ENSEIGNEMENT 9 : Le lavement des pieds : Prière des frères et sacrement des malades
Introduction
Le texte choisi comme base scripturale pour le thème abordé aujourd’hui se situe dans l’évangile de Jean. Il s’agit du récit du lavement des pieds :
EVANGILE DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT JEAN (Jn13, 1-17)
01 Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.
02 Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer,
03 Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, 04 se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ;
05 puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
06 Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? »
07 Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. »
08 Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. »
09 Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! »
10 Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » 11 Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »
12 Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ?
13 Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis.
14 Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. 15 C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous.
16 Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. 17 Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites.
Pourquoi ce texte ? Parce que le geste du lavement des pieds, tel que Jésus le réalise dans ce récit est la plus parfaite expression de l’amour fraternel et du service. Jésus se fait Serviteur de ses frères et il leur désigne le service des frères comme chemin de perfection dans l’amour.
La prière des frères et le sacrement des malades ne sont-ils pas justement des « lieux » par excellence où se concrétise le service des frères tel que Jésus nous l’a enseigné ?
Tous les deux trouvent également en Matthieu 10, 8 une autre origine scripturaire :
« Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux »
Notre exposé de ce jour se subdivisera en trois grandes parties :
- Définition et différenciation (prière des frères et sacrement des malades)
- La prière des frères et le sacrement des malades dans les premières communautés chrétiennes (Actes des apôtres).
- Actualisation : ces deux réalités dans la vie des refuges.
- Définition et différenciation : la prière des frères et le sacrement des malades
"Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs" (Mc 2, 13-17)
Tout au long de sa vie publique, Jésus a accompli maintes et maintes fois cette parole dans ses actes. Il n’a pas cessé de manifester une tendresse et un amour tout particulier pour tous les exclus, les malades et les plus petits. Sans compter tous les miracles de guérisons et de libérations qu’il a accomplis, afin que tous croient et comprennent que c’est Dieu lui-même qui agit puissamment au milieu de son Peuple. Il a ainsi manifesté réellement et concrètement l’amour de Dieu pour les siens.
Ce sont ensuite, en premier lieu ses apôtres, puis en second lieu, ses disciples (la distinction est volontaire) qui ont été investis de poursuivre cette mission de manifester au Monde que Dieu est vivant, présent et agissant. Il leur a donné mandat de poursuivre sa Mission et de la transmettre à leur tour aux générations :
"C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous."
« En mon Nom, guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux »
La prière des frères et le sacrement des malades s’inscrivent précisément dans cette poursuite de la mission même de Jésus. A travers eux, les baptisés, manifeste au Monde la puissance de l’Amour de Dieu qui soulage et guérit les malades.
Tous, en vertu de leur baptême, sont investis de ce devoir de compassion et de charité envers leurs frères en humanité.
Aujourd’hui, donc, encore et encore, à travers les baptisés, Jésus guérit et soulage les maladies (du corps, de l’âme et de l’esprit).
Il le manifeste à travers la prière des frères, qui est le devoir de tous les baptisés (les disciples de Jésus en vertu de leur sacerdoce baptismal)) et aucun n’en est exempt.
Et il le réalise (en personne) dans le sacrement des malades, à travers ses apôtres d’aujourd’hui, c’est-à-dire, ceux qu’il a investi du sacerdoce ministériel (les évêques et les prêtres).
