Passioniste de Polynésie

ENSEIGNEMENT 4 :  Espérance, Foi, Charité

esperance foi charite


Introduction

La notion de vertu : définition

    Définition générale

1 Antienne définition : Courage physique ou moral, force d’âme, vaillance.

2 Moderne : Disposition habituelle, comportement permanent, force avec laquelle l’individu se porte volontairement vers le bien, vers son devoir, se conforme à un idéal moral, religieux, en dépit des obstacles qu’il rencontre.

3 Exercice de la vertu, telle qu’elle apparaît dans son expression, sa réalisation.

− Vertu + adj. ou déterm. indiquant le domaine, l'espèce d'actes auxquels elle s'applique : Vertus chrétiennes, civiles, privées, morales, sociales, etc. Vertus cardinales et vertus théologales.

    Définition chrétienne

Le numéro 299 du Youcat définit ainsi la vertu : 
Une vertu est une disposition intérieure, une habitude positive, une passion mise au service du bien.
Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (MT 5 ? 48). Cela veut dire que nous devons nous transformer pour avancer sur le chemin vers Dieu. Avec nos forces humaines nous ne le pouvons que très peu. Dieu renforce par sa grâce, les vertus humaines, et, en outre, à travers les vertus théologales, qui permettent de s’approcher de lui et de vivre de plus en plus dans sa lumière.
Notre vie terrestre et avant tout un chemin de perfectionnement et de conversion sur lequel nous devons nous efforcer de pratiquer le bien avec facilité, librement et dans la joie. En tout premier lieu, c’est une foi solide en Dieu qui nous y aide, mais aussi le fait de pratiquer les vertus. Ceci suppose de demander à Dieu de faire grandir en nous la capacité de mobiliser les forces de notre raison et de notre volonté pour tendre toujours plus résolument vers le bien et de ne pas nous laisser aller à des passions désordonnées.

Dans un contexte chrétien, le mot a pris un sens moral, et il est devenu le symbole de la notion de la recherche du bien dans toute chose.

Le contraire de la vertu est le vice. Ce dernier désigne d'une manière générale et non morale ce qui est défectueux, le défaut. En morale, c'est un penchant devenu habitude que la morale religieuse ou sociale réprouve (en matière sexuelle mais pas seulement), ou un défaut excessif. 
On comprend dès lors que la dignité humaine implique de vivre de façon vertueuse, c'est-à-dire en faisant effort de rechercher le bien, et non en se laissant aller à tous ses penchants. 

Les vertus catholiques

    Elles sont au nombre de sept et se répartissent en deux groupes : les vertus cardinales et les vertus thélogales.

Les vertus cardinales

Les vertus cardinales sont celles qui aident à forger le caractère elles sont au nombre de 4 :
• La force (force morale, courage) 
• La justice 
• La prudence 
• La tempérance : 
Les N°1804 et 1805 du CEC nous disent ceci :
Les vertus humaines sont des attitudes fermes, des dispositions stables, des perfections habituelles de l’intelligence et de la volonté qui règlent nos actes, ordonnent nos passions et guident notre conduite selon la raison et la foi. Elles procurent facilité, maîtrise et joie pour mener une vie moralement bonne. L’homme vertueux est celui qui pratique librement le bien.
Les vertus morales sont humainement acquises. Elles sont le fruit et le germe des actes moralement bons. Elles disposent toutes les puissances de l’être humain à communier à l’amour divin. 

Distinction des vertus cardinales

Quatre vertus jouent un rôle charnière. Pour cette raison on ls appelle « cardinales » ; toutes les autres vertus humaines se regroupent autour d’elles. Ce sont : la prudence, la justice, la force et la tempérance. Sous d’autres noms, ces vertus sont louées dans de nombreux passages de la Bible.

