Passioniste de Polynésie

KerAnna 06 juin 2021

Logo kerannaBonjour à tous !

Quatre solennités jalonnent ce mois de juin (Saint Sacrement, Sacré-Cœur, nativité de St Jean-Baptiste et Sts Pierre et Paul) et en même temps c’est la reprise des dimanches du Temps dit ordinaire. En vert, couleur de la vie et de la croissance.

La bouchée du mois :     La rémission des péchés           

Après la communion des saints, le credo nous invite à croire en la rémission des péchés. De quoi s’agit-il ?

1. Le péché :

• Tout d’abord, qu’est-ce que le péché ? C’est tout simplement le fait de dévier de la Loi de Dieu. Pécher, en hébreu, se dit ‘haṭo, et on lit souvent que cela veut dire rater une cible. Non, car rater est un acte involontaire. Ici, il s’agit bien de dévier.

• Et cette déviance concerne tout homme, baptisé ou non, car les grandes lignes de la Loi de Dieu sont inscrites dans la conscience de tout être humain, qui sait bien qu’il ne doit pas tuer, blesser, voler, mentir, médire, injurier, etc. Nous savons tous que notre finalité est d’aimer et de servir Dieu et nos frères.

• Mais bien-sûr, cette déviation peut être plus ou moins volontaire,  plus ou moins étendue, plus ou moins grave. C’est ainsi que l’Église distingue deux sortes de péchés (CEC 1855):

   - le péché mortel, qui détruit la charité dans le cœur l’homme 

  par une infraction grave à la Loi de Dieu,

   - et le péché véniel, qui « laisse subsister la charité, même s’il

              l’offense et la blesse.

Autrement dit, le péché blesse la charité ou la tue, et en ce dernier cas nous coupe de la vie éternelle avec Dieu.

• Mais pour nous, baptisés, il tue ou blesse en plus quelque chose de très profond en nous qui est notre grâce baptismale, car nous sommes devenus « une création nouvelle », un fils adoptif de Dieu devenu participant de la nature divine (CEC 1265).

2. La rémission des péchés :

• Remettre les péchés veut dire pour nous les pardonner, les absoudre, les dissoudre, les faire disparaître. À la différence de Luther qui, lui, croyait qu’ils n’étaient que recouverts par la miséricorde de Dieu.

•  « Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés », disons-nous dans le grand Credo. En effet, le Baptême est le premier et principal sacrement du pardon des péchés parce qu’il nous unit au Christ mort pour nos péchés … afin que nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle (CEC 977). 

• Par le Baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels ainsi que toutes les peines du péché (CEC 1263). C’est pourquoi les catéchumènes n’ont pas besoin de se confesser avant leur baptême.

• Après le baptême, hélas, nous retombons dans les ornières de notre vieille nature. C’est alors le sacrement de Réconciliation qui, à chaque fois, va nous rétablir dans la beauté et la force de notre grâce baptismale. Y a-t-il joie plus grande ? Comment pourrions-nous nous en passer ?

Le Saint du mois

Nous allons partir à la rencontre d’un saint qui est vénéré à la fois par les Églises orientales et byzantines, et reconnu chez nous depuis 1920 comme Docteur de l’Église, Saint Éphrem le Syrien. Chaque Eglise le fête à une date qui lui est propre, pour nous c’est le 9 juin.

 • Éphrem naît à Nisibe (au sud-est de l’actuelle Turquie) vers 306. Issu d’une famille païenne, il se convertit au christianisme à 18 ans et est mis à la porte par son père, prêtre païen. Il est alors recueilli par l’évêque du lieu, qui le baptise. Éphrem devient alors bar qyomo, « fils de l’alliance », une forme de vie consacrée dans le monde propre au monde syriaque d’avant le monachisme.

• L’évêque l’ordonne diacre, une fonction très importante dans les liturgies orientales car elles ne peuvent jamais être célébrées par un prêtre seul.  Comme St François, il choisira de ne jamais devenir prêtre, par humilité. Mais l’évêque a décelé ses grandes capacités, et le nomme malfono, professeur. Il est donc chargé de transmettre le contenu de la foi, et se met à rédiger des commentaires de la Bible et à composer des hymnes, inaugurant la pratique du chant liturgique, ce qui lui vaudra le surnom de « harpe du Saint-Esprit ».

