ENSEIGNEMENT 11 : L’appel de Dieu
Tout homme, qui qu’il soit, croyant ou non croyant, est amené à un moment ou à un autre de sa vie à se poser la question du sens de son existence :
« Pourquoi j’existe ? », « Quel est le sens de ma vie ? », « Je viens d’où et où est-ce que je m’en vais ? »
Pour certains, cette question de l’origine et du sens de la vie peut demeurer simplement d’ordre philosophique, voire purement scientifique, sans référence à une quelconque divinité (un hasard). Pour d’autres, elle s’inscrit dans un projet divin (quelle que soit cette divinité) imposé à l’homme (une destinée, ou le destin).
Le chrétien quant à lui trouve réponse à ces questions en Dieu : il vient de Dieu, il vit pour Dieu et s’en va vers Dieu. Pour lui, il n’y a ni hasard, ni destinée, mais bien un appel de Dieu qui se réalise dans une vocation.
Si Dieu appelle, le chrétien a, pour sa part, une réponse à donner à cet appel. Et une réponse entièrement libre ! C’est précisément la question de la liberté qui est la différence fondamentale entre l’appel vocationnel et le destin. Le premier respecte totalement la liberté de l’homme, le deuxième ne lui offre aucune possibilité de choix : un destin est imposé et incontournable !
Dans l’exposé d’aujourd’hui, nous voulons nous arrêter précisément sur cette question de l’appel de Dieu, et de manière plus précise encore, de l’appel de Dieu dans et sur les refuges. A nous qui sommes là aujourd’hui, en quoi et à quoi avons-nous été appelés (individuellement et communautairement) ? Quel est le projet (le plan) de Dieu pour et sur les refuges ?
Dans un premier temps, il sera nécessaire de nous arrêter sur l’appel de Dieu en général : quel est le plan de Dieu sur l’être humain (là encore individuellement et communautairement) ? L’appel vocationnel universel et l’appel vocationnel personnel. Qui est appelé ? Comment Dieu appelle ? A quoi suis-je et sommes-nous appelés ? etc.
Dans un second temps, nous nous pencherons sur le sujet principal de notre exposé : l’appel sur et pour les refuges ? Cette seconde partie se subdivisera en quatre sous-parties :
L’appel personnel, l’appel communautaire, le partage des charismes et l’ouverture aux nouveaux charismes.
- L’Appel de Dieu
« Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction.
Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. »Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth s’en alla avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de Harane.
Il prit sa femme Saraï, son neveu Loth, tous les biens qu’ils avaient acquis, et les personnes dont ils s’étaient entourés à Harane ; ils se mirent en route pour Canaan et ils arrivèrent dans ce pays. » (Ge 12, 1-5)
Quoi de mieux que ce passage de la Genèse (l’appel d’Abram) pour parler de l’appel de Dieu.
J’ai trouvé un petit commentaire d’une sœur Dominicaine de Bruxelles (Sr Marie Monnet) sur ce passage. Comme je le trouve très à propos, je l’insère ici en intégralité :
« L’appel s’entend dans la réponse
Tout commence par un appel. Un appel qui peut toucher tout le monde, même à soixante-quinze ans, avec une famille nombreuse, des neveux, des nièces et des troupeaux ! Nous avons trop l’idée qu’il faudrait partir seul, on peut partir en groupe. Et il n’est même pas nécessaire de savoir où l’on va : seul l’appel est important.
Abraham répond à une parole, il ne fuit pas : "Va, quitte ton pays, ta parenté, la maison de ton père, pour le pays que je te montrerai." Tout devient relatif, secondaire pour lui, au point qu’il n’a plus d’autre demeure que cette parole qui l’a descellé, déséquilibré, mis en route.
Abraham fait confiance et s’appuie sur une promesse qui lui communique son dynamisme, son espérance, son horizon. Par sa démarche, Abraham engage plus que lui-même : il devient le père des croyants. Il engendre une multitude d’hommes et de femmes comme nous, qui se mettent en route sans autre évidence que la parole qui les aimante. C’est par son mouvement qu’Abraham témoigne de la foi qui l’habite.
