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Lettre à Pie IX le 26 décembre 1876
Très Saint-Père.
Je n’aurais jamais osé prendre la plume pour écrire à Votre Sainteté, moi, pauvre petite Sœur, si notre digne évêque, Mgr de Ladoue, ne m’eût encouragée. (…)
J’ai craint, tout d’abord, d’être trop indiscrète??; puis il m’est venu à la pensée que Notre Seigneur aime à être importuné aussi bien par le petit que par le grand, par le pauvre que par le riche, qu’il se donne à chacun de nous sans distinction. Cette pensée m’a donné du courage, aussi je ne crains plus??; je viens à vous, très Saint-Père, comme une pauvre petite enfant au plus tendre des Pères, pleine d’abandon et de confiance. Que pourrai-je faire, très Saint-Père, pour vous témoigner mon amour filial??? Je ne puis que continuer ce que j’ai fait jusqu’à présent, c’est-à-dire souffrir et prier. (…)
Je prie tous les jours le Cœur Sacré de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie, de vous conserver encore longtemps au milieu de nous puisque vous les faites si bien connaître et aimer. J’ai la douce confiance que ces Cœurs Sacrés daigneront exaucer ce vœu qui est le plus cher à mon cœur.
Il me semble, lorsque je prie selon les intentions de Votre Sainteté, que du ciel la très Sainte Vierge doit souvent jeter son regard maternel sur vous, très Saint-Père, parce que vous l’avez proclamée Immaculée. J’aime à croire que vous êtes tout particulièrement aimé de cette bonne Mère puisque, quatre ans après, elle vint elle-même sur la terre dire??: «??Je suis l’Immaculée Conception.??»
Je ne savais pas ce que cela voulait dire, je n’avais plus entendu ce mot. Depuis, en réfléchissant, je me dis bien souvent??: que la Très Sainte Vierge est bonne. On dirait qu’elle est venue confirmer la parole de notre Saint-Père. C’est ce qui me fait croire qu’elle doit vous protéger tout particulièrement. J’espère que cette bonne Mère aura pitié de ses enfants, et qu’elle daignera mettre encore une fois son pied sur la tête du maudit serpent, et donner ainsi un terme aux cruelles épreuves de la Sainte Église et aux douleurs de son Auguste et Bien-Aimé Pontife.
Je baise très humblement vos pieds et je suis, avec le plus profond respect, Très Saint-Père,
De Votre Sainteté, La très humble et très soumise fille.
Sœur Marie-Bernard SOUBIROUS
Extraits de la CRC n° 321, avril 1996, p. 1-4
Lettres à mes Amis n° 33 et n° 38, 1958