Passioniste de Polynésie

Méditer les sept paroles du Christ en croix

Jean 19 25 27aawLes sept paroles du Christ en croix ont été publiées par le cardinal Charles Journet en 1952. Ces méditations admirables livrent avec simplicité et profondeur la substance des dernières paroles du Christ en croix, fournissant une nourriture spirituelle particulièrement nécessaire à notre temps. Ces sept clefs de lecture sont un appel à l’approfondissement de l’étude de cet ouvrage trop peu connu.

1. Comprendre la profondeur du péché

« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23, 34) C’est la première parole du Christ en croix et sans doute la plus difficile à entendre. Car elle signifie notre aveuglement d’humains si peu conscients d’être créés pour l’éternité, face à nos agissements. Charles Journet nous enseigne à quel point nous nous blessons dans le péché qui est littéralement destructeur, parfois mortel, pour nos âmes : acte de révolte contre Dieu, il est un plongeon en enfer. Parce que l’Amour de Dieu est infini, le rejeter est un mal à sa mesure, un mal irréparable. Mais vient le pardon de Dieu « faisant fleurir, dans les cœurs où le péché a saccagé les roses du premier amour, leur pureté et leur fraîcheur, les roses sombres, parfois aussi belles, tantôt plus belles, d’un second amour, avec ses repentirs, ses larmes, ses ardeurs. »

2. Espérer le Ciel dès à présent

« Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Luc 23, 43) Heureux corollaire à l’atrocité du péché de l’homme est sa capacité à aimer Dieu ici et maintenant, dans le temps présent. C’est à Léon Bloy que Charles Journet emprunte, évoquant La femme pauvre pour nous dire que celui qui, ici et maintenant, accompagne le Christ dans sa souffrance et se laisse accompagner par Lui dans sa souffrance, entre d’ores et déjà dans le paradis. Journet nous renseigne avec une clarté remarquable sur cette idée, souvent incomprise, que nos souffrances sont une avancée vers le Ciel, en ce qu’il existe une souffrance d’une pureté bénéfique, qui est celle qui naît de la conscience de l’Amour de Dieu qui manque au monde. Avec Catherine de Sienne, il évoque également les larmes de feu que sont « celles que pleure en nous l’Esprit saint pour le salut du monde. » Celui qui souffre du manque de Dieu est déjà avec Lui.

3. Notre Mère à Tous

« Puis il dit au disciple : voici ta mère » (Jean 19, 27) Si nous sommes tous unis dans le Christ, alors nous sommes tous enfants de Marie. Mais plus encore, nous lui sommes explicitement confiés par Celui qu’elle a physiquement enfanté. Tous ceux qui souffrent dans le Christ ont, debout, digne et pleine de compassion au pied de leur croix, cette Mère corédemptrice. Dieu confie ainsi l’humanité à celle qui, toute humaine, est néanmoins la plus proche, la plus intimement liée au Christ Dieu fait homme. Le cardinal Journet insiste sur la signification d’une telle désignation : Marie est aussi celle qui à Cana, a par ses mots fait que Jésus débute sa vie publique en accomplissant son premier miracle. Elle est donc l’intercession la plus directe, la plus efficace et la plus aimante que nous puissions solliciter.

4. Le Christ a souffert pour nous et comme nous

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ? » (Marc 15, 34) Cette parole scandalise, en ce qu’elle donne un argument aux incrédules. Sur la croix soufferte pour le rachat des hommes, Dieu fait homme laisse échapper ce cri de désespoir. Pourquoi ? Car pour le rachat de l’homme, il accepte de souffrir cet « écartèlement » spirituel entre la vision pure de Dieu et la souffrance de la condition humaine dégradée par le péché, révoltée contre Dieu. Par ces mots, le Christ reprend aussi le commencement du Psaume 21 (22), qui n’est pas un chant de désespoir mais d’espérance messianique véritable. Et Journet de nous inviter à prier : « Faites qu’en redisant dans mon cœur les paroles que l’excès de votre souffrance pour les hommes vous a arrachées, je sente mon angoisse se dissoudre dans la vôtre, comme une larme dans l’océan. »

5. Le Christ a soif de nous

« J’ai soif. » (Jean 19, 28) C’est ainsi que s’exprime le désir de Dieu de nous voir venir jusqu’à Lui. Sur sa croix, il n’y a qu’un homme pour venir au Christ et lui donner à boire : c’est à nous d’aller vers ce crucifié qui souffre pour nous et semblable à nous, de nous approcher de Lui qui est notre rédemption, et de participer amoureusement avec Lui à cette rédemption. Il veut nous unir à Lui, car « Jésus a eu soif de la gloire de Dieu et du salut du monde. Il aime tant ceux qui connaissent une pareille soif. Il leur promet des sources vives. » Jésus a soif pour nous, pour nous faire venir à Lui et il a soif comme nous, comme nous devons avoir soif de la gloire de Dieu et du salut du monde qui sont notre avenir. Un avenir dont nous savons désormais qu’il commence ici et maintenant, à chaque instant, à chaque infime parcelle de temps qui passe et où nos cœurs d’hommes décident de se tourner ou non vers Lui.  

6. Confiance en l’accomplissement de la mission du Fils

« Tout est consommé. » (Jean 19, 30) Les prophéties anciennes sont accomplies comme le montrent les précédentes paroles du Christ en croix qui renvoient aux Écritures. Mais aussi, et surtout, est accomplie la volonté du Père. Par le Christ, la création toute entière s’est vue montrer la voie de son Salut, et par la souffrance de la croix l’oeuvre rédemptrice est achevée. Le Christ ayant accompli son oeuvre peut paisiblement s’en remettre à la mort. Cette parole est une invitation à placer notre confiance en Lui : s’il affirme que tout est consommé au moment de sa passion, c’est que sa mort pour nous est véritablement la culminance de son oeuvre rédemptrice et qu’après elle ne peut venir que la parousie où, après que tout ait été consommé, tout sera « soumis au Père ». 

7. S’abandonner librement à vivre en Lui

« Père, entre tes mains je remets mon esprit. » (Luc 23, 46) Parce que le Fils a fait son oeuvre, il peut désormais s’en remettre au Père avec tout ce qu’il a pris sur Lui pour notre Salut. Le cardinal Journet insiste sur cet abandon volontaire, librement consenti, qui est celui seul que Dieu regarde en chaque homme. Pour Dieu ne compte que ce que nous avons fait librement, dans le bien comme dans le mal. Aussi, la fin de cette vie temporelle du Christ, qui ne recommencera plus jamais, marque le début de la vie de l’Église, par laquelle nous sommes tous unis en Lui. « Le Christ est mort, l’Église naît, le monde est sauvé. » Le Christ est mort, vive le Christ ! Mais non pas comme un simple succession, comme une constance : maintenant que tout est consommé, que nous avons vu le chemin la vérité et la vie qu’Il nous désigne jusque sur la croix, tout peut commencer pour le monde renouvelé dans le corps de l’Agneau, dans la sang et l’eau jaillissant de son côté.

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Date de dernière mise à jour : 2017-12-18