Passioniste de Polynésie

Sainte Joséphine Bakhita

Santa giuseppina bakhita k

Esclave soudanaise puis Sœur Canossienne

 Joséphine (Giuseppina) Bakhita naît au Soudan en 1869, dans une famille nombreuse : elle eut 4 sœurs et 3 frères.

Alors qu'elle n'avait que 9 ans, elle fut enlevée par des négriers : vendue à plusieurs reprises sur les marchés africains, elle connut les atrocités d'un esclavage qui laissa dans son corps les signes profonds de la cruauté humaine : on a dénombré jusqu' à 144 cicatrices des sévices subis.

 En 1883, Joséphine fut acquise par le consul d'Italie à Khartoum, Calisto Legnani. Dès lors sa vie commença à changer radicalement : elle trouva en lui quelqu'un de bon, qui l'a pris en affection au point de l'emmener avec lui en Italie. Quelques temps après elle fut confiée à une famille amie du consul qui prit grand soin d'elle.

 Baptisée le 9 janvier 1890, elle fit part de son désir de se donner totalement au Seigneur : « Si vous saviez quelle grande joie c'est de connaître Dieu » aimait-elle répéter.

 Le 8 décembre 1896, Bakhita (qui signifie « Heureuse ») fit ses premiers vœux chez les Sœurs Canossiennes. Ce jour-là elle rédigea cette prière :

« O Seigneur, si je pouvais voler là-bas, auprès de mes gens et prêcher à tous et à grands cris Ta Bonté, combien d'âmes je pourrai Te conquérir ! Tout d' abord ma mère et mon père, mes frères, ma sœur encore esclave... tous les pauvres noirs de l'Afrique... Fais, ô Jésus, qu'eux aussi Te connaissent et T'aiment ».

 En 1902 Sr. Bakhita rejoint la communauté que la congrégation a ouverte à Schio, une petite ville de province de Vicenza. Elle y reste, presque sans interruption, jusqu'en 1947, année de sa mort, en faisant avec grande générosité les travaux les plus ordinaires : cuisine, buanderie, réception

 Sœur Joséphine vécut 51 ans de vie religieuse, se laissant conduire par l'obéissance dans son travail humble et caché mais riche d'authentique Charité et de prière. Toutes ses consœurs remarqueront sa patience, sa joie et son intelligence.

 Pendant la guerre 1940-45 la ville de Schio est la cible de plusieurs bombardements. Aux Sœurs qui l'invitent à se réfugier dans le souterrain de la maison, elle dit : « Non, je n'ai pas peur, je suis dans les mains de Dieu. Il m'a libérée des mains des lions, des tigres et des panthères, ne voulez-vous pas qu'il me sauve aussi des bombes ? »

Elle assure d'ailleurs qu'aucune bombe ne tombera sur l'école des religieuses ou sur les maisons de Schio. En effet, la ville n'est pas touchée.

 Elle accepte avec une joyeuse sérénité la maladie qui rend sa respiration difficile et sa marche pénible. A une religieuse qui l'assiste, elle confie : « Je m'en vais lentement, lentement, pas à pas vers l'éternité. Jésus est mon capitaine et moi, je suis son assistante. Je dois porter les valises. L'une contient mes dettes, l'autre, plus lourde, les mérites infinis de Jésus. Que ferai-je devant le tribunal de Dieu ? Je couvrirai mes dettes avec les mérites de Jésus et je dirai au Père Éternel : maintenant juge ce que tu vois… Au ciel j'irai avec Jésus et j'obtiendrai beaucoup de grâces. Je viendrai te visiter dans tes rêves si le Patron me le permet. Au paradis j'aurai du pouvoir et j'obtiendrai pour tous beaucoup de grâces… »

 La « Mère Noire - Madre Moretta (en italien)  » - ainsi l'appelaient affectueusement les gens qui la connaissaient - s'éteint le 8 février 1947.

Le procès pour la cause de canonisation commença douze ans après sa mort, et le 1er décembre 1978, l'Église publia le décret sur l'héroïcité de ses vertus.

 Giuseppina Bakhita a été béatifiée le 17 mai 1992 et canonisée, par le même Pape, le Bx Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), le 1er octobre 2000.


Sources principales : afriquespoir.com/saintsdafrique; vatican.va (« Rév. x gpm »).  

http://levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20140208&id=13963&fd=0

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Josephinebakhita1Le pape Jean Paul II, nous parle  de Joséphine Bakhita

Jean Paul II a déclaré: la vie de Joséphine Bakhita « inspire la détermination ferme de travailler de manière efficace pour libérer les personnes de l’oppression et de la violence »

Dans le discours adressé par le Pape Jean Paul II aux membres de la Conférence Épiscopale du Soudan, reçus à l’occasion de leur visite « ad limina » le 15 décembre 2003, le Saint-Père indiqua « deux témoins audacieux de la foi, deux personnes saintes » dont la vie a été liée intimement à la terre soudanaise : Sainte Joséphine Bakhita, et Saint Daniel Comboni. 

