Passioniste de Polynésie

Saint Gaétan de THIENNE

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Prêtre et fondateur des Théatins (1480-1547)

 

Troisième enfant du condottiere Gaspard de Thiène et de la comtesse Maria Porto, Gaétan de Thiène naquit à Vicence en octobre 1480. C'est en souvenir d'un de ses oncles, chanoine et professseur à l'Université de Padoue (mort en 1465), qu'il reçut au baptême le prénom de Gaétan. Orphelin de père dès l'âge de deux ans, il fut éduqué par sa mère, fille spirituelle des dominicains de Santa Corona de Vicence. Après avoir fait ses humanités à Vicence, il fréquenta l'Université de Padoue où il conquit le doctorat in utroque jure (17 juillet 1504). La même année, il reçut la tonsure des mains de l'évêque de Vicence, Pietro Dandolo. Très soucieux de l'éducation religieuse et de la promotion sociale des paysans vivant sur les terres que sa famille possédait à Rampazzo (province de Vicence), il y érigea en 1505, avec son frère Battista, une église dédiée à sainte Marie-Madeleine pour qui la Renaissance avait une grande dévotion.

Désireux d'accroître sa culture, Gaétan partit à Rome (1507) où, remarqué par Jules II, il fut nommé protonotaire apostolique et scrittore des lettres pontiflcales. Il reçut en bénéfice deux églises paroissiales du diocèse de Vicence : Santa Maria di Malo (16 octobre 1507) et Santa Maria di Bressanvido (20 novembre 1507) ; il en confia la cura animarum à des desservants de son choix et de vertu exemplaire. A Rome, il habitait près de l'église San Simone ai Coronari, sur l'actuelle place Lancellotti, non loin du Génois Giambattista Pallavicini, évêque de Cavaillon, puis cardinal, dont il fut l'auxiliaire et le familier, et qu'il assista à l'article de la mort (août 1524). Par la suite, il s'efforça d'aplanir le conflit qui avait éclaté en 1509 entre Jules II et Venise à propos de la Ligue de Cambrai.

Après un bref séjour à Padoue et dans son église paroissiale de Santa Maria di Malo (1512), Gaétan retourna à Rome où il entra dans l'Oratorio del Divino Amore (1515) qui rassemblait alors l'élite des ecclésiastiques de la Ville Eternelle et « la plupart des hommes qui désiraient réellement la réforme de l'Eglise » ; les membres de cette confrérie se réunissaient en l'église de Santa Dorotea, au Transtévère, et leurs activités caritatives s'orientaient vers les incurables du refuge de San Giacomo in Augusta, dont Gaétan deviendra plus tard le custode. Dans ce climat tout imprégné de spiritualité évangélique, la vocation sacerdotale de Gaétan arriva à maturité. Grâce aux dispenses canoniques qui lui furent concédées par Léon X, il fut ordonné sous-diacre, diacre et prêtre les 27, 28 et 29 septembre 1516, par Mgr Francesco Bertoli, évêque titulaire de Milepotamo. Pour mieux s'y préparer spirituellement, il remit la célébration de sa première messe à l'Epiphanie de 1517. Cette année là, il commença de correspondre avec la sœur Laura Mignani, une mystique de Brescia, qu'il prit comme guide spirituel. Dans sa lettre du 28 janvier 1528, il révèle qu'au cours de la nuit de Noël 1517, en la basilique de Sainte-Marie-Majeure, lui apparut la Vierrge qui déposa l'Enfant-Jésus dans ses bras.

Gaétan retourna à Vicence en avril 1518. Il s'agrégea (9 janvier 1519) à la Compagnie des Saints-Clément-et-Jérôme qu'il réforma selon la nouvelle spiritualité de l'Oratoire du Divin Amour. Il fit de mème avec la Compagnie du Saint-Corps du Christ, de Vérone, dont il devint membre le 10 juillet 1519. Les registres de celle-ci témoignent de la ferveur avee laquelle il soutenait la vie spirituelle de ses confrères, notamment en les exhortant à la fréquentation des sacrements. Gaétan de Thiène est d'ailleurs considéré comme l'un des premiers zélateurs de la communion fréquente à son époque. En 1520, à Vicence, il réorganisa l'hôpital de la Miséricorde qu'il transforma en refuge pour incurables et l'unit in spiritualibus à celui de San Giacomo de Rome.