- La prière des frères : le devoir du disciple du Christ
Quelques références bibliques :
"Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux". (Mt 7,7)
"Demandez et vous recevrez…" (Mt 18, 20)
Voici une belle définition de la prière des frères donnée par une paroisse de Seine-Saint-Denis :
Il s'agit d'accueillir et de porter la prière personnelle qu'un frère adresse au Seigneur. De prier avec cette personne et pour elle, avec foi.Chacun de nous demande bien des choses au Seigneur. De divers ordres.[…]. Mais il peut arriver que nous sentions le besoin de confier à d'autres une prière personnelle. Cela peut concerner une demande que nous portons depuis très longtemps, et que nous n'avons plus la force de porter seul. Ou une prière que nous voulons intensifier. Ou une demande ciblée dans un moment particulier de combat spirituel. À la fin de chaque messe, deux binômes de "priants", qui en ont reçu, du curé, la mission, seront là pour ça, spécialement. La demande que vous confiez reste évidemment confidentielle. Elle est confiée et reçue très simplement, sans bavardage. […] En lançant ce service fraternel, nous voulons permettre à chacun de vous, le jour où il s'y sentira appelé, de faire cette expérience si particulière : être soutenu et porté par deux frères dans sa prière. Et accueillir alors la présence agissante du Seigneur. "Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux".
Quelques points essentiels à retenir
Tout d’abord, ce n’est pas un sacrement.
La prière des frères est :
- Un devoir de charité à cause et au Nom de Jésus
- Un devoir d’intercession (de prière)
- Un devoir de communion fraternelle
- Un service d’amour fraternel
- Un service de compassion
- Un service d’accueil et d’écoute
Si nous sommes tous frères et sœurs c’est à cause et au Nom de Jésus Christ qui a fait de nous les enfants d’un même Père (par notre baptême). Nous sommes, en Jésus, membres de la famille de Dieu, ce qui implique qu’un amour profond et réel circule entre chacun.
La prière des frères est l’une des expressions de cet amour fraternel.
Comme elle n’est pas un sacrement, mais bien un devoir de charité chrétienne, TOUS les baptisés, sans exceptions, sont donc concernés.
Elle ne requiert pas de compétences ou de capacités, mais bel et bien la foi (et une confiance réelle en Dieu), l’espérance et la charité (qui je le rappelle sont des dons de Dieu que nous recevons tous en germe à notre baptême). Elle n’est donc pas réservée à une "élite " et n’est pas une question de charismes ou de privilèges.
Du moment que deux ou trois se rassemblent pour prier ensemble pour un frère ou une sœur, cela suffit. Et il est bien important ici d’insister sur le fait que ce sont des frères solidaires d’une même condition qui prient ensemble : ce ne sont pas des "meilleurs" qui prient pour des "moins bons", mais bel et bien des pécheurs qui se soutiennent et se supportent fraternellement dans la prière.
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Les conditions à la prière des frères :
- Être baptisé (c’est ce qui fait de nous des disciples du Christ)
- Croire, avoir la Foi et faire confiance en Dieu.
- Se laisser toucher et guérir soi-même par le Christ (Je ne peux donner que ce que j’ai reçu) : c’est ce qui permet de rendre témoignage de l’amour de Dieu pour chacun.
- Accepter de vivre la Volonté de Dieu : « Il m’a guéri ! Que veut-Il de moi ? »
- S’armer d’humilité (écoute, accueil, abaissement, service, oubli de soi, etc.) : toujours se rappeler que c’est le Christ qui guérit, pas moi !
- Le Sacrement des malades
Rappelons qu’un sacrement est un signe visible qui manifeste une réalité invisible, celle de l’action directe de Dieu au milieu de ses enfants (les baptisés).
Le sacrement des malades entre dans la catégorie des sacrements dits de guérison : ils sont au nombre de deux :
- Le sacrement de la Miséricorde (guérison de l’âme, souillée par le péché, pardon divin des fautes, délivrances, etc.)
- Le sacrement des malades (guérison du corps, de l’esprit et de l’âme)
Ce dernier manifeste, quant à lui, la puissance et l’efficacité de l’action de Dieu qui guérit et soulage aujourd’hui son Peuple de tous ses maux.
A travers son prêtre, c’est Jésus en personne, qui visite le malade, le touche et le guérit.