Car ce mouvement n’a pas d’autre explication, pas d’autre raison d’être que l’appel entendu et accueilli.
Une parole l’affecte, Abraham est devenu différent au point de paraître étrange, pour tous les autres : un étranger. Et pourtant, nous pouvons nous reconnaître tous en lui. Dans son mouvement d’adhésion à la foi, il devient certes singulier, mais il l’est comme un prototype, comme un modèle à imiter. Abraham est un authentique patriarche, une figure tutélaire en laquelle tous les croyants peuvent se reconnaître.
Qui n’a jamais ressenti qu’une parole l’avait rendu différent ? Et peut-on être chrétien sans se mettre en mouvement, habité par une parole qui devient comme son nouveau pays, son seul et véritable lieu d’enracinement ? Dieu a parlé et « l’appel s’entend dans la réponse ».
- L’appel de Dieu en 7 points
- Un appel de Dieu ! Une réponse de l’homme ! Si Dieu appelle, l’homme a une réponse à donner à cet appel
- Dieu est infiniment libre ! Dans sa souveraineté il appelle qui il veut, comme il veut, quand il veut !
- Si Dieu est libre dans son appel, l’homme est tout aussi libre dans sa réponse. L’appel de Dieu se présente en général sous la forme d’une proposition qui laisse à l’homme une pleine liberté de choix et d’adhésion.
- Un appel (une Parole) qui fait irruption dans la vie de l’appelé. L’appel de Dieu rejoint généralement l’homme au cœur de sa vie et de sa réalité quotidienne, ordinaire. (Ex : l’appel de Matthieu à sa table de collecteur d’impôts, l’appel des premiers apôtres en plein exercice de leur profession de pêcheurs, etc.)
- Un appel qui met en mouvement et provoque un déplacement (un changement radical)
« Va ! Quitte ton pays […] va vers le pays que je te montrerai »
Dans l’appel de Dieu, il y a toujours un pays ancien à quitter (sécurités, conforts, sentiers battus, etc.) pour aller vers un « pays » inconnu et nouveau : une terre promise ruisselante de lait et de miel ! Un pays béni de Dieu !
En l’occurrence, l’appel de Dieu est une invitation à passer véritablement d’une « vie ancienne » à une vie nouvelle. N’est ce pas là le propre de la conversion ! L’appel de Dieu fait entrer l’homme qui y répond librement dans un véritable chemin de conversion.
- Un appel qui demande un acte de foi de la part de celui qui est appelé : Abraham n’a pas d’autre garantie que la promesse de Dieu. Il accepte de quitter son pays (terrain connu) pour aller vers un pays inconnu, dont il ne connait même pas le nom. Cela suppose véritablement un acte de foi et une confiance totale en ce Dieu qui l’appelle.
- Un appel qui change tout et qui révèle à l’appelé jusque son identité profonde : il devient véritablement celui qu’il est et ce pourquoi il existe (sa mission) :
« ABRAM DEVIENT ABRAHAM
Abram signifie père d’Aram, son pays d’origine, « araméen errant… » C’est aussi père élevé, père exalté, nom donné comme en compensation à cet homme désespéré de n’avoir pas d’enfant.
Quand Dieu introduit la lettre H dans son nom, il introduit la lettre de la création, du souffle de la création. Abraham est créé de nouveau et il va pouvoir devenir père, et même « père d’une multitude ». Cela sera montré par un signe, la circoncision. »Gn 17,1-5
- Comment Dieu appelle-t-il ?
Unicité de forme
Dieu connait chaque être humain personnellement et parfaitement. Il en est le Créateur.
En partant du principe que chacun est unique, l’appel de Dieu ne peut se présenter autrement qu’en étant unique lui-même.
Dans sa manière de s’adresser à l’homme (en tant qu’individu) Dieu tient compte de son unicité.
L’appel de Dieu est absolument personnel et unique à chaque être humain.
Unicité de fond
L’appel qui m’est adressé par Dieu m’est propre et n’est pas celui d’autrui. Deux personnes peuvent-être appelées à une même vocation, mais la manière dont cette vocation va se réaliser, s’accomplir dans la vie de l’un, n’est pas celle de l’autre. En d’autres termes : même vocation, mais « itinéraires » différents, unique à chaque individu.
