Passioniste de Polynésie

Saint Louis de GONZAGUE

san-luigi-gonzaga-x.jpgLouis de Gonzague était le fils de Ferrante de Gonzague[1] et de Marta de Tana Santena[2], issus de familles illustres où l’on compte nombre d’évêques[3] et de cardinaux[4]. Ferrante, en catholique fidèle, avait refusé une haute dignité offerte par Henri VIII d'Angleterre ; Marta s'adonnait aux œuvres de charité et aux lectures spirituelles. Louis, le premier de leur huit enfants, naquit au château de Castiglione, près de Mantoue, le 9 mars 1568 ; la naissance s'était présentée dans des conditions si difficiles qu’il fut ondoyé immédiatement ; le baptême solennel eut lieu le 20 avril 1568.

Louis fut, dès le berceau, le modèle du calme le plus aimable. Il lui arriva plus tard de disparaître : on le retrouvait dans quelque coin, à genoux et les mains jointes. Sa mère avait le désir qu’il se consacrât à Dieu, mais son père le destinait à la carrière militaire ; il lui avait fait faire un costume de soldat et des armes adaptées à ses quatre ans. Un jour, il l'emmena à la forteresse de Casale où Louis, fort réjoui, chargea lui-même, à l'insu de tous, une petite pièce de campagne ; quand le coup partit, on crut à une révolte, et Louis faillit être tué par le recul de la pièce. Bien mieux, il se mit à employer le langage des soldats.

Quand son père embarqua ses troupes pour Tunis. Louis retourna dans sa famille ; c'était la fin de ce qu'il appela plus tard sa vie de péché, dont il eut toujours une honte extrême. Ferrante, revenu de son expédition en 1577, envoya Louis et son frère Rodolphe à Florence, à la cour du grand-duc ; Louis étudiait le latin et le toscan, cet attique de l'italien, et on le citait en exemple aux princesses Eléonore et Marie de Médicis. Il entreprenait une lutte acharnée contre les défauts qu'il s'était découverts : la colère, l'impatience, le mécontentement intérieur ; il ne connaissait pas encore la prière mentale, mais la lecture d'un petit livre sur les mystères du Rosaire, développait sa dévotion envers la mère de Dieu. C'est à l'église des Servites, devant la Vierge de l'Annonciation, qu'il fit, à cette époque, son vœu de chasteté perpétuelle, et bien qu'il ne subît jamais la moindre tentation, il se livra, dès lors, à une vigilance et à une mortification sévères.

A l'automne 1579, son père l'appela à Mantoue où il fut atteint des premiers symptômes de la pierre ; mis au régime, on obtint une guérison parfaite, mais sa santé générale en fut ébranlée. Quelques mois plus tard, à Castiglione il décidait de continuer les jeûnes où il avait trouvé le bien de son âme. Il passait en contemplation des heures entières pendant lesquelles il fondait en larmes ; un opuscule de méditations quotidiennes, par saint Pierre Casinius, et des lettres de l'Inde, qui tombèrent entre ses mains, lui firent connaître la Compagnie de Jésus. Pendant une absence de son père, il reçut le saint cardinal Charles Borromée qui lui donna, pour la première fois, la communion, le 22 juillet.

Revenu à Casale, il fit de grands progrès dans les langues anciennes, lisant surtout Sénèque, Plutarque et les auteurs spirituels ; il fréquentait le couvent des Capucins et celui des Barnabites, dont il admirait la concorde, la douce gaieté, l'ordre de vie et le mépris des choses d'ici-bas. En 1581, de retour à Castiglione, il ne prenait par jour qu'une once de nourriture ; ses instruments de pénitence étaient des chaînes à chien et des molettes d'éperon ; il passait une partie des nuits en oraison et commençait à souffrir de douleurs de tête qui ne le quittèrent plus. Sans guide spirituel, il aurait pu aboutir à un faux mysticisme, si sa prière continuelle n'avait été : Dirigez-moi, mon Dieu !

Quand, en 1581, Ferrante étant grand-chambellan du roi d'Espagne, Louis fut, à la cour de Madrid, page du prince héritier ; il s’adonnat aux études scientifiques, mais le discours latin dont il salua Philippe II après la soumission du Portugal, montre que sa formation littéraire était solide[5]. Aux heures des leçons de danse et d'escrime, il s'esquivait malgré les remontrances de son père ; il ne semble pas que l'obéissance ait alors été sa vertu dominante. Il lisait Louis de Grenade et réussissait à méditer une heure sans distraction, après avoir lutté parfois pendant trois ou quatre heures. La mort de l’Infant le fortifia dans son mépris du monde qu’il songeait d'ailleurs à quitter depuis Mantoue.