Sainte Joséphine Bakhita « a fait l’expérience de la cruauté et de la brutalité avec lesquelles l’homme peut traiter ses semblables. Enlevée et vendue comme esclave quand elle était encore enfant, elle a connu beaucoup trop la souffrance et ce que c’est que d’être réduit à l’état de victime, des maux qui affligent toujours d’innombrables hommes et femmes dans sa patrie, dans toute l’Afrique et dans le monde. Sa vie inspire la ferme détermination de travailler de manière efficace pour libérer les personnes de l’oppression et de la violence, en assurant que leur dignité soit respectée dans le plein exercice de leurs droits ». Le Pape Jean Paul II souligna en outre que la vie de Sainte Bakhita «montrait « clairement que le tribalisme et les formes de discrimination fondées sur l’origine ethnique, sur la langue et sur la culture, ne faisaient pas partie d’une société civile, et n’avaient absolument aucune place dans la communauté des croyants » 

Joséphine Bakhita, d’esclave à première Sainte soudanaise, est citée comme exemple dans l’encyclique «  Spe Salvi » du Pape Benoît XVI

Joséphine Bakhita, la première Sainte du Soudan et la première femme africaine à être élevée à la gloire des autels sans être martyre, est citée comme exemple dans la deuxième Encyclique du Pape Benoît XVI « Spe Salvi » : « Pour nous qui vivons depuis toujours avec le concept chrétien de Dieu et qui nous y sommes habitués, la possession de l'espérance, qui provient de la rencontre réelle avec ce Dieu, n'est presque plus perceptible. L'exemple d'une sainte de notre temps peut en quelque manière nous aider à comprendre ce que signifie rencontrer ce Dieu, pour la première fois et réellement. Je pense à l'Africaine Joséphine Bakhita, canonisée par le Pape Jean-Paul II » (n° 3)

Biographie

Joséphine naît vers 1969. Elle vit au Soudan avec ses parents, 3 frères et 4 sœurs à Olgossa, un petit village du Darfour, près du Mont Agilerei. La première peine qu’éprouve Joséphine, c’est quand ceux qu’elle appelle « négriers », en réalité des membres de tribus arabes qui faisaient le trafic des esclaves, enlèvent sa sœur aînée : « Je me souviens encore, raconte-t-elle en 1910, combien Maman a pleuré, et combien nous avons pleuré nous aussi ». Un jour, entre 1876 et 1877, elle subit le même sort que sa sœur : on l’enlève et la porte au loin. « Je ne pensais qu’à ma famille, j’appelais Papa et Maman, avec une angoisse dans le cœur impossible à décrire. Mais personne, là-bas, ne m’écoutait ».

À son tour, alors qu'elle avait près de 9 ans, elle est la victime de négriers qui la vendent et la revendent plusieurs fois, sur les marchés d'El Obeid et de Khartoum, en lui infligeant de mauvais traitements. Le traumatisme est si grand qu'elle en oubliera son premier nom. C'est ainsi qu'on lui donne le nom de Bakhita, qui signifie la chanceuse.

Elle appartenait à un général turc qui lui avait fait subir de cruelles scarifications (tatouages) quand ce dernier décida de vendre toutes ses esclaves. Bakhita est alors acquise par le consul d'Italie à Khartoum, Calisto Legnani, en 1883. Sa vie change alors radicalement : «Le nouveau maître était assez bon et il se prit d'affection pour moi. Je n'eus plus de réprimandes, de coups, de châtiments, de sorte que, devant tout cela, j'hésitais encore à croire à tant de paix et de tranquillité »

En 1885, le consul Legnani doit quitter le Soudan à cause de la révolution mahdiste et Bakhita lui demande de l'emmener. Il accepte et ils s'embarquent avec une famille amie, les Michieli. Arrivés à Gênes, Madame Maria Turina Michieli demande à garder Bakhita à son service. Elle arrive ainsi à Ziagino, dans la province de Venise. 

La découverte de la foi

Madame Michieli ayant eu une petite fille, Mimmina, elle en confie la garde à Bakhita qui s'en occupe avec beaucoup de tendresse. C'est ensemble qu'elles retournent au Soudan, avant de revenir à nouveau en Italie. Là, Madame Michieli confie pour une brève période sa petite fille et Bakhita à l'institut des Catéchistes de Venise, tenu par les religieuses canossiennes. Et là, quand Madame Michieli veut la reprendre pour la ramener chez elle, elle demande à rester chez les religieuses, malgré sa tristesse de quitter Mimmina, ce qui fut accepté avec difficultés. Madame Michieli refusant de se séparer de Bakhita, elle tenta de faire intervenir diverses personnalités pour la sortir de l'Institut. L'affaire alla jusqu'à un procès. Néanmoins, le 29 novembre 1889, le procureur déclara que Bakhita était libre de choisir là où elle voulait rester puisque l'esclavage n'existait pas en Italie.

« Les Sœurs firent mon instruction avec beaucoup de patience, dit-elle, et me firent connaître ce Dieu que tout enfant je sentais dans mon cœur sans savoir qui il était. Voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même: qui donc est le maître de ces belles choses ? Et j'éprouvais une grande envie de le voir, de le connaître et de lui rendre mes hommages ».

Le 9 janvier 1890, elle est baptisée par le cardinal de Venise, Monseigneur Agostini, et reçoit la Confirmation. Elle aimait à baiser les fonts baptismaux en disant : «Ici, je suis devenue fille de Dieu ».

Après trois ans, elle demanda de devenir religieuse, à l'âge de 24 ans. La sœur supérieure, Anna Previtali, lui dit: « Ni la couleur de la peau, ni la position sociale ne sont des obstacles pour devenir sœur. ». Le 7 décembre 1893, Bakhita rejoignit le noviciat des Sœurs de la Charité à l'institut de catéchuménat de Venise.