Unicité de moyen
Dieu connaît le moyen qui convient le mieux à chaque être humain pour lui adresser son appel. Les médias par lesquels, dans sa Providence, Dieu s’adresse à l’homme diffèrent en fonction de chacun et (Une parole, une situation, une rencontre, un évènement donné… bref, pour Dieu, il y a autant de médias qu’il y a d’individus)
- Qui Dieu appelle-t-il ?
« Tous sont appelés, mais tous ne sont pas élus » (Mt 22, 14)
Il n’y a pas d’élitisme dans l’appel de Dieu. Dieu ne serait pas un Dieu juste s’il n’appelait que quelques-uns. Non, tous (sans exceptions aucunes) sont appelés, mais tous ne répondent pas de la même manière.
Je reprends l’exemple de l’émetteur et du récepteur : Une radio par exemple émet pour tout le monde, mais tous ne sont pas forcément syntonisés sur la bonne fréquence pour recevoir l’émetteur. Pour Dieu c’est la même chose : l’émetteur, c’est Lui ! Tous sont appelés ! Mais tous ne sont pas « syntonisés » sur la fréquence du Cœur de Dieu (pour des raisons diverses). Parfois, il y a des interférences ! Parfois il y a trop de bruit !
Bref, le problème n’est pas du côté de Dieu (l’émetteur) mais bien du côté des récepteurs.
Dieu appelle tous les hommes (c’est indéniable), mais certains entendent, d’autres n’entendent pas cet appel. Et même pour ceux qui entendent l’appel : dans leur mais qui dans leur liberté, certains acceptent, d’autres refusent cet appel.
- A quoi Dieu appelle-t-il l’Homme ?
Le premier appel est celui de l’appel à la vie ! Le simple fait d’être vivant est déjà un appel de Dieu. Si je vis, si je respire, c’est parce que Dieu m’aime et qu’il veut que je vive.
Un vivant est quelqu’un qui est animé par un souffle de vie qui ne vient pas de lui-même, mais bien de la source même de la Vie, en l’occurrence Dieu.
L’appel universel ou la vocation universelle à la sainteté
Première chose : nul ne devient saint par la force de ses poignets. C’est parce que Dieu est Saint (trois fois Saint) qu’Il nous appelle tous à devenir saints à notre tour (de sa Sainteté à lui).
L’appel à la sainteté est bel et bien universel (on peut aussi parler de vocation universelle à la sainteté), c’est-à-dire qu’il s’a dresse à tout le genre humain sans aucune exception (cela ne dépend ni de la nationalité, ni d’une appartenance religieuse quelconque).
Si on se réfère à l’appel d’Abraham à quitter son pays d’origine pour aller vers un pays inconnu, une terre promise bénie de Dieu, on pourrait dire que la sainteté est la destination finale (la terre promise en question).
En ce sens, tous sont appelés à se mettre en marche vers cette Terre promise, mais tous ne s’y rendront par le même chemin (et certains, ne s’y rendront tout simplement pas, par libre choix).
Entre l’appel et la destination finale, il y a inévitablement un chemin, un itinéraire de vie, qui dépend non seulement de l’appel personnel de Dieu mais aussi et surtout du choix libre de chacun d’emprunter ou non tel chemin plutôt qu’un autre. L’itinéraire est ce que j’appellerai la vocation particulière.
L’appel particulier ou la vocation particulière
Dieu, connaissant personnellement chacun, il connaît aussi le chemin le plus direct et qui convient le mieux à chaque personne.
Et c’est en ce sens que son appel se présente sous la forme d’une proposition : Dieu n’impose à personne une destinée, mais il propose le chemin idéal, que la personne est libre d’emprunter ou non.
En ce qui nous concerne, nous les baptisés catholiques, quand on parle de l’appel vocationnel particulier, on parle bien évidemment des quatre grandes vocations chrétiennes… et ces vocations concernent en général les chrétiens catholiques. Bien sûr le mariage a un aspect particulier, car dans toutes les religions et les traditions les gens se marient. Mais ce n’est que chez les chrétiens qu’on parle véritablement du mariage comme une vocation à part entière.
