Passioniste de Polynésie

L’acte de compassion

 

 Qu’est-ce que la compassion ? Selon le dictionnaire « La compassion est le sentiment par lequel on est porté à percevoir ou ressentir la souffrance des autres, et poussé à y remédier. Le mot compassion provient du latin cum patior, « je souffre avec ».

On comprend donc tout de suite que l’on est loin ici du «  ça fait pitié » que nous entendons si souvent ! La compassion conduit à des actes et non à un sentimentalisme de paroles !

A ce niveau la parabole du bon samaritain, nous est un excellent enseignement à méditer ! (Luc 10/30.37)

Jésus reprit : " Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba au milieu de brigands qui, après l'avoir dépouillé et roué de coups, s'en allèrent, le laissant à demi mort.   31 - Un prêtre vint à descendre par ce chemin-là ; il le vit et passa outre.   32 - Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa outre.   33 - Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié.   34 - Il s'approcha, banda ses plaies, y versant de l'huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l'hôtellerie et prit soin de lui.   35 - Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l'hôtelier, en disant : "Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour. "  36 - Lequel de ces trois, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme tombé aux mains des brigands ? "  37 - Il dit : " Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui.  " Et Jésus lui dit : " Va, et toi aussi, fais de même.  "  

Mais comment vivre nous mêmes de cette compassion ? Regardons Dieu, Jésus, Marie .... Et voyons ce qu’ils nous montrent

A la manière de Yahvé, s’engager dans l’histoire des hommes

Yahvé dit : " J'ai vu, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J'ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses.  8 - Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de lait et de miel, vers la demeure des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Perizzites, des Hivvites et des Jébuséens.  Ex 3/7.8

L’ancien testament nous montre à quel point Dieu a pris soin de son peuple, intervenant lui-même dans son histoire en tant que peuple.

 Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? Devons-nous engager dans la politique pour faire avancer la vie de notre peuple ? Non, cela signifie que nous avons à lutter pour des causes justes, telle la paix, l’égalité, le bien être de chacun, le droit au logement, à la santé, à manger ... Cela se fait sur le terrain et peut changer bien des choses, sans qu’il devienne nécessaire de rentrer dans les combats politique ! ( je parle ici de politique politicienne ) Nous avons de cette manière, à participer à l’histoire de notre peuple. Mais chacun aussi doit savoir discerner là où le Seigneur l’appelle car nul ne peut être sur tous les fronts, et nul ne peut garder sa vie intérieure, c'est-à-dire son union profonde à Dieu dans la dispersion des actions. Quoiqu’il en soit notre comportement du quotidien est important et a des conséquences. 

Un simple exemple, si je vais faire mes courses le dimanche, je manque à la parole de Dieu (cf 10 commandements : respecter le sabbat) et je fais travailler quelqu’un ce jour là, je lui interdis donc d’être avec sa famille ; sans compter que par ailleurs je nie le combat des « anciens » qui, dans l’histoire du travail, ont donné leur vie pour ce jour de repos hebdomadaire! Or, soyez en surs, si un commerçant ne rentabilise pas sa journée d’ouverture, alors il restera fermé !!!! Voilà ou le combat se trouve sur le terrain et non pas dans la politique ....Quant à mes courses, si je m’organise, je peux très bien les faire un autre jour. Cela est aussi à ma simple mesure travailler à l’histoire de mon peuple ! Il est clair que si je suis la seule personne à ne pas aller faire mes courses le dimanche cela ne générera pas grand changement, mais d’une part, moi j’aurai été fidèle à la parole de Dieu, ce qui est loin d’être négligeable et d’autre part, par mon comportement et ma parole, je peux amener les autres aussi à changer de conduite ! .... Et on pourrait trouver ainsi bien d’autres exemples.

Dieu a pris soin de son peuple, nous avons, nous aussi, à nous conduire pour le respect du nôtre ! Nous sommes bien placés pour voir l’inefficacité de la politique depuis 4 ou 5ans ... Alors à nous de voir comment nos comportements peuvent amener nos concitoyens à trouver paix, équilibre, justice, bonheur  etc. au sein de la société qui est la nôtre. Cela aussi est compassion.

A la manière de Jésus lutter contre la souffrance des hommes et les faire exister

Jésus de son vivant a pris soin de tous ceux qui venaient à lui, les enseignant, et pardonnant leurs péchés, les guérissant, les ressuscitant même de la mort, comme il le fait avec Lazare !