Après avoir pensé aux capucins et à un ordre ancien à réformer, il se décida pour la Compagnie de Jésus qui était dans l'élan de sa première ferveur ; il y était attiré par son goût pour l'éducation de la jeunesse et la conversion des païens ; de plus, il était sûr que, dans cet ordre seul, il ne serait chargé plus tard d'aucun honneur ecclésiastique.

Son père, pour gagner du temps, lui fit visiter les cours de Mantoue, Ferrare, Parme et Turin. Plusieurs évêques essayèrent de le persuader qu'il travaillerait plus à la gloire de Dieu en gouvernant sa principauté, mais en vain. Son père finit par donner son consentement, après l'avoir aperçu, par une fente de la porte, se donner la discipline jusqu'au sang et avoir assisté à un interrogatoire sur sa vocation poursuivit pendant une heure.

Avant de partir, Louis séjourna pendant quelques mois à Milan pour les affaires de son père, tout en poursuivant ses études philosophiques. En juillet 1585, il fit à Mantoue les Exercices de saint Ignace, signa le 2 novembre, en faveur de Rodolphe, son acte d'abdication relativement à sa principauté[6], et prit, le 4, le chemin de Rome ; il passa par Lorette pour accomplir un vœu de sa mère au moment de sa naissance. Le 25, il arrivait au noviciat Saint-André sur le Quirinal, où son postulat fut abrégé : il avait donné auparavant assez de preuves de la solidité de sa vocation.

Trois mois après, son père mourait dans des sentiments de piété remarquables, regrettant de s'être opposé si longtemps à la volonté de Dieu sur son fils. Louis, bien qu’il éprouvât une grande peine, se réjouissait de cette fin ; depuis qu'il avait quitté Castiglione, il ne pensait à sa famille qu’en priant pour elle. Il ne voulait plus entendre parler de son origine et fréquentait de préférence les frères coadjuteurs ; il sortait avec des vêtements râpés, un sac sur le dos pour recueillir les aumônes. Il écrivit alors la méditation connue sous le nom de Traité des Anges.

Le 27 octobre 1586, il partit pour Naples avec le maître des novices, mais un érysipèle et de la fièvre étant survenus, on le renvoya à Rome, dès le mois de mai, au collège romain où il prononça ses premiers vœux (25 novembre 1587). Il soutint publiquement des thèses de philosophie, puis passa à la théologie. Il discutait toujours avec vigueur, mais avec modération, n'interrompant jamais personne. En février et mars 1588, il recevait les ordres mineurs et s'appliquait de plus en plus à l'obéissance : il avait toujours une tendance marquée à résister lorsqu'on contrariait son zèle pour les pénitences extérieures.

En septembre 1589, le Père général lui ordonna d’aller à Castiglione, pour régler une querelle entre son frère Rodolphe et le duc de Mantoue au sujet du château de Solférino. Louis fit appel à la générosité du duc et le pria pour l'amour de Jésus de se réconcilier avec Rodolphe. Il réussit aussi à faire accepter le mariage secret de son frère qui avait fait scandale. Reçu à la maison des jésuites de Milan, il y eut la révélation de sa mort prochaine ; il aurait voulu revoir Rome où avait débuté sa vie religieuse ; le Père général l'y rappela précisément. A Sienne, invité à adresser une allocution aux élèves du collège, il parla sur le texte : Extote factores verbi et non auditores tantum.

De retour à Rome, il fit encore un discours sur les obligations de l'épiscopat, en présence de plusieurs évêques et sur leur demande. Pour fortifier son amour de Dieu, il lisait les soliloques de saint Augustin, l'explication du Cantique des cantiques par saint Bernard, la Vie de sainte Catherine de Gênes. Quant à son amour pour le prochain, il le manifesta surtout pendant la famine et la peste des années 1590-1591 ; il se dévoua à l'hôpital Saint-Sixte, puis à Santa Maria della Consolazione ; en chemin il rencontra un pestiféré, le porta sur ses épaules, et rentra malade (3 mars). Il resta languissant pendant plusieurs mois. Dans une sorte de ravissement qui dura toute une nuit, il apprit qu'il mourrait le jour de l'Octave du Saint-Sacrement, le 20 juin : ce jour-là il parut justement mieux et dut insister à plusieurs reprises pour obtenir la viatique ; on le trouvait si bien que le Père Bellarmin lui-même, son confesseur, ne fut pas admis à rester auprès de lui le soir ; il n'y avait que deux autres Pères et l'infirmier quand il rendit le dernier soupir entre dix et onze heures.