Et on peut encore préciser que ce n’est que chez les catholiques que le mariage est élevé au rang de sacrement (ce n’est même pas le cas chez les protestants).
Les quatre grandes vocations selon l’Eglise catholique :
- Le mariage sacramentel
- La vie religieuse ou consacrée
- Le sacerdoce ou la prêtrise
- Le célibat consacré
Ces vocations sont véritablement les quatre grandes avenues de vie les plus directes par lesquelles Dieu nous mène à destination (la vocation universelle à la Sainteté). Et pour nous catholiques, l’appel vocationnel particulier se choisit entre ces quatre-là.
Par les sacrements, l’Eglise catholique donne à chacun de ses enfants (quelle que soit sa vocation particulière) tout ce dont chacun a besoin pour avancer sur son chemin vocationnel, en vue de parvenir à la sainteté. C’est dans l’Eglise catholique que Dieu nous offre les chemins les plus directs (pas les plus faciles) pour parvenir à la Gloire des saints.
Vocation et profession : la différence
L’exercice d’une profession dépend de la capacité, des aptitudes et des compétences personnelles. Et elle appelle en retour une rémunération. Ce n’est gratuit ni dans un sens, ni dans l’autre.
La vocation est à commencer, une réponse à un appel de Dieu. Et cet appel est gratuit et ne dépend en aucun cas de compétences, ou d’aptitudes particulières. Pas besoin de diplôme ou de CV pour entrer dans sa vocation, juste une réponse de foi libre à l’appel de Dieu. Bien évidemment, il n’est nullement question de salaire dans l’exercice d’une vocation. C’est un chemin de vie !
Vocation et destin : la différence
Le destin est immuable, inévitable et imposé. Ce qui est écrit advient inexorablement, qu’on le veuille ou non. Le destin ne respecte aucunement la liberté humaine. C’est terrible de parler en termes de destin, car alors Dieu serait un Dieu despote qui déciderait pour chaque être humain de son sort sans lui offrir la possibilité de choisir. Pour le chrétien, le destin est tout simplement un non-sens !
La vocation est tout le contraire du destin : elle fait appel à la liberté de chaque individu : Dieu propose le chemin le plus convenable, l’homme choisit librement ce chemin. Ce qui est formidable avec la vocation, c’est que Dieu nous offre la possibilité d’écrire notre vie avec Lui. Rien à voir avec un Dieu despote !
L’appel de Dieu dans les refuges
Que notre présence en tant que membres des refuges soit une réponse à un appel de Dieu, cela est indéniable.
Depuis le début de l’aventure, cela est très clair : C’est le Seigneur qui choisit et appelle à entrer dans les refuges. Et, bien sûr, chacun a eu une réponse libre à donner à cet appel de Dieu sur sa vie.
Dans l’aventure des refuges, nous pouvons retrouver toutes les caractéristiques (évoquées dans la première partie) qui attestent que notre présence et participation sont véritablement un appel de Dieu sur chacun. Revenons au point I.a : L’appel de Dieu en 7 points, et constatons que nous retrouvons ces sept caractéristiques dans l’appel des refuges.
La particularité réside dans le fait que cet appel s’insère dans l’appel vocationnel particulier de chacun des membres des refuges. En d’autres mots, il devient pour chacun de nous, un chemin particulier dans notre vocation particulière propre.
Le chemin vocationnel de chacun demeure sauf et sans préjudice : ma vocation est d’être prêtre, et c’est en tant que prêtre que je suis membre des refuges.
On pourrait dire aussi que l’appel à être dans les refuges est une étape particulière et inattendue sur notre chemin de vie vers la sainteté. Mais une étape qui a des conséquences majeures et qui change radicalement (voire définitivement) toute notre manière de vivre jusqu’à présent.
Il y a un avant, un pendant et un après !
Prenons conscience également (et ne le perdons plus de vue) que notre présence dans les refuges relève uniquement de la grâce de Dieu et de sa Miséricorde. Ce n’est pas parce que nous sommes meilleurs, ou plus méritants que les autres que nous sommes là (bien au contraire).
