Passioniste de Polynésie

Saint Jean-François Régis

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Prêtre de la Compagnie de Jésus 
« Apôtre du Velay et du Vivarais».

 

Fête liturgique : le 16 juin en France ; le 31 décembre (dies natalis) pour l’Église Universelle.

Jean-François Régis fut l'un des plus illustres missionnaires de la Compagnie de Jésus et l'émule de saint François Xavier ; toutefois son apostolat ne s'exerça pas hors de France.

Jean-François Régis naît à Fontcouverte, dans l’Aude, le 31 janvier 1597. Il grandit dans le cadre d’une famille foncièrement chrétienne.

Il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Toulouse, le 8 décembre 1616. Après ses premiers vœux en 1618, il poursuit la longue formation des Jésuites. Il fait ses études théologiques à Toulouse où il est ordonné prêtre en mai 1631.

En 1632, il est envoyé à Montpellier comme missionnaire. Il y prêche beaucoup et s’occupe des pauvres. En 1634, il est mis à la disposition de l’évêque de Viviers, Mgr de la Baume de Suze, pour l’aider dans la visite de la partie sud de son diocèse. C’est dans les rudes montagnes des Boutières qu’il montre particulièrement ses qualités de missionnaire. Il attire les populations par sa grande bonté et sa parole simple.

En 1636, il est nommé au Puy. A la belle saison, il travaille au Puy et pendant l’hiver il reprend ses missions dans les montagnes, car il sait alors qu’il peut trouver les gens chez eux.

En décembre 1640, le père Régis termine une mission à Montfaucon où sévit la peste. Il part en bénissant la ville et en annonçant la fin de l’épidémie. Il retourne secrètement au Puy où pendant trois jours, il fait retraite : « J’ai interrompu mes missions pour me préparer à mourir ».

Le 23 décembre 1640, il reprend la route par très mauvais temps. Il contracte une pleurésie. Au matin du 24 décembre, il se rend à la petite église de Lalouvesc et commence sa mission. Durant trois jours, il travaille sans relâche.

Le mercredi 26 décembre, après sa messe dite à deux heures de l’après-midi, il ne peut regagner son confessionnal tant la foule est dense. Alors, il s’assoit près de l’autel et se remet à confesser. Soudain, dans la soirée il chancelle et s’affaisse. On le transporte à la Cure. Pendant cinq jours encore, il lutte contre la maladie.

Le 31 décembre 1640, peu avant minuit, il dit au Frère Bideau qu’il « se trouvait au plus mal ». Et tout de suite après « Ah ! mon Frère, je vois Notre Seigneur et Notre Dame qui m’ouvrent le Paradis ». Puis il commença de dire la parole du Christ expirant « Seigneur, je remets mon âme entre tes mains ». Ayant fini, il finit aussi sa vie. Il était âgé de 43 ans et 11 mois.

La dévotion populaire pour le père Régis commença le jour même de sa mort ; il fut l'un des plus illustres missionnaires de la Compagnie de Jésus et l'émule de saint François Xavier même si son apostolat ne s'exerça pas hors de France.

Jean-François Régis a été béatifié en 1716, par Clément XI(Giovanni Francesco Albani, 1700-1721), et canonisé en 1737, par Clément XII (Lorenzo Corsini, 1730-1740).

Saint Jean-François Régis est patron des Jésuites de la province de France. En raison de son action au Puy, il est aussi patron des dentellières. 

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 sépar saints

St francois regis 2 00193Le zèle dans l’action, c’est cela qui frappe dans les témoignages que nous retrouvons sur Saint Jean-François Régis. Cette action fut longuement préparée par une jeunesse durant laquelle son amour de l’Eucharistie n’a pu être dépassé par aucune autre orientation spirituelle. Sa fervente dévotion mariale accompagnait ce zèle pour l’Eucharistie. Son activité quotidienne débordante était préparée et orientée par des nuits entières et c’est là le secret de sa fécondité.

Pourtant le grand rythme de la vie de S. Régis est étonnant pour nous et ceci à la fois par sa brièveté et par sa lenteur : il entre au noviciat à l’âge de 19 ans, il sera ordonné à 33 ans et il mourra à 43. Quatorze années de préparation pour dix de ministère sacerdotal ! Et encore… une fois de plus, son zèle a-t-il accéléré les échéances canoniques en vigueur dans la Compagnie de Jésus : il n’aurait du être ordonné que plus tard.