Son corps fut enseveli dans la crypte de l'Annonciade ; sept ans plus tard, à cause d'une inondation du Tibre, on enleva le cercueil et on fit une distribution de reliques ; les autres furent mises dans une chapelle de la même église, déplacées plusieurs fois, puis déposées dans la nouvelle église de Saint-Ignace, construite à la place de l'Annonciade. La béatification eut lieu sous le Pontificat de Paul V, verbalement le 21 mai 1605, avec confirmation écrite le 19 octobre de la même année. La canonisation fut décrétée par Benoît XIII, le 26 avril 1726, et proclamée solennellement le 31 décembre suivant. Le 21 juin 1925, saint Louis de Gonzague a été déclaré par Pie XI « Patron céleste de toute la Jjeunesse chrétienne. »

 


[1] Les Gonzague (Gonzaga) sont une famille princière d’Italie qui remonte au XI° siècle, et qui règna sur Mantoue de 1328 à 1708. La famille de Gonzague se partage en plusieurs branches : 1. la branche aînée des marquis puis ducs de Mantoue, qui s’éteignit en 1627 ; 2. la branche collatérale des ducs de Nevers qui succéda à la branche aînée ; 3. la branche des ducs de Sabbionetta ; 4. la branche Castiglione delle Steviere à laquelle appartient saint Louis de Gonzague ; 5. la branche des princes de Guastalla, issue en 1557 de la branche aînée et qui s’est éteinte en 1746. Ferrante de Gonzague, marquis de Castiglione delle Steviere, prince du Saint-Empire, général des troupes impériales.

[2] Fille d’honneur de la reine Elisabeth d’Espagne.

[3] Dont : Ludovic, évêque de Mantoue en 1483 ; Augustin, archevêque de Reggio-de-Calabre en 1537 ; Annibal (en religion, François), évêque de Cefalu (1587), de Pavie (1593) et de Mantoue (1593), nonce en France de 1596 à 1598.

[4] Dont : François, cardinal en 1461, évêque de Mantoue (1466) ; Sigismond, cardinal en 1505 ; Hercule, évêque de Mantoue (1521), cardinal en 1527, premier légat au concile de Trente ;  Pirro, cardinal en 1527, évêque de Modène (1527) ; François, cardinal en 1561, évêque de Cosenza (1564), de Mantoue (1565) ; Frédéric, cardinal en 1563, évêque de Mantoue (1564).

[5] L'histoire loue Antiochus car il aimait la justice au point de préférer, disait-il, voir les villes d'Asie obéir aux lois plutôt qu'aux ordres émanés de lui. Cicéron fait un titre d'honneur à Pompée de s'étre montré, malgré sa gloire, accessible aux plus humbles. Que dire de vous, prince magnanime, illustre souverain des Espagnes et autres lieux ? En effet, vous vous laissez aborder par tous, même les plus humbles. Premier entre tous les princes par la grandeur et la puissance, vous ne craignez pas de ressembler aux derniers de tous par la simplicité (29 mars 1583).

[6] L'Illustrissime Seigneur Louis (âgé de 17 ans et huit mois), fils aîné de l'Illustrissime Seigneur Ferrante de Gonzague, Marquis de Castiglione et de Stiviere..., désireux d'entrer sans retard dans la Société et Religion des Jésuites, pour y embrasser leur genre de vie et y faire en temps voulu sa profession s'engage pour lui et ses héritiers, et sans y être poussé par aucune contrainte, aucune crainte, aucune ruse en aucune voie de fait, mais spontanément et de son propre mouvement, en toute liberté et volonté délibérée, et par toute manière, voie, droit, forme et cause qui peut donner plus de poids, de valeur et d'efficacité à cet Acte ; en présence et avec l'autorisation, la licence, l'assentiment et l'assistance du susdit lllustrissime Seigneur Ferrante de Gonzague, son père, de l'Illustrissime Seigneur Horace, de la famille des marquis de Gonzague et Seigneur de Solférino, son oncle, ainsi que des Illus­trissimes Seigneurs Prosper et Marc-Antoine, marquis de Gonzague, ses plus proches parents résidant à Mantoue ; tous approuvent expressément son dessein et sa décision. L'lllustrissime Seigneur Louis, sachant parfaitement l'étendue de la cession, renonciation et donation qu'il fait, comme lui-même l'a déclaré et attesté ; la nature et le montant de la donation entre vifs étant garantie par moi, notaire soussigné, s'engage à céder, cède effectivement et abandonne au dit illustrissime Seigneur Rodolphe, son frère cadet, lequel est présent et en reçoit le gage, avec l'assentiment et l'autorisation du susdit Illustrissime Seigneur son père, son droit d'aînesse et la succession au marquisat de la dite place de Castiglione et Stiviere, avec ses terres et dépendances.

