Germain de Constantinople (mort en 733)
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« Montée jusqu'à la gloire du ciel, avec son âme et son corps » (Collecte de la fête)
Temple vivant de la divinité très sainte du Fils unique, Mère de Dieu, vraiment, je le redis avec action de grâces, ton assomption ne t'a nullement éloignée des chrétiens. Tu vis impérissable et pourtant tu ne demeures pas loin de ce monde périssable ; au contraire, tu es proche de ceux qui t'invoquent et ceux qui te cherchent avec foi te trouvent. Il convenait que ton esprit reste toujours fort et vivant et que ton corps soit immortel. En effet, comment la dissolution de la chair aurait-elle pu te réduire en cendre et en poussière, toi qui as délivré l'homme de la ruine de la mort par l'incarnation de ton Fils ?...
Un enfant cherche et désire sa mère, et la mère aime vivre avec son enfant ; de même, puisque tu avais dans ton coeur un amour maternel pour ton Fils et pour ton Dieu, tu devais normalement pouvoir retourner auprès de lui, et Dieu, à cause de son amour filial envers toi devait très justement t'accorder de partager sa condition. Ainsi, morte aux choses qui finissent, tu as émigré vers les demeures impérissables de l'éternité où réside Dieu dont tu partages désormais la vie...
Tu as été corporellement sa demeure ; et maintenant c'est lui qui, en retour, est devenu le lieu de ton repos. « Voici, disait-il, mon repos pour les siècles des siècles » (Ps 131,14). Ce lieu de repos, c'est la chair qu'il a revêtue après l'avoir prise de toi, Mère de Dieu, la chair dans laquelle, nous le croyons, il s'est montré dans le monde présent et se manifestera dans le monde futur lorsqu'il viendra juger les vivants et les morts. Puisque tu es la demeure de son éternel repos, il t'a retirée de la corruption et il t'a prise avec lui, voulant te garder en sa présence et son affection. Voilà pourquoi, tout ce que tu lui demandes il te l'accorde comme à une mère soucieuse de ses enfants ; et tout ce que tu souhaites, il l'accomplit avec sa divine puissance, lui qui est béni pour l'éternité.
Homélie 1 pour la Dormition de la Mère de Dieu ; PG 98, 346 (trad. Orval)
Le trône de la croix
« Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi » (Is 9,1), la lumière de la rédemption. En voyant la mort qui le tyrannisait blessée à mort, ce peuple revient des ténèbres à la lumière ; de la mort, il passe à la vie.
Le bois de la croix porte celui qui a fait l'univers. Subissant la mort pour ma vie, celui qui porte l'univers est fixé au bois comme un mort ; celui qui insuffle la vie aux morts rend le souffle sur le bois. La croix ne lui fait point honte, mais comme un trophée, elle atteste sa victoire totale. Il siège en juste juge sur le trône de la croix. La couronne d'épines qu'il porte sur le front confirme sa victoire : « Ayez confiance, j'ai vaincu le monde et le prince de ce monde, en portant le péché du monde. » (Jn 16,33; 1,29)
Que la croix soit un triomphe, les pierres elles-mêmes le crient (cf Lc 19,40), ces pierres du Calvaire où Adam, notre premier père, a été enterré, selon une vieille tradition des pères. « Adam où es-tu ? » (Gn 3,9), crie à nouveau le Christ en croix. « Je suis venu là à ta recherche et, pour pouvoir te trouver, j'ai tendu les mains sur la croix. Les mains tendues, je me tourne vers le Père pour rendre grâce de t'avoir trouvé, puis je les tourne aussi vers toi pour t'embrasser. Je ne suis pas venu pour juger ton péché, mais pour te sauver par mon amour des hommes (cf Jn 3,17). Je ne suis pas venu te maudire pour ta désobéissance, mais te bénir par mon obéissance. Je te couvrirai de mes ailes, tu trouveras à mon ombre un refuge, ma fidélité te couvrira du bouclier de la croix et tu ne craindras pas la terreur des nuits (Ps 90,1-5), car tu connaîtras le jour sans déclin (Sg 7,10). Je chercherai ta vie, cachée dans les ténèbres et à l'ombre de la mort (Lc 1,79). Je n'aurai de repos, jusqu'à ce que, humilié et descendu jusqu'aux enfers pour t'y chercher, je t'aie reconduit dans le ciel. »
In Domini corporis supulturam ; PG 98, 251-260 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 182 rev.)
Adam où es-tu ?
"Adam où es-tu ? crie à nouveau le Christ en croix. Je suis venu là à ta recherche et, pour pouvoir te trouver, j’ai tendu les mains sur la croix. Les mains tendues, je me tourne vers le Père pour rendre grâces de t’avoir trouvé, puis je les tourne aussi vers toi pour t’embrasser. Je ne suis pas venu pour juger ton péché, mais pour te sauver par mon amour des hommes, je ne suis pas venu te maudire pour ta désobéissance, mais te bénir par mon obéissance. Je te couvrirai de mes ailes, tu trouveras à mon ombre un refuge. Ma fidélité te couvrira du bouclier de la croix et tu ne craindras pas la terreur des nuits car tu connaîtras le jour sans déclin. Je chercherai ta vie, cachée dans les ténèbres et à l’ombre de la mort, je n’aurai de repos, jusqu’à ce qu’humilié et descendu jusqu’aux enfers pour t’y chercher, je t’aie reconduit dans le ciel."
(extrait de In Domini corporis sepulturamcité dans J.R. Bouchet,
Lectionnaire pour les Dimanches et pour les Fêtes, Cerf, 1994, pp. 182-183).