Prêtre à la manière de Jésus-Christ, ceci jusqu’à imiter le rythme missionnaire de l’Évangile, le Père Régis nous apparaît tour à tour : "disciple précédant la venue du Seigneur", "maître parcourant villes et villages", "orant, se levant bien avant l’aube", "missionnaire assailli par les foules, si bien qu’on ne pouvait ni manger, ni se reposer".

Avant de découvrir son style de ministère, il n’est pas inutile de faire un détour préliminaire : de prendre la mesure de la crise des vocations au XVIIe siècle.

Vous avez dit : « crise des vocations » ?

Le début du siècle de Saint Jean-François voyait le sacerdoce catholique peiner à se relever d’une crise mémorable. L’exemple du diocèse de Viviers en dit long. Le Vivarais reçoit son premier évêque qui résidera dans le diocèse après 70 ans de vacance épiscopale de fait. Conversions au protestantisme, massacres et martyres, absence d’évêque pour ordonner… toutes ces circonstances on fait que le nombre de prêtres est tombé dès 1573, à vingt ; alors que seules trois ou quatre églises sur l’ensemble du diocèse, ont échappé à la fureur des guerres, et des luttes, restant intactes.

La reprise des ordinations vers 1633 se fait avec peine dans ce diocèse où on est assez exigeant pour l’époque, envers les candidats au sacerdoce : « 10 jours de séminaire avant chacun des ordres mineurs, ainsi que trois mois avant le diaconat et trois mois avant le sacerdoce ».

Quand à ceux qui n’avaient pu bénéficier de ces exigences minimales, c’est grâce aux jésuites et aux capucins récemment installés dans ou près du diocèse, qu’ils ont pu se « former » au ministère bien après leur ordination : ceci par des retraites remarquables mais d’une durée de huit jours.

A l’occasion même d’une des premières campagnes missionnaires de Régis, on rapporte le cas d’un « curé » présent dans sa paroisse depuis trente ans « sans avoir daigné se faire promouvoir à aucun ordre ». L’évêque, à l’occasion même de la mission qu’il vient faire avec le P. Régis, doit l’obliger de se faire ordonner dans l’année, sous peine de privation des bénéfices financiers et en nature qu’il tirait de la paroisse.

Une formation religieuse et sacerdotale patiente et prometteuse

J-F. Régis, bien avant son ordination, durant sa formation jésuite, fit preuve des qualités qui éclateront plus tard durant ses dix courtes années de sacerdoce. Trois anecdotes illustrent comment sa formation sacerdotale témoignait déjà des orientations essentielles de son ministère de prêtre : enseigner, sanctifier, rendre grâce.

Le précurseur de l’Évangile et de la grâce de Dieu : 
L’anecdote se passe alors qu’il a vingt-cinq ans, il est étudiant en philosophie à l’université jésuite de Tournon. Le génie de la formation jésuite offre aux étudiants l’obligation d’accompagner parfois un des pères chargé de mission dans une des paroisses dépendant de Tournon : la paroisse d’Andance. Sa mission était de faire le catéchisme mais très rapidement il ‘s’invente’ une nouvelle tâche : préparer les pénitents à la confession. Non seulement ceux qui venaient à l’église mais bientôt tous ceux qui habitaient les hameaux d’alentour. Il n’agit pas sans méthode : il prend contact avec tous, ouvre les cœurs au désir de se confesser, convainc, fait l’examen de conscience, puis il prie les habitants d’attendre et revient en hâte à Andance pour chercher le Père dont voici le témoignage émerveillé : «  Il ne me restoit qu’à recueillir la moisson. Et tel était le savoir-faire de cet excellent précurseur que les villageois les plus grossiers, bien loin de me donner de la peine me combloient, par leur conversion, de consolations incroyables. »

Le prédicateur 
La deuxième anecdote se passe près du Puy alors qu’il effectue une expérience de professeur, pas encore prêtre, en 1625-1628. C’est un de ses élèves qui témoigne. Il emmenait ses élèves à tour de rôle pour l’accompagner dans son apprentissage missionnaire, dimanches et jours de fête à travers les villages environnant le Puy : « … Je me souviens que le peuple l’adoroit, et qu’ils disoient tous publiquement que jamais prédication n’avoit faict tant d’impression dans leur âme comme celle qu’ils avoient oüye de luy. Le Sainct Esprit estoit desja sur sa langue : et devant qu’avoir reçeu la clef de la Prestrise et de l’Ordre, il avoit desja en main celle des consciences et des cœurs. »

L’humble auditeur de la Parole 
Encore à l’époque de son premier professorat au collège du Puy, pas encore prêtre, il n’a pas accès aux chaires des églises du Puy, mais il se tient au pied de celles-ci. Plusieurs prédicateurs de talent à cette époque au Puy, verront son ardeur rapide pour ‘voler’ dans leur chambre non pas pour les accabler de fades remerciements mais pour les remercier du bien qu’avait fait leur prédication à lui-même et à tous les auditeurs.