Et cette guérison est intégrale, c’est-à dire qu’elle rejoint l’intégralité de l’être humain (corps, âme et esprit). Cependant, ce n’est pas magique (Dieu n’est pas un magicien). Notre foi est engagée dans l’efficacité du Sacrement. Avant d’opéré un miracle, quel qu’il soit, Jésus faisait toujours appel à la foi de la personne :
« Crois-tu que je peux faire cela pour toi ? »
« Qu’il t’advienne selon ta foi ! »
« Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu »
Adjointe à la foi de la personne, il y a bien sûr la Grâce de Dieu (c’est lui qui agit) et la Volonté de Dieu.
Cela est particulièrement vrai dans la question de la guérison physique d’un malade. Ce qui sûr c’est que Dieu veut guérir, mais pour lui, c’est d’abord la guérison intérieure de la personne qui prime. Celle-là est effective et efficace à chaque fois que le sacrement est administré (même réalité pour le sacrement de la Miséricorde). Pour ce qui est de la guérison physique, il y a toujours la question de la volonté de Dieu.
« Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier de ma lèpre » et Jésus lui répondit ; « Je le veux, sois purifié ! » (Mc 1, 40)
La véritable purification que Jésus opère chez cet homme, c’est celle de la lèpre du péché. Celle de sa lèpre physique manifeste visiblement cette purification intérieure invisible. Et c’est parce que Jésus veut sa guérison physique qu’elle se réalise.
Dans tous les cas de guérisons physiques que Jésus opère, ces guérisons physiques ne sont que la résultante (le signe visible) d’une guérison intérieure. La seconde prime toujours sur la première.
Rappelons, que le prêtre, en vertu de son ordination, a été investi de l’autorité même du Christ, tant en paroles et en actes. Par conséquent, lorsque le prêtre parle et agit dans le cadre sacramentel, c’est le Christ en personne qui parle et agit à travers lui : c’est pour cela qu’on dit que le prêtre agit In persona Christi.
Dans le cadre sacramentel, il devient présence réelle et action du Christ !
Les noms attribués au sacrement des malades :
- L’onction des malades (administré à des malades en situation de danger de mort potentiel ou dont la maladie revêt un caractère de durée et d’irrémédiabilité)
- L’extrême onction (Il est administré à des mourants).
- Le saint Viatique : Viatique signifie Pont. C’est la dernière communion donnée au malade avant le grand passage. Au saint viatique est en général associé l’extrême onction.
Forme du sacrement des malades
- La préparation pénitentielle : le malade (quand cela est possible) est invité à reconnaître humblement ses péchés et ses manquements et par conséquent, à entrer dans une démarche sincère de repentir et de pénitence (conversion). C’est pour cela que les deux sacrements de guérison aboutissent au même résultat : le Pardon des péchés et l’absolution.
- L’écoute de la Parole
- L’imposition des mains : Au Nom de Jésus, le prêtre impose les mains au malade (pour reprendre le geste que Jésus lui-même faisait lorsqu’il guérissait les malades). Au final, c’est Jésus en personne qui impose les mains à la personne malade.
- L’onction : elle se fait avec l’huile des malades, bénie par l’évêque lors de la dernière messe chrismale.
L’huile des malades est le signe visible du sacrement des malades qui manifeste l’action de Dieu qui pénètre et imprègne toutes les dimensions de l’être (corps, âme et esprit).
- La communion : cette dernière n’est pas automatique.
- L’action de grâce et la bénédiction
Quelques clichés à convertir :
- Le sacrement des malades ne tue pas ; ne fait pas mourir
- Le sacrement des malades est réservé normalement à des malades dont la situation de santé est sérieuse et met en péril (plus ou moins à court terme) l’autonomie et la vie de la personne. (On n’administre pas le sacrement des malades à quelqu’un qui a un rhume)
- Le sacrement des malades ne peut être administré qu’à des baptisés catholiques (comme tous les sacrements d’ailleurs).
La prière des frères et le sacrement des malades dans les premières communautés chrétiennes (Actes des apôtres).
