Utilité de la lecture profane
DISCOURS ADRESSÉ AUX JEUNES GENS, SUR L'UTILITÉ QU'ILS PEUVENT RETIRER DE LA LECTURE DES LIVRES PROFANES.
SOMMAIRE.
LE but et le sujet de ce Discours sont d'apprendre aux jeunes gens l'utilité qu'ils peuvent retirer de la lecture des livres profanes; ceux qu'ils doivent rejeter comme nuisibles, ceux qu'ils doivent lire comme utiles ; les excellents préceptes de morale et les exemples de vertu que leur offrent ces derniers, exemples et préceptes conformes à l'Evangile, auquel ces livres les préparent ou dans lequel ils les confirment. Ce discours est un modèle et un chef-d'oeuvre dans son genre. On y voit une érudition sage qui instruit sans ennuyer , une grande sévérité de principes assaisonnée de tous les charmes du style ; ce sont les Grâces, pour ainsi dire , mais graves et austères, qui dictent les leçons de la Sagesse.
MES CHERS ENFANTS,
BIEN des motifs m'engagent à vous donner les conseils que je crois les meilleurs pour vous et les plus salutaires. A l'âge où je suis, le grand nombre d’événements par où j'ai passé, les révolutions diverses que j'ai éprouvées, ces révolutions si propres à instruire, m'ayant donné de l'expérience, je dois être en état de montrer le chemin le plus sûr à des jeunes gens qui commencent leur carrière. D'ailleurs, après vos parents, personne ne vous touche de plus près que moi , de sorte que j'ai pour vous une tendresse vraiment paternelle ; et , si je ne m'abuse sur vos sentiments, je me flatte aussi que vous me regardez comme tenant la place des auteurs de vos jours. Si donc vous êtes dociles à mes préceptes , vous serez dans le second ordre de ceux que loue Hésiode : sinon , sans vous rien dire d'offensant, je me contenterai de vous rappeler les vers de ce poète, dans lesquels il dit, que le premier mérite est de voir par soi-même ce qu'il y a de mieux à faire ; le second, de pouvoir suivre les avis utiles qu'un autre vous donne ; mais que celui-là n'est bon à rien , qui ne sait ni agir par soi-même, ni profiter des conseils d'autrui (1). Ne soyez pas étonnés si , lorsque vous avez des maîtres dont vous allez tous les jours recevoir les leçons, lorsque vous conversez avec les plus illustres des anciens écrivains, par les livres qu'ils nous ont laissés, je prétends avoir trouvé quelque chose de meilleur à vous dire. Je viens vous avertir de ne pas suivre aveuglément des docteurs profanes, de ne pas vous livrer à eux sans réserve, mais de prendre chez eux ce qu'il y a de bon et de savoir ce qu'il faut rejeter. Confinent donc pourrons-nous faire ce choix ? c'est ce que e veux vous apprendre , et c'est par où. je vais commencer.
(1) Hésiode , dans le poème intitulé : Les ouvrages et les jours ,v. 291. Cette pensée du poète grec a été souvent répétée après lui , entr'autres par Tite-Live dans le discours de Minucius au dictateur Fabius.
Nous croyons, mes chers enfants, que la vie présente n'est rien ; tout ce qui se borne à l'utilité de cette vie n'est pas un bien à nos yeux. La naissance, la force, la beauté, la bonne mine, les honneurs, l'empire même, tout ce qu'il y a de plus grand dans le monde, nous paraît peu désirable : suais envier le bonheur de ceux gui possèdent ces avantages, nous portons plus loin nos espérances; et, dans tout ce que nous faisons , nous nous proposons pour terme une vie future. Tout ce qui peut nous y conduire, nous disons qu'il faut l'aimer et le rechercher de toutes ses forces, mais qu'on doit mépriser tout ce qui ne saurait nous aider à l'obtenir. Pour vous expliquer quelle est cette vie, quelle en sera la nature et le séjour, il faudrait vous entretenir plus longtemps que je n'ai résolu, et sur des objets qui passeraient votre capacité. Il me suffira de vous dire qu'en rassemblant toute la prospérité dont les hommes ont joui depuis qu'il en existe, on ne trouvera rien qui approche du bonheur d'une autre vie ; on verra que toute la somme des biens présents est aussi inférieure au moindre des biens futurs, que l'ombre et le songe soin au-dessous de la réalité : ou plutôt, pour nie servir d'un exemple plus propre, autant l'unie est plus précieuse que le corps, autant la vie future l'emporte sur la vie présente. Les saintes Ecritures nous apprennent ces vérités, en nous instruisant par des dogmes mystérieux. Mais comme votre jeunesse ne vous permet pas encore de pénétrer dans leur profondeur, nous exerçons les yeux de votre esprit a regarder dans des livres qui ne leur sont pas opposés, comme dans des ombres et dans des miroirs. C'est ainsi qu'on occupe les soldats de divers exercices qui paraissent des amusements, mais qui leur servent pour des combats sérieux. Imaginez- vous qu'on nous propose un combat de la plus grande importance , et qu'il faut nous y préparer avec tout le soin dont nous sommes capables , nous occuper de la lecture des poètes, des orateurs , tous les écrivains qui peuvent nous servir à perfectionner notre tune. Comme donc les ouvriers en teinture préparent avec de certaines drogues les étoiles qu'ils veulent teindre en couleur de pourpre , ou en toute autre couleur que ce soit. ; de même, si nous voulons empreindre en nous l'idée du beau assez fortement pour qu'elle soit ineffaçable , nous devons nous initier dans les sciences profanes, avant que de vouloir entrer dans les secrets des sciences sacrées. Par-là, nous nous accoutumerons à ces vives lumières, comme on s'accoutume à regarder le soleil en voyant son image dans l'eau.
