Passioniste de Polynésie

KerAnnA 04 avril 2021

Logo kerannaBonjour à tous !

Dans quelques jours nous fêterons Pâques ! Réjouissons-nous profondément de ce fait réel qui a changé la face du monde, et  demandons au Seigneur la grâce de ressusciter avec Lui !

La bouchée du mois :      La communion des saints (II)           

Nous avons vu la fois dernière que la communion des saints comportait deux aspects complémentaires :

- la communion aux sancta, les « choses saintes »,

- et la communion des sancti, les « saints ».

Après avoir approfondi le premier, nous allons aujourd’hui nous pencher sur le second.

1. Les sancti :

Les sancti sont toutes les personnes qui, saintes ou pas, ont choisi de se laisser sanctifier par les sancta.

Ce sont donc nécessairement des baptisés, le baptême étant la porte d’entrée donnant accès au sancta. C’est ce qui était exprimé autrefois par le « renvoi des catéchumènes » après les lectures et avant le Credo, acte liturgique qui existe toujours dans le rite byzantin et commence justement par la phrase « les choses saintes aux saints ».

 La communion des sancti est donc infiniment plus qu’une simple fraternité humaine, c’est le lien sacré qui unit les baptisés et fait d’eux, dans le Christ, un seul Corps (CEC 960).

2. Les sancta aux sancti :

Ce lien sacré, noué par le baptême, se manifeste par le baiser de paix : juste avant de communier au Corps du Christ comme sacrement, nous manifestons que nous sommes le Corps du Christ comme communauté en nous pardonnant mutuellement.

Et ce lien est appelé à constamment se fortifier : par la grâce des sacrements, - surtout ceux du Pardon et de l’Eucharistie - par l’approfondissement des Écritures et de la sagesse de l’Église, par la charité et la bienveillance fraternelles, et aussi, la nuit pascale, par le renouvellement des vœux de notre baptême. 

Nous verrons la prochaine fois, dans notre troisième et dernier volet, qu’il existe plusieurs sortes de sancti

Le Saint du mois

Nous fêtons le 17 avril une merveilleuse sainte amérindienne, Kateri Tekakwitha (1656-1680), le « lys des Mohawks ».

Elle naît en 1656 dans le village d’Ossernenon (Auriesville dans l’actuel État de New-York), là où René Goupil et Isaac Jogues avaient été martyrisés par des Iroquois en 1642 et 1646. Ses parents appartiennent à deux tribus ennemies : son père est un guerrier Mohawk païen (c’est l’une des nations iroquoises), et sa mère une Algonquine chrétienne enlevée par son père. Ils auront une fille et un garçon, qu’elle élèvera discrètement dans la foi chrétienne.

Hélas, en 1660, une épidémie de petite vérole dévaste le village, et la petite fille, qui a quatre ans et dont on ne connait pas le nom, est la seule survivante de sa famille. Elle portera toute sa vie les séquelles de la maladie, un visage grêlé et des yeux qui ne supportent pas la lumière du jour, d’où son surnom de Tekakwitha, « Celle qui avance en hésitant ».

Tekakwitha est recueillie par son oncle et ses tantes Mohawk, païens eux aussi, et a une vie difficile car on lui reproche d’être une bouche de plus à nourrir. Elle travaille et elle prie en silence, laissant grandir en elle le désir de recevoir le baptême. En 1666, son village, avec toutes ses récoltes, est détruit par une escouade française lors d’une expédition punitive ; la tribu passe l’hiver dans la forêt. Un nouveau village est construit et des «Robes noires » arrivent, des Jésuites. Trois pères et deux religieux. Lors de leur première visite, ils sont reçus dans la «maison-longue» (cabane abritant une vingtaine de familles), où habitait Tekakwitha. Elle est chargée de les servir, et découvre avec bonheur les pratiques du christianisme.

Sa famille la pousse de nombreuses fois à se marier, et à porter au moins des colliers de perles pour attirer les prétendants, mais elle refuse toujours. Elle entretient la Maison longue, travaille dans les champs de maïs, coud. Puis elle va le soir à l’église des missionnaires. Comme elle ne travaille plus le dimanche, elle est persécutée.