Pour commencer voici quelques bases scripturaires de références qui nous indiquent la manière dont les premiers chrétiens vivaient ces deux réalités :
Ac3, 1-8 : la guérison par Pierre et Jean de l’impotent à la porte du Temple
Ac1, 8, 29-33 : Philippe et l’Eunuque
Ac1, 15-22 : L’élection de Mathias en remplacement de Juda dans le collège des apôtres.
Pour cette partie, nous reprendrons l’un après l’autre chacun de ces passages des Actes des apôtres, pour en retirer le sens particulier qui s’en dégage.
- Ac 3, 1-8 : Au Nom de Jésus Christ, marche !
01 Pierre et Jean montaient au Temple pour la prière de l’après-midi, à la neuvième heure.
02 On y amenait alors un homme, infirme de naissance, que l’on installait chaque jour à la porte du Temple, appelée la « Belle-Porte », pour qu’il demande l’aumône à ceux qui entraient.
03 Voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le Temple, il leur demanda l’aumône.
04 Alors Pierre, ainsi que Jean, fixa les yeux sur lui, et il dit : « Regarde-nous ! »
05 L’homme les observait, s’attendant à recevoir quelque chose de leur part.
06 Pierre déclara : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. »
07 Alors, le prenant par la main droite, il le releva et, à l’instant même, ses pieds et ses chevilles s’affermirent. 08 D’un bond, il fut debout et il marchait. Entrant avec eux dans le Temple, il marchait, bondissait, et louait Dieu.
On a là un bel exemple du sacrement des malades dans sa forme primitive : des apôtres qui guérissent un malade au Nom de Jésus et en vertu de leur ministère apostolique qu’ils ont reçu de Jésus lui-même.
« Alors Pierre, ainsi que Jean, fixa les yeux sur lui, et il dit : « Regarde-nous ! »
Ce geste de Pierre et Jean de fixer leur regard sur l’homme impotent, fait penser au geste sacramentel de l’imposition des mains dans le rituel du sacrement des malades.
A travers ses deux apôtres, c’est Jésus en personne qui regarde l’homme. Et lorsque Jésus regarde quelqu’un, il l’aime et son regard « transperce » celui qui est ainsi regardé.
C’est exactement ce qui se passe avec l’homme impotent, qui lui, non seulement se laisse regarder (alors que les seuls regards qu’il avait reçus jusque là étaient méprisants et malveillants) mais en plus ose regarder Pierre et Jean. Sans en avoir conscience, il fait l expérience du regard de Jésus posé sur lui.
Pour l’imposition des mains, on fait davantage appel au sens du toucher : la personne touchée ainsi fait l’expérience de Jésus qui la touche en profondeur. Et quel amour ! Quel respect ! dans ce toucher de Dieu à travers le prêtre. A la personne, il revient de se laisser toucher en retour.
Pierre déclara : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. »
Notons d’abord l’humilité de Pierre, qui a bien conscience que ce n’est pas lui qui agit, mais bien le Christ qui agit à travers lui. Il ne prend aucun honneur pour lui, mais au contraire attribue toute la gloire de l’acte qu’il pose à celui qui en ai l’auteur : Jésus Christ !
Cette humilité est indispensable pour tous les sacrements : le ministre ne doit jamais perdre de vue que c’est Jésus, et uniquement lui, qui parle et agit à travers sa personne.
Mais ce que j’ai, je te le donne
On peut donner que ce que l’on a reçu ! C’est parce que Pierre s’est laissé lui-même guérir, relever par Jésus qu’il peut désormais, en son Nom, guérir son frère impotent.
Cela est aussi vrai pour la prière des frères par ailleurs. Pierre est le premier conscient de son état de pécheur, relevé, pardonné et sauvé par le Christ. Et c’est pour cela qu’il ne se considère pas supérieur ou meilleur que l’impotent. Au contraire, non seulement il se fait « son égal », mais plus encore il sait s’abaisser au niveau de ce dernier, pour le rejoindre dans sa misère et ainsi le relever et le remettre en marche dans son cœur.