Si les sciences profanes ont quelque rapport avec les sciences sacrées, il nous sera avantageux de les connaître ; sinon, nous en connaîtrons la différence en les rapprochant l'une de l'autre, et cela ne contribuera pas peu à nous affermir dans la connaissance de la vérité. Par quelle comparaison pourra-t-on mieux se représenter l'une et l'autre doctrine . Les arbres ont une vertu naturelle pour se charger de fruits dans leur saison, mais ils produisent aussi des feuilles qui sont cairn-me l'ornement des rameaux que le vent agite avec elles : c'est ainsi que les âmes produisent la vérité , qui est comme le fruit et la production principale ; nais c'est un avantage que ces mêmes âmes soient environnées des sciences profanes, comme de feuilles qui ombragent le fruit et qui l’embellissent. On dit que Moïse, dont la sagesse est si vantée, s'était exercé dans les sciences des Egyptiens ( Act. 7. 22. ) , lesquelles lui servirent de degrés pour parvenir à la contemplation du grand Etre. On dit aussi que, dans les siècles suivants, Daniel fut instruit dans la sagesse des Chaldéens, avant que de s'appliquer aux sciences sacrées ( Dan. 1. 4.).
; je vous ai montré suffisamment que les sciences profanes ne sont pas inutiles ; il faut maintenant vous apprendre dans quelles sources vous devez les puiser. Pour commencer par les poètes dont les discours sont plus variés, nous ne devons pas nous attacher à tout ce qu'ils disent. Nous recueillerons les actions et les paroles des grands hommes dont ils nous parlent ; nous les admirerons, et nous tâcherons de les imiter. Mais quand ils nous présenteront d'infâmes personnages, nous nous boucherons les oreilles pour nous garantir de pareils exemples, comme fit Ulysse, suivant leur rapport, pour éviter le chant des sirènes ( Odyssée. l. 12. v, 173. ). On s'accoutume aux mauvaises actions, en écoutant de mauvais discours. Nous devons clone garder soigneusement notre âme, de peur que des maximes perverses ne s'insinuent par l'agrément des paroles , et que nous n'avalions le poison avec le miel. D’après cela nous ne ferons aucune estime des poètes médisants et satiriques, ni de ceux qui représentent des hommes livrés à l'amour et au vin. Nous ne les écouterons pas , lorsqu'ils mettent la félicité à jouir d'une table somptueuse qui retentit de chansons dissolues ; et encore moins lorsqu'ils parlent de la pluralité des dieux et de leurs querelles indécentes. Le frère, chez les poètes, est en discorde avec son frère; les parents et les enfants se font une guerre implacable. Ils attribuent à leurs dieux des adultères, des amours et des commerces infâmes, et surtout à ce Jupiter qu'ils annoncent comme la divinité suprême. Abandonnons au théâtre ces horreurs qu'on rougirait d’attribuer à des brutes. Je puis raisonner de même sur les écrivains en prose, qui ne cherchent qu'à corrompre l'esprit de ceux qui les lisent. Nous n’imiterons point ces orateurs qui ne se servent de leur art que pour tromper. Des chrétiens qui ont choisi la voie droite et véritable , à qui l’Evangile défend même les procès, ne peuvent s'accommoder du mensonge, ni dans les affaires judiciaires, ni dans aucune autre. Nous étudierons ceux de leurs écrits où ils ont loué la vertu et blâmé le vice. Dans les fleurs, on se contente d'en regarder la couleur et d'en respirer l'odeur ; mais les abeilles en expriment. un suc dont elles composent leur miel. C'est ainsi que ceux qui, dans leurs lectures, ne se proposent pas l'agrément et le plaisir, en tirent des maximes utiles qu'ils déposent dans leur esprit. Et, afin de suivre la comparaison des abeilles, nous devons imiter en tout leur exemple. Sans s'arrêter indifféremment à toutes les fleurs, sans entreprendre de tirer tout le suc de celles sur lesquelles elles reposent, elles n'en prennent que ce qui est utile pour leur travail et laissent le reste. Nous de même, si nous sommes sages, après avoir pris dans les livres ce qui est propre et conforme à la vérité, nous passerons ce qui ne conduit pas à ce terme. Et comme en cueillant les roses nous évitons les épines, ainsi en lisant les livres profanes, nous recueillerons ce qu'ils ont de bon, avec autant de soin que nous éviterons ce qui serait capable de nuire. Nous devons donc examiner, avant tout, les sciences que nous voulons étudier, et les diriger à une fin convenable.