• Il avait aussi reçu le don des larmes continuelles, larmes de componction pour les péchés du monde et de joie pour les merveilles de Dieu : Par les flots de tes larmes tu as fait fleurir le stérile désert, chantera la liturgie byzantine.

• Hélas l’empereur Constantin meurt en 337 et Nisibe est assiégée par l’empereur de Perse Chapour II. Après moult péripéties, les habitants de Nisibe prennent le chemin de l’exil et s’installent à Édesse en 363. Éphrem continue à y enseigner. Mais beaucoup de sectes chrétiennes en rupture avec le Concile de Nicée y cohabitent, chacune se présentant comme la seule vraie Église. Ephrem se fait l’ardent défenseur du Christ Dieu fait homme et de la Trinité.

• Et il invente une méthode missionnaire inédite : il organise des chorales entièrement féminines qu’il fait chanter dans la cathédrale et aussi sur le forum d’Édesse : leurs voix attirent les oreilles, d’autant qu’elles reprennent des mélodies populaires … sauf que les paroles de ces chants ne sont autres que des hymnes catéchétiques qu’Éphrem a composées pour transmettre la vraie foi. Dimanches et fêtes, il se tenait au milieu des vierges et les accompagnait de sa harpe. Toute la ville alors se réunissait autour de lui, rapportera un témoin.

• En 372 il organise les secours lors d’une famine, et il meurt l’année suivante, le 9 juin 373, de la peste qu’il avait attrapée en secourant des malades, après avoir demandé que pour ses funérailles on remplace les fleurs par des prières. Benoît XVI le présentera comme le plus grand poète de l'époque patristique.

• On a gardé de lui plus de quatre cents hymnes (et on sait que de nombreuses autres ont été perdues), des homélies en vers, des commentaires sur l’Ancien et le Nouveau Testament,  et des réfutations contre les hérésies de son époque. Et on étudie encore son commentaire sur le Diatessaron, un résumé des quatre évangiles. Il écrivait en syriaque (araméen chrétien) et ses hymnes sont toujours utilisées pour la liturgie. Plusieurs de ses œuvres ont été retrouvées par leurs traductions, en copte, géorgien, grec et surtout arménien.

• Sa prière la plus connue est utilisée pendant le Carême : Seigneur et maître de ma vie, ne m'abandonne pas à l'esprit d'oisiveté, d'abattement, de domination et de vaines paroles. Mais accorde-moi l'esprit d'intégrité, d'humilité, de patience et d'amour, à moi ton serviteur. Oui, Seigneur Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère, car Tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.

La pratique du mois

À la fin de sa vie, Éphrem reconnut n'avoir jamais dit de mal de quiconque. Et dans sa prière nous lisons ceci : Donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère. Peut-être pourrions-nous nous mettre à son école, et grandir en bienveillance. Il y a toujours dans chaque personne une pépite de bien, une goutte de lumière.

L’intercession du mois

Avec Sainte Anne et Saint Éphrem, prions :

- pour les chrétiens des églises de langue syriaque, menacés chez eux et de plus en plus nombreux en diaspora ;

- pour Mgr Yohanna Ibrahim (syriaque orthodoxe) et Mgr Boulos Yaziji (grec orthodoxe), enlevés à Alep et otages depuis 2013 ;

- pour les diacres, les chantres, les chorales et les compositeurs de musique sacrée, d’orient comme d’occident ;

- pour les jeunes qui se préparent à leur confirmation, leur première eucharistie ou leur profession de foi, ou viennent de la faire ;

- aux intentions du pape François pour ce mois de juin :

Prions pour les jeunes qui se préparent au mariage avec le soutien d’une communauté chrétienne : qu’ils grandissent dans l’amour, avec générosité, fidélité et patience.

- et toujours aux intentions de tous les amis de KerAnnA.

Date de dernière mise à jour : 2021-06-10