Pourquoi devenir prêtre au plus vite ?

Qu’est-ce qui l’a poussé à demander d’être ordonné plus tôt, durant ses études théologiques à Toulouse en 1629 ? – rien moins que les nouvelles des trente-cinq jésuites morts cette année-là au service des pestiférés. Sept d’entre eux étaient tombés au Puy, là où il les avait connus, deux ans auparavant. C’est devant le refus de ses supérieurs de le laisser aller au service des pestiférés : il n’est pas encore prêtre, qu’il demande avec insistance à raccourcir son temps d’études au début de 1630, allant jusqu’à promettre à son supérieur de dire aussitôt trente messes pour lui ! Le sacerdoce est pour lui le moyen de servir Dieu et les malades en tant que martyr. En le demandant au plus vite, il savait qu’il risquait de ne pouvoir combler le retard des études qui ouvrait la voie d’accès à la profession des quatre vœux jésuites, profession solennelle qui consacrait la vie religieuse du Compagnon de Jésus.

Il annonce sa première messe à sa mère pour le dimanche de la Trinité 1630. Son ordination a du précéder de plusieurs jours voire même plusieurs semaines, selon l’usage de l’époque dans la Compagnie, à l’instar de Saint Ignace qui s’y prépara pendant un an.

Prêtre au service de la paix : Sa première mission dans sa famille et son village.

Le Sacerdoce n’ouvrit pas la possibilité pour le Père Régis de servir les pestiférés. L’autorisation que l’ordination facilitait ne lui fut pas accordée et, très curieusement, c’est dans son village natal que sa première mission de prêtre l’attend et ceci avec l’autorisation du P. général de Rome. De graves dissensions à propos de règlements de famille secouent alors les Régis à Fontcouverte, le village des Corbières qui l’avait vu naître, et c’est le nouveau prêtre qui paraît le plus à même de régler les conflits.

C’est donc une mission de paix qu’il doit aller accomplir chez ses proches, précédé on s’en doute, de l’aura et de l’autorité du jésuite et peut être déjà d’une réputation de sainteté. Les arrangements de famille furent promptement réglés et le Père Régis s’adonna à ses activités favorites : zèle et charité. Catéchismes, soins des infirmes, prédications, soin des enfants, des pauvres. Voici le compte rendu des fruits de cette mission fait au Père Général qui l’avait autorisée : « Le P. François Régis a terminé avec beaucoup de succès les différents de sa famille et il a laissé dans son pays un vrai parfum de sainteté. Ses rares exemples de vertu et ses pieux entretiens, autant que ses prédications imprégnées de l’esprit de Jésus-Christ, ont gagné beaucoup d’âmes à Dieu. Ses compatriotes ont été charmés du zèle avec lequel il s’est employé à leur salut. »

Cette mission fut pacificatrice et évangélisatrice, comme devaient l’être celles qu’il réalisera au milieu de populations et de familles du Vivarais puis du Velay, déchirées par les luttes religieuses et un siècle de vengeances sanglantes.

Prêtre au service du pardon de Dieu

Un charisme particulier s’est révélé très tôt chez lui, comme on l’a vu pour préparer les cœurs au sacrement de la Réconciliation. Avant S. Jean-Marie Vianney – qui lui a vouera en son temps une véritable dévotion et qui montera à Lalouvesc à pied et en mendiant sa nourriture avant d’entrer au séminaire – Jean-François Régis a accompli le ministère de la Réconciliation d’une façon héroïque. Le temps passé au confessionnal, l’ardeur des foules à vouloir se confesser à lui, la légèreté des pénitences qu’il accomplissait souvent lui-même à la place des pécheurs, le caractère radical des conversions qu’il obtenait dans la célébration de ce sacrement, témoignent encore de cette mission qu’il a accomplie jusqu’aux derniers jours de sa vie.

La réconciliation sacramentelle et le renouveau total de la vie chrétienne étaient bien souvent l’aboutissement d’une rencontre avec lui, même quand les intentions initiales de ses interlocuteurs n’étaient pas nettes. En témoigne l’histoire de trois « jeunes hommes de condition », libertins ‘dépossédés’ par le Père Régis des filles et femmes dont ils abusaient. Tout simplement résolus à l’assassiner, ils le font appeler par le portier du collège sous un faux prétexte. Le Père change le lieu du rendez-vous : ce sera à la porte de l’église du Collège et un seul à la fois. A l’issue les trois s’en iront confessés, pardonnés et embrassés tendrement, et c’est le premier des trois qui convainquit ses complices de se confesser eux aussi comme lui.