Comme la vertu est le chemin de la vie bienheureuse à laquelle nous tendons, et que les poètes , ainsi que les autres écrivains, et surtout les philosophes, ont célébré la vertu dans plusieurs de leurs ouvrages, il faut nous appliquer principalement à ceux de leurs écrits où ils la recommandent. Ce n'est pas, non, ce n'est pas un médiocre avantage que l'esprit des jeunes gens s'accoutume et s'habitue à ce qui est honnête. Ces premières traces s'impriment dans leurs âmes encore tendres assez fortement pour qu'elles ne puissent jamais s'en effacer. Croyons-nous qu’Hésiode ait eu d'autre motif que d'exciter les jeunes gens à être vertueux , en écrivant ces vers qui sont dans la bouche de tout le monde, et dont voici le sens? Le chemin qui conduit à la vertu semble , au premier coup-d'oeil , rude, difficile, escarpé, n'offrant que des sueurs et de la fatigue : aussi n'est-il pas donné à tout le monde d'en approcher à cause de sa roideur, ou d'arriver jusqu’au sommet. Mais quand une fois on y est arrivé, alors on voit que ce même chemin est beau, uni, doux, facile, plus agréable qu'un autre qui conduit au vice, qu'on peut prendre suer le champ, comme dit le même poète , parce qu'il en est voisin. Pour moi , il me semble qu'en parlant ainsi , Hésiode ne s'est proposé autre chose que de nous exhorter tous et de nous inviter à être vertueux, et à ne pas nous laisser décourager par la peine avant que d'être arrivés au but. Si nous trouvons d'autres écrivains chez qui la vertu soit également célébrée, remplissons-nous de leurs préceptes comme conduisant au même terme.
Un homme habile à expliquer le sens des poètes, me disait que toute la poésie d'Homère est l'éloge de la vertu; que tout ce qui n’est pas pour l'ornement tend à cette fin , et qu'on en voit un bel exemple dans le chef des Céphalléniens (1) qui sort nu d'un naufrage : que dans cet état , n'étant couvert que de sa vertu, préférable aux plus beaux vêtements, loin d'encourir de la honte, il inspira d'abord du respect à une jeune princesse; qu'ensuite les autres Phéaciens eurent tant de vénération pour lui , que, sans penser à leur luxe et à leur opulence, ils ne regardaient, ils n'admiraient qu'Ulysse , ils ne souhaitaient rien davantage que d'être cet Ulysse sorti des flots dans un état si misérable. L'interprète d'Homère ajoutait que par-là le poète semblait s'écrier : O hommes, recherchez la vertu, laquelle nous fait triompher du naufrage, et rend un homme qui sort nu des Îlots, plus respectable que les opulents Phéaciens. Oui , sans doute , les autres biens n'appartiennent guère plus à leurs possesseurs qu'il ceux qui en sont privés, parce qu'ils passent d'une main à une autre comme dans les jeux de hasard : mais la vertu est la seule possession qu'on ne peut nous enlever, la seule qui nous reste pendant la vie et à la mort. C'est-là pourquoi Solon, à ce qu'il me semble, disait aux riches: Nous ne chanterons jamais pour vos richesses la vertu , parce que celle-ci nous reste toujours, au lieu que les biens passent d'un homme à un autre homme (2). Théognis pense à peu près de même, lorsqu'il dit que Dieu (quel que soit le Dieu dont il parle ) fait pencher la balance tantôt d'un côté, tantôt d'un autre; que celui qui était riche tombe souvent dans la dernière indigence.
(1) Le chef des Céphalléniens , Ulysse qui commandait à des peuples de ce nom. On peut voir dans l'Odyssée , liv. 6 , la manière dont il fut reçu par les Phéaciens.
(2) Les vers que St. Basile , ainsi que Plutarque, donnent à Solon , se trouvent dans Théognis , v. 316.
Prodicus , sophiste de Chio , raisonne à peu près de même, dans un de ses ouvrages , sur la vertu et sur le vice. Ce n'est pas un homme méprisable que ce Prodicus, et il mérite d'être lu avec attention. Quoique j'aie oublié ses propres paroles, et que je sache uniquement qu'il a écrit en prose, j'ai retenu son idée qu'il exprime à peu près de la sorte. Il dit qu'Hercule, encore très-jeune et dans l'âge à peu près où vous êtes, délibérant sur la route qu'il devait choisir, s'il prendrait celle qui conduit à la vertu par la peine , ou une autre plus facile, il se présenta à lui deux femmes, dont l'une était la vertu, et l'autre le vice, qu'il reconnut à leur extérieur, avant qu'elles eussent ouvert la bouche. L'une avait relevé sa beauté par un excès de parure, elle semblait nager dans les délices et traînait à sa suite tout l'essaim des plaisirs : elle cherchait à entraîner Hercule en lui montrant tout son cortége et lui promettant plus encore. L'autre , quoique maigre et desséchée, avait un regard ferme : elle lui tenait un autre langage; loin de lui promettre une vie douce et tranquille, elle lui annonçait mille fatigues, mille travaux, mille périls sur terre et sur mer, mais dont la récompense serait d'être placé au rang des dieux. Prodicus ajoute qu'Hercule suivit jusqu'à sa mort cette dernière route qu'on lui indiquait.