Il parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple.   24 - Sa renommée gagna toute la Syrie, et on lui présenta tous les malades atteints de divers maux et tourments, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques, et il les guérit.   25 - Des foules nombreuses se mirent à le suivre, de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et de la Transjordanie.   Mat 4/23.25

Certes nous n’avons pas comme Jésus la capacité de guérir et encore moins de ressusciter les morts, nous ne sommes pas non plus  médecins, psychologues ... etc... Alors que pouvons-nous vivre ?

Nous pouvons aimer tous ceux qui nous entourent et répondre au mieux de nos capacités, pour soulager leur souffrance. Cela peut aller d’un simple sourire au voisin que tout le monde fuit, au casse-croute offert au sdf au coin de notre rue, à un conseil donné pour voir plus clair dans la vie, ou à une orientation vers les service sociaux, cela peut aussi être accueillir chez nous temporairement une personne en difficulté... etc. .. La liste peut être longue. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que Jésus ne s’est pas contenté de dire aux gens qui venaient à lui « courage ! Je t’aime » ou « courage Dieu t’aime ! » ou encore « prie et Dieu t’aidera ! », Non, il a posé des actes concrets. Il nous demande aussi de poser des actes concrets, tangibles, efficaces, et surtout remplis d’amour. Car c’est bien sur notre amour que nous aurons à rendre des comptes à Dieu le moment venu.

" Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. 32 - Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. 33 - Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.   34 - Alors le Roi dira à ceux de droite : "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. 35 - Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, 36 - nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. "  37 - Alors les justes lui répondront : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer,  38 - étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, 39 - malade ou prisonnier et de venir te voir ?" 40 - Et le Roi leur fera cette réponse : "En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. "  41 - Alors il dira encore à ceux de gauche : "Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. 42 - Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire, 43 - j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité. " 44 - Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ?" 45 - Alors il leur répondra : "En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. " 46 - Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle. "   Mat 25/31.46

A la manière de Marie qui se « tenait debout » au pied de la croix

Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala.      Jean 19/25

Au premier regard, ce que l’on constate c’est que Marie accompagne son fils jusqu’au bout, jusqu’à la mort. Cela doit être pour nous un exemple, non seulement pour accompagner dans l’épreuve ceux qui nous sont proches, mais aussi ceux que nous rencontrons. Or bien souvent, devant la souffrance de l’autre, vu notre impuissance à l’aider, nous avons tendance à rester au loin... Nous nous justifions alors en nous disant que de toute façon nous ne pourrons rien pour cette personne. Marie non plus ne pouvait rien pour sauver son Fils, mais elle était là ! En silence, et dans l’amour !  Elle était là et elle partageait sa souffrance. Il faut bien savoir que, quelqu’un qui est en grande souffrance, dans la solitude, ou même au bord de la mort, ne demande souvent rien d’autre qu’une main chaleureuse, une main qui, par sa simple présence,  lui dise qu’il n’est pas seul, qu’il est aimé !

Mais la compassion c’est aussi la communion à La Passion du Christ

Tout ce que nous avons dit plus haut reste comme extérieur à nous, ce sont des actes « épisodiques » que nous posons. Cependant l’esprit de compassion dépasse, et de loin ces actes, la compassion est vraiment communion à la Passion du Christ, pour les âmes.  

 Il nous faut alors apprendre à entrer dans l’offrande d’obéissance et d’amour de Jésus 

Tout grand prêtre, en effet, pris d'entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, afin d'offrir dons et sacrifices pour les péchés.   2 - Il peut ressentir de la commisération pour les ignorants et les égarés, puisqu'il est lui-même également enveloppé de faiblesse,  3 - et qu'à cause d'elle, il doit offrir pour lui-même des sacrifices pour le péché, comme il le fait pour le peuple.   4 - Nul ne s'arroge à soi-même cet honneur, on y est appelé par Dieu, absolument comme Aaron.   5 - De même ce n'est pas le Christ qui s'est attribué à soi-même la gloire de devenir grand prêtre, mais il l'a reçue de celui qui lui a dit : Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré ;  6 - comme il dit encore ailleurs : Tu es prêtre pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédech.   7 - C'est lui qui, aux jours de sa chair, ayant présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé en raison de sa piété,  8 - tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance ;  9 - après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel,  10 - puisqu'il est salué par Dieu du titre de grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech.   Heb 5/1.10

Jésus est là, mourant sur la croix, il offre totalement sa vie. Ne perdons jamais de vue, que personne ne lui a pris sa vie, mais qu’il la offerte de lui –même. Il l’a offerte volontairement selon l’appel du Père.