Les vertus théologales

Les vertus théologales sont celles qui aident l’homme à vivre en communion avec Dieu ; Contrairement aux vertus humaines, elles ne sont justement pas humaines, mais sont don de Dieu lui-même. Elles sont au nombre de 3 :
• La charité
• La foi 
• l’espérance 
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique les définit (CEC) comme suit (n°1812 et 1813) :
Les vertus humaines s’enracinent dans les vertus théologales qui adaptent les facultés de l’homme à la participation de la nature divine. Les vertus théologales se réfèrent directement à Dieu. Elles disposent les chrétiens à vivre en relation avec la Sainte Trinité. Elles ont Dieu, Un et Trine pour origine, pour motif et pour objet.
Les vertus théologales fondent, animent et caractérisent l’agir moral du chrétien. Elles vivifient toutes les vertus morales. Elles sont infusées par Dieu dans l’âme des fidèles pour les rendre capables d’agir comme ses enfants et de mériter la vie éternelle. Elles sont le gage de la présence et de l’action de l’Esprit Saint dans les facultés de l’être humain.
Elles seront l’objet principale de cet enseignement. Toutefois, nous commencerons par donner une définition brève de chacune des quatre vertus cardinales.

I.    Les vertus cardinales

a)    La prudence
La prudence est la vertu qui dispose la raison pratique à discerner en toute circonstance notre véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir. Elle ne se confond ni avec la timidité ou la peur, ni avec la duplicité ou la dissimulation. 
Elle conduit les autres vertus en leur indiquant règle et mesure. C’est la prudence qui guide immédiatement le jugement de conscience. L’homme prudent décide et ordonne sa conduite suivant ce jugement. Grâce à cette vertu nous nous surmontons les doutes sur le bien à accomplir et le mal à éviter.
cette vertu, nous appliquons sans erreur les principes moraux aux cas particuliers. 

b)    La justice
On pratique la justice en veillant à donner à Dieu et à autrui ce qui leur est dû. L’expression qui caractérise la justice est : « à chacun son dû ». La justice s’efforce de rechercher l’équilibre, et veille à ce que tous reçoivent leur dû.  Elle consiste aussi à donner à Dieu ce qui lui revient, c’est-à dire notre amour et notre adoration.

c)    La force
Il ne s’agit en aucun cas de la force physique, mais bien d’une vertu morale qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien. Elle affermit la résolution de résister aux tentations et de surmonter les obstacles dans la vie morale. La vertu de force rend capable de vaincre la peur, même de la mort, d’affronter l’épreuve et les persécutions. Elle dispose à aller jusqu’au renoncement et au sacrifice de sa vie pour défendre une cause juste. 

d)    La tempérance
C’est la tempérance qui modère l’attrait des plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés. Elle assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté. La personne tempérante oriente vers le bien ses appétits sensibles, garde une saine discrétion et ne se laisse pas entrainer par les passions de son cœur. 

II.    Les vertus théologales

Par la foi nous adhérons à tout ce que Dieu nous enseigne dans sa parole 
Par l’espérance nous vivons en vue de la vie éternelle 
Par la charité, nous aimons Dieu, les autres et nous-mêmes

Saint Paul affirme dans ses épîtres quelles ne sont pas toutes destinées à durer. Seule la charité demeurera éternellement, car au ciel, la présence de Dieu sera une évidence. La foi n’aura plus nécessité d’exister. Quant à l’âme elle sera comblée de tous biens et ayant reçu la vie éternelle, l’espérance n’aura plus de raison d’être. L’amour seul demeurera car l’union à Dieu ne se vit que dans l’amour. Cette vertu là sera alors à son comble, à sa perfection. 

a)    La Foi
Par la foi nous adhérons à tout ce que Dieu nous enseigne dans sa parole. Par définition, avoir la Foi, c'est tenir pour vrai une chose dont nous n'avons pas l'évidence, la certitude, la perception directe.
C’est elle qui nous fait adhérer, croire, en des réalités que la simple raison et l’intelligence humaine sont dans l’incapacité d’expliquer ou de comprendre. En d’autres termes, lorsque la raison et l’intelligence atteignent leurs limites, c’est la foi qui prend le relais. Elle fait appelle au « CROIRE ».
« Je crois, même en ce que mes sens ne peuvent accéder »

Je fais ici une petite parenthèse sur le terme « Croire ».

