Passioniste de Polynésie

ENSEIGNEMENT 6 : Tout recevoir de Dieu

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Introduction

Dès les débuts de cette aventure, le Seigneur nous a fait comprendre que la manière de vivre et la spiritualité des premières communautés chrétiennes seraient très semblables de la nôtre dans un avenir assez rapproché. Il ne s’agit pas d’abord d’un retour en arrière, mais bien davantage d’un retour aux racines, aux fondations de notre vie chrétienne et de l’Eglise.

Si nous voulons avoir une idée plus juste de ce que vivaient les premiers chrétiens, il n’y a pas mieux que le livre des Actes des apôtres, celui-ci faisant en effet état des récits de leurs vie quotidienne et missionnaire.

Voilà pourquoi nous avons voulu que ce livre soit au cœur de nos méditations et de nos réflexions.

Jusqu’à présent, nous avions abordé une série de thèmes qui nous paraissaient importants, mais nous n’avons pas encore pris réellement le temps de plonger dans le livre des Actes des apôtres.

Or, comment faire nôtre une manière de vivre et nous imprégner d’une spiritualité si nous ne prenons pas le temps d’y entrer plus en profondeur ?

Voilà la raison pour laquelle désormais, et ce à compter de ce jour, nous concentrerons essentiellement notre réflexion et nos partages sur ce livre du Nouveau Testament.

Cela donnera certainement une teinte nouvelle à nos rencontres mensuelle, mais c’est une magnifique aventure qui se poursuit.

Pour commencer ce voyage à travers les Actes des apôtres nous avons choisi le texte qui rapporte la guérison de l’homme impotent par Pierre et Jean. Il se situe en : Actes 3, 1-8.

Tout recevoir de Dieu ! C’est le thème que nous souhaitons approfondir pour cette étape 1 de notre parcours.

Alors, Vous être prêts pour le plongeon ? Dans ce cas, allons-y !

  1. Actes 3, 1-8 : méditation et réflexion

01 Pierre et Jean montaient au Temple pour la prière de l’après-midi, à la neuvième heure. 02 On y amenait alors un homme, infirme de naissance, que l’on installait chaque jour à la porte du Temple, appelée la « Belle-Porte », pour qu’il demande l’aumône à ceux qui entraient.

03 Voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le Temple, il leur demanda l’aumône. 04 Alors Pierre, ainsi que Jean, fixa les yeux sur lui, et il dit : « Regarde-nous ! ».

05 L’homme les observait, s’attendant à recevoir quelque chose de leur part. 06 Pierre déclara : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. »

07 Alors, le prenant par la main droite, il le releva et, à l’instant même, ses pieds et ses chevilles s’affermirent. 08 D’un bond, il fut debout et il marchait. Entrant avec eux dans le Temple, il marchait, bondissait, et louait Dieu. 09 Et tout le peuple le vit marcher et louer Dieu.

10 On le reconnaissait : c’est bien lui qui était assis à la « Belle-Porte » du Temple pour demander l’aumône. Et les gens étaient frappés de stupeur et désorientés devant ce qui lui était arrivé.

La scène se déroule en milieu d’après-midi, à la neuvième heure (environ 15h de notre heure). Elle se situe sur la route du Temple de Jérusalem, et plus précisément à l’une de ses portes d’entrée qu’on appelle "La belle porte".

Pour cette première étape du parcours, je fais choix de me concentrer sur les personnages principaux du récit, à savoir : Pierre, Jean et l’homme impotent

L’analyse de leur attitude, paroles et gestes me semblent essentielle pour entrer dans une compréhension plus en profondeur du texte. Je commence par l’impotent.

  1. L’homme impotent 

Que sait-on de lui ? Il est infirme de naissance et tous les jours, ce sont d’autres personnes (certainement de son clan ou de sa famille) qui l’amènent à la Belle Porte pour qu’il y mendie toute la journée.

Dans le temps de Jésus, l’infirmité, surtout de naissance, est le signe d’une malédiction de Dieu. Elle est considérée, au même titre que toutes les autres maladies, comme étant la conséquence directe du péché et donc d’un châtiment divin.

Par conséquent, ce genre de personne est considérée comme impure par les juifs de cette époque et donc, automatiquement exclue de la vie sociale et religieuse. Bon nombre sont réduits à devoir mendier.

 « On y amenait alors un homme, infirme de naissance, que l’on installait chaque jour à la porte du Temple, appelée la « Belle-Porte », pour qu’il demande l’aumône à ceux qui entraient »

On peut comprendre ici que cet homme vit par procuration. On l’utilise, on le place comme un pion sur un échiquier là où l’on veut et on se sert de son handicap pour se faire de l’argent.