En général, tous ceux qui ont écrit de la sagesse ont loué la vertu dans leurs ouvrages, chacun suivant leurs forces. Nous devons les écouter, et tâcher d'exprimer leurs maximes dans notre conduite. Car celui-là seul est sage qui confirme sa philosophie par des actions; ceux qui ne sont philosophes qu'en paroles ne méritent aucun égard. Le vrai sage rue paraît ressembler à un peintre qui, représentant les plus belles figures d'hommes,
serait tel lui-même que ceux qu'il peint sur la toile. Louer publiquement la vertu en termes magnifiques, débiter à ce sujet de longs discours, mais en particulier préférer le plaisir à la tempérance, la cupidité à la justice, c'est jouer le rôle de comédiens , qui représentent souvent les personnages de rois et de princes , quoiqu'ils ne soient ni rois ni princes, et que quelquefois ils ne soient pas même libres. Ln musicien ne voudrait pas prendre une lyre mal accordée ; un chef de choeur de musique ne voudrait pas d'un choeur qui ne chantât avec la plus parfaite harmonie : et un homme sera en discorde avec lui-même , il ne présentera pas une vie conforme à ses discours ; il dira, comme dans Euripide: Ma bouche a prononcé un serment auquel mon esprit n'a eu aucune part ; il sera plus jaloux de paraître vertueux, que de l'être réellement ! Mais, si l'on en doit croire Platon, le dernier terme de la perversité, c'est de paraître juste quoiqu'on ne le soit pas.
Il faut donc aimer les discours qui renferment de bonnes maximes. Mais comme une tradition. venue jusqu'à nous , ou les poètes et autres écrivains dans leurs livres nous ont conservé les belles. actions des anciens personnages, nous ne devons: pas négliger le fruit que nous pouvons tirer de ces grands modèles. Par exemple, un misérable accablait Périclès d'injures, sans que celui-ci fit aucune attention. Ils persistèrent tout le jour, l'un à recommencer sans relâche ses invectives, l'autre à n'y paraître aucunement sensible. L'insolent se retirant enfin sur le soir, Périclès le fit reconduire aveu. un flambeau pour que rien ne manquât à sa vertu. Un homme irrite; contre Euclide de Mégare, avait juré qu'il lui arracherait la vie: Euclide lui répondit , en jurant de son côté, qu'il parviendrait à l'adoucir et à le rendre son ami. Il est à propos de nous rappeler ces exemples, lorsque la colère s'empare de nous. N'écoutons pas cette sentence d'un poète tragique: La colère arme nos mains contre nos ennemis; mais plutôt fermons absolument nos coeurs à la colère : ou si cela n'est pas facile, que la raison du moins tienne la bride a la passion pour l'empêcher d'aller au-delà des bornes. Mais voyons de nouveaux exemples d'actions vertueuses. Un homme frappait violemment et à plusieurs reprises sur le visage, Socrate, fils de Sophronisque. Celui-ci, loin de faire résistance, laissa ce furieux assouvir sa colère, jusqu'à ce qu'il sortît de ses mains le visage enflé et meurtri de coups. Quand l'homme eut cessé de frapper, Socrate se contenta d'écrire sur son front ; un tel m'a traité de la sorte (1) , ainsi qu'un sculpteur qui met son nom sur sa statue. Comme ces actes de patience s'accordent avec nos maximes, il est bon d'imiter ceux qui nous en donnent l'exemple.
(1) Le grec porte epoiei à l'imparfait. C'est le mot dont se servaient par modestie les peintres et les sculpteurs , pour faire entendre qu'ils pouvaient encore retoucher à leurs ouvrages, et leur donner plus de perfection. Ils mettaient donc au bas de leurs tableaux ou de leurs statues, un tel faisait epoiei, et non un tel a fait epoièse.
