Passioniste de Polynésie

Heure sainte

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L’HEURE  SAINTE :

 Nous sommes Jeudi.

Demain, vendredi, nous fêtons le Sacré cœur, symbole de l’Amour du Seigneur pour nous.

Samedi nous fêterons le Cœur immaculé de Marie.

Et pour rendre grâce, nos paroisses vont vivre 40 heures d’adoration eucharistique, de ce soir, à samedi soir ; 40 heures parce que 40 est le nombre biblique de la plénitude des temps et que nous désirons que notre adoration de 40 heures dure toujours.

Nous sommes Jeudi.

C’est un jeudi que Jésus, avant de mourir pour nous, nous a donné l’Eucharistie, le sacrement d’Amour, pour « rester avec nous pour toujours », en se donnant à nous comme pain.

C’est le même jeudi que Jésus, avant de mourir pour nous, est entré en agonie à Gethsémani, laissé seul par ses disciples qui dormaient.

Aussi, ce soir nous allons adorer Jésus, dans son Eucharistie, et le consoler dans sa souffrance à Gethsémani, en vivant l’Heure Sainte : une heure de présence à Jésus en agonie, une heure de veille devant Jésus-Hostie.

 Pour comprendre et vivre cette Heure Sainte, nous allons successivement :

1-       voir comment la pratique de l’Heure Sainte a été donnée à Sainte Marguerite-Marie par Jésus ;

2-       Essayer d’approcher le mystère de la souffrance et de la solitude de Jésus à Gethsémani ;

3-       réfléchir sur la réparation ;

4-       voir les grâces que Jésus désire nous donner par la pratique de l’Heure Sainte.

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 1-         Comment la pratique de l’Heure Sainte a été donnée à Sainte Marguerite-Marie par Jésus.

 L’Heure Sainte est une dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, qui consiste à passer une heure de prière, uni aux souffrances du Christ, à Gethsémani.

 L’Heure Sainte a été donnée par Jésus à Sainte Marguerite-Marie, à Paray le Monial, au 17 ème siècle, au cours d’apparitions.

Les paroles même de Jésus sont porteuses du message et nous indiquent comment pratiquer l’Heure Sainte.

 Ecoutons les paroles de Jésus à Marguerite-Marie :

- « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leur irrévérence et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour ».

- « N’y aura-t-il personne qui ait pitié de moi et qui veuille compatir et prendre part à ma douleur dans le pitoyable état où les pêcheurs me mettent, surtout à présent ? »

- « Ils n’ont que des froideurs et des rebuts pour tous mes empressements à leur faire du bien. Mais du moins donne-moi ce plaisir de suppléer à leurs ingratitudes autant que tu pourras en être capable. »

- « Toutes les nuits, du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette mortelle tristesse, que j’ai bien voulu sentir au jardin des Olives ; laquelle tristesse te réduira, sans que tu la puisses comprendre, à une espèce  d’agonie plus rude à supporter que la mort. Et pour m’accompagner dans cette humble prière que je présenterai alors à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre 11 h et minuit, pour te prosterner une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour les pêcheurs, que pour adoucir en quelque façon, l’amertume que je sentais à l’abandon de mes apôtres, qui m’obligea à leur reprocher qu’ils n’avaient pu veiller une heure avec moi ; et pendant cette heure tu feras ce que je t’enseignerai. »

 Donc les caractéristiques de la pratique de l’heure sainte sont précisées :

-          dans la nuit du jeudi au vendredi,

-          prier une heure,

-          uni aux souffrances à la solitude et à la prière de Jésus à Gethsémani,

-          en suppliant pour apaiser la colère divine,

-          en intercédant pour les pêcheurs,

-          comme consolation du Seigneur pour l’abandon par les siens.

 

On voit que l’Heure Sainte n’est pas seulement, ou pas strictement, une heure d’adoration eucharistique ; et on peut pratiquer l’Heure Sainte en dehors de la présence du Saint Sacrement.

Néanmoins par une heure d’adoration eucharistique nous pouvons rendre amour pour Amour à Jésus et demander pardon pour nos péchés, pour ceux de l’humanité, et ainsi vivre l’Heure Sainte.

Ecoutons Jean-Paul II : « L’Eglise recherche sans cesse cette heure perdue dans le jardin des oliviers, perdue par Pierre, Jacques et Jean, pour réparer cette désertion et cette solitude du maître qui a accru sa souffrance. »

2-         le mystère de la souffrance et de la solitude de Jésus à Gethsémani.

