Passioniste de Polynésie

KerAnnA 05 mai 2021

Logo kerannaAvec Sainte Anne, veiller et aimer !

N° 5/5ème année      Mai 2021

Bonjour à tous !

Nous revoilà avec joie dans le mois de Marie ! Accueillons-la avec amour, et prions-la avec amour pour l’Église et pour le monde.

La bouchée du mois :     La communion des saints (III)             

Nous avons vu les deux dernières fois que la communion des saints comportait deux aspects complémentaires :

- la communion aux sancta, les « choses saintes »,

- et la communion des sancti, les personnes qui choisissent de

            se laisser sanctifier par les sancta.

Nous allons voir maintenant que ces sancti comportent trois catégories de personnes.

1. Sur la terre comme au Ciel :

• Il y a d’abord le groupe de tous ceux qui nous ont précédés dans la foi, et qui sont maintenant dans l’éternité. C’est le groupe le plus nombreux, puisque l’Église est née il y a deux mille ans.

• Ils se subdivisent eux aussi en deux groupes : ceux qui sont déjà dans le bonheur de Dieu et forment l’Église triomphante, et ceux qui sont encore dans un processus de sanctification - qu’on appelle ‘purgatoire’ -, et qui  forment l’Église souffrante.

• Quant aux sancti qui sont encore sur terre - donc nous ! -, ils forment l’Église militante (du latin miles = « soldat »), car ils luttent encore contre les trois grands ennemis de la sainteté que sont l’esprit du monde, les penchants de la nature humaine et les ruses du diable.

Mais quel que soit notre « état », nous communions dans la même charité envers Dieu et envers le prochain, chantant à notre Dieu le même hymne

de gloire (CEC 954).

2. Grandir en communion :

• Ceci étant posé, comment la communion des sancti peut-elle se vivre et s’accroître ? De trois manières :

- par notre communion avec les saints du ciel qui ne cessent de prier pour nous et de nous aider, et par leur intercession pour nous ;

- par notre intercession pour les défunts pour qui nous offrons messes et prières, et dont nous savons qu’ils nous aident ;

- et par la communion entre nous, qui se vit par notre charité mutuelle et notre louange unanime de la Très Sainte Trinité (CEC 959).

Le Saint du mois

• En ce mois de Marie, nous allons découvrir une vénérable très mariale, María de Jesús de Ágreda, en français Marie d’Agréda. Espagnole, María Coronel y Arana naît le 2 avril 1602 à Agreda, dans la Province de Soria. À seize ans, elle entre avec sa mère et sa sœur dans l’ordre franciscain de l’Immaculée-Conception (dont le dogme sera proclamé 252 ans plus tard !), dans sa propre maison, que sa mère avait transformé en couvent à la suite d’une vision. Son père et ses deux frères rejoignent les Franciscains du Saint-Sacrement.

• Les premières années sont spirituellement mouvementées, elle a des extases, des lévitations, des bilocations qui attirent la curiosité. Mais elle prie avec succès pour en être délivrée. Un fait extraordinaire, toutefois, retient l’attention : son désir de sauver les âmes est si fort qu’elle part de nombreuses fois, par bilocation, de 1622 à 1625, évangéliser des indiens du Nouveau Mexique, du Texas et de l’Arizona. Elle a vingt ans.

• On le sait grâce à une divine coïncidence : en 1629 un groupe d’indiens Jumanos (= indiens Pueblo) se présente à la mission du Franciscain Juan de Salas, à Isleta au bord du Rio Grande, et lui demande de venir baptiser leur tribu. Ils lui expliquent qu’une Dame en bleu est venue de nombreuses fois (environ 500 fois) les catéchiser et leur a demandé de se faire baptiser. Or celui-ci vient juste de recevoir un courrier de l’Inquisition espagnole, lui demandant s’il a entendu parler sur place de Sœur Marie d’Agréda qui leur a dit être allée évangéliser les Jumanos. Le lien est fait. De plus, lorsqu’il les visite, il découvre qu’ils ont des croix et qu’ils ont déjà une bonne connaissance de la foi, alors qu’aucune mission ne s’y était rendue. Et il baptise directement les 10.000 membres de la tribu.

• En 2008 un jumelage unit la ville d’Ágreda et le Nouveau Mexique. Et le 10 juillet 2012, un acte de la nation Pueblo d’Isleta, signé par leur Gouverneur, ‘ratifie la présence et les apparitions de María de Jesús de Ágreda dans la région des indiens Pueblo d’Isleta’ et ‘appuie la cause de béatification de la Vénérable Sœur’».

• Mais il y a encore plus. Lors de sa dernière apparition, des fleurs bleues inconnues apparurent là où son manteau bleu avait touché le sol, des bluebonnets, de la famille des lupins : révérées depuis lors par les indiens, elles ont été choisies pour devenir la fleur officielle du Texas.