N’est-ce pas ce que Jésus a fait en premier lorsqu’il a lavé les pieds de ses apôtres ?
Dans la prière des frères, comme dans le sacrement des malades, il doit y avoir ce même mouvement d’abaissement ; de mise à niveau, de la part du priant envers celui pour qui il prie.
« Je prie avec et pour toi, parce que je suis comme toi » Un pécheur, sauvé qui sait d’où il vient lui-même !
« Au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. »
C’est Jésus qui agit et opère le miracle, pas Pierre.
« Alors, le prenant par la main droite, il le releva et, à l’instant même, ses pieds et ses chevilles s’affermirent. »
L’impotent était non seulement assis et paralysé dans son corps, mais aussi depuis bien longtemps dans son cœur. Cela signifie ni plus ni moins que son âme était morte depuis longtemps. Du moins, il ne vivait plus… Il survivait !
L’action de Jésus dans sa vie, le relève et le remet en marche : il recommence à vivre avec dignité !
Que ce soit dans le sacrement de la Miséricorde ou le sacrement des malades, c’est toujours ce qui se produit dans l’âme du pénitent ou du malade : il revient à la vie ; Il retrouve la force et la vigueur d’un nouveau-né :
« D’un bond, il fut debout et il marchait. Entrant avec eux dans le Temple, il marchait, bondissait, et louait Dieu »
A chaque fois que l’on recourt à l’un des sacrements de guérison, c’est toujours l’effet qui se produit au plus profond ! C’est la preuve que Dieu agit en personne à travers le prêtre.
- Ac1, 8, 29-33 Ecouter pour mieux accompagner
L’ange du Seigneur adressa la parole à Philippe en disant : « Mets-toi en marche en direction du sud, prends la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; elle est déserte. »
27 Et Philippe se mit en marche. Or, un Éthiopien, un eunuque, haut fonctionnaire de Candace, la reine d’Éthiopie, et administrateur de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer.
28 Il en revenait, assis sur son char, et lisait le prophète Isaïe.
29 L’Esprit dit à Philippe : « Approche, et rejoins ce char. »
30 Philippe se mit à courir, et il entendit l’homme qui lisait le prophète Isaïe ; alors il lui demanda : « Comprends-tu ce que tu lis ? »
31 L’autre lui répondit : « Et comment le pourrais-je s’il n’y a personne pour me guider ? » Il invita donc Philippe à monter et à s’asseoir à côté de lui.
32 Le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci : Comme une brebis, il fut conduit à l’abattoir ; comme un agneau muet devant le tondeur, il n’ouvre pas la bouche.
33 Dans son humiliation, il n’a pas obtenu justice. Sa descendance, qui en parlera ? Car sa vie est retranchée de la terre.
34 Prenant la parole, l’eunuque dit à Philippe : « Dis-moi, je te prie : de qui le prophète parle-t-il ? De lui-même, ou bien d’un autre ? »
35 Alors Philippe prit la parole et, à partir de ce passage de l’Écriture, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus.
36 Comme ils poursuivaient leur route, ils arrivèrent à un point d’eau, et l’eunuque dit : « Voici de l’eau : qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? »
38 Il fit arrêter le char, ils descendirent dans l’eau tous les deux, et Philippe baptisa l’eunuque.
39 Quand ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur emporta Philippe ; l’eunuque ne le voyait plus, mais il poursuivait sa route, tout joyeux.
40 Philippe se retrouva dans la ville d’Ashdod, il annonçait la Bonne Nouvelle dans toutes les villes où il passait jusqu’à son arrivée à Césarée.
« L’ange du Seigneur adressa la parole à Philippe en disant : « Mets-toi en marche en direction du sud, prends la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; elle est déserte. » Et Philippe se mit en marche. »
Philippe écoute la parole qui lui est adressée et se laisse guider par elle. Il vit sous la mouvance de l’Esprit de Dieu qui le mène là où il veut.
