SAINT GAUDENCE DE BRESCIA
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Pain pour la route : « Chaque fois que vous mangez ce pain...vous proclamez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne » (1Co 11,26)
La nuit où il a été livré pour être crucifié, Jésus nous a légué comme héritage de la nouvelle Alliance le gage de sa présence. C'est le viatique de notre voyage. Nous en sommes nourris et fortifiés jusqu'au moment où nous parviendrons à lui, lorsque nous quitterons ce monde. C'est pourquoi le Seigneur disait : « Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n'aurez pas la vie en vous » (Jn 6,53). Il a voulu laisser parmi nous le sacrement de sa Passion. Et pour cela il ordonne à ses fidèles disciples, les premiers prêtres qu'il a institués pour son Église, de célébrer sans fin ces mystères de la vie éternelle, qui doivent être accomplis par tous les prêtres dans les Églises du monde entier jusqu'au jour où le Christ reviendra du ciel. Ainsi nous tous, les prêtres et le peuple des fidèles, nous avons chaque jour l'exemple de la Passion du Christ devant les yeux, nous le tenons entre nos mains, nous le portons à notre bouche et dans notre poitrine... « Goutez et voyez comme le Seigneur est bon » (Ps 33,9).
Sermon 2 ; PL 20, 859 (trad. Orval)
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui »
Le sacrifice céleste institué par le Christ est vraiment l'héritage légué par son testament nouveau ; il nous l'a laissé la nuit où il allait être livré pour être crucifié, comme un gage de sa présence. Il est le viatique de notre voyage, notre nourriture sur le chemin de la vie, jusqu'à ce que nous soyons parvenus à celle-ci, en quittant ce monde. C'est pourquoi le Seigneur disait : « Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n'aurez pas la vie en vous ».
Il a voulu que ses bienfaits demeurent parmi nous ; il a voulu que les âmes rachetées par son sang précieux soient toujours sanctifiées à l'image de sa propre Passion. C'est pourquoi il donne l'ordre à ses disciples fidèles, qu'il établit les premiers prêtres de son Église, de célébrer sans fin ces mystères de vie éternelle... C'est ainsi que tout le peuple des fidèles devraient avoir chaque jour devant les yeux la représentation de la Passion du Christ ; en la tenant dans nos mains, en la recevant dans notre bouche et notre coeur, nous garderons un souvenir ineffaçable de notre rédemption.
Il faut que le pain soit fait avec la farine de nombreux grains de froment, mêlée à de l'eau, et reçoive du feu son achèvement. On y trouve donc une image ressemblante du corps du Christ, car nous savons qu'il forme un seul corps avec la multitude des hommes, qui a reçu son achèvement du feu de l'Esprit Saint... De même, le vin de son sang est tiré de plusieurs grappes, c'est-à-dire de raisins de la vigne plantée par lui, écrasés, sous le pressoir de la croix ; versé dans le coeur des fidèles, il y bouillonne par sa propre puissance.
C'est là le sacrifice de la Pâque, qui apporte le salut à tous ceux qui sont libérés de l'esclavage de l'Égypte et de Pharaon, c'est-à-dire du démon. Recevez-le en union avec nous, dans toute l'avidité d'un coeur religieux.
Homélie pascale ; CSEL 68, 30 (trad. bréviaire)
« Faites-vous des amis avec l'argent trompeur »
Ces amis qui obtiendront notre salut sont évidemment les pauvres, car, selon la parole du Christ, c'est lui-même, l'auteur de la récompense éternelle, qui recueillera en eux les services que notre charité leur aura procurés. Dès lors, les pauvres nous feront bon accueil, non point en leur propre nom, mais au nom de celui qui, en eux, goûte le fruit rafraîchissant de notre obéissance et de notre foi. Ceux qui accomplissent ce service de l'amour seront reçus dans les demeures éternelles du Royaume des cieux, puisque le Christ dira : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis le commencement du monde. Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire » (Mt 25,34)...
Le Seigneur ajoute, finalement : « Et si vous n'avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ? » En effet, rien de ce qui est dans ce monde ne nous appartient vraiment. Car nous qui attendons la récompense future, nous sommes invités à nous conduire ici-bas comme des hôtes et des pèlerins, de façon que nous puissions tous dire au Seigneur avec assurance : « Je suis un étranger, un passant comme tous mes pères » (Ps 38,13).
Mais les biens éternels appartiennent en propre aux croyants. Ils se trouvent au ciel, là où, nous le savons, « sont notre cœur et notre trésor » (Mt 6,21), et où -- c'est notre intime conviction -- nous habitons dès maintenant par la foi. Car, selon l'enseignement de saint Paul : « Nous sommes citoyens des cieux » (Ph 3,20).
Sermon 18 ; PL 20, 973-975 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 442)
Corps et Sang du Christ
"La raison pour laquelle le Seigneur a voulu que les sacrements de son corps et de son sang devaient être offerts sous les espèces du pain et du vin est double. Tout d'abord, pour que l'agneau immaculé de Dieu transmette au peuple pur une pure victime, susceptible d'être immolée sans feu ni sang ni odeur nauséabonde, et offerte par tous de façon rapide et facile.
Ensuite puisqu'il faut que le pain soit fait avec de nombreux grains de froment réduits en farine et mêlés à de l'eau, puis cuit par le feu, c'est avec raison qu'en lui est reconnue la figure du corps du Christ, qui forme, nous le savons, un seul corps, fait de la multitude du genre humain tout entier, et qui a été consumé par le feu de l'Esprit Saint [cf. Lc 4, 11].