C'est le 8 décembre 1896, à Vérone, qu'elle prononce ses premiers vœux. En 1902, elle est transférée à Schio, province de Vicenza où, pendant plus de cinquante ans, elle s'occupe de la cuisine, de la lingerie, de la conciergerie. En 1927, elle prononce ses vœux perpétuels. Aimée de tous, on lui donne le surnom de Petite Mère Noire (Madre Moretta). Elle disait : «Soyez bons, aimez le Seigneur, priez pour ceux qui ne le connaissent pas. Voyez comme est grande la grâce de connaître Dieu. ».

En 1910, elle écrivit son histoire suite à la demande de sa supérieure, sœur Margherita Bonotto.

Pendant la Seconde Guerre mondiale la ville de Schio est menacée de bombardements. Aux Sœurs qui l'invitent à se réfugier dans le souterrain de la maison, elle répond: « Non, je n'ai pas peur, je suis dans les mains de Dieu. Il m'a libérée des mains des lions, des tigres et des panthères, ne voulez-vous pas qu'il me sauve aussi des bombes ? ».

Après une longue et douloureuse maladie, et une pénible agonie où elle revivait les jours de son esclavage en murmurant : « Lâchez mes chaînes, elles me font mal », elle s'éteint le 8 février 1947 en invoquant : « Notre Dame ! Notre Dame ! ».

Immédiatement, les gens accourent sur sa tombe, et beaucoup de grâces y sont obtenues

La montée vers les autels

Le corps de Bakhita, d’après les témoignages recueillis à l’époque, reste tiède et souple jusqu’au moment de la fermeture du cercueil. Un père de famille, chômeur, demande, devant le cercueil d’avoir du travail : il retourne quelques heures plus tard, en racontant qu’il en avait trouvé. Les miracles commencent. En 1950, déjà, trois ans seulement après sa mort, le bulletin Canossien publie 6 pages de noms de personnes qui attestent qu’elles ont reçu des grâces par l’intercession de Bakhita.

Le procès ordinaire en vue de la Béatification se déroule à Vicence entre 1955 et 1957. Le procès apostolique se tient en 1968-1969. Au mois de septembre 1969 ; le corps de Bakhita est exhumé et transporté au cimetière de Schio, à l’Institut des Filles de Charité où elle avait vécu.

Jean Paul II signe de Décret sur l’héroïcité des vertus de Joséphine Bakhita le 1er décembre 1978, et, le 6 juillet 1991, le Décret de Béatification. Le 17 mai 1992, Joséphine Bakhita est proclamée Bienheureuse, et le dimanche octobre 2000, Jean Paul II la canonise au cours d’une Messe solennelle célébrée sur la Place Saint-Pierre : elle est la première Sainte soudanaise.

Le Pape dira à cette occasion : « Cette sainte fille d'Afrique, montre qu'elle est véritablement une enfant de Dieu: l'amour et le pardon de Dieu sont des réalités tangibles qui transforment sa vie de façon extraordinaire ».

Mgr. Macram Max Gassis déclare: Bakhita est un signe éclatant pour l’Afrique

S. Exc. Mgr. Macram Max Gassis, Evêque de El Obeid au Soudan, à l’occasion de la Canonisation de Joséphine Bakhita le 1° octobre 2000, déclara à l’Agence Fides : « Bakhita est le symbole du fait que la femme est le pivot de la société, malgré ses tribulations et ses difficultés. La figure de Bakhita est celle d’une femme qui sait supporter les humiliations et la violence avec humilité, dignité et amour. C’est la démonstration qu’aucune souffrance n’humilie tellement une femme au point de la priver de l’amour de Dieu, au contraire, l’amour de Dieu précisément rachète la femme de toute souffrance. Pour cela, Bakhita, libre de l’esclavage physique, choisit de se faire esclave de l’amour de Dieu qui libère. Bakhita est la première Sainte africaine non martyre. Cela veut dire que la sainteté n’est pas réservée seulement à l’homme africain, qui est, dans la partie Est du continent, la figure prédominante. Même une femme qui suit fidèlement Jésus peut être Sainte. Cela a une valeur éclatante en Afrique ».

A propos du message de Bakhita pour le monde contemporain, Mgr Gassis souligna qu’il consistait « dans l’espérance d’être libérés de l’esclavage, dans tous les sens. Il y a un esclavage physique, dont la Sainte a été libérée. C’est le même esclavage que vivent de nombreux enfants et de femmes du Soudan. Mais Bakhita intercèdera pour les libérer d’autres esclavages. Et puis, il y a une autre espérance qui vient de Bakhita : l’espérance pour tous ceux qui abandonnent leur propre terre. Elle a vécu en Vénétie, où, aujourd’hui il y a de nombreux émigrés que vous appelez des extra communautaires. Bakhita a eu de la chance. Elle a trouvé là la liberté, la foi et l’amour. C’est une figure qui peut encourager les immigrés en Occident à ne jamais perdre l’espérance. De nombreux immigrés ont souffert et souffrent encore. Bakhita est pour eux un exemple d’espérance, parce que, après la Croix, il y a toujours la Résurrection » 

http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=0112074_bakhita

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Josephine bakita 45 01Sainte GIUSEPPINA BAKHITA
Religieuse,
1869-1947

 Mère Giuseppina Bakhita naquit au Soudan en 1869 et mourut à Schio (Vicenza) en 1947. 