Privé de liberté, d’autonomie, ce sont d’autres qui décident pour lui et il est exploité.

Dans la symbolique biblique nous devons comprendre que cet homme est « mort ». Il n’est plus rien aux yeux des hommes. Il n’a plus de dignité…

Son handicap : ses jambes ! Il est assis, installé tous les jours de sa misérable vie : Tout le contraire de l’homme debout, en marche. Il n’a plus d’espérance en rien, il ne sert plus à rien… IL EST MORT !

Notre homme est arrêté dans toutes les dimensions de sa vie. Il est non seulement infirme de ses jambes, mais rendu infirme jusque dans son âme ! Bref, il ne lui reste plus rien !

« Voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le Temple, il leur demanda l’aumône »

  • Rappelons que notre homme est installé à la porte du Temple. Rappelons également que, pour un juif, le Temple est le seul lieu terrestre de la présence de Dieu.
  • Or cet homme voit Pierre et Jean rentrer : il est donc tourné vers l’extérieur et donne le dos à la cour du Temple. Symboliquement, ce détail est pour nous signifier que ce pauvre infirme n’est plus tourné vers Dieu, mais vers l’humain C’est dire qu’il n’y a guère plus d’espérance en lui.

  • Il leur demanda l’aumône : il n’attend plus rien de Dieu, mais des hommes, complètement réduit à accepter les misérables miettes qu’on veut bien lui donner.

  • En plus d’être sans conviction, sa demande est purement humaine ; matérielle. Il ne vit plus, il survit… complètement résigné dans sa misère.

L’homme les observait, s’attendant à recevoir quelque chose de leur part.

  • A l’invitation de Pierre, il commence à lever le regard vers lui… Depuis combien de temps, cet homme n’avait pas été regardé et n’avait pas regardé  autre chose que sa déchéance humaine.
  • Ce regard qui se léve pour observer Pierre et Jean est un premier mouvement de conversion, mais il n’est pas encore tourné vers Dieu, mais vers deux hommes… son attente demeure purement matérielle, humaine !

Alors, le prenant par la main droite, il le releva et, à l’instant même, ses pieds et ses chevilles s’affermirent. 08 D’un bond, il fut debout et il marchait. Entrant avec eux dans le Temple, il marchait, bondissait, et louait Dieu. 09 Et tout le peuple le vit marcher et louer Dieu.

  • Alors le prenant par la main droite : Pierre est à la droite de l’impotent : il tient la place de Jésus (assis à la droite du Père) à droite de cet homme « Ma main droite te soutien, ma droite te fortifie »
  • A travers Pierre, Dieu vient lui-même à la rencontre de cet homme « mort »

à l’instant même, ses pieds et ses chevilles s’affermirent. 08 D’un bond, il fut debout et il marchait

  • C’est Dieu qui relève, qui fortifie ! Dieu redonne la vie de l’âme à cet homme. Il est de nouveau debout et il recommence à marcher : c’est la stature de l’homme en marche dans sa foi, dans sa vie !
  • Dieu, lui rend toute sa dignité d’homme ! 

Entrant avec eux dans le Temple, il marchait, bondissait, et louait Dieu. 09 Et tout le peuple le vit marcher et louer Dieu.

Le miracle de la conversion est opéré. Il entre dans le Temple (il ne reste plus à la porte, tourné vers dehors) ; il a retrouvé le chemin de Dieu !

Il n’attendait plus rien, sinon les miettes miséreuses de ses attentes humaines, mais parce qu’il a croisé le regard de Dieu, sa Miséricorde, il a reçu infiniment plus… IL A RETROUVE LA VIE !

  1. Pierre et Jean

 Pierre et Jean montaient au Temple pour la prière de l’après-midi

  • Ils sont en marche vers le Temple, lieu de la présence de Dieu. Ils vont prier pour la prière de l’après-midi. Dans la tradition juive, la prière se fait à toutes les trois heures… Ce détail est pour nous signifier que les deux apôtres sont toujours tourné vers Dieu… Leur journée est prière ! Ils sont complètement dépendant de Dieu et attendent TOUT de Lui.

Alors Pierre, ainsi que Jean, fixa les yeux sur lui, et il dit : « Regarde-nous ! ».

  • Les deux apôtres fixent leur regard sur cet homme qui n’a pas été regardé depuis qu’il est né (ou si peu et si mal). A travers leur regard, c’est le regard de Dieu lui-même qui se pose sur ce pauvre impotent. Un regard plein de respect, d’amour, de dignité !
  • Un regard que cet homme n’avait jamais vu se poser sur lui ! C’est d’ailleurs pour cela que l’homme n’ose pas les regarder dans un premier temps.
  • Le ton autoritaire de Pierre dans son : « Regarde-nous ! » en témoigne.
  • Si endormi dans son impotence depuis sa naissance, il a besoin de ce ton autoritaire pour le sortir de sa torpeur intérieure.

