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Dorothée de Gaza quelques écrits
Dorothée de Gaza (vers 500 - ?), moine en Palestine
Liste de lectures
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La Loi nouvelle : « Moi, je vous dis »
Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes
Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant
Dieu nous appelle inlassablement à la conversion
Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu
Dorothée de Gaza (vers 500 - ?), moine en Palestine
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La Loi nouvelle : « Moi, je vous dis »
Dieu nous a donné ses préceptes qui nous purifient…des mauvaises dispositions de notre homme intérieur (Ep 3,16). Il lui donne le discernement du bien et du mal ; il lui fait reprendre conscience et lui montre les causes de son péché. « La Loi disait : ne commets pas d'adultère ; et moi je dis : N'aie pas de mauvais désirs. La Loi disait : Ne tue pas ; et moi je dis : Ne te mets pas en colère » (Mt 5,27.21). Car si tu as de mauvais désirs, bien qu'actuellement tu ne commettes pas d'adultère, ces désirs ne cesseront de te harceler intérieurement jusqu'à ce qu'elles t'entraînent à l'acte. Si tu t'irrites et t'excites contre ton frère, il arrivera un moment où tu diras du mal de lui, puis tu lui dresseras des embûches, et ainsi peu à peu tu en viendras finalement au meurtre.
La Loi disait encore : « Œil pour œil, dent pour dent » (Ex 21,24). Mais le Seigneur exhorte non seulement à recevoir avec patience le coup de celui qui nous gifle, mais encore à lui présenter humblement l'autre joue(Mt 5,39). Car le but de la Loi était de nous apprendre à ne pas faire ce que nous ne voulions pas souffrir. Elle nous empêchait donc de faire le mal par la peur de souffrir. Mais ce qui est demandé maintenant c'est de rejeter la haine, l'amour du plaisir, l'amour de la gloire et les autres tendances mauvaises.
En un mot, le dessein du Christ notre Maître est précisément de nous apprendre comment nous en sommes venus à commettre tous ces péchés, comment nous sommes tombés dans tous ces mauvais jours. Il nous a donc d'abord libérés par le saint baptême, en nous accordant la rémission des péchés ; puis il nous a donné le pouvoir de faire le bien, si nous voulons, et de n'être plus entraînés comme par force dans le mal.
Instructions, n° 1, 6-8 ; SC 92 (trad. SC p. 155 rev.)
« Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes »
Comment se fait-il, mes frères, que parfois on entende une parole désagréable et qu'on la laisse passer sans se troubler comme si on n'avait rien entendu, tandis que d'autres fois on est troublé aussitôt qu'on l'a entendue ? Quelle est la raison d'une telle différence ? Y a-t-il à cela une seule raison, ou plusieurs ? Pour moi, j'en vois beaucoup ; mais il y en a une seule qui, pour ainsi dire, engendre toutes les autres.
Je m'explique. Voici d'abord un frère qui vient de prier ou de faire une bonne méditation. Il se trouve, comme on dit, bien disposé. Il supporte donc son frère et poursuit son chemin sans se troubler. En voici un autre qui a un vif attachement pour un frère : à cause de cela, il endure tranquillement toutes les attaques de ce frère. Il arrive aussi que tel autre méprise celui qui peut lui faire de la peine, il regarde ce qui vient de lui comme sans importance, il ne fait pas attention à lui, comme si ce n'était pas un homme, il ne tient aucun compte de ce qu'il dit ni le ce qu'il fait. Ce mépris, qui épargne le trouble, est évidemment désastreux.
Quant au trouble qu'on ressent parce qu'un frère nous fait de la peine, il peut venir de ce qu'on est mal disposé à ce moment, ou de ce que l'on a de l'aversion pour ce frère : il y a encore à cela beaucoup d'autres raisons variées qu'on pourrait énumérer.
Mais la cause de n'importe quel trouble, si nous la recherchons soigneusement, c'est que nous ne nous accusons pas nous-mêmes. C'est cela qui nous donne tout cet abattement, c'est cela qui nous empêche de jamais trouver le repos. Il ne faut pas nous étonner, si nous entendons dire à tous les saints qu'il n'existe pas d'autre chemin pour trouver le repos. Nous voyons bien que personne, en suivant un autre chemin, n'a pu le trouver. Et nous, nous prétendons le trouver et suivre un chemin parfaitement droit, sans jamais accepter de nous accuser nous-mêmes !