Et le Père ? A-t-il regardé ça du « haut de son nuage » ? Non, rappelons nous la parole de Jésus : «  Le Père et moi nous sommes UN » .... Le Père était bien là, à la mort de Jésus ! Comment aurait-il pu être « absent » au moment le plus important du salut des âmes ? Comment aurait-il pu être absent, dans l’offrande de son « Unique » ? Oui le Père participe à la Souffrance du Fils ! C’est là un grand mystère de l’amour divin sur lequel nous nous penchons bien peu, mais qui est !

 Et Marie ? Outre qu’elle est là physiquement, au pied de la croix, elle a vécu la croix avec Jésus tout au long de sa vie, la fête de Notre Dame des Douleurs nous le montre bien, avec les 7 douleurs : la prophétie de Siméon, la fuite en Egypte, La disparition de Jésus à 12 ans, le portement de Croix, La crucifixion, La déposition de Croix, La mise au tombeau.

Quand Marie a dit oui au Père, pour devenir la Mère de Jésus, elle n’a pas seulement dit oui pour la joie d’avoir un enfant ! Elle a dit oui à tout ce que la vie de cet enfant allait comporter ! Et toute sa vie, Marie a tout partagé avec Jésus, elle a tout porté avec lui. En cela elle s’est vraiment offerte à l’union de la croix. Et au pied de la Croix, croix qui la rejoint en plein cœur, elle redit ce oui !

Marie nous montre, ce qu’est l’esprit de compassion : c’est de tout recevoir de la main de Dieu, de tout accepter avec une égale confiance, un amour égal, et d’offrir vraiment toute notre personne, pour que l’oeuvre de salut des âmes puisse aussi se faire au traves de nous !

Certes, Dieu n’a pas besoin techniquement de nous pour sauver les âmes, mais il désire notre amour. Seulement voilà ! Jusqu’où va notre amour de Dieu ? Jusqu’où va notre amour des âmes ? Car c’est là que va se déployer en nous l’esprit de compassion, la vie de compassion !

Vu simplement de l’extérieur, ça donne vraiment envie de fuir ! Et il y aurait de quoi si cela dépendait de nos forces, mais il ne faut pas oublier la grâce de Dieu et quand Jésus dit :

" Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai.   29 - Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. 30 - Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger.  "       Mat 11/28.30

Il ne ment pas ! Mais il faut s’engager sur le chemin pour le vérifier ! Que se passe-t-il sur ce chemin lorsqu’on l’emprunte ?

C’est tout simple ! C’est Jésus qui nous enveloppe de son amour et qui nous porte ! la souffrance est là certes, mais elle importe peu, car l’amour de Jésus est bien présent, c’est un baume puissant sur le cœur, et ce baume permet d’avancer au milieu des épreuves, de façon paisible, persévérante, et amoureuse !

Dès lors que nous savons cela, et surtout que nous avons commencé à l’expérimenter, il n’y a plus d’excuse pour nous, et comme le dit St Paul :

C'est un devoir pour nous, les forts, de porter les faiblesses de ceux qui n'ont pas cette force et de ne point rechercher ce qui nous plaît. 2 - Que chacun d'entre nous plaise à son prochain pour le bien, en vue d'édifier. 3 - Car le Christ n'a pas recherché ce qui lui plaisait ; mais comme il est écrit : Les insultes de tes insulteurs sont tombées sur moi.   Rm 15/1

 Nous voyons bien là, que c’est tout un cheminement à parcourir, toute une conversion intérieure à vivre. Ce cheminement ne peut se faire en un jour   Nous aurons donc l’occasion de revenir sur ce thème  régulièrement pour l’approfondir   

Puissions-nous grandir dans cette découverte extraordinaire de l’amour de Dieu, et dans l’esprit de Compassion !

Myriam deGemma

 

Date de dernière mise à jour : 2015-11-24