Fleur d'Afrique, elle connut les angoisses de l'enlèvement et de l'esclavage, et s'ouvrit admirablement à la grâce en Italie, aux côtés des filles de Sainte Madeleine de Canossa. 

La petite Mère Noire 

A Schio (Vicenza) où elle vécut durant de nombreuses années, tous l'appellent encore «notre petite Mère noire». 

Le procès pour la cause de canonisation commença douze ans après sa mort, et le 1er décembre 1978, l'Église publia le décret sur l'héroïcité de ses vertus. 

La divine Providence qui «prend soin des fleurs des champs et des oiseaux du ciel», a guidé cette esclave soudanaise, à travers d'innombrables souffrances, vers la liberté humaine et celle de la foi, jusqu'à la consécration de sa propre vie pour l'avènement du Royaume. 

En esclavage 

Bakhita n'est pas le prénom qu'elle reçut de ses parents à sa naissance. L'effroi éprouvé le jour où elle fut enlevée, provoqua quelques trous de mémoire. La terrible expérience lui avait fait également oublier son prénom. 

Bakhita, qui signifie «fortunée», est le prénom qui lui fut donné par ses ravisseurs. 

Vendue et revendue plusieurs fois sur les marchés de El Obeid et de Khartoum, elle connut les humiliations, les souffrances physiques et morales de l'esclavage.  

Vers la liberté 

Dans la capitale du Soudan, Bakhita fut rachetée par un Consul italien, Calliste Legnani. Pour la première fois, depuis le jour de son enlèvement, elle se rendit compte, avec une agréable surprise, que personne en lui donnant des ordres, n'utilisait plus le fouet, et qu'on la traitait même de façon affable et cordiale. Dans la maison du Consul, Bakhita connut la sérénité, l'affection et des moments de joie, peut-être même s'ils étaient encore voilés par la nostalgie de sa famille, perdue pour toujours. 

Des événements politiques obligèrent le Consul à partir pour l'Italie. Bakhita demanda de partir avec lui et avec un de ses amis, Auguste Michieli. 

En Italie 

Arrivé à gênes, Monsieur Legnani, suivant les demandes de l'épouse d'Auguste Michieli, accepta que Bakhita restât avec eux. Elle suivit sa nouvelle «famille» dans leur domicile de Zianigo (dans la banlieue de Mirano Veneto) et, quand naquit leur fille Mimmina, Bakhita en devint l'éducatrice et l'amie. 

L'acquisition puis la gestion d'un grand hôtel à Suakin, sur la Mer Rouge, contraignirent Mme Michieli à déménager dans cette localité pour aider son mari. Entre-temps, d'après un conseil de leur administrateur, Illuminato Checchini, Mimmina et Bakhita furent confiées aux Sœurs Canossiennes de l'Institut des catéchumènes de Venise. Et c'est là que Bakhita demanda et obtint de connaître ce Dieu que depuis son enfance «elle sentait dans son cœur sans savoir qui Il était». 

«Voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même: Qui est donc le Maître de ces belles choses? Et j'éprouvais une grande envie de le voir, de le connaître et de lui rendre mes hommages».  

Fille de Dieu 

Après quelques mois de catéchuménat, Bakhita reçut le Sacrement de l'Initiation chrétienne et donc le nouveau nom de Giuseppina. C'était le 9 janvier 1890. Ce jour-là, elle ne savait pas comment exprimer sa joie. Ses grands yeux expressifs étincelaient, révélant une émotion intense. Ensuite on la vit souvent baiser les fonts baptismaux et dire: «Ici, je suis devenue fille de Dieu!». 

Chaque nouvelle journée la rendait toujours plus consciente de la façon dont ce Dieu, qui maintenant la connaissait et l'aimait, l'avait conduite à lui par des chemins mystérieux, la tenant par la main. 

Quand Madame Michieli revint d'Afrique pour reprendre sa fille et Bakhita, celle-ci, avec un esprit de décision et un courage insolites, manifesta sa volonté de rester avec les Mères Canossiennes et de servir ce Dieu qui lui avait donné tant de preuves de son amour. 

La jeune africaine, désormais majeure, jouissait de la liberté d'action que la loi italienne lui assurait. 

Fille de Madeleine 

Bakhita demeura dans le catéchuménat, où se fit plus clair pour elle l'appel à se faire religieuse, à se donner entièrement au Seigneur dans l'Institut de Sainte Madeleine de Canossa. 

Le 8 décembre 1896, Giuseppina Bakhita se consacra pour toujours à son Dieu qu'elle appelait, usant une douce expression: «Mon Maître!». 

Durant plus de cinquante ans, cette humble Fille de la Charité, vrai témoin de l'amour de Dieu, vécut en s'adonnant à diverses occupations dans la maison de Schio: elle fut, en effet, cuisinière, lingère, brodeuse, concierge. 

Lorsqu'elle se dédia à cette dernière tâche, ses mains se posaient avec douceur sur la tête des enfants qui fréquentaient chaque jour l'école de l'Institut. Sa voix aimable, qui rappelait les berceuses et les chants de sa terre natale, se faisait agréable pour les petits, réconfortante pour les pauvres et les souffrants, encourageante pour tous ceux qui frappaient à la porte de l'Institut. 

Témoignage d'amour 

Son humilité, sa simplicité et son sourire constant conquirent le cœur de tous les habitants de Schio. Les Sœurs l'estimaient pour sa douceur inaltérable, sa bonté exquise et son profond désir de faire connaître le Seigneur. 