Effectivement, aurait-on accompli des milliers d'actions vertueuses, si l'on ne suit pas ce chemin, on ne cessera jamais de faire souffrir les autres et de souffrir soi-même, en perdant tout le fruit de son labeur.
INSTRUCTION SPIRITUELLE DE SAINT DOROTHÉE DE GAZA
Aimer Dieu et son prochain
Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu. Pour que vous compreniez le sens de cette parole, je vais vous donner une image tirée des Pères : Supposez un cercle tracé sur la terre, c'est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle c'est le monde, le centre Dieu, et les rayons les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l'intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s'approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s'approchent de Dieu. Et vous comprenez qu'il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l'extérieur : il est évident alors que, plus on s'éloigne de Dieu, plus on s'éloigne les uns des autres, et que plus on s'éloigne les uns des autres, plus on s'éloigne aussi de Dieu. Telle est la nature de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l'extérieur et que nous n'aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l'éloignement à l'égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous communions à la charité du prochain ; et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu.
Instructions, VI, 76-78 (trad. SC 92, p. 281-287)
« Alors tu verras clair »
Certaines personnes convertissent en humeur mauvaise tout aliment qu'ils absorbent, même si cet aliment est sain. La faute n'en est pas à l'aliment, mais à leur tempérament qui altère les aliments. De même, si notre âme a une mauvaise disposition, tout lui fait du mal ; elle transforme même les choses utiles en choses nuisibles pour elle. Si on jette un peu d'herbes amères dans un pot de miel, ne vont-elles pas altérer le pot entier, en rendant tout le miel amer ? C'est ce que nous faisons : nous répandons un peu de notre amertume et détruisons le bien du prochain, en le regardant d'après notre mauvaise disposition.
D'autres gens ont un tempérament qui transforme tout en bonnes humeurs, même des aliments mauvais... Les porcs ont une très bonne constitution. Ils mangent des gousses, des noyaux de dattes et des ordures. Pourtant, ils transforment cette nourriture en viande succulente. Nous de même, si nous avons de bonnes habitudes et un bon état d'âme, nous pouvons tirer profit de tout, même de ce qui n'est pas profitable. Le livre des Proverbes dit fort bien : « Celui qui regarde avec douceur, obtiendra miséricorde » (12,13). Mais ailleurs : « A l'homme insensé toutes choses sont contraires » (14,7).
J'ai entendu dire d'un frère que si, allant voir un autre, il trouvait sa cellule négligée et en désordre, il se disait en lui-même : « Comme ce frère est heureux d'être complètement détaché des choses terrestres et de porter si bien tout son esprit en haut, qu'il n'a même plus le loisir de ranger sa cellule ! » S'il allait ensuite chez un autre frère, et trouvait sa cellule rangée, propre et bien en ordre, il se disait : « La cellule de ce frère est aussi nette que son âme. Tel l'état de son âme, tel l'état de sa cellule ! » Jamais il ne disait de quelqu'un : « Celui-ci est désordonné » ou : « Celui-là est frivole ». Grâce à son état excellent, il tirait profit de tout. Que Dieu dans sa bonté nous donne, à nous aussi, un bon état pour que nous puissions profiter de tout et ne jamais mal penser du prochain. Si notre malice nous inspire des jugements ou des soupçons, transformons vite cela en bonne pensée. Car ne pas voir le mal du prochain engendre, Dieu aidant, la bonté.
Lettre 1 (trad. cf SC 92, p. 495)
La fausse paix de l'esprit .
Celui qui s'accuse soi-même, quelle joie, quel repos il possède, partout où il va ! Qu'une peine, qu'un outrage, qu'une épreuve quelconque lui survienne, il juge d'avance qu'il en est digne et il n'est jamais troublé. Y a-t-il un état qui soit davantage exempt de soucis ?
Mais, dira-t-on, si un frère me tourmente, et qu'en m'examinant je constate que je ne lui en ai fourni aucun prétexte, comment pourrai-je m'accuser moi-même ?
En fait, si quelqu'un s'examine avec crainte de Dieu, il découvrira qu'il a certainement donné un motif de reproche par une action, une parole, ou une attitude. Et s'il voit qu'en rien de tout cela il n'a, soi-disant, donné aucun motif d'hostilité pour le présent, c'est vraisemblablement qu'il a tourmenté ce frère une autre fois, pour le même sujet ou pour un autre, ou bien encore parce qu'il a tourmenté une autre fois un autre frère. Et c'est pour cela, parfois même pour une autre faute, qu'il devait souffrir ainsi.
