Fraternité et partage
Introduction
La vie fraternelle est, et devrait toujours être, le « poumon » de toute vie communautaire, quelle que soit la forme qu’elle prend
Qu’entend-on tout d’abord par vie communautaire ? En réalité il y a communauté dès lors qu’au moins deux personnes se mettent d’accord pour se réunir dans un projet ou un objectif commun.
Il y a communauté du moment que des personnes mettent des choses en commun (biens, intérêts, charismes, etc.) pour un même but (lieux de travail, Associations, groupes de prière, etc.)
Dans certains cas, cette mise en commun suppose un réel engagement de vie : des personnes choisissent de vivre ensemble (de tout mettre en commun) pour aller dans la même direction. C’est dans ce cas que l’on peut parler de vie communautaire. Dans cette catégorie on retrouve les communautés religieuses, la vie conjugale et familiale, toutes les formes de vie commune.
En termes de vie chrétienne, la vie communautaire revêt un aspect sacré (et même sacramentel dans certains cas) et est souvent la résultante d’un appel divin sur les individus formant communauté de vie, rassemblés au nom d’un idéal commun : la sainteté.
« En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18, 20)
C’est par appel de Dieu et au Nom et à cause du Christ lui-même que ces personnes forment communauté de vie et sont ainsi appelées à vivre véritablement comme les membres d’une mêmes famille : des frères et des sœurs en Jésus Christ. La vie fraternelle est donc partie intégrante de la vie communautaire. Sans elle, aucune vie communautaire n’est viable, puisque c’est l’amour qui en est le carburant. Pas de fraternité sans amour !
N’est-ce pas justement à cause du Christ, en vertu de notre baptême (qui a fait de nous des enfants d’un même Dieu et Père) que nous sommes tous frères et sœurs, appelés à nous aimer les uns les autres comme le Christ nous a aimés ?
Cela se réalise particulièrement dans la vie communautaire.
Depuis les débuts de l’aventure des refuges, nous avons compris que la manière de vivre des premières communautés chrétiennes serait le modèle par excellence de ce que nous sommes nous-mêmes (les membres des refuges) appelés à vivre. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de nous concentrer sur le livre des Actes des apôtres.
Ce mois-ci nous nous sommes arrêtés sur le passage qui traite justement de la manière de vivre de la première communauté chrétienne : Ac 2, 42-47.
AC 2, 42-47
Dans les premiers jours de l’Église, les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières.
La crainte de Dieu était dans tous les cœurs ; beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les Apôtres.
Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous selon les besoins de chacun.
Chaque jour, d’un seul cœur, ils allaient fidèlement au Temple, ils rompaient le pain dans leurs maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité. Ils louaient Dieu et trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple. Tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut.
Pas besoin de faire un grand discours pour réaliser que le Monde actuelle, dans ce qu’il est et vit, se trouve aux antipodes de la réalité mentionnée dans ce passage des Actes.
Et la crise sanitaire que nous vivons n’a fait que mettre en exergue la réalité dramatique d’un monde devenu extrêmement individualiste et dont le centre n’est plus Dieu, mais bien l’humain et des valeurs très (trop) humaines. Non seulement, il n’est pas exagéré de dire que le Monde moderne s’est émancipé de Dieu, mais que, pire encore, sous bien des aspects, il veut se prendre pour Dieu. Pas étonnant dès los que tout parte ainsi en vrille !
Jusqu’à ce jour, Dieu nous a laissé aller à notre entêtement et à notre désobéissance. Cela ne signifie cependant en aucun cas qu’Il nous a abandonné, bien au contraire ! Par contre, il est plus juste de considérer le fait qu’il nous a laissé faire… Parce qu’Il nous a créé libres ! Peut-être va-t-il laisser faire encore un peu de temps, MAIS…
A travers l’aventure des refuges, nous faisons déjà l’expérience que Dieu est sur le point d’intervenir et qu’il prépare une réponse digne de Lui et de sa bienveillance au Mal qui ronge le Monde. Une réponse de Miséricorde et de Salut !
Quelle est donc cette réponse ? Et si Dieu voulait restaurer l’humanité en la ramenant à ce qu’elle est dans Son Plan à Lui ? Qu’a-t-il voulu et désiré à l’origine de la création de l’Homme ?
Si nous voulons en savoir un peu plus sur le projet originel de Dieu sur l’humanité, nous pouvons nous référer à ce que vivait la première communauté chrétienne. Ce passage des Actes nous en donne de précieux indice.
Une communauté « modèle type »
Je veux présenter ici la première communauté chrétienne comme un « stéréotype » de ce qu’est la société humaine dans le projet Divin.
Ce que vivait cette première communauté chrétienne (entendons sa manière de vivre) peut être considéré sans nul doute, comme le modèle par excellence d’une société humaine idéale, conforme au plan de Dieu et selon son Cœur.
Un modèle, n’est-il pas fait pour être imité ? C’est pour cela que si nous voulons savoir ce à quoi devrait ressembler notre vie à venir (d’abord au sein des refuges, et après dans le Monde de l’après purification) il est justicieux de contempler le modèle.