Cet appel sur nous n’est pas un choix élitiste de Dieu et ne dépend en aucun cas de nos mérites. Il est pure gratuité de Dieu sur chacun : Dieu m’a choisi parce qu’il m’a choisi. Il n’y a aucune autre raison que l’amour gratuit de Dieu sur notre présence dans les refuges.
C’est pour cela que nous devons demeurer humbles et surtout infiniment reconnaissants de cette faveur que Dieu nous faite. Et ce n’est pas d’abord pour nous que nous avons étés choisis et appelés, mais bien pour la Gloire de Dieu et le salut des âmes.
- Rappel sur la mission des refuges
Je reprends quelques extraits de la charte des refuges que nous vous avons remis l’année dernière :
Sens et raison d’être des refuges
· Pourquoi les refuges ?
L’idée des refuges ne date pas d’aujourd’hui. De fait le Seigneur les prépare depuis un certain temps et dans le monde entier.
Aujourd’hui, les événements du monde se précipitent et la mise en place des refuges devient une urgence.
Leur raison d’être trouve son sens dans l’histoire de l’arche de Noé face au péché du monde. Dans cette arche moderne, le Seigneur n’amène pas des espèces animales mais des hommes et des femmes de tous âges et de tous états de vie.
Dans les refuges se trouvent donc ceux et celles qui reconstruiront le monde de demain, avec la grâce de Dieu.
· Pour qui ?
Seul le Seigneur a l’initiative de choisir ceux et celles qui feront partie des refuges. C’est Lui et uniquement Lui qui les appelle. A nous, il revient de les accueillir et de les accompagner dans leur vocation propre.
Nous n’avons donc aucun recrutement, ni aucun prosélytisme à faire. Les gens seront amenés au moment choisi par Dieu.
· Qu’est-ce que les refuges ?
Les refuges ne forment pas une nouvelle communauté religieuse. Ils forment un ensemble de lieux solidaires mais autonomes où sont appelés à se développer la vie de prière, la vie fraternelle, et le chemin de conversion en vue de la Reconstruction.
La vie dans les refuges
· La vie communautaire, fraternelle et familiale
Elle est au cœur de la vie de refuges.
Charité
L’amour vécu envers Dieu et envers chacun. (Hymne a la charité, annexe 4)
Partage
Chaque refuge sera attentif aux besoins de ses membres et aux besoins des autres refuges.
Mise en commun (matériel et charismes)
Dans les refuges, nul n’est propriétaire de quoi que ce soit et la mise en commun des biens matériels est vie de fraternité. Chacun met aussi au service des autres, ses capacités personnelles (humaines et professionnelles) ainsi que les charismes dont le Seigneur le gratifie pour le bien commun.
· Responsabilités quotidiennes
La vie dans les refuges nécessite une implication concrète de chacun.
L’organisation de la vie concrète
Vivre en refuge nécessite une organisation particulière, propre à chaque lieu.
Il va être important de trouver un équilibre entre les taches matérielles et les temps de prière, personnels et communs.
Le travail
La répartition des taches est importante car chacun doit y participer au quotidien, dans un réel esprit de service.
· La vie de prière
Il est indispensable d’aménager un rythme de prière quotidien cela comprend :
- L’office
- Le rosaire ou chapelet
- L’adoration
- La prière de louange
- La méditation de la Parole (lectio divina)
- L’intercession
- La prière des frères (guérisons intérieures)
· La vie sacramentelle
Il est nécessaire de vivre les sacrements régulièrement.
L’eucharistie
L’eucharistie est normalement célébrée quotidiennement dans le refuge central.
Il n’est pas exclu que la célébration se déroule de temps à autre dans un refuge particulier.
Pour les refuges particuliers, en cas d’impossibilité de se déplacer vers un refuge central, il est recommandé de vivre une liturgie de la parole avec une communion spirituelle, en lien avec l’eucharistie célébrée.
L’offrande et la réparation
Les âmes appelées dans les refuges ont pour vocation première de prier et de s’offrir au Père, en réparation des péchés et outrages commis dans le monde, afin que les cœurs se convertissent et acceptent le salut offert. Cette offrande personnelle se vit en union avec le Sacrifice de Jésus, en se tenant au pied de la Croix avec Marie.