Je peux croire quelque chose, croire à quelque chose et croire en quelque chose, mais les trois sont très différentes dans leur sens profond. Ainsi, je peux croire Dieu, je peux croire à Dieu et je peux croire en Dieu.

-    Croire Dieu
Je crois Dieu. Cela signifie que je le tiens pour crédible, même si je garde une distance avec lui. Ou plutôt dans cette manière de croire, Dieu reste à distance de moi et aucune relation n’est engagée.  
 
-    Croire à Dieu
IL y a déjà là un pas de plus dans l’adhésion à Dieu. Je crois qu’il existe, que ce qu’il dit est vrai, mais on n’est encore loin de la foi. Je peux croire à Dieu, comme je crois à l’avenir… Mais la relation n’est pas encore réellement engagée… Si oui, elle demeure impersonnelle.

-    Croire en Dieu
Dans ce cas, il y a une adhésion totale et personnelle à Dieu. Je crois en lui, parce que je l’aime et que j’ai pleinement confiance en lui et en sa Parole., même si je ne le « sens » pas. C’est la foi !

Le Catéchisme de l'Eglise Catholique définit ainsi la foi :
« La foi est la vertu théologale par laquelle nous croyons en Dieu et à tout ce qu'Il nous a dit et révélé, et que la Sainte Eglise nous propose à croire, parce qu'Il est la vérité même. Par la foi "l'homme s'en remet tout entier librement à Dieu"

La foi est un don de Dieu (reçu à notre baptême), et par conséquent, elle se vit et se cultive. Dieu nous a donné à l’homme une intelligence et un esprit de liberté. L’adhésion à Dieu se fait par le cœur, et le cœur a besoin aussi de l’appui de la compréhension. 
La vertu de foi, pas plus que celle de la charité, ne peut se contenter de beaux sentiments ou de belles pensées, elle se vit au concret des engagements du quotidien. 
Si l’on croit à ce qu’enseigne la parole de Dieu, on doit en vivre; de même pour l’enseignement de l’Eglise. On ne peut affirmer une chose et en vivre le contraire. 
Par la foi, l’homme s’en remet tout entier librement à Dieu. C’est pourquoi le croyant cherche à connaître et à faire la volonté de Dieu :

« Le juste vivra de la foi » (Rm 1, 17).

Et la foi vivante agit par la charité (Ga 5, 6)
« Sans les œuvres, la foi est morte » (Jc2, 26) Privée de l’espérance et de la charité (l’amour) , la foi n’unit pas pleinement le fidèle au Christ et n’en fait pas un membre vivant de son Corps.
Par ailleurs la foi implique d’avoir le courage de témoigner de l’amour de Dieu, et du Salut offert par son Fils unique, Jésus Christ. Il ne s’agit pas là de faire du prosélytisme, mais simplement d’avoir le courage de se reconnaitre sauvés par le Christ et disciples du Christ, au sein d’un monde qui aujourd’hui semble vouloir le nier de plus en plus. 
« Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai, moi aussi, pour lui devant mon Père qui est aux cieux ; mais celui qui me reniera devant les hommes, je le renierai, moi aussi, devant mon Père qui est aux cieux » (Mt 10, 32-33).

Prière : acte de foi
- Mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que tu nous as révélées et que tu nous as enseignées par ton Église, parce que tu ne peux ni te tromper, ni nous tromper.

b)    L’Espérance
L’espérance est la vertu qui marque l’espoir en la vie éternelle promise par le Christ. Le croyant sait bien qu’il ne peut se sauver lui-même, il reçoit donc son salut de Dieu et espère en son infinie miséricorde. 
Saint Paul écrit :
“Nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle” (Tt 3, 7)

CEC  1817 :  L’espérance est la vertu par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des Cieux et la Vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint Esprit :
« Gardons indéfectibles la confession de l’espérance, car celui qui a promis est fidèle » (He10, 23).
« Cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle. » (Tt3, 6-7)

Youcat 308 : « Même si nous ne le voyons pas encore, l’espérance est la confiance en ce que Dieu a promis par sa Création, par les prophètes, mais surtout par Jésus Christ. L’Esprit de Dieu nous est donné afin que nous espérions patiemment en ce qui est le bien véritable.