Une communauté tournée d’un seul cœur vers Dieu
Dieu est au centre_ disons même qu’Il est LE CENTRE_ de la vie de la première communauté chrétienne :
« La crainte de Dieu était dans tous les cœurs »
Entendons par crainte de Dieu, non pas la peur de Dieu mais bien plutôt une réelle vénération et adoration des membres de la communauté pour Celui dont elle recevait tout et se recevait elle-même.
« Chaque jour, d’un seul cœur, ils allaient fidèlement au Temple, ils rompaient le pain dans leurs maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité. Ils louaient Dieu et trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple »
Dieu étant l’Axe central de la vie communautaire des premiers chrétiens, il n’est pas étonnant qu’elle portait des fruits de vie et de conversions. Ne reconnaît-on pas l’arbre à ses fruits ?
« La crainte de Dieu était dans tous les cœurs ; beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les Apôtres. »
« Ils louaient Dieu et trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple. Tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut. »
Une communauté priante
La prière et l’eucharistie sont également au cœur de la vie communautaire
« Les frères étaient fidèles […] à rompre le pain et à participer aux prières. »
« Chaque jour, d’un seul cœur, ils allaient fidèlement au Temple, […] Ils louaient Dieu »
Une communauté fraternelle de communion et de partage
Ce point étant le thème de notre propos, j’y reviendrai un peu plus longuement. Pour le moment, je me contente de nommer les versets qui s’y rapportent :
« Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous selon les besoins de chacun. »
« Les frères […] Chaque jour, d’un seul cœur »
« Ils rompaient le pain dans leurs maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité »
Une communauté et ses quatre piliers
Ce verset mentionne à lui tout seul les quatre grandes dimensions de la vie communautaire de nos premiers frères et sœurs chrétiens.
« Dans les premiers jours de l’Église, les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières. »
Une communauté de communion fraternelle et de partage
Comme je l’ai dit ci-dessus, je fais maintenant un zoom sur l’aspect fraternel de la vie communautaire de la première communauté chrétienne.
Une communauté fraternelle
Dans l’introduction je mentionnais qu’aucune vie communautaire n’était possible sans communion fraternelle, car c’est l’amour qui en est le « carburant ».
« Dans les premiers jours de l’Église, les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières. »
Pour commencer, dans ce verset, on emploi le mot « frères ». Les membres de la première communauté chrétienne se reconnaissent véritablement comme des frères et sœurs en Jésus Christ. Nous pouvons conclure qu’ils constituent une famille : la famille des chrétiens !
Frères et sœurs, parce que frères de Jésus et, par Lui, tous enfant d’un même Dieu et Père.
Une communauté de solidarité et de partage
« Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous selon les besoins de chacun. »
Tout est dit dans ce verset. On découvre d’abord qu’ils vivent ensemble, donc qu’ils forment une véritable communauté de vie.
ET c’est au nom de leur foi en Jésus Christ qu’ils deviennent des frères et sœurs, membres de la Famille des enfants de Dieu.
La solidarité et le partage sont les deux axes de cette communion fraternelle. Dans la première communauté, l’amour et la charité sont au cœur de toute leurs relations. On met tout en commun, on partage tout équitablement, on fait passer le frère avant soi-même.
Dans la première communauté chrétienne, ce qui m’appartient, appartient aussi aux frères et sœurs. Le souci du bien commun est très présent entre chacun des membres.
Une communauté de « co-pains »
Dans la vie de famille le temps de la table, est essentiel, car c’est celui où tout le monde se retrouve pour manger, partager, communier, etc.
Qui plus est, on ne partage pas son pain avec n’importe qui : lorsqu’on partage la même table, c’est que l’on est des familiers, des intimes…. Des gens qui se connaissent et qui s’aiment !
« Chaque jour, d’un seul cœur, ils allaient fidèlement au Temple, ils rompaient le pain dans leurs maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité »
« les frères étaient fidèles […] à rompre le pain »
· Ils rompaient le pain
Cela fait inévitablement penser à l’eucharistie. Les premiers chrétiens ne célébraient bien évidemment pas l’eucharistie dans la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.
Pour commencer, ils commençaient par se nourrir à la table de la Parole :
« Les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres »
Ensuite, ils reproduisaient le geste de la fraction du pain que Jésus avait lui-même fait et communiaient, dans une réelle action de grâce, et communiaient au Pain Rompu en tant que signe réel de la présence du Christ au milieu d’eux. Ils faisaient véritablement eucharistie.
Une chose est sûre, les premiers chrétiens distinguaient très bien le repas eucharistique du repas familial.
L’eucharistie, même dans sa forme primitive , était au cœur de la vie des premières communautés chrétiennes :
« les frères étaient fidèles […] à rompre le pain »
· « Chaque jour, d’un seul cœur […] ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité »
Ce verset exprime l’idée de la reconnaissance : ils savent tout attendre de Dieu, ils comptent sur lui et sur la divine providence. Ils ont conscience que Dieu pourvoie à tous leurs besoins (spirituels et humains), c’est pour cela qu’ils sont reconnaissants.
Date de dernière mise à jour : 2021-02-23
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