Catherine de Gènes
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Consentir à la conversion
Dieu incite l'homme à se lever du péché, puis avec la lumière de la foi il éclaire l'intelligence, ensuite par un certain goût et une certaine saveur il embrase la volonté. Tout cela, Dieu l'accomplit en un instant, quoique nous l'exprimions en beaucoup de paroles et en y introduisant un intervalle de temps.
Cette œuvre, Dieu la produit plus ou moins dans les hommes, selon le fruit qu'il prévoit. A chacun est donné lumière et grâce afin que, faisant ce qui est en son pouvoir, il puisse se sauver rien qu'en donnant son consentement. Ce consentement se fait de la manière suivante : Quand Dieu a fait son œuvre, il suffit à l'homme de dire : « Je suis content, Seigneur, fais de moi ce qui te plaît, je me décide à ne plus jamais pécher et à laisser là pour ton amour toute chose au monde ».
Ce consentement et ce mouvement de la volonté se font si rapidement que la volonté de l'homme s'unit à celle de Dieu sans que lui-même s'en aperçoive, d'autant plus que cela se fait en silence. L'homme ne voit pas le consentement, mais il lui reste une impression intérieure qui le pousse à donner suite. Dans cette opération, il se trouve si enflammé qu'il reste étourdi et stupéfait, et il ne peut pas se tourner ailleurs. Par cette union spirituelle l'homme est lié à Dieu d'un lien presque indissoluble, parce que Dieu fait presque tout, ayant pris le consentement de l'homme. Si celui-ci se laisse mener, Dieu le règle et le conduit à cette perfection à quoi il le destine.
Le libre arbitre (trad. Etudes Carmélitaines 1959, p. 110-111/Orval)
Dieu fait appel à notre liberté
Dieu incite l'homme à se lever du péché... Plus promptement l'homme reconnaît sa misère, plus vite aussi il s'humilie et s'abandonne à Dieu, connaissant que c'est à Dieu qu'il appartient de faire cette œuvre de conversion en lui. Il en prend conscience peu à peu par les inspirations continuelles que Dieu lui envoie, et voyant l'œuvre et l'avantage qu'il en retire il dit en lui-même : « Il me semble vraiment que Dieu n'ait pas autre choses à faire que de s'occuper de moi. Qu'elles sont douces et pleines d'amour les œuvres de Dieu sur nous ! » ... Dès cette vie, servir Dieu est en vérité régner. Quand Dieu délivre l'homme du péché qui le rend esclave, il le dégage de toute servitude et il l'établit dans une vraie liberté. Autrement l'homme va toujours de désir en désir sans jamais s'apaiser ; plus il a plus il voudrait avoir ; cherchant à se satisfaire, jamais il n'est content. En effet, quiconque a un désir en est possédé ; à cette chose qu'il aime, il s'est vendu ; cherchant sa liberté, suivant ses appétits avec offense de Dieu, il s'en rend esclave sans fin. Considère donc la force et la puissance de notre libre arbitre qui renferme en soi deux choses si opposées et si contraires l'une à l'autre : la vie ou la mort éternelles. Il ne peut être violenté par aucune créature s'il ne le veut pas ; c'est pourquoi, tant que ce sera en ton pouvoir, réfléchis bien et prends garde à ce que tu fais.
Le Libre Arbitre (trad. Études carmélitaines 1959 ; cf Orval)