Le jeûne et l’abstinence
Le jeûne consiste à offrir à Dieu quelque chose que l’on aime et dont le renoncement total, pour un temps déterminé, nous coûte un tant soit peu. Il ne s’agit pas forcément de nourriture.
L’abstinence, comme le jeûne, consiste à offrir à Dieu quelque chose que l’on aime, mais de façon plus partielle (ex : je ne supprime pas tout le repas mais seulement un aliment).
Tout les deux procèdent du désir d’aimer Dieu et les âmes, en vue du salut éternel. Ils ne peuvent être vécus dans l’obligation ou la frustration. Seul le jeûne pratiqué par amour et librement est réellement efficace sur le Cœur de Dieu.
L’action de grâce
Nul ne peut vivre une réelle communion avec Dieu, s’il ne lui rend pas grâce pour tout ce qu’il reçoit et ce qu’il vit (le beau comme le plus difficile). Toute âme vivant dans les refuges est appelée à grandir dans la puissance de la louange.
La confession
Ce sacrement fondamental doit se vivre régulièrement et le plus fréquemment possible (au moins une fois par mois). Il contribue au chemin de sanctification personnelle et à la solidité de la vie fraternelle.
La spiritualité des refuges
· Les actes des apôtres
Ce livre est à la base de la spiritualité dans la vie des refuges. Il est donc nécessaire de le lire, de le méditer régulièrement et fréquemment.
Les refuges sont appelés à vivre à la manière des premières communautés chrétiennes, d’où la nécessité de s’en imprégner.
A cet effet, trois exemplaires des actes des apôtres seront remis aux responsables de chaque refuge, pour la mise à disposition des membres.
· Le cheminement spirituel
Le petit reste de l’arche moderne
Le monde actuel est en train de s’effondrer. Les refuges sont une « Arche de Noé » contemporaine et mondiale dans laquelle le Seigneur et Marie rassemblent le « petit reste » qui participera à la reconstruction d’une humanité renouvelée en Dieu.
L’exode moderne
Les membres des refuges vivent donc un réel exode moderne, qui ne consiste pas en un changement de pays, mais en un cheminement intérieur, pour un renouvellement de la vie vers la « Terre Promise » : vraie civilisation de paix et d’amour dont la Tête est la Sainte Trinité.
La conversion
Tout exode, en tant que chemin spirituel, implique une conversion qui prend tout le temps de l’exode. Celle-ci se manifeste différemment dans la vie de chaque membre. Le chemin spirituel de chacun est à respecter, tant dans son fond que dans son rythme.
La traversée du désert est partie intégrante de l’exode. (C’est le temps des refuges)
La correction fraternelle et le pardon
Toute conversion se vivant au cœur d’une communauté de vie, implique un chemin de vérité, de correction fraternelle, dans l’humilité et la patience. Le pardon étant le sommet de l’amour fraternel.
· Le combat de Marie
Entrer dans la spiritualité mariale
Notre temps est le temps de Marie et de son combat contre le Mal. C’est elle qui écrase la tête du serpent. Elle rassemble ses enfants pour participer à son combat.
Toute âme des refuges est donc appelée à vivre en véritable enfant de Marie.
Un enfant de Marie :
- écoute les demandes des sa Mère ; (faites tout ce qu’il vous dira / Jean 2,5)
- prend en charge les enfants plus fragiles
- lutte avec elle contre le Mal sous toutes ses formes.
Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde." Matthieu 28,18.20
Ces rappels sont essentiels pour bien situer le rôle et la place de chacun dans les refuges. Il y a d’abord un appel personnel, mais aussi un appel communautaire.
- L’appel personnel du membre des refuges
Quelques références bibliques :
- Rm 6, 11-13
- Lc 5, 27
- Si nous sommes là, c’est parce que nous avons été appelés par Dieu, et redisons-le, cela n’est en aucun cas une question de mérites de notre part.
- Sans aucune autre raison que l’Amour de Dieu pour moi, j’ai été choisi pour « collaborer » à son œuvre de Salut pour l’humanité. Dieu n’a besoin de personne pour sauver, purifier et restaurer l’humanité, mais il a voulu nous faire participants de cette œuvre. Et cette volonté se réalise d’abord sur des individus qu’il s’est choisi lui-même.