L'action de Socrate a beaucoup de rapport aveu le précepte qui , loin de nous permettre de nous venger lorsqu'on nous frappe à la joue, nous ordonne de présenter l'autre. L'action de Périclès et celle d'Euclide sont dans les principes de l’Evangile, oit il nous est ordonné de supporter ceux qui nous persécutent, de souffrir avec douceur leur colère, de souhaiter du bien à nos ennemis, de ne jamais faire contre eux d'imprécation. Instruit par de tels exemples, on ne regardera plus comme impossibles les préceptes du christianisme. Je ne passerai point sous silence la modération d'Alexandre, qui ne voulut pas même voir les filles de Darius, ses captives, quoiqu'elles eussent la réputation d'être les plus belles princesses du monde. Il aurait cru déshonorer sa victoire, en cédant aux attraits des femmes après avoir triomphé des hommes. Cette tempérance revient à cette maxime de l'Evangile, que celui qui regarde une femme avec un mauvais désir, quoiqu'il ne commette pas réellement l'adultère, n'est pas exempt de crime, parce qu'il admet la concupiscence dans son âme (Matth. 5.28.). J'ai assez de peine à me persuader que ce soit par hasard , et non par un dessein formé , que Clinias, un des disciples de Pythagore, ait observé fidèlement un de nos préceptes. Qu'a-t-il donc fait ? Il aurait pu, en prêtant serment, éviter de perdre une somme de trois talents ; il aima mieux payer ce qu'on lui demandait, que de prêter un serment même conforme à la vérité. Il avait , à ce qu'il me semble , entendu la défense qui nous est faite de jurer par quoi que ce soit (Matth. 5. 4 et suiv.).
Mais je reviens à ce que je disais d'abord. Nous devons choisir ce qui est utile , et non prendre tout sans distinction. Parmi les aliments, nous avons soin de rejeter ceux qui sont nuisibles et nous ne ferions aucun choix des sciences qui nourrissent notre anse ! nous serions comme un torrent gui entraîne dans sa course tout ce qu'il rencontre ! Un pilote n'abandonne pas son vaisseau au caprice des vents, il le conduit au port selon les principes de son art. Des artisans en fer oit en bois vont à leurs fins par des règles certaines; et nous serions inférieurs à de simples ouvriers pour l'intelligence de nos plus grands intérêts !
Dans les ouvrages des mains on aurait un but pour se diriger dans le travail ; et on ne s'en proposerait aucun pour la vie humaine , pour un objet que doit avoir en vue, dans tous ses discours et dans toutes ses actions, quiconque ne veut pas absolument ressembler aux brutes ! Si nous n'agissons pour une fin, notre esprit , comme un vaisseau sans gouvernail et sans lest, flottera à l'aventure. Dans les combats de la lutte et de la musique, on se livre à des exercices préparatoires, pour obtenir la couronne promise. Celui qui s'est exercé à lutter ne se présentera point pour jouer de la flûte ou toucher de la lyre. Le fameux Polydamas, avant de paraître aux jeux olympiques, arrêtait des chars dans leur course, et par-là augmentait ses forces. Milon (1), se tenant sur un bouclier frotté d'huile, ne pouvait être arraché de sa place ; et quelque effort qu'on employât, il restait inébranlable comme une colonne fixée avec du plomb. En un mot, les exercices de ces hommes étaient des préparations pour le combat. Si , négligeant les exercices de la lutte, ils se fussent occupés des talents de Marsyas ou d'Olympe (2), loin d'acquérir de la gloire et des couronnes , ne se seraient-ils pas rendus ridicules ? Timothée non plus n'a pas abandonné la musique pour ivre dans les palestres (3); il n'aurait pas alors effacé tous les musiciens de son siècle.
(1) C'est le fameux Milon de Crotone. Pausanias rapporte le même fait de ce robuste athlète. Polydamas , dont il est parlé un peu auparavant , n'était guère moins connu.
(2) Marsyas et Olympe, tous deux joueurs de flûte célèbres. Olympe était de Mysie. La table dit de Marsyas que c'était un satyre ; qu'il osa délier Apollon, et qu'il fut puni de son audace.
(3) Palestres , lieux ou salles où s'exerçaient les athlètes.
Il était, dit-on, si habile dans son art, duit son gré il excitait l'indignation par des tons graves et austères , et que bientôt il l'apaisait par des sons plus doux. On dit que chantant devant Alexandre selon le mode phrygien, il l'anima jusqu'à lui faire prendre les armes au milieu du repas ; et qu'ensuite, adoucissant peu à peu son ton, il le ramena à des sentiments de bienveillance pour les convives : tant il est vrai que l'exercice est nécessaire pour parvenir à la perfection dans la musique et dans la lutte.
Puisque nous avons parlé de couronnes et d'athlètes , poursuivons nos idées. C'est après s'être épuisés dans les gymnases, de peines , de travaux, de fatigues pour augmenter leurs forces; après avoir reçu bien des coups dans des combats particuliers ; après s'être laissé imposer le régime le plus sévère; enfin , pour ne pas entrer dans les détails, c'est après avoir mené une vie qui est une longue préparation pour les combats, que les athlètes entrent en lice, et qu'alors ils essuient de plus rudes travaux , ils s'exposent à de plus grands périls, pour obtenir une couronne d'ache, d'olivier, ou autre semblable, pour être proclamés vainqueurs par un héraut: et nous, à qui on propose des prix si admirables qu'il est impossible d'en exprimer la grandeur et l'étendue, nous obtiendrions ces prix en ne nous donnant aucune peine, en vivant sans attention et avec toute licence! Une vie bielle mériterait donc des éloges, et il faudrait regarder comme le plus heureux des hommes Sardanapale (1), ou ce Margitès qu'Homère, supposé qu'il soit auteur de ce poème, nous représente comme ne sachant ni labourer, ni fouir, incapable de s'occuper d'aucun des travaux nécessaires à la vie.