 Jésus, dans le don de l’eucharistie et dans sa souffrance à Gethsémani nous révèle l’intensité et la profondeur de son amour pour son Père et pour nous. « Là se trouve le point culminant de la révélation de l’amour et là se trouve aussi la source de notre salut » écrit Jean-Paul II.

 Pour l’homme toute souffrance est un mal. La souffrance est un mystère. Le lien entre péché et souffrance est un mystère. Le lien entre expiation et souffrance est un mystère. A Gethsémani, Jésus est oppressé par une souffrance extrême, Jésus porte et assume notre péché, et Jésus expie pour nous, pour nous sauver, pour nous réparer. Seul son amour pour son Père et pour nous, éclaire et donne sens à cette souffrance.

 Il nous faut bien regarder Jésus à Gethsémani, parce qu’il est notre frère ainé, notre modèle, parce que son chemin de vie est notre chemin de vérité et de vie. Aucun de nous ne fait ou ne fera l’impasse de vivre, dans sa propre vie, la  même souffrance, la même solitude, la même nuit que Jésus à Gethsémani. Et, comme lui,  c’est ainsi que nous rentrerons dans notre Pâques : « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jn 12, 24)

 Je vous propose maintenant de lire le texte de l’évangile de Marc, avec lequel nous prierons tout à l’heure.

 L’agonie de Jésus à Gethsémani est une lutte, un combat spirituel. Jésus est vrai Dieu ; comme fils bien aimé du Père, Il a d’emblée accepté de donner sa vie de « mener l’œuvre du Père à bonne fin ». A la cène, Il a donné son corps comme pain, son sang comme vin,  pour nous. Au mont des Oliviers, dans sa vision de vrai Dieu, il voit et il anticipe les souffrances de sa passion et de sa mort, il voit et il porte chacun de nos péchés, chacune de nos souffrances, pour nous réparer. Et comme il porte nos péchés, comme vrai homme, il est comme séparé de Dieu ; il dira sur la croix « mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Il voit aussi l’indifférence ou le refus de  sa miséricorde par certains pêcheurs. Tout cela, comme vrai homme, lui est infiniment douloureux : « mon âme est triste à en mourir »; et il est tenté, humainement tenté, sans sa nature humaine, de rejeter toute cette souffrance. Alors il a cette interrogation pleine de tendresse filiale « Abba » : « s’il est possible, que s’éloigne de moi cette coupe ? ». Jésus dit Abba comme fils bien aimé, comme un fils qui fera la volonté de son père jusqu’au bout. Son interrogation porte déjà en elle la réponse, son acquiescement, son abandon au Père « pourtant pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »

 Je voudrais souligner ici le rôle de la prière : « il priait de façon plus instante. » est-il dit dans saint Luc, parce que dans ce combat, où il est oppressé par la souffrance, où il avance vers son heure, vers l’heure de sa passion, Jésus avance grâce à la prière. Il dit à ses apôtres : « veillez, pour ne pas entrer en tentation. » Il est un exemple pour nous. Nous aussi, nous devons vivre les évènements douloureux de notre vie enracinés dans la prière : surtout quand nous sommes tentés de fuir ou de refuser ou de nous révolter contre la souffrance ; parce que c’est notre prière qui nous fera avancer, et nous conformera à la volonté du Père. « Quelqu’un parmi vous souffre-t-il ? Qu’il prie. » Écrit St Jacques.

 Enfin, Jésus lève le voile sur le mystère de sa souffrance quand il dit à Marguerite Marie:

« C’est à Gethsémani où j’ai plus souffert intérieurement qu’en tout le reste de ma passion, me voyant dans un délaissement général du Ciel et de la terre, chargé de tous les péchés des hommes. »

« J’ai paru devant la sainteté de Dieu qui, sans égard à mon innocence, m’a froissé en sa fureur,… comme s’il eut oublié le nom de Père, pour me sacrifier à sa juste colère. »

On perçoit dans la souffrance :

le délaissement de Dieu comme Père, le délaissement des hommes, le poids du péché des hommes, son innocence bafouée et la juste colère de Dieu.

 Et si on regarde bien les souffrances des hommes, les nôtres, pourquoi on souffre, comment on souffre, on retrouve un peu les mêmes éléments :

-parfois notre souffrance est liée au mal que nous avons fait ; et il nous semble vivre la juste colère de Dieu, alors nous l’acceptons, comme le bon larron, et cela peut devenir le lieu de la rencontre de Dieu.

-Parfois la souffrance nous atteint dans notre innocence, par exemple le deuil,  la maladie, la notre, mais surtout celle de celui qu’on aime, notre proche, notre enfant.