 


Prière à Marie

Vierge sainte, mon guide et ma souveraine, je viens me jeter dans le sein de votre miséricorde, et mettre, dès ce moment et pour toujours, mon âme et mon corps sous votre sauvegarde et sous votre protection spéciale. Je vous confie et je remets entre vos mains toutes mes espérances et mes consolations, toutes mes peines et mes misères, ainsi que le cours et la fin de ma vie, afin que, par votre intercession et par vos mérites, toutes mes oeuvres soient faites selon votre volonté et en vue de plaire à votre divin Fils.

http://missel.free.fr/Sanctoral/06/21.php

sépar saints

San luigi gonzaga x 3Saint Louis de Gonzague
Jésuite   (1568-1591)

Luigi Gonzaga, premier des sept enfants de Ferrante Gonzaga, marquis de Castiglione delle Stiviere et Marta Tana de Sàntena, naît le 9 mars 1568, au château de Castiglione, près de Mantoue (Lombardie, Italie) ; il reçoit le baptême le 20 avril.

Avant sa naissance, sa mère, en danger de mort, avait fait vœu de consacrer son enfant à Notre-Dame de Lorette, si elle obtenait une heureuse délivrance. Encore au berceau, s'il se présentait un pauvre, Louis pleurait jusqu'à ce qu'on lui eût fait l'aumône ; son visage respirait un tel air de vertu, que ceux qui le portaient dans leurs bras croyaient tenir un Ange.

À l'âge de cinq ans, il avait retenu et répété quelques paroles grossières qu'il avait entendues sortir de la bouche des soldats de son père, sans les comprendre; il en fut repris et en montra tant d'horreur, qu'il pleura cette faute, la plus grande de sa vie, et qu'il en fit pénitence jusqu'à la mort. Le père de Louis, qui songeait à la fortune de son fils, l'envoya successivement chez plusieurs princes, en qualité de page ; mais Dieu, qui avait d'autres vues, voulait ainsi montrer ce jeune Saint aux cours d'Europe, pour leur faire voir que la piété est de toutes les conditions, et l'innocence de tous les âges. Dans ces milieux mondains où il vivait comme n'y vivant pas, ses progrès dans la sainteté furent surprenants.

À huit ou neuf ans, il fit le vœu de virginité perpétuelle ; sa délicatesse était si angélique, que jamais il ne regarda une femme en face, pas même sa mère ; jamais il ne permit à son valet de chambre de l'aider à s'habiller, et sa pudeur était si grande, qu'il n'osa même pas lui laisser voir le bout de ses pieds nus. Vers l'âge de onze ans, il fit sa Première Communion des mains de saint Charles Borromée.

À seize ans, il se décida à entrer dans la Compagnie de Jésus. Peu de vocations ont été aussi éprouvées que la sienne : son père fut pour lui, pendant quelques temps, d'une dureté sans pareille ; mais il dut enfin céder devant la volonté de Dieu, et Louis entra au noviciat des Jésuites, à Rome. Il y parut dès les premiers jours comme un modèle digne d'être proposé aux plus parfaits ; on vit en lui un prodige de mortification, un ange de pureté, une merveille d'amour de Dieu. La seule vue de Louis dissipait chez les autres les plus violentes tentations de la chair. Jamais il n'avait ressenti la concupiscence charnelle, et malgré cela il était cruel pour son propre corps à l'égal des Saints les plus austères.

Obligé par ses supérieurs, pour cause de santé, à ne pas se laisser absorber dans la pensée de Dieu, il devait s'écrier souvent, emporté par l'amour au-delà de l'obéissance : « Éloignez-vous de moi, Seigneur ! » Louis reçut du Ciel l'annonce de sa mort et fut bientôt victime de sa charité pendant la peste de Rome, le 21 juin 1591.

Son premier miracle après sa mort fut la guérison de sa mère, à laquelle il apparut souriant et resplendissant de gloire. Ce fut le signal d'une dévotion qui fut récompensée par de nombreux prodiges.

Luigi Gonzaga a été béatifié le 19 octobre 1605 (14 ans après sa mort), par le pape Paul V  (Camillo Borghese, 1605-1621), canonisé le 31 décembre 1726 et proclamé, en 1729, Patron de la jeunesse, spécialement des étudiants,par le pape Benoît XIII  (Pietro Francesco Orsini, 1724-1730).



Sources principales : Abbé L. Jaud (Vie des Saints...) ; jésuites.com (« Rév. x gpm »).

http://levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20140621&id=11331&fd=0

 

Date de dernière mise à jour : 2021-07-04