L’espérance est la vertu qui rend le croyant serein au sein même des tribulations 
«… avec la joie de l’espérance, constants dans la tribulation » (Rm 12, 12).

L’espérance est donc chemin de confiance ; non pas confiance en la force humaine, mais en l’amour de Dieu.
Comme les vertus précédentes, l’espérance implique aussi des actes, car si l’on croit vraiment en cette vie future promise par le Christ on ne peut vivre ici bas n’importe comment, la vie présente étant le chemin par lequel Dieu veut conduire le croyant en son éternité. 
Prière : acte d’espérance
Mon Dieu, j'espère avec une ferme confiance que tu me donneras, par les mérites de Jésus-Christ, ta grâce en ce monde et le bonheur éternel dans l'autre, parce que tu l’as promis et que tu tiens toujours tes promesses.

c)    La Charité
    C’est la vertu la plus importante, le catéchisme de l’Eglise Catholique la définit ainsi : 
"La charité est la vertu théologale par laquelle nous aimons Dieu par-dessus toute chose pour Lui-même, et notre prochain comme nous-mêmes pour l'amour de Dieu." (CEC 1822)
Il est impossible en effet d’aimer Dieu sans aimer les autres quels qu’ils soient. 
« Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu » et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20-21). 
La charité est une vertu qui nous entraine à poser des actes d’amour, de service, de miséricorde, en nous oubliant nous-mêmes, en faisant passer l’autre avant nous. 

Youcat 309 : La charité est la vertu par laquelle nous pouvons nous donner totalement à Dieu, nous unir à lui et aimer notre prochain comme nous-mêmes, sans réserve, par amour pur lui qui nous a aimés le premier.
Jésus place la charité au-dessus de toutes les lois, avec toute se vigueur. A juste titre, saint Augustin dit : « Aime, et fais ce que tu veux. » Mais ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît ! La charité est la plus grande des énergies, et c’est pourquoi elle anime toutes nos autres vertus et les remplit de vie divine.

a vertu de charité ne peut se réduire à des bons sentiments sans application, elle est concrète et exigeante, comme nous le montre St Paul 
Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis plus qu'airain qui sonne ou cymbale qui retentit.2 Quand j'aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien.3 Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien.4 La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n'est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ;5 elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal ;6 elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité.7 Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout.8 La charité ne passe jamais. Les prophéties ? Elles disparaîtront. Les langues ? Elles se tairont. La science ? Elle disparaîtra.9 Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie.10 Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra.11 Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant ; une fois devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant.12 Car nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face. A présent, je connais d'une manière partielle ; mais alors je connaîtrai comme je suis connu.13 Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d'entre elles, c'est la charité. Cor 13/1.13

Elle dépasse nos capacités humaines, on y grandit avec la grâce de Dieu 
Prière : acte de charité
- Mon Dieu, je t’aime de tout mon cœur et par-dessus tout ; parce que tu es infiniment bon, infiniment aimable ; et j'aime mon prochain comme moi-même par amour de toi.
Conclusion

Les vertus, que nous en ayons conscience ou pas, que nous le voulions ou pas, existent bien. Elles ne sont pas l’apanage du passé, mais bien des forces pour aujourd’hui. 
Les vertus quelles soient théologales ou cardinales sont des grâces offertes par Dieu, des grâces que nous avons à recevoir et développer, car elles sont les armes nécessaires à notre chemin spirituel. Saint Paul en donne une image dans son épitre aux Thessaloniciens 
Nous, au contraire, nous qui sommes du jour, soyons sobres ; revêtons la cuirasse de la foi et de la charité, avec le casque de l'espérance du salut.9 Dieu ne nous a pas réservés pour sa colère, mais pour entrer en possession du salut par notre Seigneur Jésus Christ,10 qui est mort pour nous afin que, éveillés ou endormis, nous vivions unis à lui. 1 Thess 5/8.10

Mais quelle place ces vertus occupent-elles dans notre vie ? Comment les vivons-nous ? Comment les cultivons-nous ? 

Père Olivier Mondon 
Octobre 2020

Date de dernière mise à jour : 2020-10-28

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