Prêtre au service des pauvres

Laissons la parole aux cent cinq notables de la cité du Puy qui déclarent dans un acte officiel de 1676 : « Nos églises, nos prisons et nos hôpitaux parleraient si nous ne parlions pas. Nos églises diraient que c’était un homme tout de Dieu ; nos hôpitaux que c’était l’homme des pauvres ; et nos prisons qu’il portait la miséricorde dans la maison de la justice ; C’était un riche pauvre. N’ayant rien, il nourrissait tous les nécessiteux… il nous a appris la charité du prochain. Il ne fallait qu’être misérable pour voir le P. Régis auprès de soi. »

L’œuvre du Bouillon, le refuge des anciennes prostituées, la défense des 40000 ouvrières dentellières mises au chômage, marquent à jamais l’histoire du Puy et du Velay. L’engagement social de la charité de Saint Régis mériterait d’être détaillé et analysé à nouveaux frais, tout en gardant l’intuition des notables de 1676 quand ils citent, étroitement associés, églises, prisons et hôpitaux comme les théâtres de la charité pastorale de Régis. L’actualité et la radicalité de cette action sociale peut encore surprendre aujourd’hui. L’activité débordante de Jean-François Régis s’y révèle pleinement contre vents et marées : qu’ils viennent de son propre supérieur, des agresseurs ou de la rumeur publique. Rien ne l’arrêtera finalement et ce sont ces œuvres sociales qui dureront ou renaîtront le plus longtemps après lui. Elles peut-être qui lui assureront le mieux sa renommée de sainteté : ‘croyez au moins à cause des œuvres…’

L’Eucharistie, source et sommet de son action missionnaire

Au collège du Puy, ses élèves témoigneront de ce que son âme contemplative et adorante se révélait spécialement lorsqu’il célébrait l’Eucharistie.

Bien souvent c’est autour de la célébration de la messe que s’organise sa journée type au cours des missions : très tôt, vers trois heures du matin, il commence à confesser, le plus longtemps possible jusque vers 11 heures ou même plus tard pour permettre aux pénitents réconciliés de communier à sa messe qu’il célèbre alors, le tout le ventre vide depuis la veille, selon la pratique du jeûne eucharistique à l’époque. Puis c’est la tournée dans les hameaux environnants si les pénitents trop nombreux ne l’empêchent pas de sortir de l’église jusqu’au soir.

Significative est la remarque de la plus célèbre convertie de S. François Régis, Louise de Romezin, cette jeune veuve huguenote attirée par la réputation de prédicateur de ce prêtre catholique qu’elle voudrait bien confondre lui et sa fausse doctrine eucharistique. Plusieurs entretiens plus tard voici ce qu’elle rapporte de l’effet produit par les réponses, les regards et la douceur du Père Régis à ses controverses sur la Présence Réelle : ‘le Père Régis ne me dit que peu de paroles sur la vérité de ce mystère, et tout d’un coup il se fit un grand jour dans mon esprit ; j’en fus si persuadée que je n’eus plus aucun doute. Sur l’heure j’eusse donné mille vies plutôt que d’abandonner cette croyance.’

Que le centre de toute sa vie soit la messe, sa dernière prière le montre de façon frappante, au moment même de sa mort : ‘Ah mon frère, je vois Notre Seigneur et Notre-Dame qui m’ouvrent le paradis. En tes mains Seigneur, je remets mon esprit.’. Cette ultime prière est une adaptation de ce que les lectures et les antiennes de sa dernière messe, le 26 décembre 1640 à Lalouvesc, en la fête de Saint Etienne citent plusieurs fois : ‘je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu… et tandis qu’on le lapidait, Étienne faisait cette invocation : ‘en tes mains Seigneur, je remets mon esprit’. (Ac. VII)

Cette ultime prière, imite celle du premier martyr qui ne dit ni ne fait rien d’autre que ce que le Maître avait fait sur la croix. Jusqu’au bout, saint Jean-François Régis est configuré au prêtre éternel « s’offrant lui-même » (He. VII).

R.B 

http://www.catholique-lepuy.cef.fr/16-juin-Saint-Jean-Francois-Regis.html

 

Date de dernière mise à jour : 2021-07-04