête ; la disette, le retour, le frère ainé …)

  6. Puis nous allons la relire une seconde fois, mais plus lentement, en nous laissant toucher. C'est-à-dire que lors de notre première lecture, si nous avons pris par exemple un passage d’évangile, nous avons vu Jésus agir, ou nous l’avons entendu parler. Nous sommes peut être restés rester extérieurs à la scène ; mais là, maintenant nous nous mettons à côte ou en face de Jésus et nous considérons son action ou sa parole, comme nous étant destinée…. « Jésus c’est moi que tu touches, Jésus c’est à moi que tu parles »

  7. Nous sommes en face de Jésus et nous acceptons de nous laisser atteindre. Tout en nous se fait silence et réception. Nous ne sommes plus dans le raisonnement mais dans l’ouverture de notre cœur. et nous laissons remonter en nous ce que cette parole à touché ou réveillé.

  8. Nous nous ouvrons totalement à Jésus et nous ne résistons pas à ce que nous voyons, entendons ou ressentons. Cette rencontre là peut être calme sans ressenti particulier, elle peut aussi nous remplir d’une grande paix, d’une grande joie, ou au contraire toucher un point douloureux que nous préférerions ne pas aborder … mais quoiqu’il en soit, nous laissons le Seigneur faire, s’il nous montre quelque chose de difficile, de douloureux, c’est que justement il veut y porter le remède de son amour de son pardon. Si nous nous sentons interpellé, appelé à vivre une conversion au-delà de nos forces, là aussi, nous nous abandonnons à sa miséricorde et à sa grâce … Nous prenons conscience de la route à prendre, nous nous offrons à la suivre et nous laissons la grâce de Dieu faire son œuvre en nous. La méditation ne doit jamais amener la culpabilisation pas plus d’ailleurs que l’autosatisfaction, car tous, autant que nous sommes nous ne sommes strictement rien sans la grâce de Dieu !

  9.  Quand nous aurons bien reconnu ce qui est venu nous chercher d’une façon ou d’une autre, nous prendrons le temps de le noter succinctement car cela sera important pour la suite de notre chemin de conversion et d’amour avec Jésus. Notons sans cogiter, sans rien cacher, ces notes sont pour nous-mêmes devant Jésus, pas pour les autres. c’est en quelque sorte notre « journal intime avec Jésus ». Dieu ne fait jamais rien de façon désordonnée, ni sans raison … ce que nous vivons aujourd’hui s’inscrit dans un chemin qui a commencé depuis notre naissance et ira jusqu’à notre mort. Noter ce que nous vivons, au fur et à mesure va nous révéler ce chemin et surtout nous fera vraiment toucher du doigt de quel amour Jésus nous aime … et nous aidera donc à lui répondre de plus en plus de tout mon cœur. Pouvoir se référer à ce cheminement est aussi un excellent moyen de ne pas se décourager aux moments difficiles de notre vie … ne nous disons pas « oh je m’en souviendrai ! ».. oh oui nous nous souviendrons sans doute dans 6 mois mais dans 2 ou 3 ans ? et si nous nous en souvenons, nos souvenirs ne seront-ils pas incomplets ou déformés ? Nous venons de recevoir là un mot d’amour de Jésus et nous sommes  prêts à le laisser se perdre ? Reprenons l’image du fiancé. Quand une lettre de notre fiancé nous arrive, nous lui répondons … et bien, cette méditation est la lettre de Jésus et ce que nous écrivons est comme une réponse  « j’ai bien reçu ce que tu m’a écris, voilà comment je l’ai reçu… »  … alors prenons le temps de noter.

  10.  Quand nous avons fini de noter, relisons cela devant Jésus et voyons devant Lui ce qu’il y a lieu de vivre maintenant pour nous. La parole de Dieu est vivante, elle amène donc une transformation en moi, cela peut se traduire dans le concret de notre vie comme cela peut être simplement l’intensité de notre regard sur Jésus, qui évolue … ce qui est certain c’est que la Parole n’est jamais inactive en notre cœur !

  11.  Nous pouvons alors terminer notre méditation en prenant le temps de remercier Jésus pour tout ce qu’il nous a montré, pour l’attention qu’il nous a porté, même et surtout si sa parole nous a sérieusement bousculé .

    Myriam de Gemma 

 

Date de dernière mise à jour : 2015-11-25