Après le décès de sa mère (novembre 1520) et le mariage d'Elisabetta Porto, l'unique nièce qui lui restait, Gaétan put se consacrer totalement à l'apostolat. En 1522, sur les conseils du célèbre dominicain Giambattista da Crema qu'il avait choisi comme directeur spirituel, il gagna Venise. Au cours du carême de la même année, aidé par quelques nobles dames vénitiennes, il y fonda de ses deniers l'Ospedal Nuovo pour incurables (sur le canal de la Giudecca).

A la fin de 1523, Gaétan retourna à Rome, avec le projet de s'unir avec d'autres clercs dans la pratique d'une vie commune. Il trouva ses premiers compagnons et collaborateurs parmi les membres de l'Oratoire du Divin Amour : Giampietro Carafa (le futur pape Paul IV), Bonifacio de' Colli et Paolo Consiglieri. Tous les quatre renoncèrent à leurs bénéfices ecclésiastiques, et avec l'autorisation de Clément VII (bref du 24 juin 1524), ils prononcèrent leurs voeux solennels le 14 septembre 1524, en la basilique Vaticane, en présence de Mgr C. Bonciani, évêque de Caserte, délégué par le Pape. Ainsi était créé le premier des ordres modernes de clercs réguliers. La base de l'Institut était la vie commune dans la pratique des conseils évangéliques. L'accent était mis sur la pauvreté la plus rigoureuse La norme fondamentale du nouvel institut était le renouveau de la Vita apostolica telle qu'elle est décrite dans les Actes des Apôtres. Les célébrations communautaires de la liturgie eucharistique et chorale ainsi que la cura animarum devaient être exemplaires. Ayant renoncé aux rentes et à la mendicité, les quatre compagnons espéraient que l'exercice de leur ministère et la charité des fidèles leur procureraient des ressources suffisantes. Ils entendaient d'ailleurs s'en remettre totalement à la Divine Providence.

La première demeure des Théatins (ainsi nommés parce que Carafa, qui fut leur premier supérieur, portait le titre d'episcopus theatinus, c'est-à-dire de Chieti) fut située au Champ de Mars, près de l'actuelle église de San Nicola dei Prefetti. Ils résideront ensuite dans une maison du Pinclo, près de l'actuelle Villa Medici. Celle-ci devint rapidement un foyer d'intense spiritualité sacerdotale. Gaétan fut agressé et subit les sévices des troupes d'occupation lors du sac de Rome en 1527. Lui et ses compagnons, qui étaient alors au nombre de douze, furent libérés par un capitaine espagnol. Il gagna Venise, où les Théatins, en novembre 1527, se fixèrent définitivement en l'église San Nicola dei Tolentini. Le 14 septembre 1527, au cours du chapitre général, Gaétan fut élu supérieur de l'Institut, charge qu'il conserva pendant trois ans. Comme à Rome, la communauté devint sous sa direction un centre de réforme et de spiritualité. Avec Giampietro Carafa, il dirigea et soutint saint Jérôme Emilien dans ses œuvres en faveur de l'enfance abandonnée. Il fut aussi très lié avec Bonaventura da Centis, artisan de la réforme de la province franciscaine de Venise, avec le dominicain Bartolomeo da Pisa, avec le bienheureux Paolo Giustiniani qui œuvrait à la réforme des Camaldules, avec l'humaniste et poète Marcantonio Flaminio qui demanda en vain d'être reçu parmi les Théatins, avec le célèbre imprimeur de Salo Paganino Paganini, qu'il invita à Venise pour installer une imprimerie près du couvent des Théatins.