Regarde-nous !

On pourrait penser que Pierre et Jean essaie d’attirer son attention vers eux, mais ne l’oublions pas, eux sont tournés vers Dieu, donc en levant son regard vers eux deux, cet homme tourne en réalité son regard vers Dieu en personne. C’est Lui qu’il rencontre à travers les deux apôtres.

Pierre déclara : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. »

Pierre a trouvé son Trésor. Toutes ses attentes sont en Dieu et uniquement en lui. Il est complètement abandonné à Dieu qui comble son cœur.

Son unique trésor : le Nom de Jésus !

Quel merveilleux témoignage : Il a tout reçu de Dieu, de son Amour et de sa Miséricorde manifestée en Jésus Christ. Et ce qu’il a reçu, il ne le garde pas pour lui, mais le donne avec joie !

Ce que vous avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement !

C’est la mission chrétienne dans sa plus belle expression : « Recevoir Dieu pour donner Dieu au monde !

  1. Actualisation

Si j’ai pris le temps de m’arrêter sur les principaux personnages de ce récit, c’est parce que nous pouvons aisément nous identifier à eux, tantôt plus dans l’un, tantôt plus dans l’autre !

  1. Identification des Attentes, besoins et désirs

Chacun est invité ici à s’examiner en vérité :

Nous avons tous des attentes et des besoins différents. Il est peut-être bon de commencer par les identifier, chacun personnellement. C’est là le premier mouvement à faire. Mais n’oublions- pas qu’identifier nos besoins et attentes, c’est aussi identifier nos désirs. En effet, les deux premiers traduisent les seconds.

Il faut bien comprendre cependant que ceux-ci ne sont pas tous au même niveau. J’en identifie les deux principaux :

Premier niveau

-Les besoins humains : besoin de manger, de boire, de s’habiller, etc.

- Les désirs humains : je désire manger un bon steak, je désire avoir de l’argent, etc.. ;

Ce premier niveau est en général très extérieur, superficiel et principalement conscient

Deuxième niveau

Ce sont tous les besoins et les désirs de notre for-intérieur. Ils constituent souvent la partie invisible de l’iceberg, tandis que le premier niveau en est surtout la partie visible.

Ils sont moins évidents à identifier, parce que justement moins visibles et souvent inconscients.

Identifier d’abord nos besoins et désirs du premier niveau est généralement nécessaires pour pouvoir identifier ceux du second niveau.

En d’autres termes, chaque besoin, chaque désir humain, cache bien souvent un besoin, un désir bien plus profond et inconscient.

L’exercice consiste donc à essayer de trouver le besoin, le désir profond, ; intérieur qui se cache derrière chacun de nos désirs et besoins humains.

Au deuxième niveau se situent les soifs profondes du cœur humain, et ce sont elles qu’il faut parvenir à identifier, car elles nous conduisent toutes à la plus profonde de toutes nos soifs, au plus intime de nos désirs : celui de Dieu.

Or qui peut combler un tel désir, sinon Dieu lui-même ? Vivre cette expérience, c’est surtout expérimenter qu’il n’y a que Dieu qui puisse répondre totalement et parfaitement le cœur de l’homme dans ses soifs les plus profondes.

  • Exercice : identifier mon Bien Le Plus Recherché (BLPR)
  • Ex : passion des avions / envie de voler : soif de liberté/ Soif d’être libre de la Liberté de Dieu

Ce que je viens de décrire ici est justement l’expérience qu’a vécue l’homme impotent : alors qu’il était sclérosé dans des attentes purement humaines et totalement décevantes, Pierre et Jean ont réveillé son désir de Dieu.

  1. La question du regard

Dieu me regarde

« Jésus le regarda et il l’aima » (Mc 10, 21)

Le regard de Dieu est sans cesse poser sur chacun de nous, et c’est un regard d’amour infini. Le même regard que l’impotent a croisé et qui la remis debout, vivant !

Dieu me regarde sans cesse et en tout lieu : c’est une vérité de foi !

Et moi, est-ce que je le regarde ?

Ou bien mon regard est-il tourné vers ailleurs ? Voilà la bonne question à se poser à ce stade de notre exposé.

Nous devons reconnaître humblement que trop souvent nous ne regardons pas vers Dieu, cherchant ainsi des réponses humaines à nos soifs les plus profondes. Et à chaque fois nous sommes déçus et insatisfaits.