Un jour de 1675, le Père Jacques de Lamberville, Jésuite, vient la visiter, et elle ose lui confier son désir de recevoir le baptême. C’est le Grand-Chef des Iroquois, lui-même converti, qui dénouera le problème familial en demandant à être son parrain, ce que l’oncle ne peut refuser. Elle sera baptisée en 1676, le jour de Pâques. Désormais elle sera Kateri (Catherine), en l’honneur de Ste Catherine de Sienne. Son chapelet ne la quittera plus.

Mais son baptême entraîne des persécutions et des menaces de mort de la part de sa famille et de sa tribu. À l’automne 1677, les Jésuites organisent son ‘enlèvement’, et on la conduit, à pied et en canot, en Nouvelle-France, à plus de 500 km de son village, à la mission Saint-François-Xavier à Sault-Saint-Louis, au bord du St Laurent. Blancs et Amérindiens y vivent en bonne entente et y travaillent ensemble. Et lorsqu’on sort de l’église on aperçoit une île où une ville est en cours de construction … Montréal !  

Lorsqu’elle arrive, Tekakwitha présente au supérieur, le Père Frémin, une lettre du P. de Lamberville : « Je vous envoie un trésor. Gardez-le bien ! ». C’est une âme d’exception, et en  raison de sa maturité spirituelle, on lui permet de faire sa première commu-nion dès la fin de l’année, le jour de Noël. Quelques mois plus tard, elle est admise dans la Confrérie de la Sainte-Famille, ce qui était rare. Elle prie de longues heures, jeûne, conseille blancs et indiens. Et surtout, elle est joyeuse, paisible, et ne se plaint jamais. Le Père Chauchetière peint son portrait : elle porte une tunique blanche, une cape noire, des  mocassins, et tient un crucifix.

Mais Kateri veut plus : elle désire n’appartenir qu’au Christ, comme ces religieuses - des Hospitalières de Saint-Joseph - qui viennent de s’établir à l’Hôtel-Dieu de Montréal et qu’elle n’a vues qu’une seule fois. Elle voudrait même fonder une communauté de religieuses amérindiennes pour convertir la vallée iroquoise, mais le Père de Lamberville l’en dissuade. Il lui permet toutefois de prononcer en privé le vœu perpétuel de virginité, le 25 mars 1679.

Atteinte de tuberculose, sa santé s’affaiblit l’année suivante. Elle rejoindra le Christ le 17 avril 1680, le mercredi de la semaine sainte, à 24 ans. Ses derniers mots furent : « Jesos, konoronkwa : Jésus, je t’aime ». À l’instant, rapportent les témoins, son visage perdit toute trace de petite vérole et devint merveilleusement beau. Déclarée vénérable par Pie XII en 1943, elle fut béatifiée par Jean-Paul II en 1980 et canonisée par Benoît XVI le 21 octobre 2012, en la Journée Mondiale des Missions, devenant ainsi la toute première sainte amérindienne d'Amérique du Nord.

La pratique du mois

Kateri Tekakwitha était toujours de bonne humeur et ne se plaignait jamais, ni de sa maladie, ni du temps, ni des autres, ni des contrariétés ou des injustices. Sa compagnie était toujours une joie, une source de paix. Et si nous en faisions autant ?

L’intercession du mois

Avec Sainte Anne et Sainte Kateri Tekakwitha, prions :

- pour le Canada et l’Église du Canada ;

- pour les populations indigènes d’Amérique du Nord ;

- pour les missionnaires ;

- pour les nouveaux baptisés ;

- aux intentions du pape François pour ce mois d’avril :

Prions pour ceux qui luttent au péril de leur vie pour les droits fondamentaux sous les dictatures, les régimes autoritaires mais aussi dans les démocraties en crise.

- et toujours aux intentions de tous les amis de KerAnnA.

Date de dernière mise à jour : 2021-04-19