(1) Sardanapale, roi d'Assyrie , célèbre par son luxe et par sa mollesse.
N'est-il pas plus vrai de dire avec Pittacus, que les biens ne viennent pas sans peine? En effet, après avoir beaucoup travaillé. c'est tout ce que nous pourrons faire que d'obtenir ce bonheur auquel il n'y a rien de comparable dans le monde. fous ne des uns donc pas nous livrer à la paresse, ni sacrifier à la satisfaction d'un moment de grandes espérances , en nous exposant à des peines et à des confusions éternelles, non-seulement devant les hommes ( ce qui serait déjà à considérer pour une personne raisonnable), mais dans les lieux où le souverain juge exerce sa justice, soit sous terre, soit ailleurs. li pourra traiter favorablement celui qui aura péché par imprudence ou par faiblesse; mais celui qui aura fait par malice un mauvais choix , subira, sans aucune pitié, des supplices beaucoup plus rigoureux.
Que faut-il donc faire? dira-t-on. Il faut négliger tout le reste pour avoir soin de notre âme. Il ne faut s'embarrasser du corps qu'autant que la nécessité le demande. L'âme doit être la mieux partagée. elle est renfermée dans le corps comme dans une prison; la philosophie doit l'en délivrer autant qu’il est possible, et affranchir le corps lui-même des affections qui asservissent l’âme. Il ne faut manger que pour apaiser la faim, et non pour satisfaire la sensualité. Ceux qui ne pensent qu'à imaginer des mets exquis, qui parcourent les terres et les mers comme pour porter un tribu à un maître fâcheux et difficile sont misérables par ces soins là même, et souffrent dès ici bas comme dans les enfers occupés tristement à couper la flamme , à mettre de l'eau dans un crible, à remplir un tonneau percé, sans trouvez aucune fin de leurs peines. Avoir un soin excessif de sa chevelure et de ses habits, c'est un malheur. suivant Diogène, ou un crime (1). Oui. être curieux de parure, est aussi honteux que d'être impudique ou adultère. Eh! qu'importe à un homme de sens d'être revêtu d'habits somptueux ou de n'avoir qu'un vêtement simple, pourvu que ce dernier puisse le garantir du froid et du chaud? Il faut donc éviter dans tout le reste le superflu, et ne travailler pour le corps qu'autant que c'est le bien de l’âme. Un homme vraiment digne de ce nom, ne doit pas moins rougir d'aimer trop la parure et son corps, que de s'abandonner lâchement à tout autre vice. Ce n'est pas se connaître que d'avoir des soins trop empressés pour son corps: ce n'est pas comprendre la sage maxime qui nous dit que ce qu'on voit de l'homme n'est pas l'Homme ; qu'on a besoin d'une sagesse supérieure pour se connaître soi-même; qu'il est plus difficile d'y parvenir lorsque l'oeil de l'entendement n'est point pur, que de regarder le soleil lorsque les yeux du corps sont malades. On purifie son esprit, pour le dire suffisamment quoiqu'en peu de mots, en dédaignant les plaisirs des sens, en ne repaissant pas ses yeux de vains spectacles qui leur font illusion, ou de la vue de personnes qui allument le feu de la concupiscence; en n'admettant pas dans l’âme, par les oreilles, des sons qui la corrompent. Une musique efféminée fait naître les vices les plus honteux et les plus bas. Nous devons en rechercher une autre, qui soit plus utile et qui ne nous inspire que des sentiments de vertu.
(1) Diogène Laërce rapporte cette même parole du Diogène philosophe cynique.
Telle était celle dont David, ce dis in auteur des chants sacrés, se servait, dit-on pour calmer les emportements de Saül ( I Rois 16. 3.). On dit que Pythagore (1), ayant rencontré dus hommes ivres qui revenaient d'un repas de débauche , ordonna au musicien de changer de ton, et de chanter selon le mode dorien. Ce chant, dit-on, les fit tellement revenir à eux-mêmes, qu'ils jetèrent lettes couronnes et s'en retournèrent chez eux tout confus. On en voit d'autres qui s'agitent au son des tintes comme des Corybantes (2) ou des Bacchantes : tant il y a de différence à entendre une musique honnête ou licencieuse. On doit donc éviter celle de nos jours aussi soigneusement que ce qu'il y a de plus honteux au monde. J'ai honte d'avertir de ne point répandre dans l'air des parfums de toute espèce pour flatter l'odorat , et encore moins de se parfumer soi-même. Que dirai-je des plaisirs du toucher et du goût, sinon que ceux qui les recherchent sont esclaves, comme les bêtes, de leur ventre et des plus grossiers appétits ?