«Soyez bons, aimez le Seigneur, priez pour ceux qui ne le connaissent pas. Considérez cette grande grâce de connaître Dieu! Arriva la vieillesse, puis la maladie longue et douloureuse, mais Mère Bakhita continua à donner un témoignage de foi, de bonté et d'espérance chrétienne. À qui lui rendait visite et lui demandait comment elle se portait, elle répondait souriante: «Comme le veut le patron». 

La dernière épreuve 

Dans l'agonie, elle revécut les jours terribles de son esclavage, et, à maintes reprises, elle supplia l'infirmière qui l'assistait: «Lâchez un peu les chaînes... elles me font mal!». 

Ce fut la très Sainte Vierge Marie qui la libéra de toute souffrance. Ses dernières paroles furent: «Notre Dame!Notre Dame!», tandis que son ultime sourire témoignait de sa rencontre avec la Mère du Seigneur. 

Mère Bakhita s'est éteinte le 8 février 1947 dans la maison de Schio, entourée de la communauté en pleurs et en prières. Une foule accourut rapidement à la maison de l'Institut pour voir une dernière fois leur «petite Mère noire» et lui demander la protection du ciel. Sa réputation de sainteté s'est désormais répandue sur tous les continents. 

Nombreuses sont les grâces obtenues par son intercession.

Canonisée le 1° octobre 2000, place Saint-Pierre, par le Pape Jean-Paul II. 

SOURCE : http://www.vatican.va/

http://nouvl.evangelisation.free.fr/giuseppina_bakhita.html

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 Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,Abbaye saint joseph de clairval 21150

Deux jeunes filles soudanaises âgées de sept et douze ans, débordantes de vie et de joie, se promènent dans les champs tout en jouant. La nature, l'avenir, tout leur sourit en ce printemps de la vie. Rien ne laisse présager un événement tragique. S'arrêtant pour ramasser des herbes pour la cuisine, elles aperçoivent soudain deux hommes qui s'approchent d'elles. L'un d'eux s'adresse à l'aînée, et lui demande comme un service de laisser partir la plus jeune dans la forêt pour chercher un paquet oublié. La petite, dans son innocence, fait ce qu'on lui demande et part vers la forêt avec les deux hommes. Arrivée dans le bois, elle se rend compte qu'il n'y a pas de paquet. Les deux hommes s'approchent et la menacent, l'un avec un couteau, l'autre avec un revolver: «Si tu cries, tu es morte! Viens, suis-nous». Terrifiée, la fillette essaie de crier, mais n'y parvient pas. Plus loin, les ravisseurs lui demandent son nom; pétrifiée de peur, elle est incapable de répondre. «Bien, disent-ils, nous t'appellerons Bakhita (ce qui signifie «celle qui a de la chance»), car tu as vraiment de la chance». Aux yeux de ces hommes, il y avait ironie à appeler «chance» ce qui était un malheur. Mais aux yeux de Dieu, qui dirige tous les événements pour le bien des élus, c'était vraiment une chance inouïe pour Bakhita.

Bakhita est née au Soudan vers 1869 dans une famille qui comptera huit enfants, de la tribu nubienne des Dagiù; elle passe ses premières années à Olgossa, petit village du Darfour près du Mont Agilerei. Elle est encore toute petite quand sa soeur aînée est enlevée par des trafiquants d'esclaves?–?elle n'est jamais revenue. C'est maintenant le tour de Bakhita d'être traînée pendant de longs jours, à marche forcée sur un chemin difficile, avec d'autres personnes qui, comme elle, seront vendues comme esclaves. À cinq reprises, elle sera achetée puis revendue sur les marchés d'El-Obeid et de Khartoum; elle servira plusieurs maîtres durant une douzaine d'années, au milieu d'indicibles souffrances. Chez l'un d'eux, particulièrement cruel, Bakhita est battue chaque jour jusqu'au sang; chez un autre, elle est soumise au tatouage réservé aux esclaves. L'opération consiste à tracer avec une lame de rasoir des dessins sur la poitrine et le ventre; les plaies ouvertes sont ensuite bourrées de sel afin d'empêcher la cicatrisation. De tous ces mauvais traitements, elle gardera pour le reste de sa vie 144 cicatrices.

 Au-dedans de moi

Malgré les mauvais traitements, Bakhita se comporte avec loyauté envers ses maîtres. Jamais elle ne se sert à leurs dépens, même quand elle est affamée. Elle s'efforce aussi d'exécuter fidèlement tous les ordres reçus, quelque durs et contrariants qu'ils puissent être. Plus tard, quand on lui demandera si elle agissait ainsi pour obéir à Dieu, elle répondra: «Je ne connaissais pas Dieu alors. Je faisais ainsi, car je ressentais au-dedans de moi que c'était de cette manière qu'il fallait faire». Bakhita obéissait à sa conscience éclairée par la loi naturelle inscrite dans le coeur de tout homme: «Au fond de sa conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir, explique le Concile Vatican II. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, au moment opportun résonne dans l'intimité de son coeur: «Fais ceci, évite cela». Car c'est une loi inscrite par Dieu au coeur de l'homme; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera. La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre» (Gaudium et spes, n. 16).