Saint Gaétan œuvra tout particulièrement avec Gian Matteo Giberti à la réforme du diocèse de Vérone, où il résida probablement en 1531et 1532 et de nouveau en 1541. La communauté pouvait désormais élargir le champ de ses activités pastorales et caritatives aux oratoires et hôpitaux de Vicence, Vérone, Padoue, Brescia et Salo (lac de Garde). Mais c'est sur l'Oratoire de Venise que l'influence des Théatins fut particulièrement intense et elle était d'ailleurs plus nécessaire aussi en raison de la position stratégique qu'il occupait du point de vue religieux.

C'est à Venise que Gaétan et ses clercs réguliers entrèrent pour la première fois en contact avec les courants luthériens. En 1530, le nonce Averoldo Altobello confia à Carafa le procès (suivi d'une condamnation) du conventuel Girolamo Galateo qui manifestait des sympathies pour Luther. Dans le bref du 8 mai de la même année qu'il adressa à Carafa, Clément VII loua son zèle et l'encouragea à poursuivre dans cette voie. Le Memoriale que Carafa envoya à Rome le 4 octobre 1533 (il y mettait à nu les plaies de l'Eglise et indiquait les moyens les plus efficaces pour promouvoir la réforme et réprimer les erreurs) témoigne de l'esprit qui animait les clercs réguliers dans leur volonté de préserver la foi et de promouvoir la réforme catholique.

Avec l'autorisation du Saint-Siège (bref de fondation, confirmé par un autre bref de Clément VII du 21 mars 1529), les Théatins furent à la base d'un renouveau d'un autre genre sur le plan liturgique : il s'agissait de la révision soit des textes soit des célébrations liturgiques qu'ils devaient expérimenter dans leur communauté et soumettre ensuite à l'approbation du Siège apostolique. Si la réforme du Petit office de la Sainte Vierge fut rapidement menée à bien. Celle du Bréviaire et du missel romain fut plus longue et plus ardue. Lorsque Pie V rendit obligatoires le Bréviaire puis le Missel romains par les bulles Quod a nobis (9 juillet 1568) et Quo primum (14 juillet 1570), on put se rendre compte à quel point l'œuvre des Théatins et les critères qu'ils adoptèrent pour réaliser cette réforme avaient été utiles.

Au cours de l'été 1533, accompagné par le bienheureux Giovanni Marinoni, Gaétan gagna Naples, appelé par le Conseil de la cité. Après avoir demeuré à Santa Maria della Misericordia, puis à Santa Maria della Stalletta, dite de Jérusalem, grâce à l'intervention du vice-roi Pedro de Toledo, les Théatins s'installèrent près de San Paolo Maggiore (19 mai 1538). Gaétan dirigea in spiritualibus le monastère de la Sapience fondé par Maria Carafa, sœur de Paul IV. Avec l'aide de deux dames de la noblesse espagnole dont il était le conseiller, il contribua à fonder le monastère des Capucines, près de Santa Maria in Gerusalemme, et le foyer des filles repenties de Santa Maria Maddalena. Fin 1534, Gaétan était correttore de la Compagnie des Bianchi qui assistaient les condamnés. Un groupe de prêtres diocésains, formés selon la spiritualité des clercs réguliers, fut installé près de l'hôpital des incurables pour favoriser le renouveau du clergé napolitain. En collaboration avec Giovanni Marinoni et avec l'aide de quelques nobles, Gaétan fut aux origines du Mont de Piété. Il dénonça le péril des cercles crypto-luthériens.

Saint Gaétan fut élu à plusieurs reprises preposito de Naples ; il fut preposito de la maison de Venise de 1541 à 1543. Il retourna ensuite à la maison de Naples dont il fut élu de nouveau preposito (1547). L'acte par lequel les Théatins s'agrégèrent les Somasques est de sa main. Il mourut à Naples le 7 août 1547, après avoir offert sa vie pour la pacification de la ville qui était déchirée par une lutte fratricide.