En un mot, il faut mépriser le corps , à moins qu'on ne veuille se plonger dans les plaisirs sensuels comme dans la fange ; ou il ne faut le ménager qu'autant que son ministère peut être utile à la sagesse. C'est le sentiment de Platon, conforme à celui de saint Paul, qui nous avertit de ne point flatter notre corps, dans la crainte d’allumer en nous de mauvais désirs ( Rom. 13. 14.).
(1) Cicéron rapporte à peu près le même fait du même Pythagore.
(2) Corybanthes, prêtres de Cybèle, célébraient les fêtes de cette déesse en battant du tambour , sautant , dansant et courant partout cousine des insensés. On sait avec quelles folies les femmes , sous le nom de Bacchantes célébraient les têtes de Bacchus.
Avoir trop de soin du corps, et négliger comme n'étant d’aucun prix l'âme dont ii est le serviteur, c'est comme si on était jaloux des outils d'un art, et qu'on ne se mît guère en peine de l'art même dont ils sont les instruments. Il est donc à propos de châtier le corps et de le dompter comme une bête féroce. Servons-nous de la raison comme d'un frein, pour retenir les mouvements tumultueux qui s'élèvent dans l’âme ; ne lâchons pas toutes les brides au plaisir, de peur que l'esprit ne soit entraîné par les passions, comme m. cocher est emporté par des chevaux indociles. Rappelons-nous ce mot de Pythagore , qui, voyant un de ses disciples faire trop bonne chère et s'engraisser trop, lui dit : Quand cesseras-tu de te préparer une rude prison ? Platon, qui savoir combien le corps peut nuire à rame avait choisi exprès à Athènes l'Académie, lieu malsain pour retrancher le trop d'embonpoint da corps comme on retranche dans la vigne le luxe des feuilles. J'ai entendu dire à un médecin qu'un excès de santé est souvent dangereux.
Ce serait donc une folie manifeste de trop ménager le corps puisque ce ménagement nuit à l'âme aussi bien qu'au corps. Si nous nous accoutumions à dédaigner celui-ci , nous ne serons plus guère touchés des choses humaines. Quel besoin aurons-nous des richesses , si nous dédaignons les plaisirs corporels Pour moi, je ne le vois pas, à moins que, comme les dragons de la fable, nous n'ayons du goût à garder des trésors enfouis. Ceux qui auront appris à n'être pas esclaves des passions, seront bien éloignés de rien faire ou du rien dire de bas pour acquérir des richesses. Tout ce qui est superflu, quand ce seraient les sables de la Lydie, ou les ouvrages de ces fourmis qui apportent l'or (1), ils le mépriseront d'autant plus qu'ils en sentiront moins le manque. ils règleront l’usage des choses sur les besoins de la nature , et non sur le plaisir. Quiconque ne suit pas cette règle, placé comme sur un penchant, est entraîné par la pente sans pouvoir s'arrêter. Plus il amasse, plus il veut amasser encore pour satisfaire ses désirs, suivant cette sentence de Solon , fils d'Exécestide : Les mortels ne mettent aucunes bornes au désir des richesses (2). Théognis peut aussi nous servir de maître ; il disait : Je n'aime ni ne souhaite les richesses; je me contenterai de peu avec une vie exempte de douleur. Pour moi , je ne puis me lasser d'admirer le mépris que faisait Diogène de toutes les prospérités humaines. Il prétendait être plus riche que le grand roi (3), parce qu'il avait besoin pour vivre de moins de choses que lui. Et nous, à moins que nous n'ayons tout l'or, les terres et les troupeaux innombrables du Mysien Pythius (4), nous ne sommes pas contens ! Toutefois , ne désirons pas es richesses, si nous en manquons ; si nous en avons, applaudissons-nous plus de savoir en user que de les posséder. C'est une belle parole de Socrate, qui, voyant un riche fier de ses grands biens, dit qu'il ne l'admirerait pas avant que l'expérience lui eût appris comment il savait user de sa fortune.
(1) Ce sont sans doute ces fourmis de l'Inde dont parle Hérodote dans son troisième livre; fourmis aussi grandes que des renards , qui fouillent la terre cousine les autres , et qui , pour se taire des logements, apportent au-dessus un sable rempli de gains d'or.
(2) Le vers que cite le Grec se trouve dans Théognis, v. 227 , avec une très-légère différence.
(3) Par grand roi , les Grecs entendaient toujours le roi de Perse.
(4) Il paraît que ce Pythius est le même dont il est parlé dans le septième livre de l’histoire d’Hérodote. D’après l’historien, l'orateur aurait dû dire le Lydien de Pythius.