Quelques mois après le tatouage, son maître, officier de l'armée turque, doit rentrer dans son pays. Ne pouvant emmener ses esclaves, il se résout à les vendre. Providentiellement, Bakhita est achetée, en 1883, par le Consul d'Italie à Khartoum, Callisto Legnani. Elle racontera: «Le nouveau maître était assez bon et il se prit d'affection pour moi... Je n'eus plus de réprimandes, de coups, de châtiments, de sorte que, devant tout cela, j'hésitais encore à croire à tant de paix et de tranquillité». Pour la première fois depuis le jour de son enlèvement, Bakhita ne craint plus le fouet; elle est même traitée de façon affable et cordiale. Dans la maison du Consul, elle connaît la sérénité, l'affection et des moments de joie, même s'ils sont encore voilés par la nostalgie de sa famille, perdue pour toujours.

En 1885, des événements politiques obligent le Consul à rentrer en Italie; désireuse de rester à son service, Bakhita est admise à le suivre. À l'arrivée du diplomate à Gênes, un ami lui fait part du désir de son épouse enceinte d'avoir une servante pour l'aider. Le Consul ayant accédé à la demande, Bakhita entre dans une nouvelle famille, les Michieli. À la naissance de l'enfant, une fille, Bakhita est préposée à son éducation; plus tard, toutes deux sont confiées aux Filles de la Charité, dites Soeurs Canossiennes, de l'institut des catéchumènes de Venise. Un ami présente alors à Bakhita un crucifix en argent. Au moment de le lui donner, il le baise respectueusement en expliquant que Jésus-Christ est le Fils de Dieu et qu'Il est mort pour nous. Bakhita ne saisit pas toute la portée de ces paroles; néanmoins, chez les Soeurs elle apprend à connaître Dieu que depuis son enfance elle sent dans son coeur. Elle écrira un jour: «Voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même: «Qui est donc le Maître de ces belles choses?» Et j'éprouvais une grande envie de Le voir, de Le connaître et de Lui rendre mes hommages».

 Un «Paron» tout différent

Dans son encyclique sur l'espérance chrétienne, Spe salvi, du 30 novembre 2007, ?le Pape Benoît XVI a évoqué le cheminement spirituel de Bakhita: «Après avoir été la propriété de «maîtres» terribles, Bakhita connut un «Maître» totalement différent – dans le dialecte vénitien, qu'elle avait alors appris, elle appelait «Paron», le Dieu vivant, le Dieu de Jésus-Christ. Jusqu'alors, elle n'avait connu que des maîtres qui la méprisaient et qui la maltraitaient, ou qui, dans le meilleur des cas, la considéraient comme une esclave utile. Cependant, à présent, elle entendait dire qu'il existait un «Paron» au-dessus de tous les maîtres, le Seigneur des seigneurs, et que ce Seigneur était bon, la bonté en personne. Elle apprit que ce Seigneur la connaissait, elle aussi, qu'Il l'avait créée, elle aussi – plus encore, qu'Il l'aimait. Elle aussi était aimée, et précisément par le «Paron» suprême, face auquel tous les autres maîtres ne sont, eux-mêmes, que de misérables serviteurs. Elle était connue et aimée, et elle était attendue. Plus encore, ce Maître avait Lui-même personnellement dû affronter le destin d'être battu et maintenant Il l'attendait «à la droite de Dieu le Père». Désormais, elle avait une «espérance» – non seulement la petite espérance de trouver des maîtres moins cruels, mais la grande espérance: je suis définitivement aimée et quoi qu'il m'arrive, je suis attendue par cet Amour. Et ainsi ma vie est bonne. Par la connaissance de cette espérance, elle était «rachetée», elle ne se sentait plus une esclave, mais une fille de Dieu libre» (n. 3).

Bakhita suit les étapes du catéchuménat. À ce moment, Madame Michieli, sur le point de suivre son mari qui doit repartir en Afrique, s'avise de reprendre sa servante. En vertu de la liberté que lui assure la loi italienne, Bakhita déclare renoncer à rentrer dans son pays: elle souhaite rester avec les Soeurs Canossiennes pour achever auprès d'elles sa formation chrétienne. «Je ne peux pas retourner en Afrique, dit-elle, car, si je le faisais, cela signifierait l'abandon de ma foi en Dieu. J'aime beaucoup ma maîtresse et son enfant, mais je ne peux pas perdre Dieu. Je me suis donc décidée à rester». Le 9†janvier 1890, Bakhita reçoit, de la main du Patriarche de Venise, les Sacrements de l'initiation chrétienne: Baptême, Confirmation et Eucharistie, avec le prénom chrétien de Joséphine. D'après un témoin qui participe au repas de fête qui suit, Bakhita est transfigurée: «Elle parlait peu, mais le bonheur rayonnait de tous ses gestes, de toutes ses paroles». Souvent, par la suite, on verra Bakhita baiser les fonts baptismaux en disant: «Ici, je suis devenue fille de Dieu!» De jour en jour grandit en elle une immense gratitude envers Dieu qui n'a cessé de la tenir par la main pour la conduire à Lui. Elle expérimente la vérité de la parole de saint Paul:Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu (Rm 8, 28). En effet, une analyse superficielle des événements est incapable d'expliquer la destinée de Bakhita: seule la foi lui donne un sens. Comme le dit encore Benoît XVI: «Ce ne sont pas les éléments du cosmos, les lois de la matière qui, en définitive, gouvernent le monde et l'homme, mais c'est un Dieu personnel qui gouverne les étoiles, à savoir l'univers; ce ne sont pas les lois de la matière et de l'évolution qui sont l'instance ultime, mais la raison, la volonté, l'amour – une Personne... La vie n'est pas un simple produit des lois et des causalités de la matière, mais, en tout, et en même temps au-dessus de tout, il y a une volonté personnelle, il y a un Esprit qui, en Jésus, s'est révélé comme Amour» (Spe salvi, n. 5).