Il arrive aussi qu'un frère, se croyant installé dans la paix et la tranquillité, lorsqu'on lui dit une parole pénible, soit plongé dans le trouble. Et il juge qu'il a raison de s'affliger, se disant en lui-même : « S'il n'était pas venu me parler et me troubler, je n'aurais pas péché. »
C'est une illusion, c'est un faux raisonnement. Celui qui lui a dit cette parole, y a-t-il introduit la passion ? Il lui a révélé la passion qui était en lui, afin qu'il s'en repente, s'il le veut. Ainsi, ce frère était pareil à un pain de pur froment, d'apparence brillante, mais qui, une fois rompu, ferait voir sa corruption.
Il était installé dans la paix, croyait-il, mais il avait au-dedans de lui une passion qu'il ignorait. Qu'un frère lui dise une seule parole, et aussitôt a jailli la corruption qui était cachée en lui. S'il veut obtenir miséricorde, qu'il se repente, qu'il se purifie, qu'il progresse, et il verra qu'il devra plutôt remercier son frère d'avoir été pour lui la cause d'un tel profit. En effet, les épreuves ne l'accableront plus autant. Plus il progressera, plus elles lui paraîtront légères. À mesure en effet que l'âme progresse, elle se fortifie et devient capable de supporter tout ce qui lui arrive.
INSTRUCTION SPIRITUELLE DE SAINT DOROTHÉE DE GAZA
« Venez à moi »
Que celui qui veut trouver le vrai repos pour son âme apprenne l'humilité ! Puisse-t-il voir qu'en elle se trouvent toute la joie, toute la gloire et tout le repos, comme dans l'orgueil se trouve tout l'opposé. Et en effet comment sommes-nous venus dans toutes nos tribulations ? Pourquoi sommes-nous tombés dans toute cette misère ? N'est-ce pas à cause de notre orgueil ? A cause de notre folie ? N'est-ce pas pour avoir suivi notre mauvais propos et pour nous être attachés à l'amertume de notre volonté ? Mais pourquoi cela ? L'homme n'a t-il pas été créé dans la plénitude du bien-être, de la joie, du repos et de la gloire ? N'était-il pas au Paradis ? On lui a prescrit : Ne fais pas ceci, et il l'a fait. Voyez-vous l'orgueil, l'arrogance, l'insoumission ? « L'homme est fou, dit Dieu en voyant cette insolence ; il ne sait pas être heureux. S'il ne traverse pas des jours mauvais, il ira se perdre tout à fait. S'il n'apprend pas ce qu'est l'affliction, il ne saura pas ce qu'est le repos. » Alors Dieu lui a donné ce qu'il méritait, en le chassant du Paradis...
Cependant la bonté de Dieu, comme je le répète souvent, n'a pas abandonné sa créature, mais elle se tourne encore vers elle et de nouveau la rappelle : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et accablés, et je vous soulagerai ». C'est-à-dire : Vous voilà fatigués, vous voilà malheureux, vous avez fait l'expérience du mal de votre désobéissance. Allons, convertissez-vous enfin ; allons, reconnaissez votre impuissance et votre honte, pour revenir à votre repos et à votre gloire. Allons, vivez par l'humilité, vous qui étiez morts par l'orgueil. « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. »
Instructions, I, 8 (trad. SC 92, p. 159)
« Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant »
La Loi disait : « Oeil pour œil, dent pour dent » (Ex 21,24). Mais le Seigneur exhorte non seulement à recevoir avec patience le coup de celui qui nous gifle, mais encore à lui présenter humblement l'autre joue. Car le but de la Loi était de nous apprendre à ne pas faire ce que nous ne voulions pas souffrir. Elle nous empêchait donc de faire le mal par la peur de souffrir. Mais ce qui est demandé maintenant, c'est de rejeter la haine, l'amour du plaisir, l'amour de la gloire et les autres tendances mauvaises...
Le Christ nous apprend par les saints commandements comment être purifiés de nos passions, afin qu'elles ne nous fassent plus retomber dans les mêmes péchés. Il nous montre la cause qui fait aller jusqu'au mépris et à la transgression des préceptes de Dieu ; il nous en fournit ainsi le remède pour que nous puissions obéir et être sauvés.