Cette attitude suppose une écoute du cœur réelle, une foi soutenue et une docilité à Dieu. Comment cela peut-il être possible sans une vie de prière authentique et une relation personnelle avec un Dieu qui marche avec son Peuple, qui accompagne son peule ?
Cette écoute et cette docilité à l’Esprit de Dieu apparaît être un trait de caractère très ancré dans la manière de vivre des premières communautés Chrétiennes.
Dès qu’ils ont une décision à prendre, dès qu’ils ont un discernement à faire concernant la vie personnelle ou communautaire, il se mette en prière, et ainsi à l’écoute de la Volonté de Dieu sur l’affaire qui les concerne. Ce passage dans lequel la communauté des disciples se concerte et se tourne vers Dieu pour la question du remplacement de Juda sur le collège des douze apôtres en témoigne :
Ac1, 15-26
« Or, il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous,
depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. »
On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias.
Ensuite, on fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi
pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne. »
On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres ».
C’est parce que Philippe a appris à écouter et s’est lassé lui-même enseigné et guider qu’il est envoyé à la rencontre de l’eunuque pour lui apprendre à son tour à écouter ce que Dieu lui dit à travers sa Parole, à la comprendre et à l’accompagner sur le chemin de sa conversion et de son baptême.
« Comprends-tu ce que tu lis ? »
Dans toute communauté chrétienne, cet aspect est fondamental. En chacun de ses membres elle apprend à écouter, discerner la Volonté de Dieu dans une vie de prière soutenue et assidue.
L’aspect de l’accompagnement est tout aussi fondamental. En partant du principe que tous sont frères et sœurs en Jésus Christ, il devient normal que les membres apprennent aussi à s’écouter les uns les autres, à se soutenir et à devenir des compagnons de route d’une même aventure et avançant vers un même but.
Certains, comme Philippe, sont appelés à devenir de véritables accompagnateurs sur le chemin spirituel particulier d’un membre ou l’autre.
Différence entre écoute et accompagnement
- L’écoute spirituelle
Elle consiste en une écoute occasionnelle, fraternelle, mais n’est pas régulière (un frère qui a besoin de parler de ce qu’il vit par exemple). Il revient à celui qui écoute de le faire avec amour, mais cette écoute doit rester dans les limites de l’amour fraternelle : « je suis là, je compatis à ce que tu me partages, et je vais prier pour toi. »
- L’accompagnement spirituel
Là, il implique que l’accompagnateur s’engage plus assidument dans une marche intérieure pour accompagner véritablement l’autre sur son chemin de conversion et de sainteté. L’écoute prend une toute autre dimension à ce stade. L’autre met véritablement sa vie, ses choix et ses orientations de vie entre les mains d’un véritable guide et compagnon de route. La responsabilité de l’accompagnateur est redoutable et c’est pour cela que c’est une « tache » qu’il ne faut pas prendre à la légère : de la qualité d’écoute et d’accompagnement du guide spirituel dépend le cheminement spirituel de l’accompagné.
Quelques éléments essentiels :
ETRE A L’ECOUTE POUR MIEUX ECOUTER
- Prier
- Ecouter la Parole de Dieu
- Se laisser enseigner par elle
- Se laisser guider par elle
- Vivre sous la mouvance de l’Esprit de Dieu
- Apprendre à discerner et ainsi, à faire la Volonté de Dieu
- Savoir faire confiance en Dieu
Inutile de préciser que cet aspect sera essentiel dans la vie des refuges. Nous serons appelés à accueillir, écouter, et même accompagner des frères et des sœurs que le Seigneur aura mis sur notre route, sur leur chemin de conversion et de vie avec le Seigneur. Autant commencer dès aujourd’hui à bien s’y préparer.
Pere Olivier Mondon
Mars 2021
Date de dernière mise à jour : 2021-03-22
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