-Parfois la souffrance est injuste et semble bafouer notre innocence, lorsqu’on est victime d’une injustice, de la colère, du harcèlement, de la médisance.

-Parfois, lorsqu’on veut aider, ou accompagner quelqu’un en grande difficulté, pécheur, comme nous, notre compassion doit aller plus loin, jusqu’à la miséricorde, et il peut nous sembler porter le péché de cet homme ;

-Parfois notre souffrance vient du refus par l’autre, du don que nous faisons de nous même, et il nous semble être délaissé des hommes ;

-enfin, les consacrés, les orants qui ont tout remis à Dieu vivent parfois une nuit, la nuit obscure de l’Esprit, où Dieu, à qui ils ont tout donné, et qu’ils cherchent et qu’ils désirent de tout leur cœur, semble absent, ils vivent alors ce délaissement du Père, qu’a vécu Jésus à Gethsémani.

On peut dire que toutes ces souffrances, toutes nos souffrances, Jésus les a assumées à Gethsémani ; et il nous invite à les vivre en communion avec lui, en communion avec ses souffrances à Gethsémani.

 On peut les vivre en communion avec Jésus par la prière. A Gethsémani, Jésus demande à ses apôtres de veiller et de prier avec lui : il leur demande de vivre la première Heure Sainte. Et comme la Parole de Dieu, aujourd’hui, est vivante pour nous, elle est actuelle, et Jésus nous demande, aujourd’hui, personnellement : « Simon, tu dors ? Tu n’as eu la force de veiller une heure ? »

 3-         La réparation.

 La première réparation est faite par Jésus, notre sauveur, notre rédempteur.

Par son  incarnation, par le sacrifice de sa vie par amour, Jésus a satisfait pour nous, en stricte justice ; il a réparé l’offense faite à Dieu.

L’homme pécheur est ainsi réconcilié, ses péchés lui sont remis. C’est le mystère de la rédemption.

Jésus est venu pour réparer. Réparer  parce qu’il aime l’homme d’un amour de miséricorde. Réparer parce qu’il croit en l’homme. Réparer pour sauver l’homme, pour qu’aucun homme ne se perde.

Aussi est-il infiniment blessé lorsque l’homme et plus encore le chrétien refuse sa miséricorde.

L’humanité a ainsi une immense dette d’amour vis à vis du Seigneur.

 Comme nous nous reconnaissons pécheurs nous voulons réparer, pour nos fautes, par notre pénitence, par notre participation à l’Eucharistie, par nos œuvres. C’est la réparation selon la justice.

 Mais la rédemption est un don du cœur, du cœur infiniment miséricordieux du Seigneur, un don d’amour, qui appelle une réponse d’amour. Aussi, Il appelle des âmes réparatrices.

Ecoutons Sainte Marguerite Marie :

« Le Sacré Cœur veut des âmes réparatrices qui lui rendent amour pour amour, et qui demandent très humblement pardon à Dieu de toutes les injures qui lui sont faites. »

Réparer, c’est aimer plus, ou désirer aimer plus, pour ceux qui n’aiment pas. Réparer exprime notre volonté de consoler Jésus, par notre présence, notre prière, nos œuvres faites par amour pour lui.

 L’Heure Sainte est une expression de cette réparation.

Pour prier avec lui, même dans la sécheresse, dans l’ennui, ou l’envie de dormir, ou dans le combat.

Pour intercéder en faveur des pêcheurs, et pour l’humanité, en suppliant Jésus de faire miséricorde. Parce que Jésus est infiniment miséricordieux, il souvent blessé dans sa miséricorde, lorsqu’elle n’est pas accueillie. Alors, en réparation, nous lui redisons notre confiance en sa miséricorde ; cela le réjouit : et là où le mal abonde, la grâce surabonde.

 Ce n’est pas la souffrance qui répare, c’est l’amour. Ce n’est pas l’ascèse de la veille qui répare, c’est l’amour. La réparation demande parfois la souffrance ou l’ascèse. La souffrance telle qu’elle a été donnée par Jésus à Marguerite Marie pour vivre l’Heure Sainte est une grâce. Notre Heure Sainte, pour nous, doit nous amener à offrir nos souffrances personnelles, présentes ou à venir. Parce que toute souffrance, lorsqu’elle est librement acceptée, vécue dans l’abandon au Père et offerte dans l’amour répare. Saint Paul écrit : « Je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son corps, qui est l’Eglise. » 

 La réparation élargit notre prière aux dimensions de l’humanité entière et répond au vœu de Saint Paul lorsqu’il écrit : « portez les charges les uns des autres » ; ou « Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui ». C’est la solidarité des membres du corps mystique du Christ, un aspect de la communion des Saints.