De la même façon, le vin de son sang lui aussi a jailli des nombreuses grappes cueillies à la vigne qu'il a lui-même plantée, il est passé au pressoir de la croix et il bouillonne par sa propre vertu dans le coeur fidèle de ceux qui y goûtent en larges coupes."
(Traité 2 ; CSEL 68, pp. 31-32 ; traduction de G. Bady in Magnificat n° 209,
avril 2010, pp. 260-261).
L'Eucharistie, Pâque du Seigneur.
Un seul est mort pour tous, et c'est le même qui, à travers toutes les maisons de l'Église, dans le mystère du pain et du vin, réconforte en étant immolé, donne la vie en étant cru, sanctifie ceux qui le consacrent en étant consacré.
C'est la chair, c'est le sang de l'Agneau. Car le pain qui est descendu du ciel a dit : Le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde . Et son sang est fort bien signifié par l'apparence du vin, puisqu'en disant lui-même dans l'Évangile : Moi, je suis la vraie vigne , il montre clairement que son sang, c'est n'importe quel vin offert pour représenter sa passion. Aussi le saint patriarche Jacob avait-il fait cette prophétie sur le Christ : Il lave son vêtement dans le vin, son habit dans le sang de la grappe . Effectivement, il devait laver son vêtement, c'est-à-dire notre corps, dans son propre sang.
Lui qui est le Créateur et le Seigneur de la nature, qui fait sortir le pain de la terre, il fait avec du pain (parce qu'il le peut et qu'il l'a promis) son propre corps ; et lui qui a fait du vin avec de l'eau, il a fait son sang avec du vin.
C'est la Pâque du Seigneur , dit-il, c'est-à-dire son passage . Car tu ne dois pas penser que c'est un élément terrestre : en « passant » en lui, il en a fait une réalité céleste, il en a fait son corps et son sang.
Ce que tu reçois, c'est le corps qui provient de ce pain céleste, c'est le sang de cette vigne sainte. Car, lorsqu'il présentait le pain et le vin à ses disciples, il leur a dit : Ceci est mon corps; ceci est mon sang . Croyons, je vous en prie, celui en qui nous avons mis notre foi ; il ignore le mensonge, lui qui est la vérité.
Lorsqu'il parla de manger son corps et de boire son sang, les foules furent stupéfaites, et elles protestaient : Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter ! Aussi, pour purifier par le feu du ciel ces pensées, dont je vous ai dit qu'il faut les éviter, il ajouta : C'est l'Esprit qui fait vivre, la chair n'est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie .
HOMÉLIE PASCALE
Le Christ nous a légué le sacrement de sa Pâque
Le sacrifice céleste institué par le Christ est vraiment l'héritage légué par son testament nouveau ; il nous l'a laissé la nuit où il allait être livré pour être crucifié, comme un gage de sa présence.
Il est le viatique de notre voyage, notre nourriture sur le chemin de la vie, jusqu'à ce que nous soyons parvenus à celle-ci, en quittant ce monde. C'est pourquoi le Seigneur disait : Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n'aurez pas la vie en vous.
Il a voulu que ses bienfaits demeurent parmi nous ; il a voulu que les âmes rachetées par son sang précieux soient toujours sanctifiées à l'image de sa propre passion. C'est pourquoi il donne l'ordre à ses disciples fidèles, qu'il établit les premiers prêtres de son Église, de célébrer sans fin ces mystères de la vie éternelle. Et il est nécessaire que tous les prêtres, de toutes les Églises du monde, les célèbrent jusqu'à ce que le Christ revienne du ciel. C'est ainsi que les prêtres eux-mêmes et tout le peuple des fidèles devraient avoir chaque jour devant les yeux la représentation de la passion du Christ ; en la tenant dans nos mains, en la recevant dans notre bouche et notre cœur, nous garderions un souvenir ineffaçable de notre rédemption.
Ensuite, il faut que le pain soit fait avec la farine de nombreux grains de froment, mêlée à de l'eau, et reçoive du feu son achèvement. On y trouve donc une image ressemblante du corps du Christ, car nous savons qu'il forme un seul corps avec la multitude des hommes, et qu'il a reçu son achèvement du feu de l'Esprit Saint.
En effet, le Christ est né du Saint-Esprit et, parce qu' il devait ainsi accomplir parfaitement ce qui est juste , il entre dans les eaux du baptême pour les consacrer ; alors, rempli du Saint-Esprit qui était descendu sur lui sous la figure d'une colombe, il s'éloigne du Jourdain, comme l'affirme l'Évangile : Jésus, rempli de l'Esprit Saint, s'éloigna des bords du Jourdain .
De même, le vin de son sang est tiré de plusieurs grappes, c'est-à-dire de raisins de la vigne plantée par lui, écrasés sous le pressoir de la croix ; versé dans le cœur des fidèles au moyen de grandes coupes, il y bouillonne par sa propre vertu.
C'est là le sacrifice de la Pâque, qui apporte le salut à tous ceux qui sont libérés de l'esclavage de l'Égypte et de Pharaon, c'est-à-dire du démon. Recevez-le en union avec nous, dans toute l'avidité d'un cœur religieux. Notre Seigneur Jésus Christ lui-même, que nous croyons présent dans ses sacrements, nous sanctifie en profondeur, et sa vertu sans prix demeure pour tous les siècles.
HOMÉLIE PASCALE