Le simple fait de prendre conscience de cela est déjà le premier mouvement pour la conversion.

Si nous savons que nous ne regardons pas dans la bonne direction, alors nous pouvons nous retourner, ou du moins ré-orienter notre regard dans la bonne direction.

  • Exemple du film : « La cabane »

  • Qui est-ce que je regarde ? En qui je mets ma confiance ; mon espérance ?

Regarder Dieu, fixer mon regard sur Jésus, c’est mettre ma confiance en lui. C’est aussi croire qu’il est mon Sauveur, Celui en qui toutes mes soifs et mes désirs trouvent réponses et satisfaction.

Fixer Dieu, Jésus, c’est tout attendre de lui, de sa Main.

  • Est-ce que je crois que Dieu m’aime et me connaît mieux que moi-même ? Qu’il connaît parfaitement chacun de mes besoins, de mes désirs (humains et spirituels) ?
  • Est-ce que je lui fais assez confiance pour tout attendre de lui ?
  • De qui je dépends ?
  • Apprendre à dépendre de Dieu et de lui seul ! Apprendre à tout attendre de Lui !
  • Abandon, confiance, etc ;

Si je prends le temps de parler de tout cela, c’est parce que je suis convaincu que ces attitudes seront nécessaires dans la vie des refuges. N’est-ce pas aussi ce qu’ont vécu les membres des premières communautés chrétiennes ?

  1. Tout recevoir de Dieu pour donner Dieu au monde

Comment donner quelque chose que je n’ai pas d’abord reçu ? Je ne peux donner ce que je n’ai pas, c’est évident !

Si je veux donner Dieu, eh bien il me faut d’abord me laisser moi-même remplir de sa présence ! Sinon, je cours le risque de donner « moi » aux autres », et le fruit finit toujours par être décevant et amère. L’échec est toujours au bout !

Cette troisième et dernière partie nous ouvre sur la dimension de la mission chrétienne : celle de donner Dieu !

  1. Tout recevoir de Dieu

C’est la première étape qui consiste à ouvrir nos mains devant Dieu et tout attendre de lui.

Pour tout recevoir, encore faut-il commencer par oser tout lui demander, et ensuite accueillir la réponse qu’il donne à ces demandes :

  • Non est aussi une réponse
  • Accepter (être libre de) la réponse de Dieu telle quelle (même si elle n’est pas ce que nous avions prévue ou espérée)
  • Dieu sait mieux que moi ce qui est le mieux pour moi !

Prière/Ecoute/Silence : des indispensables pour cela

  • Recevoir ma vie de Dieu
  • Recevoir ma mission de Dieu

Se rappeler enfin que ce que Dieu donne, n’ai jamais pour nous, mais toujours en vue de la Mission d’annonce et du Salut des ^mes.

  1. Donner Dieu au monde

Pour Donner Dieu au monde, encore faut-il que je reçoive Dieu dans ma vie, dans mon cœur !

Quelques points essentiels à ne pas perdre de vue :

  • Dieu n’a pas besoin de moi pour se donner, mais dans sa bonté, il a voulu composer avec moi ! C’est par pure Miséricorde qu’il me fait coopérateur de son plan de Salut pour le monde.
  • -Ne jamais oublier que nous sommes des envoyés, et que par conséquent, la mission n’est pas la nôtre, mais bien plutôt celle de Jésus qui se continue à travers nous dans le temps d’aujourd’hui.
  • Accepter d’être des serviteurs inutiles qui ne font que leur devoir
  • Accepter de disparaître pour laisser Dieu être et vivre à travers moi : c’est le summum de l’humilité !
  • Qu’en nous regardant vivre, les gens puissent reconnaître que Dieu est vivant au milieu de son Peuple, en marche !
  • Regarder Jésus, pour que les autres voient Jésus vivre à travers moi

Conclusion

Quelques repères :

  • Dans les refuges, et même après , laisser Dieu faire
  • Apprendre à ne compter que sur lui
  • Le consulter
  • Demander l’Esprit Saint dans la prière commune pour toute prise de décision

RECEVOIR :

  • Demander/Prier
  • Louer
  • Adorer
  • Célébrer (eucharistie)

DONNER :

  • Fraternité
  • Partage
  • Amour fraternel : que par notre vie fraternelle, et par l’amour qui circule entre nous, nous en venions à rendre Dieu visible et présent en ce monde accablé.

« Regardez-nous ! Nous n’avons pas d’or ou d’argent, mais ce que nous avons (reçu) nous vous le donnons avec joie : Jésus ! »

P Olivier Mondon

décembre 2020

Date de dernière mise à jour : 2020-12-27