Si Phidias et Polyclète , qui firent deux statues admirables, l'un de Jupiter pour la ville d'Elée, l'autre de Junon pour Argos, avaient plus estimé l'or et l'ivoire de leurs statues, que leur art qui donnait tant de prix à l'ivoire et à l'or, ils se seraient rendus ridicules en se glorifiant d'une richesse étrangère. Et nous, qui croyons que la vertu humaine n'est pas assez décorée par elle-même, nous nous imaginons être à l'abri de tout reproche !
Mais ce n'est point assez de mépriser les richesses et de dédaigner les plaisirs des sens, si nous recherchons la flatterie et les fausses louanges, si nous imitons les finesses et les ruses du renard d'Archiloque (1). Un homme sage ne doit rien tant éviter que la vaine gloire et le désir de plaire au peuple. Prenant en tout la raison pour guide, il faut qu'il aille droit au but jugé le meilleur, sans être détourné par les contradictions des hommes, par les affronts et par les périls. Celui qui n'est point élans ces sentiments, ne ressemble-t-il pas à ce savant égyptien qui se métamorphosait en plante, en bête, en feu, en eau, qui prenait toutes les formes qu'il voulait (2) ? C'est ainsi qu'un flatteur change avec les circonstances et avec les personnes.
(1) Archiloque, connu par ses poésies satiriques, avait composé des apologues dans lesquels le renard jouait le principal rôle. On disait donc le renard d'Archiloque, comme nous disons quelquefois le renard de La Fontaine.
(2) Ce savant égyptien était un roi d'Egypte, homme de peu de naissance, mais fort habile, nommé Cetès par les Egyptiens, et Protée par les Grecs. On peut voir, dans l'Hérodote de M. Larcher, t. 2. p. 387 et 388, ce qui a donné lieu à ce que la fable raconte de Protée.
Il louera ce qui est juste devant des hommes qui aiment la justice , il tiendra un autre langage devant d'autres qui ne pensent pas de même. Il changera d'opinions au gré de ceux avec lesquels il vit, comme le polype (1) prend la couleur de la terre qu'il touche.
(1) Plutarque se sert de la même comparaison dans le Traité sur la manière de distinguer un flatteur d'un ami.
Tout ce que je viens de dire, nous l'apprendrons plus parfaitement dans nos livres ; mais aidons-nous des instructions profanes pour tracer au moins une première ébauche de vertu. Ceux qui rassemblent de tous côtés ce qui peut leur être utile, sont comme les fleuves qui se grossissent des ruisseaux qu'ils recueillent de toutes parts dans leur course. Suivant Hésiode, les sciences s'acquièrent peu à peu, comme les trésors s'accumulent en réunissant plusieurs sommes modiques. Bias répondit à son fils qui partait pour l’Egypte, et qui lui demandait ce qu'il devait faire pour lui plaire davantage : Vous me plairez, lui dit-il, si vous amassez des provisions pour la vieillesse. Par ces provisions, il entendait la vertu qu'il resserrait dans des limites fort étroites , en bornant son utilité à la vie humaine. Pour moi, quand on compterait les années de Tithon ou d’Arganthonius (2), qu'on y joindrait celles de Mathusalem (Gen. 5. 27. ), qui a vécu près de mille ans ; quand on rassemblerait tous les âges des hommes depuis qu'il en existe, je me rirais de tout cela comme d'une idée d'enfant, en le comparant à la vie future , dont il n'est pas plus possible d'imaginer le terme, que de supposer la fin de l'âme qui est immortelle.
(2) On connaît Tithon , époux de l'aurore , qui parvint a une extrême vieillesse , et fut changé en cigale. Argathonius, roi des Tartessiens , régna 80 ans, et en vécut 120. Voyez Hérodote, livre premier de son histoire.
Je vous exhorte à faire des provisions pour le grand voyage, et à ne rien négliger de ce qui vous fera parvenir plus aisément à votre patrie véritable. Si le chemin offre des difficultés et des fatigues , ne perdons pas courage ; mais rappelons-nous celui qui nous engage à choisir le meilleur plan de vie, et à croire que l’habitude nous adoucira toutes les peines. Il est honteux de perdre le présent pour avoir à regretter le passé, lorsque tous les regrets seront superflus.
Je viens de vous dire les vérités dont j'ai cru que vous retireriez le plus de fruit, et je ne cesserai jamais de vous donner les meilleurs conseils. Il est trois sortes de malades ; prenez garde de ressembler aux plus incurables, et que les infirmités de vos aines ne se rapprochent de celles de leurs corps. Ceux qui ne sont que médiocrement malades vont trouver eux-mêmes le médecin ; d'autres, dont les maladies sont plus graves, le font venir dans leur maison ; mais ceux qui sont attaqués d'une mélancolie noire qu'il est impossible de guérir, ne peuvent souffrir le médecin qui vient les visiter. Craignez d'être aussi à plaindre qu'eux, si vous rebutez les esprits les plus sages.
source: http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/basile/index.htm
Date de dernière mise à jour : 2021-07-04
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