 Tout à Dieu

Après son Baptême, Bakhita poursuit sa formation dans la foi, et bientôt entend la voix du Seigneur qui l'appelle à se consacrer totalement à Lui. Le 7 décembre 1893, elle est reçue au noviciat des Soeurs Canossiennes, et le 8 décembre 1896, elle prononce ses premiers voeux religieux, sous le nom de Soeur Joséphine, se consacrant à Celui qu'elle appelle familièrement: «Mon Maître!» Avant d'être admise à la profession, afin de certifier qu'elle demande librement à s'engager, elle est interrogée, selon la coutume, par le Patriarche de Venise, le Cardinal Sarto, futur Pape saint Pie X. Après l'avoir entendue, le prélat lui dit avec un beau sourire: «Faites vos voeux sans crainte aucune. Jésus vous aime. Aimez-Le et servez-Le toujours comme vous l'avez fait jusqu'ici».

Quelques années plus tard, une élève italienne demandera à Bakhita ce qu'elle ferait si elle rencontrait par hasard ceux qui l'avaient enlevée. Elle répond sans hésitation: «Si je rencontrais les trafiquants d'esclaves qui m'ont enlevée, et même ceux qui m'ont torturée, je me mettrais à genoux et baiserais leurs mains. Si ce qui m'est arrivé n'avait pas eu lieu, comment serais-je devenue Chrétienne et Religieuse?» Loin de nourrir des sentiments de haine envers ses persécuteurs, Bakhita s'efforce de les excuser. Comme Notre-Seigneur sur la Croix, elle prie pour eux, car ils ne savent pas ce qu'ils font (Lc 23, 34). Un jour, alors qu'on fait allusion à ses ravisseurs, elle dit: «Je ressens de la pitié envers eux. Sans doute ignoraient-ils l'angoisse qu'ils m'ont occasionnée. Eux, c'étaient les maîtres, moi, j'étais l'esclave. Comme il nous est naturel de faire le bien, de même est-il naturel pour eux de faire comme ils l'ont fait envers moi. Ils l'ont fait par habitude, non par méchanceté».

L'attitude étonnante de cette femme témoigne de la présence aimante de Dieu dans un monde trop souvent injuste. Lors d'une visite dans l'île de Gorée au large de Dakar, au Sénégal, le 22 février 1992, le Pape Jean-Paul†II évoquait les millions d'africains déportés pour être vendus en Amérique: «Pendant toute une période de l'histoire du continent africain, des hommes, des femmes et des enfants noirs ont été amenés sur ce sol étroit, arrachés à leur terre, séparés de leurs proches, pour y être vendus comme des marchandises... Ils ont été victimes d'un honteux commerce, auquel ont pris part des personnes baptisées mais qui n'ont pas vécu leur foi. Comment oublier les énormes souffrances infligées, au mépris des droits humains les plus élémentaires, aux populations déportées du continent africain? Comment oublier les vies humaines anéanties par l'esclavage? Il convient que soit confessé en toute vérité et humilité ce péché de l'homme contre l'homme, ce péché de l'homme contre Dieu. Qu'il est long le chemin que la famille humaine doit parcourir avant que ses membres apprennent à se regarder et à se respecter comme images de Dieu, pour s'aimer enfin en fils et filles du même Père céleste!»

 Aujourd'hui encore

Mais de tels crimes ne sont pas seulement le fait du passé. De nos jours encore, l'esclavage, sous diverses formes, est une plaie de la société. Le Concile Vatican II affirme avec force: «Tout ce qui constitue une violation de l'intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques; tout ce qui est offense à la dignité de l'homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l'esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable: toutes ces pratiques et d'autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu'elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s'y livrent plus encore que ceux qui les subissent et insultent gravement à l'honneur du Créateur» (Gaudium et spes, n. 27).

Envoyée en 1902 à Schio, dans le nord de l'Italie, Soeur Joséphine y assume diverses responsabilités: cuisinière, lingère, brodeuse, portière. Comme cuisinière, elle est remplie d'attentions envers tous, surtout envers les malades pour lesquels elle prépare des plats plus appétissants: son désir est d'aimer et de servir par amour du Christ. À la porterie, elle a grand soin des enfants qu'elle aime bénir affectueusement en leur imposant la main. Avec sa voix aimable, «La Petite Mère Noire», comme on l'appelle, se fait proche des petits, accueillante pour les pauvres et les souffrants, encourageante pour tous ceux qui frappent à la porte du couvent. Fidèle à chercher Dieu dans les humbles travaux de la vie quotidienne, elle a un coeur d'apôtre. À l'occasion de sa profession religieuse, elle a composé cette prière: «Seigneur bien-aimé, que Vous êtes bon! Puissé-je voler vers l'Afrique et proclamer tout haut à tout mon peuple votre bonté à mon égard. Combien d'âmes entendraient ma voix et se tourneraient vers Vous! Accordez, Seigneur, qu'eux aussi Vous connaissent et Vous aiment!» Cet esprit missionnaire est relevé par le Pape Benoît XVI: «Elle chercha surtout, dans ses différents voyages en Italie, à appeler à la mission: la libération qu'elle avait obtenue à travers la rencontre avec le Dieu de Jésus-Christ, elle se sentait le devoir de l'étendre, elle devait la donner aussi aux autres, au plus grand nombre de personnes possible. L'espérance, qui était née pour elle et qui l'avait «rachetée», elle ne pouvait pas la garder pour elle; cette espérance devait rejoindre beaucoup de personnes, elle devait rejoindre tout le monde» (Spe salvi, n. 3).