• Ajoutons que l’exemple de Marie d’Agréda a inspiré et encouragé nombre de missionnaires, dont le Franciscain Junipero Serra (1713-1784), évangélisateur de la Californie, qui ne se séparait jamais de son exemplaire de la Cité Mystique de Dieu. Ce sont ses statues qui viennent d’être vandalisées et déboulonnées à San Francisco.

• En 1627, à vingt-cinq ans, Marie d’Agréda est élue Mère Abbesse, ce qu’elle demeurera jusqu’à sa mort, hormis trois ans où elle avait supplié de ne pas être réélue. Elle fait prospérer les biens de la communauté et fait construire un couvent plus spacieux qui sera inauguré en 1633. De douze, les sœurs passent à trente-trois.

• En 1635, puis de nouveau en 1650, à la suite de dénonciations, l’Inquisition enquête sur ce qu’on dit d’elle : du 18 au 29 janvier, on vient  l’interroger, six heures par jour. En entendant ses réponses, les inquisiteurs approuvent  sa sainteté et sa science.

• En 1643, à 41 ans, elle devient aussi la conseillère spirituelle et politique de Philippe IV, à la demande de celui-ci qui était passé au monastère. Leur lien durera 22 ans, et on garde de leur échange 614 lettres, publiées. 

• Enfin, elle est connue pour ses écrits, et surtout pour la Cité Mystique de Dieu, qui lui fut dictée par la Vierge dès son élection, en 1627. Craintive, elle finit par se mettre à la rédiger dix ans plus tard. Hélas, un confesseur zélé lui fait tout brûler, car les femmes ne devraient point écrire dans la sainte Église ! Par chance, son confesseur habituel lui demandera de tout réécrire, ce qu’elle fait de fin 1655 à mai 1660. Dans cet ouvrage alternent l’« autobiographie » de la Sainte Vierge et les conseils spirituels de Celle-ci à partir des évènements de sa vie : Dans les siècles passés quelques-uns des mystères me concernant ont été manifestés ; mais la plénitude de cette lumière t’a été communiquée afin que les hommes cherchent leur remède et le salut éternel par mon intercession. La Cité paraît en 1670 et Rome l’interdit en 1681, mais le décret est suspendu par les papes Innocent XI et XII et l’Inquisition espagnole l’approuve en 1686.

• De sa spiritualité, on retiendra son très grand amour de Marie, dont elle voulait être en toutes choses l’imitatrice et la « servante ».

• Elle meurt le 24 mai 1665, jour de la Pentecôte, et est déclarée vénérable en 1679. Son corps est demeuré incorrompu, ce que j’ai pu constater de mes yeux. Mais son histoire n’est pas finie … La traduction française de la Cité Mystique de Dieu, parue en 1695, se voit condamner par la Sorbonne janséniste qui la trouve trop baroque. Bossuet est son adversaire le plus acharné. Toutes les universités catholiques d’Espagne se dressent alors contre la Sorbonne, appuyées par les Collèges de tous les grands ordres religieux, des Carmes aux bénédictins et des Cisterciens aux Dominicains, en passant par les Norbertins et les Jésuites. Les universités de Louvain, de Toulouse et de Vienne prennent aussi  la défense de l’abbesse. Rome lève toute interdiction en 1747. Désormais éditions et traductions vont se multiplier, avec l’Imprimatur, et même en grec, en arabe, en tamoul, en hébreu, en japonais, en coréen …

La pratique du mois

En lui révélant les secrets de la Cité, la Sainte Vierge avait dit à Marie d’Agréda : Tâche de m'imiter avec fidélité et avec diligence. C’est cela qui compte, et non de savoir si le jour de son mariage la Sainte Vierge portait une robe à rayures ou à pois. Les révélations privées, nous rappelle le  Catéchisme, n’ont pas pour but de compléter le dépôt de la foi, mais d’aider à en vivre plus pleinement (CEC 67). Alors, en ce mois de mai, imitons nous aussi la Vierge Marie avec fidélité et avec diligence.

L’intercession du mois

Avec Sainte Anne et la Vénérable Marie d’Agréda, prions :

- pour que notre mois de mai soit l’occasion d’une plus grande communion avec la Vierge Marie ;

- pour les États-Unis et l’Église des États-Unis ;

- pour les peuples et les personnes qui ne connaissent pas encore le Christ ;

- aux intentions du pape François pour ce mois de mai :

Prions pour que les responsables financiers travaillent avec les gouvernements pour réguler le domaine des finances et protéger les citoyens contre ses dangers.

- et toujours aux intentions de tous les amis de KerAnnA.

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