- Le membre des refuges n’est pas là pour lui-même ou pour être planqué à l’abri de la tempête, il est bien choisi et mis à part pour collaborer au Salut des âmes et pour participer (chacun à sa mesure) au combat des fins dernières (le fameux combat de Marie).
Dieu appelle véritablement chacun à s’offrir (avec ses forces, ses charismes, ses misères, etc.) avec son Fils (l’unique Sauveur) pour le Salut des âmes.
- L’appel dans les refuges ne fait pas de nous des saints accomplis pour autant. Non, nous demeurons en chemin vers la sainteté. Par conséquent, dans les refuges, chacun doit garder à l’esprit qu’il est en chemin et que ce chemin en est un de conversion permanente. (d’où l’importance du sacrement de la Miséricorde)
- En tant que membre des refuges, Dieu m’appelle à mettre les charismes qu’il m’a donnés au service de la mission commune des refuges. L’appel personnel nous invite inévitablement à une mise en commun de toutes les forces vives, pour et en vue de la mission commune.
- Demeurant conscient de cette réalité d’être choisi, le membre des refuges doit demeurer dans une action de grâce et une reconnaissance permanente envers Dieu.
L’appel communautaire dans les refuges
Quelques références bibliques :
- Ac 6, 2-5
- Cor 14, 12-19
- Le point central : chaque membre doit bien garder en vue que son appel personnel s’inscrit dans un ensemble communautaire.
- Nous ne sommes pas des individus isolés, mais bien les membres d’un corps qui, pour le bien du corps entier mettent tout en commun dans l’amour, la fraternité et le partage.
- L’appel de Dieu sur les refuges dépasse l’appel personnel de chacun des membres. Le fait de la présence de chacun, suppose un réel engagement de chaque membre en vue de l’édification de la vie communautaire des refuges. Et cette vie communautaire devra être préservée, entretenue à tout prix.
- Chacun est appelé, mais devra veiller à ce que cet appel soit véritablement vécu selon le cœur de Dieu et non selon nos désirs personnels. Cela mettrait en grand péril l’édifice entier.
- Le partage des charismes
Référence biblique : 1 Cor 12, 12-31
Rappelons simplement qu’un charisme est donné à un individu ou une communauté, non pas en vue de la croissance et de l’épanouissement personnel de l’individu ou de ladite communauté, mais bien pour le service du Corps entier, à savoir l’Eglise.
Chacun arrive et arrivera donc avec les charismes qu’il a reçu, et veillera à ce que cela soit véritablement mis au service de la mission commune des refuges, en Eglise.
- L’ouverture aux nouveaux charismes
Quelques références bibliques :
- Ac 3, 16
- Mc 9, 38-39
- Mc 13, 5-6
Dieu dans sa grande sagesse est libre de donner des charismes particuliers à qui il veut et comme il le veut. Chacun devra veiller à considérer et à accueillir ces nouveaux charismes avec discernement et comme un réel enrichissement communautaire pour la réalisation de l’œuvre commune.
Il n’y aura pas de place, à ce niveau, pour les rivalités, les jalousies, les compétitions ou les comparaisons. Si Dieu donne un charisme particulier à quelqu’un c’est qu’il veut s’en servir pour l’édification de son Œuvre de Salut. Ne perdons jamais cela de vue.
Conclusion
Prenons véritablement la mesure de la grâce que le Seigneur nous a faite en nous appelant à faire partie de cette grande famille des refuges. Cela doit être un motif incessant de reconnaissance vis-à-vis de ce don gratuit de Dieu.
Nous devons aussi garder bien en vue la responsabilité qui est la nôtre vis-à-vis de ce choix.
Et nous qui sommes là aujourd’hui, à un titre particulier, car à nous, Dieu a confié la charge de conduire à bon port tous ceux que le Seigneur appelle et appellera encore à se joindre à nous.
Nous sommes véritablement choisis et appelés pour être le « moteur » de cette arche gigantesque que le Seigneur est en train de construire.
P Olivier Mondon
Date de dernière mise à jour : 2021-05-28
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