 Un dernier aspect de la réparation est l’engagement concret auprès des pauvres et des blessés de la vie : Mère Térésa a écrit : « L’heure sainte devant l’Eucharistie doit nous conduire à l’heure sainte avec les pauvres, avec ceux qui n’auront jamais d’accomplissement humain et dont la seule consolation sera Jésus. Notre Eucharistie est incomplète si elle ne nous conduit pas au service et à l’amour des pauvres. En recevant la communion des pauvres, nous découvrons notre propre pauvreté. »

4-         Les grâces de l’Heure Sainte.

 L’Heure Sainte est une dévotion, mais, quand le Seigneur nous fait sentir son désir que nous le consolions par notre simple présence, par notre prière, ou que nous nous associions à sa souffrance à Gethsémani, par l’Heure Sainte, c’est une grâce, pour nous donner des grâces :

 -la grâce d’un vrai regret  devant nos péchés : parce que nous prenons conscience que notre péché peut le blesser profondément et douloureusement, et que dans cette relation d’amour nouée avec lui, il nous est douloureux de le faire souffrir ;

 -la grâce de la fidélité à la prière : dans nos combats, dans nos épreuves et dans nos souffrances ; parce que nous nous mettons à son école et que nous voyons bien que la prière nous donne la force de résister aux tentations ;  et la grâce de s’abandonner à la volonté de Dieu : grâce que nous puisons dans le Cœur de Jésus, et grâce que nous pouvons demander lorsque la lutte est rude ;

 -la grâce de la ferveur : parce nous prenons conscience, plus profondément, que Dieu nous porte un Amour personnel, qu’il nous appelle par notre nom, et que nous voulons répondre amour pour amour.

 -La grâce d’une compassion plus vraie, et miséricordieuse : parce qu’en notre cœur, on a le désir de réparer, par notre amour, et que nous prenons conscience de notre faiblesse. Alors on aimerait que le cœur  de Jésus aime en nous, avec la même la même miséricorde, une miséricorde donnée gratuitement, qui persévère, et qui recommence, même lorsqu’elle est négligée ou bafouée, une miséricorde qui toujours garde un regard d’espérance.

 Enfin et surtout, lorsque Jésus nous demande de nous unir par nos souffrances, à sa souffrance, qu’il a assumé dans sa nature humaine, il nous donne  part à sa vie divine, et il donne à notre souffrance, mystérieusement, un sens, une force rédemptrice.

 Pour l’expliquer et pour conclure, je voudrais vous lire un très beau texte d’Edith Stein, Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix :

« Que ta volonté soit faite.

Pris dans toute sa plénitude, cet acte d’abandon doit être la règle de vie chrétienne…

Celui qui appartient au Christ doit vivre toute la vie du Christ.

Il doit mûrir…et un jour entamer son chemin de croix, vers Gethsémani et vers le Golgotha.

Et toutes les souffrances venues de l’extérieur ne sont rien en comparaison de la nuit obscure de l’âme, quand la lumière divine ne luit plus et que la voix du Seigneur ne parle plus. Dieu est là, mais il se cache et se tait.

Pourquoi en est-il ainsi ? Ce sont là les secrets de Dieu, et ils ne se laissent pas pénétrer jusqu’au fond.

Mais il nous est possible de les pénétrer quelque peu.

Dieu est devenu homme pour qu’à nouveau, nous puissions participer à sa vie.

Le Christ est à la fois Dieu et Homme, et qui veut partager sa vie doit avoir part à la vie divine et à la vie humaine. La nature humaine qu’il avait assumée rendait possible qu’il souffre et qu’il meure ; mais la nature divine, qu’il possédait de toute éternité donna à la souffrance et à la mort une valeur infinie et une force rédemptrice. La souffrance et la mort se perpétuent dans son corps mystique et dans chacun de ses membres. Tout homme doit souffrir et mourir mais lorsqu’il est un membre vivant du Corps du Christ, sa souffrance et sa mort tiennent de la divinité du chef une force rédemptrice…

Ainsi uni au Christ, le chrétien tiendra bon, inébranlablement, dans la nuit obscure subjectivement vécue comme un éloignement et un abandon de Dieu. Mais peut-être la Providence divine fait-elle de son épreuve un instrument de libération d’un être objectivement prisonnier. C’est pourquoi, encore, et précisément au cœur de la nuit la plus obscure, que ta volonté soit faite. »

Source inconnue 

Date de dernière mise à jour : 2021-07-04