Béatifié par Urbain VIII (8 octobre 1629), saint Gaétan de Thiène fut canonisé par Clément X (12 avril 1671) qui ordonna la célébralion de sa mémoire dans l'Église universelle (27 mars 1673).

Prière de Saint Gaétan

Regardez, Seigneur, du fond de votre sanctuaire, du haut des cieux où vous habitez, et voyez cette très-sainte Hostie que le grand Pontife, votre divin Fils, Jésus Notre-Seigneur, vous offre pour les péchés de ces frères. Laissez-vosu toucher par cette offrande, malgré l'excès de notre malice. Voici la voix du Sang de Jésus, notre Frére, qui crie vers vous du haut de la croix. Exaucez-nous, Seigneur ; apaisez votre courroux, considérez notre détresse, et suspendez votre indignation. Ne différez plus, ô mon Dieu, de nous secourir, pour l'amour de vous-même, parce que cette ville sainte et ce peuple sont à vous et qu'ils ont la gloire de porter votre nom. O Dieu, traitez-nous selon votre infinie miséricorde ! Ainsi soit-il.

http://missel.free.fr/Sanctoral/08/07.php

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SAINT GAÉTAN de THIENNE
Fondateur des Théatins
(1480-1547)


Saint Gaétan, né à Vicence, de race illustre, fut consacré à Marie dès le sein de sa mère, puis ensuite à sa naissance. On lui donna le nom de Gaétan, pour conserver un célèbre nom familial; mais on y ajouta le nom de Marie, pour marquer sa consécration à la Reine du Ciel.

Gaétan de Sainte-Marie montra de bonne heure un grand amour pour les pauvres; ce fut là, du reste, un des beaux caractères de toute sa vie. Son coeur d'enfant, tendre et délicat, le faisait pleurer souvent à la vue des misères qui s'offraient à lui; les pauvres, qui le connaissaient tous, l'appelait leur petit ami, en attendant qu'il fût leur père. L'enfant leur rendait mille petits services, et lorsqu'il recevait quelque argent de ses parents à titre de récompense, il n'avait rien de plus pressé que de le distribuer à ses chers mendiants. La petite somme était toujours vite épuisée; alors Gaétan mettait en mouvement tous les ressorts de sa jeune politique, et il finissait toujours par reconstituer son petit trésor. À bout d'expédients, il demandait l'aumône à ses parents pour l'amour de Dieu.

Devenu prêtre, il bâtit une église dans ses domaines pour y exercer le saint ministère. Comme il était très simple et même négligé dans ses vêtements, son père se fâchait souvent et l'accusait de déshonorer son nom en se mêlant aux mendiants. Le plus souvent Gaétan répondait à ce reproche par son silence. Il s'occupa avec zèle des ouvriers, ce qui lui attira la persécution de ses proches, puis l'admiration de tous, quand on vit son ministère opérer de grands fruits de sanctification. Partout où il allait, sa première visite était pour les pauvres et les malades.

Un jour de Noël, Notre-Seigneur lui apparut sous la forme d'un petit enfant; il Le prit dans ses bras et Le caressa longtemps, pendant que son coeur se fondait d'amour.

A Rome, Gaétan, plein du désir de donner au clergé des modèles à imiter, fonda, de concert avec quelques saints prêtres, la congrégation des Théatins. La confiance absolue en Dieu valait plus pour lui que tous les conseils de la prudence humaine, et nulle part la Providence ne le laissa manquer du nécessaire.

Le Saint était déjà âgé quand il tomba malade, à Naples; il refusa un matelas et voulut mourir sur la cendre et le cilice; il refusa aussi un médecin extraordinaire, disant: "Je suis un pauvre religieux, qui ne vaut pas la peine d'être assisté." Marie vint Elle-même chercher son âme. Il laissa la réputation d'un séraphin à l'autel et d'un apôtre en chaire.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.

 

Date de dernière mise à jour : 2021-07-04