Quel est donc ce remède et quelle est la cause de ce mépris ? Écoutez ce que dit notre Seigneur lui-même : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes » (Mt 11,29). Voici que brièvement, d'une seule parole, il nous montre la racine et la cause de tous les maux, avec son remède, source de
tous les biens. Il nous montre que c'est l'élèvement du cœur qui nous a fait tomber, et qu'il est impossible d'obtenir miséricorde sinon par la disposition contraire, qui est l'humilité. De fait, l'élèvement engendre le mépris et la désobéissance qui mène à la mort, tandis que l'humilité engendre l'obéissance et le salut des âmes : j'entends l'humilité véritable, non pas un abaissement tout en paroles et en attitudes, mais une disposition vraiment humble, dans l'intime du cœur et de l'esprit. C'est pourquoi le Seigneur dit : « Je suis doux et humble
de cœur ». Que celui qui veut trouver le vrai repos pour son âme apprenne donc l'humilité.
Instructions, n° 1, 6-8 ; SC 92 (trad. SC p. 155 rev.)
Dieu nous appelle inlassablement à la conversion
La bonté de Dieu, comme je le répète souvent, n'a pas abandonné ceux qu'il a créés, mais elle se tourne encore vers eux et les rappelle de nouveau : « Venez à moi, vous qui êtes fatigués et accablés, je vous procurerai le repos » (Mt 11,28). C'est-à-dire : vous voilà fatigués, vous voilà malheureux, vous avez fait l'expérience du mal de votre désobéissance. Allons, convertissez-vous enfin ; vivez par l'humilité, vous qui étiez morts par l'orgueil...
Oh, mes frères, que ne fait pas l'orgueil, et quel pouvoir possède l'humilité ! Qu'avait-on besoin de tous ces détours ? Si dès le commencement, l'homme était resté humble et avait obéi à Dieu..., il ne serait pas tombé. Même après sa déchéance, Dieu lui a fourni une occasion de se repentir et d'obtenir miséricorde ; mais il a gardé la tête haute. Dieu, en effet, est venu lui dire : « Adam, où es-tu ? » (Gn 3,9), c'est-à-dire : « De quelle gloire es-tu tombé ? »... Puis il lui a demandé : « Pourquoi as-tu péché ? Pourquoi as-tu désobéi ? », voulant par là lui faire dire : « Pardonne-moi ». Mais...il n'y ni humilité ni repentir, mais le contraire. L'homme réplique : « La femme que tu m'as donnée s'est jouée de moi » (v. 12) ; il ne dit pas « ma femme » mais « la femme que tu m'as donnée », comme on dirait : « Le fardeau que tu m'as mis sur la tête ». Il en est ainsi, frères : quand un homme n'accepte pas de se voir pécheur, il ne craint pas d'accuser Dieu lui-même.
Dieu s'adresse ensuite à la femme et lui dit : « Pourquoi n'as-tu pas gardé, toi non plus, le commandement ? », comme s'il disait : « Toi au moins, dis : Pardonne-moi, pour que ton âme s'humilie et obtienne miséricorde ». Mais...la femme répond à son tour : « Le serpent m'a trompée » (v. 13), comme pour dire : « Si lui a péché, en quoi suis-je coupable, moi ? » Que faites-vous, malheureux ?... Reconnaissez votre faute ; ayez pitié de votre nudité ! Mais ni l'un ni l'autre n'a daigné se reconnaître pécheur.
Instructions, I, § 8-9 ; SC 92 (trad. SC p. 161 rev.)
Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu
"Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu. Pour que vous compreniez le sens de cette parole, je vais vous donner une image tirée des Pères. Supposez un cercle tracé sur la terre, c’est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle, c’est le monde ; le centre, Dieu ; et les rayons, les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres, et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu. Et vous comprenez qu’il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur : il est évident alors que, plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu. Telle est la nature de la charité."
(Dorothée de Gaza : Instructions diverses de notre saint Père Dorothée à ses disciples VI, 77-78, in Œuvres spirituelles ; SC 92, Cerf, Paris, 2001, pp. 285-287).
S'examiner avec crainte de Dieu
"Celui qui s'accuse soi-même, quelle joie, quel repos il possède, partout où il va ! Qu'une peine, qu'un outrage, qu'une épreuve quelconque lui survienne, il juge d'avance qu'il en est digne et il n'est jamais troublé. Y a-t-il un état qui soit davantage exempt de soucis ?