 Les véritables pauvres

En 1935, sa Supérieure lui demande d'aller dans différents couvents de la congrégation afin de témoigner devant les autres Soeurs des merveilles de Dieu à son égard. Naturellement timide et profondément humble, elle n'éprouve pas d'enthousiasme pour ce projet, mais accepte dans un esprit d'obéissance. Et la grâce ne lui fait pas défaut. Son message consiste à encourager ses Soeurs à la sainteté, à la gratitude pour tant de bienfaits reçus et aussi à prier pour toutes les âmes qui n'ont pas encore eu le bonheur de connaître Jésus-Christ. Après avoir entendu son témoignage, on lui exprime parfois des condoléances. Elle explique: «Souvent les gens me disent, «Ma pauvre! Ma pauvre!» Je ne suis pas pauvre, car j'appartiens au Maître et je vis dans sa maison. Les «pauvres» sont ceux qui ne sont pas tout à Lui». De 1936 à 1938, Mère Joséphine remplit les fonctions de portière au noviciat de Milan où elle a l'occasion d'édifier les novices et leurs familles. Pour celles qui ont du mal à accepter de voir leurs filles partir dans un pays lointain, elle trouve les paroles de réconfort: «Combien d'africains accepteraient la foi s'il y avait des missionnaires pour leur prêcher le nom de Jésus-Christ, son amour pour nous, son Sacrifice rédempteur pour les âmes!»

En 1943, la communauté et la population de Schio célèbrent les cinquante ans de profession de Mère Joséphine. Peu après, sa santé décline et elle est confinée dans un fauteuil roulant. Elle répond un jour à un prélat qui lui demande ce qu'elle fait assise dans son fauteuil: «Ce que je fais? Exactement la même chose que vous: la Volonté de Dieu». Une autre fois, le médecin lui cite le passage du Cantique des cantiques (1, 4), «Nigra sum, sed formosa» et lui en explique le sens: «Ma peau peut bien être noire, mon âme est belle et éclatante». Mère Joséphine répond: «Oh, si seulement Notre-Seigneur pouvait penser cela de moi lorsque je Le rencontrerai!» Cette rencontre, elle la désire: «Quand on aime beaucoup une personne, on a un grand désir d'être avec elle. Pourquoi donc avoir peur de la mort? C'est elle qui nous mène à Dieu». Et à ceux qui lui suggèrent que tout de même le Jugement de Dieu est quelque chose de redoutable: «Faites maintenant ce que vous voudrez avoir fait alors. C'est nous-mêmes qui préparons notre jugement».

Cette confiance inébranlable l'aide à supporter les souffrances des derniers jours. Dans son agonie, elle revit les années terribles de l'esclavage, et, à maintes reprises, elle supplie l'infirmière qui l'assiste: «Lâchez un peu les chaînes... elles me font mal!» À la fin cependant, la Sainte Vierge vient la délivrer définitivement de tout mal. Les dernières paroles de la mourante: «Notre-Dame! Notre-Dame!», ainsi que son ultime sourire, témoignent de sa rencontre avec la Mère du Seigneur. C'était le 8 février 1947 au couvent de Schio. La communauté l'entourait de sa prière; une foule accourt rapidement pour voir une dernière fois la «Petite Mère Noire» et lui demander de les protéger depuis le Ciel.

 Quelque chose d'essentiel

Le 1er octobre 2000, Mère Joséphine Bahkita a été canonisée par Jean-Paul II, et en 2007, Benoît XVI l'a proposée comme exemple de l'espérance dans son encyclique Spe salvi. Cette encyclique contient par ailleurs une remarque qui mérite une attention particulière: «Je voudrais encore ajouter une petite annotation qui n'est pas du tout insignifiante pour les événements de chaque jour. La pensée de pouvoir «offrir» les petites peines du quotidien, qui nous touchent toujours de nouveau comme des piqûres plus ou moins désagréables, leur attribuant ainsi un sens, était une forme de dévotion, peut-être moins pratiquée aujourd'hui, mais encore très répandue il n'y a pas si longtemps. Dans cette dévotion, il y avait certainement des choses exagérées et peut-être aussi malsaines, mais il faut se demander si quelque chose d'essentiel qui pourrait être une aide n'y était pas contenu de quelque manière. Que veut dire «offrir»? Ces personnes étaient convaincues de pouvoir insérer dans la grande compassion du Christ leurs petites peines, qui entraient ainsi d'une certaine façon dans le trésor de compassion dont le genre humain a besoin. De cette manière aussi les petits ennuis du quotidien pourraient acquérir un sens et contribuer à l'économie du bien, de l'amour entre les hommes. Peut-être devrions-nous nous demander vraiment si une telle chose ne pourrait pas redevenir une perspective judicieuse pour nous aussi» (n. 40).

À la lumière de cette délicate suggestion du Saint-Père, nous pouvons avancer sur le chemin de la vie, guidés par Marie, l'étoile de l'espérance. 

Dom Antoine Marie osb, abbé

 

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Date de dernière mise à jour : 2021-07-04