KerAnna 02 février 2020
Avec Sainte Anne, veiller et aimer !
N° 2/4ème année Février 2020
Bonjour à tous !
Et bienvenue aux nouveaux. À la fin de ce mois, ce sera déjà le Carême. Goûtons l’appel du Seigneur à le suivre … sans oublier nos traditionnelles crêpes de la Chandeleur et du mardi-gras en compagnie de nos deux saintes Anne !
La « bouchée » du mois : L’Esprit Saint
• Nous venons de terminer les deux premières parties du Credo. Reste la troisième, qui va nous introduire aux mystères de l’Esprit Saint et de l’Église. Commençons par l’Esprit Saint, que nous avons vu apparaître lors du Baptême de Jésus.
1. Plusieurs symboles très parlants :
• Lorsque l’Esprit Saint descend sur Jésus lors de son Baptême par Jean, il le fait sous la forme d’un oiseau, d’une colombe. À la Pentecôte, Il descend sur les apôtres sous la forme d’une boule de feu qui se partage en langues de feu. Jésus nous le présente comme le vent qui souffle où il veut, ou comme des fleuves d’eau vive. Il est encore comparé à une onction d’huile aromatique, d’où le saint chrême utilisé pour la confirmation.
• Il se présente donc en lien avec l’air, le feu, l’eau, l’huile. Mais pas avec la terre. Car la terre, c’est nous : Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière, entendons-nous le mercredi des cendres. Et ce que l’Esprit Saint va venir faire, justement, c’est se poser sur nous, nous oindre, nous abreuver, nous faire brûler d’amour ! Nous sommes son argile …
2. Pas de nom :
• L’Esprit Saint est appelé Esprit Saint, ou Saint-Esprit, ou Esprit de Dieu. Il n’a pas de nom propre ni de prénom. Quoi que … lorsque quelque chose de beau nous arrive « par hasard », j’aime penser que « hasard » est le discret pseudo derrière lequel il s’abrite …
• Alors Jésus et l’Église lui ont décerné des titres : Paraclet, Consolateur, Roi, Doigt du Père, etc. Mais ce ne sont que des titres, qui renvoient à ses actions. Pourquoi ? Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers (Ph 2,10). L’Esprit Saint nous conduit justement à Jésus, sans rien garder pour lui-même.
3. Une action multiforme
• L’Esprit Saint est en effet connu non pas par sa personne, mais par son action multiforme : il conduit, il lave, il remplit, il guérit, il console, il éclaire, il parle, il oint, il explique, il inspire, il vivifie, il transforme … Disons pour résumer, qu’il édifie l’Église - qui est le corps du Christ - en taillant, en réparant, en ajustant et en embellissant chacune des pierres qui la constituent, pour le bien de tous. Nous y reviendrons.
• Esprit de Dieu, Toi qui es descendu au Jourdain et au Cénacle et qui m'as illuminé par le baptême de la fontaine sacrée, j'ai péché contre le ciel et contre toi ; purifie-moi par ton feu divin, comme tu le fis pour les apôtres par les langues de feu. Aie pitié de tes créatures et de moi si grand pécheur ! (Office arménien)
• Le Credo a encore beaucoup de choses à nous dire sur l’Esprit Saint, que nous retrouverons dans les prochains numéros …
Le Saint du mois
Le 27 février nous fêterons un saint commun aux catholiques et aux orthodoxes, St Grégoire de Narek (± 945-1002). Un inconnu pour la plupart d’entre nous, mais le plus illustre des saints arméniens, mentionné dans le Catéchisme (CEC 2678), que le Pape François a proclamé Docteur de l’Église le 12 avril 2015, quelques jours avant le centième anniversaire du Metz Yeghern (= le « grand mal »), ce génocide au cours duquel les deux tiers de la population arménienne furent exterminés. C’est le 36ème Docteur de l’Église, le plus récent, et le 2ème oriental avec St Ephrem le Syrien proclamé Docteur en 1920.
• Grégoire (Grigor) naît donc vers 945 au sud du Lac de Van, aujourd’hui en Turquie. Sa mère meurt lorsqu’il est encore tout jeune, et son père décide de devenir moine - il deviendra même évêque ! Il emmène son fils avec lui, puis pour parachever ses études le confie à son propre oncle au monastère de Narek où vivent déjà les deux frères aînés de Grégoire. Doué pour les lettres et la théologie, celui-ci se plonge avec bonheur dans l’étude des Pères arméniens et des Pères grecs.
• Mais une hérésie sévit à son époque, celle des Thondrakiens (un très beau mot pour un Scrabble ou des mots croisés), qui imaginaient que pour être chrétiens il suffisait de suivre le Christ directement, sans passer par l’Église et les sacrements. Grégoire est accusé de suivre cette hérésie, et une délégation vient le tester. C’est vendredi, jour de jeûne, et un plat de pigeons est présenté à table. On l’observe, et le saint s’adresse aux oiseaux cuits : Levez-vous et retournez à votre volière, car aujourd’hui c’est jour d’abstinence. Et les oiseaux de reprendre vie et plumes, sauvant le saint de l’excommunication et nous rappelant que nos âmes sont parfois aussi empêtrées dans nos conforts et cuites dans nos passions …
• Et Grégoire écrit, c’est son charisme, jusqu’à devenir le plus grand poète arménien. Il écrit un commentaire du Cantique des Cantiques, mais surtout des hymnes, des chants, des prières, des panégyriques, des litanies, et son livre majeur - Le Livre des Lamentations -, publié à Marseille en 1673 et traduit en une trentaine de langues, qu’il voulait comme un « manuel complet de prière pour toutes les nations » : Aucune soif de gloire, c’est le Dieu de gloire qu’il me faut embrasser ; aucune quête du repos, la face de Celui qui repose est toute ma prière ; aucune passion pour le festin nuptial, c’est de l’Époux que l’amour me consume.
• En 1915, la totalité des 123 familles arméniennes de Narek est exterminée et le mausolée de Grégoire est détruit. En 1951 ce qui reste du monastère est rasé et une mosquée y est construite par la suite. Mais les hymnes de Grégoire, eux, continuent à être chantés de nos jours par nos frères arméniens tant catholiques qu’orthodoxes.
La pratique du mois
Grégoire de Narek chanta aussi la douceur de l’Esprit Saint. Avec Lui, choisissons une chose ou une personne qui nous énerve profondément ; et engageons-nous à ne plus jamais «râler» contre cette chose ou cette personne. À chaque «crise», offrons-la plutôt à l’Esprit de Douceur, qui en fera son miel.
L’intercession du mois
Avec sainte Anne et saint Grégoire de Narek, prions :
- pour le peuple arménien, disséminé sur sa terre d’Arménie, au Moyen-Orient ou en diaspora.
- pour tous les chrétiens persécutés, de manière directe par la violence ou indirecte par la politique ou les médias.
- pour les compositeurs de chants et de musique sacrée, les chantres, les chorales, les organistes.
- aux intentions du pape François pour ce mois de février :
Pour que le cri de tant de migrants victimes de trafics criminels soit entendu et pris en compte : ils sont nos frères et sœurs en humanité.
- et toujours aux intentions de tous les amis de KerAnnA.
Pour recevoir ce feuillet gratuitement par mail, s’adresser à : frat.keranna@gmail.com
Date de dernière mise à jour : 2020-02-03
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