Mais, dira-t-on, si un frère me tourmente, et qu'en m'examinant je constate que je ne lui en ai fourni aucun prétexte, comment pourrai-je m'accuser moi-même ?
En fait, si quelqu'un s'examine avec crainte de Dieu, il découvrira qu'il a certainement donné un motif de reproche par une action, une parole, ou une attitude. Et s'il voit qu'en rien de tout cela il n'a, soi-disant, donné aucun motif d'hostilité pour le présent, c'est vraisemblablement qu'il a tourmenté ce frère une autre fois, pour le même sujet ou pour un autre, ou bien encore parce qu'il a tourmenté une autre fois un autre frère. Et c'est pour cela, parfois même pour une autre faute, qu'il devait souffrir ainsi.
Il arrive aussi qu'un frère, se croyant installé dans la paix et la tranquillité, lorsqu'on lui dit une parole pénible, soit plongé dans le trouble. Et il juge qu'il a raison de s'affliger, se disant en lui-même : "S'il n'était pas venu me parler et me troubler, je n'aurais pas péché."
C'est une illusion, c'est un faux raisonnement. Celui qui lui a dit cette parole, y a-t-il introduit la passion ? Il lui a révélé la passion qui était en lui, afin qu'il s'en repente, s'il le veut. Ainsi, ce frère était pareil à un pain de pur froment, d'apparence brillante, mais qui, une fois rompu, ferait voir sa corruption.
Il était installé dans la paix, croyait-il, mais il avait au-dedans de lui une passion qu'il ignorait. Qu'un frère lui dise une seule parole, et aussitôt a jailli la corruption qui était cachée en lui. S'il veut obtenir miséricorde, qu'il se repente, qu'il se purifie, qu'il progresse, et il verra qu'il devra plutôt remercier son frère d'avoir été pour lui la cause d'un tel profit. En effet, les épreuves ne l'accableront plus autant. Plus il progressera, plus elles lui paraîtront légères. A mesure en effet que l'âme progresse, elle se fortifie et devient capable de supporter tout ce qui lui arrive."
(Instruction spirituelle, Office romain des lectures, Livre des jours, Le Cerf, Desclée de Brouwer, Mame, 1976, pp. 688-689).
« Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux »
Si nous avions la charité accompagnée de compassion et de peine, nous ne prendrions pas garde aux défauts du prochain, selon cette parole : « La charité couvre une multitude de péchés » (1P 4,8) et encore : « La charité ne s'arrête pas au mal, elle excuse tout » (1Co 13,5.7). Si donc nous avions la charité, la charité elle-même couvrirait toute faute, et nous serions comme les saints quand ils voient les défauts des hommes. Les saints sont-ils donc aveugles pour qu'ils ne voient pas les péchés ? Mais qui déteste le péché autant que les saints ? Et pourtant, ils ne haïssent pas le pécheur, ils ne le jugent pas, ils ne le fuient pas. Au contraire, ils compatissent, l'exhortent, le consolent, le soignent comme un membre malade ; ils font tout pour le sauver... Lorsqu'une mère a un enfant handicapé, elle ne se détourne pas de lui avec horreur, elle prend plaisir à bien l'habiller et fait tout pour le rendre beau. C'est ainsi que les saints protègent toujours le pécheur et le prennent en charge pour le corriger au moment opportun, pour l'empêcher de nuire à un autre, et aussi pour progresser eux-mêmes davantage dans la charité du Christ...
Acquérons donc, nous aussi, la charité ; acquérons la miséricorde à l'égard du prochain, pour nous garder de la terrible médisance, du jugement et du mépris. Portons-nous secours les uns aux autres, comme à nos propres membres... Car « nous sommes membres les uns des autres », dit l'apôtre Paul (Rm 12,5) ; « si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1Co 12,27)... En un mot, ayez soin, chacun selon son pouvoir, d'être unis les uns aux autres. Car plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu.
Instructions, IV, 76 (trad. SC 92, p. 281)
Date de dernière mise à jour : 2018-07-05
Commentaires
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- 1. Rose Le 2016-01-07
Merci pour les enseignements tres tres enrichissants aussi bie pour l ame et pour le corps Dieu vous comble de Misericorde amen bonne continuation dans votre mission d enseignants
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